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Simples coups d'oeil

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

___ Une grande dame s'en va.
                Une voix unique reste, en héritage.
                           Qui n'a pas fini de nous faire rêver.



__ Pour gagner en espérance de vie, mieux vaut habiter La Havane que Chicago

__ La modération salariale, c'est bien...pour les autres.
           Un pas vers la libéralisation?
               Comme les low cost qui tirent les prix et les salaires vers le bas. 
                Pognon de dingue! comme disait quelqu'un...

__  Les dieux sont avec nous.
                    Descendus de l'Olympe
                                  Jupiter et Mars, la planète qui brille de tous ses feux.
                                                  Heureusement qu'il y a Closer...

__ Il fut un temps où Edouard parlait d'Emmanuel
                        Mais c'était avant...
                                                              Bien souvent le vent tourne...
          « le Romain qui ressemble le plus à Macron, c’est Macron » , ou plus précisément « Naevius Sutorius Macro, dit Macron ». Edouard  décrit avec malice ce « haut fonctionnaire devenu, à la faveur d’une révolution de palais, le conseiller de Tibère, empereur détaché des affaires courantes » , chef qu’il « finira par assassiner ».
 Le député de Seine-Maritime dépeint un Emmanuel Macron « tribun adepte d’un populisme désinvolte », « qui n’assume rien mais promet tout, avec la fougue d’un conquérant juvénile et le cynisme d’un vieux routier ».
          « Il marche sur l’eau en ce moment », note M. Philippe le 15 février. Et d’ironiser sur l’attitude christique du candidat : « Il guérit les aveugles, il multiplie les pains, il répand la bonne parole. A la France paralysée, il ordonne “Lève-toi et en marche !” (...) Et tout ça tout seul, sans réel programme ni réelle équipe. Il suffit de croire en lui. D’avoir la foi. » Le maire du Havre cite alors Saint-Matthieu – « par ailleurs saint patron des banquiers, ça ne s’invente pas  » – rapportant les paroles de Jésus : « Car il en viendra beaucoup sous mon nom qui diront : “C’est moi le Christ”, et ils abuseront bien des gens. »
       Le 15 mars, Edouard Philippe constate que, comme Marine Le Pen, Emmanuel Macron s’est « affranchi d’une règle simple consistant à dire à quel camp on appartient ». Dans la grammaire de la politique, « Macron serait le plus-que-parfait », écrit-il : « Qui faisait encore quelques fautes d’accord au début (...) mais qui a vite appris, comme un élève doué qui espère compenser par son intelligence son manque d’expérience ». Désormais, note-t-il, « il transgresse » et « revendique son immaturité ».....
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Voyage Outre-Rhin...et au-delà

Publié le par Jean-Etienne ZEN

(Cela fait trois ans...)

Vers une dislocation? 
                                       Selon JP Legoff, la façon dont on traite la crise grecque me paraît symptomatique de la façon de faire de la politique au coup par coup, en parant tant bien que mal au plus pressé, dans une optique étroitement économiste, avec une inflation de communication et de commentaires qui tournent en boucle et finissent par décourager l'envie même d'y voir clair et de penser qu'il pourrait en être autrement.
    La crise grecque continue d'être un révélateur.
              La défiance et les crispations ne se cachent même plus. 
    On reparle pour la Nième fois de compromis, pour donner le change, mais la ligne dure du Berlin continue à créer des remous.
     La Chancelière louvoie entre deux lignes pour finalement se ranger du côté de l'intransigeance du grand argentier. Les clivages apparaissent et évoluent au sein de la classe politique allemande. 
Les faiblesses structurelles de l'Europe s'étalent au grand jour.
       Le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, le SPD Michael Roth, et le «spécialiste Finances» du SPD, Carsten Schneider, déclarent : «Les propositions de Wolfgang Schäuble ne sont pas sérieuses, et présentent un danger pour la zone euro.» Au sein du SPD, certains sont toujours sur la ligne dure, comme le chef du groupe parlementaire Thomas Oppermann, estimant qu’un troisième paquet d’aide à la Grèce n’est possible «qu’avec de plus stricts engagements de la part d’Athènes et davantage de contrôles de la part des créanciers.» Les Verts allemands, longtemps étonnamment silencieux, sont montés au créneau. «Schäuble sabote un compromis avec la Grèce, et cela visiblement avec l’approbation de la chancelière et du vice-chancelier 
   Les désaccords règnent au coeur même du  FMI.
L'Europe est secouée par des remous, dont on soupçonne qu'ils laisseront des traces profondes. Il n'est pas seulement question de la Grèce, qui vit une véritable tragédie. Crise et châtiment...Une boîte de Pandore est ouverte.
     Malgré les concessions faites par Tsipras,  au risque de révoltes et de  réactions dangereuses à Athènes,Angela est toujours aussi obstinée, suivant sans doute une grande partie de l'opinion conditionnée pas une presse déchainée (Bild, die Welt). Les risques pour les contribuables sont surévalués..Comme le dit F. Lordon,« Les contribuables européens ne payent pas pour les fonctionnaires grecs. Ils payent pour les épargnants européens. Car c’est une tuyauterie financière désormais entièrement circulaire qui prête aux Grecs pour qu’ils remboursent les créanciers de ces euros-là qui circulent sous leur nez, les Grecs ne voient pas la couleur. Les contribuables européens ont d’abord payé pour la reprise publique des titres grecs détenus par les banques privées, un grand classique. Maintenant ils payent directement pour eux-mêmes, enfin, certains pour d’autres. On progresse »…
 Wolfgang Schäuble reste rigidement dans ses bottes. (*) La finance, au sens le plus étroit, le plus comptable et libéro-technocratique donne le ton. 
    On pouvait penser que le SPD allemand allait jouer un rôle modérateur, mais il est pris lui aussi  dans la tourmente.
   Après ce plan d'aide humiliant, le leadership de Berlin, qui se substitue à Bruxelles, dans cette Europe sous influence, semble sur la voie d'une nouvel empire, une domination de fait. 
"....Un empire soft, évidemment. Ou un «empire non impérial» selon la formule un jour employée par l'ancien Président de la commission européenne José Manuel Barroso. Car les arts marchands ont remplacé l'art martial et le rang hiérarchique ne se conquiert plus par les armes. Il est directement indexé sur les succès - ou les infortunes - économiques....
... En dépit des faiblesses qu'on commence à lui reconnaitre et qui ne peuvent manquer d'inquiéter (1) (extrême dépendance d'une économie exportatrice aux variations de la demande mondiale, insuffisance des investissements publics qui augurent mal de l'avenir), l'économie allemande, avec l'aide d'un euro taillé tout spécialement selon ses besoins, est devenue si supérieure qu'elle exerce sur ses voisins une authentique fascination. Dès lors, le modèle austéritaire allemand s'impose partout. Et l'on ne jure, pour tenter de faire repartir l'économie européenne, que sur une sorte de «malthusianisme comptable» qui consiste à ambitionner la baisse continue d'à peu près tout (le taux d'endettement, les déficits, les salaires…). Or, si la recette est adaptée à une nation de vieux épargnants soucieuse de consolider ses excédents de maintenir une inflation faible, elle s'avère mortifère pour la plupart des «partenaires» européens de l'Allemagne..." 
         Sur les tensions suscitées par la question grecque se greffent des tensions Berlin-Paris.
Les divisions se font sentir dans toute l'Europe. 
     L'ordre ordolibéral s'impose comme la norme.
Selon, Jean-Pierre Le Goff il s'agit de comprendre, par-delà la crise grecque actuelle et l'urgence, pourquoi et comment on en est arrivé là, pour en tirer des leçons qui ne soient pas seulement de circonstances....
      Il serait plus que temps de repenser l'Europe telle qu'elle est devenue.
                    Il n'y a d'issue que vers le haut...
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 Une défaite 
-   L’Europe aux périls de l’Euro
 La  Grèce, victime
-  L'unité dans la diversité
 Tuer le projet européen
 Rupture? 
 La Grèce risque de ne plus être un pays à la fin de cette semaine  

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Le clairon et le litron

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

Le pinard au front en 1914-1918
                                                  La vinasse, car le bon vin était inconnu, fut perçu très tôt par les autorités militaires comme un adjuvant indispensable dans l'effort de guerre, surtout au fur et à mesure que les combats devinrent plus durs, plus cruels, que les assauts devinrent plus problématiques, souvent plus inutiles, plus absurdes aussi.

      L'intendance fit tout pour compenser, depuis Pétain surtout, pour améliorer l'ordinaire. Le pinard prit une place centrale, pour redonner force et moral aux troupes souvent décimées et démoralisées.       On comprit vite le rôle que pouvait jouer ce breuvage abondant, venu d'Algérie par bateaux entiers,qui redonnait au poilu, pour un temps, tant bien que mal, faute de mieux, une arme, l'arme du pinard.
      De l'autre côté, la bière et le schnaps ne manquaient pas.
  Pour supporter si longtemps l'insupportable, touts les moyens étaient bons. Le patriotisme des débuts, la coercition plus tard montraient vite leurs limites.
        Jusqu’à la fin du conflit, il est omniprésent sur le front et, si le poilu manque souvent d’eau et de nourriture, il n’est jamais à court de vin. Produit de très gros débit qui répond parfaitement aux standards du ravitaillement à l’échelle industrielle, le pinard s’impose comme le breuvage de la guerre de masse. Ainsi que l’écrit Henri Lavedan dans L’Illustration (13 octobre 1917), « il surpasse encore le café ; c’est le grand jus, numéro un, le régime des régiments ».


  Acheminé d’Algérie par les « cargos pinardiers » qui alimentent quotidiennement le port de Sète ou issu des vignobles du Portugal, de l’Espagne et surtout du Languedoc, le vin est transporté en vrac par convois ferroviaires jusqu’à la zone des armées. Il s’agit d’un vin rouge de qualité très médiocre, tantôt âpre, rêche, raboteux, tantôt aigrelet, acerbe, piquant. Souvent dénigré par les soldats, qui, faute de mieux, s’en accommodent, le pinard mouillé, frelaté, bromuré, trafiqué, empesté est un gros vin rude, bourru, sans distinction, couramment coupé et « remonté » par adjonction de potions chimiques susceptibles de lui redonner certaines des caractéristiques d’une boisson naturelle.

   Mais, purée saumâtre ou petit ginguet sans consistance, il s’impose par ses effets, qui lui rallient les soldats du rang comme les plus hautes autorités politiques, militaires et même scientifiques. « Le vin convient particulièrement à ceux qui ont à fournir un travail puissant et rapide et plus spécialement au soldat qui se bat, observe, dès 1915, le docteur Armand Gautier dans l’un de ses mémoires à l’Académie des sciences. Donner du vin à nos hommes, à la dose très modérée de 50 à 75 centilitres par jour, dans les conditions habituelles ou aux combattants, c’est leur éviter bien des maux (refroidissements, bronchites, pneumonies, diarrhées, etc.), c’est épargner à l’État beaucoup de journées d’hôpital, c’est conserver nos combattants, c’est entretenir leur force et leur bonne humeur. »
   Au combat, le pinard réchauffe les cœurs, donne du courage et suspend, un temps, l’épouvante qui s’empare de chacun au moment de l’assaut. Dans un conflit marqué par une extrême brutalité et par l’expérience quotidienne de la mort, la transgression rendue nécessaire par les nouvelles formes de guerre implique un état de désinhibition entretenu par l’alcool. Sa consommation devient également pour les hommes un moyen de tenir dans l’inaction, en palliant la perte de sens d’une guerre de plus en plus perçue comme absurde. Boire renforce la cohésion des groupes, leur solidarité et leur identité même. C’est encore autour du pinard que se forge parfois l’osmose de combattants aux origines sociales, culturelles et géographiques distinctes....
 
               Le vin des poilus était devenu breuvage patriotique dans l'enfer vécu presque journellement.
C'était devenu une arme pour la France, dont on est bien incapable de mesurer l'efficacité, étant donné ses effets contradictoires.
Plus tard, pour se donner les moyens d'aller vite et fort dans certaines opérations, puis de façon régulière et massive, l'armée allemande,  le Reich, marchait à la pervitin
Beaucoup plus tard, l'usage de drogues fit des ravages dans l'armée américaine embourbée au Vietnam.
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Athènes: alea jacta est?

Publié le par Jean-Etienne ZEN

(Il y a trois ans...)

 

_Vers une catastrophe?
Points de vue: 
                           "L'europe a gagné (F.Hollande)

                                                                               Vraiment? Plutôt un pas vers la dislocation.
       Nous avons aujourd'hui l'image d’une zone euro totalement dysfonctionnelle, incapable de régler la question de la dette d’un pays qui pèse moins de 2 % de la richesse du club. Faute de budget propre, faute de mécanisme rodé de règlement des conflits, elle ne consent à des transferts au profit de certains de ses membres que dans l’amertume, le psychodrame et la division. Il fut un temps où l’esprit européen rimait avec intelligence − c’était il y a longtemps....

           Paul Krugman estime qu'il s'agit là d'une «trahison grotesque de tout ce que porte le projet européen».
___La Grèce a été dévastée, entend-on, et maintenant elle va être pillée, a dit hier Romano Prodi, l’ancien premier Ministre Italien. Ses propos ont fait le tour des blogs et des réseaux sociaux. De fait, un fonds étranger va prendre le contrôle des actifs encore possédés par l’Etat Grec pour empêcher Syriza de se soustraire au pseudo-accord qui a été signé. Pour Prodi, "on ne gouverne pas avec l'arithmétique". 
   C'est le même homme qui, tout en étant un "père de l'euro", avait trouvé "stupide" le pacte de stabilité européen en 2002.
       Delors ne dit plus rien....
L'Allemagne a contribué a compromettre un projet hellène qui pouvait être viable, au nom d' un juridisme dogmatique et d'un esprit technocratique autocentré et étroit. L'euro est une bénédiction pour l'Allemagne.
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____Une certaine presse allemande devient plus critique,  contrairement au Bild ou die Welt comme le Süddeutsche Zeitung: " ... «Merkel a réussi à raviver l'image d'une Allemagne laide, avare et au cœur sec, qui commençait seulement à s'estomper». Süddeutsche Zeitung parle des «exigences difficiles» auxquelles doivent répondre les Grecs. «Chaque centime d'aide à la Grèce que les Allemands ont tenté d'épargner devra être dépensé deux ou trois fois dans les prochaines années pour redorer cette image», s'inquiète le quotidien. 
«En un week-end, le gouvernement allemand a détruit plusieurs décennies de diplomatie», accuse l'hebdomadaire Der Spiegel sur son site internet, déplorant un «catalogue des horreurs» destiné à «humilier la Grèce». Deutsche Wirtschaftnachrichten met les pieds dans le plat.
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    ____Le point de vue d'un économiste américain, parmi d'autres, mérite d'être reproduit, car il signale bien les erreurs ( et les fautes) commises (comme le reconnaissaient certains au FMI)[*] et les risques encourus:
    La perte de confiance dont parlaient les dirigeants de la zone euro envers la Grèce était-elle justifiée ?                      La confiance doit aller dans les deux sens; elle doit être réciproque. Où est la confiance quand l’Allemagne interdit toute discussion honnête sur la faisabilité et la viabilité d’un tel plan ? Où est la confiance quand, à l’issue de l’accord, Wolfgang Schäuble, le ministre des Finances, reconnaît que la dette est insurmontable mais que c’est contraire aux règles d’y remédier ? La perte de confiance, au fond, se pose surtout sur la faiblesse des institutions européennes. La Commission européenne a complètement été mise sur la touche, à l’image de son commissaire aux Affaires économiques et monétaires, Pierre Moscovici, systématiquement renvoyé dans les cordes. Si on continue comme cela, sans solidarité, sans compromis, le rêve européen est condamné. L’Europe s’est construite sur les cendres de la Seconde Guerre mondiale grâce à la vision de chefs d’Etat. Elle est sur le point de s’effondrer à cause des vanités et du cynisme d’une poignée de banquiers et de politiciens.
     Que peut-il se passer en Grèce ?                           Une catastrophe. Fermer un secteur bancaire pendant des semaines ne s’est pas produit depuis la Grande Dépression des années 30. Le pays est déjà au bord de l’effondrement depuis quelques semaines. Il fait des pas de plus vers la falaise. La Banque centrale européenne n’a pas voulu jouer le rôle de prêteur en dernier ressort, parce que Jens Weidmann, président de la Bundesbank, faisait partie des faucons. C’est très choquant. Cela fait quarante ans que je m’investis dans l’économie internationale et je n’ai jamais vu ça; voir cela en 2015, dans une des deux plus grandes économies du monde, tient du cauchemar. C’est la faillite, en soi, d’un système financier et économique sans réelle gouvernance politique.
     Tsípras va-t-il réussir à survivre à une telle humiliation après avoir plaidé à juste titre pour qu’un référendum refuse un tel plan ?                  C’est peu probable. En réalité, depuis l’arrivée au pouvoir de Syriza en janvier, les responsables allemands ont à peine contenu leur fureur de voir un gouvernement de gauche radicale d’un petit pays en faillite oser défier l’une des plus puissantes économies de la planète. Ils vont gagner. Comme les mouvements de la droite radicale et de l’extrême droite, qui vont capitaliser sur la tragicomédie de ce dernier Conseil européen, qui traduit un échec absolu de la prise en compte des intérêts d’un pays vulnérable. A la façon de l’Allemagne avec la zone euro, les Etats-Unis ont tenté d’imposer, pendant des décennies, leur politique économique expansionniste dans leur zone dollar d’Amérique latine. On a vu le résultat : l’échec absolu et la déstabilisation politique…
    Vous faites un parallèle entre les négociations climatiques et les négociations européennes avec la Grèce…                 Oui, parce qu’elles sont marquées par la politique de courte vue, une sorte de cécité dramatique. Face au plus grand enjeu que la planète ait jamais eu à affronter, le changement climatique, les Etats campent encore sur le mode de «qui paiera moins et gagnera plus». Mais tout le monde va perdre; et tous les Etats vont être submergés par la multiplication des catastrophes qui se précisent, même avec une hausse de 1°C des températures.
Les politiques n’aiment pas le bruit, les difficultés, et font semblant de ne pas comprendre les enjeux. Surtout les Etats-Unis, dont le Congrès est totalement verrouillé par les lobbies pétroliers et gaziers. Leur responsabilité historique dans l’inaction coupable sera terrible. Idem pour la Grèce.
Plutôt que de trouver un compromis ambitieux, de chercher les moyens financiers, économiques et humains pour qu’Athènes s’en sorte et que la misère actuelle ne précipite pas un peu plus le pays vers le chaos, l’Allemagne (et accessoirement, la France) a pressé, imposé une solution, sans rien négocier.
   Que ce soit sur le climat ou sur la Grèce, les Etats puissants ne veulent pas entendre ce qui est douloureux pour les plus faibles. Mais à la fin, ils seront rattrapés par les souffrances qu’ils infligent. Sauf réveil essentiel, le parallèle se terminera ainsi : une série de chocs dramatiques vont se produire et nos systèmes politiques, dominés par des élites sans vision, seront incapables d’y faire face."


   _____   Timothy Geithner, ancien secrétaire américain au Trésor sous Obama, explique une même stratégie allemande dans son dernier livre, Stress Test. Il y raconte une rencontre et une discussion informelle avec Wolfang Schäuble, dans la maison de vacances de ce dernier, en juillet 2012. Schäuble, écrit-il, lui explique les nombreuses vertus d'un plan organisant la sortie de la Grèce de la zone euro : d'abord, satisfaire l'électorat allemand, excédé de payer ; surtout, « terrifier » les autres pays membres de la zone euro pour les contraindre à une plus grande intégration et à un renforcement de la zone euro. Geithner dit avoir trouvé l'idée « glaçante », lui qui, tout comme l'administration Obama, jugeait parfaitement contreproductive et vouée à l'échec l'austérité de choc imposée à la Grèce (lire ici le compte-rendu de cette rencontre)....
.....Ce projet politique allemand,  Philippe Riès l'exposait déjà en 2010, au tout début de la crise grecque, quand se discutait le premier plan d'aide : « En poussant Athènes éventuellement hors de la zone euro, Berlin cherche la “crise salutaire” qui permettrait de remettre une Union économique et monétaire épurée sur les rails de la vertu budgétaire. La France est prévenue » (lire l'article Grèce : pourquoi l'Allemagne a décidé de faire un exemple).
(Wolfgang Schaüble, a publié le 11 mars dans le Financial Times. : «Il doit, en principe, rester possible pour un Etat de faire faillite. Affronter une réalité déplaisante peut être la meilleure option dans certaines conditions. L'union monétaire et l'euro sont mieux défendus si la zone euro reste crédible et capable d'agir, même dans des situations difficiles. Cela signifie nécessairement la suspension des droits de vote au sein de l'eurogroupe d'un Etat membre non coopératif (...) Dans le cas où un membre de l'eurozone se trouverait en fin de compte dans l'incapacité de consolider son budget ou de restaurer sa compétitivité, il devrait, en dernier ressort, sortir de l'union monétaire tout en pouvant rester membre de l'UE».)
_____
(*)  La Grèce a besoin de l’allègement des dettes bien au-delà des plans de l’Union Européenne
-   Que le diable les emporte s’ils ne sauvent pas la Grèce
-   Des économistes jugent le plan d’aide grec
-   Le choix du pire
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Guerres de l'eau?

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

L'or bleu n'a pas de prix, mais peut être objet de discorde.
                                                 Selon divers spécialistes, le problème de l'alimentation en eau risque de devenir de plus en plus aigü dans diverses parties du monde.
     Il pourrait même générer des conflits de plus en plus marqués.
        Comme on le voit entre Israel et la Palestine
   Le problème n'est pas nouveau mais s'aggrave:

        ....Cinq années de sécheresse consécutives. Selon le ministre israélien de l’énergie et des ressources en eau, Yuval Steinitz, cela faisait « 100 ans » qu’un tel manque de pluie n’avait pas frappé la région. Résultat, les sources d’eau naturelles, notamment au nord d’Israël, ne cessent de voir leur niveau baisser. Et les importantes infrastructures de désalinisation et de traitement des eaux usées créées par l’État hébreu ne suffisent plus à compenser la pénurie.
  « Ce type de longue sécheresse n’est pas rare dans la région mais ce sont les effets du changement climatique qui rendent la crise aussi sévère », estime Avner Adin, professeur à l’Université hébraïque de Jérusalem, spécialisé dans le traitement de l'eau et les technologies de contrôle de la pollution.
    Pour remédier au problème, le gouvernement israélien a annoncé en avril 2018 vouloir mettre les bouchées doubles. Deux nouvelles usines de désalinisation vont être construites le long de la côte méditerranéenne. Le budget de l’opération n’a pas été dévoilé mais il est évalué à 400 millions de dollars, soit environ 344 millions d’euros, par usine. Le réseau de distribution en eau du pays doit également être étendu.
   Parallèlement, le gouvernement Netanyahou projette de réduire le pompage des sources naturelles pour réhabiliter les rivières asséchées. Il envisagerait en revanche de prélever de plus grandes quantités d’eau douce dans le lac de Tibériade, pourtant gravement touché par la sécheresse.
   Cette sécheresse qui dure frappe également de plein fouet les Territoires palestiniens et la Jordanie, tous deux fortement dépendants d’Israël pour leur fourniture en eau. En 1967, pendant la guerre des Six-Jours, l’État hébreu a pris le « contrôle de toutes les sources d’eau entre la rivière du Jourdain et la mer Méditerranée », rappelle Adam Aloni, chercheur au sein de l’ONG B’Tselem. Au moment des accords d’Oslo, il est décidé que 80 % de l’eau provenant de l’aquifère de la montagne en Cisjordanie seraient exploités par les Israéliens et 20 % par les Palestiniens.
    En zone A (sous contrôle palestinien) et B (sous régime mixte), les villes palestiniennes sont en principe alimentées par la compagnie d’eau israélienne Mekorot. Mais chaque été, pendant les mois les plus arides, la pression baisse dans les tuyaux. « Le réseau de distribution passe d’abord dans les colonies israéliennes » et ces dernières « augmentent leur consommation en eau pour l’agriculture », explique Adam Aloni. Les autorités palestiniennes doivent donc rationner l’eau pour que chaque famille puisse en recevoir une fois par semaine, voire une fois toutes les deux semaines.
   La situation est également critique pour les Palestiniens vivant dans la zone C, où Israël exerce un contrôle militaire et civil absolu. « Pour construire un puits ou raccorder une pompe à un tuyau, les Palestiniens ont besoin d’un permis. Mais les autorités israéliennes n’en délivrent presque jamais », constate le chercheur. Des « dizaines de communautés palestiniennes » ne sont donc toujours pas connectées à l’eau courante. Elles doivent vivre avec « 20 litres d’eau par jour par personne », une quantité largement inférieure aux recommandations fixées par l’ONU à 100 litres.
    Le problème est d’autant plus dramatique dans la bande de Gaza, sous blocus depuis 2007. Contactée par Mediapart, Margaux Chinal, chargée de projets eau et assainissement à l’Agence française de développement, estime que « 95 % de l’eau utilisée » par la population de l’enclave palestinienne est « impropre à la consommation en raison de la pollution » de la nappe phréatique et de « l’intrusion d’eau salée » dans cette dernière....
      Sans parler de la Jordanie, gravement affectée. A-t-on oublié que les première émeutes en Syrie ont été largement générées par une population rurale fuyant ses terres par déficit d'eau, donc de récoltes.
      La rareté et l'absence de partage peuvent aggraver des tensions latentes et déboucher sur desconflits ouverts, dans diverses parties du monde.
     Déjà que cinq cents millions de personnes n'ont pas d'accès à une eau de qualité et que d'autres ne peuvent payer une eau devenue un produit cher du fait du marché accaparé souvent par des multinationales.  Pas étonnant que Coca Cola, grand dévoreur d'eau, domine dans certains pays, comme le Mexique.
     La gestion irrationnelle de l'eau combinée à sa rareté, comme en Californie, peuvent créer à terme des problèmes insurmontables. Certaines villes peuvent devenir, par incurie, malades de l'eau, par incurie, comme à Flint.
   Si l'affrontement n'est pas toujours le cas, les tensions existent bien en certains lieux et à certaines époques.
      Les histoires d'eau, élément si universel et si essentieln'ont pas fini de hanter l'histoire des hommes, surtout dans une phase de réchauffement soudain, de développement démographique parfois exponentiel et d'absurde marchandisation.
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Fin du dopage?

Publié le par Jean-Etienne ZEN



        Plus d'un tour dans leur sac...
                                                      Comme le printemps annonce l'été, les soupçons reviennent à chaque grande boucle. 
  Pour certains, on serait devant un problème insoluble, fertile en innovations biochimiques et en rebondissements, malgré les proclamations, la main sur le coeur.
    Promis, juré, on ne m'y reprendra plus on ne le fera plus!.Tous clean!
   Pourtant, si l'on en croit les chiffres, souvent discutés,le problème revêt une ampleur impressionnante. 
    Le système Armstrong, mené à son plus haut point de sophistication, a impressionné tout le monde.
Le rouleur texan a bien roulé... son public.(*)
      Le spectacle fait oublier l'argent, le nerf de la boucle, le carburant quotidien.
Le vélo-business (mais pas que le vélo) semble ne pas (plus) soulever d'indignation, tant il est en phase avec les valeurs contemporaines de réussite rapide sociale et économique. Et...panem et circenses. On comprend mieux pourquoi Bernard Tapie s'y est très tôt investi.
     On se pose toujours des questions.  Le soupçon est partout.
 L'homo cyclopedus ordinaire est décontenancé et se détourne du grand barnum national.
       Le Docteur de Mondenard, ex-médecin expérimenté .du Tour, ne se fait pas d'illusions....
              L’amoureux du Tour de France peut suivre l’épreuve avec, peut-être, un peu plus de confiance que lors des années Lance Amstrong au niveau de l’intensité de la pratique et du nombre. Mais vous savez, il y a toujours eu du dopage dans le Tour de France. Et ce, depuis sa création, en 1904. La quasi-totalité des vainqueurs du Tour se sont plus ou moins dopés. Sans oublier ce paradoxe que les anciens dopés se trouvent ensuite aux manettes d’équipes. Aujourd’hui, il faut savoir que l’on peut toujours se doper sur le Tour de France sans se faire prendre. Toutes les substances interdites ne sont pas détectables lors des contrôles, qui sont trop souvent inefficaces. C’est la réalité. Et c’est la même chose en rugby, en football… Dans l'émission « Stade2 », une enquête récente a démontré que l'on pouvait ingérer un cocktail de produits dopants (hormones de croissance, EPO) permettant d'augmenter ses performances de 3%, ce qui est énorme au plus haut niveau, et de passer à travers les mailles des contrôles...
     Vive le vélo quand même! 
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Eloge de la marche

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

Mettre un pied devant l'autre...

                                 La marche, c'est l'homme.
          Leroi-Gourhan disait que " l'homme commence par les pieds " - La marche nous rappelle la bipédie et aussi ce qu'elle nous a offert : nos mortelles civilisations... 
       Marcher redevient à la mode, pour les sédentaires que nous sommes devenus, saturés de tout. Retrouver un rythme lent, un regard qui décentre, un intérêt souvent perdu pour le milieu et un rythme maîtrisé.
Bien au-delà des habitudes,des modes et des contraintes de la course, du jogging imposé. Savoir s'arrêter, regarder, se fatiguer sainement et ré-ouvrir les yeux sur le plus proche, le plus fondamental, le  plus vital.
   Retrouver le sens de la lenteur. Une lenteur maîtrisée, une lenteur réfléchie. Pour retrouver en quelque sorte l'élémentaire.
   Faut-il dire avec Nietzsche que seules les pensées qui viennent en marchant valent quelque chose?
   Il y a marche et marche...
          "On évitera de croire que la marche est un sport. Pas même un loisir, encore moins un divertissement. Au contraire, si l'on en croit Frédéric Gros, ce serait plutôt une ascèse, au vieux sens grec - exercice, entraînement -, qui nous ramène à l'essentiel, c'est-à-dire à ce presque rien que nous sommes, présent-absent dans le monde, ne faisant qu'y glisser." (RP .D)

            "Marcher, une philosophie", comme le dit Frédéric Gros:
    "C'est ce qu'il fait valoir, dans un admirable petit livre qui ravira même les incurables sédentaires, ceux que Nietzsche appelait "culs-de-plomb". Car personne, après tout, n'est obligé de pratiquer la randonnée pédestre pour prendre plaisir et intérêt à cette prose intelligente et claire - rare, somme toute. Philosophie, ici, ne signifie ni pédanterie ni jargon. Frédéric Gros réinvente, à l'antique, une méditation qui accompagne le mouvement du corps et en creuse les sensations."En marchant, écrit-il, on échappe à l'idée même d'identité, à la tentation d'être quelqu'un, d'avoir un nom et une histoire." On songe à Michel Foucault, que Frédéric Gros a étudié, édité et commenté, disant : "J'écris pour n'être personne." Ecrire, marcher, serait-ce la même chose ? La parenté existe : nombreux sont les écrivains-penseurs-marcheurs. On en croise certains au fil des pages, depuis Nietzsche arpentant l'Engadine ou les collines niçoises jusqu'à Gandhi nomadisant en Inde avec la marche pour action, sans oublier ces promeneurs célestes que furent Rimbaud, Rousseau ou Thoreau. Contrairement à Kant, hygiéniste et métronome, ils convainquent que sur terre l'homme habite en marcheur. En parcourant le monde à pied, ne fût-ce que quelques heures ou quelques jours, on le voit tout différemment. Et l'on se voit soi-même autre.Car la marche insiste sur les articulations, en particulier celle du corps et de l'âme. Elle métamorphose le temps, impose fatigue à la pensée, se fait subversion ou vacuité. En pérégrinant, on se perd et se retrouve, comme en tout exercice spirituel. On cesse de s'affairer, on crée parfois. Nietzsche avait les sentiers pour atelier, d'autres y élaborent des psaumes. "Marcher fait venir naturellement aux lèvres une poésie répétitive, spontanée, des mots simples comme le bruit des pas sur le chemin."On évitera donc de croire que la marche est un sport. Pas même un loisir, encore moins un divertissement. Au contraire, si l'on en croit Frédéric Gros, ce serait plutôt une ascèse, au vieux sens grec - exercice, entraînement -, qui nous ramène à l'essentiel, c'est-à-dire à ce presque rien que nous sommes, présent-absent dans le monde, ne faisant qu'y glisser. Avec des mots de tous les jours, et sans en avoir l'air, façon Montaigne, ce philosophe donne là une vraie leçon.De ce livre, en fin de compte, on pourrait dire que le propos est ténu, les constats simples, les remarques presque toujours évidentes. Mais l'écriture est souveraine - limpide, exacte, les termes tous sentis. D'où ce ton juste, qui fait de ce petit volume une très bonne surprise. Du coup... on marche !"
        Retrouver le sens de la marche, c'est se retrouver.
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Du rêve au cauchemar

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Points de vue: Méditations (pseudo)cartésiennes    

                                                                      Que l'on soit "cartésien"ou non, ce papier donne à penser, à l'instant "t" où nous sommes d'une Europe qui vacille:
       A chacun de juger... 
                                    « Le sommeil de la raison engendre des monstres »
    La soirée de dimanche 11 juillet 2015 restera marquée d’une pierre blanche dans les annales de l’Europe. Ce soir là, l’Europe est morte. Non pas le continent d’Europe en tant que réalité géographique. Non plus l’ensemble foisonnant d’institutions et de règles progressivement mis en place depuis l’après-guerre. Mais cette Europe-nation illusoire faite de l’amitié, de la solidarité, de la coopération entre les peuples. Le rêve est fini, nous sommes réveillés.
    Rapellez vous du « rêve européen », celui d’une union « chaque jour plus étroite » qui donnerait naissance aux « Etats-Unis d’Europe » dont les pays membres seraient les provinces. Imagine-t-on la France, l’Allemagne, l’Italie infliger à l’une de leurs régions pauvres le genre de remède qu’on impose aujourd’hui à la Grèce ? Imagine-t-on un gouvernement national faisant preuve à l’égard des autorités régionales de la hargne, la morgue, de l’insensibilité dont on fait preuve les dirigeants des pays de l’Eurogroupe à l’égard des autorités grecques ? Que se passerait-il en France si le Premier ministre infligeait au président de la région Corse ou Bretagne le genre d’humiliation qu’ont du subir les Grecs ? Quels que soient les conflits, les suspicions, les différences à l’intérieur d’une nation, il y a une perception de son concitoyen comme un autre soi-même qui empêche ce genre d’instincts de se manifester. Il est clair qu’un demi-siècle de construction européenne n’a pas réussi à construire ce qu’on pourrait appeler une identité européenne.
       On nous avait expliqué que la « construction européenne » devait nous protéger du retour de la brutalité dans les rapports entre états qui avait marqué les années vingt et trente. On voit aujourd’hui combien cette idée était fausse. La négociation de l’accord avec la Grèce a tous les relents de la négociation des accords de Munich en 1938. Tout y est : la prétention de l’Allemagne de mettre un état sous tutelle pour s’assurer de ses intérêts, la résistance d’un petit pays sommé de s’exécuter sous la menace de représailles terribles, la capitulation de la France qui préfère jouer les « monsieur bons offices » pour faire accepter au faible les conditions du fort, pour ensuite clamer qu’on a « sauvé » l’essentiel – la paix hier, l’Euro et l’Europe aujourd’hui. On a même eu droit au vote massif des deux chambres du Parlement pour remercier Hollande-Daladier d’avoir joué ce rôle. En 1938, le PCF fut le seul parti politique a dénoncer l’accord. Aujourd’hui, il s’est trouvé à peine une quarantaine de députés pour faire de même.
      Les échanges autour de la table communautaire n’étaient pas ceux de partenaires réunis pour résoudre un problème commun. C’était une rencontre ou les forts posaient leurs conditions aux faibles. Avec des rares et honorables exceptions, les états-membres créanciers n’ont guère accordé d’attention à la misère des citoyens grecs, au désespoir d’une jeunesse qui voit l’avenir bouché. Ils n’ont nullement cherché ce qui est mieux pour l’ensemble des européens. Non : leur seule et unique préoccupation, c’était celle que Margaret Thatcher avait si bien résumé en son temps : « I want my money back ». Il fallait donc non seulement mettre la Grèce sous tutelle pour s’assurer que toutes les ressources dégagées par l’austérité aillent dans les poches des créanciers, mais en plus la punir et l’humilier pour bien montrer aux autres pays en difficulté ce qui arrive à ceux qui choisissent de s’écarter de la logique austéritaire.
       Tout cela ne me surprend guère. J’ai toujours pensé que la construction européenne n’était qu’une vaste fumisterie, qui déguisait – de moins en moins bien – la brutalité des rapports entre les Etats. Aujourd’hui les choses sont claires : Le citoyen allemand comme le citoyen grec savent qu’ils n’ont aucune protection à attendre de l’Europe. Ils auront compris qu’ils ne peuvent compter que sur leurs états nationaux pour défendre leurs intérêts. Le jeune grec comprendra que si son avenir est bouché, c’est parce que la Grèce est faible, alors que le jeune allemand saura que s’il a un avenir radieux, c’est parce que l’Allemagne est forte. Alors, que reste-t-il de « l’Europe qui protège » ? Qu’à-t-elle à offrir au jeune étudiant grec, autre que l’émigration vers une nation mieux lotie que la sienne ?
       Même la fameuse « amitié franco-allemande », vache sacrée de la politique extérieure française, se révèle pour ce qu’elle est : une fiction utilisée dans les années 1960 par la France pour obtenir l’appui politique de l’Allemagne en échange de son soutien à la candidature allemande à la réadmission dans l’espèce humaine. Aujourd’hui, l’Allemagne est redevenue une puissance et n’en a plus besoin de ce boulet, ce qui place la France en position de suppliante. « L’amitié franco-allemande » est morte, elle a été remplacée par un rapport de puissance à puissance. Et nos élites ont tellement peur de devoir faire le deuil de leurs rêves européens qu’elles sont tétanisés à l’idée de signer l’acte de décès, préférant jouer le rôle de « bon flic » chargé d’expliquer aux grecs pourquoi ils doivent tout accepter, comme Daladier le fit hier lorsqu’il s’est agi de faire avaler à Benes le dépècement de son pays.
      Pour constater combien la fiction qu’était le « projet européen » était devenue la colonne vertébrale d’une idéologie dominant totalement la politique française, il suffit d’observer les conséquences de l’effondrement de dimanche. La « béquille » mentale européenne s’est cassée, et du coup nos soi-disant « élites » sont obligées de penser par elles mêmes. On ne peut dire que les résultats soient brillants. Au contraire : cela a donné lieu à une suite de positions contradictoires qui montrent à quel point la « gauche » en général et la « gauche radicale » en particulier sont incapables d’une pensée cohérente.
      Prenons le Parti socialiste. Par la voix de son secrétaire national, mais aussi par celle du président du groupe à l’Assemblée, le parti se réjouit de la signature de l’accord. Pourtant, on se souvient, les socialistes ont soutenu à chaque élection nationale la doctrine selon laquelle la politique d’austérité devait être modifiée pour faire place à une véritable relance européenne. Et les voilà se réjouissant au contraire de la signature d’un accord qui ne fait que consacrer la primauté absolue à une austérité toujours plus grande, un accord qui contient toutes les mesures que les socialistes ont toujours refusé à mettre en œuvre en France. Alors pourquoi ces réjouissances ? Et bien, parce qu’on a sauvé l’Euro ! L’Euro devient la nouvelle version de la « relique barbare » dont parlait Keynes, à laquelle l’économie réelle, c'est-à-dire, la vie des hommes et des femmes qui vivent de leur travail, doit être sacrifiée.
        Mais si le Parti socialiste ne fait finalement que continuer dans la voie libérale-libertaire dans laquelle il s’était engagé, la cacophonie est bien pire dans la « gauche radicale », coincée entre ses sympathies pour Syriza et son eurolâtrie. Il faut dire que si toutes les eurolâtries sont imbéciles, celle de la « gauche radicale » l’est particulièrement, puisqu’il s’agit d’une eurolâtrie de rejet. La « gauche radicale » est europhile parce qu’elle est nation-phobe. Sa détestation de tout ce qui se rapporte à la nation la conduit à rechercher une instance qui puisse lui servir d’alternative. Mais comme il arrive souvent chez les nouveaux convertis, la « gauche radicale » en fait trop. Ainsi, le 14 juillet Pierre Laurent félicite « le gouvernement grec (qui) a fait un choix responsable, celui de permettre avant tout la stabilité financière durable du pays » en évitant le « Grexit ». Cette déclaration appelle deux conclusions. La première, c’est que, pour le secrétaire national du PCF, le « choix responsable » pour un gouvernement de gauche, c’est « de permettre avant tout la stabilité financière durable ». Le second c’est que Laurent croit que ce accord est susceptible de garantir une telle « stabilité durable ». On se demande s’il faut rire ou pleurer…
       Mais la suite est pire. Pendant que Pierre Laurent se félicite et félicite le gouvernement grec d’avoir signé l’accord, les députés du Front de Gauche s’apprêtent à voter contre au parlement français. Pourquoi ? Parce qu’il faut – du moins si on écoute André Chassaigne – « sauver le projet européen ». Mais… depuis quand « le projet européen » - notez bien l’article défini, il ne s’agit pas de sauver « un projet européen », ni même « un autre projet européen », mais « le » projet européen, le seul, l’unique – est-il digne d’être « sauvé » ? On découvre tout à coup que dans le désordre idéologique ambiant le PCF semble avoir fait sien le projet de Monnet et de Schuman, de Mitterrand et de Delors. Chaissaigne va plus loin encore : l’alternative, c’est le « projet européen » ou le « nationalisme » honni. C’est dire si on a les idées claires au PCF.
      Chez la tribu Mélenchon, c’est encore plus confus. Après avoir qualifié de « maréchalistes » il y a seulement deux ans ceux qui veulent sortir de l’Euro, la tonique semble changer au PG : Ainsi, Eric Coquerel écrit curieusement que, s’agissant de l’Euro, « il nous faudra donc imposer sa transformation ou bien en sortir ». Laurent Mafféis va plus loin : « L’Allemagne a mis l’Europe dans une impasse dont il est peu probable qu’elle se relève. D’ailleurs ses méfaits économiques et sociaux ont déjà conduit le grand nombre à en faire le deuil. L’Europe n’a pas d’autre destin que celui que ses peuples pourraient lui donner. En l’état actuel elle n’en a donc plus. »
      Allelouiah !, me direz vous. Enfin quelqu’un dans la gauche de la gauche s’aperçoit que le « projet européen » est condamné et qu’il faut faire autre chose. Seulement voilà : il est difficile de savoir au PG qui parle au nom de qui. S’agit-il de points de vue personnels ou bien d’une ligne assumée par l’organisation ? Difficile de le savoir dans l’étrange galaxie qu’est le PG, ou Mélenchon, qui pourtant n’a aucune fonction dans les organes de direction du parti, continue à signer des communiqués sur le site de celui-ci. Mais il faut rappeler qu’une motion appelant à l’inscription dans le programme du PG de la sortie de l’Euro a été battue au congrès du PG il y a deux semaines.
       En fait, la « gauche » en général et la « gauche radicale » en particulier se bercent de douces illusions en imaginant des « Europes » bisounoursiennes, dont l’Allemagne empêcherait on ne sait pour quelles raisons la réalisation. L’Europe n’est pas une zone franche qui échapperait mystérieusement aux rapports de force qui régissent les relations entre les états. Si les nations sont toujours là, si leurs dirigeants mettent les intérêts de leur pays avant ceux de « l’Europe », ce n’est pas par égoïsme ou faiblesse morale, mais parce que la nation a une réalité en tant qu’unité politique que l’Europe n’a pas et ne peut pas avoir, quelque soient les ingéniosités institutionnelles qu’on puisse imaginer. Merkel et Tsipras ont une légitimité que ne peuvent pas avoir Juncker, Tusk ou l’ineffable Schultz. Et ce n’est pas dû au mode d’élection ou de désignation : le Parlement européen est élu au suffrage universel direct, et pourtant il n’arrive pas à avoir la légitimité que peuvent avoir les parlements nationaux. La question n’est pas seulement la procédure, mais aussi la question du « démos » au nom duquel on gouverne : derrière Merkel ou Tsipras, il y a un peuple constitué en unité politique, conscient d’une unité d’histoire et de destin.        Derrière Juncker, Tusk ou Schultz, il n’y a rien d’autre qu’une procédure. Merkel, Tsipras, Hollande parcourent leur pays, serrent des mains, ont des réunions avec des « vraies gens », écoutent et prennent en permanence le pouls d’une collectivité dont ils sont membres et qu’ils connaissent parfaitement. Imaginez-vous Schultz, Juncker ou Tusk en train de dialoguer avec des paysans de Transylvanie ou des ouvriers de Bilbao ? Comment le pourraient-ils, puisqu’ils ne parlent pas la même langue ?
       Quant à la droite… sa situation est peut-être un peu plus confortable, du moins pour les franges proches de la logique ordo-libérale allemande. Certains dirigeants de droite, Sarkozy en tête, ont essayé de jouer cette corde en prenant des positions « dures » vis-à-vis du gouvernement grec, oubliant la sagesse populaire qui veut qu’on ne tire pas sur un homme à terre. Ils s’en mordront à mon avis les doigts. La brutalité avec laquelle la procédure européenne a été conduite a mis beaucoup de gens qui au départ soutenaient la position européenne dans l’embarras, et la droite, fut-elle libérale, ne peut ignorer le fait que cette affaire risque de rendre les institutions européennes odieuses à beaucoup de français, et alimenter la fuite de voix vers le Front National, seule organisation politique à avoir dans cette affaire gardé une ligne politique claire. La droite aussi devrait réfléchir à cet épisode.
        Si nos élites peuvent apprendre quelque chose de cette crise, c’est combien les vaches sacrées de « l’euro-pensée » ont stérilisé le débat politique et empêché de voir les problèmes. Il est urgent de jeter aux orties ce qui reste de cette idéologie néfaste, cesser de construire des châteaux dans l’air et revenir à une réflexion politique rationnelle et pragmatique, qui ne peut être construite à mon avis qu’autour de la nation. Cela n’implique en rien qu’on soit chauvin ou isolé. On peut parfaitement bâtir entre les nations des coopérations fondées sur un partage équitable des avantages et des inconvénients. L’option d’une « union » où les nations s’effacent pour laisser place à la magie du marché pour produire et partager équitablement les richesses a, de toute évidence, échoué. Et cet échec est définitif : il ne tient ni aux erreurs commises, ni à la faillibilité des hommes, mais à la structure même du projet.
       Comme beaucoup de Parisiens, je suis allé contempler le concert et le feu d’artifice qui marque la fin de la célébration du 14 juillet. C’était, comme à chaque fois, magnifique. Mais je voudrais noter deux choses : à la fin du concert, on a chanté « La Marseillaise », et deux fois plutôt qu’une. Et pendant le feu d’artifice, on l’a joué une deuxième fois, ce qui à ma connaissance ne s’était fait que très rarement. J’ai vu les jeunes chanter l’hymne national avec passion. J’ai vu à la télévision une jeune fille qui, interrogée sur ce qu’elle avait le plus aimé dans le spectacle, a parlé elle aussi de l’émotion de la Tour Eiffel éclairée par les couleurs nationales, et d’avoir chanté l’hymne composé il y a si longtemps par Rouget de l’Isle. Et mon cœur s’est serré en pensant que l’ambiance ne devait pas être très différente en 1938. « Si vis pacem, para bellum ».
Descartes
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 Version intégrale de l’accord de spoliation de la Grèce
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Où va l'empire américain?

Publié le par Jean-Etienne ZEN

  ( suite)

Le déplacement de l'ambassade à Jérusalem comble d'aise les bellicistes au pouvoir en Israël tout comme les chrétiens intégristes qui ont soutenu Donald Trump aux États-Unis. Elle éloigne encore un peu plus la perspective d'un règlement négocié sur la Palestine avec la création de deux États. Elle donne au Hezbollah chiite libanais des motifs supplémentaires d'attaquer Israël. L'Iran, du coup, pourrait se sentir obligé de soutenir son affidé et d'entrer dans un conflit frontal avec l'État hébreu que l'un et l'autre redoutent.
    Dans ce conflit hypothétique, les chiites et les Iraniens bénéficieront d'un atout de taille. Face au fringant prince héritier d'Arabie MBS qui se repose encore sur l'alliance américaine et a fait le choix téméraire de se rapprocher d'Israël, au risque d'être renversé ou tué, ils auront beau jeu de se présenter comme les seuls vrais défenseurs des Palestiniens et de la cause musulmane. Un coup qui pourrait être fatal à l'Arabie, déjà empêtrée dans sa guerre au Yémen.
      Ainsi les États-Unis pourraient-ils, avec l'affaire de l'ambassade, entraîner l'effondrement de la dynastie de Séoud et de l'Arabie elle-même. Ce lâchage des Arabes sunnites, et de l'Arabie séoudite en premier lieu, tient peut-être à un bouleversement récent dans le domaine énergétique : avec l'exploitation intensive de leurs gisements de schistes bitumineux et de gaz de schiste, les États-Unis sont redevenus très largement le premier producteur mondial de pétrole et gaz et n'ont plus à s'inquiéter autant de la stabilité du monde arabe.
     L'autre éventualité, liée à l'asphyxie économique de l'Iran, serait la remise en selle des extrémistes à Téhéran. Par fierté, n'ayant plus rien à perdre, les Iraniens pourraient se lancer dans une guerre désespérée, avec des conséquences imprévisibles comme le blocage du détroit d'Ormuz par lequel passe l'essentiel de la production pétrolière du Golfe.  
        La dénonciation de l'accord de Vienne et l'installation de l'ambassade américaine à Jérusalem relèvent surtout d'une motivation politique profonde qu'avait déjà décelée Emmanuel Todd en 2002 dans un ouvrage visionnaire, Après l'Empire, Essai sur la décomposition du système américain. C'est sciemment en effet que les États-Unis produisent aujourd'hui du désordre et de la guerre, afin de continuer à apparaître comme indispensable au maintien de l'ordre avec leurs forces armées.
      Selon l'historien, les États-Unis ont connu après la Seconde Guerre mondiale une phase impériale bienveillante. Portés par le prestige de leur victoire sur le nazisme et la puissance de leur industrie (près de la moitié de la production mondiale), ils ont pu ramener la prospérité en Europe occidentale et au Japon ainsi que maintenir une paix approximative dans l'ensemble de la planète. Hollywood, le rock'n roll, Coca Cola et l'american way of life ont fait rêver le monde entier, y compris les pays à gouvernement hostile.
     Mais les choses se sont gâtées dans les années 1970, observe Emmanuel Todd. Les États-Unis ont reporté sur leurs alliés et partenaires le poids de leur fonction militaire, à la manière d'Athènes qui, au Ve siècle av. J.-C., imposa à ses alliés de la ligue de Délos de financer ses trières garantes de leur sécurité face aux Perses. À la différence des Athéniens, les Américains n'ont eu besoin d'exercer aucune contrainte. Ils ont usé simplement du prestige de leur monnaie, le dollar : c'est ainsi qu'au lieu d'augmenter leurs impôts pour financer la course aux armements, ils ont émis des bons du Trésor. Les banques étrangères y ont souscrit sans hésiter en se disant qu'il n'y avait pas de placement plus sûr car le « gendarme du monde » ne pouvait en aucune manière faire défaut, sauf à provoquer l'effondrement de l'économie mondiale.
       Du fait d'une monnaie surévaluée, les États-Unis ont alors vu se creuser leurs déficits commerciaux et se réduire leurs exportations industrielles. Les citoyens américains en ont largement profité avec une charge fiscale réduite et un volume de consommation très supérieur à leur création de richesse.
     Ils ont abandonné à la Chine, au Japon et à l'Allemagne la production de biens manufacturés, en se réservant le soft power représenté par la monnaie de réserve (42% des transactions internationales sont encore effectuées en dollars) ainsi que les activités tertiaires (cinéma et surtout internet).     
      Mais ce privilège impérial a été rendu possible parce que les États-Unis et leur puissance militaire étaient réputés indispensables à la stabilité de la planète. Or, depuis la fin de la guerre froide et plus encore depuis le début du XXIe siècle, les progrès de l'éducation et la maîtrise de la fécondité ont pacifié le monde comme jamais dans son Histoire ! Cela ne fait pas l'affaire des Américains qui pourraient craindre que leurs créanciers leur demandent des comptes (*
     Le cauchemar américain, en ce début du XXIe siècle, eut été une Union européenne partenaire de la Russie selon le projet exprimé en allemand, devant le Bundestag, le 21 septembre 2001 par le président Poutine lui-même : « Nul ne remet en question l'importance des relations partagées entre l'Europe et les États-Unis. Toutefois, je pense que l'Europe peut assurer à long terme sa réputation de centre puissant et politiquement indépendant si elle parvient à associer ses ressources avec celles de la Russie... avec les ressources naturelles, humaines et territoriales... avec le potentiel économique, culturel et de défense de la Russie ».
      Fort heureusement, les stratèges de Washington ont eu vite fait d'enterrer ce projet concurrent. Avec le concours bienveillant de la Pologne et des États baltes, viscéralement antirusses, ils multiplient aujourd'hui les exercices militaires aux portes de la Russie, façon d'humilier le peuple russe et ses dirigeants.
     Le président russe, renvoyé dans ses cordes, se voit obligé de jouer la carte eurasiatique en se rapprochant de la Chine à travers le groupe de Shanghai. Et tant pis pour les industriels et les agriculteurs allemands et français, privés du marché russe. Heureusement, l'Europe peut continuer de se pourvoir en gaz russe. Mais jusqu'à quand ?
     La nouvelle « guerre froide » entre les États-Unis et la Russie semble bien partie, à cela près qu'elle n'oppose plus deux superpuissances qui dominent chacune la moitié du monde comme dans les années 1950 mais deux pays blessés qui ne pèsent plus très lourds face aux puissances montantes d'Asie.Leur combat nous fait penser à ce tableau de Goya où l'on voit deux bandits en train de s'étriper cependant qu'ils sont tous les deux en train de s'enfoncer dans les sables mouvants.   Comme ces deux-là, les USA et la Russie s'anéantissent mutuellement avec pour seul résultat d'ouvrir la voie à leur rival commun, la Chine.
           Contre la Chine.  
                                      L'autre cauchemar américain est en effet la Chine qui, après avoir été l'atelier à bas coût des multinationales américaines, est subrepticement devenue une puissance autonome, avide de reprendre la place qui lui revient, la première. L'État chinois, à la différence de l'Europe, a su s'émanciper des Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) en créant ses propres acteurs de l'internet. Plus gravement peut-être, il s'est approprié un quasi-monopole des terres rares indispensables à l'industrie électronique mondiale et aux armées modernes. Mais pour l'heure, il est encore soucieux de ménager les États-Unis dont il est devenu le premier créancier par ses achats massifs de bons du Trésor.
     En attisant les tensions dans la mer de Chine, avec la Corée du Nord par exemple, le président Trump a voulu montrer à ses voisins que les États-Unis sont encore redoutables et indispensables au maintien de l'ordre international .
      Soucieux de contrer l'influence de la Chine, il a par la même occasion rappelé à ses alliés traditionnels, le Japon et Taiwan, leur dépendance à l'égard du parapluie nucléaire américain. On peut comprendre de la sorte son surprenant bras de fer avec la Corée du Nord. De bienveillant, l'Empire américain est ainsi devenu... malveillant et agressif !
      Déjà en 2002, Emmanuel Todd écrivait : « Les États-Unis sont en train de devenir pour le monde un problème. Nous étions plutôt habitués à voir en eux une solution. Garants de la liberté politique et de l'ordre économique durant un demi-siècle, ils apparaissent de plus en plus comme un facteur de désordre international, entretenant, là où ils le peuvent, l'incertitude et le conflit » (Après l'Empire).
    L'historien avançait l'idée que les États-Unis, pour conserver leur fonction gendarmesque, seraient conduits à affronter des acteurs mineurs. Et de citer l'Irak, l'Iran, la Corée du Nord, Cuba etc. L'exception remarquable est le Vietnam communiste, que les Américains ménagent avec soin, ayant perdu l'envie de l'affronter...
     Il faut dire que, depuis les guerres du XIXe siècle contre les Indiens, les Mexicains et les Espagnols jusqu'aux guerres du XXe siècle contre le Japon et l'Irak, les Américains ont toujours privilégié les guerres asymétriques et évité les adversaires à leur taille (l'exception allemande n'en est pas une, l'armée américaine n'ayant affronté les Allemands qu'en 1918 et 1944, quand ceux-ci étaient déjà passablement affaiblis).
     Si l'on craint aujourd'hui encore la puissance de frappe des États-Unis, ce n'est pas à leurs fantassins que l'on pense (on les a vus en 1992 se débander devant des Somaliens) mais à leurs armes nucléaires, à leurs bombardiers et maintenant à leurs drones (avions sans pilote). Précurseurs dans ces domaines comme dans beaucoup d'autres, les Américains conserveront leur avance aussi longtemps que les Chinois ne les priveront pas des composants électroniques et des terres rares indispensables au fonctionnement de leurs armes. 
           Contre les "alliés" européens.
                                                  Protégés par deux océans et disposant de leurs propres réserves d'hydrocarbures, les Américains n'ont pas trop à se soucier d'un regain de troubles au Moyen-Orient et dans le Golfe Persique. Ils peuvent multiplier les foyers d'incendie dans cette région sans trop de conséquences pour eux-mêmes... Il en va différemment des Européens, d'autant que ceux-ci sont encore très dépendants du pétrole moyen-oriental.
     Pour ne rien arranger, les grandes entreprises françaises et surtout allemandes ont beaucoup investi en Iran. Si elles maintiennent leurs relations avec ce pays au-delà du 4 novembre 2018, Donald Trump les a menacées de représailles financières sur leurs avoirs en dollars. Il s'agit d'une forme de protectionnisme autrement plus violente et efficace qu'une quelconque augmentation de droits de douane !
      Et de façon tout aussi unilatérale, sans prendre la peine d'en référer à ses « alliés », Washington menace aussi de sanctions économiques la Russie sous le prétexte de la tentative de meurtre d'un agent double à Salisbury (on croit rêver quand on songe aux forfaits autrement plus graves dont se sont rendus coupables les services secrets américains : Mossadegh, baie des Cochons, Allende etc etc). Cela signifie-t-il que les entreprises européennes devront renoncer à commercer avec la Russie comme avec l'Iran ?
       Céder aux menaces reviendrait pour les Européens à abdiquer leur souveraineté, comme l'a bien perçu le président de la République française. « Si nous acceptons que d'autres grandes puissances, y compris alliées, y compris amies dans les heures les plus dures de notre histoire, se mettent en situation de décider pour nous notre diplomatie, notre sécurité, parfois en nous faisant courir les pires risques, alors nous ne sommes plus souverains, a déclaré Emmanuel Macron le 10 mai 2018 à Aix-la-Chapelle. Et il a ajouté : Nous avons fait le choix de construire la paix et la stabilité au Proche et au Moyen-Orient (...). D'autres puissances, tout aussi souveraines que nous, ont décidé de ne pas respecter leur propre parole. Devons-nous renoncer pour autant à nos propres choix ? »
          Reste à savoir quelle suite sera donnée à ces fortes paroles. Si les Européens rendent les armes devant un Empire américain désormais clairement agressif, même envers ses alliés, c'en sera fini de la phraséologie bruxelloise sur le libre-échange, la paix, l'union, la concertation etc. Nous entrerons dans un nouveau monde dans lequel, entre les États-Unis, la Chine et peut-être la Russie, l'Europe n'aura plus sa place.
       Ne nous voilons pas la face. Par lassitude, dégoût, fatigue ou intérêt, les États européens sont en voie d'abdiquer leur souveraineté au profit de Washington comme l'a anticipé Emmanuel Macron. Ne maîtrisant ni leur stratégie militaire, décidée par les généraux américains de l'OTAN, ni leur diplomatie et leur commerce comme le montre le précédent iranien, ils seront bientôt devenus un protectorat de Washington. Les États européens conserveront leur statut, comme la Tunisie sous le protectorat français, mais leurs citoyens, entrés en servitude volontaire, n'auront plus voix au chapitre et leurs élus débattront de sujets anecdotiques tels que le harcèlement de rue en laissant à d'autres la monnaie, la diplomatie, le droit commercial, la stratégie militaire, les frontières et les alliances.      [André Larané]

 

   Tournant décisif ou relatif et provisoire?        
                                                           Le Pompier pyromane, qui siège à la Maison Blanche, n'est pas à une incohérence près, tout en suivant une ligne définie très tôt contre un multilatéralisme relatif, ayant à ses yeux affaibli la puissance économique du pays.
     Les coupables du déclin sont toujours à l'extérieur...


        Contre les critiques qui ne cessent pas et tendent même à redoubler, jusqu'à dans la presse US la plus conventionnelle, il maintient un cap dont beaucoup là-bas voient qu'il nuit aux intérêts à terme de l'économie américaine, et renforce les positions dures vis à vis de régimes comme l'Iran, profitant du privilège exorbitant de l'exterritorialité.
      C'est le hard power en action, brouillon mais têtu, lourd de menaces internes et externes, mais  si favorable à Wall Street.
      L'Empire tente de se refaire une santé, à la faveur d'un isolationnisme à courte vue.
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                Point de vue:
                                    Le côté obscur du système.
                                                                                         Accordons au président Donald Trump le sens du symbole. C'est le 8 mai 2018, anniversaire de la capitulation de l'Allemagne nazie, qu'il a dénoncé unilatéralement le traité de Vienne entre l'Iran et les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (ainsi que l'Allemagne).

C'est aussi le 14 mai 2018, 70e anniversaire de la proclamation de l'État d'Israël, qu'il a choisi pour transférer officiellement de Tel Aviv à Jérusalem l'ambassade américaine en Israël, en violation du plan de partage préconisé par l'ONU et le Conseil de sécurité en 1947, selon lequel Jérusalem devait garder un statut international...
     Enfin, c'est le 6 août 2018, anniversaire du bombardement d'Hisroshima, qu'il précise les sanctions contre l'Iran et les entreprises occidentales qui auraient le front de commercer avec ce pays.
      Précédemment, le 4 août 2017, le président américain a aussi renié l'accord de Paris sur le climat, conclu le 12 décembre 2015 sous l'égide de l'ONU (mais il est toutefois douteux qu'il ait choisi cette date en référence à l'abolition des privilèges, le 4 août 1789 !).
       Il est déjà arrivé que les États-Unis renient leur parole : ce fut le cas le 19 mars 1920 quand le Sénat rejeta le traité de Versailles laborieusement négocié à Paris par le président Wilson. Les conséquences en furent dramatiques : les Américains ignorèrent la Société des Nations et s'abstinrent d'intervenir face aux violations des traités qui, de proche en proche, menèrent à la Seconde Guerre mondiale.
      Comment mieux signifier que les États-Unis s'affranchissent désormais de l'ordre multilatéral qu'ils ont eux-mêmes mis en place en 1945 en fondant l'ONU à San Francisco ?
      Aux yeux de la plupart des Européens, ces trois ruptures (sur l'Iran, le climat et Jérusalem) apparaissent insensées, contraires à l'intérêt général et potentiellement source de guerres et de désordres majeurs. Mais aux yeux de la majorité des Américains, bien au-delà de l'électorat de Donald Trump, elles sont raisonnables et pleinement conformes à l'intérêt supérieur des États-Unis.
S'il manque pour le moins de finesse et d'élégance, le président américain semble doué d'un flair exceptionnel pour sentir les attentes de ses concitoyens. On a pu le constater pendant la campagne électorale quand ce milliardaire new-yorkais a gagné la faveur des petits Blancs de l'intérieur, victimes de la désindustrialisation, du dumping chinois, de la financiarisation de l'économie et du recul des services publics.  Comme eux, il a compris que les États-Unis étaient à bout de souffle. La preuve en est que, pour la première fois depuis la naissance du pays il y a deux siècles, l'espérance de vie moyenne a chuté en 2015 et 2016. Selon cet indicateur du bien-être, les États-Unis se classent désormais dans le peloton de queue des pays développés et même derrière Cuba. Comment ne pas comprendre que les classes populaires aient envie de renverser la table et d'en finir avec la politique néolibérale menée depuis plus de trente ans ?...   On peut douter que les pistes ébauchées par Donald Trump redressent le pays et améliorent le sort de l'humanité. Il n'empêche qu'elles rejoignent les aspirations de l'Américain moyen et même d'une bonne part des élites du pays.  
     On l'a encore constaté avec le désengagement de l'accord de Paris sur le climat qui rejoint les aspirations profondes de la quasi-totalité des citoyens américains, pour lesquels l'accès à une énergie bon marché est un élément non-monnayable de l'american way of life.
    C'est que les Américains ont une perception de la nature à l'opposé de celle des Eurasiens. Pendant plusieurs millénaires, Chinois, Indiens, Orientaux et Européens ont appris à gérer la pénurie dans des terroirs à forte densité humaine. En l'absence d'alternative, ils ont veillé à la conservation de la fertilité des terres et au bon renouvellement des ressources naturelles.
     Rien de tel pour les colons qui ont débarqué au XVIIe siècle sur les côtes de Nouvelle-Angleterre. Ils ont découvert un Éden aux ressources en apparence inépuisables, tout juste occupé par quelques tribus d'Indiens qu'ils ont eu vite fait de chasser ou d'exterminer. Agriculteurs et artisans émérites, ils ont mis tous leurs talents dans l'exploitation de ces ressources sans jamais craindre la pénurie ou la disette. Ils se sont comportés en prédateurs, comme les chasseurs-cueilleurs de l'Âge de pierre mais avec les moyens techniques des Temps modernes.
   Il en a découlé l'agro-industrie, l'automobile individuelle associée à la déliquescence des villes traditionnelles, l'avion associé aux vacances aux antipodes pour le seul plaisir de « buller » sur une plage, avec les conséquences que l'on sait pour notre environnement.
    Inédite dans l'Histoire humaine, cette mentalité de prédateur empêche aujourd'hui les Étasuniens de penser le réchauffement climatique. Comme leurs ancêtres, ils font confiance à la Providence et plus encore à leur débrouillardise pour y parer.
       Contre l'Iran:
                              À cela une raison immédiate, l'image détestable de l'Iran aux États-Unis. Washington et ses services secrets ont longtemps vu en l'Iran un protectorat pas plus respectable qu'une quelconque république bananière d'Amérique centrale.La dénonciation de l'accord de Vienne avec l'Iran réunit aussi sinon un consensus du moins une nette majorité de l'opinion américaine. Le New York Times lui-même, journal de référence de la bourgeoisie intellectuelle de gauche hostile à Trump, l'a lui-même approuvée (*).
      Faisant fi de l'Histoire et de la culture de ce pays, autrement plus prestigieuses que la leur, ils ont pu renverser un Premier ministre réformiste en 1953, ramener au pouvoir un jeune souverain à leur dévotion et le laisser choir quand ce même souverain (le chah) s'est avisé de reprendre le contrôle de ses ressources pétrolières en 1973. Ayant ainsi malencontreusement ouvert la voie à une dictature islamiste, ils ont tenté de la renverser en lançant contre elle le dictateur irakien Saddam Hussein et n'ont fait au contraire que la renforcer. Ils ont alors connu une humiliante prise d'otages qui a marqué l'opinion publique presque aussi violemment que la guerre du Vietnam.
      C'est ainsi que les Américains préfèrent encore aujourd'hui nouer une alliance impieavec les wahhabites de l'Arabie séoudite plutôt que se réconcilier avec l'Iran. Ils oublient simplement que les wahhabites, c'est le World Trade Center (3000 morts en 2001) et l'Iran le Festival de Cannes (2 films en compétition en 2018), comme le note le géographe Bernard Hourcade.
     Contre les Arabes.
                               Ce pays fut, il faudrait s'en souvenir, le premier État occidental, sinon le seul hormis le IIIe Reich, à introduire le droit de la race dans sa législation. C'était le 26 mars 1790, par le Naturalization Act : cette loi offrit généreusement la citoyenneté aux free white persons (« personnes libres blanches »), autrement dit aux immigrants européens de bonnes mœurs et à leurs enfants, mais en exclut sans le dire les autres immigrants et surtout les esclaves et affranchis africains ainsi que les Indiens eux-mêmes dont la présence sur le sol américain était pourtant bien antérieure à celle des Blancs.L'installation provocatrice de l'ambassade américaine à Jérusalem découle de la même politique de pompier-pyromane. Par son mépris affiché des revendications arabes, elle satisfait un vieux fond raciste caractéristique des États-Unis.....
       
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Europe: l'échec?

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 .(Il y a trois ans, mais...)
..Ou revoir totalement la copie?
                                                              Quelques Cassandre, dont Herodote.net, dénoncent depuis dix ans les dérives du projet européen. Rien n'y a fait et, aujourd'hui, 500 millions d'Européens s'apprêtent à plonger dans l'inconnu. Pour la troisième fois en un siècle...
          _______Non, l'Europe n'a pas gagné, comme on le proclame çà ou là, à propos de l'"accord" grec, signé dans les pires conditions. Il ne faut pas être grand clerc pour prévoir qu'on ne va pas cesser d'en parler. La tourmente n'a pas fini de faire sentir ses effets. 
   La politique de l'autruche n'est pas une solution. Une crise majeure est inévitable et nécessaire, si elle sert à clarifier les choses et à sortir de l'impasse, produit par le triomphe de Tina. 
Les recettes magiques, déjà proposées, seront sans lendemain. Un diktat pour rien.
              L'analyse que propose Joseph Savès, bien qu'incomplète et sur certains points sans doute discutable, mérite qu'on s'y attarde, en la considérant non comme une prophétie, mais comme une remise en perspective et une mise en garde. Ni le peuple allemand, ni la personne de Merkel ne sont personnellement mis en cause, mais la ligne politique et économique mise en place, sous la pression du grand patronat allemand et des banques, depuis l'époque Schröder.________
             Voici la transcription française du texte du 12 juillet 2015 qui place la Grèce sous la tutelle des institutions européennes.

        Le 5 juillet 2015, le Ochi (« Non ») des Grecs a mis en lumière les impasses de la monnaie unique. Il a aussi réveillé les antagonismes européens avec une violence inimaginable il y a encore quelques années.
        Les fantômes de l'Histoire hantent à nouveau le Vieux Continent comme dans la couverture ci-dessous du magazine Bild, qui reflète l'opinion allemande dominante avec ses cinq millions de lecteurs. Elle montre la chancelière coiffée d'un casque à pointe, avec cette légende : « Heute brauchen wir die Eiserne Kanzlerin »(« Aujourd'hui, nous avons besoin de la Chancelière de Fer »). Autrement dit, « C'est Bismarck qu'il nous faut » !...

 

« C'est Bismarck qu'il nous faut ! » Otto von Bismarck, né il y a 200 ans, était surnommé le « Chancelier de Fer ». Il a pris à revers ses compatriotes, portés vers les valeurs humanistes, en rappelant que « la force prime le droit » et que les grands problèmes du temps ne sauraient être résolus que « par le fer et par le sang ». Sa guerre contre la France (1870-1871) a sécrété les deux guerres mondiales du XXe siècle.  ____Voilà donc l'homme et la politique que le magazine le plus populaire d'Allemagne appelle de ses voeux et érige en modèle à ses lecteurs et à la chancelière ! On peut y voir une maladresse inouïe ou un lapsus lourd de sens au moment où les Grecs ravivent les souvenirs glorieux de leur résistance au nazisme et où les Italiens plébiscitent un essai simplement intitulé Il quarto Reich (« Le IVe Reich », septembre 2014). (Elle est oubliée, la formule de l'ancien chancelier Helmut Kohl : « Nous ne voulons pas d'une Europe allemande mais d'une Allemagne européenne » (« Wir wollen kein deutsches Europa, sondern ein europäisches Deutschland »). ___On pourrait croire que la chancelière Angela Merkel, fille de pasteur et écologiste radicale, disciple du leader chrétien-démocrate Helmut Kohl, aspire à préserver l'équilibre européen. Mais elle est poussée vers la rupture par la grande majorité de ses électeurs et de ses collaborateurs, tant sociaux-démocrates que conservateurs, tous aveuglés par le sentiment de la surpuissance allemande... et l'urgente nécessité de pallier le déclin démographique du pays : comme le Japon, l'Allemagne aspire à retirer de ses placements financiers à l'étranger de quoi assurer une vieillesse confortable à ses citoyens. 
 Depuis son arrivée à la chancellerie le 22 novembre 2005, Angela Merkel a imposé à ses homologues européens les préconisations allemandes sans jamais être prise en défaut, établissant clairement la domination de Berlin sur la nouvelle Europe. 
Ainsi a-t-elle unilatéralement cassé en novembre 2012 le rapprochement entre le constructeur aéronautique européen EADS et son homologue britannique BAE, destiné à créer un géant aéronautique européen, au seul prétexte qu'il menaçait quelques emplois sur le sol allemand. 
Ainsi a-t-elle de façon toute aussi unilatérale relancé en 2013 les négociations avec Washington en vue d'un traité transatlantique de libre-échange (TAFTA), en affirmant sa volonté de le faire avaliser par ses homologues européens avant la fin 2015. 

       Sur la dette grecque, c'est aussi la ligne dure de l'Allemagne qui l'a emporté le lundi 13 juillet 2015, en plaçant la Grèce sous la tutelle des institutions européennes, dirigées pour l'essentiel par des Allemands, à l'image de ce qu'a connu... la Tunisie en 1869 !

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