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Sale temps sur Facebook

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Mr Zuckerberg aurait bien du souci...

                        Après avoir déjà été auditionné par un groupe de parlementaires dans son pays, il pensait en être quitte avec les ennuis concernant surtout les modes de gestion de sa plate-forme "démocratique" hautement rentable. On ne parle pas des ratés techniques récents à l'échelle mondiale, ce qui n'est que de la cuisine techchnique interne hautement complexe.     On veut évoquer les contestations qui montent en externe comme en interne depuis quelques années, contre les ambitions mégalomanes du "patron", la direction d'une plate-forme devenue le plus souvent incontrôlable, ses prétentions libertaires qui masquent mal les visées spéculatives.          Le roi de la Silicon Valley ne maîtrise plus son méga-système de plus en plus contesté, même par certains Etats, qui parlent de démanteler un empire trop puissant et parfois toxique. "Faire l'opinion" ne peut être confié à un système devenu incontrôlable, qui n'a pas le ligne éditoriale, qui s'en glorifie et qui laisse parfois les pires opinions (et leurs conséquences) gagner du terrain à vitesse "grand V". C'est toutes les plate-formes du même type qui seraient visées. Les Gafas seraient-elles sur la voie d'une prise de contrôle, qui reste à inventer? Car les enjeux ne sont pas seulement privés. Les critiques s'accumulent, contre un système qui ne sur-amplifie pas que les bonnes informations ou les bavardages anodins.

 

 

          __Point de vue:   Le temps des tempêtes semble venu pour Facebook. Disons-le tout net : le nouveau scandale qui frappe la sixième capitalisation boursière mondiale de plein fouet, appelé les "Facebook files", est possiblement le plus dévastateur à ce jour pour l'empire des réseaux sociaux de Mark Zuckerberg. Après l'enquête du Wall Street Journal publiée le mois dernier, ces révélations explosives ont été confirmées, dimanche soir, par la lanceuse d'alerte elle-même, Frances Haugen.         Dans une interview donnée à l'émission 60 Minutes (voir plus bas), la data scientist de 37 ans est sortie de son anonymat. En tout, l'ancienne employée -de mi 2019 à mi-2021- a fait fuiter des dizaines de milliers de pages de rapports internes. Non seulement au Wall Street Journal, mais aussi aux régulateurs américains. Signe que les ennuis ne font que commencer pour Facebook, elle a également déposé plainte auprès de la Securities & Exchange Commission (SEC), c'est-à-dire l'autorité de contrôle des marchés financiers, parce que ces documents montrent selon elle que Facebook a menti à ses investisseurs. Les régulateurs ne semblent pas non plus beaucoup apprécier ces révélations : le Sénat américain, déjà très critique envers les GAFA, a auditionné Frances Haugen ce mardi 5 octobre. Et la lanceuse d'alerte sera également reçue par la Commission européenne en novembre...."   


                                                                   

 

 ___ Le système est partiellement mis à nu:  La lanceuse d’alerte Frances Haugen a livré, mardi 5 octobre, un réquisitoire implacable contre Facebook lors d’une audition devant le Sénat américain, point d’orgue d’une opération savamment organisée depuis plusieurs semaines et dévastatrice pour la société de Mark Zuckerberg.« Les choix faits à l’intérieur de Facebook sont désastreux pour nos enfants, pour notre sécurité publique, pour notre vie privée et pour notre démocratie », a notamment asséné l’ancienne employée de Facebook qui, durant deux ans, a travaillé au sein de l’équipe « Civic Integrity » qui s’occupait de la lutte contre les « fake news » (ou infox).Durant plusieurs heures, Frances Haugen a détaillé devant des sénateurs, en grande partie conquis, les révélations tirées des milliers de documents qu’elle a déjà commencé à rendre publics depuis plusieurs semaines, plongeant Facebook dans la crise sans doute la plus grave que le réseau social ait connue    Cette opération de communication inédite a débuté le lundi 13 septembre par la publication d’un premier article de la série « Facebook Files » dans le Wall Street Journal, principal récipiendaire des documents. Celui-ci révélait que, dans le cadre d’un programme baptisé « XCheck », ou « Cross check », Facebook a « white-listé » plusieurs millions d’utilisateurs « VIP » : célébrités, politiques et journalistes.    Ces privilégiés ne sont pas soumis aux mêmes règles de modération et peuvent se permettre de tenir des propos ou de poster des contenus enfreignant les règles du réseau social. C’est au titre de ce programme que Facebook a toléré que le footballeur brésilien Neymar publie sur son compte, suivi par des dizaines de millions de personnes, une photo dénudée d’une femme l’accusant de viol, même si le cliché fut finalement retiré par la suite.    Dès le lendemain, le quotidien publiait une deuxième enquête montrant que, contrairement à ce qu’avait pu affirmer son président Mark Zuckerberg, Facebook avait bien conscience des effets néfastes sur la jeunesse du réseau social Instagram, dont il est propriétaire. Plusieurs documents internes révèlent que des chercheurs travaillant pour la société ont alerté, à plusieurs reprises, sur les risques que fait peser lnstagram sur la santé mentale des jeunes, et principalement des adolescentes.       « 22 % des adolescentes disent que lorsqu’elles se sont senties mal en raison de leur corps, Instagram les a fait se sentir encore pire », préviennent-ils dans un message interne diffusé en mars 2020. « Les adolescents reprochent à Instagram les hausses de taux de dépression et d’anxiété », affirme une présentation de résultats de recherches faites en 2019. « Cette réaction était spontanée et cohérente à travers tous les groupes » étudiés par les chercheurs. Un autre document interne explique que parmi les adolescents interrogés ayant déclaré avoir eu des pensées suicidaires, 16 % des usagers britanniques et 6 % des usagers américains liaient celles-ci à Instagram.    Mercredi 15 septembre, de nouveaux documents montrent que Facebook avait été alerté sur les effets pervers d’une modification de son algorithme intervenue en 2018. Celle-ci avait officiellement pour but d’améliorer les relations entre utilisateurs de Facebook en privilégiant le partage de contenus entre amis ou parents plutôt que la diffusion de contenus professionnels.         Mais, en réalité, ces changements ont eu l’effet inverse. Le nouvel algorithme a fortement favorisé, dans les « news feed », les « interactions sociales significatives » (« meaningful social interactions » ou MSI en anglais) les plus clivantes et mis en avant les contenus suscitant les réactions les plus violentes.        Facebook a même été alerté par l’un de ses clients, particulièrement sensible à ces questions : Buzzfeed, un site d’information gratuit dont l’audience repose en grande partie sur la diffusion de ses contenus sur les réseaux sociaux. À l’automne 2018, son directeur, Jonah Peretti, a écrit à Facebook, expliquant avoir constaté des changements notables dans les types d’article faisant le plus d’audience. Il cite le cas d’un article intitulé « 21 choses que tous les mecs blancs sont coupables de dire » ayant suscité 13 000 partages et 16 000 commentaires, en grande partie agressifs. Parallèlement, Buzzfeed avait des difficultés à faire circuler des articles sur d’autres thématiques, comme les animaux.          Des recherches menées en interne ont confirmé le problème. « La désinformation, la toxicité et les contenus violents prévalent démesurément dans le partage », écrivaient des chercheurs dans un mémo. « Notre approche a eu des effets collatéraux malsains pour des parties importantes des contenus publics, comme la politique et les informations », alertaient dans un autre document des « data scientists » de Facebook.     Le jeudi 16 septembre, Facebook était également accusé de laxisme dans le contrôle des contenus dans les pays en voie de développement, l’une des principales sources de revenus de la société. Comme le souligne le Wall Street Journal, les pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Sud sont déjà actuellement les principaux marchés du réseau social et constituent sa principale source de croissance potentielle. Alors que les audiences en Europe et aux États-Unis ont tendance à stagner, « pratiquement tous les nouveaux utilisateurs de Facebook viennent de pays en voie de développement », écrit le journal.    Or, plusieurs documents fournis par Frances Haugen montrent que le système de modération se révèle particulièrement lent à supprimer certaines pages problématiques utilisées par des organisations criminelles dans le cadre du trafic de drogue, d’êtres humains ou d’incitations à la violence. Des employés ont ainsi pu signaler une page utilisée par un réseau basé au Moyen-Orient pour tromper des femmes en leur faisant miroiter un travail pour ensuite les contraindre à se prostituer. En Éthiopie, ce sont des groupes armés qui ont utilisé Facebook pour appeler à des violences ethniques.     L’exemple le plus frappant est celui rapporté, dans un rapport interne envoyé à la direction de Facebook en janvier 2021, par un ancien policier spécialisé dans la cybercriminalité, embauché par la société en 2018 pour faire partie d’une équipe chargée de surveiller les « pays à risque ». Ces enquêteurs numériques y expliquaient avoir découvert l’existence d’un réseau sur Facebook et Instagram utilisé par le Cártel de Jalisco Nueva Generación (CJNG), le cartel de Jalisto nouvelle génération en français, l’un des plus violents et redoutés cartels de la drogue mexicains.         Il faut dire que le CJNG ne prenait aucune précaution pour dissimuler ses activités et postait, sur ses multiples pages, des photos de scènes de crime ou d’armes en plaqué or. Les enquêteurs de Facebook ont également découvert que le cartel utilisait ses réseaux sociaux pour recruter de nouveaux membres et les envoyer dans des camps d’entraînement, ainsi que pour rémunérer des tueurs à gages.    Dans son rapport, l’équipe d’enquêteurs demandait à ce que des mesures soient prises afin de s’assurer de la suppression de toutes les pages liées au CJNG. Si certaines l’ont bien été, d’autres sont cependant restées en ligne et de nouvelles ont été créées. Quelques jours après l’envoi du rapport, le cartel postait même, sur un nouveau compte Instagram, une vidéo d’un homme exécuté d’une balle dans la tête. « Cette page, parmi d’autres pages sur Facebook et Instagram faisant la promotion du cartel, est restée active pendant au moins cinq mois avant d’être fermée », rapporte le Wall Street Journal.      Le vendredi 17 septembre, le quotidien racontait comment les internautes antivaccination avaient réussi à mettre en échec Mark Zuckerberg, qui souhaitait que son réseau social participe à la campagne d’incitation.     Cet article clôturait une première semaine de révélations quotidiennes sur Facebook sans que le nom de la lanceuse d’alerte n’apparaisse une seule fois. Une seconde salve d’articles fut publiée entre les mardi 28 septembre et vendredi 1er octobre, révélant notamment les projets de Facebook visant à attirer de plus en plus de préadolescents sur son réseau social Instagram. Là encore, l’anonymat de Frances Haugen restait préservé.      La lanceuse d’alerte a révélé elle-même son identité dans une interview diffusée le dimanche 3 octobre dans l’émission « 60 minutes » sur la chaîne CBS. « Facebook, encore et encore, a montré qu’il a choisi le profit au lieu de la sécurité », accusait-elle.  Dans les jours qui ont suivi, Frances Haugen et ses soutiens ont levé le voile sur l’organisation de cette fuite et de cette campagne de communication orchestrée avec une redoutable efficacité. Spécialiste des algorithmes, Frances Haugen a travaillé pour plusieurs grandes entreprises du Net, comme Google ou Pinterest, avant d’être embauchée par Facebook en 2019.     Là, elle explique avoir été choquée par le fonctionnement de l’entreprise de Mark Zuckerberg et par les nombreuses dérives qu’elle a pu constater. « J’ai vu un paquet de réseaux sociaux et c’était substantiellement pire à Facebook que ce que j’avais vu avant », affirmait-elle dans son interview à CBS. Plusieurs éléments vont la conduire à quitter Facebook, comme la fermeture de son service juste avant l’élection présidentielle américaine de 2020. Lors de son dernier jour, au mois de mai 2021, elle envoie sur la messagerie Internet un dernier message prémonitoire : « Je ne déteste pas Facebook. J’aime Facebook. Je veux le sauver. »    Frances Haugen n’a pas agi sur un coup de tête. Elle avait pris soin de contacter Whistleblower Aid, une association fournissant assistance aux lanceurs d’alerte créée par John Tye, un ancien agent du département d’État américain ayant lui-même dénoncé, à l’occasion de plusieurs interventions en 2013 et 2014, la surveillance des communications pratiquée par le gouvernement américain.    Avec l’aide de Whistleblower Aid, Frances Haugen a soigneusement préparé la divulgation des documents. Elle a ainsi contacté des parlementaires et plusieurs autorités, auxquels elle les a transmis. Elle est notamment entrée en contact avec le sénateur démocrate Richard Blumenthal et la sénatrice républicaine Marsha Blackburn qui, au printemps dernier, organisaient justement une série d’auditions sur la manière dont les réseaux sociaux comme Instagram collectent des données sur les enfants....   _____________________________

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Médica-menteurs et méga-profits

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

Pénurie factice
                     Question de santé
    Ils disent manquer de médicaments.
  En fait, ils les réservent, en faisant un business intéressant mais dangereux. (*)
 Et cela s'aggrave.
L'hôpital est plus touché que la ville.
Un Français sur quatre est concerné.
   On attend les effets d'un plan annoncé.
     Suffira-t-il de vouloir responsabiliser les grands laboratoires, qui font tant de bonnes affaires?
  Et on disait que la production des produits pharmaceutiques, après trop de dérives, était sous contrôle?...
_____
       (*)-.... Ils ont fait chou blanc dans toutes les pharmacies de leur quartier. La quête du vaccin à injecter au plus tard cinq mois après la naissance de leur bébé a mené ces parents de l’est parisien, dix kilomètres plus au sud, à Malakoff, glacière à la main. Il était temps. « C’est un coup de chance, nous avions seulement une boîte en stock, commente Danielle Treussard, qui tient l’officine francilienne. En revanche, il nous manque toujours de la cortisone depuis plus d’un mois. »      Le 22 mai, des rhumatologues en colère ont de leur côté adressé une pétition à la ministre de la santé pour qu’elle réagisse face à leurs patients privés d’antidouleurs. Ils dénoncent le comportement de l’industrie pharmaceutique qui se préoccuperait peu de fournir ces traitements d’importance vitale, mais peu rémunérateurs. Alors, ils attendent du plan anti-pénurie d’Agnès Buzyn – qui devrait être annoncé ce lundi 8 juillet, selon son cabinet –, et de la fermeté vis-à-vis des laboratoires.     D’autant que les disettes sont de plus en plus récurrentes : 538 médicaments essentiels, dits d’intérêt thérapeutique majeur, ont été en rupture ou tension d’approvisionnement en 2017 selon l’agence du médicament : c’est douze fois plus qu’il y a dix ans. Et un quart des Français aurait déjà été confrontés à un refus de délivrance de leur traitement pour cause de pénurie. « Les malades sont contraints à faire du porte-à-porte avec ordonnance », dénonce Carmen Hadey, administratrice de SOS Hépatites.   Surtout, notre système sanitaire est menacé : faute de vaccin contre l’hépatite B, par exemple, les risques de transmission de la maladie augmentent, des embauches de pompiers ou d’infirmiers ne peuvent être validées, des patients se fournissent au marché noir, se rabattent sur des vaccins combinés avec d’autres non nécessaires, ou zappent carrément les rappels. Ce qui ne les protège plus, à terme, contre le virus.

 
 © Reuters© Reuters=     Un système D risqué provoqué par ces ruptures de stock qui concernent surtout les anti-infectieux comme les vaccins et les antibiotiques, ainsi que les anticancéreux comme les chimiothérapies : Ouest France rapporte notamment le cas de ce Breton privé de son traitement pour son cancer de la vessie depuis deux mois ; parmi les plus touchés également, les médicaments neurologiques comme les traitements contre la maladie de Parkinson, qui soulagent pourtant 200 000 malades.......Incompréhensible, d’autant que depuis 2016, la loi oblige les entreprises pharmaceutiques à renforcer leur arsenal pour assurer la disponibilité des remèdes fondamentaux difficilement remplaçables comme le Sinemet.     Le géant américain MSD, qui le fabrique, invoque un problème de production. Il a écopé de la toute première sanction en France pour mauvaise mise en œuvre d’un plan de gestion de pénurie en décembre 2018 : une amende de 350 000 euros. Une goutte d’eau à l’échelle de ses 40 milliards de dollars de chiffre d’affaires, qui en font le sixième plus gros laboratoire du monde. MSD n’a pas jugé utile de répondre à nos demandes d’interview.       En France, Sanofi est la deuxième entreprise du CAC 40 la plus généreuse avec ses actionnaires (derrière Total). Or « les bénéfices de l’industrie pharmaceutique sont parfois obtenus au détriment des patients, regrette Jean-Paul Vernant, représentant de la Ligue contre le cancer. Les traitements manquants sont toujours les “vieux médicaments”, moins lucratifs. Les nouveaux, qui sont vendus plus cher, ne sont quasiment jamais en pénurie ! »        À l’arrivée des génériques – les copies des médicaments de marque commercialisés quand le brevet tombe – les prix diminuent. Alors « l’industrie pharmaceutique arrête de produire ces remèdes devenus non rentables sans tenir compte des profits réalisés quand ils étaient sous brevet, en situation de monopole », dénonce Nathalie Coutinet, enseignante chercheuse à l’université Paris-XIII et coauteure de Économie du médicament (La Découverte, 2018). Face à ce constat, le Leem, le lobby des entreprises du médicament, demande tout simplement à l’État d’augmenter le tarif de ses produits.   Or il arrive déjà souvent qu’après une rupture de stock, à son retour sur le marché, le médicament coûte bien plus cher. Exemple avec le BCNU, un traitement contre les tumeurs du cerveau. « Avant la pénurie, il était vendu 34 euros les 100 mg. Quand il est réapparu un an plus tard, en 2015, il coûtait 900 euros et à présent, il se vend 1500 euros ! » rapporte Jean-Paul Vernant, professeur d'hématologie à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris...._____________________________
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Ça se passe comme ça chez Amazon

Publié le par Jean-Etienne ZEN

    Au delà du droit.  

                       Le dernier kilomètre: Le plus décisif et le plus problématique. L'empire ne cesse de créer des métastases partout dans le monde, La crise sanitaire a accéléré le processus et a encore enrichi un peu plus le méga-vendeur polyvalent. Mais qui arrêtera l'appétit sans limites de Jeff Bezos, dont le quasi-monopole en matière de distribution ne cesse de croître, jusqu'à interroger des Etats sur un possible démantèlement du géant?  Ce n'est pas la décision de la France d'abolir la gratuité de l'envoi des livres, pour concurrence déloyale, qui va changer la donne. Tant qu'il n'y aura pas d'accord international pour démanteler le trust (comme certains autres, pour d'autres raisons), on en restera aux bonnes intentionS, à la schizophrénie de tous ceux qui critiquent les tares et les nuisances du système tout en en profitant.    Les Etats souvent sont dans le déni et la contradiction: ils dénoncent et aident en même temps, au nom de l'emploi. Ils en profitent rarement fiscalement, à part  le Luxembourg, le grand refuge de la firme. Le mastodonte  avance à grands pas, qu'elles que soient les conditions de travail des petites mains algorithmées qui s'agitent pour assurer les livraisons en temps et en heure.  Chaque seconde compte.

 

                 En Allemagne,  l’entreprise réorganise sa logistique. Le droit du travail et la dignité ne jouent aucun rôle. «Machine, je suis une machine», dit le conducteur de la camionnette blanche. «Douze heures, tous les jours, pendant quatre ans. Mais si je ne travaille pas, je ne suis pas payé.» Cet homme livre des colis pour Amazon, le numéro un mondial de la vente en ligne. Chaque matin, il fait la queue avec son camion de livraison devant le centre de distribution d’Amazon de Francfort-sur-le-Main.    Mais en cette matinée de fin d’été, début septembre 2021, quelque chose est différent: un petit groupe de syndicalistes distribue des tracts en plusieurs langues aux conducteurs. Ils entament rapidement une conversation. Les histoires se ressemblent: les chauffeurs racontent des journées de dix ou douze heures, la pression du travail, les tournées quotidiennes avec 250 livraisons. A la fin du mois ils reçoivent 1000 à 1200 euros, souvent en retard. Il y a parfois des déductions, par exemple pour un rétroviseur cassé ou des rayures sur le véhicule.   Si l’on y regarde de plus près, on constate qu’une grande partie de ces mesures violent le droit du travail allemand. Mais: «là où il n’y a pas de plaignant, il n’y a pas de juge». Les conducteurs ne connaissent souvent pas leurs droits. Beaucoup viennent d’Europe de l’Est, certains du Moyen-Orient. Pour survivre, ils dépendent de cet emploi. Le courage pour s’attaquer à leur employeur est difficile à réunir.    L’action à Francfort était organisée par le syndicat du secteur des services, Verdi, et le réseau d’aide du DGB (Deutscher Gewerkschaftsbund) «Faire Mobilität». Une centaine de personnes réparties en petites équipes distribuent du matériel d’information à plus de 8000 chauffeurs qui circulent pour Amazon afin d’effectuer des livraisons de colis sur le «dernier kilomètre»  ou dans le transport par camion. Cependant, aucun d’entre eux n’est employé par Amazon. Depuis le début, l’entreprise a externalisé son risque entrepreneurial en matière de livraison à un réseau de petits sous-traitants qui se font concurrence et transfèrent la pression à leurs travailleurs.                                                                               Amazon exploite 14 grands entrepôts d’expédition en Allemagne, entre Hambourg et Munich. Les grèves existent depuis des années dans beaucoup d’entre eux. Mais outre la vente par correspondance, l’entreprise développe également d’autres domaines stratégiques. L’un d’entre eux est la logistique. Amazon s’est lancé dans le transport de conteneurs et exploite sa propre compagnie aérienne de fret [Amazon a acheté des avions à Delta Airlines, à WestJet ; Amazon Air annonce l’objectif de 200 avions d’ici six à sept ans], qui se situe désormais à la quatrième place. L’automne 2020, la société a inauguré sa propre plate-forme de fret aérien à l’aéroport de Halle-Leipzig. En plein milieu de la crise de coronavirus, qui n’était pas une crise pour Amazon; elle a suscité le plus grand boom jamais connu pour la firme.                                                                          La partie la plus critique de la chaîne logistique est le «dernier kilomètre». C’est au moment où le colis arrive chez le client final que les choses peuvent le plus mal tourner. Les véhicules de livraison sont coincés dans les embouteillages ou ne trouvent pas de place de stationnement, les destinataires ne sont pas chez eux, les adresses ne sont pas claires, les transporteurs de colis doivent se rendre à la porte d’entrée au cinquième étage du deuxième bâtiment se situant en deuxième rangée ou passer devant des chiens agressifs. Et, plus important encore pour Amazon, 50% des coûts sont encourus dans le dernier kilomètre.         Il n’est pas surprenant qu’Amazon essaie de prendre le contrôle du «dernier kilomètre» depuis environ cinq ans. Avec sa division Amazon Logistics, l’entreprise met en place son propre service de livraison et se rend de plus en plus indépendante de sociétés comme Deutsche Post DHL et Hermes Logistik Gruppe Deutschland. Il s’agit d’un autre facteur de précarisation dans un secteur qui subit déjà une énorme pression concurrentielle. «Delivery Service Partners» (DSP) est le nom du réseau de sous-traitants spécialement créé par Amazon. En outre, ces derniers expérimentent un modèle d’emploi basé sur une plateforme, du type Uber ou d’autres entreprises de la gig economy: les «livreurs indépendants» peuvent s’inscrire via l’application «Amazon Flex» et livrer des colis avec leur propre voiture. En contrepartie, ils reçoivent 25 euros par heure, avec lesquels ils doivent non seulement payer les frais médicaux, mais aussi leurs frais de fonctionnement et la sécurité sociale.                                              La charge principale de l’activité de livraison repose toutefois sur les «DSP», de petites entreprises possédant cinq à dix, voire 25 véhicules, qui font la queue tous les matins devant les centres de distribution de marchandises conjointement aux chauffeurs d’autres entreprises de même taille. Amazon a désormais mis en place une cinquantaine de ces centres régionaux communs de distribution en Allemagne. C’est ici que sont planifiées les tournées de livraison et que les colis sont chargés dans les camions de livraison. Amazon n’a pas inventé le système de sous-traitance dans la livraison de colis – Hermes, DPD (du groupe français La Poste), GLS (General Logistics Systems, néerlandais) l’utilisent également; et c’est le cas de plus en plus de DHL. Mais beaucoup plus systématiquement que tous ses concurrents, Amazon combine les avantages commerciaux de cette externalisation avec un suivi numérique, un contrôle par les algorithmes et l’IA (intelligence artificielle).              Tina Morgenroth, du Centre de conseil de Thuringe «Faire Mobilität», a examiné le centre de distribution ouvert à Erfurt-Stotternheim fin 2019, à titre d’exemple. Non pas parce qu’elle s’en prenait à Amazon, mais parce que de plus en plus de travailleurs des sous-traitants d’Amazon se présentaient à son centre de conseil avec des problèmes – ils sont désormais environ 150 à avoir demandé un appui. Ils signalent des conditions de travail qui ne devraient pas exister selon le droit du travail actuel. Des durées de travail de dix à douze heures, six jours par semaine, pas d’indemnités de maladie, un salaire inférieur au salaire minimum légal, une pression de travail qui empêche de prendre les pauses légalement requises. Néanmoins, les temps de pause sont automatiquement déduits – l’IA vous envoie ses «salutations».      Les contrôles effectués par les autorités compétentes en matière de protection du travail n’ont pas encore constitué une menace sérieuse pour Amazon. Il est difficile de tenir l’entreprise Amazon responsable des conditions de travail de ses sous-traitants. De plus, les sous-traitants sont souvent difficiles à être soumis à une procédure. Par exemple, à la mi-juillet, l’autorité de protection du travail de la Thuringe a constaté des violations chez 21 sous-traitants de colis Amazon. Cependant, comme 20 de ces entreprises ont leur siège en dehors de la Thuringe, elles ne sont pas légalement responsables. La santé et la sécurité au travail sont une affaire des Länder. Toutefois, le problème – le système Amazon – est mondial! " (Article publié par l’hebdomadaire Der Freitag, en date du 4 octobre 2021; traduction rédaction A l’Encontre)....     _________________________

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Les soucis de Mamie

Publié le par Jean-Etienne ZEN

(Il y a deux ans)

 

Berlin ébranlé.
                        Malgré son départ programmé,  Angela se fait du mouron.
         Il n'y a pas qu'elle qui tremble, mais aussi plus d'un responsable économique, s'inquiétant d'une possible récession. Pour un pays qui a misé l'essentiel de son industrie sur l'exportation, la conjoncture n'est pas au mieux. C'est une litote.

    Certains parlent de la fin du "miracle allemand", un miracle décrit depuis longtemps comme assez illusoire par les plus lucides.. Ceux qui voulaient s'en inspirer sont aujourd'hui plus circonspects. Un mythe qui ne dit rien des profondes inégalités creusées par les orientations schröderienne et des chroniques manques d'investissements intérieurs.
 Les excédents commerciaux deviennent un problème.
    D'autres évoquent un déclin peut-être passager.
 Ou alors, sans dramatiser outre mesure, d'autres parlent d'un simple fléchissement, dû aux circonstances actuelles du marché mondial, la politique restrictive de Trump en matière de commerce et le relatif essoufflement de l'économie chinoise, notamment importatrice privilégiée de belles voitures allemandes.
   Il est difficile de tirer des plans sur la comète, tant sont grandes les incertitudes en matière économique et politique et importantes et rapides les actuelles mutations industrielles en cours.
   Mais tant que l'économie se fait largement dans la corbeille, on peut d'attendre à bien des mauvaises surprises.
    Il est vrai que l'on a surévalué le prétendu"modèle allemand". Berlin est un colosse au pieds d'argile.
  De plus, Merkel a une grosse épine dans le pied: l'état de santé de la Deutsche Bank, qui ne date pas d'aujourd'hui. Toujours un danger . Un danger systémique. qui donne des sueurs froides à plus d'un.
 Un remède de cheval suffira-t-il?
       Il n'y a pas de mystère. C'est la fin probable d'un cycle.
   Il va falloir revoir la copie. La vulnérabilité à la demande mondiale s'exprime, mais le risque plane aussi, par contre-coup, pour ses voisin-partenaires.
 De plus, la montée d'une certaine extrême-droite renforce les appréhensions.
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Sacré Nanard!

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 L'esprit d'une époque. Grandeur et décécadence. Adulation et mémoire courte.

                       Il n'y a pas à dire, ce fut quelqu'un.      Adulé par les uns par son audace et sa gouaille, conspué par les autres par son goût immodéré de succès enchaînés, parfois douteux, ses compromissions sulfureuses.  Depuis ses origines modestes, il reste encore au centre de polémiques en tant qu'homme public.   Ce fut l'homme d'une époque, celles des "années fric", des succès faciles pour qui avait un peu d'audace et des scrupules réduits. Une époque flamboyante où se faisaient ou se défaisaient les fortunes et les renommées, comme dans les romans de Balzac. Un personnage de roman à lui tout seul, comme on le dit encore aujourd'hui, quelques jours après son combat final, toujours sur le devant de la scène, malgré les "affaires", au rebondissements multiples et scabreux.                                                     C'était les années du mitterandisme cherchant des appuis, une image de marque, un second souffle, après le virage libéral fabusien et les désillusions que le régime engendra. Un homme de tellement d'affaires souvent inabouties ou compromises, qui pouvait susciter l'adulation de la presse people. Bernard était sur tous les fronts, même ministériels, prêt aux assauts les plus improbables, aux confrontations les plus rudes, pour la restauration d'une image qui s'écornait du côté de l'Elysée.              Ce n'est pas la personne privée qui est à juger aujourd'hui encore, mais la personne publique, dans le domaine des affaires comme dans celui de la vie publique, malgré des qualités humaines indéniables. c'était un homme de théâtre, comme on l'a vu: sur les planches, dans les banlieues comme en studio dans ses joutes épiques avec Le Pen, l'homme des situations critiques  ou désespérées, n'ayant pas peur de dramatiser pour surmédiatiser son rôle.   Il fut un acteur à part entière mais aussi un révélateur, révélateur d'ambitions d'époque, comme Rastignac le fut de la sienne (*). Aussi bien dans le business, tel une étoile filante, que dans le sport, de la Vie Claire qu'à l'OM. Son époque signe un tournant, celui d'un business conquérant, qui allait en attirer bien d'autres. Il avait senti le vent tourner, et a contribué à détourner les idéaux sportifs de leurs enjeux initiaux; il fallait être un gagneur offensif sur le gazon vert comme dans l'entreprise.   C'était l'époque de la  com, où les media faisaient leur choux gras de succès rêvés...

 

                   ___ (*) Point de vue:    "...Du vivant de Bernard Tapie, la presse a souvent eu deux manières de parler de lui. Pour beaucoup de journaux de la presse écrite et plus encore de médias audiovisuels, il a longtemps été, comme on dit, un « bon client ». Avec ses coups de gueule et ses tartarinades, ses coups de bluff et ses tours de bonneteau, il figurait parmi ces invités que beaucoup ont adoré recevoir car il faisait espérer un gonflement des ventes ou des pics d’audience. Pendant plus de trente-cinq ans, il a donc été accueilli avec empressement sur d’innombrables plateaux, y compris ceux du service public.  D’un média à l’autre, de BFMTV jusqu’à Europe 1, en passant par France 2, Le Journal du dimanche ou Paris-Match, on s’arrachait Bernard Tapie. Pour le faire parler d’à peu près n’importe quoi. Au hasard, du foot. Ou bien des « gilets jaunes ». Ou alors de la situation politique en général et d’Emmanuel Macron en particulier. Et puis, dans la foulée, on l’invitait aussi à parler (un peu) de sa propre affaire, sans trop le contredire ou l’interpeller. En le laissant proférer, le plus souvent, les plus grosses énormités. On a même vu au printemps 2021 France Inter s’abaisser à faire la promotion d’un livre – naufrage du service public ! – écrit par un salarié de Tapie, truffé de mensonges et de contrevérités innombrables sur l’histoire du célèbre arbitrage frauduleux, et tout autant d’insultes et de « fake news » à l’égard de Mediapart. Du vivant de Bernard Tapie, la presse a souvent eu deux manières de parler de lui. Pour beaucoup de journaux de la presse écrite et plus encore de médias audiovisuels, il a longtemps été, comme on dit, un « bon client ». Avec ses coups de gueule et ses tartarinades, ses coups de bluff et ses tours de bonneteau, il figurait parmi ces invités que beaucoup ont adoré recevoir car il faisait espérer un gonflement des ventes ou des pics d’audience. Pendant plus de trente-cinq ans, il a donc été accueilli avec empressement sur d’innombrables plateaux, y compris ceux du service public.    D’un média à l’autre, de BFMTV jusqu’à Europe 1, en passant par France 2, Le Journal du dimanche ou Paris-Match, on s’arrachait Bernard Tapie. Pour le faire parler d’à peu près n’importe quoi. Au hasard, du foot. Ou bien des « gilets jaunes ». Ou alors de la situation politique en général et d’Emmanuel Macron en particulier. Et puis, dans la foulée, on l’invitait aussi à parler (un peu) de sa propre affaire, sans trop le contredire ou l’interpeller. En le laissant proférer, le plus souvent, les plus grosses énormités. ...Il faut dire que le bateleur savait y faire. Du temps où tout lui souriait encore, dans le sport comme en politique, il avait pris l’habitude de convier sur son luxueux yacht, le Phocéa, de très nombreux patrons de presse, et même des ribambelles de journalistes, pour passer avec lui quelques jours de vacances luxueuses. Ce qui ne contribuait pas forcément à des formes de journalisme très pugnace. Tant et si bien que de très nombreux journaux, du JDD jusqu’au Figaro, et même très longtemps Libération, ont pris des années durant fait et cause pour Bernard Tapie, comme s’il avait été victime d’une insupportable erreur judiciaire, fomentée par quelques magistrats enquêtant perpétuellement à charge....On a constamment préféré mettre en lumière non pas l’aventure personnelle de Bernard Tapie mais ce que son affaire – ou plutôt ses affaires – a révélé de notre pays ; des dysfonctionnements de notre démocratie ; des embardées de la justice.     Puisque Bernard Tapie est mort, ce dimanche 3 octobre, après un très long combat contre la maladie, sans doute est-ce toujours le meilleur prisme pour parler du personnage : continuer d’observer toutes les turbulences dans lesquelles il a été emporté tout au long de sa vie, comme un miroir. Car dans sa vie tumultueuse, on discerne tout cela : la folle consanguinité entre le pouvoir politique et les milieux d’affaires, une justice parfois à la botte, une presse trop souvent servile, et tant d’autres choses encore… Alors, observons une dernière fois le miroir Tapie, pour discerner les images qu’il renvoie de notre démocratie.....On oublie trop souvent que Bernard Tapie n’a jamais engagé le moindre argent personnel – pas un seul centime – lors de sa prise de contrôle, en juillet 1990, du groupe Adidas : c’est la banque publique qui a financé l’opération, en lui faisant un prêt de 1,6 milliard de francs sur deux ans ; prêt que Bernard Tapie n’a jamais été capable de rembourser. Or, deux ans plus tard, après déjà bien des péripéties, si la banque, à l’époque dirigée par Jean-Yves Haberer, avait été un établissement normal ; si l’Élysée n’avait pas fait comprendre que Bernard Tapie était sous sa protection et allait bientôt redevenir ministre, l’histoire se serait arrêtée là : le Crédit lyonnais aurait fait jouer les nantissements dont il disposait sur les titres Adidas de Bernard Tapie ; le groupe de sports serait passé, au moins provisoirement, sous contrôle public ; et il n’y aurait pas eu de litige commercial les années suivantes. Et il n’y aurait pas eu non plus d’arbitrage seize ans plus tard. L’affaire Tapie se serait arrêtée en 1993, par la débâcle de l’homme d’affaires préféré des socialistes.    En somme, Bernard Tapie a profité d’un traitement de faveur indigne d’une démocratie, en 1993, parce qu’il était l’un des protégés de François Mitterrand. Et c’est grâce à cela, sans jamais avoir investi le moindre centime dans Adidas, qu’il a pu, longtemps après, intriguer dans les coulisses du pouvoir sarkozyste, pour obtenir un arbitrage, au moment précis où il risquait de perdre sa confrontation judiciaire avec l’ex-banque publique devant les tribunaux de la République.  On aurait donc tort de voir en Bernard Tapie un simple aventurier de la vie des affaires ou de la politique, qui aurait dû son exceptionnel parcours ou sa longévité à son tempérament – même s’il n’en a jamais manqué. Au-delà de son propre caractère bouillonnant, il a d’abord été le reflet des époques qu’il a traversées. Il a ainsi été le symbole des « années fric » qui ont marqué la fin de la seconde présidence Mitterrand, de cette période accablante pour le socialisme français qui a favorisé « ceux qui s’enrichissent en dormant » – selon la formule célèbre de François Mitterrand –, de cette période de naufrage marquée par des scandales en cascade, éclaboussant de nombreux obligés du Palais, ceux de Pechiney-Triangle ou encore du Crédit lyonnais...."     _______________

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Nuages dans le ciel.

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Périls en la demeure?
            Les nuages ne sont pas toujours signes d'orages destructeurs.
               Mais parfois ils annoncent des menaces possibles, sans que l'on soit sûr de leurs déclenchements et de leurs puissances.
  La conjoncture économique, qui est aussi géopolitique, n'est pas bonne, aux dires de nombreux spécialistes. C'est un euphémisme. Surtout en cette période.

  Serions-nous à l'aube d'un basculement imminent? d'une nouvelle crise?
   Il ne s'agit pas de crier "au loup", mais il arrive souvent que l'histoire se répète,  ou... bégaie.
 Il n'y a pas que certaines pratiques bancaires qui inquiètent.
La crise obligataire n'est pas bon signe et les risques d'une récession mondiale s'accumulent
 Certains ne prédisent qu'un "amorti", d'autres évoquent un tsunami financier et d'autres de plus grands risques.
______Comme le diagnostique Martine Orange, qui ne joue pas au devin mais diagnostique une convergence de signes qui devrait inquiéter:
                                                       " ...Il y a des signes qui ne trompent pas. Quand les financiers brusquement redécouvrent l’attrait de l’or, quand ils sont prêts à perdre de l’argent pour le mettre dans des placements jugés sûrs, quand ils commencent à s’inquiéter de la liquidité sur les marchés, c’est que la mécanique financière est en train de se dérégler, que la peur est en train de gagner.
    Depuis le début du mois d’août, le spectre d’une nouvelle crise est revenu planer. Des secousses de plus en plus fortes, de plus en plus fréquentes saisissent les marchés. Mercredi 14 août, Wall Street a connu sa plus forte chute depuis le début de l’année : − 3 % en une séance. Dix jours auparavant, le marché financier américain avait connu une baisse à peu près comparable, avant de se reprendre un peu.
    Les signes de dérèglement les plus patents sont sur les marchés obligataires. Leur univers désormais est celui des taux négatifs, où l’argent ne vaut plus rien, où des banques font payer les déposants pour garder leurs avoirs. Mercredi, les derniers points de résistance se sont effondrés : les courbes des taux des obligations américaines et britanniques sont désormais inversées ; emprunter de l’argent à dix ans coûte moins cher qu’emprunter à deux ans. Cette inversion des courbes, qui n’est pas intervenue depuis 2007, est analysée comme un chat noir par le monde financier. Beaucoup y voient les signes annonciateurs d’une récession imminente.
    Brusquement, les financiers prennent en compte des informations, à l’œuvre pourtant parfois depuis des mois, mais qu’ils avaient minimisées, négligées, voire superbement ignorées. La récession qui menace l’Allemagne et toute la zone euro, l’essoufflement de la croissance américaine, l’escalade des tensions entre la Chine et les États-Unis, le ralentissement chinois, le conflit à Hong Kong, le Brexit, l’Argentine…Tout devient source d’inquiétude et d’alarme.

     Alors que les craquements du monde deviennent assourdissants, des flots de capitaux vont déjà se cacher dans les lieux censés être les plus sûrs. L’once d’or est ainsi revenue au-dessus de la barre des 1 500 dollars pour la première fois depuis 2013. Les signatures jugées sûres, comme celles de l’Allemagne, de la Suisse, de la Suède, de la France, sont recherchées, quel qu’en soit le prix. Toutes les obligations d’État allemandes et suisses, même au-delà de 30 ans, ont des taux négatifs. En d’autres termes, pour garder leurs avoirs en lieu sûr, les investisseurs acceptent de perdre de l’argent. La totalité des titres offrant des taux négatifs dans le monde est estimée désormais à 15 000 milliards de dollars
      « Pour l’instant, certains investisseurs restent encore sur la piste de danse, puisque l’orchestre joue encore. Mais ils se tiennent près de l’issue de secours, au cas où la musique s’arrêterait brutalement », écrivait il y a quelques jours un des chroniqueurs du Financial Times, résumant l’état d’esprit ambiant.
    Et la musique risque de s’arrêter brutalement. Quand ? Comment ? Pourquoi ? Les analystes et les économistes avancent des hypothèses. Chacun a ses explications ou ses obsessions du moment : la Chine, le Brexit, Donald Trump, l’endettement privé. Mais tous dressent finalement un même constat : le système actuel est à bout de souffle.
     L’addition de la crise non résolue de 2008, faute d’avoir voulu tirer les leçons des échecs qui l’avaient provoquée, et des remèdes qui y ont été apportés avec une débauche d’argent gratuit déversé dans le système financier par les banques centrales a contribué à créer une instabilité, des déformations économiques et des niveaux d’inégalité ingérables, sans parler des problèmes environnementaux. Le moindre grain de sable peut gripper la machine, la moindre étincelle mettre le feu aux poudres. Le moindre tweet, surtout.
     C’est un tweet vengeur de Donald Trump, début août, qui a provoqué la nervosité actuelle. Furieux des décisions de la Fed, qui n’allait pas assez loin à son goût, le président américain a annoncé le 1er août une augmentation de 10 % des droits douaniers sur toutes les importations chinoises qui n’étaient pas encore taxées.
    L’annonce a pris tout le monde de court, à commencer par Pékin. Mais elle était surtout à usage interne : « C’est la Fed et non la Chine qui est visée »analyse un éditorialiste de Bloomberg. En poursuivant l’escalade des tensions avec la Chine, le président américain veut forcer la main au président de la Réserve fédérale, avec lequel il est en conflit depuis l’automne, et l’obliger à baisser les taux directeurs américains, voire à renouer avec la politique de rachats de titres (quantitative easing) qu’elle a abandonnée depuis 2015.
    Car Donald Trump est en campagne pour sa réélection. Il a besoin de présenter un bilan, prouvant que sa politique est la bonne, qu’avec lui, « America is back ». Or, les résultats ne sont pas au rendez-vous. Les formidables allègements fiscaux (baisse de l’IS de 35 % à 21 %, suppression des droits sur les capitaux rapatriés) qu’a consentis l’administration Trump aux grands groupes, pour les inciter à ramener leurs capitaux cachés dans les paradis fiscaux, n’ont pas eu les effets escomptés.
    Selon les estimations, à peine 400 milliards de dollars sont revenus aux États-Unis. Les groupes se sont servis de cet argent pour augmenter leurs dividendes, racheter leurs actions mais pas pour investir et créer des emplois. Ce qui prouve à nouveau au passage l’inanité de la théorie du ruissellement, établie sur un coin de table par l’économiste Arthur Laffer.
      Pendant ce temps, l’État américain a continué à s’appauvrir. En 2018, les recettes fiscales sur les entreprises ont diminué de 22 %, à 263 milliards de dollars, tandis que le déficit budgétaire américain se creusait de 17 % à 779 milliards de dollars. Pour les dix premiers mois de l’année fiscale en cours – l’année fiscale se termine fin septembre aux États-Unis, le déficit a encore augmenté de 27 % à 866,8 milliards de dollars. Il risque de dépasser allègrement les 1 000 milliards d’euros sur l’ensemble de l’année.
     Mais les résultats de Donald Trump sont encore plus piteux en matière de rééquilibrage commercial, avancé comme justification dans la guerre commerciale avec la Chine. Dans un récent article publié dans le New York Times, l’économiste Paul Krugman reprenait tous les chiffres de cette guerre commerciale lancée contre Pékin depuis un an. Ses conclusions sont implacables : « La guerre commerciale ne marche pas. Elle ne conduit pas aux résultats escomptés par Trump. »
     À l’appui de sa démonstration, Paul Kurgman donne des chiffres : le déficit commercial avec la Chine augmente au lieu de baisser ; les débouchés américains, notamment pour les produits agricoles, se réduisent ; les entreprises n’ont pas ramené leurs activités aux États-Unis mais les ont déplacées vers d’autres pays comme le Vietnam ; et ce sont les consommateurs américains qui finalement doivent payer le prix des augmentations des tarifs douaniers imposés aux importations chinoises. 100 milliards de dollars seraient ainsi prélevés chaque année sur le budget des ménages américains, selon ses estimations.
     D’où les pressions sur la Banque centrale américaine pour qu’elle renoue avec une politique monétaire non conventionnelle. Abaisser les taux dans une économie où tous les ménages empruntent à taux variable, c’est donner une bouffée d’oxygène immédiate aux consommateurs, leur donner le sentiment qu’ils regagnent du pouvoir d’achat. Déverser à nouveau des milliards, c’est soutenir un système financier et des marchés dopés à l’argent gratuit, c’est créer une apparence de richesse censée soutenir l’économie.
    Rien ne prouve que les remèdes déjà utilisés maintes fois par la Fed auront cette fois les mêmes effets. Car ils sont devenus en partie la cause des malaises et des tensions actuelles. Mais ce n’est pas la préoccupation de Donald Trump : l’important est de donner l’illusion du succès de sa politique, d’une économie prospère. Au moins le temps d’une campagne électorale.
     Ayant depuis le début de sa présidence institué le Dow Jones comme baromètre de sa politique, Donald Trump s’est alarmé de sa chute ces derniers jours. Comprenant peut-être qu’il avait été trop loin, il a annoncé le 13 août que la nouvelle hausse des tarifs douaniers pour les importations chinoises, prévue initialement pour début septembre, serait reportée à décembre. Un geste de bonne volonté dans l’espoir de trouver un accord commercial large avec Pékin, a expliqué le président américain. Dans les faits, il semble aussi que l’administration Trump ait pris conscience qu’une hausse brutale des tarifs, notamment sur tous les composants et produits électroniques, jusque-là épargnés, risquait de provoquer une rupture brutale pour les entreprises high tech
     Pendant une demi-journée, Donald Trump a pu se croire maître du monde : le Dow Jones s’est envolé. Le lendemain, la fête était finie : les marchés financiers mondiaux ont plongé durement, l’indice phare de Wall Street en tête. Avec sa mauvaise foi habituelle, Donald Trump s’est défaussé de toute responsabilité, accusant à nouveau dans un tweet vengeur le président de la Réserve fédérale d’être responsable de tout. Puis il a multiplié les déclarations à l’adresse de « son ami » Xi Jinping, lui proposant une rencontre pour régler les différends commerciaux entre les États-Unis et la Chine, et parler du sort de Hong Kong.
     Il y a encore quelques mois, cette invitation aurait pu avoir quelque chance d’aboutir. Mais elle risque de rester lettre morte, désormais. Car le gouvernement chinois a changé d’attitude. Il ne cherche plus, comme il y a un an quand Donald Trump a pris ses premières sanctions douanières, à temporiser, à rappeler son attachement aux traités internationaux, à l’ordre international. Il est désormais décidé à défendre ce qu’il considère comme ses droits et ses ambitions, même s’il lui faut en payer un prix élevé.
    Le monde a pris la mesure de ce durcissement le 5 août. Ce jour-là, le président Xi Jinping a annoncé sa riposte, en représailles aux nouvelles hausses douanières annoncées par les États-Unis. Non seulement la Chine ne reprendrait pas ses achats de soja américain, comme elle l’avait fait miroiter dans les négociations, mais elle laissait filer sa monnaie, permettant au yuan de passer pour la première fois sous le seuil symbolique de 1 dollar pour 7 yuans
     Contrairement à la plupart des pays, la Chine garde un contrôle étroit de sa monnaie : elle encadre les fluctuations du yuan dans un couloir de 2 %, autour d’un cours pivot. Malgré le ralentissement de l’économie chinoise depuis plus d’un an et les sanctions américaines, les autorités de Pékin ont veillé pendant tout ce temps à ne pas laisser tomber la valeur de la monnaie, afin de ne pas être accusées de manipuler leur monnaie en vue de soutenir leurs exportations et d’effacer les sanctions douanières américaines. Le yuan a perdu 10 % de sa valeur par rapport au dollar l’an dernier. Pour certains économistes et même le FMI, il aurait pu chuter beaucoup plus, compte tenu de la situation économique de la Chine.
     Voir les autorités chinoises autoriser la monnaie à passer au dessus des 7 yuans, considérés comme la ligne magique par les marchés, et même fixer ironiquement par la suite le nouveau cours pivot à 7,0001 yuans pour un dollar, ne peut être lu que comme un signe politique. Pékin ne s’en cache même pas d’ailleurs. Dans un communiqué, la Banque centrale de Chine a expliqué que la chute du yuan était « due aux effets des mesures unilatérales et protectionnistes [américaines – ndlr] et aux prévisions à la suite des annonces tarifaires contre la Chine ».
    « Ça s’appelle de la manipulation monétaire », s’est emporté Donald Trump, avant de s’en prendre à nouveau à la Fed. Dans la minute, tous les marchés ont commencé à dégringoler, s’alarmant de l’escalade des tensions entre La Chine et les États-Unis. « Les représailles de Pékin sont massives ; sur une échelle de 1 à 10, elles sont à 11. […] les mesures prises par Pékin ciblent directement la Maison blanche et semblent conçues pour avoir un impact politique maximum », dit Chris Krueger, responsable à l’institut de recherche Cowen.
     Des économistes commencent à évoquer les risques d’une nouvelle guerre des monnaies, chaque pays tentant de soutenir son activité en pratiquant des dévaluations compétitives sur le dos des autres. Les souvenirs des effets dévastateurs des politiques suivies pendant les années 1930 sont rappelés à tous. La comparaison avec les événements de la « Grande Dépression » n’est toutefois pas totalement pertinente. Car il y a une dimension nouvelle par rapport aux années 1930 : la liberté totale de circulation des capitaux.
     Chaque changement de taux, chaque mouvement de monnaie amènent dans les heures qui suivent des déplacements massifs de capitaux, qui, libres de tout mouvement, se déplacent à la vitesse de la lumière, pour trouver des places plus rentables ou spéculer sur les écarts entre les monnaies des uns et des autres. Cette masse de capitaux volants, qui a grossi dans des proportions gigantesques avec la création monétaire débridée depuis la crise de 2008, est désormais un facteur d’instabilité financière, économique et politique majeure, comme le prouvent les derniers événements en Argentine. La Chine n’est pas à l’abri de cette menace. Elle aussi doit gérer au plus près les risques de fuite de capitaux. D’autant que, malgré ses excédents commerciaux gigantesques, sa balance des paiements ne cesse de se détériorer et pourrait devenir négative dès cette année.
      Mais il y a un autre facteur qui inquiète la planète financière dans l’attitude récente de la Chine. Le ton très dur adopté par Pékin, accompagné de campagnes ultranationalistes dans le pays, laisse entendre que la Chine est désormais déterminée à jouer sa partie, à défendre ce qu’elle considère comme ses intérêts et prépare sa population à accepter de lourds sacrifices, si cela s’avère nécessaire. L’approche coopérative que Pékin avait adoptée depuis 30 ans n’est plus de mise.
      Or, le rôle de la Chine a été déterminant ces dernières années. Tout au long de la crise financière de 2008, Pékin a accepté de prendre des mesures extraordinaires pour stabiliser l’économie mondiale, injectant des centaines de milliards pour éviter l’effondrement de ses banques, mais aussi relancer la machine économique, soutenir une demande internationale. Rarement un gouvernement aura mis autant de moyens sur la table en temps de paix pour soutenir les équilibres précaires du monde, rappelle l’historien Adam Tooze dans son livre Ces dix années qui ont changé le monde. Ces mesures, qui se sont traduites par des surinvestissements et un surendettement, sont aujourd’hui une des causes du ralentissement et du malaise chinois.
     Qu’adviendra-t-il si, en cas de crise, le gouvernement chinois n’est plus d’accord pour aider à stabiliser le système économique et financier mondial ? Des économistes assurent que, malgré tout, Xi Jinping n’est pas prêt à tirer un trait sur une politique de soft power, mise en œuvre après le massacre de Tian’anmen, qui lui a été profitable. La façon dont Xi Jinping va gérer la question de Hong Kong dans les jours, voire dans les heures qui viennent dira ce qu’il en est.
    Une des victimes collatérales manifestes de cette escalade des tensions entre la Chine et les États-Unis est l’Europe. Et elle risque sans doute d’être un des terrains d’affrontement privilégiés entre les deux superpuissances à l’avenir.
     L’Allemagne, première puissance économique du continent, est la première atteinte. Son modèle mercantiliste, reposant sur des excédents commerciaux hors norme et leur recyclage financier à Wall Street, est touché au cœur depuis la montée des tensions commerciales mondiales. Elle voit des marchés se fermer, des débouchés disparaître. La Chine, qui était son premier client, est en passe de devenir son premier concurrent. De plus, la spécialisation de son économie, bâtie sur l’industrie automobile, est remise en cause, au fur et à mesure que les questions environnementales deviennent de plus en plus préoccupantes.
     Au deuxième trimestre, l’Allemagne a enregistré une baisse de 0, 2 % de son activité économique. Pour de nombreux observateurs, Berlin n’échappera pas à une récession cette année. La contraction de l’économie allemande a déjà entraîné un ralentissement dans ses principaux pays sous-traitants (Hongrie, Pologne, Tchéquie). Mais elle risque aussi d’emmener avec elle toute la zone euro, qui ne s’est toujours pas relevée de la crise de 2008.
      Pourtant, rien ne bouge. L’Allemagne a ainsi répété ces derniers jours qu’elle se refusait à renoncer à sa règle d’or de l’équilibre budgétaire, comme ne cessent de le lui suggérer de nombreux économistes, afin d’adopter des mesures contracycliques susceptibles de soutenir son économie et celle de l’Europe.
     Alors, une nouvelle fois, la Banque centrale européenne est montée au créneau. Inquiète des risques grandissants dans le système financier mondial, elle a fait savoir de façon tout à fait inhabituelle le 15 août qu’elle était prête à prendre des mesures de soutien hors norme pour venir en aide à l’économie européenne dès le début septembre. « Il est important que nous élaborions un train de mesures important et percutant en septembre. Lorsque vous travaillez avec les marchés financiers, il est souvent préférable de tirer plus fort plutôt qu’en dessous, et de disposer d’un ensemble très solide de mesures politiques, plutôt que de bricoler », a déclaré Olli Rehn, membre du conseil de la BCE en tant que gouverneur de la Banque centrale de Finlande.
      Alors que les taux directeurs de la BCE sont déjà négatifs, que l’institution monétaire a racheté des tombereaux de titres obligataires ces dernières années pour 2 600 milliards d’euros, beaucoup se demandent de quelles armes dispose encore la Banque centrale européenne pour reprendre sa politique de soutien monétaire. Très introduit dans les plus grandes capitales européennes, le fonds d’investissement BlackRock suggère que la BCE ose franchir le dernier pas et fasse comme la Banque centrale du Japon : racheter directement des actions. Ce qui reviendrait purement et simplement à nationaliser les marchés et à débarrasser les investisseurs de tout risque…
    La parenthèse de la mondialisation telle que nous la connaissons depuis 30 ans, depuis la chute du mur de Berlin, est en train de se refermer. Une certaine démondialisation a déjà commencé, sans que l’on puisse savoir à ce stade quelle forme prendra la suite. C’est face à cette décomposition accélérée de l’ordre ancien que les responsables du G7 (États-Unis, Allemagne, Japon, Canada, France, Italie, Royaume-Uni) vont se retrouver à Biarritz entre le 24 et 26 août.
     Cette réunion, comme tant d’autres auparavant, risque de n’aboutir qu’à des déclarations de circonstance. Comme à leur habitude, les responsables politiques, incapables de tirer la moindre leçon de leurs échecs passés, seront tentés de dire qu’il est urgent d’attendre. Comme à leur habitude, ils n’imagineront pas adopter d’autre approche, tant leurs traités, leurs politiques, les principes idéologiques qui les sous-tendent, leur semblent des chefs-d’œuvre indépassables. Au risque du monde…"
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Assurances chômage en question

Publié le par Jean-Etienne ZEN

"Un pognon de dingue", disait-il...

                     Nous serions donc dans un pays où le taux de chômage serait le plus élevé et où leurs indemnités seraient les plus généreuses. Par delà la langue de bois sans cesse répétée, qu'en est-il exactement? S'interroge-t-on sur les causes et sur l'ampleur réelle de ce phénomène appelé "de masse"?  Il s'agirait officiellement d' "encourager le travail" et d' inviter les sans travail à "traverser la rue", puisqu'il est sous-entendu qu'il suffit de vouloir pour pouvoir.             Malgré l'avis contraire du Conseil d'Etat, de nouvelles mesures restrictives seront appliquées, qui vont fragiliser un peu plus les plus précaires, aboutir à l'effet inverse de celui qui est publiquement recherché, comme le soulignent les analystes les moins critiques. Les effets de ces nouvelles dispositions qui vont marginaliser un peu plus une partie non négligeable des demandeurs d'emploi, sont contre-productifs, surtout dans le contexte économique du moment. 


               "...Mathieu Grégoire (sociologue et spécialiste de l’assurance-chômage) démontre à travail égal, salaire égal, des inégalités de traitement de 1 à 49 : la grande loterie. Malgré cela, malgré la crise sanitaire et l’appauvrissement de cette population, le gouvernement veut appliquer sa réforme au 1er juillet 2021.  22 juin 2021 : le Conseil d’État suspend la réforme. Elle ne sera donc pas mise en place au 1er juillet. Pour la seconde fois, la plus haute juridiction administrative s’oppose au gouvernement sur le même dossier. C’est inédit. Emmanuel Macron furieux qualifie la décision du Conseil d’État comme étant celle d’un « tribunal de province ». Mais le gouvernement par la voix d’Elisabeth Borne insiste et affirme que la réforme s’appliquera quand même s’appuyant sur le jugement : la juge estime que la conjoncture économique n’est pas assez bonne pour appliquer le texte au 1er juillet, le gouvernement met en avant la prétendue reprise économique et l’appliquera au 1er octobre...."            Des dispositions d'une extrême complexité,  qui pour une part ont une valeur punitive et vont se révéler comme une trappe à de nouvelles précarités et pauvretés. ___________

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Pourquoi les riches?

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

...Parce qu'ils le valent bien

     C'est pas le tout de gagner un milliard par an, il faut encore le dépenser. (Coluche)
   Et que de soucis! Gagner 4 millions à l'heure, ce n'est pas une sinécure...Demandez à Bernard. La vie n'est pas simple.
                 __Y a-t-il un sens à avoir tout et mille fois au-delà?...
Par exemple, les locataires de la  Villa Montmorency,  Liliane Bettencourt ...dont on peut s'amuser à calculer le revenu...
 Toujours plus de milliardaires.
      Aux Etats-Unis, 1 % des ménages captent 23 % du revenu global et vivent "sur une autre galaxie"
  La très grande richesse, dont on a parfois pas idée, n'est pas gênante en soi, même si elle ne peut combler le plus ambitieux des hommes. Mille vies ne suffiraient pas pour profiter de tant de fortunes amassées et stériles. Autant d'argent qui ne va pas dans la production, génératrice d'emplois, et qui s'égare dans certains paradis, enfers de l'économie réelle. Et plus personne ne croit à la théorie du ruissellement.
____Ce qui pose problème, c'est sa coexistence avec la masse des personnes vivant de peu ou de rien, les pauvres et les précaires, ceux pour qui dix euros comptent à la fin du mois. C'est l'exploitation qui est faite d'un main d'oeuvre qui coûte parfois si peu, surtout du côté de l'Asie.
Comme le disait il y a peu avec un certain bon sens un certain PP, sur TF1 " Le patron de (votre) chaîne, Martin Bouygues, 2,5 milliards de fortune, c'est inadmissible !"...Il faudrait, je crois, 200.000 ans de travail pour qu'un smicard puisse gagner autant !.. "C'est pour dire la disproportion qui existe aujourd'hui dans cette société-là et on dénonce un système qui est capable de condamner des millions de gens à la pauvreté, au chômage, qui n'arrivent plus à se soigner, à se loger..."
   C'est le temps des riches, les assistés de la France d'en-haut, à la richesse ostentatoire et décomplexée, toujours en hausse.
  Dans la France des inégalités croissantes, où les riches s'enrichissent toujours plus et les pauvres
s'appauvrissent davantage. Le Pactole ne coule pas pour tous.
  Des riches que certains aimeraient parfois imiter, surtout ceux des ghettos de la fricosphère, qui ont parfois une certaine idée de leurs capacités de bienfaisance...
  La crise.leur va plutôt bien.
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Pas gênés!

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Pourquoi s'en faire?

                 Quand l'impunité est là. Quand la vigilance politique fait défaut..

        Tout le monde n'ira pas au paradis. Evadons-nous!...fiscalement. Les paradis (riscaux), c'est fini! disait Sarko, sans sourciller. Mais tout fini par se savoir, ou presque...    Après les Panama Papers et leurs révélations, "ils" ont ouvert la boîte de Pandore: rien que du beau monde! Vient au jour une liste non exhaustive de personnes connues ou moins connues, du monde politique, mais pas seulement, d'institutions aussi, comme en Israël. Des heureux zélus, dont 35 chefs d'Etat, dont l'entourage de Vladimir  Pas moins! La finance offshore a encore des jours heureux devant elle, profitant d'un grand vide juridique. Les USA, qui ne manquent pas de prêcher l'exemple, sont aussi bien placés, pas seulement dans le Delaware: "... tout en laissant prospérer sur son territoire des zones défiscalisées et opaques dans le Delaware, le Nevada ou le Wyoming Ensemble, le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) et le Washington Post ont identifié un quatrième Etat américain qui se livre à un commerce florissant d’immatriculation de « trusts » garantissant l’anonymat : le Dakota du Sud. Le « trust » est une structure fondée sur le secret, qui permet à de riches particuliers de se délester – sur le papier – de leur patrimoine..."

 

 

            ______   « Pandora Papers » est une enquête collaborative menée par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) en partenariat avec 150 médias internationaux, dont Le Monde. Elle repose sur la fuite de près de 12 millions de documents confidentiels, transmis par une source anonyme à l’ICIJ, provenant des archives de quatorze cabinets spécialisés dans la création de sociétés offshore dans les paradis fiscaux (îles Vierges britanniques, Dubaï, Singapour, Panama, les Seychelles…).   Cinq ans après les « Panama Papers », l’enquête révèle l’ampleur des dérives de l’industrie offshore et de ses sociétés anonymes. Elle montre comment ce système profite à des centaines de responsables politiques de tous pays, et comment de nouveaux paradis fiscaux prennent le relais à mesure que les anciens se convertissent à la transparence..."

         ___________On a beau avoir déjà beaucoup lu sur la question, on reste toujours songeur et presque dubitatif quand on se plonge dans une nouvelle étude sur les mal nommés paradis fiscaux.

   Rares sont les livres d'une aussi grande densité et qualité sur ce problème, qui en donne avec le plus de précision, dans les limites des connaissances actuelles, l'ampleur et en analyse les conséquences souvent mal perçues sans analyse macroéconomique.
    Malgré ses limites et ses choix, c'est une étude stimulante que celle que vient de faire paraître Gabriel Zucman, qui condense en peu de pages ce que tout citoyen devrait savoir et surtout tout homme politique responsable, prenant un peu de recul par rapport aux murmures médiatiques.
      Nous sommes riches et nous ne le savons pas.
   Enfin, nous pourrions l'être tous, la dette serait de bien moindre ampleur s'il n'y avait pas autant de finances échappant au fisc, donc à la redistribution nationale, dans le silence des Etats sur les questions qui touche directement la gestion de la véritable fortune publique. 
    Il n'est pas seulement question de blanchiment d'argent sale des activités mafieuses et parallèles, mais de ce qu'on a tu pendant trop longtemps, depuis le début du XX° siècle, et plus encore depuis une quarantaine d'années, qui s'est accéléré avec la crise de 2008.
      L'auteur s'explique sur les contextes, les ententes et les complicités qui ont engendré de telles richesses dissimulées, alimentant la finance internationale, au bon vouloir des grandes banques et de la spéculation financière, qui n'est pas sans conséquences sur le niveau de l'activité économique, les taux d'intérêt, etc...
      Depuis l'affaire de Panama, la dernière en date médiatiquement, nous touchons du doigt l'ampleur de ce que l'affaire Cahuzac, entre autres, avait déjà fait apparaître.
                Le livre de l'auteur dépasse ces quelques aspects immergés d'un iceberg de taille:
      Gabriel Zucman estime ainsi à 8% la part du patrimoine mondial des ménages caché dans les paradis fiscaux (12% pour l’UE). L’Europe est la plus touchée par l’évasion fiscale. .;.______________

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C'est la fête

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

...Pour les actionnaires
                                 En France, où c'est le jackpot, mais pas seulement.
              Au dépends des salaires et des investissements.
   Une grosse entreprise a besoin de salariés et d'actionnaires.
         Mais de manière équilibrée.
   Or le divorce s'accentue entre les deux, surtout depuis la libéralisation dans la finance dans les années 80 sous l'effet des doctrines hayekienne et friedmanienne.
  Comme le reconnaît un rapport du Sénat
                  Les richesses produites par les grandes firmes du fameux CAC 40 donnent parfois le vertige.
   Le problème qui est posé n'est pas celui de leur ampleur, toujours le plus souvent bienvenue, mais de leur répartition.
     En fait, au lieu d'une répartition selon la règle des trois tiers, telle que rappelée par Sarkozy (un tiers pour les actionnaires, un tiers pour les salariés, un tiers pour l'investissement), la réalité est toute autre, surtout en France.
  Ce sont les actionnaires, les gros, qui se taillent la part du  lion. Et pas qu'un peu. Surtout en France.
    On le savait depuis quelques années, mais la tendance s'accentue. Dans l'économie à dominante financière dans laquelle nous sommes, des rapports récents convergent pour dénoncer ce déséquilibre grandissant dans la répartition.des richesses produites, aux dépends de l'investissement d'avenir et des producteurs, sans lesquels    aucune richesse ne verrait le jour.
     Un économie de rente s'installe et de super-profits pour les managers. ..Actionnaires, qui ne sont pas ou peu des particuliers. ... Près de la moitié de ces dividendes partent vers l'étranger. 55% seulement restent en effet en France, tandis que 20% prennent la direction de la zone euro et 16% celle des Etats-Unis. En France, les particuliers ne détiennent finalement que 9% de CAC40 et leur part a été divisée par quatre en trente ans. Ce sont des sociétés d'investissement ou des fonds de pension qui possèdent la quasi-totalité des entreprises cotées
  Ce sont les actionnaires qui font la loi, impulsant ainsi des tendances plus spéculatives que productives. Le rendement à court terme est privilégié par rapport à l'investissement à long terme, ce qui est un facteur de risques et de crises. ...En 2016, les entreprises du CAC 40 ont distribué plus de 66% de leurs bénéfices aux actionnaires, contre 30% dans les années 2000. Une exception française, car en Europe continentale les entreprises du CAC 40 sont de loin celles qui versent le plus d'argent à leurs actionnaires. On est loin de la règle des trois tiers prônés par Nicolas Sarkozy. "Ça fait bien longtemps que je pense que la règle des trois tiers est une bonne règle. Sur 100 de bénéfices, il devrait y en avoir 33 qui reviennent aux salariés, 33 qui vont directement dans la poche de l'actionnaire et 33 qui servent à être réinvestis dans l'entreprise. Parce qu'une entreprise doit investir pour continuer à être compétitive", déclarait-il le 5 février 2009...déclaration de bon sens, mais qui a fait long feu.

      La France est championne du monde des dividendes reversés aux actionnaires:...Les richesses n'ont jamais été aussi mal partagées depuis la crise au sein des grands groupes, qui choisissent délibérément une course aux résultats de court terme pour conforter les actionnaires et les grands patrons au détriment des salariés et de l'investissement", a dénoncé Manon Aubry, porte-parole d'Oxfam France, citée dans le communiqué.
   Par exemple, ...le sidérurgiste ArcelorMittal, l'énergéticien Engie et le leader mondial de la gestion de l'eau Veolia sont, dans l'ordre, ceux ayant les taux les plus élevés de redistribution des bénéfices en dividendes aux actionnaires, soulignent les deux ONG.
  Les organisations Oxfam et Basic, notamment, dans le sillage de nombre d'économistes dénonçant les dérives financières d'un capitalisme ....appellent le gouvernement "à reprendre la main sur cette économie déboussolée avec des mesures de régulation ambitieuses", "en préservant la capacité d'investissement et en interdisant que la part des bénéfices reversée aux actionnaires dépasse celle qui est reversée aux salariés".
      Ce partage déséquilibré des bénéfices n'est pas seulement un facteur de risques dans une économie mondialisée mais constitue aussi une menace pour le développement.

    Cette machine à dividendes… et à inégalités, cette tendance aux « profits sans partage » contribue à anesthésier le risque entrepreneurial et à créer et favoriser les conditions d'une précarisation des emplois.
      L'actionnariat a changé de nature comme la gestion des entreprises, avec toutes les conséquences visibles ou invisibles, notamment les nouvelles formes de management brutal et la souffrance au travail.

                         ___ Un début de prise de conscience en cours?...
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