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"Verrou de Bercy": encore en question

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

Verrou: vers où allons nous?
                                               Sautera? sautera pas?
      Depuis l'incroyable affaire Cahuzac, qui a plombé la présidence précédente dès son début, la question de la prérogative exorbitante mais déjà ancienne de Bercy semble devoir être remise en question.
       Mais jusqu'où ira l'ambigü Gérald Darmanin?
  Est-ce un nuage de fumée pour donner des gages ou le début d'une esquisse de virage?
      Ce verrou, comme on le répète maintenant, est un obstacle à la transparence, qui « prive certaines affaires de fraude complexe d’une double lecture qui pourrait pourtant s’avérer utile à la détection et à la répression d’une grande délinquance économique et financière par nature occulte ou dissimulée ». Eric Bocquet invite (également) à s’interroger sur la compatibilité de ce système avec le principe de la séparation des pouvoirs..."
    Est-ce le début de la fin du régime d'exception, de la négociation secrète des charges d'impôts, du système à plusieurs vitesses, permettant aux plus favorisés de frauder en rond ou de négocier des faveurs?
    Des affaires récentes nous le rappellent. La France, certes, n'est pas seule concernée et le problème ne date pas d'hier. 
      Mais  la France n'est pas mal placée..Elle est même gangrenée comme jamais. Le peu d'efforts accomplis sont bien trop limités.  Et le verrou de Bercy fonctionne avec efficacité. Des enquêtes bridées, une justice dépendante ralentissent ou étouffent nombre d'affaires. 
   .Un mal qui mine la démocratie et la vie politique en général
 La corruption sous toutes ses formes est un virus mortel pour la démocratie.
      Certains parlementaires ont raison; ce système occulte ne peut plus durer. Il reste à définir une structure permanente, sous contrôle parlementaire, pour faire le ménage, redéfinir des règles et gérer autrement un système complexe mais important pour les finances de l'Etat, donc pour le bien public.
  "Quand on remonte un peu le fil de l'Histoire, on s'aperçoit que le principe du verrou a été institué en 1920, dans la foulée de la création de l'impôt sur le revenu. Le verrou de Bercy est donc un quasi-centenaire plutôt fringant, qui a survécu à toutes les alternances, et qui a sans doute de beaux jours devant lui. Certes, avec la bénédiction du gouvernement, une mission parlementaire a tout de même été créée sur le sujet. Elle rendra ses conclusions au mois de mai. Mais pendant ce temps, dans la loi, le verrou reste... verrouillé. Tout cela fait furieusement penser à ce mot prêté à Clemenceau : "pour enterrer un problème, créez une commission"."

   La citadelle cédera-t-elle ou faudra-il un nouveau scandale de grande ampleur pour que les bonnes intentions se concrétisent réellement?
    Après tous les rapports officieux et officiels sur les dysfonctionnements du recouvrement équitable des impôts, il serait temps de se donner les moyens de mieux contrôler les diverses formes d'évasion fiscale et de mettre fin aux divers boucliers que l'imagination des plus favorisés et la complicité de certaines institutions ne cessent d'inventer, avec ou sans la complicité des banques.
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Cette liberté de caricaturer

Publié le par Jean-Etienne ZEN

   La plume est plus forte que l'épée.  [En souvenir de janvier 1995]

                                       Comme la parole l'est plus que la force brutale.

   Le rire et l'intégrisme ne font pas bon ménage.
       Pour Charb, Cabu et les autres, qui ne se prétendaient pas journalistes, mais plutôt joyeux lurons iconoclastes avant tout et souvent talentueux, quand la religion devenait thème de dessins, ce n'était pas le religion en tant que telle qui était objet de risée, mais toutes les formes d'intégrismes religieux, toutes les perversions de religion, bafouant la libre pensée et ligotant les libertés. Aussi bien les intégrismes islamistes, les traditionalistes catholiques , les  fondamentalistes ultra-orthodoxes en Israël, le sectarisme des évangélistes américains  de le Bible Belt.
   Ces formes d'expression de vie religieuse dénaturée, qui se marient avec toutes les formes de régressions politiques...
          On pouvait ne pas aimer certaines de leurs productions, pour des raisons esthétiques (la morale n'a rien à voir dans les productions de création), mais la caricature est chose si ancienne et si ancrée dans notre tradition républicaine, qu'on imagine plus devoir s'en passer.
  Le dessin dit beaucoup, donne beaucoup à penser, parfois de manière provocatrice, pour produire plus d'effets sur la pensée critique, pour choquer en imposant du recul.
C'est le droit à la critique, qui est en question, même si elle peut être parfois de mauvais goût. Un dessin, malgré sa force incroyable, peut-être loupé.
  Que ce soit à Paris ou à Tunis, en Egypte ou en Algérie....
  La caricature , c'est la charge, étymologiquement, ce qui suppose une distance critique et ironique. Dérision et autodérision.
______Elle ne date pas d'aujourd'hui. Elle a toute une histoire. 
Depuis le Moyen-Age en passant par Daumier...jusqu'à aujourd'hui.
 La   caricature de presse est assez récente. Au  XIXe siècle, elle prend son envol dès la Monarchie de Juillet. 
    Aujourd'hui, les caricatures de Mahomet, ou plutôt de ce qu'on en fait, provoquent des réactions souvent violentes.
 _ Dans l'Islam, surtout depuis le développement du wahhabisme, "maladie de l'islam", comme disent certains musulmans, le rapport à la distance critique et même à l'image est devenu problématique; surtout dans les tendances fondamentalistes radicales d' aujourd'hui, même si le  Hezbollah minimise... 
__Beaucoup de musulmans sont dans le déni quant à la signification et la portée du drame. Certains sont indignés.
__On trouve encore certaines consignes comme celle-là: trop lire corrompt le coeur!  
Il faut réprimer certaines expressions du corps, au nom de la pureté, etc... Toujours cette notion de  pureté mythique et mortifère.

__Déjà régnait la querelle des images à Byzance.
L' iconoclasme  existe depuis la plus haute antiquité, sous des formes diverses, comme s'il y avait un rapport magique entre la représentation et la chose représentée. L'Ancien Régime s'accomodait d'une certaine irrévérence, mais limitée dans le temps, codée et encadrée.
Dans la chrétienté, le dessin, comme le rire, a pu  être jugé diabolique, comme on le voit dans le Nom de la Rose.
_______-
Histoire de la caricature
-L'image ne tue pas
-Une lettre d'un musulman au monde musulman
-La caricature sans caricature. ___________________________________

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Bradage national

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

Guerre industrielle et coups bas
                                            La chaîne LCP a eu la bonne idée de rediffuser hier soir l 'enquête, reconnue comme sérieuse par les participants de toutes tendances au cours du débat, sur l'affaire déjà presque oubliée de la vente d’Alstom à General Electric». C'était hier...
    Un scandale écrit d'avance, selon un des intervenants.

   Dans le contexte de ce que l'on peut appeler une guerre concernant un de nos fleurons industriels, présenté comme en difficulté financière de par l'incompétence déclarée de certains dirigeants du groupe.
   Une aubaine pour le groupe américain, qui visait à acquérir le monopole d'un élément clé du nucléaire (civil et militaire): la fabrication de turbines sur laquelle le groupe français avait une avance reconnue. même si ce n'était pas toute sa production.
    C'est  le dessous des cartes de cette sombre affaire qui agita en sourdine la politique française et qui fut à l'origine du départ de A. Montebourg et de la défaite en rase campagne de nos élites politiques, Macron déclarant à l'époque qu'on ne pouvait que céder aux lois du marché, que la France n'était pas le Vénézuéla.
    Conséquence: C'est désormais le groupe américain qui décidera à qui et comment vendre ces turbines. C'est lui aussi qui aura le dernier mot sur la maintenance de nos centrales sur le sol français... Nous avons donc délibérément confié à un groupe américain l'avenir de l'ensemble de notre filière nucléaire."
    Les méthodes du groupe américain frisèrent celles du far-west: chantage judiciaire par rétention et emprisonnement de certains cadres français, menaces de sanctions financières exorbitantes (qui furent ensuite déclarée être assumée (?) par GE) . Tout cela dans un climat et des tractations assez obscures où les pressions furent constantes, dans le contexte du droit d'exterritorialité judiciaire que se sont arrogé sans vergogne les dirigeants économiques autant que politiques US (on peut le supposer étant donné la valeur stratégique de l'opération).
   On peut s'attendre à de nouvelles révélations...
          Arabelle, la plus puissante des turbines à vapeur au monde, fut donc sacrifiée sur l'autel des intérêts américains, dans l'indifférence ou la complicité de certains de nos décideurs de l'époque. Il fallait bien que commerce se fasse, même si, en l'occurrence, il ne s'agissait pas de la filière de l'alimentation pour chats.
     Au nom de l'intérêt des actionnaires, de la rentabilité financière à courte vue, on se lia les mains pour l'avenir, pas seulement dans le secteur du nucléaire civil. C'est aussi toute la dissuasion militaire française qui est dans cette affaire affaiblie.
    On a laissé s'établir des rapports de force, sous couvert de problèmes juridiques troubles et de difficultés passagères du groupe français,, comme si les enjeux étaient mineurs, Alstom se repliant sur le secteur des transports.
Une gestion calamiteuse, dont les conséquences étaient prévisibles, notamment en matière d'emploi.
    Et demain, au tour de quel groupe d'importance: la Société Générale? Airbus? particulièrement convoité.
      La braderie, même de nos bijoux de famille, risque bien de durer, faute de volontarisme politique.
    Et l'on se plaindra du déclin industriel...alors que des parades pouvaient être trouvées.
   La guerre fut un élément dominant de la politique extérieure des USA. La guerre économique, aux méthodes douteuses, reste d'actualité.
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Pas de vague!

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Laxisme coupable

                Ainsi donc, le radicalisme islamiste meurtrier a frappé. Une fois encore. Au coeur même de l'instance la plus fondamentale de la transmission des valeurs républicaines. Une instance mise à mal depuis des années par trop de laxisme, d'indifférence, d'abandon parfois, dans le système à deux vitesses depuis longtemps installé.                              ___C'est d'un acte politique dont il est question dans cette horrible agression. Oui, on peut mourir d'enseigner.  A force de mettre la poussière sous le tapis, parfois avec la pire désinvolture, pour masquer le manque de moyens, on finit par produire le pire.     L'indifférence d'une hiérarchie aveugle, à mille lieux du terrain ou s'épuisent les soutiers su savoir, continue à produire ses effets délétères. Il y a ceux qui en parlent et ceux qui s'épuisent en silence, fatigués  moralement ou vraiment en danger. Victimes de formes bien installées de salafisme ayant parfois pignon sur rue dans certains quartiers.                __ Samuel Paty est un cas parmi d'autres, dont le tragique destin pourrait se reproduire.  Mais l'intimidation jusqu'à la terreur doit être contrée au plus vite par des mesures appropriées, sans cesse différées. C'est un système qu'il faut revoir. D'urgence!

 

"    ....Si l’école est laïque, ce n’est pas seulement comme institution et parce qu’elle est un organe du dispositif républicain, c’est aussi parce qu’elle tire (ou devrait tirer) son autorité de la constitution des savoirs, laquelle échappe à toute transcendance, à toute imposition d’une parole ou d’un livre unique, et ne peut se construire qu’avec des esprits en dialogue. Voilà ce que tout professeur est chargé de travailler et de défendre, non pas dans la célébration d’un « vivre-ensemble » incantatoire et abstrait, mais avec et par le segment du savoir qu’il maîtrise et qu’on n’ose plus appeler « discipline ».   Installer chaque esprit dans ce dialogue fructueux et inquiet qui a pour condition première le dépaysement, la distance avec soi-même, voilà ce que faisait Samuel Paty, professeur. Il aurait dû pouvoir le faire normalement, en expliquant, en illustrant1, en argumentant dans une ambiance de sérénité assurée par l’institution : en somme en professant, protégé des pressions et mettant de ce fait ses élèves, avec lui, à l’abri du tourbillon social. Mais, comme des milliers de professeurs aujourd’hui et depuis bien des années, il le faisait malgré, contre les assauts qui renvoient sans cesse l’école à son extérieur, il le faisait en dépit des pressions qui, au prétexte de mettre les élèves (et les parents) au centre du dispositif scolaire, l’assujettissent à la férocité et à la fluctuation des demandes sociales. Ce qui devrait être un travail serein et somme toute ordinaire est devenu un acte d’héroïsme.                                                Samuel Paty a été assassiné et décapité pour avoir exercé sa fonction, parce qu’il enseignait : c’est en sa personne le professeur qui a été massacré. Par cette atrocité, sommation est faite à tous les professeurs d’enseigner et de vivre sous le régime de la crainte. Des groupes qui encouragent ces manœuvres d’intimidation à sévir au sein même de l’école s’engouffrent dans la brèche ouverte il y a maintenant trente ans, laquelle s’acharne à assujettir l’école aux injonctions sociales. On ne voit que trop à quelles extrémités celles-ci peuvent se porter. Non l’école n’est pas faite pour « la société » telle qu’elle est. Sa visée est autre : permettre à chacun, en s’appropriant les savoirs formés par l’humaine encyclopédie, de construire sa liberté, dont dépend celle de la cité. Il faut cesser de convoquer les professeurs à leur propre abaissement. Réinstaurer l’école dans sa mission de transmission des savoirs et protéger ceux qui la mettent en œuvre, voilà ce qu’on attend d’une politique républicaine. Sans cet élargissement qui appelle une politique scolaire exigeante et durable, l’hommage national qui doit être rendu à la personne martyrisée de Samuel Paty restera ponctuel.     Il est faux de dire que l’auteur de cet assassinat était un « solitaire », comme s’il fallait éviter de dire qu’il s’agit d’un acte de guerre. Un homme isolé n’est pas nécessairement un « solitaire ». En l’occurrence il se nourrit au fast food bien garni des exhortations, imprécations, intimidations et autres menaces qui, diffusées sur internet et dans certaines mosquées, partout étalées2, relayées, font de chaque assassin se réclamant de la cause islamiste un vengeur héroïque. Il y a bien longtemps que cette guerre a commencé. Elle a posé un jalon dès 1989, en s’attaquant déjà à la laïcité de l’école républicaine3. Elle a ensuite dépassé la période des tests politico-juridiques, puis celle des commandos organisés terrorisant la société civile à coups meurtriers de Kalashnikov pour atteindre aujourd’hui un niveau d’extension tel qu’aucune parcelle de la société ne peut assurer qu’elle est à l’abri de sa présence et de sa menace4. Pratiquant avec virtuosité le retournement victimaire et la culpabilisation à l’ « islamophobie », convertissant l’accusation impertinente de « blasphème » en pleurnicherie des « sensibilités offensées », tissant ses liens avec le « décolonialisme » et le néo-racisme, la forme idéologique de cette guerre gangrène l’université et se diffuse dans la société civile5.            En étendant les poches d’aisance où il il se meut « comme un poisson dans l’eau », le terrorisme islamiste contamine le corps social et menace de le submerger. Un ordre moral féroce s’installe par accoutumance, à tel point qu’il devient « normal » et « compréhensible » pour un homme de songer à en assassiner un autre pour avoir osé une opinion contraire à une parole prétendue absolue, qu’il devient « normal » et « compréhensible » pour un groupe d’appeler à la vengeance. La banalisation des marqueurs religieux s’étend et prétend non pas seulement à la liberté pour elle-même, mais au silence de toute critique et de toute désapprobation la concernant. Et il se trouve de bonnes âmes pour comprendre, excuser et encourager cette abstention. L’appel au « respect de l’autre » est-il à ce point nourri de haine de soi qu’il doive prendre la forme d’une autocensure s’interdisant toute critique publique ? Est-il à ce point méprisant et paternaliste à l’égard de ceux qu’il prétend prendre sous son aile qu’il se croie obligé de leur épargner cette critique ? Est-il à ce point retors qu’il faille en son nom faire fonctionner la liberté d’expression à sens unique ?... _________________

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Gaza, éternellement?

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

Prison à ciel ouvert.
                           Une des partie du monde parmi les plus peuplées vit depuis des décennies dans des conditions qui se dégradent inéluctablement.
       Sous perfusion et à l'économie aléatoire de survie, coincée de toutes parts par un voisin maître de son destin. En Cisjordanie, on peut encore circuler un peu au milieu de ce qui reste du territoire autrefois délimité par l'ONU, au milieu des implantations de colonies de plus en plus nombreuses.. Mais l'espoir a déserté Gaza, livré au bon vouloir de son puissant voisin et de l'aide internationale.
    On comprend pourquoi cette situation souvent désespérée a permis au Hamas d'y faire souche, encouragé à une époque en sous-main par certains dirigeants israëliens. Diviser pour régner.
   Après la guerre de 2008-2009, cruelle et disproportionnée, et ses soubresauts, l'oubli s'est vite réinstallé.
   Manifester pacifiquement est devenu  impossible. Une manifestation pacifique est devenue impossible sur cette étroite Bande de Gaza, où la résilience est terriblement affaiblie.

  Israël n'a jamais comme aujourd'hui, sous son gouvernement  d'extrême-droite et son belliqueux ministre de la guerre, aussi cyniquement assumé ses méthodes. En silence et par la ruse en Cisjordanie, qui se réduit comme peau de chagrin. Ouvertement et par la force à l'Ouest, après avoir fait mine de se retirer.. A tel point que certains militaires résistent ouvertement à certains ordres donnés.
   "Le prétexte de la sécurité est exploité par Israël pour justifier toutes les formes de violation des droits humains des Palestiniens. Il faut se souvenir du contexte des manifestations auxquelles nous assistons pour le moment. La bande de Gaza est l'une des zones les plus densément peuplées au monde. Deux millions de personnes vivent sur cette petite bande de terre. Il n'y a presque plus d'eau potable. Les gens n'ont que quelques heures d'électricité par jour. Il y a une pénurie de médicaments. Les gens sont au chômage. Une grande partie d'entre eux dépendent de l'aide humanitaire pour survivre. Ce désastre humanitaire est le résultat de la politique israélienne, en particulier le siège qui est en place depuis plus de 10 ans. C'est contre ça que ces gens manifestent. Et face à cette mobilisation, Israël ordonne à ses troupe de les abattre."

    Dans cette prison à ciel ouvert, on ne trouve plus que résignation et immense colère rentrée, détresse explosive.
 Après l'embrasement, présent encore dans toutes les mémoires, une opération pour rien, où le droit fut bafoué, avec le silence complice du principal donateur de Tel-Aviv, que reste-t-il pour se faire entendre, dans ce manque de tout et surtout d'espoir, que l'aide internationale entretient objectivement, en se donnant bonne conscience, monnayant son silence?

       On estime qu’ils ont reçu entre 10 et 12 milliards de dollars durant la période de 1994 à 2009, sans compter les contributions à l’agence des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA).  En 2013, 793 millions de dollars d’assistance humanitaire ont été affectés au Territoire palestinien occupé, 2e bénéficiaire dans le monde.
Ce chiffre devrait considérablement augmenter pour l’année 2014 du fait de la guerre à Gaza. Lors de la Conférence des bailleurs de fonds pour Gaza (octobre 2014), les participants se sont effectivement engagés à verser 3,5 milliards de dollars pour la reconstruction. Néanmoins, à la fin du mois de mai 2015, seulement 27,5% avaient été débloqué"
    Cette aide ambiguë est perçue par les plus lucides non pas comme une providence, mais plutôt comme une entrave . De toute manière elle ne peut être que provisoire. En attendant quoi? Tout le monde joue à l'autruche. Israël fait la cuisine, l'Europe fait la vaisselle...
      "Selon les fonctionnaires de l’UE, l’essentiel de l’aide au peuple palestinien est affecté à un unique objectif à long terme : l’instauration d’institutions pour un futur État palestinien démocratique, indépendant et viable, coexistant en paix et en sécurité avec Israël.

   Mais compte tenu du manque de progrès enregistrés par les pourparlers de paix actuels engagés sous les bons offices des États-Unis, et plus généralement par le projet de création d’un État indépendant, certains en Europe – où les efforts d’austérité sont plus prononcés – s’interrogent sur la bonne utilisation de cette aide, dans un contexte de crise au Mali et en Syrie où l’argent fait défaut.
   « Il n’existe pas d’État palestinien à ce jour. La question c’est : que finançons-nous ? Aidons-nous Israël à maintenir l’occupation, ou aidons-nous véritablement les Palestiniens à construire leur indépendance ? », a dit à IRIN Caroline du Plessix, une politologue française spécialiste de la politique européenne prônant la solution des deux États."
    Question plus que pertinente quand on voit que le plan israëlien, c’est gagner du terrain et ne jamais négocier» 

       "...La prise de pouvoir du Hamas est présentée comme une preuve de l’arriération et du caractère belliqueux des Palestiniens, alors qu’elle résulte de l’exaspération d’une population qui a vu l’occupant poursuivre inexorablement sa politique de terreur et de spoliation. « On nettoie, et ensuite, peut-être qu’on verra enfin émerger un partenaire palestinien raisonnable », disent en substance les autorités israéliennes aujourd’hui - comme si elles ne s’étaient pas acharnées auparavant à discréditer, à diaboliser, à éradiquer les partenaires raisonnables qu’elles avaient en face d’elles, assiégeant le quartier général de Yasser Arafat tandis que les infrastructures du Hamas et du Djihad islamique restaient debout. Selon toute vraisemblance, c’est plutôt les Palestiniens qu’il s’agit de « nettoyer ». « Sharon fera la paix... quand les Palestiniens seront finlandais », prédisait à juste titre Charles Enderlin (Libération, 20 octobre 2004). C’est tout aussi vrai d’Ehud Olmert. Et cela risque malheureusement d’être encore plus vrai de celui ou celle qui lui succédera en février..." (Mona Chollet)"
          Aucune concession:  « La prochaine fois nous aurons les capacités de répliquer aux terroristes encore plus durement », avertit Avigdor Lieberman, le ministre de la défense et chef d'un parti ultra-nationaliste. Les consignes de tirs ont été maintenues : ceux qui pénètrent armés dans un périmètre de moins de 300 mètres de la frontière seront visés. Vendredi, au moins 11 des Palestiniens tués ont été présentés comme des « meneurs terroristes » membres du Hamas ou d'autres organisations jihadistes. Une hécatombe qui ressemble fort à des « éliminations ciblées » malgré les dénégations de l'armée.
Liberman dans ses oeuvres

     Cette politique de la poigne de fer est apparemment soutenue par la majorité des Israéliens, mais elle suscite des critiques. Les ONG de défense des Droits de l'Homme, tels la Paix Maintenant et une partie de l'opposition de gauche dénoncent la politique de la « gâchette facile » pratiquée par l'armée avec le feu vert du gouvernement. Giora Eiland, un ancien général, qui n'a rien d'un gauchiste, admet qu'il a l'impression « que nous avons tiré trop vite alors que la vie de nos soldats n'était pas en danger »."Hamas voulait du sang et Israël lui en a donné"     Pour un éditorialiste tel que Ben Dror Yemeni du quotidien Yediot Aharonotle « Hamas voulait du sang et Israël lui a en donné. Une fois de plus Israël a gagné une bataille, mais perdu la guerre ». De nombreux responsables militaires qui s'expriment en « off » s'alarment depuis des mois des conditions de vie intenable des Gazaouis et des dangers d'une explosion généralisée. Ils préconisent un allègement du blocus imposé depuis une décennie, la délivrance de milliers de permis de travail en Israël, la construction d'un port... En un mot il s'agit de désenclaver la bande de Gaza avec comme seule condition le désarmement du Hamas. Une telle proposition aurait le mérite de relâcher la pression internationale sur Israël et de mettre en mauvaise posture les islamistes en cas de refus de leur part. Mais encore faudrait-il que les dirigeants israéliens fassent preuve d'un minimum de créativité."
       Une conclusion angélique, à l'heure où Washington se rapproche un peu plus de son allié indéfectible,  où l'affaire syrienne détourne les regards. et où de nouvelles alliances, parfois improbables, se font jour dans la région.
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- Gaza et le presse française.
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Comment s'en débarrasser?

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 Un problème mal ou non anticipé

              Les centrales nucléaires se sont développées sans que l'on s'interroge beaucoup sur la question de l'"après". Que faire à un moment donné de la masse sans cesse croissante des déchets, souvent hautement radioactifs et pour longtemps. Comment stocker tous les produits des démantèlements successifs des centrales dont beaucoup restent toxiques de très nombreuses années?   On nous avait dit que les coûts avaient été provisionnés, que des lieux hautement sécurisés devaient être aménagés. Cela c'était avant...    Mais aujourd'hui le problème nous revient en pleine figure et de manière urgente. C'est l'Autorité de sureté qui met aujourd'hui l'accent sur un impératif et une urgence qui avaient déjà été plusieurs fois signalés. Dans les années qui viennent le problème va devenir critique.    

 

                    Le Japon, confronté à l'urgence, envisage de déverser dans le Pacifique une masse d'eau radioactive dont Tepco ne sait plus que faire, quelques années après l'accident de Fukshima. La faune et la flore marine apprécieront...Les hommes sont les victimes de leur imprévoyance et de leur démesure.   Ces produits seront hautement dangereux pour longtemps. Même sous terre, comme à Bure, qui peut garantir le devenir de ce qui sera entreposé, à l'échelle de milliers d'années?      ____Cela restera un problème pour longtemps. Et même très, très longtemps. La gestion, l'entreposage et l'enfouissement des déchets nucléaires, de plus en plus considérables, posent des problèmes qui deviennent de jour en jour plus aigus. Quel avenir pour les générations qui nous suivent?

  Et il n'y a pas qu'en France que le problème se pose, que ce soit à La Hague, sur le futur site de Bure ou ailleurs.
    L'Allemagne aussi, bien qu'en rupture avec le nucléaire civil, essaie de bricoler des solutions à très long terme. Aux USA, on joue avec le feu.
   Pour quand un vrai débat sur le sujet? 
               L'UE réglemente les bananes, mais pas le nucléaire. Chaque pays fait à peu près ce qu'il veut en ce domaine, dans la plus grande l'opacité.
   On sait que le Japon d'après Fukushima est confronté à des problèmes d'une grande urgence et d'une grande ampleur, en prenant d'énormes risques, notamment avec les terres irradiées et le problème de l'eau contaminée, selon une ancienne pratique banalisée, mais interdite. Tepco bricole dans l'urgence.
   Certes, nous ne sommes pas (ou pas encore) dans cette situation d'urgence  mais la saturation est là et le problème des piscines de confinement reste entier. Il y a touts sortes de résidus radioactifs
   Le problème du stockage des matières les plus toxiques ne cesse de se poser.
     Le dossier est toujours "radioactif", comme celui de l'état de certains sites.
___
-Déchet nucléaire france _-déchet nucléaire durée de vie_-déchets nucléaires chiffres_-traiter les déchets nucléaires_-élimination des déchets nucléaires-origine déchets radioactifs_-déchets radioactifs_-dechets nucleaires vitrifiés.
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Pas de chance!

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

Billet pas déprimant.

                                             Certains naissent avec un grand sourire scotché à leurs livres.  Moi, je m'ennuyais déjà dans les couloirs de la maternité. Et depuis, cela ne s'est pas arrangé. Je ne suis pas doué pour le bonheur.   

Il faudrait vérifier mais je suis à peu près sûr que le jour de ma naissance il pleuvait comme au jour du Déluge. À l'heure même où je pointais la tête hors du ventre maternel –funeste erreur!– une averse a dû se mettre à tomber, un orage a grondé au loin, des éclairs ont déchiré le ciel tandis qu'à la radio passait en boucle le premier disque de Leonard Cohen. Avant même d'aspirer ma première bouffée d'air frais, avant même d'éructer mon premier cri, d'instinct, je savais déjà que les choses iraient de mal en pis. J'en ai même fait une jaunisse. Une vraie. Ma première crise existentielle.
  Quand j'ai quitté la clinique, le personnel a poussé un ouf de soulagement. Encore une semaine, et il se mettait en grève. Pendant des mois, j'ai gardé le lit. À chaque fois que mes parents essayaient de me mettre dans le landau, je hurlais à la mort. J'en avais déjà vu assez. Je voulais juste qu'on me laisse dormir en paix. J'avais le teint si pâle et la mine si blafarde qu'on jugeât plus sûr de me mettre sous antidépresseurs avant même d'avoir atteint ma première année. Pour calmer mes nerfs débiles, on m'administrait des biberons au Valium. Et pour attendrir mes crises d'angoisse, on projetait sur les murs de ma chambre l'intégrale des films de Bergman.
  Arrivé à l'âge de trois ans, je refusais d'aller à la maternelle. Je n'en voyais pas l’intérêt. J'étais si peu doué pour socialiser que ma mère payait pour qu'on m'invitât à des goûters d'anniversaire auxquels je me rendais à contre-cœur. Je restais là des heures à converser avec mon ombre. Au moment d'entonner «Joyeux anniversaire», quand la maîtresse de maison apportait le gâteau, je profitais de l'obscurité et prenais la tangente: j'errais dans les rues jusqu'à ce que la police me trouve.
  Au collège et au lycée, je passais comme une ombre. Quand mes parents venaient rencontrer mes professeurs, ils devaient leur montrer ma photo pour que ces derniers apprennent que j'assistais bien à leurs cours et se remémorent qui j'étais. Durant tout le temps que dura ma scolarité, je n'ouvrais pas la bouche. Pas une seule fois. C'est que je n'avais rien à dire. Rien à déclarer. J'attendais juste que le temps passe. Je m'ennuyais tellement que je pouvais passer des heures entières à compter le nombre de pigeons qui sautillaient dans la cour. Quand arriva le jour de ma bar-mitzvah, je fus si réticent à lire la Paracha que le rabbin me menaça d'excommunication. Ce jour-là, je m'enivrai si fort que je mis trente ans à dessoûler. 
J'allais dans la vie comme un zombie. On me donna le baccalauréat, je m'inscrivis à l'université où jamais je ne mis les pieds. Je passais mes journées à marcher, à traîner dans les bibliothèques municipales, à voler les Temesta de ma mère que je croquais comme des bonbons. J'étais paresseux, oisif, mélancolique. Je prenais des poses. Je lisais des romans savants auxquels je ne comprenais rien. La vie m'ennuyait horriblement. Hormis le football, je n'avais aucune passion. Aucune envie. Aucun désir. Tous les métiers me dégoûtaient. Les adultes me navraient. Quand je me regardais dans la glace, je prenais peur. Je n'entendais rien à la vie. Elle m'effrayait. Je ne voulais rien à voir avec elle. La mort m'obsédait. Je vivais au ralenti. À l'économie. J'attendais que quelque chose se passe tout en sachant que rien n'arrive jamais. Je tombais amoureux à chaque fille rencontrée, je lui écrivais des poèmes longs comme des romans, je promettais l'amour éternel, l'embrasement des sens, je citais Rimbaud et Baudelaire. Elle prenait peur et me quittait au petit matin, sans demander son reste.
      J'écoutais Brel pour tenir le coup. Et Leonard Cohen. Je me sentais moins seul. Quand mon premier roman est paru, j'ai été comme soulagé. À défaut d'avoir un vrai métier, je pouvais prétendre que j'occupais mes journées à écrire. Toujours, je me tenais à l'écart de la société. Je pouvais passer des semaines entières sans voir personne. Je grognais plus que je ne parlais. Je buvais plus que de mesure. Je prenais des cachets comme d'autres achètent leur baguette matinale. Je dépérissais.
      Et ma jeunesse a passé sans même que je ne m'en rende compte.
       J'étais né vieux. Et chauve. Double infortune.
   J'ai écrit d'autres livres, publié des articles, visité des villes, exploré des pays. Rien ne trouvait grâce à mes yeux. J'étais mal partout. Je pleurais sans raison. Je riais comme un ahuri de seconde zone. J'avais l'humeur chagrine, le tempérament nerveux, l'allure hésitante. Je tombai malade. Ce fut une chance. Je quittai la France pour ne plus jamais revenir. J'habitais dans une ville où il pleuvait neuf jours sur sept. Et quinze mois sur douze. J'avais trouvé mon idéal.
    Maintenant j'ai cinquante ans, je suis toujours aussi chauve, j'écoute de la musique classique, je bois du thé vert, je fais du vélo d'appartement, j'ai un chat, j'ai fini par trouver une femme qui me supporte, je n'ai pas de dettes mais je n'ai pas d'argent non plus. Je suis presque heureux. Et je n'attends rien de la vie.
     Je suis né déprimé, je mourrai dépressif.    (Laurent Sagalovitch sur Slate)
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         Une forme d'humour juif, parmi tant d'autres     Juif, mais pas trop...
    Un humour qui remonte à loin.     A remettre dans son contexte et une histoire compliquée, parfois douloureuse.
      Romain Gary le définit comme Une déclaration de dignité, une affirmation de la supériorité de l'homme sur ce qui lui arrive.  
    Même le pire. Les exemples abondent:
       * Qu'est'ce que l'humour juif? C'est comme l'humour allemand, mais avec l'humour en plus

         * Voici les 4 affirmations qui prouvent que Jésus était juif: 
1) Il a habité chez sa mère jusqu'à 30 ans 
2) Il croyait que sa mère était vierge 
3) Sa mère le prenait pour un dieu 
4) Avec l'entreprise de charpentier de son père, il a fait une multinationale 
qui marche encore 2000 ans plus tard 
            *Dieu a dit aux Juifs : Vous êtes le peuple élu... 
Mmmh, à mon avis, il y a ballottage.    
(Woody Allen) 

L'autodérision aide à vivre, qu'elle soit d'inspiration juive ou pas. Une forme de résistance...
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Corona-incertitudes

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 Ebranlement

                                    Celle que nous avions presque fini par oublier, par naïveté ou par insouciance, nous revient à la figure et peut-être pour plus longtemps qu'on ne le croit,    Devant des services de santé impréparés et encore désarmés, le virus poursuit son oeuvre, n'ayant pour seul objectif que de se reproduire autant qu'il le peut, sans état d'âme.      Le désarroi commence à s'installer, ainsi que des tensions sociales fortes, comme on aurait pu le prévoir, face à des mesures dont la cohérence reste à prouver.         __Aucune  pandémie n'échappe à cette loi de désorganisation et de remises en question profondes, qui redistribuent brutalement les cartes, le cours de l'histoire se trouvant soudain dévié, parfois pour une longue période.      __Comme le montrent les anciennes épidémies de peste, que nous avons oubliées, qui ont questionné plusieurs fois nos sociétés fragiles et désemparées, comme la récente grippe espagnole.      La question se repose sourdement, mais de manière lancinante: et après ..?      Dans les projets confus d'aujourd'hui, se mêlent espoirs er craintes. Comme le fait apparaître le point de vue souvent:

 

            "...LES ÉPIDÉMIES SE SUIVENT ET NE SE RESSEMBLENT PAS TOUJOURS. MAIS LES APRÈS-ÉPIDÉMIES NE FURENT JAMAIS VRAIMENT DES TEMPS HEUREUX ET HARMONIEUX. LA PEUR ET LA MÉFIANCE ENGENDRÉES PAR LES FLÉAUX, LES EFFONDREMENTS DÉMOGRAPHIQUES ET LA PROFONDE DÉSORGANISATION ÉCONOMIQUE, SOCIALE ET POLITIQUE DESSINENT DES HORIZONS PEU ENTHOUSIASMANTS. ET POURTANT, DANS CES BRUITS ET CES FUREURS, ÉMERGENT SOUVENT LES PRÉMICES DE MONDES NOUVEAUX…  « LE MONDE D’APRÈS » A DONNÉ LIEU À DE NOMBREUX DÉBATS OÙ CHACUN A, SEMBLE-T-IL, PLUS CHERCHÉ À PROJETER SES ESPOIRS QU’À SUIVRE LE PRÉCEPTE SPINOZISTE : « NI RIRE, NI PLEURER, NI HAÏR, MAIS COMPRENDRE. » AU RISQUE DE DOUCHER BIEN DES ENTHOUSIASMES, PETIT TOUR D’HORIZON DES « APRÈS-ÉPIDÉMIES », D’HIER ET D’AVANT-HIER.                                     IL N’EST PAS IMPOSSIBLE QUE NOTRE CONQUÊTE DE LA PLANÈTE SOIT EN PARTIE LIÉE AUX PREMIÈRES ÉPIDÉMIES. EN EFFET, CERTAINS SPÉCIALISTES N’EXCLUENT PAS QUE LE PALUDISME AIT PARTICIPÉ À NOTRE PLUS IMPORTANTE SORTIE D’AFRIQUE. C’ÉTAIT IL Y A LONGTEMPS, LONGTEMPS, C’ÉTAIT IL Y A PLUS DE 50 000 ANS. CERTES, AVEC PEU DE MORTS, TANT NOUS ÉTIONS SI PEU NOMBREUX ET SI ISOLÉS LES UNS DES AUTRES. CERTES, IL S’AGISSAIT D’UNE PARASITOSE ET NON D’UN VIRUS. CERTES, CE N’EST QU’UNE HYPOTHÈSE. MAIS ELLE ILLUSTRE BIEN COMBIEN, DEPUIS TOUJOURS, LA LUTTE CONTRE LES MALADIES ET LES ÉPIDÉMIES SONT UN DES (NOMBREUX) MOTEURS DE L’HISTOIRE.         LA PLUS ANCIENNE ÉPIDÉMIE AVÉRÉE DATE DE 1326 AVANT NOTRE ÈRE ET, DEPUIS L’ÉGYPTE, ELLE S’EST PROPAGÉE AU MOYEN-ORIENT. C’EST L’ÉPOQUE DU NOUVEL EMPIRE, L’APOGÉE DE LA CIVILISATION DE L’ÉGYPTE ANTIQUE, COMME EN TÉMOIGNENT ENCORE LES TEMPLES DE LOUQSOR ET D’ABOU-SIMBEL. C’EST UNE PÉRIODE DE DÉVELOPPEMENT DES ÉCHANGES AVEC L’ASIE MINEURE ET LA CRÈTE, CE QUI EXPLIQUERAIT LA PROPAGATION DE L’ÉPIDÉMIE. DIFFICILE DE SE FAIRE UNE IDÉE DES CONSÉQUENCES DE CETTE ÉPIDÉMIE. L’ÉPOQUE EST TROUBLÉE PAR L’OFFENSIVE DES PHARAONS POUR LIMITER LE POUVOIR DES GRANDS PRÊTRES, MAIS RIEN NE PERMET D’ATTESTER UN QUELCONQUE EFFONDREMENT DÉMOGRAPHIQUE.   AU VE SIÈCLE AVANT NOTRE ÈRE, ATHÈNES FUT FRAPPÉE EN PLEIN « ÂGE D’OR », DURANT LE « GRAND SIÈCLE DE PÉRICLÈS ». CE DERNIER EN FUT D’AILLEURS LA PLUS CÉLÈBRE VICTIME. COMME LES SUIVANTES, CETTE ÉPIDÉMIE ACCÉLÉRERA LES TENDANCES DÉJÀ À L’ŒUVRE. QUELQUES DÉCENNIES PLUS TÔT, ATHÈNES, AURÉOLÉ DE SA VICTOIRE CONTRE LES PERSES, INQUIÈTE LES AUTRES CITÉS GRECQUES. UNE COALITION DIRIGÉE PAR SPARTE VIENDRA STOPPER NET LA PUISSANCE D’UNE ATHÈNES AFFAIBLIE PAR LA MORT D’UN BON TIERS DE SA POPULATION ET D’UNE PART IMPORTANTE DE SES DIRIGEANTS.                                                                   L’EMPIRE ROMAIN CONNUT DEUX VAGUES D’ÉPIDÉMIES. DANS SON OUVRAGE DE RÉFÉRENCE, COMMENT L’EMPIRE ROMAIN S’EST EFFONDRÉ L’HISTORIEN KYLE HARPER S’ATTARDE LONGUEMENT SUR LE RÔLE QUE JOUÈRENT DANS SON DESTIN LES ÉPIDÉMIES.     LA PREMIÈRE, AU IIE SIÈCLE DE NOTRE ÈRE, LA PESTE ANTONINE (DU NOM DE LA DYNASTIE RÉGNANTE, MAIS IL S’AGISSAIT EN FAIT DE LA VARIOLE) SE PROPAGEA EN GRANDE PARTIE PAR LES ARMÉES, QUI SE TROUVÈRENT AINSI DÉCIMÉES. CE FUT UNE DES CONSÉQUENCES LES PLUS IMMÉDIATEMENT DRAMATIQUES POUR LA COHÉSION IMPÉRIALE. DE MULTIPLES INDICES LAISSENT ENTREVOIR UNE GRAVE CRISE ÉCONOMIQUE ET MONÉTAIRE. LE PRIX DE LA TERRE S’EST EFFONDRÉ, FAUTE DE DEMANDE, LA MONNAIE A PERDU UNE GRANDE PARTIE DE SA VALEUR ALORS MÊME QUE LES MINES QUI EN PRODUISAIENT LA MATIÈRE PREMIÈRE SEMBLENT AVOIR ÉTÉ DÉSERTÉES. ET NOMBRE D’HISTORIENS ONT SOULIGNÉ LA DISPARITION BRUTALE DES DOCUMENTS OFFICIELS, SIGNE D’UN AFFAIBLISSEMENT DES STRUCTURES ÉTATIQUES DANS TOUT L’EMPIRE. DÉSORMAIS, CONCLUT KYLE HARPER, « L’EMPIRE ROMAIN ÉTAIT UN SURVIVANT ».   QUELQUES SIÈCLES PLUS TARD, LA PESTE DE JUSTINIEN (DU NOM DE L’EMPEREUR BYZANTIN AU VIE SIÈCLE) A PROBABLEMENT ACCÉLÉRÉ LE DÉCLIN DE L’EMPIRE. LES TÉMOIGNAGES DE L’ÉPOQUE SONT ÉDIFIANTS : L’ORDRE PUBLIC, LA VIE ÉCONOMIQUE ET SOCIALE, LE RAVITAILLEMENT, TOUT S’EST EFFONDRÉ. LES SPÉCIALISTES ONT CERTES RÉPERTORIÉ PLUS DE 200 CAUSES POSSIBLES À LA CHUTE DE L’EMPIRE ROMAIN, MAIS TOUS RECONNAISSENT LE POIDS DES ÉPIDÉMIES QUI SE RÉPANDIRENT DE L’ÉGYPTE À LA BRETAGNE. KYLE HARPER MONTRE BIEN LES LIENS ENTRE L’EFFONDREMENT DÉMOGRAPHIQUE ET LA FAILLITE DE L’EMPIRE. ENFIN, LA QUESTION FISCALE OCCUPAIT DÉJÀ UN RÔLE CENTRAL : EN REFUSANT TOUTE EXONÉRATION FISCALE POUR LIMITER LES DÉGÂTS, EN ALOURDISSANT MÊME LA CHARGE, L’EMPEREUR ÉTOUFFA TOUTE « REPRISE » POSSIBLE…DEUX AUTRES ÉLÉMENTS SONT TROUBLANTS D’ACTUALITÉ : LES HISTORIENS INSISTENT DE PLUS EN PLUS SUR LA DOUBLE PEINE DE L’ÉPIDÉMIE ET DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES À L’ŒUVRE À L’ÉPOQUE : PAS UN RÉCHAUFFEMENT MAIS UN DRAMATIQUE REFROIDISSEMENT : « LE PETIT ÂGE GLACIAIRE DE L’ANTIQUITÉ TARDIVE ». ET L’HISTORIEN BRYAN WARD-PERKINS INSISTE SUR LA FRAGILITÉ ENGENDRÉE DÈS L’ÉPOQUE PAR LA DISPARITION DES PRODUCTIONS LOCALES ET LA PERTE DES SAVOIR-FAIRE CONSÉCUTIVES À UN MODÈLE NAISSANT DE SPÉCIALISATION PAR AIRE GÉOGRAPHIQUE. « LA SOPHISTICATION DE LA PÉRIODE ROMAINE, EN DIFFUSANT À GRANDE ÉCHELLE DES BIENS DE CONSOMMATION D’EXCELLENTE QUALITÉ, AVAIT DÉTRUIT LES SAVOIR-FAIRE ET LES RÉSEAUX LOCAUX DES TEMPS PRÉROMAINS. […] IL FALLUT DES SIÈCLES POUR QUE LES HABITANTS DE L’ANCIEN EMPIRE RECOUVRENT LA SITUATION PRÉROMAINE. »    L’HISTOIRE S’INTÉRESSE SPONTANÉMENT À CE QUI S’EST PASSÉ, MAIS IL ARRIVE QUE CE QUI N’A PAS EU LIEU SOIT TOUT AUSSI RÉVÉLATEUR !                                                                                     ON PARLE BEAUCOUP AUJOURD’HUI DES ÉPIDÉMIES COMME RÉSULTAT DE NOTRE AGRESSION DES MILIEUX NATURELS. POURTANT, DURANT DEUX SIÈCLES, LA FRANCE EN PARTICULIER, MAIS AUSSI TOUTE L’EUROPE, A PASSÉ SON TEMPS À DÉTRUIRE DES FORÊTS, À CRÉER DE TRÈS GRANDES CLAIRIÈRES POUR S’Y INSTALLER, À ASSÉCHER DES MARAIS ET AUTRES ZONES HUMIDES, SANS DÉCLENCHER LA MOINDRE ÉPIDÉMIE. BIEN SÛR, LA POPULATION ÉTAIT ASSEZ CLAIRSEMÉE ET LES COMMUNICATIONS ÉTAIENT SOMME TOUTE ASSEZ LIMITÉES, MAIS LES COLPORTEURS ET LES PRÊTRES SILLONNAIENT LES « PAYS »,EMPORTANT LES « MIASMES » DE LA VILLE AUX VILLAGES ET LES MALADIES D’ORIGINE ANIMALE DES VILLAGES À LA VILLE. LES ADEPTES DE GAÏA, LA DÉESSE TERRE, NOUS EXPLIQUERONT PEUT-ÊTRE QUE CELLE-CI, D’UNE GRANDE PATIENCE ENVERS LES AGRESSIONS HUMAINES, A MIS LONGTEMPS AVANT DE DÉCIDER DE SE « VENGER »…   LA GRANDE PESTE (OU PESTE NOIRE) DU XIVE SIÈCLE, LA PLUS CÉLÈBRE, A AUSSI ÉTÉ LA PLUS ÉTUDIÉE. ENCORE FAUT-IL SE SOUVENIR QUE SI LA « PREMIÈRE VAGUE », CELLE DE 1348 ET DES ANNÉES SUIVANTES, FUT LA PLUS MEURTRIÈRE, L’ÉPIDÉMIE S’INSTALLA POUR PLUSIEURS SIÈCLES, DISPARAISSANT ET RÉAPPARAISSANT TOUT AUSSI SOUDAINEMENT DE RÉGION EN RÉGION. AU XVIIE SIÈCLE, ELLE TUERA ENCORE QUELQUE 3 MILLIONS DE FRANÇAIS. PLUTÔT QUE D’« APRÈS-ÉPIDÉMIE », IL S’EST PLUTÔT AGI DE « VIVRE AVEC L’ÉPIDÉMIE »         LES PLUS IMPORTANTES CONSÉQUENCES FURENT UNE NOUVELLE FOIS DÉMOGRAPHIQUES : LES HISTORIENS VOIENT LE PLUS SOUVENT LES ÉPIDÉMIES COMME UN FACTEUR BEAUCOUP PLUS ESSENTIEL DANS LA STAGNATION DÉMOGRAPHIQUE QUE LES STRUCTURES FAMILIALES OU L’ÂGE DES MARIAGES. CET EFFONDREMENT DE LA POPULATION AURA DE PROFONDES CONSÉQUENCES ÉCONOMIQUES, SOCIALES ET POLITIQUES. LE MANQUE DE MAIN-D’ŒUVRE, ENTRAÎNANT LA FIN DU SERVAGE, VIENDRA ACHEVER UN SYSTÈME FÉODAL DÉJÀ BIEN MAL EN POINT. CAMPAGNES DÉSERTÉES, CHAMPS LAISSÉS À L’ABANDON, LE MONDE RURAL, C’EST-À-DIRE CELUI DE L’IMMENSE MAJORITÉ DE LA POPULATION, S’EN TROUVA TOTALEMENT BOULEVERSÉ. L’EFFONDREMENT DE LA POPULATION AYANT CONSIDÉRABLEMENT FAIT BAISSER LES BESOINS EN CÉRÉALES, LES SURVIVANTS DURENT SE DIVERSIFIER, EN PARTICULIER DANS L’ÉLEVAGE ET LA PRODUCTION DE LAINE, LAQUELLE ENTRAÎNA UN ESSOR IMPORTANT DU TISSAGE, SECTEUR ESSENTIEL DE L’INDUSTRIALISATION NAISSANTE. DÉSORMAIS INDÉPENDANT, LE PAYSAN COMMENCERA À TROUVER DANS L’ARTISANAT RURAL DE PRÉCIEUX COMPLÉMENTS DE REVENUS. PREMIERS BALBUTIEMENTS D’UN CAPITALISME DE PRODUCTION.   LE DÉLABREMENT URBAIN SERA TOUT AUSSI SÉVÈRE. EXEMPLE PARMI TANT D’AUTRES, LE TÉMOIGNAGE DE BOCCACE, L’AUTEUR DU DÉCAMÉRON, SUR LA PESTE À FLORENCE : IL NOUS DÉCRIT UNE DISPARITION COMPLÈTE DE TOUTE AUTORITÉ, UNE VILLE LIVRÉE AUX PILLARDS ET OÙ LES HABITANTS S’ORGANISENT COMME ILS LE PEUVENT POUR GÉRER LES CADAVRES QUI ENVAHISSENT LES RUES.   DE PLUS, MÊME SI LES ÉPIDÉMIES FIRENT PLUS DE RAVAGES DANS LE PETIT PEUPLE QUE CHEZ LES PUISSANTS, CES DERNIERS FURENT LOIN D’ÊTRE ÉPARGNÉS. UN SEUL ROI EN FUT VICTIME, CELUI DE CASTILLE, MAIS BIEN DES FAMILLES ROYALES FURENT DÉCIMÉES. UNE ÉPIDÉMIE DE VARIOLE EMPORTA PAR EXEMPLE PLUSIEURS DES HÉRITIERS SUCCESSIFS DE LOUIS XIV. DANS DE NOMBREUSES CITÉS-ÉTATS, BEAUCOUP DE NOTABLES DISPARURENT SOIT DANS LA FUITE, SOIT DANS LA MORT, ET CELA FAVORISA LE RENOUVELLEMENT DES ÉLITES.     ENFIN, IL SEMBLE BIEN QUE LES MESURES MISES EN PLACE POUR TENTER D’ENDIGUER LES FLÉAUX AIENT JOUÉ UN RÔLE NON NÉGLIGEABLE DANS L’IMMIXTION DES ÉTATS DANS LA VIE QUOTIDIENNE ET PRIVÉ DES POPULATIONS. DÈS LE XIVE SIÈCLE, L’ITALIE EST À LA POINTE DES INNOVATIONS SANITAIRES, TANDIS QUE LES PAYS DU NORD DE L’EUROPE ACCUSAIENT UN RETARD CERTAIN. L’ANNÉE MÊME DE L’ARRIVÉE DE LA PESTE NOIRE, TROIS FONCTIONNAIRES SONT CHARGÉS DE LA SURVEILLANCE SANITAIRE DE LA VILLE DE VENISE. QUELQUES ANNÉES PLUS TÔT, LA CITÉ AVAIT DÉJÀ OUVERT UN PREMIER LAZARET (ÉTABLISSEMENT POUR LES MISES EN QUARANTAINE). TRÈS VITE, DE NOMBREUSES VILLES ET ÉTATS SE DOTENT D’UN « SECRÉTARIAT À LA SANTÉ » ET DE VASTES HÔPITAUX QUI POUVAIENT, COMME À MILAN, ACCUEILLIR JUSQU’À 16 000 MALADES. EN FRANCE, IL FAUDRA ATTENDRE LE XVIIIE SIÈCLE POUR COMMENCER À ENVISAGER L’ÉTABLISSEMENT D’UN VÉRITABLE BILAN SANITAIRE DU PAYS, SOUS L’IMPULSION D’UN CERTAIN PIERRE CHIRAC, MÉDECIN DE LOUIS XV.   LES PHILOSOPHES MICHEL FOUCAULT ET GILLES DELEUZE DÉNONCERONT CETTE MONTÉE DU « CONTRÔLE SOCIAL » CETTE « BIOPOLITIQUE » ENTRE AUTRES EN RÉPONSE AUX ÉPIDÉMIES. MAIS LEUR « DÉVOILEMENT » AURA AUSSI SON ANGLE MORT : L’EFFICACITÉ DE CETTE POLITIQUE, QUI EXPLIQUE EN GRANDE PARTIE LE DÉCLIN DE CES FLÉAUX ENDÉMIQUES, COMME LE MONTRENT AMPLEMENT LES TRAVAUX DE JEAN-NOËL BIRABEN, MÉDECIN, SPÉCIALISTE DE L’HISTOIRE DES ÉPIDÉMIES. AVANT MÊME LE TRIOMPHE DE L’HYGIÉNISME AU XIXE SIÈCLE, LA LUTTE CONTRE LES ÉPIDÉMIES TIENDRA UNE PLACE ESSENTIELLE DANS L’ÉMERGENCE D’UNE POLITIQUE SANITAIRE. IL Y A TOUT LIEU DE S’EN FÉLICITER.                                           IL Y A UN SIÈCLE, LA GRIPPE DITE « ESPAGNOLE », PROLONGEANT LA GRANDE BOUCHERIE DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE, AURA AUSSI « UN EFFET STRUCTURANT SUR L’HISTOIRE DE LA SANTÉ » DÉBOUCHANT SUR LA DÉCOUVERTE DE NOUVEAUX VACCINS, RAPPELLE FREDDY VINET, GÉOGRAPHE SPÉCIALISÉ EN ÉPIDÉMIOLOGIE.    LE COMMERCE ÉTANT TRÈS ACTIF TANT EN MÉDITERRANÉE QUE VERS L’ASIE ET L’AFRIQUE NOIRE, LES PAYS DU SUD, QU’ILS SOIENT CHRÉTIENS OU MUSULMANS, AURONT ÉTÉ FRAPPÉS BEAUCOUP PLUS SÉVÈREMENT QUE CEUX DU NORD. ILS ONT CONNU UN TEL EFFONDREMENT DÉMOGRAPHIQUE, UNE TELLE DÉSORGANISATION ÉCONOMIQUE, SOCIALE ET POLITIQUE, QU’IL EST PROBABLE QUE LES ÉPIDÉMIES AIENT PARTICIPÉ AU DÉCLIN DE L’EUROPE DU SUD AU PROFIL DE L’EUROPE DU NORD ET À L’AFFAIBLISSEMENT DU MONDE ARABO-MUSULMAN.                                                                                          CEPENDANT, LES HISTORIENS INSISTENT SUR LES CONSÉQUENCES CULTURELLES, SUR LES MENTALITÉS, ET DONC SUR LES COMPORTEMENTS ENGENDRÉS PAR CETTE « GRANDE PEUR » AVEC LAQUELLE IL FALLUT APPRENDRE À VIVRE. L’ÉPIDÉMIE, EXPLIQUE L’HISTORIEN LAURENT-HENRI VIGNAUD, « MET EN DANGER LE LIEN SOCIAL, DÉCLENCHE UNE FORME LARVÉE DE GUERRE CIVILE OÙ CHACUN SE MÉFIE DE SON VOISIN ». LA RECHERCHE D’UN BOUC ÉMISSAIRE, LES MASSACRES ANTISÉMITES ET LE REPLI SUR UNE MACABRE RELIGIOSITÉ ONT PROFONDÉMENT MARQUÉ CES SIÈCLES.         LES ÉPIDÉMIES AURAIENT-ELLES PU PARTICIPER À LA MONTÉE DES ASPIRATIONS DÉMOCRATIQUES ? L’HISTORIEN PIERRE MIQUEL SEMBLE LE PENSER : « LA PESTE NIVELEUSE ACCOUTUME LES HOMMES À L’IDÉE QU’AUCUN POUVOIR NE PEUT LEUR ÊTRE IMPOSÉ », AFFIRME-T-IL DANS SON OUVRAGE CONSACRÉ AUX GRANDES ÉPIDÉMIES (MILLE ANS DE MALHEUR. LES GRANDES ÉPIDÉMIES DU MILLÉNAIRE LAFON, 1999). ET DE CITER « LA PREMIÈRE ÉMEUTE OUVRIÈRE DU MONDE OCCIDENTAL », CELLE DES CÉLÈBRES CIOMPI CES CARDEURS ET TISSERANDS DE FLORENCE EN JUILLET 1378. LA PISTE MÉRITERAIT D’ÊTRE EXPLORÉE…  DANS LEUR ÉTUDE SUR LA PESTE NOIRE, DEUX HISTORIENS BRITANNIQUES TENTENT DE RÉSUMER LES CONSÉQUENCES DES GRANDES ÉPIDÉMIES DANS LES MENTALITÉS OCCIDENTALES. ELLES ONT SELON EUX « CONSTRUIT UNE OPPOSITION BINAIRE POLLUTION/PURETÉ » ET NOUS ONT LÉGUÉ « L’ANGOISSE DE LA MALADIE, LA PEUR DE LA POLLUTION, DE L’ÉTRANGER, DE LA DIVERSITÉ, LA MÉFIANCE ENVERS LES MÉDECINS, LES SCIENTIFIQUES ET LES POLITIQUES ».    ET CE LEGS N’EST PROBABLEMENT PAS L’APANAGE DE L’OCCIDENT…     ENFIN, UNE DES CONSTANTES DRAMATIQUES DES APRÈS-ÉPIDÉMIES SEMBLE BIEN ÊTRE L’AMNÉSIE COLLECTIVE. OR, COMME NOUS LE RAPPELAIT FREDDY VINET IL Y A À PEINE DEUX ANS, « RIEN N’EST JAMAIS ACQUIS EN MATIÈRE DE LUTTE ANTI-INFECTIEUSE. LA CULTURE ÉPIDÉMIOLOGIQUE DEMEURE ESSENTIELLE FACE À L’ÉMERGENCE INÉVITABLE DE NOUVEAUX PATHOGÈNES »...._________

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Vers une "orbanisation" de l'Europe?

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

Un symptôme et un signal
                                                Le nouveau succès électoral du maître de Budapest n'est nullement affecté par les rodomontades de Bruxelles, qui fait la morale à l'enfant terrible, tout en continuant à subventionner comme jamais une économie qui se porte mieux..

    Derrière les menaces, l'Eurogroupe montre sa faiblesse structurelle, tout comme à l'égard de la ligne polonaise du moment. D'autant plus que Victor joue habilement un double jeu: plutôt sage à Bruxelles, il se déchaîne contre elle à Budapest, jusqu'à la caricature, directement ou par le biais des médias devenus les fidèles serviteurs de sa cause.
     Même si une certaine inquiétude est apparente dans la capitale, le reste du pays est acquis aux thèses de Victor, qui sait jouer habilement sur les peurs." Le Fidesz est accusé d'avoir muselé depuis 2010 de nombreuses institutions et contre-pouvoirs du pays, comme les médias et la justice, mais aussi l'économie et la culture. Le tout légalement, grâce à sa super-majorité au Parlement et sans s'émouvoir des critiques de la Commission européenne et de nombreux observatoires internationaux.
      Même si les dérives hongroises  ne datent pas d'aujourd'hui, se trouve ainsi confortée une certaine radicalisation des droites européennes.
      ...Aujourd’hui, les alliés de Viktor Orbán ne se limitent pas à cette Mitteleuropa perdue dans le multiculturalisme européen. Ils se trouvent aussi dans l’ancienne Europe des Quinze et dans les derniers succès électoraux engrangés çà et là ces derniers mois : entrée de l’AfD au Bundestag en septembre, formation d’une coalition gouvernementale par une droite anti-migrants avec l’extrême droite du FPÖ en Autriche en décembre, campagne électorale dominée par la thématique migratoire en Italie et score historique pour la Lega (extrême droite) en mars
     Dernièrement, c’est même une partie de la droite allemande qui a pris un virage anti-migrants. Le tout nouveau ministre de l’intérieur et chef de la CSU, Horst Seehofer, a marqué le coup dès son entrée en fonction, le mois dernier, en assurant que l’islam n’appartenait pas à l’Allemagne. Quant à la droite française, son orientation, depuis que Laurent Wauquiez a pris la présidence des Républicains, ne laisse pas trop planer de doutes : elle serait clairement islamophobe.    
    Plus que la critique des institutions européennes, c’est ce positionnement identitaire qui rassemble aujourd’hui une partie grandissante des droites européennes... Et qui se trouve légitimité par la reconduction, pour un troisième mandat consécutif, d’un chef de gouvernement en exercice. Une convergence inquiétante, à un an des élections européennes....
     L impuissante de l'Europe face à Viktor Orban est manifeste, victime d'une volonté d'élargissement inconsidéré qui la paralyse. Plus Orban bombe le torse, plus Bruxelles semble impuissant. Que faire face à l’enfant terrible de l’Europe ? Comment faire rentrer dans le rang ce cancre qui a l'insolence de mordre dans l'Etat de droit en lui riant au nez ? La Commission européenne a beau taper du poing sur la table, cela fait déjà huit ans qu'elle se casse les dents sur le cas Orban…

     Dans le pays orange, où la corruption ne va pas se réduire, l'opportuniste de nouveau aux commandes pour quatre ans de plus, ne va pas se gêner pour conforter son pouvoir en utilisant à son profit les faiblesses de l’Union européenne 
       Quatremer n'avait pas tout à fait tort.
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Avenir de nos forêts

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 La forêt, une marchandise comme une autre?

              La France peut se vanter de posséder un domaine forestier parmi les plus importants et les plus variés d'Europe, dont la gestion ne peut être laissée au hasard, aux bons vouloirs des autorités locales et surtout des particuliers, voire des lobbies commerciaux, mais elle suppose surveillance, contrôle, gestion dans le temps avec une vision d'avenir, pour une pérennité garantie dans la diversité des adaptations au cours du temps. 

 

         Les arbres se développent  au-delà de nos courtes vies, de nos projections limitées et on en connaît mieux l'importance d'un point de vue écologique. Ils ne sont donc pas seulement des éléments "bons à abattre" pour le chauffage ou les scieries, ils nécessitent surveillance, soins, intelligence et souci d'avenir. Les ventes de bois sont nécessaires, de manière raisonnable, souvent dans l'intérêt même de la forêt elle-même.                                                                                                                                      ______ Mais, depuis un certain nombre d'années, le monde des forestiers vit assez mal les différentes réformes qui affectent leur activité et qui se profilent à l'horizon. Certaines les touchent particulièrement, dans la tendance constatée un peu partout, sous la pression libérale, notamment celle consistant à privatiser leur fonction et à réduire drastiquement leur nombre, dans la perspective d'une gestion à court terme et au nom de la rentabilité, qui ne serait pas au rendez-vous.              ___Un grand nombre de forestiers sont en plein désarroi et le font savoir, malgré leur petit  nombre. Les nouvelles tendances gestionnaires, comme la spécificité de leur statut particulier, les mènent à se manifester, à sortir de leur silence traditionnel. Ils dénoncent purement et simplement un démentèlement de l'ONF ainsi que certaines dérives mercantiles, qui ne sont pas propres à leur secteur d'activité.   IL s'agit de la forêt publique, qu'ils estiment en danger, toutes associations réunies. Ils remettent en question une tendance lourde ou insidieuse:               ___ "....En proposant de généraliser les possibilités de recrutement d’agents contractuels de droit privé, cet article acte une dérive qui s’est installée depuis plusieurs années au sein de l’Office : le remplacement de fonctionnaires assermentés par des salariés de droit privé. Depuis trois ans, les concours de recrutement de techniciens forestiers fonctionnaires sont bloqués et les postes de gardes forestiers sont affectés massivement à des contractuels. La conséquence de cette politique est un affaiblissement de la protection des forêts. Au quotidien, les agents forestiers sont soumis à de nombreuses pressions pour couper davantage de bois, fermer les yeux sur des dégâts causés par l’exploitation forestière, sur des dérives liées à la pratique de la chasse ou encore sur des décharges sauvages en forêt. Le fait d’être assermenté leur permet de résister à ces pressions et donc de protéger au mieux la forêt et l’intérêt général. Pourtant, le projet du gouvernement est de confier à des salariés de droit privé l’ensemble des missions actuellement exercées par des fonctionnaires, ce qui inclut, par exemple, la recherche et la constatation des infractions pénales en matière forestière. Une incongruité relevée par le Conseil d’État et corrigée par le Sénat qui a amendé le texte pour préciser que seuls les agents assermentés sont habilités à rechercher et à constater ce type d’infractions. Les amendements apportés par le Sénat ne règlent qu’en apparence le problème car, depuis 30 ans, le nombre de gardes forestiers assermentés est passé de 9000 à 3000 sur l’ensemble des forêts publiques soit 10% du territoire. L’application en l’état de l’article 33 de la loi ASAP permettrait d’en réduire encore fortement le nombre au détriment de la protection des écosystèmes forestiers. Travaillant le plus souvent seuls et avec des surfaces de forêts à gérer toujours plus grandes, les agents assermentés ne sont déjà plus en capacité de remplir les missions de protection qui leur sont confiées par la loi. Alors que les réformes de l’ONF se succèdent depuis 15 ans, ils dénoncent une perte de sens de leur métier. Les liens de confiance qui s’étaient tissés entre l’ONF, les élus et les citoyens s’étiolent peu à peu. Tout ceci a des conséquences dramatiques : depuis 2005, on recense plus de 50 suicides à l’ONF, un taux plus fort qu’à France Télécom (devenu Orange) rapporté à l’effectif...."__

 

            Les risques de surexploitation ne sont pas un fantasme. Les dégradations sont là, les pressions sont fortes. Le climat est délétère. Nos forêts nous survivront certes, mais dans quel état? Même  si, comme on le dit, la nature reprend ses droits. Les confrontations sont vives entre les purs "marchands" et les partisans d'une saine gestion à long terme d'un patrimoine inestimable...pas seulement financièrement.   Il reste encore trouver un équilibre entre un colbertisme revu et adapté et le nouvel esprit gestionnaire...._______

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