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Ils sont fous, ces Gaulois!

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

Les Gaulois sont dans la peine... ♫♪             (sur un air bien connu)
                                     Pauvres Gaulois que nous sommes!
             Toujours à recevoir des coups, même de la part d'un Gaulois comme un autre.
      Si César admirait le courage des "Gaulois", comme il disait, son compatriote Macro ne fut pas de ce bois-là.
    Décidément, l'histoire et les chefs d'Etat ne vont pas ensemble.           Rappelons-nous de Sarkozy qui prenait quelques libertés avec notre histoire nationale pour en faire une histoire bling-bling, mieux l'instrumentaliser et galvaniser "son" peuple.
    Voilà notre Président, à l'étranger s'il vous plaît, qui décoche courageusement quelques flèches à notre pauvre peuple à forte tête. Comme s'il n'était pas l'un des leurs!...
     Il est vrai que nous avons souvent résisté aux pouvoirs en place, jusqu'à aller trucider un roi, à renvoyer de Gaulle à La Boiserie, à ne plus faire confiance à Hollande.
   Peuple ingouvernable? Oui sans doute, dans une certaine mesure...Encore heureux bien souvent!
     Mais l'essentiel n'est pas là.
         Dans son élan, le Président, reprenant un vieux mythe national, fait semblant de croire que les Gaulois auraient existé comme peuple.
    Non, les Gaulois n'ont jamais existé, si l'on sort du roman national conforté par Michelet et Lavisse, à l'époque où il fallait faire front à l'ennemi d'Outre-Rhin.
    Il y a des mythes qui ont la peau dure, traces de l'enseignement d'antan, mais peu à la hauteur d'une érudit déclaré comme Emmanuel.
     Il serait encore difficile de l'évoquer, même à titre déclaré ironique  pour une succès populaire facile et une critique à distance.
    On a les références que l'on peut.

  Astérix n'a rien arrangé et Macron n'est pas une assurance tout risque, malgré le génie qu'il veut incarner. Par Toutatis, revenons à plus de sérieux!
    La Gaule est une invention des Romains, ça commence à se savoir.
     Le récit "gaulois" est relativement récent.
           Qu'on se le dise, jusqu'aux confins du Danemark...
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Comme dans un république bananière?

Publié le par Jean-Etienne ZEN

     Ebranlement au coeur (notes à chaud)

      Comment trouver encore les mots justes pour qualifier le tremblement de terre de Washington, l'agression du Capitole, événement redouté mais stupéfiant. Un événement entretenu par un Président irresponsable jusqu'au bout. Ses "gars" sont venus de partout, pour contester la chute de leur idole.       Une "farce tragique" pour reprendre un titre de presse, dont les conséquences politiques seront marquantes. Sans doute pour longtemps.     

 

          Une triste fin de barnum, où se côtoient le grotesque et le tragique, qui s'est terminé par un Go home tardif etpitoyable.. Une sédition bouffonne, qui frappe au coeur des institutions du pays, des institution malades, dont la réforme s'impose urgemment, comme le système électoral. Il n'y a pas de précédent d'une telle sédition. "...Selon les historiens, la dernière attaque contre le Capitole remonte à 1814, quand les soldats britanniques, qui avaient envahi Washington lors de la guerre de 1812, l’ont incendié. Ce 6 janvier 2021, il n’y a point eu d’incendie, mais quatre morts – une femme touchée par balle au torse dans l’enceinte du Capitole et une femme et deux hommes aux alentours. Au total, 52 personnes ont été arrêtées dans la capitale, a annoncé mercredi soir la police de Washington. De nombreux blessés et des images qui en disent long sur l’état des États-Unis en 2021, celles de parlementaires terrifiés allongés sur le sol avant d’être évacués par la police, des agresseurs qui se baladent avec le drapeau confédéré, symbole de la sanglante guerre civile de 1861, dans les couloirs du pouvoir…"                                                                                                                                                    En dehors de l'événementiel, une fois encore, se pose la question de la démocratie aux USA, ou plutôt d'une ploutocratie divisée, qui risque d'en rester une fois de plus à la stupéfaction, à la moralisation sans fin. Rien ne se perd, rien ne crée: l'élection de Trump ne tient pas de l'accident, sa fin bouffonne pouvait être anticipée. Ses soutiens resteront , tant que dureront les maux d'une Amérique de plus en plus inégalitaire et ses germes de violence. Les protestations morales se heurteront toujours à un réel dénié.      Que l'équipe de Biden s'en souvienne....

 

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Quel avenir mexicain?

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

     Avec Obrador aux commandes       [Notes et hypothèses]
                                     Quelles seront ses marges de manoeuvre, dans ce pays en partie en déshérence, où la violence, la loi des cartels et la corruption dominant le quotidien de nombreux Mexicains?
   On peut se prêter à espérer, sur la base de l'exaspération populaire.

-A télécharger-

     Si des espoirs sont permis, il faudra du temps, du courage et de la ténacité pour remettre en fonctionnement des institutions qui ont failli depius longtemps.
     Les cartels notamment défendront le pouvoir qui leur fut laissé sous la pression de la terreur, de la complicité et des intérêts financiers internes et externes.
        Le Mexique peut sortir des ornières où la droite l'a mis depuis des décennies.

             La moitié des Mexicains et le tiers des entreprises du pays déclarent verser des pots-de vin aux fonctionnaires. Selon la Banque mondiale, l’activité économique liée à la corruption aurait représenté 9 % du PIB en 2015 ! Le pays est malade du narcotrafic, comme l’illustre le taux record d’homicides en 2017 (25 339 homicides). Des meurtres en hausse de 58 % depuis l’arrivée au pouvoir de Peña Nieto en 2012, selon le site d’information indépendant Animal politico. L’élection de l’actuel président avait alors été facilitée par les lobbies pétroliers et Televisa, le n°1 des médias au Mexique, au détriment déjà de Lopez Obrador.     La violence n’a pas non plus épargné la campagne électorale. Depuis septembre 2017, au moins 116 personnalités politiques ont été assassinées. et 400 agressées, toutes tendances politiques confondues, à un rythme qui ne cesse d’augmenter à mesure que le scrutin s’approche.
         Les relations, déjà compliquées avec le voisin du Nord, vont devoir changer, pour sortir de la dépendance établie et, actuellement, avec les provocations de Trump
« Depuis quarante ans, avec des hauts et des bas, les présidents américains avaient toujours souligné l'importance du partenariat avec le Mexique, explique Andrew Selee, directeur du Migration Policy Institute de Washington et auteur de Vanishing Frontiers, un livre qui vient de paraître aux États-Unis et raconte comment les deux pays, au-delà des anathèmes, sont en réalité toujours plus interconnectés....
    Malgré les dépendances largement unilatérales.
       « Mais avec Trump, dit-il, c'est la première fois qu'une administration reprend à son compte de tels propos sur les Mexicains...L'époque de l'immigration de masse des Mexicains est terminée, les études montrent par ailleurs que les immigrés commettent moins de crimes que les Américains, mais rien n'y fait : pour une partie du pays, le Mexique symbolise toutes les peurs, poursuit Selee. Donald Trump et ses soutiens n'en parlent pas de façon rationnelle. Pour eux, ce n'est pas un vrai pays, pas vraiment un voisin : c'est une métaphore des maux de la société, le miroir de leur interrogation sur la place des États-Unis dans le monde. ».....Lopez obrador a le projet de défendre les intérêts du Mexique. Ce discours « mexicaniste », qui remet en cause le suivisme des administrations précédentes vis-à-vis du voisin américain, est une des raisons majeures de sa popularité, dans un pays gangréné par les inégalités sociales, la corruption et une sanglante décennie de guerre aux cartels.
    Cette « guerre contre la drogue », menée depuis 2006 et soutenue militairement par les États-Unis, n'a guère eu de résultats probants. Si ce n'est une spirale de règlements de comptes et un atroce bain de sang : 240 000 morts – dont la moitié sous le seul mandat du président sortant Enrique Peña Nieto –, 340 000 déplacés et de très nombreux disparus.
     Depuis dix ans, le Pentagone américain fait ce qu'il veut au Mexique, poursuit Laura Carlsen. La guerre contre la drogue et la gestion de la frontière sont devenues les sujets principaux de la relation entre les deux pays. Pour beaucoup de Mexicains, c'est la preuve que leurs gouvernements successifs ont bradé l'intérêt national. » López Obrador n'a pas promis la fin de la guerre contre la drogue mais il est favorable, dit la chercheuse, « à un nouveau paradigme ». À part une amnistie pour les petits producteurs de drogue, ses projets en la matière restent toutefois peu précis.
  Quant à l'immigration, « Obrador est sceptique sur le rôle de tampon migratoire que son pays joue pour les États-Unis », juge Andrew Selee, le directeur du Migration Policy Institute. « Le Mexique expulse aujourd'hui plus de ressortissants de pays d'Amérique centrale que les États-Unis. Va-t-il pour autant changer de politique ? Pas sûr, à moins que les politiques de Trump vis-à-vis des migrants ne placent ce sujet au cœur de l'agenda médiatique au Mexique. »
   Une guerre qui est aussi économique.
      On attendait le changement... Le narcoétat va-t-il enfin changer de nature, en restaurant l'Etat de droit?
          Est-ce cette fois-ci l'occasion d'un tournant  radical?
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Vaccion-hésitations

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Des hésitations légitimes? 

                             Dans toute période d'innovation qui touche au plus près à notre santé, surtout dans les moments où elle semble menacée pas des périls inhabituels, quand la médecine innove pour essayer de les éradiquer, parfois de manière tâtonnante, il y a une montée des questionnements et des hésitations sur le bien fondé des nouveaux traitement envisagés, sur leur capacité thérapeutique et sur les risques encourus par leur application.    Du côté du corps médical averti, comme du grand public peu ou pas du tout informé. On connaît les résistances que Pasteur a dû affronter et qu'il a su vaincre finalement, à l'aube de la pratique de la vaccination.  Après ce travail de pionnier, il en a eu d'autres, dans diverses circonstances, souvent infondées, reposant sur des préjugés et des ignorances tenaces, parfois fondées, du moins en partie, venant même du corps médical s'interrogeant sur certaines mauvaises pratiques pharmaceutiques ou politiques éventuelles. Le doute légitime, informé, méthodique, a toute sa place dans la recherche en matière de pratique vaccinale notamment, loin des adhésions aveugles ou des rejets conspirationnistes de tous poils.. Il peut y avoir un pari rationnel à pratiquer une vaccination de masse, quand la recherche et l'expérimentation ont été jugées suffisamment poussées par un collège d'experts et surtout quand l'urgence sanitaire s'impose. Si la prudence est de rigueur, si le débat doit se poursuivre, les décisions s'imposent.         __On peut refaire une histoire des doutes qui ont jalonné une histoire parfois compliquée.

 

                      Point de vue: ..." La France a retrouvé un fragile contrôle de l’épidémie, déjà menacé par le variant anglais plus virulent. Et plus que tout autre pays, elle entre dans la campagne de vaccination dans l’hésitation. « Les politiques sont dans leurs petits souliers », dit l’historienne et philosophe des sciences Annick Opinel, chercheuse à l’Institut Pasteur et membre du comité technique des vaccinations à la Haute Autorité de santé, dont les recommandations guident les priorités de la campagne vaccinale. « Le principe de précaution peut aller dans un sens, ou un autre : faut-il vacciner vite, ou prendre son temps ? Il n’y a pas de réponse précise, il faut une bonne dose d’humilité, c’est impossible d’être sûr de soi. » C’est ce qu’elle déclarait mi-décembre. Depuis, de nombreuses questions sont levées sur les risques du nouveau vaccin ARNm de BioNTech/Pfizer, et la polémique monte sur la lenteur de la vaccination en France : au 1er janvier, seules 332 personnes étaient vaccinées, contre 168 000 en Allemagne, 2,79 millions aux États-Unis, 1 million en Grande-Bretagne et en Israël.   Mais ces derniers jours, le principe de précaution semble basculer de la prudence devant un nouveau vaccin vers l’urgence de vacciner au plus vite pour protéger les plus fragiles et, à moyen terme, arrêter l’épidémie.  Le ministre de la santé Olivier Véran, qui assumait de prendre son temps au journal de France 2 le 30 décembre, a changé de pied : il a annoncé le 31 décembre que la campagne allait « prendre de l’ampleur » : dès lundi, la vaccination sera lancée pour les professionnels de santé de plus de cinquante ans ; début février seront ouverts pour les plus de 75 ans des « centres de vaccination ».      Cela n’a rien d’évident de s’inoculer un virus inactivé, ou désormais une molécule d’ARN contenant un code génétique, pour se protéger d’une maladie. Les vaccins ont toujours suscité des résistances, dès leur apparition à la fin du XIXsiècle : « C’était le cas dans la plupart des pays, explique le psychosociologue Jocelyn Raude. En Grande-Bretagne, aux États-Unis ou au Brésil, on a vu se former des brigades anti-vaccination, il y a eu des manifestations, des émeutes à Rio de Janeiro. »   Mais en France au contraire, il y a eu, pendant un siècle, « un consensus politique et culturel très fort dans l’opinion, qui a duré près d’un siècle », poursuit-il. « La vaccination moderne et la figure de Pasteur étaient des sources de fierté nationale. Les vaccins pouvaient même être considérés un instrument de soft power pour la France. »       Dans le monde, l’efficacité des vaccins a très vite emporté l’adhésion de la population : « La vaccination a fait disparaître la poliomyélite en quelques mois, c’était spectaculaire. Cette maladie infectieuse laissait handicapées de nombreuses personnes, qui étaient visibles dans la société. L’effet sur la rougeole a aussi été très net. Mais les personnes qui ont vu les conséquences de ces grandes maladies infectieuses ont aujourd’hui plus de 70 ans. Cette mémoire est en train de disparaître. »     Depuis la fin du XXe siècle, les controverses autour des vaccins se multiplient. En France, explique Jocelyn Raude, « elles apparaissent autour des vaccins au cours de la campagne vaccinale contre l’hépatite B ».  À partir de 1994, sous l’impulsion du ministre de la santé Philippe Douste-Blazy, la France se lance dans une vaste campagne de vaccination contre ce virus, à l’origine de cirrhoses et de maladies du foie. Elle suit les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui, en 1992, recommande la vaccination universelle contre l’hépatite B, en privilégiant les nourrissons et les adolescents.    Si le virus est très présent dans les pays en développement, il l’est beaucoup moins dans les pays riches, la prévalence du virus y est inférieure à 2 %. Pourtant, les autorités françaises ont tenu « des discours alarmistes et mensongers sur la gravité de l’hépatite B en France », se souvient le professeur de pharmacologie bordelais Bernard Bégaud. « Bien sûr, ce virus est à l’origine d’infections hépatiques graves, parfois mortelles. Mais on a entendu que l’hépatite B se transmettait par la salive, que ce virus faisait plus de morts en un jour que le Sida en une année. Tout cela était faux. La campagne de communication a été démesurée, financée par les laboratoires. On a même fait appel à des animateurs de Fun Radio qui ont fait le tour de France en camion pour sensibiliser les jeunes. »  Bernard Bégaud dirigeait alors la pharmacovigilance au sein de l’Agence du médicament et a vu remonter « 640 signalements de sclérose en plaques. Au départ, on ne comprenait pas pourquoi : la campagne ne devait viser, suivant les recommandations de l’OMS, que les enfants et les adolescents. Or la sclérose en plaques se déclare chez les jeunes adultes. Je me suis battu à l’époque pour obtenir le nombre de personnes vaccinées : 33 millions de personnes, dont 10 millions d’enfants et 23 millions d’adultes ont été vaccinés ! La campagne vaccinale a raté sa cible, aucun pays au monde n’a vacciné autant d’adultes contre l’hépatite B !  C’est à cette époque que les médecins, les professionnels de santé ont commencé à douter ».   La France est le seul pays à avoir eu autant de signaux de pharmacovigilance inquiétants, de même qu’une controverse sur cette vaccination. Les autres pays se sont eux contentés de vacciner les enfants, avec beaucoup plus d’efficacité. Alors que la France visait un taux de 80 % d’enfants et d’adolescents vaccinés, seuls 30 % l’ont été à l’issue de la campagne.     Le pharmacologue reste, aujourd’hui encore, « troublé par cette histoire ». Il conserve, à rebours de la communauté scientifique, « un doute sur l’imputabilité de ces scléroses en plaques au vaccin contre l’hépatite B. C’était peut-être une coïncidence, les scléroses en plaques se révèlent souvent à l’occasion d’un stimulus immunitaire : un simple virus, mais aussi un vaccin. Mais il y a eu des cas troublants, où les poussées de la maladie survenaient juste après les injections. Les cas signalés à l’époque n’étaient pas plus nombreux que ceux attendus, mais tous les malades ne se sont sans doute pas signalés. Les études statistiques ne permettent pas de trancher, dans un sens ou dans l’autre. Une vaste étude épidémiologique aurait dû être conduite, pour lever le doute ».      La controverse est si vive que Bernard Kouchner, qui a succédé en 1997 à Philippe Douste-Blazy comme secrétaire d’État à la santé, décide d’interrompre la vaccination en milieu scolaire. Cette décision, ainsi que l’absence d’études approfondies de pharmacovigilance, a alors ancré le doute dans l’esprit des Français, y compris des professionnels de santé.     L’historienne et philosophe des sciences Annick Opinel a travaillé sur les archives du cabinet de Bernard Kouchner : « L’exécutif craint alors un scandale de santé publique. Bernard Kouchner a préféré mettre le holà. La responsabilité de vacciner contre l’hépatite B s’est retrouvée entre les mains des médecins généralistes. Cela a nourri des inquiétudes légitimes de parents, de la suspicion. C’est une forme d’abandon de la santé publique », regrette-t-elle.    Mais le doute ne gagne pas tout de suite l’opinion publique : « La première grande étude nationale sur la confiance dans les vaccins en France est lancée en 2000. Jusqu’en 2005, 90 % de la population française est encore très favorable au vaccin. Les doutes autour du vaccin de l’hépatite B n’ont pas encore gagné les autres vaccinations. Le basculement intervient avec la gestion de la grippe A/H1N1 », estime le sociologue Jocelyn Raude.         Une alerte pandémique mondiale a été lancée par l’OMS après l’apparition, au printemps 2009, au Mexique, d’une grippe jugée alors sévère, et qui frappait un plus grand nombre de jeunes. Finalement, pendant l’hiver 2009-2010, cette grippe s’est révélée peu virulente, autant qu’une grippe habituelle.    Mais une campagne de vaccination d’ampleur mondiale a été lancée et a presque partout échoué.  La France a acheté 94 millions de doses de vaccins, pour vacciner 75 % de sa population avec deux doses. Finalement, la commande de plus de 50 millions de doses a été résiliée, car seuls 5,36 millions de Français se sont fait vacciner, 563 000 personnes seulement ont reçu les deux doses du vaccin.   « Il y a eu plusieurs niveaux de critiques à la suite de cette campagne vaccinale, analyse le psychosociologue Jocelyn Raude. Il y a d’abord une critique économique, sur le nombre de vaccins achetés, qui est tout de suite suivie par la critique sur les liens d’intérêts de plusieurs experts. Ce n’était pas une question nouvelle, mais elle n’avait pas émergé dans le débat public. 2009, c’est aussi le moment de l’explosion des réseaux sociaux, dont se saisissent les milieux conspirationnistes. La vaccination devient le cœur de leur récit, qui est déjà construit autour de la figure de Bill Gates. À l’époque, il est accusé de vouloir contrôler la population grâce à des nanoparticules dans les vaccins. On voit aussi émerger des figures vaccino-sceptiques issues du monde médical – les professeurs Luc Montagnier et Henri Joyeux – qui portent les questions autour des adjuvants dans les vaccins, en particulier les sels d’aluminium. Ces discours sont relayés par les grands médias, Henri Joyeux est invité au journal télévisé de grandes chaînes nationales. »    Très vite, la confiance dans le vaccin s’érode : « Au cours de cette période, on voit grimper le nombre de réticents à la vaccination de 10 à 40 %, poursuit le psychosociologue. Parmi eux, il n’y a pas que des complotistes ou des anti-vaccins, mais aussi des personnes inquiètes qui se posent des questions. Le scandale du Mediator, qui met au jour en 2010 les pratiques du laboratoire Servier, ferme cette séquence et installe l’idée que la vaccination est dangereuse. On voit le taux de vaccination contre la grippe s’effondrer de 66 % à 50 % parmi les personnes âgées. »     Au niveau politique, la vive polémique s’est soldée par des conclusions plutôt sages des deux commissions d’enquête parlementaire : elles ont estimé que le risque était difficile à cerner, et ont plutôt mis en cause les conflits d’intérêts au sein de l’OMS. La principale critique des sénateurs a porté sur les conditions commerciales des contrats passés avec les laboratoires. Roselyne Bachelot a défendu, bec et ongles, le principe de précaution. Il n’y a pas eu de suites judiciaires.     La gestion de la crise A/H1N1 est un traumatisme en France. À tel point qu’elle a égaré le gouvernement comme les médecins dans la gestion de la crise du coronavirus : celui-ci a été qualifié de « grippette », quand les Chinois confinaient strictement la région du Hubei. L’importance des stocks de masques, inutilisés en 2009, a été perdu de vue. Pour vacciner contre le Covid, le gouvernement a d’abord exclu la création de centres de vaccination : Olivier Véran a même raillé les « vaccinodromes », terme utilisé par les contempteurs des centres de vaccination déployés en 2009-2010. C’était pourtant le seul dispositif possible pour vacciner massivement et de la manière la plus sûre, admettaient députés et sénateurs en 2010 dans leurs rapports.    Une seule chose s’est bien passée pendant la campagne vaccinale contre la grippe A/H1N1 : le système de pharmacovigilance a permis de repérer une cinquantaine de cas de narcolepsie associés d’une manière significative à la vaccination : « Nous n’avions pas anticipé ces cas de narcolepsie, mais on a pu les repérer assez vite, se souvient le pharmacologue Bernard Bégaud. Dès lors que les effets indésirables ne sont pas cachés, que la balance bénéfice/risque reste favorable, il n’y a pas de scandale. Il faut tout dire. »      En 2016, est conduite par le professeur d’immunologie pédiatrique Alain Fischer, l’actuel « monsieur vaccin », une concertation citoyenne sur la vaccination. Elle s’est penchée sur les raisons de la baisse de la couverture vaccinale en France, en particulier des enfants. La concertation a auditionné de nombreux experts sur la question des effets secondaires, en particulier des adjuvants avec des sels d’aluminium qui occupent alors le débat public sur le vaccin. Elle se prononce en faveur de la vaccination, jugeant ses bénéfices certains. Mais elle insiste sur transparence des liens d’intérêts des experts, ainsi que sur la formation des médecins sur les vaccins, sommaire. Cependant, la concertation citoyenne ne se prononce pas sur les choix politiques.   La ministre Agnès Buzyn tranche : à partir du 1er janvier 2018, l’obligation vaccinale des enfants est étendue, ils doivent désormais être vaccinés contre onze maladies au lieu de trois pour pouvoir être admis en crèche ou rentrer à l’école. Cette décision est très efficace : la part des nourrissons vaccinés contre l’hépatite B augmente de 8 points, de 11 points pour le méningocoque.    Et paradoxalement, elle restaure un peu la confiance chez les Français. Selon une étude internationale publiée dans The Lancet sur la confiance dans le vaccin dans 149 pays entre 2015 et 2019, la France est le pays le plus défiant au monde, aux côtés de la Mongolie et du Japon. Mais entre 2015 et 2019, la part des personnes confiantes remonte un peu.      Elle s’annonce comme la plus grande campagne de vaccination jamais conduite dans le monde, et elle débute avec un vaccin faisant appel à une technologie nouvelle, l’ARN messager. Les défis sont nombreux : la négociation des contrats avec les laboratoires, la logistique, qui doit permettre une campagne massive et sûre, la pharmacovigilance.    Le pharmacologue Bernard Bégaud, préside aujourd’hui EPI-PHARE, le groupement public en épidémiologie des produits de santé, qui associe l’assurance-maladie et l’ANSM. Il n’est pas inquiet sur la qualité de la pharmacovigilance à venir : « Le Système national des données de santé est un outil exceptionnel, l’une des plus grandes bases de données de santé au monde. On va pouvoir suivre deux cohortes de patients comparables : l’une vaccinée, l’autre pas, et les comparer. Cela va bien fonctionner », assure-t-il..."  __________

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D'une mondialisation à l'autre

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

Démondialisation en question
                                                 Après la vaste extension des échanges internationaux, par phases successives, entrecoupées de périodes parfois plus isolationnistes, nous serions entrés, nous dit-on, dans une époque de démondialisation, suite aux excès d'une mondialisation exubérante qui suit l'après-guerre et surtout la fin de la guerre froide.
     Une certaine démondialisation serait en cours, après l'expansion des échanges tous azimuts, des produits, des cerveaux comme celle des capitaux, sous l'égide de l'OMC, du FMI et d'autres instances internationales.
  Il semble que nous soyons à un tournant
      La mondialisation heureuse dont parlait Alain Minc serait révolue, du moins sous ses formes les plus optimistes, les plus libérales, où le marché le moins régulé possible serait la loi et les prophètes et un facteur nécessaire de rapprochement des peuples, en créant des interdépendances bénéfiques, ce que Montesquieu évoquait déjà à son époque comme le doux commerce, facteur d'interdépendance, donc de paix.
      Mais vu son ampleur et les déséquilibres qu'elle crée, la globalisation, telle qu'elle s'est développée depuis ces trente dernières années, est devenue une source d' âpres débats, de contradictions,  et aussi une source d'inquiétudes, Les effets attendus officiellement ne sont pas toujours au rendez-vous ou créent des tensions qui incitent à freiner sa logique. Le pouvoir politique perd la main et les souverainetés sont mises à mal, au profit des multinationales qui imposent leurs intérêts, directement ou indirectement.
    Le phénomène n'est pas nouveau et a toute une histoire. Mais les formes nouvelles depuis les années 80, qui ont vu le retour en force d'un libéralisme sans frein, ont changé les données d'une tendance ancienne. L'histoire de la mondialisation  a connu un tournant sans précédent.
                La mondialisation semble avoir atteint ses limites. Les délocalisations rapides et brutales installent des conditions de mutations socio-économiques qui sont sources de tensions et de déplacement des inégalités en même temps que de leur creusement.
   Des économistes "orthodoxes" comme Allais, et plus proches de nous, comme Stiglitz ou même Lenglet ont mis le doigt sur un système qui connaît des dérives visibles ou méconnues. L'idée d'un libéralisme raisonnable, d'une mondialisation contrôlée,  refait son chemin, après les avertissements de Mendès-France au Traité de Rome.
      Certains évoquent même la notion de balkanisation pour décrire  certains effets dissolvants des abandons de souveraineté.
...Le GMT prévoit de soumettre les législations en vigueur des deux côtés de l’Atlantique aux règles du libre-échange, qui correspondent le plus souvent aux préférences des grandes entreprises. Les Etats consentiraient, à travers l’accord, à un abandon considérable de souveraineté : les contrevenants aux préceptes libre-échangistes s’exposent en effet à des sanctions financières pouvant atteindre des dizaines de millions de dollar.    Selon le mandat de l’Union européenne, l’accord doit « fournir le plus haut niveau possible de protection juridique et de garantie pour les investisseurs européens aux Etats-Unis » (et réciproquement). En clair : permettre aux entreprises privées d’attaquer les législations et les réglementations, quand elles considèrent que celles-ci représentent des obstacles à la concurrence, à l’accès aux marchés publics ou à l’investissement.   L’article 4 du mandat précise : « Les obligations de l’accord engageront tous les niveaux de gouvernement. » Autant dire qu’il s’appliquerait non seulement aux Etats, mais également à toutes les collectivités publiques : régions, départements, communes, etc. Une réglementation municipale pourrait être attaquée non plus devant un tribunal administratif français, mais devant un groupe d’arbitrage privé international. Il suffirait pour cela qu’elle soit perçue par un investisseur comme une limitation à son « droit d’investir ce qu’il veut, où il veut, quand il veut, comme il veut et d’en retirer le bénéfice qu’il veut. »  Le traité ne pouvant être amendé qu’avec le consentement unanime des signataires, il s’imposerait indépendamment des alternances politiques.
              Que serait une mondialisation partielle, régulée et raisonnée?
       Le processus de démondialisation, dont on pouvait voir les premiers signes dans le courant des années 2000, s’est radicalement accéléré. Il est probablement devenu irréversible, du moins pour la période historique dans laquelle nous sommes entrés.
       Mais, qu’appelle-t-on « démondialisation » ? Certains confondent ce terme avec une interruption volontaire des flux d’échanges qui courent tout à travers la planète. Ils confondent ainsi un protectionnisme, qui peut être amplement justifié dans la théorie économique et la pratique de l’autarcie. Mais, surtout, ils oublient que les échanges, échanges de bien mais aussi échanges culturels voire échanges financiers, sont bien plus ancien que le phénomène nommé « mondialisation » ou « globalisation ». Car la « mondialisation » pour ne garder que ce seul mot, ne se réduit pas à l’existence de ces flux. Ce qui avait fait émerger le phénomène de la mondialisation était un double mouvement. Il y avait à la fois la combinaison, et l’intrication, des flux de marchandises et des flux financiers ET le développement d’une forme de gouvernement (ou de gouvernance) où l’économique semblait l’emporter sur le politique et les entreprises sur les Etats. Or, sur ce point, nous ne pouvons que constater une reprise en mains par les Etats des flux, un retour victorieux du politique.
     Alors, disons-le, la démondialisation ce sera le grand retour du politique sur le « technique », et le « technique » est ici incarné dans l’économique et le financier. Non que les raisonnements économiques et financiers perdront toute importance. Ils continueront de devoir être pris en compte. Mais, il deviendront désormais second par rapport au politique, qui recouvrera ses droits. L’économique et le financier redeviendront des instruments au service du politique. Et, avec ce retour en force du politique, nous pourrons avoir celui de la démocratie, d’un ordre qui tire sa légitimité non du marché mais du peuple, qui est mis au service des intérêts du peuple, et qui se matérialise dans le pouvoir du peuple. La phrase de Lincoln[1], « Du peuple, pour le peuple, par le peuple » va retrouver tout son sens. La démondialisation, doit donc être comprise comme le retour de la souveraineté, celle des Nations bien sûr que l’on avait analysée dans un ouvrage de 2008[2], mais une souveraineté qui prend la forme en démocratie de la souveraineté du peuple.
               Le protectionnisme et ses différents avatars récents ne peuvent être la solution. Par ses rodomontades, Trump se tire une balle dans le pied.

      En pleine escalade dans la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, après l'annonce de nouveaux droits de douane sur les importations chinoises par le président Trump la semaine dernière, les tensions protectionnistes sont au cœur des préoccupations des chefs d'État et des banques centrales. Le protectionnisme constitue même l'un des « deux grands risques mondiaux », avec l'instabilité financière, identifiés par le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau dans sa "lettre introductive au rapport annuel" de l'institution adressée au président de la République.
    « Le protectionnisme ne fait que des perdants », a déclaré François Villeroy de Galhau ce mercredi 20 juin lors d'une présentation à la presse. « L'augmentation des prix des importations pénalise davantage les ménages défavorisés qui consomment en proportion plus de produits importés. L'incertitude qu'induit [le protectionnisme] pèse sur l'investissement des entreprises et sur les marchés financiers », a-t-il souligné.
                      La voie vers une mondialisation modérée reste à réinventer, à renégocier. 
Pour une mondialisation modérée
 
         En 2003, le très libéral hebdomadaire britannique The Economist écrivait: « Désastres financiers périodiques, crises de la dette, fuites de capitaux, crises de change, faillite de banques, krachs boursiers… c’est assez pour forcer un bon libéral à s’arrêter pour réfléchir ». Le coup de semonce était donné la même année par l’économiste en chef du tout aussi libéral FMI, Kenneth Rogoff, affirmant qu’il n’y avait aucun élément pour « soutenir l’argument théorique selon lequel la mondialisation financière en soi permet d’obtenir des taux de croissance plus élevés. » Le célèbre économiste et Prix Nobel 2008 Paul Krugman en rajoutait une couche en 2007 en se montrant désormais circonspect quant au faible impact jusque-là affirmé de la montée des émergents sur la répartition des revenus des pays riches.
      Dans ce numéro, Alter-éco fait un compte-rendu du dernier livre de Dani Rodrik (The Globalization Paradox. Democracy and the Futur of the World Economy), économiste turc connu pour ses analyses originales de la mondialisation, ni libérales, purement dénonciatrices, comme certains altermondialistes. Dans ce livre, Rodrik pose un dilemme triangulaire (donc un trilemne), à l’image du célèbre triangle d’incompatibilité de Mundell...
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Vidéo-surveillance en question

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 Fuite en avant

                 Après d'autres pays, la France, à vitesse "grand V", se lance dans l'installation galopante de caméras de surveillance, surtout dans l'espace urbain. Dans le cadre d'une législation défaillante, de façon parfois anarchique et à grand frais, aux dépens du contribuable. Certes, ce n'est pas la Chine et son système de reconnaissance faciale partout développé, en fonction d'un projet politique que l'on connaît, mais cette explosion de caméras tous azimuts pose de nombreux problèmes, pas seulement économiques. Même si on parle parfois par euphémisme de vidéo-protection.

 

         C'est ce qui était en débat hier soir sur les antennes de France 5, qui mit assez bien en évidence un certains nombre d'excès et de mythes: la course à la sécurité absolue est un mythe par le recours sans frein à cette technologie, les coûts montent en flèche, et surtout le bénéfice attendu est discutable, jamais vraiment établi de manière claire, soumis à caution et toujours en dehors d'une législation défaillante. Seuls les édiles locales décident, parfois sous la pression d'une opinion qui pensent être ainsi à l'abri de toutes délinquances possibles.     Mais quel type de délinquance? Le vol à la tire bien repérable dans la rue ou celle qui se fait à plus grande échelle et bien plus importante, à l'abri des regards des opérateurs, l'oeil sur les écrans? L'élucidation de problèmes policiers ne serait que de 3% par leur biais.  Une efficacité en question, une législation ou réglementation défaillantes, quand elles existent, une vie privée parfois menacée d'intrusion...Il serait temps de mettre un ordre législatif dans un pratique qui s'emballe, qui fait les affaires de compagnies privées, qui incitent à la vente, sans parler de l'aspect éthique que soulève cette pratique. Des caméras "partout" (rêve orwellien impossible), voilà un fantasme dont il faut se débarrasser.     ___________________

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Information et propagande

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Influencer les esprits

          « La propagande est à la démocratie ce que la violence est à un État totalitaire. »
                                                                                                                                     [Noam Chomsky.]
                             Singulier destin que celui du neveu de Freud, né à Vienne puis exilé aux USA, que l'on peut considérer comme le théoricien des relations humaines, posant les bases des techniques de persuasion pour amener le consommateur vers l'acte d'achat, dans une société qui commence à mettre la consommation comme le but et l'idéal de l'acte citoyen. Un bon américain est un américain qui consomme.
         On peut trouver ici l'oeuvre de celui qui connut la célébrité et fut enrôlé dans de nombreuses causes, pas toujours orthodoxes, et qui disait notamment;
       ... La manipulation consciente, intelligente, des opinions et des habitudes organisées des masses joue un rôle important dans une société démocratique. Ceux qui manipulent ce mécanisme social imperceptible forment un gouvernement invisible qui dirige véritablement le pays.

Nous sommes pour une large part gouvernés par des hommes dont nous ignorons tout, qui modèlent nos esprits, forgent nos goûts, nous soufflent nos idées. C'est là une conséquence logique de l'organisation de notre société démocratique. Cette forme de coopération du plus grand nombre est une nécessité pour que nous puissions vivre ensemble au sein d'une société au fonctionnement bien huilé.
Le plus souvent, nos chefs invisibles ne connaissent pas l'identité des autres membres du cabinet très fermé auquel ils appartiennent.
       Ils nous gouvernent en vertu de leur autorité naturelle, de leur capacité à formuler les idées dont nous avons besoin, de la position qu'ils occupent dans la structure sociale. Peu importe comment nous réagissons individuellement à cette situation puisque dans la vie quotidienne, que l'on pense à la politique ou aux affaires, à notre comportement social ou à nos valeurs morales, de fait nous sommes dominés par ce nombre relativement restreint de gens – une infime fraction des cent vingt millions d'habitants du pays – en mesure de comprendre les processus mentaux et les modèles sociaux des masses. Ce sont eux qui tirent les ficelles : ils contrôlent l'opinion publique, exploitent les vieilles forces sociales existantes, inventent d'autres façons de relier le monde et de le guider....

   Edward Bernays fut un des premiers à mesurer la force que pouvait avoir sur des esprits non critiques les idées au service d'une cause.
   Bernays, tout au long de sa vie, va user d’une doctrine parfois froide et assez cynique doublée d’une justification idéologique basée sur le long terme, afin de justifier ses agissements.
   Il considère sa tâche comme un effort à long terme destiné à l’avènement doucement forcé d’une démocratie basée sur l’économie et le commerce dirigé par une élite.
    Il pose assez honnêtement et naïvement d’ailleurs, comme postulat, le fait que la masse est incapable de parvenir à un état de paix collective et de bonheur par elle-même, et que donc cette masse a besoin d’une élite qui la contrôle et qui la dirige à son insu en ce qui concerne les décisions importantes.
    Pour lui le bon sens commun n’existe pas, et s’il existe, il ne peut porter l’appellation "bon sens" car il induit un mode de consommation trop lent pour les capacités industrielles et leur besoin de croissance... Il doit donc être refondu par des élites...
         L'inventeur du marketing connut un destin hors du commun. Avec parfois une singulière conception de la démocratie.

  Le storytelling comme méthode gouvernement st issu de ses conceptions et les diverse méthodes de manipulation ne manquèrent d'en tirer parti jusqu'à la caricature. 
   Stratégie que Noam Chomski ne manqua pas de démonter et de stigmatiser, montrant que ces méthodes véhiculent aussi une image du monde, des comportements et des styles de conduite dont l'individu est rarement conscient.
   Au niveau de l' hyperconsommation aussi, dont Benjamin Barber a montré jusqu' à quels abandons de l'esprit critique, à quelle infantilisation  elle pouvait mener.
        Mais ce n'est pas sans consternation que Bernays, dans les années 1930, se rendit compte qu’il avait inspiré Goebbels, mais il en conclut simplement à la nécessité de distinguer entre de bonnes et de mauvaises applications de la propagande [Bernays, 3965, p. 652]. Dès 1932, Goebbels revendiquait l’usage « des méthodes américaines et à l’échelle américaine » pour faire élire Hitler. 
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Méli mélo

Publié le par Jean-Etienne ZEN

__ Bon bonus

__ Le pape et le footeux

 

__ On efface tout et on recommence

 

__ Les enfants de l'huile de palme

__ Vaccin et préjugés

__ Question de doses

__ Un préfet pas comme les autres

__ Plastiques en balade

__ De Dakar à Ryiad

__ Détermination et aveuglement   __________________________________________

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Dites "gouvernance".

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

Une notion résolument "moderne"?
                                             Il fut un temps, pas si lointain, où dans le domaine politique, il était d'usage courant d'utiliser le mot "gouvernement" pour désigner, non seulement l'équipe élue au pouvoir  dans notre tradition républicaine, mais aussi la fonction consistant pour elle à gérer les affaires essentielles de l'Etat, surtout dans ses fonctions régaliennes, suivant une ligne déterminée, contestée ou pas, des choix supposés connus et approuvés par une démarche élective périodique et constitutionnelle.
     Mais aujourd'hui, vous n'y êtes plus. On a évacué peu à peu ce mot supposé vieilli et considéré comme trop "politique". Il faut parler de "gouvernance" pour être moderne et supposé neutre.
     Simple mutation sémantique? Non, vous n'y êtes pas encore.
   Dans les cabinets ministériels, dans les discours officiels, on s'est mis à adopter le vocabulaire propre au monde des affaires, notamment celui des entreprises, qui demandent un bonne gouvernance pour être performantes, une saine gestion comptable, notamment.
    On pourrait croire ce glissement de sens innocent. Que nenni! Il est le révélateur d'une mutation dans l'art de gérer les choses de l'Etat, ou plutôt dans son idéologie, qui veut se rapprocher de la supposée rigueur en usage dans le monde des affaires.
   Une osmose qui a bien fonctionné: le chef de l'Etat se voit de plus en plus comme un gestionnaire moderne, dont l'efficacité est devenu le seul critère. Du moins en parole, du moins c'est ce que l'on veut nous faire croire. La fonction politique ne peut, on le sait, se ramener à la pure gestion de données chiffrées, à une pure conduite technocratique même si certains discours présentent tel chef d'Etat ou tel ministre comme un gestionnaire suprême.
    La langue technocratique, légitime à un certain niveau, a envahi le domaine où les choix qualitatifs, les orientations politiques au sens noble, le sens du bien commun,  doivent demeurer la priorité. Une vision de l'avenir doit guider les choix du présent. Il suffit de relire Aristote pour retrouver ces perspectives que l'on oublie trop souvent. Mais aussi Montesquieu, Jaurès, Mendès-France, De Gaulle...
    Depuis Giscard d'Estaing, l'Etat se veut "moderne". Aujourd'hui, tout se passe comme si le chef d'équipe qui dirige la start up France, le premier de cordée, se voulait un super-technicien, à la tête d'une équipe d' experts. L'apparence de la rationalité a pris la place du débat permanent et de l'affrontement nécessaires des points de vue. Les parlementaires sont priés d'entériner.
          Mais il faut souvent se méfier des mots, propres à leurrer les esprits, malgré leur aspect apparemment anodin.

     Certains ne sont pas  tout à fait innocents et leur emploi à tout propos, dans certains domaines, doit engendrer la suspicion.
       Orwell nous a là-dessus mis en garde. 
 
  L'inflation de la notion de gouvernance notamment, surtout depuis les années 80, pose problème. Un brave new word pour un brave new world?
___Selon A. Deneault, "Dans les années 1980, les technocrates de Margaret Thatcher ont habillé du joli nom de « gouvernance » le projet d’adapter l’État aux intérêts et à la culture de l’entreprise privée. Ce coup d’État conceptuel va travestir avec succès la sauvagerie néo­libérale en modèle de « saine gestion ». Nous en ferons collecti­vement les frais : dérèglementation de l’économie,privatisation des services publics, clientélisation du citoyen, mise au pas des syndicats... ce sera désormais cela gouverner.
    Appliquée sur un mode gestionnaire ou commercial par des groupes sociaux représentant des intérêts divers, la ­gouvernance prétend à un art de la gestion pour elle-même. Entrée dans les mœurs, évoquée aujourd’hui à toute occasion et de tous bords de l’échiquier politique, sa plasticité opportune tend à remplacer les vieux vocables de la politique..une « révolution anesthésiante »..."
        Un changement sémantique qui n'est donc pas sans conséquences politiques, malgré son apparente banalité, mais qui renvoie à la conception politique du néolibéralisme:
        " L'application des techniques managériales d'efficacité, de productivité et d'utilité à la chose publique par le thatchérisme cherchait tout simplement à évacuer le politique de la vie sociale. Il n'y a plus de démocratie, de vie politique, mais tout simplement une gestion rigoureuse et efficace des affaires publiques - lesquelles rigueur et efficacité se mesurent à l'aune de la qualité de leur «système de gouvernance». La philosophie politique ultralibérale à laquelle adhérait Margaret Thatcher ne lui permettait pas de concevoir la société comme rien d'autre qu'un amalgame de divers acteurs privés. En ce sens, l'État n'est plus l'organisation politique d'une société ou d'un peuple, constitué de diverses institutions, mais un ensemble d'organisations publiques qu'on doit soumettre aux mêmes «règles de gouvernance» que les organisations privées. Le gouvernement est alors «restreint lui-même au simple rôle de partenaire dans l'ordre de la gouvernance, n'encadre plus l'activité publique, mais y participe à la manière d'un pair.»  
     La vie politique se soumet, dès lors, aux règles du management et de la gestion efficace - et, ultimement à celles de la concurrence. On met en concurrence les diverses composantes de l'administration publique avec les entreprises privées, forçant les organismes gouvernementaux non seulement à singer la logique du secteur privé, mais surtout à les coincer dans un double rôle insoutenable: adopter les règles du privé tout en continuant à servir l'ensemble de la communauté et à préserver le bien commun. Aporie insoluble - le langage lisse et neutre de la gouvernance évacuera en douce la véritable vie politique de nos sociétés.
     Évacuer le politique de la vie publique implique une annihilation radicale de la dissidence et de la pensée critique - les dogmes de la gouvernance revêtant des «airs de pensée critique...» 

      ______Un mot qui traîne encore dans le vocabulaire de nos politiques du jour., même et plus encore à Bruxelles, au niveau européen.
      Le moins que l'on puisse dire est que la notion de gouvernance, portée aux fonds baptismaux par Margaret Thatcher, est révélatrice d'une certaine soumission de la politique à l'économique, d'un effacement du rôle de l'Etat, inspiré par la parole libérale de Hayek et de ses épigones.
         Mais, évacuez, même discrètement, la politique par la porte, elle reviendra par la fenêtre.
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Pour une nouvelle souveraineté?

Publié le par Jean-Etienne ZEN

       Un pari tardif

                                Le ministre l'a déclaré: il est temps de revenir à la souveraineté économique, retrouver la maîtrise de nos grandes décisions, qui conditionne notre présent mais surtout notre avenir.     Voilà qui est bien dit, mais un peu tard et sans expliquer pourquoi nous sommes parvenus à une telle dépendance. La crise pandémique réveille une prise de conscience en même temps qu'une urgence.  Il n'est pas question de productivité seulement et le problème ne peut être que français, à l'heure des offensives sino-américaines. La remise en question effective d'une forme de mondialisation est une des conditions essentielles d'une possible ré-industrialisation innovante, qui fut compromise pendant des années.     "..Face à l'exterritorialité du droit américain des affaires, à l'écrasante domination du dollar, des GAFA, et à la volonté de puissance de la Chine, la France et l'Europe se réveillent enfin et s'apprêtent à riposter sur tous les fronts: juridique, numérique, défense, technologique, et protection des pépites et fleurons européens...."        Le programme est ambitieux, mais n'est-il pas trop tardif? Il ne suffit pas d'être en colère en haut lieu. Il importe de sortir de la  sino-dépendance dans laquelle nous nous sommes engagé naïvement.      La réindustrialisation est une exigence qui demandera du temps et de nouvelles alliances. Une refondation? oui, mais encore faut-il en définir les conditions et les objectifs, sans se contenter d'engagements verbaux. 

 

        La sino-dépendance n'est pas prête à se réduire à un niveau plus raisonnable, surtout tant que l'Europe restera un nain politique. Les règles du libre-échange actuelles demandent une révision urgente, surtout après certaines affaires, comme celle de General Electric.

...Ceux qui ont abandonné leur appareil productif, et donc vendu leur technologie, leurs savoir-faire, leurs brevets, qui ne défendent pas leurs normes, sont condamnés à être asservis aux projets des autres. C'est pourquoi la domination économique est une perte de liberté politique. Nous sommes devenus sans nous en rendre compte une colonie numérique des États-Unis d'Amérique. Avec la domination numérique américaine d'un côté et la domination industrielle de la Chine de l'autre, deux empires nous tiennent en tenaille et vont finir par dérober ce qui nous reste de création de valeur, dont nous sommes pourtant historiquement et concrètement capables.      La Chine produit en violation des règles sociales et environnementales. On achète des produits low cost à ce pays qui piétine notre propre modèle et nos propres valeurs. Cette prise de conscience est sérieuse et générale. Va-t-elle conduire à d'autres choix ? Chez le consommateur, le "made in France" est un mouvement de société très puissant qui s'est emparé des cerveaux.

T

ous les jours, les citoyens, autant qu'ils le peuvent, selon leurs moyens, votent avec leur carte bleue. Il reste aux pouvoirs publics à obliger à dire ce qu'il y a dans le produit. Car les produits ne sont pas étiquetés de façon loyale et transparente. C'est le prochain combat. Deuxièmement, est-ce que le prix mondial des produits, résultat de la mondialisation est en train de céder le pas à des prix européens, nationaux ou locaux ? La réponse est oui, de plus en plus. Parce que dans les deux cerveaux du consommateur, il y a un cerveau qui protège son pouvoir d'achat, qui veut des prix peu élevés, et il y a un cerveau citoyen qui veut des PME près de chez lui, des emplois pour ses enfants, des lois sociales généreuses et des lois environnementales d'avant-garde...."______________

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