Apocalypse cognitive

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 Temps de cerveau disponible

           Notre époque est formidable. Que de néo-technologies à notre disposition, dont nous ne voyons pas les limites! Que de rapidité dans les moyens de s'informer, sans même qu'on le demande! Nous sommes envahis de messages en tous genres, dès lors que nous ouvrons notre téléphone portable, des plus importants au plus futiles. Nous sommes sans cesse sollicités, notre esprit est en permanence en état d'attente parfois fébrile pour recevoir toujours plus d'informations, venus d'horizons de plus en plus variés et de de plus en plus difficiles à décoder, du fait de leur surabondance même.     A moins que nous fermions le robinet, que nous en régulions le débit et que nous décidions de mettre un peu d'ordre et surtout d'esprit critique dans le flux envahissant des datas. Pour maîtriser la masses de données qui nous bousculent et nous encombrent.                                                                   ___Nos facultés n'ont jamais été autant sollicitées par toutes sortes de canaux où parfois nous n'arrivons plus à faire le tri entre l'essentiel et le superflu, l'important et l'accessoire, le vrai et faux.   C'est ce sur quoi insistent les recherches de Gérald Bronner, qui ne fait pas oeuvre de pionnier, mais approfondit ce nouveau rapport entre notre esprit et ce qui tend à le solliciter sans cesse, jusqu'à la saturation et à l'abandon du jugement, dans la cacophonie informationnelle montante, qui fait le lit de la crédulité généralisée.

 

         Nos facultés sont plus que jamais en péril. Trop de sollicitations, de stimulations, qui envahissent notre "cerveau disponible". La dépendance montante aux écrans capte trop souvent le meilleur de nous mêmes. La crédulité est une donnée en hausse, non pas qu'elle n'existait pas avant, mais elle a plus de matière pour s'exercer et moins de moyens d'être détectée. Notre attention s'émousse, à force d' être sollicitée en permanence. Elle s'efface peu à peu. Nous sommes plus perméables aux bobards, à la viralité montante des fake news. Il y a là une risque civilisationnel, aux yeux de Bronner, dans cette confusion galopante, de perdre des repères essentiels et de sombrer dans les eaux d'un relativisme généralisé où toutes les balises s'estompent et où les valeurs s'équivalent.     Vieux problème déjà soulevé par Platon, mais prenant aujourd'hui une acuité plus forte. Le problèmes n'est pas que théorique; la démocratie des crédules a encore de beaux jours devant elle. La défense de la raison théorique et pratique devient plus que jamais un objectif prioritaire. Contre les sentiments immédiats et les évidences trompeuses, contre les conformismes qui se renforcent mutuellement. Dans le marché dérégulé de l'information, la vigilance théorique reste la seule arme, contre la fabrique du consentement, jouant souvent à notre insu, dan les réseaux sociaux et sur nos écrans surmultipliés.  _____

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