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Lumière au bout de la pelle

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Lumière au bout de la pelle
Nos ancêtres les Gaulois...

_____Pour la compréhension de certaines périodes, surtout celles qui n'ont pas laissé de traces écrites, ou qui ont laissé des traces écrites insuffisantes, l'historien est souvent confronté au manque de documents lui permettant d'accéder à une compréhension satisfaisante des événements, des données civilisationnelles, des pratiques sociales et économiques, des changements en général.
L'archéologie, s'enrichissant de méthodes toujours plus élaborées, de techniques toujours plus fines et de moyens sans cesse renouvelés, vient souvent, comme science annexe, donner à l'historien des éclairages nouveaux pour interpréter telle période ou tel aspect d'une époque.
___C'est ainsi, par exemple que la compréhension de la vie en Gaule pré-romaine ne cesse de s'approfondir grâce aux techniques expertes des fouilles méthodiques, aux décryptages des traces matérielles du passé, préservées plus ou moins partiellement.
_Elles remettent souvent profondément en question des interprétations parfois naïves ou simplistes traditionnelles, des préjugés sur une époque.
_____Du coup, on peut dire que l'histoire, surtout ancienne, est régulièrement revisitée, approfondie et corrigée.
__Celle de la France, en particulier, de son passé néolithique ou plus récent.
____"Des sols de France, les archéologues rapportent en effet une nouvelle histoire, très différente, souvent opposée à celles des textes et à une historiographie souvent dupe ou complice des idéologies. Celle de notre territoire entier et des sociétés qui l’ont occupé et non limitée à ce dont les textes anciens témoignent. De la préhistoire au néolithique, de l’âge du bronze à l’époque contemporaine, les près de 200 sites de fouilles présentés dressent par de brefs textes et des images un portrait inédit."
___L'histoire des Gaulois sort transformée de fouillles organisées dans les trente dernières années, souvent au hasard des grands travaux urbains ou autoroutiers.
Apparaît maintenant un peuple complexe,organisé,hiérarchisé, raffiné, non démuni de moyens...Une image nouvelle, qui bat en brèche les représentations naïves ou tronquées que des siècles d'écriture historienne et de manuels scolaires ont véhiculées.
___L'occupation du territoire, le type d'économie, les brassages de populations, la nature des "invasions barbares"...tout prend un nouveau sens à la lumière des reliefs que le passé a laissé plus ou moins bien conservés, par une série de hasards heureux."L’archéologie donne là du grain à moudre à l’anthropologie, à l’histoire sociale et des idées. Pas seulement par les informations sur la vie quotidienne, l’économie, mais aussi les traces des représentations et des idéologies, comme ce glissement, il y a environ 6000 ans des images de la féminité – sexualité, fécondité – vers celles du masculin, de la guerre, de la domination, du pouvoir. Les tombes les plus riches montrent des chars, des flèches, des canines de loup, des signes solaires..."
___L'archéologie aérienne, notamment dans la France du Nord, a renouvelé complètement nos croyances concernant l'occupation du territoire pendant la période gallo-romaine.
____Les exemples sont innombrables.
Bavay, la cité de Grand , cité-sanctuaire gallo-romaine, vouée à l'oubli pendant des siècles, ressuscitée maintenant. Le cas de Thérouanne, plus proche de nous, où les fouilles se poursuivent...
___Pour le passionné, faute de pouvoir se déplacer, il y a de quoi passer des heures, des journées à explorer virtuellement les données de ce portail sur l' archéologie, à approfondir les différents usages de la documentation archéologique, à s'intéresser aux grands sites archéologiques, dans tous les pays, à découvrir même des civilisations oubliées...
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Jeu de l'OTAN

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Jeu de l'OTAN
Autant en parler encore...

____ A quoi joue cette institution d'une autre époque, née de la guerre froide, dont les interventions contestées notamment au Kosovo, en Libye et aujourd'hui en Syrie ont suscité et suscite encore plus d'une critique.
__ Dans le panier à crabe syrien, l'institution militaire, comme les USA, aux intérêts convergents, joue un rôle équivoque.
__ "Même si les combats en Syrie n'ont pas lieu sur le territoire de l'Otan, cette crise menace la sécurité de ses membres. Mais l'Alliance reste étrangement inopérante, au point que Leon Wieselter, de la Brookings Institution, dénonce la « faillite morale de la politique américaine et occidentale en Syrie ". Washington a visiblement renoncé à peser dans l'ouest du pays, préempté depuis octobre par l'intervention russe. Il se concentre sur la seule destruction de l'Etat islamique (Daech), à l'est ou en Irak. On peut comprendre que les Occidentaux rechignent à s'impliquer dans un tel bourbier, où tout intervenant extérieur est obligé de s'allier avec des criminels, puisque plus aucun belligérant n'est « modéré " depuis longtemps...
_Des critique et des résistances se font jour au sein même de l'Europe.
__ Malgré l'avertissement des Russes, qui ont bien des raisons de se sentir de plus en plus encerclés, l'OTAN renforce ses moyens militaire en Europe de l'Est.
Malgré les dissensions, les vieux démons de la guerre froide sont toujours là . L'Europe, nain politique, militaire et diplomatique, ne s'est pas donné pas les moyens de se positionner de manière indépendante face aux USA, contrairement à la ligne préconisée jadis par De Gaule. L'Atlantisme connaît même une nouvelle vigueur, malgré les mises en garde des esprits encore critiques.
_ Comme le dit PM de la Gorce: "Les Etats-Unis ont (ainsi) pu faire de l’organisation politique et militaire de l’Alliance atlantique l’un des instruments privilégiés de leur politique étrangère."
Et Pierre Conesa d'ajouter: "La stratégie européenne de recours à la force doit se différencier des concepts américains de destruction et avancer une stratégie de neutralisation..Enfin , l'Europe pourrait disposer de son propre système d'évaluation de crises et non plus dépendre des renseignements américains.."
__ Quel sens attribuer à l'élargissement?
S’il s’agit d’établir un cordon sanitaire autour de la Russie, érigée en nouvel adversaire virtuel, l’alliance hésitera à s’étendre jusqu’aux Etats les plus proches géographiquement de la Russie, et sa garantie de sécurité sera limitée aux Etats les moins menacés. Si, par contre, la Russie est implicitement intégrée dans l’alliance, ne serait-ce que par son statut d’ex-superpuissance associée aux Etats-Unis, tous les élargissements deviendront possibles au sein d’une coalition du Nord industrialisé , dont l’esprit sera celui de la Charte atlantique de 1941 (qui tentait d’énoncer les principes de la démocratie dans les relations internationales), plus que du traité de 1949.
__ Le rôle de l'OTAN aujourd'hui apparaît comme de plus en plus discutable.
Son budget est aujourd'hui financé au trois-quarts par les Etats-Unis, qui gardent dès lors une position dominante au sein de l'organisation. L'Union européenne laisse donc une partie de sa souveraineté défensive à son allié américain, qui a cependant obtenu des membres, début septembre, une augmentation de leurs dépenses militaires de 2% du PIB d'ici dix ans. Rien n'est sûr pour autant, car les Alliés européens ne semblent guère avoir les moyens, ni même l'envie. Pour Olivier Kempf, les Européens "ne souhaitent nullement renoncer à une protection américaine qui les autorise à un comportement de 'passager clandestin'. Autrement dit, qui leur permet de profiter de l’assurance d’une protection extérieure, tout en leur permettant de faire des économies dans le domaine de la défense."
.... Au
risque de nouvelles aventures...
__ Comme le disait Tom Daschle, ancien chef de la majorité au Sénat et conseiller du sénateur Barack Obama, (17 août 2008: «Si nous avions travaillé de manière préventive avec la Russie, avec la Géorgie, en nous assurant que l’OTAN avait le genre de capacité, la présence et l’engagement idoines, nous aurions pu peut-être éviter ça» [L'invasion de l’Ossétie du sud par la Géorgie et la riposte russe subséquente ].
Et le vieux sage James Madison (1751-1836), quatrième président des USA,: «De tous les ennemis des libertés publiques, la guerre est peut-être le plus redoutable parce qu’elle comprend et développe le germe de tous les autres ennemis
__ Sortir de l'OTAN semble donc être une solution rationnelle, pour ne plus être entraîné dans des aventures militaires qui ne nous concernent pas, comme à l'époque bushienne., ou qui sont des erreurs monumentales, comme en Libye.
__ Tant que l'Europe sera un nain diplomatique et militaire, on aura à s'interroger sur la vraie nature de l'Otan, comme nous y invite le journaliste Robert Parry.
OTAN le savoir..
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Economistes d'influence

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Economistes d'influence

Imposture d'une certaine économie?
___ « A toutes les époques de l’histoire, le succès des doctrines économiques a été assuré, non par leur valeur intrinsèque, mais par la puissance des intérêts et des sentiments auxquels elles paraissent favorables... La science économique, comme toutes les sciences, n’échappe pas au dogmatisme, mais le dogmatisme est ici considérablement renforcé par la puissance des intérêts et des idéologies ».
Maurice Allais_ 1968_______________
________Le grand public considère souvent les économistes qui se manifestent régulièrement sur leur petit écran comme des experts possédant un savoir qu'on ne peut remettre en question, donnant un avis ou faisant un pronostic avec une assurance dogmatique sur des sujets pourtant âprement discutés et discutables.
__Alors que l'économie, bien qu'ayant sa propre rigueur méthodique, n'est pas une science exacte, fondée sur des postulats assurés, ni une réflexion dénuée de tous préjugés, de tous choix.
Elle reste une science humaine, parfois trop humaine, car non dénuée de présupposés, de jugements d'époque, parfois de préjugés de classe, au coeur des conflits d'intérêts constitutifs des rapports sociaux et politiques.
__Beaucoup d'économistes, surtout non médiatiques, le savent et savent expliquer pourquoi leur discipline peut faillir et être forcément marquée d'incertitudes, étant donné la nature même de leur objet, matière humaine et historique, et la complexité des données (forcément partielles ) qu'ils prennent en compte. Impliqués intimement dans leur objet, ils savent qu'ils ne peuvent prendre le point de vue de Sirius, malgré tous leurs efforts pour tendre vers une 'objectivité relative.
__Mais il existe trop d'économistes de salon ou de studios dont la prudence méthodologique n'est pas la qualité dominante, qui tombent dans le piège de l'expertise objective, renforcé par le pouvoir qu'ils s'accordent indûment et l'influence des milieux qu'ils fréquentent et parfois conseillent, avides de caution scientifique, ceux des grosses entreprises, des compagnies financières, des grandes banques. Pour elles, un économiste de renom sert de justification et de conseiller, jusque dans la spéculation hasardeuse. Des économistes à gages, diront certains.
Des imposteurs, iront jusqu'à dire d'autres...
_____Il y a différents écoles dans la pensée économique, qui s'inscrit dans une déjà longue histoire, mais les options fondamentales, les choix socio-économiques de base, qui conditionnent toute la réflexion, sont rarement explicitées par les économistes et peu ou pas saisissables pour le commun des mortels.
On assiste ainsi à des dérives de la pensée économique, trop impliquée dans les intérêts du moment, aveugle à sa propre pratique. Qui avait anticipé la crise que nous vivons? Très peu, en fait: Paul Jorion, Roubini...et quelques rares autres. Beaucoup ont failli.
__Certains ont eu le courage d'avouer, un peu tard, piégés par une formation et des habitudes de pensée trop étroites et conditionnées par des années de travail dans le cadre de la pensée libérale, s'être beaucoup trompés en matière d'analyse économique, d'anticipation des crises et de détermination de leur nature.
Depuis l'ère Reagan surtout, toute une école de pensée (celle dite de Chicago) s'est inspirée de principes considérés comme intangibles, issus de Hayek, et la pensée néolibérale. Considérant l'Etat comme un problème dans la régulation économique et le marché comme infaillible dans son fonctionnement spontané, elle a fortement imprégné la formation et le mode de fonctionnement de la pensée économique dominante.
__Or, les bases de l'économie repose sur des choix, reconnus ou implicites. "L'économie est politique et la diversité des interprétations est inévitable, puisque derrière la raison se cachent les jugements de valeur." déclare l'économiste Claude Mouchot.
Les économistes ont-ils toujour été au dessus de tout soupçon..se demande un autre
."Doit-on s’étonner que certains économistes, censés utiliser une science neutre et objective, deviennent des défenseurs de la dérégulation de la finance dont ils servent les intérêts . Le statut de neutralité idéologique des économistes est en fait loin d’être acquis. Selon Jospeh Stiglitz : « « plus que les économistes ne sont sans doute prêts à l’admettre, l’économie était passée du statut de discipline scientifique à celui de supporter le plus enthousiaste du capitalisme de libre marché ». (Le triomphe de la cupidité, Les Liens qui libèrent, 2010)__Pourquoi se sont-ils comportés de la sorte, lui demandais-je à l’occasion d’un entretien pour Alter Eco ? La réponse fut directe : « Par idéologie. Ils aimaient ces modèles parce qu’ils donnaient la “bonne” réponse. Les économistes ne sont pas arrivés à leurs conclusions en utilisant les modèles, les présupposés libéraux étaient là avant ».."
__Laurent Mauduit écorne sérieusement le prestige indû des économistes médiatiques, qui, aveuglés et/ou intéressés, se fourvoient dans l'analyse de la crise, en la minimisant par exemple et continuant à ne pas vouloir en comprendre les causes. Des imposteurs , déclare-t-il, non sans quelques simplifications, ou des agents doubles de la pensée unique, sans critique du système autre que marginale. Avis souvent partagé par Frédéric Lordon, par exemple.
__Il existe des économistes comme Paul Jorion, Stiglitz (critique de l'austérité comme remède) qui, sans aller jusqu'à des positions aussi radicales, ne manquent pas de talent pour remettre en question le système tel qu'il fonctionne et les agents qui le cautionnent au niveau théorique, chantres du libéralisme sans règles, du marché sans contraintes, de la mondialisation sans frein.
Certains, se déclarant atterrés , au vu d'une absence de remise en question des mécanismes d' une crise qui en prépare d'autres, se sont associés pour faire entendre leur voix et leurs propositions.
Le film-document Inside Job s'efforce de démystifier ces mécanismes.
__Finance Watch, ONG en première ligne face aux lobbys financiers, donne plus modestement et régulièrement un point de vue critique sur les dérives financières et ceux qui les favorisent soit par l'action (ou l'inaction) et les cautionnent théoriquement.
Le document Inside Job aide à en comprendre les mécanismes.
__L'enseignement de l'économie est à revoir. Une économie plus ouverte, moins dogmatique et quantophrénique, plus autocritique, moins impliquée dans les relations de pouvoir. Au service du bien commun.___________________

_____"Je n’ai jamais aimé la notion de «science» économique —c’est une discipline beaucoup trop imparfaite pour être mise sur le même pied que la chimie ou la biologie... Toutefois, quand j’étais plus jeune, je croyais fermement que l’économie était un domaine qui progressait à travers le temps, que chaque génération connaissait davantage que la génération précédente._La question est de savoir si c’est toujours vrai. En 1971, il était clair que les économistes savaient beaucoup de choses qu’ils ne savaient pas en 1931. Est-ce aussi clair quand nous comparons 2011 à 1971? Je pense que vous pouvez alléguer que sur plusieurs plans, la profession savait plus en 1971 qu’elle ne sait maintenant._J’ai écrit beaucoup sur l’Age sombre de la macroéconomie, c’est-à-dire la façon dont les économistes répètent des erreurs de 80 ans avec la conviction qu’il s’agit de vérités très profondes... Ce que j’ajouterais, c’est qu’aujourd’hui, j’ai l’impression que plusieurs économistes n’essaient même pas d’accéder à la vérité. Lorsque je regarde ce que beaucoup d’économistes éminents ont écrit en réponse à la crise actuelle, je ne vois aucun signe d'un malaise intellectuel, aucun signe qu’ils sont troublés par un désastre qui n’avait aucune place dans leurs modèles." (Paul Krugman)

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Nez en moins...

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Nez en moins...

.. Et c'est la catastrophe..ou presque.
____ Le Pif n'est pas un gadget.
La perte de l'olfaction, l'anosmie, n'est pas sans conséquences.
__ Perdre l'odorat, c'est perdre une partie de soi-même. Déficit de sensation, jugée, à tort, inférieure, mais aussi rupture avec une part de son passé.
_ Sentir, ah! sentir...le parfum d'une rose, celui du chocolat, l'odeur des bois après l'orage, du foin sec sur les prés.. Un monde subtil, riche et divers, dont on n'est le plus souvent peu conscient.
___ Sentir c'est vivre. Plus pleinement.
Certes pas comme un félin, mais sentir en humain, dans un monde de sens.
Humer l'effluve des choses, ça s'éduque aussi, ça s'apprend. Tout n'est pas inné.
Le cerveau a du nez, pourrait-on dire.
Quand on pense « odeur », on pense bien sûr à la parfumerie. Mais aussi à la gastronomie et à l’œnologie, ces dernières plutôt sous l’angle du « goût », en oubliant que c’est l’odorat qui leur confère leur grande richesse. Elles émergent aussi, dans notre imaginaire olfactif, sans doute à cause de leur importance exceptionnelle...
______ Tout un monde:
Quan
d on pense « odeur », on pense aussi à ces moments « madeleine de Proust » où, d’un seul coup, un parfum nous ramène à notre enfance ou bien nous rappelle un être cher.
Mais on oublie l’essentiel : en effet, qu’est-ce qui n’est pas odorant dans notre vie de tous les jours ? Refaisons mentalement notre parcours olfactif quotidien. Café du matin, produits de toilette (quand on ne se met pas du déodorant… parfumé) ; puis on descend les ordures dans le local-poubelle (hum !) et on entre dans sa voiture odorisée, fragrance… voiture. Les transports en commun peuvent être « ambiancés » (musique, odorants) et, malgré soi, on y partage le bouquet corporel humain. Dehors, en plus des émanations automobiles, la boulangerie diffuse ses effluves de viennoiseries...
__ Avoir du nez est plus qu'un avantage.
_ Proust en savait quelque chose...Mais pas seulement.

_____ “ Lecteur, as-tu quelquefois respiré

Avec ivresse et lente gourmandise

Ce grain d’encens qui remplit une église,

Ou d’un sachet le musc invétéré ?

Charme profond, magique, dont nous grise

Dans le présent le passé restauré ! » (Baudelaire)

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Plasticité du vivant

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Plasticité du vivant

Dans la famille des tyrannosaures, je demande...

__Le trés grand tyra
nnosaure à plumes,
le plus récemment découvert
_______" Une équipe sino-canadienne a publié, ce mercredi 4 avril dans Nature, une étude annonçant la découverte, dans la province chinoise du Liaoning, d'une espèce de dinosaure pour le moins surprenante : un grand tyrannosaure à plumes. Sur le plan de la symbolique, c'est le mariage dissonant du lourd et du léger, du terrestre et de l'aérien, de la belle et de la bête. Sur le plan paléontologique, c'est un peu moins étonnant. Depuis une quinzaine d'années en effet, et notamment grâce à l'exploration de gisements fossilifères chinois, de plus en plus de dinosaures à plumes sortent de terre. Mais jusqu'à présent, ces emplumés des temps anciens étaient en général des animaux de taille modeste, comme le sinosauropteryx découvert en 1996 en Chine..."
__Etonnant, mais pas tant que ça pour un paléontologue.
Dans l'évolution , on n'est jamais au bout de nos surprises.
Cette découverte n'aurait certainement pas étonné Darwin, le sagace éclaireur.
_Avec le vivant, il faut s'attendre à tout...de gène en gène le long du fleuve de la vie, qui vient de loin..
Les "révolutions" sont toujours imprévisibles en biologie, notamment en paléontologie.
On apprend ainsi comment les pattes viennent aux serpents ( à deux pattes)
__La plasticité: un concept opératoire, à champs multiples , mais relativement flou...
____________La vie n'est pas un long fleuve tranquille...!

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Un homme capital

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Un homme capital

Haut, très haut dans le firmament des super winners, à des années-lumières des plus privilégiés d'entre nous, pauvres terriens,
Il règne dans une hauteur stratosphérique
Dans un monde prodigieux.
Il fait partie de ceux qui ont de la chance.
Quand il vous tombe 1 million d'euros chaque heure, on se croirait dans une histoire belge.
Mais non. Et il n'est pas le seul.
Bienheureux ceux qui pensent que la fortune n'est qu'une affaire de mérite.
Ceux qui croient dur comme fer au mythe du self made man.
On ne les remerciera jamais assez..
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Gaz de schistes: virage

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Gaz de schistes: virage

Intense lobbying

_Le bilan américain et canadien d'exploitation des gaz de schiste se révèle catastrophique pour l'environnement, comme plusieurs études l'ont montré.
Les rapports indépendants sont généralement accablants.
_En France, des oppositions se sont manifestées pour interdire ce genre de pratiques sur le territoire, le problème de la fracturation hydraulique, incontournable pour l'instant, posant de nombreux problèmes.
La guerre semblait gagnée, des élus s'étant déclarés opposés à certains projets.
__Mais les problèmes économiques actuels et les incertitudes énergétiques en vue font tomber des résistances et tous les moyens semblent maintenant déployés pour engager une nouvelle bataille, en vue de la conquête des esprits, pour une opération marketing de grande ampleur
"Comment donner envie aux Français que soit exploité "leur" gaz de schiste ? En leur racontant une belle histoire. En leur disant que la fracturation hydraulique "made in France" est une technique maîtrisée et maîtrisable à 100 % et que la mise en exploitation de milliers de puits n'aura que des impacts marginaux sur l'eau, l'air et les paysages d'Ardèche, du Jura ou du plateau du Larzac. En leur faisant croire que la mise à disposition de quantités colossales de gaz naturel représente une chance pour limiter les effets du changement climatique. En leur murmurant que le prix de l'énergie va mécaniquement chuter quand seront forés les premiers puits "français". En expliquant, enfin, que gaz de schiste rime avec emplois et balance commerciale équilibrée. Mais tout cela n'est que mensonge, escroquerie intellectuelle et contre-vérités scientifiques..."
__Outre les problèmes de pollution déjà constatés, l'exploitation de ce trésor empoisonné se révèle aussi polluant que le charbon.
Une brèche vient d'être ouverte pour autoriser l'ouverture de certains forages, pudiquement qualifiés d' explorations "scientifiques"
__Minimiser les risques environnementaux, telle est actuellement la stratégie des lobbies industriels attirés par cette nouvelle manne, au risque de brader notre avenir énergétique...____________________
_Les gaz de schiste vont-ils resurgir après la présidentielle ?

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Le peuple, problème de l'Europe

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Le peuple, problème de l'Europe

Le peuple, par sa faute, a perdu
La confiance du gouvernement
Et ce n’est qu’en travaillant doublement
Qu’il pourra la regagner.
Ne serait-il pas plus simple
Pour le gouvernement
De dissoudre le peuple
Et d’en élire un autre ?
__ La critique de Bertold B
recht met l'accent sur le décalage qui peut se produire dans un régime qui ignore ou quitte les voies de la démocratie et parfois en trahit les principes essentiels;
_ La notion de peuple est une notion d'emploi délicat et non exempte d'ambiguïté.
_ Le pire régime l'a revendiqué pour cautionner ses propres projets antidémocratiques.
_ Notion floue, qui ne prend un sens politique fort qu'avec l'avènement de la démocratie, partiellement chez les Grecs anciens, plus pleinement avec la période révolutionnaire, où il s'identifie à la souveraineté, quand s'effondrent les institutions féodales et royales. Le peuple souverain, oui, mais éduqué, éclairé, ne délégant temporairement son pouvoir qu'à des représentants librement choisis et contrôlées, selon des règles acceptées par tous.
_ C'est dire qu'en démocratie tout est toujours imparfait et, telle qu'elle fonctionne, qu'il existe toujours un décalage plus ou moins marqué entre le peuple et ses représentants. Décalage d'intérêts, dans une démocratie parfois purement formelle.
__ La légitimité réduite du peuple en Europe telle qu'elle fonctionne fait problème, comme le mettent en évidence les débats de fond sur le déficit de souveraineté, à propos du Brexit, après le cas de la Grèce, les referendums oubliés...
__ Le Brexit , malgré ses malentendus et ses ambiguïtés sanctionne vingt années d’errements de la construction européenne, dont les dirigeants (Commission, Conseil, Parlement européen, Cour de Justice) ont voulu, construit, consolidé un espace économique et social mettant systématiquement les travailleurs et leurs systèmes de protections en concurrence, vue par les élites comme le moyen de dynamiter les avantages sociaux obtenus par les salariés dans le vieux monde keynésien des années 70. Dans ce combat douteux, les gouvernements britanniques de droite et de gauche ont joué un rôle moteur. C’est un commissaire anglais conservateur, Sir Leon Brittan, qui a mis au point la doctrine de la concurrence sans frein de l’Union européenne, qui a conduit au démantèlement des grands groupes industriels. C’est aussi un conservateur John Major, qui refuse la directive temps de travail. C’est le travailliste Tony Blair qui refuse la charte sociale européenne, etc…
L'Europe s'est donc faite dans le dos des peuples, dans les intérêts des gagnants d'une mondialisation ultralibérale, avec la complicité des élite
s.
__ La consultation du peuple, rare et biaisée, n'a été qu' un alibi pour entériner des décisions déjà prises et enrobées de discours à l'apparence démocratique.
L'isolement des élites, souvent autoproclamées, apparaît de plus en plus.
__ Une grande part des institutions européennes et de leurs décisions échappe au contrôle de ceux à qui on a demandé la confiance et à qui on a caché l'essentiel.
Comme le signale assez bien JP Chevénement.
__ On ne s'étonnera pas du développement du national-populisme en Europe, symptôme de l'abandon progressif de souveraineté et conséquence de l'installation d'une austérité pour le grand nombre, surtout suite à une crises révélatrice.
__ L'exigence d'une autre Europe fait son chemin, mais le renversement sera difficile. Les changements actuellement reconnus comme nécessaires risquent de se limiter à des aspects seulement annexes ou superficiels, sans toucher les questions de fond.
_ Sauver l' Europe, disent-ils. Oui, mais comment? Sinon en recréant un espace enfin réellement démocratique, une autre forme de légitimité, (*)
__ Mais, vu les résistances et les dénégations, on peut redouter (ou souhaiter?) une issue plus que problématique.
____________
(*) , l’actualité des semaines les plus récentes suffit à illustrer à quel point l’UE est empêtrée dans ce que les milieux bruxellois appellent une « poly-crise ». Confrontée à sa propre désagrégation, embarrassée par la gestion de ses frontières, aux prises avec une crise économique et sociale interminable, l’UE voit sa légitimité s’effriter de manière significative. Non seulement les opposants à l’intégration européenne existante ont gagné plusieurs référendums, mais de nombreux scrutins ont vu la montée en puissance de forces politiques étrangères aux trois familles (conservateurs, libéraux et sociaux-démocrates) qui gouvernent l’Union ensemble.
___Le consentement populaire à ce consensus élitaire est bien en train de décliner, comme l’indique également une récente enquête du Pew Research Center.
Avant même le résultat du référendum sur le Brexit, de nombreux responsables politiques évoquaient d’ailleurs la nécessité d’initiatives pour redonner du sens à l’intégration européenne, ou en tout cas juguler tout risque de contagion. Fait révélateur, la revue scientifique Politique européenne fêtait récemment son cinquantième numéro en s’interrogeant sur la façon de prendre en compte le désenchantement produit par l’UE. Le professeur Yves Mény, présenté comme un « Européen convaincu » et défenseur assumé du traité constitutionnel en 2005, y affirme sans ambages que les « outils extrêmement intrusifs » de l’UE ne se sont guère accompagnés d’« instruments de légitimation suffisants », et même que « le pouvoir [à ce niveau] est aujourd’hui détenu par des bureaucrates ».
__ Le fameux scepticisme qui rôdait autrefois en marge de ce champ d’études aurait ainsi tendance à gagner même les plus fervents partisans de l’Europe...
__ Le territoire physique de l’UE est mouvant et tend à l’expansion, le marché commun est particulièrement ouvert à la globalisation productive et financière, les systèmes légaux publics de l’UE ne sont plus considérés comme les seuls producteurs de droit (comme en atteste la reconnaissance croissante de normes globales et/ou d’origine privée), et ce sans qu’un sentiment significatif d’appartenance commune ait été créé. La consolidation du centre européen par les élites dirigeantes de l’UE, mais sans possibilité d’intégrer les citoyens dans une communauté politique préalablement structurée sur les plans territorial, juridique, économique et culturel, nourrit l’impuissance des électorats nationaux. Il ne faut dès lors pas s’étonner de leur loyauté déclinante envers leurs systèmes représentatifs et les traditionnels partis de gouvernements, ni de leurs réponses déplaisantes lorsqu’ils sont invités à s’exprimer sur des enjeux spécifiquement européens...
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Balle dans le pied

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Balle dans le pied
Le casino continue

___S'il était encore possible de se convaincre des pratiques dévoyées de certaines banques d'affaires, on aurait intérêt à lire ce billet de Pascal Canfin, qui, même si on peut ne pas partager l'entièreté de son analyse, explique clairement comment des banques françaises parient sur le risque de faillite de la France...
__Comme d'autres ont parié et continuent à le faire contre la Grèce.
_ "..Plus le risque de défaut augmente comme en Grèce, plus la valeur du CDS grimpe. Il suffit alors de le revendre pour empocher une plus-value. Un mécanisme qui a la particularité de pousser au crime. C'est comme si on permettait à un particulier de s'assurer contre le risque-incendie de la maison du voisin... Une bonne raison de contribuer à y mettre le feu ! Le jeu est d'autant plus pervers que les CDS, utilisés comme un thermomètre du risque de la dette souveraine des États, contribuent à créer la panique lorsque leur prix grimpe..."
___Malgré une récente limitation européenne des ventes à découvert.
Le capitalisme toxique continue ses ravages, malgré les dénégations des Etats sous son contrôle.
Il rejoint par là les analyses, plus juridiques, de Jean de Maillard, pointant la prédation au coeur de la mondialisations financière.
____"La crise a trois dimensions : elle est d'abord la crise du néolibéralisme - affaiblissement des Etats, compression des revenus du travail. Elle est aussi celle du productivisme, qui se heurte aux limites physiques de la planète ; ce n'est pas un hasard si l'effondrement des subprimes s'est produit lorsque les ménages américains, surendettés pour devenir propriétaires, ont subi le contrecoup de l'explosion historique du prix du pétrole. Nous n'aurons plus jamais un pétrole bon marché. Le troisième aspect, c'est la spéculation financière, que plus rien n'arrête... vingt-cinq Etats sur les vingt-sept de l'Union européenne sont gouvernés par la droite libérale ou conservatrice. Cette famille politique n'a pas su ou pas voulu prendre les bonnes décisions pour empêcher la spéculation, mutualiser les dettes...
Mesures d'urgence: "Il y en a trois. Tout d'abord, considérer la partie des dettes publiques européennes nées de la crise depuis 2008 comme une sorte de dette de guerre, et la rééchelonner sur vingt ou trente ans. Après tout, l'Allemagne a fini de payer sa dette de guerre il y a quelques années seulement ! Ce surcroît de dette, les Etats européens ne l'ont pas accumulé parce qu'ils sont subitement devenus plus dispendieux, qu'ils ont embauché des millions de fonctionnaires, mais parce qu'ils sont intervenus pour sauver les banques et l'économie ! Il faut donc isoler la dette née de ce sauvetage, ce qui diminuerait la charge des remboursements. Et on pourrait ainsi, tout en réduisant progressivement les déficits publics, relancer les investissements, notamment ceux, indispensables, de la révolution écologique..."
__P.Canfin, fondateur de Finance Watch, ONG en première ligne face aux lobbies financiers, modeste contre-pouvoir, qui donne régulièrement un point de vue critique sur les dérives financières et ceux qui les favorisent soit par l'action (ou l'inaction) et les cautionnent, souligne aussi les méfaits de l'évasion fiscale dont s'arrangent les grands groupes financiers:
"Entre septembre 2008 et le printemps 2009, il y avait une fenêtre de tir pour les Etats : les banques étaient à genoux, ils auraient pu tout exiger d'elles, qu'elles sortent des paradis fiscaux, etc. Ils n'ont rien fait parce que Monaco est un paradis fiscal adossé à la France ; le Liechtenstein, à l'Allemagne ; l'Etat du Delaware, aux Etats-Unis ; Macao, à la Chine... Les Etats ont sauvé les banques sans contrepartie, se sont endettés, et se sont retrouvés, à l'été 2011, tellement mal en point, après que les banques eurent spéculé à court terme sur leurs dettes, que ces dernières, gorgées de titres d'Etat, ont eu très peur : et si les citoyens exigeaient une prise de contrôle par l'Etat ? Mais les Etats n'ont rien fait... “L'évasion de l'argent dans les paradis fiscaux représente quarante fois la fraude aux allocations familiales."_________________
_Selon un rapport parlementaire récent, "L'hémorragie la plus lourde pour le budget de l'Etat est l'évasion fiscale, estimée à minima à 20 milliards d'euros. Aucun moyen n'est donné aux services fiscaux, ni pour la détecter, ni pour la contrer, et aucune mesure n'a été prise par le gouvernement, alors que Nicolas Sarkozy avait 'déclaré la guerre' aux paradis fiscaux", expliquent les parlementaires dans leur communiqué."La fraude sociale se partage entre la fraude aux prestations et celle aux prélèvements. La première est estimée, selon le rapport parlementaire du député UMP, Dominique Tian, entre 2 et 3 milliards d'euros et la seconde entre 8,4 et 14,6 milliards d'euros" (N.Obs)_____
-Banques privées : où sont les 1000 milliards d'euros de la BCE ?__-Pressions des marchés

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Tour d'enfance

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Tour d'enfance

On est prié de la boucler...
___ ....Sur des pratiques qui dénaturent le sport en général et le cyclisme en particulier.
Et pourtant ils tournent...
__ Mais, promis, c'est fini!
__Les empêcheurs de tourner en rond sont aussi souvent les premiers à suivre de près les bourreaux du bitume, les forçats du guidon.
_ Le spectacle ritualisé fait oublier l'argent.
_______ Je m'souviens...(comme disait Pérec) du mythe estival de mon enfance et des figures qui revenaient chaque année, comme les temps forts des vacances rurales trop uniformes: Copi, Bobet, Gaul, Bahamontes...Puis, plus tard, Anquetil, Mercks... et les autres.
__ C'était l'époque où l'on rêvait vélo.
Faute d'en avoir un. Trop rare, trop cher.
__ Faute de sortie lointaine, on s'évadait :La seule évasion imaginée à travers la presse locale, vers des lieux inconnus et un peu mystérieux: Le Tourmalet, La Baule,...
_ Plus tard, on ne se contentera plus d'en rêver, d'en parler.
_________________Un peu comme le dit Nabum:
__ Nous étions en culottes courtes ; nous n’avions pas l’âge de courir les routes sur des vélos encore trop grands pour nous. Nous ne devions pas non plus passer des heures devant la télévision en noir et blanc qui n’était pas dans toutes les maisons. Du tour, nous avions quelques images et du son surtout qui transitait par les postes de radio des parents. L’objet n’était pas multiplié à l’infini comme aujourd’hui.
__ C’est le journal qui portait la légende. Les journalistes sportifs faisaient alors assaut de superlatifs dans une langue de qualité, avec un souci de la syntaxe comme du vocabulaire. Les termes étaient choisis, toujours en bon français. Le Tour initiait à la belle langue ceux qui avaient le bonheur de lire Blondin ou quelques grandes plume
_ Je ne sais si je lisais déjà ces articles où si c’est mon père qui me les lisait à haute voix. Il y eut sans doute la première étape avant que d'aborder la seconde : manière de passer le relais et d’entrer en littérature par la petite reine. Je sais que la chose peut paraître curieuse, qu’elle ne fait pas très sérieux, mais qu’importe l’origine du virus pourvu que celui-ci fût de ce tonneau
__ Nous vivions passionnément cette aventure. Sur la place du Champ de foire, alors en terre battue, nous creusions un circuit sur lequel chacun de nous disposait d’un petit coureur de couleur vive. Notre Tour de France se faisait à coups de billes et de sorties de route ; une épopée plus mentale que réelle, une place offerte à l’imaginaire et à la saga des vedettes d’alors. Il nous en fallait peu pour nous construire un jeu qui nous tienne ainsi en haleine des heures durant. Nous n’étions pas difficiles ; nous avions aussi une formidable capacité d’imagination.
_ Quelques années plus tard, les télévisions étaient passées en couleur chez certains d’entre nous.Elles ne tournaient pas en permanence, n’offrant le plus souvent qu’un résumé des péripéties du jour. Le direct ne nous concernait que les jours de pluie. Le journal du matin conservait sa verve et alimentait nos échappées de l’après-midi. Sur nos vélos aux guidons recourbés, nous étions des héros bigarrés, les rois de la pédale et du double plateau. Nous refaisions l’étape de la veille sur les petites routes de Sologne. Nous n’étions pas aussi nombreux que le peloton que nous cherchions à singer. L’essentiel était ailleurs, dans les sprints débridés que nous faisions pour désigner le maillot vert, dans les pauvres petites bosses de notre région, si plate, qui devenaient des cols infranchissables. Nous étions des acharnés et avions la jambe leste et le mollet galbé. Il faut dire que la bicyclette était notre unique moyen de transport ; les parents nous laissaient libres d’aller où bon nous semblait. Je peux vous assurer que nous battions la campagne sur près de quatre-vingt kilomètres chaque jou
r.
_ Puis ce fut le temps des mobylettes. Le Tour passa au second plan, le vélo au rencard. Nous restions en bande ; nous allions traîner le guilledou mais personne n’oubliait de rentrer pour le résumé du soir. C’était notre limite acceptable : nous avions disparu de la circulation depuis le matin de bonne heure ; il était temps de rentrer pour nous mettre à table.
_ Le Tour faisait partie du décor estival. Il ponctuait notre imaginaire, il était repère incontournable, aventure magnifique. Nous n’étions pas déguisés avec des marques et des tenues comme nos idoles : ce n’était pas encore le temps de la copie conforme à prix rébarbatifs. Nous n’avions pas besoin de singer pour imiter.
_ Le Tour est ainsi resté dans nos mémoires, d’autant plus que je vivais dans une petite ville qui avait eu un temps une équipe cycliste aux couleurs de l’usine à vélos locale. Jacques Anquetil avait gagné la Grande boucle sous ses couleurs : ça façonne une fierté, une tradition, une affiliation qui ne s’oublient pas. C’était la marque Helyett : celle du vélo et du cyclomoteur de mon père. J’ai gardé très longtemps la plaque avec le nom de cette marque bien vite disparue qui fusionnerait avec Gitane ; ainsi notre histoire resterait-elle liée au Tour de France quelques années de plus.
-- Alors, ce n’est jamais sans une grande dose de nostalgie que je vois poindre la période de la course de mon enfance. Le charme pourrait sembler rompu car la télévision a transformé l’épopée en circuit touristique à bord d'hélicoptère, mais il fonctionne toujours ; je cours après mon passé, après mon Tour d’enfance.
Nostalgiquement vôtr
e.
(Merci à Nabum et à Mediapart)

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