BCE: indépendance?

Publié le par Jean-Etienne ZEN

BCE: indépendance?
Un leurre
______Le statut et le mode de fonctionnement de la BCE ont fait débat, dès le début de cette institution, très calquée sur les exigences allemandes du moment et très "engagée" auprès du FMI, dont elle suit la logique, les pratiques et l'idéologie

Les dirigeants de la BCE déroulent le programme du Fonds monétaire international (FMI), avec ses plans d’ajustement :« Nous devons aller vers l’élimination des clauses d’indexation automatique des salaires et un renforcement des accords entreprise par entreprise, de manière à ce que les salaires et les conditions de travail puissent s’adapter aux besoins spécifiques des entreprises. Ces mesures doivent s’accompagner de réformes structurelles, en particulier dans les services — dont la libéralisation des professions fermées —, et, quand c’est approprié, de la privatisation de services aujourd’hui fournis par le secteur public, de manière à faciliter les gains de productivité et à soutenir la compétitivité. »
___Les orientations monétaires de la BCE ne sont donc pas apolitiques, comme la promotion d'un euro fort, la lutte obsessionnelle contre l'inflation, jugée comme le mal absolu, correspondant à une exigence purement allemande.
____M. Trichet et Draghi ne se sont guère manifestés pour contribuer à assainir un monde de finances devenues folles. Ils "n'ont adressé aucune lettre aux patrons de la Société Générale, de HSBC, de BNP Paribas exigeant, puisque la BCE vole à leur secours, que leurs établissements se retirent des paradis fiscaux, cesse de spéculer sur les dettes souveraines, financent l'économie réelle..."
Les silences et les non actions de la BCE ne seraient donc pas politiques, en phase avec les pratiques de la finance internationale, qui n'ont rien appris du choc de 2008?...
____Récemment,"totalement aligné sur les positions allemandes défendues par Angela Merkel, Mario Draghi a réaffirmé l’importance pour les pays de la zone euro de trouver un accord solide sur la réforme des traités, afin de contraindre les pays à adopter des politiques budgétaires rigides, seul moyen selon lui de restaurer la confiance et la crédibilité de la zone euro. Mais son attention allait ailleurs, sur la face cachée de la crise: les risques d’asphyxie du système bancaire européen...".
Sauver les banques, délaisser les peuples en voie d'appauvrissement, avec ses plans d'ajustement structurel, lesquels ont largement échoué là où ils furent appliqués, voilà le programme pour l'instant...
_______________________JC Trichet, le directeur de la BCE, plaidait il y a huit ans déjà pour de profondes réformes structurelles en Europe, dans la plus pure ligne néolibérale. Il prônait notamment des mesures de libéralisation dans les services publics "de manière à faciliter les gains de productivité et à soutenir la compétitivité" (sic). Un dogme un temps mis sous le boisseau, par prudence, mais régulièrement réactualisé _Ce projet reprend du poil de la bête à l'occasion d'une crise majeure qui permet de faire passer plus facilement ces mesures, en jouant sur la peur, la culpabilité, le désarroi et la stupeur. Quand il y a "choc" psychologique et social, la pression idéologique peut s'exercer plus facilement sur des esprits désemparés.
__M. Trichet a laissé ses consignes à son successeur Mario Draghi, lui demandant de "rendre plus flexibles les procédures de licenciement..de privatiser les sociétés municipales (transports publics, voieries..)... de procéder par décrets, d'application immédiate, et non par projet de loi, que le Parlement met toujours du temps à approuver .." On avait déjà remarqué que les coups ultralibéraux s'accommodent mal de délibérations politiques et que, face aux oukhazes des marchés, il n'est pas bon de convoquer les représentants du peuple.
_________Changer le rôle de la BCE est un impératif et une urgence. Des formes de contrôle démocratique doivent être inventées.
"Créée sur le modèle de la Bundesbank allemande, la BCE ne peut plus se contenter du seul objectif de la «stabilité des prix. Elle doit se fixer comme mission, comme aux Etats-Unis, le niveau de l’emploi et de la croissance."
Racheter de la dette n'est pas un objectif en soi.
Les solutions sont politiques
En attendant la réforme nécessaire du système monétaire...
[Modeste proposition pour un new deal européen]

_______« Je crois que les institutions bancaires sont plus dangereuses pour nos libertés que des armées permanentes. Si le peuple américain permet aux banques privées de contrôler l'émission de leur monnaie, d'abord par l'inflation, puis par la déflation, les banques et les sociétés priveront le peuple de toute propriété jusqu'à ce que leurs enfants se réveillent sans-abri sur le continent que leurs pères avaient conquis. »__Thomas Jefferson, président des Etats-Unis d'Amérique

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