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L'enfer?

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

C'est sur terre.
                  Ou ça peut l'être à tout instant.
     Pas besoin de chercher très loin, surtout pas dans un arrière-monde quelconque.
  Un imaginaire qui a rempli une fonction bien particulière.
Même si les questions furent permanentes:
  Dès le vi s, le pape Grégoire le Grand reco­nnaîssait à regret que l'enfer, cette volonté de discipliner par la peur, au motif que l’on serait plus ­enclin à bien se conduire quand on craint d’être puni dans l’au-delà, ne fonctionnait pas.
    En Syrie, on le trouve un peu partout, à Idlib aujourd'hui, où l'on atteint des sommets dans l'horreur.
            Et, le pire, on s'habitue...
                                                   On cherche un vaccin.
 

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On a beau le savoir...

Publié le par Jean-Etienne ZEN

                              La mort fait de la résistance. Ou du moins sa représentation, toujours historiquement et culturellement marquée.  Pas seulement les circonstances possibles de cette échéance dernière. Plus on la refoule plus elle s'impose, parfois de la pire des manières. Le débat sur la fin de vie est loin d'être abouti en France, si c'est possible qu'il le soit un jour quelque part, il se reposera toujours dans de nouveaux termes. Mourir dans la dignité, comme on dit, n'est pas toujours clair pour chacun.                                                                                                                                       La mort est une échéance à laquelle personne ne peut échapper; voilà une grande banalité, mais c'est la seule certitude absolue. Mais la conscience fait de la résistance: elle s'installe le plus souvent dans l'oubli, l'insouciance, le "divertissement" comme disait Pascal, ou la dénégation...C'est selon, et c'est en partie normal. Le problème est que la représentation qu'on s'en fait, son fantasme, vient trop souvent troubler la vie, sa possible légèreté, seule valeur qui vaille.

                          Il n'est pas nécessaire de remonter aux Anciens, à Epicure, Lucrèce ou aux Stoïciens, à Montaigne ou à Schopenhauer pour se persuader que la mort est une phénomène nécessaire: pas seulement naturel, inévitable, mais aussi biologiquement inscrit dans l'évolution (qui ne serait rien sans elle) mais aussi dans la logique moléculaire de tous, quoiqu'en pensent les promoteurs de l'immortalité à venir de la Silicon Valley.                                                                  ______La mort est le principe du vivant, comme l'a bien souligné JC Ameisen. L'antagonisme entre deux principes diamétralement opposés en apparence n'a donc aucun sens.     Pas de morbidité dans ce constat. C'est juste une donnée  rationnelle.    Même si le terme du grand âge, pose les problèmes que l'on sait, de nature plus culturelle et sociale que proprement physique.

                    ________ Seule vaut la vie finalement, comme chante Souchon, mais quelle vie?          Le débat est à nouveau sur la sellette, aujourd'hui à l'Assemblée. Avec beaucoup de résistances, comme si le sujet était encore tabou, après tant d'années de non dits et d'offensives de milieux conservateurs, souvent ignorants des pratiques réelles sur le terrain, surtout dans le contexte de la grande vieillesse et du milieu hospitalier. Après plusieurs pays d'Europe, dont le très catholique Portugal et l'Espagne . En France, les élus tergiversent, renvoient à la loi Léonetti, qui a montré ses limites, évoquent les soins palliatifs, toujours insuffisants. La proscratination est encore de mise. Beaucoup de confusions , parfois entretenues, règnent encore sur le sujet, malgré les choix et les exemples récents, comme pour Anne Bert ou Paulette. La loi doit s'exercer, non pour imposer quoi que soit, mais pour garantir des conditions de fin de vie qui ne soient pas des calvaires sans fin. C'est au sujet de décider, dans le cadre des conseils médicaux et sous le contrôle de la loi, celle justement qu'il faut changer pour encadrer une pratique souvent clandestine. Houellebeq se trompe. Il ne s'agit pas de fin sur commande. Il s'agit d'une assistance dans certains cas bien particuliers, le sujet état lui-même autant que possible demandeur..  Le terme d'euthanasie prête souvent à confusion.  Pour une mort acceptable     Vieillir: personne ne peut prétendre pouvoir y échapper, sinon en imagination.  Mourir est la seule chose dont nous pouvons être sûrs et fait partie naturellement du cycle de  la vie. Bien vieillir ne dépend pas que de nous.    Ce que nous pouvons parfois choisir, ce sont les conditions de nos derniers instants, les modalités de notre fin programmée.

Une réflexion sans dogme

               Si celle-ci devient une caricature de vie, s'accompagne de souffrances insupportables, de dégradations profondes et irréversibles, l'euthanasie, quand elle peut être choisie, reste une solution permettant de garder une certaine maîtrise  du passage que nous pouvons lucidement assumer.      Mais il peut se faire que l'on décide à notre place si nos instants ultimes sont jugés marqués de trop de dégradations irréversibles, de douleurs insoutenables, de conscience diminuée, les efforts pour la réduire étant vains, les soins palliatifs jugés inutiles ou défaillants.
    L'euthanasie est une chose trop sérieuse pour être laissée aux seuls soignants, elle ne peut se réduire à un acte technique.
                On sort là de la simple expertise médicale et les médecins sont partagés sur un domaine où l'on touche à des notions subjectives délicates de morale et parfois d'options religieuses, qui n'ont pas fini de faire débat.
         La  fin de vie en France n'est pas ce qu'on croyait.
Les conditions de la mort à l'hôpital notamment ont changé et la loi Leonetti n'est plus suffisante ou est mal appliquée
   En France, près de la moitié des décès (48 % en 2010) a été précédée d'une décision médicale ayant pu hâter la mort du patient. Mais des médicaments ont été donnés pour mettre délibérément fin à la vie dans seulement moins de 1 % des cas. Les décisions prises s'appuient dans leur grande majorité sur les dispositions de la loi Leonetti qui permet sous certaines conditions de limiter ou d'arrêter un traitement, ou d'administrer des médicaments afin de soulager les souffrances du patient, qui peuvent avoir pour effet d'avancer la survenue de la mort. Toutefois, les prescriptions légales encadrant ces décisions ne sont pas encore totalement connues ou respectées : les décisions de fin de vie ne sont pas toujours discutées avec les patients et les équipes soignantes ; la rédaction par les patients de directives anticipées, proposée par la loi Leonetti pour que les soignants prennent en compte leurs souhaits, reste en pratique très rare.
      Der règles s'imposent pour encadrer une pratique souvent tue et des dérives toujours possibles, dans des situations toujours diverses, dans lesquelles le personnel soignant se trouve souvent seul, sans prescription ni garde-fou, seulement livré à sa propre conscience et à des errances possibles. La compassion n'est pas un guide sûr et la décision collective peut aider à la  modération, la décision plus éclairée.
   La réflexion évolue dans les pays européens, où les législations sont assez diverses.
En Belgique, l'euthanasie représente un droit strictement réglementé.
     Le rapport Sicard entrouvre la porte au suicide assisté, définissant que l'assistance pourrait  être envisagée dans certains cas exceptionnels, sans céder au calcul économique , aux intérêts collectifs ou familiaux, au désarroi passager du malade ou aux pressions douteuses des familles.

  Des garde-fous peuvent être mieux précisés, non pas tant pour prescrire ce qu'il faut faire, mais plutôt pour délimiter le périmètre des conditions d'intervention réfléchies, acceptables, humaines, au cas par cas.
  Droit de mourir dans la dignité, oui, mais à condition que l'on s'entende sur le sens que l'on donne à la notion équivoque de "dignité"...
   Le rapport de 2012 représente un pas important permettant d'affiner le jugement de tous sur ces questions et d'inspirer la réflexion et la pratique médicale, parfois isolée et désemparée.
      On ne meurt plus comme autrefois, on vit plus vieux, à la merci de plus de risques de santé, au sein de structures hospitalières et de soins dont le personnel doit être éclairé, soutenu et déculpabilisé.
             Comme le précise M.Winckler à propos du rapport Sicard , "Dans son rapport, le professeur Sicard porte un regard sévère sur une médecine sourde aux attentes des patients. "Chaque jour voit croître dans notre société une revendication très largement majoritaire (entre 80 % et 90 % selon les sondages d’opinion) de personnes répondant positivement à une demande de légalisation d’euthanasie, lit-on dans le rapport. Il ne s’agit pas de revendications simplistes ou naïves de personnes qui n’auraient pas compris la question. Il s’agit d’une demande profonde des personnes interrogées, de ne pas être soumises dans cette période d’extrême vulnérabilité de la fin de vie à une médecine sans âme." Des débats organisés dans plusieurs villes de France, la mission a ainsi retenu "le malaise, voire la colère" et surtout "la hantise [des Français] de basculer dans une situation de fin de vie insupportable, de souffrir ou de voir souffrir leurs proches".
            Mieux vaut une loi imparfaite et provisoire qu'une pratique secrète et solitaire soumise aux aléas de la subjectivité.    ______________________

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Agriculture au tournant

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

Agro-perplexité
                      La grand messe de la Porte de Versailles, grande vitrine pour Parisiens hors sol, ne doit pas masquer les mutations en cours et les crises profondes que vit le monde paysan, surtout dans les secteurs  de l'élevage de moyenne grandeur.

   L'agrobusiness galopant en cours va-t-il finir par avoir raison de l'agriculture relativement raisonnée  en vigueur jusqu'ici. Rappelons-nous de l'affaire Lactalis et celle de la ferme des mille vaches.
  Les paysans ont de moins de pouvoir sur leur activité, soumise à la loi du marché.
 La réforme de la PAC fragilise un peu plus des régions entières où la précarité, parfois la détresse, devient de plus en  plus prégnante. L'ouverture  aux marchés, maintenant aussi internationale, crée des inégalités de fait  tant au niveau de la qualité des produits que du niveau de vie des agriculteurs.
    Les précaires invisibles deviennent de plus en plus nombreux, malgré le silence dans nos campagnes.
  Le "malaise" est  la conséquence d'évolutions rapides qui mettent à mal l'exploitation familiale dans ce qu'elle avait encore de traditionnel. le quantitatif tend à primer sur le qualitatif.
  Changer le système, hérité de Pisani, devient une nécessité, sous la poussée de nouvelles exigences et des changements climatiques en cours, ainsi que les exigences de revenus décents dans la concurrence des firmes et de la pression des grands distributeurs.
  La survie est possible à certaines conditions, qui ne dépendent pas seulement des agriculteurs eux-mêmes, mais aussi du contrôle du marché et des aides sélectives accordées, comme on le fait en Norvège et même aux USA. Une profonde réforme de l'aide de Bruxelles s'impose.
  Sans cela, on verra la crise s'approfondir, notamment avec le vieillissement de la population agricole et la hausse du foncier. Nos campagnes à l'abandon, voilà le risque, comme la revente des terres à des investisseurs privés, parfois étrangers.
    Répondre à certaines exigences de fond ne doit plus tarder. C'est une question vitale.
              Entendez-vous dans nos campagnes...♪♫♪

Petits (et grands) paysans
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Gazoducs de la division

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 Géostratégie du gaz sur échiquier européen

                                                                 A l'heure où les questions de l'énergie prennent un tour crucial, les bruits de bottes autour de Minsk nous rappellent nos dépendances et nos urgences. Sur fond de guerre froide mal refroidie et de ses séquelles géopolitiques. Le néo-tsar lorgne vers son son "pré carré" ou une partie des influences  passées à la trappe depuis le fin de l'ex-Urss et tente de contrer toute influence atlantique à ses portes. Du moins c'est ce que l'on croit comprendre à travers le parcours de la diplomatie poutinienne, qui peut sembler erratique, tentant de jouer sur les divisions et les intérêts, en bon joueur d'échec.. Le gaz est à la manoeuvre, en arrière-plan.                     Beaucoup de bruit pour rien diront certains. Danger périlleux de glissements guerriers, malgré les mises en garde et les atermoiements, jugent certains.          ___Gazprom inquiète. La géopolitique des tuyaux est la toile de fond des tensions actuelles et des divergences entre pays européens impliqués, l'Allemagne ayant tendance à temporiser, consciente de sa dépendance dans sa difficile transition énergétique. On se rappelle de la nomination de l'ancien Président Schröder à la tête du consortium russe.

     L'Oncle Sam aux commandes de l'Otan, pourtant honni par Trump, tient à garder ses intérêts Outre-Atlantique, malgré ses dénis, et impose ses vues bien contradictoires et manichéens au coeur d'une UE sans politique étrangère commune.                                                  _______ Démonstration de force, sans aucun doute... La décision de Clinton d'élargir vers l'Est  l'OTAN est à l'origine des problèmes récurrents du côté du Donbass, contrairement aux engagements de Bush père. Pure bêtise géopolitique. Evident aveuglement par intérêt mal compris et court-termisme lourd de conséquences.   Comme l'Otan représente les intérêts de la puissance impériale, le projet d'étendre la zône d'influence de Washington débouche sur les tensions d'aujourd'hui, qui ne sont pas nouvelles.                      ___L'Oncle Sam avance ses gros sabots dans une situation compliquée, issue d'une histoire complexe. Ce qui va rendre toujours plus difficile tout compromis, toute tentative de normalisation. Le soutien militaire, avoué ou non, ne pourra qu'envenimer les choses, compromettre tout compromis futur. "Attitude provocatrice" osent certains. Il y a une ligne rouge à ne pas franchir. S'il n'y a pas à crier au loup, la situation peut évoluer avec une diplomatie adaptée et des visées moins rigides, comme en Iran ou dans d'autres conflits passés qui ont amené les ambitions de Washington vers un mur. Mais l'Europe vassale suit... C'est mettre de l''huile sur le feu.                                                                                                                                                     Comme on le disait il y a sept ans déjà, rien n'est joué à Kiev. Le temps semble  suspendu, dans l'attente des élections du 25 mai, tandis que les initiatives continuent d'un côté comme de l'autre. J.Kerry défend l'idée d'un retrait de l'influence poutinienne sur le pays, tandis que la Russie souhaite un acheminement de l'Ukraine vers un fédéralisme, tout en prônant l'apaisement: « Nous partageons la nécessité de trouver des points d'accord pour arriver à un règlement diplomatique de cette crise »

  Mais les braises couvent encoremême si le gouvernement provisoire fait enfin un peu le ménage.
Pourtant, le parti neo-fasciste SVOBODA qui fit environ 10% de voix aux dernières élections y dispose de 6 ministres sur 19.
      La réalité est plus complexe que ce qu'en disent nos medias de référence.
             Confronter les points de vue sortant de la langue de bois mal informée est toujours utile. Sortir de la morale un peu courte et d'une histoire mal revisitée permet de prendre en compte des éléments de géopolitique qui nous échappent souvent.
 Voici des avis qui ne coïncident pas toujours, mais qui révèlent quelques lignes de convergence.
Par exemple:
     1) Celui de J.Attali, qui par ailleurs dit parfois des bêtises, a produit là-dessus un article intéressant et presque à contre courant de la bien-pensance:
  "...Qu’on ne s’y trompe pas. On n’a jamais lu sous ma plume une approbation du régime actuel de la Russie. Ni de sa stratégie internationale. Et je ne parle ici que de l’intérêt de l’Occident, et plus précisément de l’Europe. Et, pour moi, l’intérêt de l’Europe n’est pas de se lancer dans un affrontement avec la Russie. Mais au contraire de tout faire pour intégrer notre grand voisin de l’Est à l’espace de droit européen.
Les historiens de l’avenir auront à mon sens beaucoup de mal à comprendre pourquoi nous nous sommes lancés dans une escalade aux conséquences potentiellement terrifiantes avec la Russie, pour s’opposer au vote majoritaire d’une province russophone, russe pendant des siècles, et rattachée en 1954 à une autre province de l’Union soviétique par le caprice du secrétaire général du parti communiste d’alors, Nicolaï Krutchev. Un rattachement jamais pleinement reconnu par la majorité des habitants de la Crimée, qui ont toujours voulu conserver leur autonomie à l’égard du gouvernement de Kiev, comme l’affirmait encore la première constitution ukrainienne de 1992.
Aujourd’hui, la Crimée, et la Russie ont choisi de profiter du chaos issu de l’arrivée à Kiev d’un gouvernement fortement antirusse pour se retrouver. En quoi cela nous gêne-t-il ? Pourquoi refuserait-on aux habitants de la Crimée de vouloir choisir leur destin, contre l’avis du pays dont ils sont membres, alors qu’on s’apprête à autoriser les Ecossais à voter sur le sujet, et que les Catalans ont bien l’intention d’en faire autant ? Protestera-t-on contre « l’amputation du territoire de la Grande-Bretagne » si les Ecossais choisissent l’indépendance ? Et que fera-t-on si la Moldavie, la Biélorussie, ou la partie russophone du Kazakhstan réclament leur rattachement à la Russie? Nous nous en mêlerons ? De quels droits ? Au nom de la stabilité de l’idée de nation ? Mais l’a-t-on imposé à la Tchécoslovaquie ? A la Yougoslavie ? Au Kurdistan irakien ? A Gaza ? S’y opposerait-on si le Québec décidait de son indépendance ? Et que ferait-on si la Wallonie demandait son rattachement à la France ?..."
                                              2) Celui de  Jean-François Kahn:   " ....La sphère médiatique, au sens le plus large, fait preuve, à propos des événements d’Ukraine, de Crimée et de Russie, d’un tel binarisme, d’un tel simplisme, d’un tel infantilisme, que l’on assiste à une autre aberration : le retournement pro-Poutine d’une bonne partie de l’opinion. Cela fait des années que l’on perçoit cette déplorable évolution : une approche de plus en plus bichromique, bicolore et, incidemment, néoconservatrice, des grandes questions internationales, un partage du monde entre des gentils qui ne peuvent se conduire que de façon séraphique et des méchants qui ne constituent qu’un ramassis de Belzébuth : un manichéisme de plus en plus puéril qui n’est pas étranger à la redoutable désaffection du public envers ce qui devrait constituer le coeur et l’âme de la démocratie : les médias... si comparer Poutine à Hitler (certains ont osé) est d’une confondante idiotie, l’homme s’apparente plus, en effet, à un nouveau tsar qu’à un démocrate moderne. On peut à cet égard se demander, d’ailleurs, pourquoi Eltsine, lui qui était bien pire, bénéficia d’une telle indulgence : parce qu’une Russie en voie de quart-mondialisation plaisait ? Or, si un envoyé spécial à Berlin, du temps du nazisme, avait systématiquement décrit, pour complaire, une Allemagne dévaluée, dévalorisée, minable, aux abois, il aurait, fût-ce inconsciemment, péché à la fois contre l’objectivité journalistique et contre la cause du camp démocratique. A-t-on le droit de poser cette question : un pays où la plupart des éditoriaux, parlés ou écrits, paraissent avoir été rédigés par Bernard-Henri Lévy (membre du Conseil de surveillance du Monde) constitue-t-il un exemple de pluralisme ?
Oui, la brutalité avec laquelle a été bousculée, en Crimée, la légalité internationale est inadmissible. Mais pourquoi, lorsque les nouvelles autorités de Kiev ont décidé, dans un premier temps, d’abolir le statut de la langue russe dans les territoires russophones, nos médias n’ont-ils pas mis en garde contre cette décision provocatrice et aventureuse ? Pourquoi le non-respect de l’accord signé par les ministres européens, dont Fabius, à Kiev n’a-t-il suscité dans les médias aucun regret ? Pourquoi aucune prise de distance à l’égard de certains propos extrémistes (c’est une litote) tenus par les leaders radicaux de la révolution de Maïdan, alors que ces outrances faisaient évidemment le jeu de la Russie, qui les a instrumentalisés ?...
 Il y a deux principes aussi défendables l’un que l’autre. Le premier, c’est le respect de l’intégrité territoriale des nations. En fonction de quoi, une sécession de la Crimée, même votant son rattachement à la Russie, est incontestablement condamnable. L’autre principe est le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. En fonction de quoi l’OTAN est intervenue militairement pour aider le Kosovo à s’émanciper de la Serbie, ce que souhaitait la majorité de sa population. Les deux principes étant souvent contradictoires, il convient, en droit international, de privilégier une fois pour toutes l’un ou l’autre. Soit l’intégrité territoriale, soit le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
Ce qui, en revanche, n’est pas soutenable, c’est de se réclamer de l’un de ces principes les jours pairs et de l’autre les jours impairs..."
       3) Celui de  Hubert Védrine,  qui avance cinq propositions pour sortir de la crise ukrainienne.

        4) Celui de  Jacques Sapir, qui souligne la responsabilité des pays européens dans cette affaire.
       
        5)  Celui de Hélène Carrère d’Encausse, spécialiste de l'histoire de la Russie, remet quelques vérités sur le tapis.

        6) Celui, un peu plus tranché, de JL Mélenchon.

_______Si on tient compte des interventions officielles et secrètes des USA en Ukraine, malgré la désescalade diplomatique provisoire, on aura une idée un peu plus complexe et nuancée que la soupe qui est servie journellement sur nos medias favoris.
___
-Point de vue 
La presse dit-elle la vérité au sujet de l’Ukraine ?
-  Union Européenne et Russie : les inquiétants malentendus de deux visions diplomatiques
-  Aux racines économiques du conflit ukrainien

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Se méfier de l'apparence?

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Les apparences sont parfois trompeuses.
Mais parfois aussi, trompeurs sont les jugements qui en parlent.
Qu'y a-t-il derrière la façade?
L'apparence mérite parfois d'être réhabilitée.
 
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Enseignement: pour quoi faire?..

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Il a raison...

             Le dogmatisme aveugle est d'un plus grand confort que la conquête difficile du savoir rationnel.  L'ouverture des esprits fait problème ici ou là dans le pays des Lumières où certains s'obstinent à éteindre des bougies. Enseigner les résultats de la science qui se fait ne va pas de soi. Darwin se retourne dans sa tombe. Dans certains établissements de la Bible Belt aux USA, c'est pareil depuis longtemps, mais dans les Yvelines on ne pensait pas avoir affaire à tant de résistances au savoir.       ___Non, l'évolution n'existe pas! C'est un mythe dont il faut se prémunir. Les préhistoriens dans leur unanimité et un grand nombre de biologistes on fait fausse route.  Les textes sacrés n'en parlent pas, donc...cqfd. Elémentaire, fondamental(iste) mon cher Watson! Donc les professeurs de sciences naturelles, comme on disait de mon temps, n'ont qu'à aller se rhabiller recycler. Il y a des imams qui en savent plus qu'eux, parce qu'inspirés, en liaison directe avec Allah!

 

 

               Cela devient compliqué d'enseigner dans certaines banlieues, pour un certain public. Le Coran pourrait suffire pour aller en classe...peut-être. Cela allégerait les cartables, c'est sûr! L'objectivité n'est plus toujours une valeur en proue, même en histoire.   Gaffe à vous quand vous parlez de Charles Martel, des Croisades, de la Guerre d'Algérie!. Les inquisiteurs veillent, la vérité leur appartient...                     ____Mais il faut être tolérant,  accommodant, comme ils disent même au Québec, ne "pas faire de vagues"...pour que l'institution survive tant bien que mal, sans trop toucher à la bonne conscience de ceux de la rue de Grenelle.      JP Obin n'a pas tord de remettre en question leur aveuglement passé et présent. Il est question de laïcité, de liberté, de capacités d'enseigner en ouvrant à la raison, aux facultés critiques des jeunes esprits de tous horizons, les citoyens de demain. Kant! Voltaire! Pasteur ...au secours! Ils sont devenus veules...La connaissance éclairée, la laïcité, voilà les amies du genre humain. Pour rappel: nous sommes au 21°siècle....      _________________

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Comment s'en débarrasser?

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

Nucléaire: démantèlement au programme    (notes)
                                                                  Une question "centrale" .
          Une tâche titanesque, onéreuse et un casse-tête attend la France.

  Ce long processus n'avait pas été pensé réellement et les coûts faramineux n'avaient pas été provisionnés, contrairement à ce qui nous fut dit.
  Aujourd'hui, on débranche.
       Après Chooz, trente ans après, on y sera peut-être encore.
      Après Superphéni,: un échec, trente ans au moins de travail. On improvise en permanence.
      Après Brennilis, où on bricole toujours. Et les autres...
  Une aventure à risques qui n'avait pas été sérieusement programmée. Le métier se perd, disait récemment un haut responsable, au vu notamment du fiasco de Flamanville.
 Les failles actuelles ou à venir ne manquent pas, que relève aussi l'ASN.
      Quantité de questions restent en suspens, rarement abordées frontalement et publiquement, pas seulement en France.
   D'aventures en déconfitures, le nucléaire français demandait des réponses pour le moins plus audacieuses.
  Ce ne sont pas les plans d'urgence, dont on connaît les limites,  qui peuvent rassurer les attentes de la majorité de Français qui souhaite la sortie le plus tôt possible des impasses dans lesquelles nous nous sommes mis.
  Sur le papier, tout paraît (presque) simple.
   Que deviendront les multiples déchets radioactifs?
     Notre transition énergétique accuse du retard, par rapport à d'autres pays.
        Mais EDF sait-elle où elle va?
           Le débat n'est pas près de se terminer...
                                              ______________________________

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L'hôpital va mal

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Ce n'est plus un secret, mais le mal est aussi dans ses modes de fonctionnement

                                            Outre des coupes sombres, les fermetures de lits jusqu'en pleine crise pandémique, l'hôpital est devenu peu à peu malade d'un management devenu  toxique. Le neaw management, inspiré du New public management instauré par M.Cameron, dans le sillage du néolibéralisme tatcherien, où les activités publiques étaient sommés de prendre modèle sur les modèles de gestion l'industrielle. Le mimétisme ne se produisit pas sans effets pervers, une sorte de standardisation et souvent des formes de déshumanisation, l'efficacité à court terme et les gains obtenus devenant comme des priorités, imposant des stratégies à courte vue pour les malades et un stress permanent pour un personnel à qui on a fait perdre peu à peu de vue ses tâches prioritaires. La bureaucratisation, là est aussi le mal.

 

               Une réforme s'impose, avait-on fini pas reconnaître à mi-voix, faisant toute confiance aux directeurs d'hôpitaux, mais on ne voit rien venir, sauf quelques mesurettes et primes en tous genres. D'où l'impatience de certains spécialistes connus qui haussent le ton pour dénoncer les ravages de la "fonctionnarisation" des tâches hospitalières.                                                                                Comme  Bernard Granger, psychiatre à Paris, qui ne ménage pas ses mots :  ".... L’hôpital public est un terrain d’observation privilégié du phénomène bureaucratique. L’opium des directions hospitalières actuelles est « le projet ». Quand un directeur ne sait plus quoi vous répondre et cherche à se débarrasser de vous, il ordonne : « Écrivez-moi un projet ! » Tout est projet : projet médical, projet managérial, projet social, projet de soins, projet d’établissement, projet financier, projet de pôle, projet de département, projet de service, projet de chefferie de service, projet pédagogique, projet des représentants des usagers, etc. Aucun projet ne se réalise comme prévu, car c’est une littérature fictionnelle qui donne l’impression d’avoir été rédigée sous l’emprise de stupéfiants. Et que dire de ces rapports annuels d’activité, enquêtes administratives, rapports d’étapes, feuilles de route, plans stratégiques, boîtes à outils, états prévisionnels, plans locaux de santé, plans globaux de financement pluriannuels, stratégie nationale de santé, pilotage de la transformation (là où il faudrait plutôt une transformation du pilotage), retours d’expérience (RETEX, dans ce verbiage bourré de sigles et d’acronymes dont plus personne ne finit par connaître la signification) ? Qui s’intéresse à ces fadaises ? Qui lit ces documents destinés à une étagère empoussiérée puis à la déchèterie ?        Fait assez curieux, la bureaucratie assure sa domination non pas en exigeant des données fiables ou contrôlées, mais se satisfait de ce que chaque case soit remplie. L’expérience a montré que répondre n’importe quoi à ces inquisitions n’a aucune conséquence. C’est une découverte étonnante qui peut vous simplifier la vie. On peut même dire que le recueil de données est une entreprise aléatoire. L’acribie n’est pas la qualité première des fournisseurs de chiffres officiels.                                     _____Les membres de cette oppressante cléricature souffrent d’une étrange manie, liée à celle des indicateurs chiffrés : l’exigence de « reporting ». « Faire de la satisfaction d’indicateurs l’objectif d’un travail, non seulement détourne une partie de ce travail d’une action productive (un temps croissant étant consacré à renseigner ces indicateurs), mais le déconnecte des réalités du monde, auxquelles est substituée une image chiffrée construite dogmatiquement », écrit le juriste Alain Supiot. La demande de « reporting » porte sur la moindre action, le moindre geste, bientôt la moindre pensée, le moindre rêve. Le temps pris par le « reporting » finit par recouvrir le temps passé à agir. Comment les historiens feront-ils pour ne pas porter un regard sévère sur ces ténèbres ? Comment seront jugés à la fois ceux qui ont répandu et ceux qui ont accepté sans broncher cette barbarie ? Affirmons avec Sénèque qu’« il viendra un temps où notre ignorance de faits si évidents fera l’étonnement de la postérité ».    Les normes et procédures prennent le pas sur le savoir-faire. Dans un article paru en 2015 dans la « Revue de médecine interne » intitulé « Jugement pratique et burn-out des médecins », le professeur de médecine Jean-Christophe Weber, écrivait :

« La fréquence du syndrome d’épuisement professionnel chez les médecins devient un motif de préoccupation publique. Les causes profondes ne sont pas bien connues. Nous formons l’hypothèse que le ressort le plus puissant de la souffrance au travail des médecins est la remise en question de leur jugement pratique […] L’évolution de la médecine, et en particulier la multiplication des procédures, a une influence négative sur son apprentissage et son exercice. »

        En effet, la dérive technocratique éloigne de la pratique et de l’expérience. Ce phénomène observé dans tous les domaines, n’aura pas épargné la médecine, malgré la nécessité de s’adapter aux singularités de chaque malade. L’hôpital public a son agence technique spécialisée dans la gestion entrepreneuriale. Son nom, typiquement novlangue, Agence nationale d’Appui à la Performance (ANAP), est tout un programme, et ses recommandations une source inépuisable de stupéfaction.        Dans « les Employés ou la femme supérieure », paru en 1838, Balzac écrit déjà : « La bureaucratie, pouvoir gigantesque mis en mouvement par des nains, est née ainsi. […] Les Bureaux se hâtèrent de se rendre indispensables en se substituant à l’action vivante par l’action écrite, et ils créèrent une puissance d’inertie appelée le Rapport. […] La France allait se ruiner malgré de si beaux rapports, et disserter au lieu d’agir. Il se faisait en France un million de rapports écrits par année ; aussi la bureaucratie régnait-elle ! […]Enfin elle inventait les fils lilliputiens qui enchaînent la France à la centralisation parisienne, comme si, de 1 500 à 1 800, la France n’avait rien pu faire sans trente mille commis. »     Balzac a vu la graine bureaucratique germer et en a immédiatement décelé les tares congénitales : la manie du rapport, la paralysie due à la centralisation et la ruine pour tout résultat. Pour compléter le tableau, ajoutons l’organisation incessante de réunions, ne serait-ce que pour fixer la date de la prochaine réunion. Le refus de participer à une réunion est vécu comme le dernier outrage par les bureaucrates. Balzac n’était pas le seul à avoir pressenti les ravages de la bureaucratie. Comme le rappelle le sociologue Michel Crozier : « Tocqueville a déjà démontré que cette administration omniprésente, qui s’occupe de tout et qui sait toujours mieux que les citoyens ce qui leur convient, étouffe leurs initiatives, diminue leur intérêt pour le bien public et engendre constamment par son agitation brouillonne les problèmes qu’elle devra finalement résoudre. […] Ne pouvant tout contrôler, elle s’acharne à développer des règlements, ajoutant la méfiance au contrôle et forçant tout le monde à l’irrégularité. »        La plus belle réussite de la bureaucratie, qui fait un tort considérable au monde hospitalier, est sans doute son aptitude à dilater le temps et à diluer les responsabilités. Ce qui dans la vraie vie prend une heure, prend dans la vie bureaucratique un trimestre, un semestre, une année. Pour justifier son existence et surtout ne pas laisser penser qu’il ne sert à rien, chaque échelon, et il s’en crée de nouveaux en permanence, caquette en réunions multiples, se divise en groupes et sous-groupes de travail, commissions et sous-commissions, pond des rapports et sous-rapports (« rapports d’étape »), met son grain de sel à tout propos, un grain de sable en réalité, contredit l’échelon inférieur, avant d’être contredit par l’échelon supérieur.        _______Plus d’un siècle après Balzac et Tocqueville, le philosophe Michel Henry a décrit ainsi la nature de l’administration : « L’incompétence du politique se laisse reconnaître à l’intérieur de chacun des organismes qu’il met en place et culmine dans l’administration. Le propre de celle-ci est, sous prétexte de défendre l’intérêt général, de substituer partout ses problèmes, ses méthodes, ses intérêts, bref sa finalité bureaucratique propre, aux finalités vivantes des entreprises individuelles vis-à-vis desquelles elle se comporte comme une contrainte extérieure et comme une force de mort. » Il souligne notamment la capacité de l’administration à organiser de façon autonome sa propre croissance, à la manière d’une tumeur maligne qui capte à son profit les ressources de l’organisme au sein duquel elle se développe.        La bureaucratie de papa, source d’aimables plaisanteries, s’est transformée en outil toxique avec l’ère des « managers » et le tournant gestionnaire des années 1980. Ce tournant a été étudié par de nombreux sociologues et psychologues du travail, comme en France Christophe Dejours et Yves Clot. Pour le premier, les acteurs de terrain ont été dépossédés de leur savoir et de la maîtrise de leur travail. Cette évolution s’est accompagnée de la perte des solidarités en raison de la généralisation de l’évaluation individuelle. Elle a généré une la souffrance éthique, car les agents sont tenus d’agir en contradiction avec les valeurs qui leur ont fait choisir un métier au service des autres.   Yves Clot oppose pour sa part le travail bien fait au travail empêché, le travail prescrit au travail réel. Il considère que proposer de « réparer » les conséquences psychiques des organisations de travail défaillantes par la « gestion » des risques psychosociaux est une aberration supplémentaire :  « Pour tout dire, je ne crois pas que ceux qui travaillent dans ce pays soient des sinistrés à secourir. La victimologie ambiante, quand elle devient une gestion de la plainte “par en haut”, n’est souvent qu’un faux pas qui accroît, par un choc en retour, la passivité des opérateurs. […] Le monde du travail qui vient est un hybride social : une sorte de néofordisme se met en place, monté sur coussin compassionnel. La pression productiviste se dote d’amortisseurs psychologiques. L’engagement dans une performance trop souvent “factice” se marie à l’accompagnement de l’échec mal vécu, comme s’il fallait, pour supporter l’insupportable, trouver en chacun des réserves personnelles encore sous-utilisées. Une certaine psychologie a, plus ou moins à son corps défendant, trouvé sa place dans l’organigramme. Mais la nouvelle orthopédie sociale qui la retourne la prive aussi d’une possibilité qu’elle pourrait pourtant saisir : se rapprocher des nœuds du travail réel pour, en situation, les défaire en association avec ceux qui, seuls, ont les moyens de le faire. »       La souffrance est devenue le quotidien pour un nombre élevé d’agents ou de victimes de l’administration, à tous les niveaux. Certains finissent par se suicider sur leur lieu de travail ou dans les locaux de l’administration qui les a poussés à bout. Le harcèlement moral est une technique managériale en vogue et le sadisme une des qualités premières pour monter dans la hiérarchie des bureaux. « Les chaînes de l’humanité torturée sont en papiers de ministères », écrivait Kafka.     Dire que nous vivons une crise des politiques publiques est peu dire. Les décisions des dirigeants au cours de ces dernières décennies ont conduit à un échec financier et surtout moral de plus en plus visible. Les services publics sont dans un état désastreux. La souffrance y est déniée. Parler de harcèlement institutionnel n’est pas exagéré. Cette situation misérable est l’aboutissement de ce que le philosophe du droit et professeur au Collège de France Alain Supiot a appelé « la gouvernance par les nombres ». Il a magistralement analysé cette transformation dans un livre qui porte ce titre (Fayard, 2015). Il écrit:     « Le renversement du règne de la loi au profit de la gouvernance par les nombres s’inscrit dans l’histoire longue du rêve de l’harmonie par le calcul, dont le dernier avatar – la révolution numérique – domine l’imaginaire contemporain. […] On n’attend plus des hommes qu’ils agissent librement dans le cadre des bornes que la loi leur fixe, mais qu’ils réagissent en temps réel aux multiples signaux qui leur parviennent pour atteindre les objectifs qui leur sont assignés. »    L’indicateur sature la langue managériale. On entend souvent politiques ou hauts fonctionnaires prononcer cette phrase appliquée à tous les domaines : « Il faudrait quelques indicateurs bien choisis, en petit nombre. » Derrière une apparence de bon sens, cette proposition de retenir quelques indicateurs « bien choisis » – on ne dit pas comment – cache une erreur conceptuelle désormais bien démontrée. La loi de Goodhart devrait pourtant être connue de nos élites : lorsqu’une mesure devient un objectif, elle cesse d’être une bonne mesure. Un indicateur manipulable transformé en objectif a immédiatement des effets pervers. Les exemples d’indicateurs pervertis ne manquent pas. Ce sont les flacons d’antiseptiques versés dans le lavabo dès que leur consommation a servi à évaluer le suivi des règles d’asepsie, ou le refus des malades difficiles par les chirurgiens cardiaques américains quand le taux de mortalité chez leurs opérés devait servir à les classer – indicateur rapidement abandonné. Et que dire de la proposition du président Sarkozy qui avait envisagé que le taux de mortalité de chaque hôpital soit affiché dans le hall d’entrée des établissements ?     Le management par objectifs et indicateurs doit être considéré comme maltraitant. On sait pourtant, grâce à Supiot là encore, que « cette pratique s’est répandue qu’il s’agisse de la bibliométrie pour le chercheur, de la création de valeur pour l’actionnaire ou de la réduction du déficit public au-dessous de la barre des 3 % du PIB pour les États. Le pullulement des “contrats d’objectifs” décourage l’inventaire : contrats de plan État-région, contrats d’objectifs et de moyens pour la formation professionnelle, plans climat-énergie territoriaux, contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens en santé, contrats d’objectifs des juridictions administratives, contrats pluriannuels d’établissement entre l’État et les universités, etc. » La recherche scientifique a été ravagée par l’instauration d’indicateurs. Elle s’est muée en recherche de publications dès lors que l’évaluation des chercheurs s’est résumée à un indicateur.                           Cet indicateur n’évalue pas la qualité des publications mais leur nombre, et, dans le cas des recherches biomédicales, se traduit en recettes supplémentaires pour l’établissement hospitalier auquel sont rattachés les chercheurs. Pour ces deux raisons, la perversion de cet indicateur tient du prodige. Ce mode d’évaluation incite à tricher. Les cas d’inconduite scientifique se multiplient : données embellies, données fabriquées, plagiats. Le système de points Sigaps (Système d’Interrogation, de Gestion, d’Analyse des Publications scientifiques) établi en France a fait l’objet d’une étude canadienne qui montre que dans les douze ans qui ont suivi l’instauration de cet indicateur, le nombre de publications par les centres hospitaliers et universitaires français a augmenté de 45 %. Selon la revue « Nature Index », qui a analysé le devenir de 5 millions d’articles scientifiques publiés entre 1980 et 1990, seuls deux sur 100 000 restent marquants plusieurs décennies après leur parution.     Les organismes de recherches, comme en France le CNRS, se rendant compte des effets pervers de ce mode d’évaluation, abandonnent progressivement les indicateurs bibliométriques. Au lieu de demander à un chercheur quel est son score Sigaps, on lui posera une question bien plus embarrassante : qu’avez-vous apporté à votre domaine de recherche, quelle énigme avez-vous résolue, quels sont les résultats marquants auxquels vous êtes parvenus ? Beaucoup seront bien en peine de répondre et les authentiques chercheurs sortiront du lot. Cette évaluation qualitative favorisera l’inventivité, l’originalité, et sera un bon remède à la graphorrhée actuelle.     Quel kit de survie utiliser en milieu bureaucratique ? L’humour reste une arme redoutable, le dédain aussi. Il faudrait se débarrasser des contraintes en y répondant de façon expéditive, sans prendre trop au sérieux les exigences superflues qui nous sont imposées chaque jour. Répondre n’importe quoi n’a aucune importance, du moment que l’on répond : feindre une allégeance donnera à l’administration le sentiment du devoir accompli et nous ménagera plus de temps pour le travail utile.    Surtout, il est grand temps de prendre un tournant antimanégérial en laissant les professionnels exprimer leurs qualités et leurs compétences. Respectons leur savoir, leur autonomie et leur solidarité. Proposons le retour à des organisations choisies, disant avec Guy Debord : « Nous ne pouvions rien attendre de ce que nous n’aurions pas modifié nous-mêmes."  _________________

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Vélorution (suite)

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Vélo des villes, vélo des champs
                       Non seulement, c'est pas bon pour la santé...si on n'en fait pas.
   Mais en plus, ça donne des ailes sur les boulevards,
      Le biclou revient doucement à la campagne, après un long abandon, voire un certain mépris.
          Pas seulement pour le loisir.

De bon matin...

Mais, pour le travail distant, c' est plus compliqué pour l'instant.                             
         Tant que je pédale, je suis en équilibre, tant que je pédale, je tourne rond..
                                                       ___________________

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Billet du dimanche

Publié le par Jean-Etienne ZEN

__  Apartheid?

 

__ Google: profits

 

__ Far-West?

__ Folie boursière                   

__ Echec et maths

__ Nouvelle grande muraille

__ "Désolant"

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