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Guerres américaines

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

Quasi ininterrompues.                                             [Notes de lectures]
                                                De la guerre du Mexique à celle d' Afghanistan, en passant par celle du Vietnam, les armées des USA seront restées peu de temps au repos. Sans évoquer la longue guerre pour la conquête et l'extension du pays.
   Comme disait le général Patton, "De tous temps, les Américains ont aimé se battre...Les Américains aiment les vainqueurs. Les perdants, chez nous, on n'en veut pas. Les Américains se battent pour gagner quel que soit le prix, et nous ne paierons jamais assez cher pour rester des hommes libres. Quoi qu'il arrive. C'est pour ça que les Américains n'ont jamais perdu une guerre. Et c'est pour ça que jamais ils n'en perdront. Tout simplement parce que l'idée de perdre est intolérable aux Américains. 
           C'était avant le tragique fiasco vietnamien et le bourbier afghan.
   Une histoire qui se répète cependant, comme le reconnaît  Ken Burns, " Nous faisons toujours les mêmes choses, nous passons notre temps à faire la guerre. Nous n'apprenons pas."                          Comme pour tout empire, la guerre, proche ou lointaine, est consubstantielle à la politique étrangère des USA, favorisée par la recherche de l'influence, du leadership, de la puissance. Soutenue aussi par une certaine culture des armes ancrée très tôt, largement partagée, justifiée par le Deuxième Amendement et largement encouragée par des lobbies puissants. 
   _____Dans son étude, l'historien Thomas Rabino explique que "la rupture du 11 septembre est d'abord psychologique" , mais également révélatrice de ce lien très particulier que le pays entretient avec la guerre. C'est à partir de ce lien qu'il est possible d'obtenir des clés de compréhension majeures sur le 11 septembre, mais aussi les Etats-Unis. Comme tous les grands empires, la guerre fait partie de l'histoire du pays. En effet, une puissance se construit économiquement, mais aussi militairement. Mais l'auteur va plus loin. Le pays lancerait une campagne de guerre tous les quatre ans en moyenne depuis 1774 (date de sa formation), ce qui permettrait de comprendre le caractère violent de la culture américaine, l'influence des entreprises d'armement ou encore l'importance du budget de la défense. Surtout, le 11 septembre, ainsi que les guerres qui en ont découlé, ne sont que des nouveaux épisodes d'une dynamique bien connue et rodée du pays : "les guerres américaines font les Etats-Unis d'aujourd'hui, et feront les Etats-Unis de demain..." 
  ______     Avant lui , Noam Chomsky  "met en relief la nature belliqueuse de la politique étrangère américaine, contrairement au discours classique de défense des libertés et des droits de l’homme mis régulièrement en avant par les autorités officielles américaines. Les États-Unis ont imposé un modèle capitaliste qu’ils défendent sur la scène internationale et, selon l’auteur, la guerre vise principalement à protéger les intérêts des grandes entreprises américaines. En effet, le parallèle entre la guerre et la concurrence économique est entièrement assumé par Noam Chomsky, qui s’emploie à justifier historiquement.. Il ne s’agit pas d’éliminer des adversaires, mais de mettre à terre d’autres projets de société alternatifs pour que la mondialisation libre-échangiste serve uniquement les intérêts américains. Les États-Unis ont ainsi systématiquement soutenu des coups d’État militaires pour appuyer une brutalisation consistant « à infliger […] le maximum de souffrances dans l’espoir, non seulement de faire durer [les] difficultés mais aussi de faire en sorte que seuls les éléments les plus durs et les plus brutaux de la population en sortiront » . L’originalité de l’ouvrage tient à l’analyse systématique de tous les régimes appuyés par les États-Unis dans les années soixante, en Amérique latine et en Asie. La Seconde Guerre mondiale fait même l’objet d’une nouvelle lecture, selon laquelle les États-Unis sont entrés en guerre non pas pour s’opposer à la solution finale appliquée par le régime nazi, mais pour protéger les intérêts économiques américains menacés. Selon Noam Chomsky, l’usage de la bombe nucléaire par les États-Unis et la destruction de générations au Japon ne peuvent être ignorés dans ce contexte. Les États-Unis se sont très vite écartés des accords de Genève d’après la guerre qui donnaient un cadre aux conflits pour éviter les massacres des populations civiles..." 
 Même dans l'intervention en Europe en 1917 et dans celle, tardive de 1940, les intentions US ne furent jamais désintéressées.            Une histoire qui se répète, sous des formes diverses, depuis deux siècles et demi, jusqu'à l'intervention syrienne, à la fois avouée et déniée. Non sans "bavures", ni sans échecs.
    Les avertissements de Eisenhower à la fin de son mandat n'ont pas eu de portée.
                 __ "A l'instar des empires d'antan, de la Pax romana à la « démocratisation du Moyen-Orient », les intérêts stratégiques propres à une grande nation sont 

indispensables au maintien, voire à l'accroissement de sa puissance. Du Mexique, victime en 1848 de l'expansionnisme américain, au Panama, dont le contrôle offre un atout commercial considérable, en passant par l'Irak, objet de toutes les convoitises depuis que l'or noir y est exploité, les exemples ne manquent pas.
       Assurer la croissance de son territoire, la maîtrise des matières premières et des débouchés économiques pour la production nationale sont autant d'enjeux qui requièrent parfois l'usage de la force. Le déclin relatif de l'économie américaine, l'explosion d'un déficit commercial apparu dans les années 1970, la contraction de son produit national brut à l'échelle mondiale et l'émergence d'un concurrent comme la Chine rendent, depuis les années 1990, la consolidation et l'extension de ses positions stratégiques plus vitales que jamais. La guerre n'est-elle pas, selon les mots du théoricien militaire Clausewitz, la « politique continuée par d'autres moyens » et un « véritable instrument de la politique » ?
 ____ Rabino étudie la contribution de l’armée à la réalisation des films de guerre, la torture dans les séries télévisées, le vocabulaire volontiers barbare des responsables de la communication militaire, le débat sur les éventuels dégâts sanitaires dus à l’uranium appauvri des munitions, nous donnant, chaque fois que c’est possible, des statistiques sur l’évolution de ces phénomènes significatifs. Les fluctuations d’une opinion mobile, patriotique et démocratique, manipulée ou résistante selon les circonstances, adhérant ou refusant le discours officiel, sont saisies et suivies par des sondages. Il le faut : la réalité de l’Amérique est qu’elle est toujours en guerre, ainsi que son immense armée, son gigantesque budget militaire, ses bases, ses interventions incessantes en témoignent. "
       "« Cette conjonction entre un immense establishment militaire et une importante industrie privée de l’armement est une nouveauté dans l’histoire américaine. (...) Nous ne pouvons ni ignorer, ni omettre de comprendre la gravité des conséquences d’un tel développement. (...) nous devons nous prémunir contre l’influence illégitime que le complexe militaro-industriel tente d’acquérir, ouvertement ou de manière cachée. La possibilité existe, et elle persistera, que cette influence connaisse un accroissement injustifié, dans des proportions désastreuses et échappant au contrôle des citoyens. Nous ne devons jamais permettre au poids de cette conjonction d’intérêts de mettre en danger nos libertés ou nos méthodes démocratiques. Rien, en vérité, n’est définitivement garanti. Seuls des citoyens alertes et informés peuvent prendre conscience de la toile d’influence tissée par la gigantesque machinerie militaro-industrielle et la confronter avec nos méthodes et objectifs démocratiques et pacifiques, afin que la sécurité et les libertés puissent fleurir côte à côte. » (1961)
    "Républicains et démocrates jugent que ces années de guerre ont épuisé financièrement le pays, au moment où il aurait besoin de réserves pour relancer l'activité. Le message est à peu près le même d'un bord à l'autre du spectre politique, notamment chez les élus de base. 
       Représentant républicain d'un Etat qui ne manque pourtant pas d'académies militaires, le député de Caroline du Nord Walter Jones assure : "Nous ne pouvons pas continuer à policer le monde."Sénateur démocrate de Virginie occidentale, Joe Mandrin assène : "Reconstruire l'Amérique ou l'Afghanistan, il faut choisir."__Plus significatif encore, le NewYork Times rapporte que la Conférence des maires du pays, réunie en juin, a adopté une résolution à tonalité isolationniste. Elle stipule que les impôts des Américains doivent servir à construire des ponts "à Baltimore et à Kansas City, pas à Bagdad ou à Kandahar". Traditionnellement, le Parti républicain porte haut et fort le drapeau de l'engagement à l'étranger. Cette fois, ses deux principaux candidats pour 2012, Mitt Romney et Jon Huntsman, sont les avocats d'un retrait rapide d'Afghanistan.
   __Est-on encore une superpuissance quand une partie de son budget militaire est prise en charge par un autre pays, en l'espèce, la Chine, acheteur numéro un de bons du Trésor américains ? L'un des papes de l'establishment stratégique du pays, Leslie Gelb, répond : "Ce qui déterminera l'avenir de l'Amérique, ce n'est pas ce qui peut arriver en Afghanistan aujourd'hui ou dans les cinq ans à venir, mais ce qui va se passer à propos d'une dette qui nous écrase."
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Un front vraiment commun?

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

 Pour demain?   
                     Dire que la solidarité européenne est à son maximum en ces temps de crise tiendrait de la plaisanterie, si celle-ci n'était pas gravissime. Surtout de la part de nos voisins allemands, qui donnent le ton.


   Certes,les fonds débloqués par Bruxelles ne sont pas négligeables, mais on attendait là-desssus plus d'engagement de la part de Berlin, qui tient à rester dans les clous de son splendide isolement ordo-libéral.
   Oublieuse de sa propre histoire, il n'est pas question pour elle de mutualisation des dettes; continuant à jouer sa propre musique mercantiliste, encore forte d'un euro dont elle a su profiter.
Mais, ce qui est nouveau, c'est que le débat commence aussi à agiter l'Allemagne, qui ne voit pas plus de raisons d'être optimiste que nous sur l'avenir économique de l'après-crise. Mais les réticences s'exacerbent et, en raison du manque de centralisation budgétaire européenne, cela peut se comprendre:
"... Les grands arguments mobilisés contre la levée d’un emprunt européen portent, pour résumer, d’abord sur la durée des aides, d’autant qu’on ignore à ce stade combien de temps va durer la crise sanitaire. Puis, en l’absence d’une politique fiscale, financière et sociale commune, ce sont les questions de l’objet, du contrôle et des garanties de cette dette européenne qui sont posées par les experts de la CDU et nombre d’économistes, comme Jürgen Stark, ex-économiste en chef de la Banque centrale européenne (BCE), et Lars Feld, président du Comité d’experts économiques auprès du gouvernement..."
  Aux USA, l'Etat viendra en aide aux Etats défaillants, comme en 2008, mais dans l'UE, chacun est prié de jouer sa propre partition à ses risques et périls, comme la Grèce a été priée forcée de le faire.
 Et voilà pourquoi l'UE n'est qu'un nain politique.
    C'est dans l'adversité qu'on reconnaît ses amis...
 Berlin a sans doute été plus efficace que d'autres pays voisins, mais a eu aussi beaucoup de chances...
   Mais rien n'est joué et nous sommes dans une période historique qui pourrait nous réserver bien des surprises.
Revenir aux fondamentaux, disent-ils...
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Précarité ici et là-bas

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

Un spectre hante l'Europe...
                            Et d'autres pays, qui ont été touchés par la crise qui fait toujours subir ses effets.
   Il y a toujours eu une part de précarité, subie ou assumée (travail partiel), mais en cette période, elle prend une ampleur inédite et la  crainte du déclassement, au coeur des emplois autrefois les plus assurés, comme dans la poste et l'hôpital, est largement partagée.
    Personne ou presque ne peut plus se sentir à l'abri de cette menace, comme aujourd'hui dans le secteur bancaire où dans le monde industriel, qui fond comme neige au soleil, se déplace, ou opère de violentes mutations, sous les exigences le plus souvent financières, actionnariales, pour la plus grande satisfaction des employeurs,
     Marginal autrefois, le phénomène gagne et est au coeur des préoccupations de nombre d'actifs.
   En France, il est au coeur de nombreux débats.
      En Allemagne, malgré le discours officiel, le travail précaire gagne du terrain. Un quart de la population n'a pas de contrat de travail normal. Un choix revendiqué depuis les lois Hartz, largement critiqué même par des économistes allemands. Des chiffres qui ne sont prés de baisser. A part ça, Berlin "va bien..." . Un "modèle" officiellement ou tacitement revendiqué en France.

 

    Le Royaume-Uni a largement ouvert la voie. Mais on y parle de "progrès", malgré l'invention des contrats zéro heure, multipliant les contrats ultra-précaires. Une flexibilité maximale, saluée par les grandes entreprises.
        C'est toute l'Europe qui est touchée.
    Et au-delà. Aux Etats-Unis, le travail précaire est une manne, la précarité devient une norme. Le  Japon n'échappe pas à la tendance.
    Les chiffres, même approximatifs et changeants, ne mentent pas, malgré la diversité des situations. La précarité a bien des incidences, notamment en matière énergétique.
     Un phénomène qui ne faiblit pas et dont de nouvelles formes sont mises en place, au gré d'un marché du travail aléatoire et cahotique, bousculée par les nouvelles technologies et par une mondialisation erratique, qui engendre crainte et démotivation, parfois désespérance ou fatalisme résigné.
     La précarité serait-il devenu un régime normal?
          Notre nouveau code du travail n'est-il pas destiné à l'amplifier?
    Le procès fait aux contrats aidés va forcément y contribuer.
           Mais ce n'est pas une fatalité. 
       L'austérité est passée par là, qui, comme finit par le reconnaître le FMI, nuit beaucoup plus que prévu à la croissance. On s'enferme dans un cercle vicieux rarement dénoncé, qui renforce une montée inédite des inégalités, facteur de stagnation ou de régression, la rente prenant le pas sur l'investissement productif.
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Hopital: révolution en trompe l'oeil?

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

Grand corps malade.
                           On va le soigner, c'est décidé.
   Depuis des années soumises au régime sec , selon une logique purement comptable et libérale, les maisons de santé vont-elles retrouver la capacité de remplir leur mission, avec bon sens et efficacité, comme une priorité nationale?
    Le Chef d'Etat s'y est engagé, dans une nouvelle logique, qui apparaît apparemment comme un renversement de perspective par rapport à celle qui prévalait depuis quelques dizaines d'années, en terme d'économies imposées et de gestion selon les principes du new public management importé du monde anglo-saxon. Faire mieux avec moins de moyens. Une logique réductrice et déshumanisante, qui nous a conduit dans la situation que l'on connaît en cette période de crise pandémique, qui peut se renouveler.


   Depuis longtemps des voix s'élevaient au sein du corps hospitalier pour dénoncer en vain la dégradation pas seulement quantitative et budgétaire, mais aussi qualitative, la qualité des relations dans les équipes soignantes, si importantes pour l'efficacité des soins.Il y a urgence, pas seulement aux urgences
   La conversion du Président semble spectaculaire:
   « Ce que révèle d’ores et déjà cette pandémie, a-t-il dit, c’est que la santé gratuite sans condition de revenu, de parcours ou de profession, [pour] notre État-providence, n'est pas des coûts ou des charges mais des biens précieux, des atouts indispensables quand le destin frappe […]. Il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché. » Puis, il a fait part de la même conviction, mercredi 25 mars, lors d’un déplacement à Mulhouse pour visiter l’hôpital militaire de campagne qui venait d’y être construit. Il a alors promis qu’« à l’issue de cette crise, un plan massif d’investissement et de revalorisation de l’ensemble des carrières sera construit pour notre hôpital ». Avant d’ajouter : « Beaucoup a été fait, sans doute pas suffisamment vite, pas suffisamment fort. » conversion du Président semble une spectaculaire conversion:
 « Ce que révèle d’ores et déjà cette pandémie, a-t-il dit, c’est que la santé gratuite sans condition de revenu, de parcours ou de profession, [pour] notre État-providence, n'est pas des coûts ou des charges mais des biens précieux, des atouts indispensables quand le destin frappe […]. Il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché. » Puis, il a fait part de la même conviction, mercredi 25 mars, lors d’un déplacement à Mulhouse pour visiter l’hôpital militaire de campagne qui venait d’y être construit. Il a alors promis qu’« à l’issue de cette crise, un plan massif d’investissement et de revalorisation de l’ensemble des carrières sera construit pour notre hôpital ». Avant d’ajouter : « Beaucoup a été fait, sans doute pas suffisamment vite, pas suffisamment fort. »
      IL faudra lui rappeler ses propres propos le cas échéant.
  Ce n'était plus possible de fonctionner comme avant. La crise a agi comme un ultime et violent révélateur de ce qui se passait en silence avant.
   Malade du marché, l'hôpital doit retrouver sa vocation première, humaine.
                     Mais attention à la privatisation rampante, qui a déjà gagné bien des secteurs des établissement de soin, attention aux dérives anglo-saxonnes toujours présentes et à la marche à bas bruit vers des soins à plusieurs vitesses. Certaines forces économiques n'ont pas renoncé à s'introduire un peu plus dans ce marché juteux.
  La Caisse des dépôts, notamment, ne reste pas passive et attend son heure:
                  "Il est prématuré de croire dès à présent qu’Emmanuel Macron a changé. En tout cas, le plan que la Caisse des dépôts et consignations (CDC) est en train d’élaborer à sa demande pour l’hôpital public, et dont Mediapart est en mesure de révéler la première ébauche, va totalement à rebours de ses déclarations. Ce document expose une série de propositions qui s’inscrivent toutes dans la philosophie néolibérale qu’Emmanuel Macron a toujours défendue par le passé. Privatisation rampante au travers de sulfureux partenariats public-privé (PPP), marchandisation accélérée de la santé : voilà un plan qui tourne le dos aux valeurs de l’État-providence.  Si l’on en croit les critiques que nous avons recueillies auprès de plusieurs experts de l’économie de la santé ou de l’hôpital, ce plan pourrait même attiser de violentes polémiques dans le pays, tant il contredit la posture prise par le chef de l’État depuis le début de la pandémie.    L’origine de ce plan est connue. En déplacement à Mulhouse, mercredi 25 mars, pour visiter l’hôpital militaire de campagne qui venait d’y être construit, le chef de l’État a fait des promesses fortes, mais sans en révéler les modalités, ni les montants, ni le calendrier. Il a juste assuré qu’« à l’issue de cette crise, un plan massif d’investissement et de revalorisation de l’ensemble des carrières sera construit pour notre hôpital ». Sans emporter la conviction, il a encore dit : « Beaucoup a été fait, sans doute pas suffisamment vite, pas suffisamment fort. » C’est dans ce cadre présidentiel que s’inscrivent les travaux préparatoires de la CDC.
  Ce plan est élaboré par la direction de l’investissement de la Banque des territoires, laquelle est chapeautée par la CDC. Selon nos informations, ce travail de réflexion a été engagé sur une commande de l’Élysée, sans que nous ayons pu savoir si la présidence de la République a sollicité d’autres services de l’État ou d’autres organismes. La note, qui est encore une mouture provisoire, a été écrite par deux hauts fonctionnaires de la CDC, Adelphe de Taxis du Poët et Pierre Menet.
   Tous les experts que nous avons interrogés – professeur de médecine, économistes, sociologue – portent sur cette note un regard similaire. S’ils relèvent ici ou là quelques avancées, ils constatent qu’elle ne tire aucun enseignement de la crise sanitaire historique que nous traversons et cherche à poursuivre et même à accélérer les processus de privatisation rampante et de marchandisation de la santé, qui étaient déjà à l’œuvre les années précédentes..."
 assez frappant de relever que du début à la fin, la note ne cesse de mentionner le secteur privé, pour une cascade de raisons, comme s’il était un acteur majeur pour l’hôpital, dont le statut public est ainsi quasiment dissous. Cette référence au privé apparaît évidemment dans les fameux partenariats public-privé ; pour le développement de la « santé numérique », il est aussi fait mention du rôle de 700 start-up qui sont aussi… privées. Dans une note en bas de page, il est aussi fait l’éloge de nombreux assureurs privés qui soutiennent l’« Alliance digitale pour le Covid-19 », laquelle est « composée de Docaposte, la start-up lilloise Kelindi, l’agence Dernier cri, Allianz France et le cabinet d’avocats De Gaulle Fleurance & associés ». Et la note ajoute : « Le consortium est soutenu par AG2R La Mondiale, AstraZeneca, CompuGroup Medical, Johnson & Johnson, La Banque postale assurances, Malakoff Humanis, la plateforme de téléconsultation MesDocteurs et le groupe VYV. »
       Bref, d’une ligne à l’autre, c’est une ode de chaque instant au privé....
  Chargé de recherche au CNRS, rattaché au Centre de recherche médecine, sciences, santé, santé mentale, société (CERMES3), le sociologue Pierre-André Juven fait ce constat très sévère : « Le seul affichage du secteur marchand comme solution à la crise est potentiellement périlleux pour les responsables politiques qui cherchent toujours à éviter l’accusation de privatisation de l’hôpital public. L’intrusion encore plus grande du privé (car déjà existante) s’articule donc à celle – moins crispante pour beaucoup d’acteurs – de l’innovation et notamment de l’innovation numérique. » On trouvera sous l’onglet Prolonger associé à cet article la version intégrale de la note que nous a adressée le sociologue. Elle peut aussi être consultée ici......Et Pierre-André Juven ajoute : « Ce document est le révélateur très net des orientations actuelles en matière de réformes de la santé : nécessité de faire plus de place au privé ; croyance forte dans l’innovation numérique comme solution au double enjeu de la qualité des soins et de la contrainte financière ; responsabilisation et individualisation face au risque. Les quatre points généraux du document ne sont qu’un coup de tampon aux stratégies édictées depuis plusieurs années. Loin de remettre en cause les orientations délétères des réformes conduites depuis plus de vingt ans, ils conduisent à accélérer la casse de l’hôpital public. Ce document n’est pas seulement la marque d’une volonté d’étendre l’emprise du privé au sein de l’hôpital public, il traduit la conception technophile, néolibérale et paternaliste qu’une grande partie des acteurs administratifs et des responsables politiques ont de la santé..... »
          Il va falloir veiller à cette stratégie, tout en continuant à s'interroger sur cette troublante conversion...
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Globish(s) à tout faire

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

Il y a l'anglais et il y a le globish.
            Ou plutôt des globishs, plus ou moins jargonnant.

     Celui de la rue et celui de l'ingénieur ou du pilote de ligne, celui du touriste ou celui du fonctionnaire de Bruxelles.
     Celui qui peut être occasionnellement utile, à l'heure de la mondialisation, et celui qui sert surtout à frimer ou à "faire moderne", celui du faste foude ou du hairdresseur de mon coin.
      L'influence d'Outre-Manche , le soft power des USA est passé par là et a conquis les esprits au delà du raisonnable. Et le phénomène s'accentue very quickly dans des domaines de plus en plus étendus de la vie commerciale, technique, publicitaire... Dans certaines grandes entreprises comme dans les banques, même dans les relations internes, le globish  tend à devenir le new langage de la com', comme si la langue de Malherbe était devenue le  patois d'un autre temps. Cette frénésie peut aller, dans certains milieux  jusqu'à un certain mépris de la langue de nos pères.
     Comme disait Churchill, qui connaissait la richesse de sa langue, «l’anglais est une langue facile à parler mal»
     Un peu de globish, ça va...trop de jargon pseudo-anglo-américain, bonjour le délire.
  D'autant que l'anglais est un monde linguistique multiforme: du Pakistan à l'Arkansas, en passant par Canberra, il n'est pas sûr que l'on se comprenne.
    Et si on en venait à la langue de Molière, plein de ressources, qu'on parle souvent mieux à Dakar qu'à Aubervillers?
   Pour les laudateurs inconditionnels de ce sous-produit linguistique international, c'est le nouvel espéranto de demain, Dans la rue de ma PVP (petite ville de province), fleurissent de plus en plus des enseignes en pseudo-shakespearien. Le coiffeur s'y met aussi ainsi que des artisans ayant jargon sur rue.
  Une étonnante novlangue envahit nos revues, nos avenues et même nos campagnes.
       Le tout-anglais à l'école, le plus tôt possible, comme le préconisait le très moderne Luc Chatel, quand la langue française s'est réduite à ce point, c'est de la folie et un échec programmé.
   Brexit ou pas, il serait temps d'entrer en résistance contre cette voie absurde, quand on sait qu'on apprend vite et bien une langue étrangère quand on maîtrise bien la sienne. Pourquoi ne pas commencer au berceau et confier une nouvelle mission éducative aux baby-sitters gardiennes d'enfants? Histoire de mieux préparer l'entrée à l'université...
     Défendre le français, comme nos amis du Québec, n''est pas honteux. La langue n'est pas qu'on outil, mais un véhicule de la pensée qui se forme et se forge en parlant.
  L'anglomanie gagne les hautes sphères. A Bruxelles, la dérive est évidente, comme le déplore un journaliste habitué des lieux:
                  Le monolinguisme, l’un des traits les plus significatifs de la « Bulle européenne »:Par négligence et lâcheté, les dirigeants de l’Union et les fonctionnaires de Bruxelles ont laissé choir le multilinguisme et n’usent pratiquement plus que d’un seul idiome… L’anglais ? Que nenni. « À Bruxelles, c’est le globish qui règne en maître, une forme appauvrie à l’extrême de la langue de Shakespeare qui permet tout le monde de communiquer sans problème » (p. 155). Cet idiome est semé de néologismes propres à la Commission au point qu’il a fallu publier un dictionnaire des correspondances entre le mot anglais et sa traduction en globish bruxellois (comme for example au lieu de for instance).____Il ne s’agit pas d’un trait secondaire ! « La langue n’est pas neutre, rappelle Jean Quatremer. Elle véhicule des valeurs et des concepts et, surtout, seule la langue de naissance permet de communiquer au plus près de sa pensée : ce n’est pas un hasard si un Américain, un Chinois ou un Japonais ne négocie jamais dans une autre langue que la sienne » 
        L'usage inconsidéré du globish n'est pas neutre
           L'anglais oui, mais l'anglomanie généralisée, galopante, déjà décriée au 19°s. est une erreur. Une bêtise.
    Ce n’est pas l’anglais qui nous menace, langue belle et difficile au demeurant, c’est l’anglo-folie généralisée, le globish imposé, qui est aussi une américanolâtrie naïve, dont se moquent nos amis anglophones.
   Même le  New-York Times s'étonnait de  "ce phénomène d’anglomanie qui semble se généraliser dans toute la France" 
      "Cette discussion sur la place de l’anglais par rapport aux autres langues est assez vaine. Si l’anglais est dominant dans le monde, c’est parce que les Anglo-saxons forment la plus grande puissance, tout simplement. Du temps de Napoléon, toute l’élite européenne parlait le français. C’est l’histoire qui détermine la diffusion d’une langue, c’est-à-dire de la culture de la puissance dominante du moment.
 Le véritable danger du globish est sa simplicité. Il s’agit de la novlangue d’Orwell. La simplification signifie que la langue devient essentiellement utilitaire et qu’il est malaisé de manier les concepts. En d’autres termes, le débat d’idées devient quasi impossible dans un idiome réduit à la syntaxe sommaire....
        -"L'Anglais est la langue du vainqueur", disait le général Jean Béca.
                         -« L’anglais est l’avenir de la francophonie », osait B.Kouchner.
    Demain, c'est le  "team building" des députés macroniens. Qu'on se le dise! 
          Je vous laisse, j’ai un focus group sur le workflow et c’est plutôt touchy.
 

                                 HEY GUYS, LOSE THE FROGTALK AND SPEAK A REAL LANGUAGE!       

   FUIR LE RIDICULE, QUI NE TUE PLUS, RETROUVER LE BON SENS, LE PLAISIR DE SA LANGUE, NE SERAIT PAS SUPERFLU.

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Re-souveraineté?

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

Qui sont les néo-coronaconvertis?      
                                La question de la souveraineté, en ces temps où le phénomène de la mondialisation maximale est l'objet de profondes remises en question, voire de vives critiques, même de la part de certains de ceux qui la défendaient hier avec une foi inébranlable, revient au premier plan  
                  Par conviction ou par opportunisme? La question se pose, à l'heure ou l'Etat, par nécessité, reprend l'initiative, comme ce fut partiellement le cas lors de la crise de 2008, où les positions furent longtemps étroitement  contradictoires sur le sujet.


          Les récents coronaconvertis, qu'on n'attendait parfois pas, sont-ils crédibles à terme?
   Point de vue:
     ".... La crise sanitaire que nous vivons a fait d’un coup exploser tous les verrous idéologiques et politiques, toutes les idées préconçues, toutes les réserves prudentielles que l’on pouvait opposer à une remise en question majeure de l’éco-système libéral et productif hégémonique depuis la crise des années soixante-dix. De fait, la modernisation de l’État-providence, telle que la concevait le projet macroniste au début de son quinquennat n’apparaît plus recevable intellectuellement ni politiquement praticable en l’état. Il faut changer de braquet, de paradigme, de philosophie de l’histoire et donc de politique, c’est aujourd’hui une évidence.   Toutes les grandes crises qu’a traversées notre pays à l’époque contemporaine ont débouché sur des reconfigurations essentielles de notre éco-système politique et social, à commencer par le choc initial de la Révolution française, qui nous a fait basculer de la société d’ordres à la société de classes, et de la monarchie absolue vers la démocratie représentative. Au sortir du second conflit mondial, en 1945, le modèle de la démocratie libérale issu du XIXe siècle s’est mué en une nouvelle démocratie plus sociale, plus solidaire, plus protectrice, qui s’est appelée l’Etat-Providence. Ce fut en France le fruit d’une évolution intellectuelle commencée dès les années 1920, jalonnée par les acquis du Front populaire, et que l’union nationale de la Libération a rendu possible, par la convergence des gauches, inspirant le Conseil National de la Résistance, et du dirigisme gaullien. La nationalisation de l’énergie, du transport et du crédit, la création de la Sécurité sociale, la création des comités d’entreprise furent les piliers de cette nouvelle démocratie qui se voulait protectrice et sociale, fondée sur la vigilance et l’interventionnisme d’un État à la fois planificateur, stimulateur et redistributeur.      Ce modèle qui avait fait rêver nos grands-parents a volé peu à peu en éclats à partir du moment où la crise des années soixante-dix a inoculé le virus du chômage de masse et de la stagflation dans les sociétés industrielles. Mais l’on voit bien à la faveur de cette crise sanitaire à quel point le remède néo-libéral, administré selon les lois aveugles de la financiarisation mondialisée, a été bien pire que le mal.         Ce que nous indique la crise actuelle, annoncée par celles qui l’ont précédées, c’est que l’Etat-Providence ne doit pas s’adapter aux contraintes de la mondialisation mais bien que la mondialisation doit s’adapter aux exigences de l’État-providence. Il est urgent de rapatrier vers la France un certain nombre d’industries délocalisées par la logique du profit. Il faut nationaliser un certain nombre de secteurs industriels stratégiques et investir massivement dans la réorganisation de notre système de santé, comme le réclament les professionnels depuis des décennies. Idem pour les enseignants, scandaleusement sous-rétribués par rapport à leurs homologues européens ou pour les forces de l’ordre, usées jusqu’à la corde par la crise des gilets jaunes.       Ce réinvestissement massif dans la fonction publique d’État, ces relocalisations, ces renationalisations auront bien sûr un coût, à l’instar des réformes déployées à l’origine de l’État-providence.... 
          __ "...  Nous avons besoin de plus de production de ressources en France et donc d'une adaptation des lois et codes, plus d'affinage et de métallurgie des métaux stratégiques (comme c'était le cas en France avec le Comptoir-Lyon-Alemand-Louyot avant que son actionnariat ne le fasse sauter à la dynamite pour vendre ses stocks de métaux stratégiques), plus de travail dans l'acier en France et en Europe, plus de production dans les turbines énergétiques comme le faisait Alstom en France et en Europe et jusqu'à plus d'usines de machines à laver en France et en Europe. L'ensemble de ces « plus » deviennent une autosuffisance désirée et des emplois choisis, c'est-à-dire les nouveaux dividendes du capitalisme de souveraineté qui n'est pas donc l'antithèse de l'union européenne. Certes, c'est une renaissance moins rémunératrice pour l'actionnaire individuel mais plus enrichissante pour la communauté. A l'image des scientifiques qui effacent magistralement leurs egos et coopèrent pour lutter contre le coronavirus, les politiques devront coopérer pour se sauver de la crise ?

   Bien que nous ne connaissions pas encore le pic de cette crise dont nous espérons pourtant commencer à sortir en fin du deuxième trimestre de cette année, les indicateurs sont mauvais : le marché automobile est attendu à -25 %, le tourisme, et donc l'aéronautique, est prévu en difficulté pendant deux ans, avant de retrouver le « monde d'avant », les statistiques avancées d'achats indiquent une récession et sont historiquement bas en Italie. Dans ces conditions, il est impossible pour les États européens de démarrer un nouveau modèle de capitalisme de souveraineté sans accommodements, sans mutualisation d'une nouvelle dette dont la trajectoire sera stratosphérique. La Banque centrale européenne (BCE) doit avoir un nouveau rôle, gérer cette nouvelle dette, sans exclure de l'effacer d'une manière ou d'une autre, sans nouvelle taxe.
            Nous ne connaissons pas encore le pic de la crise, mais la Chine sort déjà du marasme, son indice d'achats est supérieur à 50. Depuis 30 ans, son intelligence économique a entièrement tourné ses doctrines agricoles, énergétiques et métallurgiques et minières vers sa souveraineté, elle en est championne du monde.
          Il faut donc nous activer car son industrie va bénéficier avant la nôtre d'avantages compétitifs liés aux prix des ressources naturelles. Ceux des métaux sont affaiblis sauf l'or. Les cotations des matières premières agricoles baissent également sauf celles liées au stockage (l'huile de palme, le blé, le thé, le café, le riz). Le prix du gaz naturel est historiquement bas (sous les 2 dollars), le pétrole entre 20 dollars et 30 dollars est déjà surstocké un peu partout. Il tombera à 10 dollars, à moins que plus d'aires de stockage deviennent disponibles et, surtout, si une alliance inédite entre Washington, Toronto, Moscou et Riyad marginalise la guerre énergétique et abaisse de 10 % à 15 % l'offre mondiale d'hydrocarbures. Mais forcer la baisse de la production privée états-unienne est  légalement très hypothétique. De plus, cette cohabitation entre capitalisme privé du pétrole de schiste très endetté et Etats de l'OPEP et OPEP+ porterait le risque d'une méga crise obligataire chez les producteurs nord américain.Avec de tels handicaps, muter d'un ancien capitalisme vers un nouveau rencontre au moins  deux obstacles, l'un technique l'autre moral
           Le premier problème de la souveraineté est sa dimension. Trop courte et elle réplique notre situation de dépendance lamentable liée au laissez-faire d'aujourd'hui, qui s'incarne par des États qui se font une guerre de pirates pour des masques sur des aéroports chinois ; c'est ce que j'ai nommé il y a déjà bien longtemps la « consommation compétitive » dans le cadre de la doctrine des métaux stratégiques lié aux énergies renouvelables. Trop longue et la souveraineté impose la fin de l'interdépendance organisée qui garantit une paix entre nations, notamment celle chère à l'Union européenne. Le curseur a des conséquences populistes évidentes, il doit trouver un juste milieu et sera d'ailleurs différent selon les pays.
        Deuxièmement, il n'y a pas deux mois, l'expression «souveraineté industrielle ou économique » était un oxymore pour les mêmes qui la revendique aujourd'hui. Abandonner la mondialisation et endosser bravement cet autre modèle n'est pas si simple. « Adore ce que tu as brûlé, brûle ce que tu as adoré », n'est pas Clovis qui veut. Avant de devenir le bâtisseur de nouvelles doctrines industrielles, énergétiques et agricoles souveraines, avant de muter en un crédible mystagogue de la doctrine du capitalisme souverain, il faut en avoir été un vrai guerrier. C'est à dire être dans l'idée de « l'étrange défaite » de Marc Bloch, avoir souffert dans sa chair d'étranges défaites économiques, en avoir subi les conséquences : être une gueule-cassée de la mondialisation, un blessé du licenciement ou avoir été un mort industriel ; bis repetita: Péchiney, Comptoir-Lyon-Alemand-Louyot, Metaleurop, l'uranium, le nickel, Alstom, le ciment, etc.
          Ces hommes là savent ce que souveraineté veut dire, ils ont éprouvé et résisté à son absence, tout comme les experts de l'intelligence économique qui ont déjà et depuis longtemps dénoncé avec sagesse et réflexions les fausses vérités de la dépendance industrielle. Les inclurent pour bénéficier de leurs vécus est indispensable. Agir différemment, avec indifférence, sera toujours comme être entre deux hésitations, indécis entre deux communicants et cela pousse à la révolte..."
                                     _________________________________________
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Oui, c'est possible

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

Merci à Challenges
                           De nous présenter le palmarès des plus belles fortunes de France, qui réjouit les coeurs.
       Il n'y a pas que des fainéants et des assistés dans notre pays; il faut le dire.
    Pour être (très) riche, il suffit de le vouloir.
           Ce n'est pas moi qui le dit.
   Les  self made men en sont d'ailleurs de brillantes démonstrations.
       On ne va pas leur faire l'injustice de les écraser avec l'ISF.
                     Laissez-les vivre!

 

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Au risque de l'autoritarisme

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

Dilemme et vigilance.
                                  Le contrôle sanitaire, c'est indispensable, les mesures de restrictions de certaines libertés sont nécessaires, d'autant mieux qu'elles sont assumées, car comprises. Même si on peut discuter telle ou telle mesure,  ses modalités, son efficacité.

  Le suivi électronique individuel peut peut-être avoir son efficacité , dans certaines limites, même si les techniques employées ont montré leurs limites, à Singapour ou ailleurs.
  L'intrusion massive dans les données personnelles par ce biais est en tout cas à contrôler ou à rejeter, On sait comment ça commence, on ne sait pas comment l'usage de ces données recueillies peuvent être utilisées, sans aller jusqu'aux pratiques chinoises devenues routinières.
     "...  Pour la sûretémue par la peur du virus, allons-nous tout accepter ? La petite musique de fond – « Nous sommes en guerre », la « France unie », etc. – d’Emmanuel Macron prépare les esprits. Nous devrions nous taire, être disciplinés, restés sagement dans nos mètres carrés intérieurs – et tant pis pour ceux qui n’en ont pas ou peu –, applaudir à chaque décision du pouvoir en place. C’est à ce prix, nous dit-on en substance, que l’on aura la peau du Covid-19. Voire. Et après ?... nous avons l’expérience de l’état d’urgence instauré pour lutter contre les actes terroristes. Rapidement, les mesures prises de façon exceptionnelle sont entrées dans le droit commun. Le glissement se fait doucement mais sûrement, de la surveillance instaurée de façon temporelle et ciblée à des normes profondément modifiées du régime des droits et libertés.

C’est pourquoi je partage totalement ces mots d’Alain Damasio : « Ces mesures doivent allumer une petite lampe rouge dans nos têtes ».    Le pire serait de s’habituer, d’accepter sans réfléchir, sans broncher, ce moins-disant en matière de liberté. Le partage des données de géolocalisation ne suscite pas de grande vague de contestation. C’est pourtant un très haut niveau de flicage. Or la commission européenne a réclamé auprès des opérateurs téléphoniques des pays membres de fournir des données agrégées sur leurs abonnés mobiles pour vérifier si les consignes de confinement sont bien appliquées...."
    La pente est facile, les mesures peuvent durer, contre tout contrôle démocratique, sans contre-pouvoir et débats nécessaires. On peut le voir ici ou là, même en Europe. Le pistage numérique peut donner des armes sans douleurs mais efficaces en matière politique. D'autant que la peur, souvent instrumentalisée, joue un rôle majeur. La vigilance est donc de rigueur.
    Au nom de la sécurité, certaines limites ne peuvent pas être dépassées, si l'on tient aux valeurs de la liberté. Les exigences économiques ne peuvent prendre le pas sur celles de la vie, Même si une certaine conciliation peut être trouvée, toujours imparfaite, toujours révisable.
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CETA, c'est fait

Publié le par Jean-Etienne ZEN

(Il y a peu...)

 

La France a dit oui
                               En toute connaissance de cause?
   Si le Tafta est abandonné par Trump, le CETA, après de nombreuses tractations et tergiversations, est adopté, du moins pour la France pour l'instant.
    Cet accord de libre-échange avec le Canada, remanié nous dit-on, a fait l'objet de nombreuses contestations.
      Mais celles-ci ne sont pas taries.
  Malgré les critiques et les incertitudes, le pas est franchi. Mais certaines préoccupations de fond restent entières, concernant notamment les incidences de l'importation facilitée de la viande bovine sur nos éleveurs souvent en détresse, les normes d'élevage et environnementales contestables et l'instauration de tribunaux spéciaux pour régler les conflits privés avec les règles étatiques.
   Certains responsables politiques demandent la réouverture des négociations.
          Les "experts" sont on ne peut plus vagues sur des points fondamentaux du traité, reconnaissant à mi-voix que " ce sont peut-être les questions agricoles qui suscitent le plus d'inquiétudes. Car le Ceta va augmenter les quotas d'importations de bœuf et de porc canadiens en échange de la reconnaissance d'appellation géographique outre-Atlantique. « Les conditions d'élevage diffèrent beaucoup entre l'Union européenne et le Canada. Si l'accord prévoit de créer au Canada une filière bovine spécifique garantie sans hormone destinée à l'exportation vers l'Union européenne et une filière porcine sans traitement à la ractopamine, il est muet sur les questions du bien-être animal, de l'alimentation animale (farines animales ou non ?), et de l'administration d'antibiotiques comme activateurs de croissance », regrette le rapport.
  Ses auteurs préviennent qu'il « sera difficile de ne pas concéder aux nouveaux partenaires des contingents d'importation de viande plus élevés que ceux qui existent actuellement, ce qui pourra changer notablement l'échelle des problèmes. Le risque est que le Ceta ne fournisse pas des conditions favorables aux objectifs de la transition écologique de l'agriculture (maintien de la place des prairies et de l'association polyculture-élevage notamment), en particulier dans le secteur de l'élevage bovin allaitant, déjà en difficulté depuis de nombreuses années. » Sur ce sujet, les rapporteurs proposent de « mettre en place un système d'information pour le consommateur sur les modes de production (utilisation d'antibiotiques et activateurs de croissance, bien-être animal, environnement, caractère transgénique) ».
       Les intentions sont louables, mais quelles garanties seront offertes après la mise en route du processus?
      Il semble bien en tous cas que les  lobbies soient satisfaits.
          Le 26 octobre 2016, l'eurodéputé écologiste Yannick Jadot avait vivement apostrophé les présidents du Conseil européen Donald Tusk et de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, contre le Ceta (Accord économique et commercial global en français). La vidéo a beau avoir été vue plus d'un million de fois sur Facebook, rien n'y a fait. Cet accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada va être appliqué "provisoirement" à compter d'aujourd'hui, en attendant une pleine entrée en vigueur du texte une fois que tous les parlements des pays membres de l'UE l'auront voté..
De plus au Canada comme aux Etats-Unis, le principe de précaution n’est pas reconnu. Il faut qu’une menace soit avérée pour déclencher une interdiction. Alors qu’en France, le risque de dommage grave suffit à interdire un produit. La commission d’experts dit ainsi qu’il est "très difficile d’apprécier les conséquences" du Ceta "sur l’environnement et la santé.
     Par ailleurs, et la commission, le formule explicitement, le climat est "le grand absent". Elle recommande donc qu’il puisse y avoir un "veto climat" sur les tribunaux d’arbitrage. Aujourd’hui, l’Europe a la possibilité d'interdire les carburants canadiens, très chargés en carbone puisqu’ils proviennent de l’extraction des sables bitumeux. Avec le Ceta, ça ne sera plus possible. Barack Obama s’est heurté au même problème dans le cadre de l’Alena : il a bloqué le pipeline Dakota, mais la société TransCanada a porté plainte auprès du tribunal d’arbitrage, et réclamé... 15 milliards d’euros ! Dont 13 au titre des bénéfices non engrangés ! Jusqu’à ce que le beau et moderne Trudeau refasse le deal avec l'affreux Trump. La menace de sanctions financières des tribunaux d’arbitrage amène les Etats à avoir peur de légiférer. "

          C'est une partie non négligeable de notre alimentation qui sera impactée:

" Avec l'entrée en vigueur du Ceta, de la viande produite au Canada pourra être plus facilement importée au sein de l'Union européenne. Or, cette viande n'est pas produite selon les mêmes règles outre-Atlantique. Les producteurs canadiens utilisent par exemple plusieurs anabolisants et antibiotiques "comme facteurs de croissance", alors que cette pratique est interdite au sein de l'UE, relève le rapport de la commission d'évaluation de l'impact du traité de libre-échange (PDF), remis au Premier ministre Edouard Philippe début septembre. Selon cette étude, le Ceta "laisse la possibilité au Canada d'utiliser" ces facteurs de croissance dans sa production de viande. Vous pourriez donc, si vous achetez ces produits canadiens, consommer de la viande traitée aux antibiotiques.
   L'Union européenne a cependant interdit l'importation de bœuf traité aux hormones ou de porc dopé à la ractopamine, détaille Le Monde. Mais "nous savons que les règles et les vérifications ne sont pas à la hauteur", s'inquiète Samuel Leré, responsable environnement et mondialisation à la Fondation pour la Nature et l'Homme, contacté par franceinfo. "Aucun dispositif n'est prévu pour contrôler l'application de cette interdiction." Le rapport d'évaluation du traité abonde dans ce sens, expliquant que "rien ne figure dans le texte sur l'adaptation nécessaire de l'organisation des contrôles". Il faudra, poursuit l'étude, à tout prix "s'assurer de la qualité du contrôle" des filières canadiennes sans hormone et sans ractopamine. "
      Le traité est muet sur les questions du bien-être animal, de l'alimentation animale (farines animales ou non ?), et de l'administration d'antibiotiques comme activateurs de croissance », regrette le rapport.
___ C'est-à prévoir...
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Ambiguïtés chinoises

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

Où va Pékin?
                   Déconfinement à risques, tangage politique, affaiblissement économique...Malgré certains discours triomphalistes, il semble que Pékin sort (provisoirement) de la crise sanitaire plus affaiblie qu'elle ne dit, malgré les mesures draconiennes imposées, qui ont limité les dégâts de l'explosion virale née sur son sol.
  Pour ce que l'on sait...C'est toujours l'expression qu'il convient d'employer en parlant d'un pays qui filtre soigneusement ses informations, tout en partageant son savoir sur les données épidémiologiques et la recherche en cours.
  La gestion musclée mais nécessaire de la crise a porté ses fruits. Pour l'instant.
    Malgré beaucoup plus de morts qu'annoncés, c'est sûr. Les extrapolations, la projection de données statistiques ne laissent là-dessus aucun doute. La crédibilité du discours officiel, qui ne veut perdre la face idéologiquement, est un problème, que l'on ne peut encore mesurer aujourd'hui.
   De nouveaux cas ont été récemment déclarés et un possible rebond, peut-être plus dévastateur, peut toujours se produire. Ce qui oblige les autorités sanitaires à prendre de nouvelles mesures. Une deuxième vague est toujours possible.
     " ...La crainte de voir se lever une nouvelle vague de propagation a poussé les autorités à multiplier les appels à la vigilance, notamment face aux cas "asymptomatiques", des personnes ne présentant aucun symptôme, comme la fièvre ou la toux, mais susceptibles tout de même de transmettre le coronavirus. Quelque 56 nouveaux cas asymptomatiques ont été recensés mercredi, portant le total de ces "porteurs silencieux" du virus à 657 dans le pays depuis le début du recensement de cette catégorie de personnes contaminées, le 1er avril..."


   On espère que Pékin tiendra enfin compte de ses engagements passés sur le trafic de certains animaux, cause certaine du départ de l'infection virale.
      "...Tous les indicateurs montrent que Pékin s’emploie à relancer la machine économique chinoise, à la fois à l’exportation et pour la consommation intérieure. Certaines régions industrielles, comme le Guangdong, ont été peu touchées par l’épidémie, mais il faut faire revenir la main d’œuvre sans prendre de risque de contamination.
Autre signe qui ne trompe pas, le transporteur maritime français CMA-CGM rapporte que ses porte-conteneurs recommencent à charger dans les ports chinois, et prédit un retour à la normale effectif d’ici à la fin mars.
Ce redémarrage, alors que le reste du monde continue au contraire de s’enfoncer dans l’épidémie et dans le coup de frein économique, risque de conforter la Chine dans son rôle central dans l’économie mondiale. Tout le discours sur la démondialisation risque fort de se heurter aux besoins que seule la Chine sera en mesure d’assurer. 
Et le pouvoir chinois, avec ses poches encore pleines et un État dirigiste, a les moyens d’impulser une reprise accélérée, comme lors de la crise de 2008, dont la Chine était sortie renforcée.
  Pékin a déclenché une vaste campagne de propagande pour convaincre les Chinois -et le monde- de la supériorité de son modèle autoritaire, illustrée par la bataille épique contre le coronavirus. Et faire oublier au passage les mensonges initiaux, qui ont provoqué la colère des Chinois à la mort du lanceur d’alerte, le Dr Li Wenliang..."
    Un pari risqué, dans un système encore plus solidement verrouillé.
                                _____________________
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