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Chine: nouveau rebond?

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Déblocage

                    La contestation, quoique limitée, a eu raison de la rigidité du système. Jinping a lâché du lest...par intérêt économique enfin compris...Certes, ce n'était pas une révolution, mais la marmite commençait à bouillir en certains endroits. Il était temps de dégoupiller. Après des moments d' hésitations en haut lieu. L'hypercentralisation du pouvoir a montré ses limites dans son obstination contre-productive. Il fallait sortir du piège, par le haut. La politique sanitaire connaît un revirement complet. Le fiasco ne pouvait s'éterniser. Le "réalisme" a finit par s'imposer...pour que rien ne change.   


                                                                                                                              ____ Les affaires vont-elles pouvoir se développer comme avant? Là est la question.... La puissance chinoise montante aura-t-elle toujours les moyens de ses ambitions internes et planétaires? Pékin semble bien entrer actuellement dans une sorte d'impasse, dont la gestion des rebonds de la crise sanitaire n'est qu'un des aspects. Le relatif ralentissement économique, la question de l'immobilier, les problèmes monétaires interrogent plus d'un spécialiste, qui y voient un risque de ralentissement majeur de l'activité du pays, voire une révision de ses projets internationaux. Sans parler de l'énorme défi écologique, qui concerne les orientations de toute l'économie mondiale, comme de l'hyper-centralisme du pouvoir, constituant une faiblesse majeure à terme.                                                                                                            Un colosse aux pieds d'argile a-t-on souvent dit. Il est de moins en moins facile de se projeter dans cet avenir proche, étant donné l'interdépendance des économies et une relative réduction de la voilure de la mondialisation qui s'esquisse. L'ébranlement général ne peut pas ne pas affecter la marche de l'empire du milieu, même s'il faut toujours resituer le pays dans son histoire longue. En tout cas, la prudence s'impose, même si on peut dessiner les grands traits de ses ambitions géopolitiques toujours présentes. Venant de loin, la Chine a le temps....                                                 

 

 

                   Point de vue  "La force de la Chine et de ses dirigeants est d’avoir une stratégie de long terme à trente ans, rendue possible par la stabilité du régime et des institutions, une forme naturelle de patience stratégique et de prudence, mais surtout par l’impression de durabilité du pouvoir en place qui n’a plus d’échéances électorales ouvertes à horizon visible. Dès 2019, le président chinois Xi Jinping a clairement énoncé son objectif stratégique : la Chine devra être redevenue la première puissance mondiale en 2049 lors de la commémoration du centième anniversaire de la République populaire communiste.      Pour y parvenir, les dirigeants chinois savent qu’il leur faut d’abord répondre aux aspirations basiques d’une population de 1,4 milliard d’habitants qui font de la Chine le pays le plus peuplé de la planète : de la nourriture, un toit et un emploi pour chacun, et un niveau de vie suffisant pour pouvoir consommer dans un environnement vivable qui ne soit pas trop pollué. Car la Chine est devenue au fil des décennies l’usine du monde, même si ce rôle lui échappe progressivement. Ces mêmes dirigeants savent aussi que leur pays vieillit et qu’il est tiraillé par des forces séparatistes tout comme par la volonté de ses mégapoles devenues riches de gagner en autonomie ; ils misent donc sur un parti unique fort, jouant à la fois le rôle d’ascenseur social et d’outil coercitif pour préserver la cohésion nationale. C’est pourquoi la question de Taïwan reste sans doute la plus cruciale pour les dirigeants chinois qui ne tolèreront pas de voir l’île déclarer son indépendance. S’ils sont convaincus de ne pas pouvoir préserver le statu quo actuel, il est probable qu’ils saisissent la première occasion pour prendre directement ou indirectement le contrôle de Taïwan, ce qui leur donnerait un accès garanti au Pacifique.                                           Sur le plan géopolitique, la grande stratégie chinoise vise à tenir à distance et isoler les rivaux de la Chine, tout en sécurisant ses approvisionnements énergétiques, en matières premières et en ressources stratégiques. Elle semble se décliner en cinq étapes consécutives décrites sur la carte ci-jointe. Les dirigeants chinois jouent au Go et placent leurs pions sur le plateau planétaire avec une logique de long terme, en tentant de ne pas effaroucher leurs adversaires. Vu sous cet angle, leur concept de nouvelles routes de la soie terrestres et maritimes sert à la fois à pénétrer les marchés d’Asie centrale, du Moyen-Orient, d’Afrique et d’Europe orientale, tout en étouffant progressivement le rival régional indien.                                                                                                    Le Moyen-Orient et le bassin méditerranéen représentent pour la Chine un réservoir d’énergie qui alimente la moitié de sa consommation pétrolière, et un carrefour stratégique qui lui permet de poursuivre son expansion économique et politique en direction de l’Europe, de l’Afrique et de l’Amérique latine. Pour sécuriser ses approvisionnements en hydrocarbures, la Chine devra sans doute s’engager davantage au Moyen-Orient.   Sur le plan militaire, au-delà de la croissance spectaculaire de ses forces aériennes et navales, la Chine fait face à un dilemme. Elle cherche à tout prix à éviter une confrontation majeure avec les États-Unis, l’Inde et la Russie, tous trois dotés de l’arme nucléaire, mais aussi à éviter une guerre avec le Japon (adversaire historique) dont elle n’est pas sûre de sortir vainqueur. Mais pour monter en gamme et en crédibilité, et pour aguerrir ses combattants, elle sait qu’il lui faudra sans doute accepter des affrontements limités. Ceux-ci pourraient survenir à Taïwan bien sûr, tout comme en Asie du Sud-Est, en mer de Chine et en océan Indien.      En attendant, la Chine s’est lancée dans la bataille, en intégrant la menace de la force militaire dans une approche globale qui recouvre les domaines informationnel, culturel, économique, financier, politique, légaux, normatif, écologique, biologique, cyber... Elle cherche en priorité à rattraper son retard technologique afin d’espérer dépasser les États-Unis dans ce domaine. La conquête spatiale représente pour elle un champ idéal mêlant prestige et progrès scientifique...." _________

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Climato-scepticisme en question

Publié le par Jean-Etienne ZEN

         Question de croyance?

 

On comprend mieux...

                           Malgré les confirmations répétées du Giec et l'évidence des faits accumulés, on pourrait croire qu'il n'y a plus de doute à avoir sur ce qui pour de nombreux spécialistes est devenu un quasi-évidence: les données climatiques, dûment mesurées et confirmées, convergent toutes vers une certitude partagée: il existe une transformation rapide du climat vers un réchauffement généralisé, dû largement à l'activité humaine galopante, surtout industrielle, surtout notamment depuis ses débuts. Il y a bien un large consensus sur ce constat.

 

      ___________Mais une frange non négligeable de personnes er d'institutions contestent encore ce constat, attribuant les transformations climatiques à des causes (surtout) naturelles, comme les très nombreux changements qui ont affecté l'histoire de la terre. Une remise en question liée encore à l'ignorance ou au déni, mais aussi à l'intérêt, au refus de remise en cause de pratiques, industrielles ou agricoles notamment,  qui sont soupçonnées être des  facteurs d'accélération et d'aggravation du climat local ou général. C'est ce appelle parfois le  grand déni, qui domine encore dans plusieurs pays du monde, notamment aux USA, dans les milieux industriels et conservateurs. Il fut un temps où en France Claude Allègre se faisait le champion de cette cause, au nom de données prétendument scientifiques. On ne l'entend plus. Mais une vague médiatique continue la même musique en France et même au sein d' institutions européennes. Diverses formes de climat-scepticisme continuent à se manifester.  Aux USA, c'est plus généralisé et affiché, souvent sans complexe, au service d'intérêts affirmés. Au nom du " libre marché". Refusant les évidences et ramenant tout à un éco-pessimisme punitif et catastrophiste.   Comme dit Naomi Klein « c’est peut-être au moment du désastre ou juste après, qu’il est possible de reconstruire autrement. » ______________________ 

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Une justice à deux vitesses

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 Selon que vous serez puissants ou misérables...

                          Depuis La Fontaine, peu de choses ont changé. Deux poids, deux mesures...                                             Une justice trop souvent à géométrie variable. Une justice qui peine souvent à faire son travail, avec le peu de moyens qu'elle a. Une justice souvent injustement traitée. On comprend que, malgré ses failles intrinsèques, elle puisse devenir objet de suspicion, surtout depuis certaines "affaires"...

          "...¨Pourquoi cet élu corrompu ne dort-il pas en prison, alors qu’on y envoie volontiers les petits voleurs ? Obsédante, la question revient à chaque affaire politico-financière ou presque. Elle relèverait d’un raisonnement simpliste et populiste, maugréeront certains, mais cette interrogation repose pourtant sur une réalité bien palpable. Alors que le nombre d’atteintes à la probité augmente, on voit très peu de politiques envoyés dans les geôles de la République, au demeurant pleines à craquer (avec 72 809 détenu·es pour 60 698 places en novembre). Premier constat : la volonté politique du moment est de lutter en priorité contre la petite délinquance, un combat supposé payer médiatiquement et électoralement. Dans le même temps, police et justice sont mal armées pour combattre efficacement la corruption : les effectifs comme les moyens matériels font défaut. Par ailleurs, un certain nombre de magistrates et de magistrats répugnent à incarcérer les cols blancs, soit par un effet de biais culturel, soit qu’ils doutent de l’utilité de la mesure elle-même, soit qu’ils craignent tout simplement pour leur carrière. D’où l’exaspération récurrente des citoyen·nes au vu du traitement judiciaire plutôt doux qui est réservé aux politiques, au mépris du principe d’égalité devant la loi, malgré le durcissement de l’arsenal répressif, et en dépit des exigences d’exemplarité et de probité censées peser sur les élu·es.  peser sur les élu·es.

           Dans les années 1990, un semblant d’opération « mains propres », lancée par des magistrat·es, avait bien provoqué l’incarcération de quelques barons locaux comme Alain Carignon à Grenoble (Isère), de 1996 à 1998, Michel Mouillot à Cannes (Alpes-Maritimes), de 1996 à 1997, puis de 2005 à 2007, Jean-Michel Boucheron à Angoulême (Charente), de mars 1997 à juillet 1998, ou encore l’ancien ministre délégué au tourisme Léon Bertrand, en Guyane, de novembre 2009 à mars 2010, puis de septembre 2018 à avril 2019. Alors novice en politique, Bernard Tapie avait quant à lui été incarcéré de février à juillet 1997 dans l’affaire du match de foot truqué VA-OM.   Mais à de très rares exceptions près, les poids lourds de la politique, comme Jacques ChiracCharles Pasqua ou Roland Dumas, étaient pour leur part ménagés, les enquêtes étant freinées et s’étirant interminablement, pour s’achever parfois sur une simple peine de prison avec sursis. Par un mouvement de balancier, la lutte contre la corruption et pour la transparence avait paru reculer progressivement, la prison devenant à nouveau quasiment taboue pour les politiques, du moins jusqu’à une époque récente. Au vu de l’actualité de ces derniers mois, il semble en effet que certains juges aient un regain de vigueur répressive. Toujours ce mouvement de balancier.   Deux proches de Nicolas Sarkozy ont ainsi été hébergés récemment par l’administration pénitentiaire. L’ancien maire (Les Républicains) de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) Patrick Balkany, de septembre 2019 à février 2020, puis de février 2022 à août 2022, et l’ancien secrétaire général de l’Élysée et ex-ministre de l’intérieur Claude Guéant, de décembre 2021 à février 2022.  Surnommé le « Balkany catalan », Alain Ferrand, maire divers droite du Barcarès (Pyrénées-Orientales), l’a également été, de janvier à février 2022. Quant à l’ancien ministre Georges Tron, il fait figure d’exception, son incarcération de février 2021 à mars 2022 étant consécutive à sa condamnation aux assises pour viol et agressions sexuelles.  Pour être spectaculaires, ces incarcérations n’en demeurent pas moins rares. Les mécanismes qui expliquent la relative mansuétude dont jouissent souvent les politiques sont nombreux. Au stade de l’enquête ou de l’instruction, les magistrats et magistrates évitent le plus souvent de recourir à la détention provisoire, alors qu’elle est légalement possible pour les atteintes à la probité passibles de plus de trois ans de prison, comme le délit de corruption, qui peut théoriquement être sanctionné d’une peine de dix ans d’emprisonnement.  Mesure privative de liberté, la détention provisoire peut se justifier pour « conserver les preuves ou indices matériels », « empêcher une pression sur les témoins ou les victimes », ou « empêcher une concertation frauduleuse », notamment.    Mais en matière économique et financière, la tendance est à la prudence : on laisse le plus souvent le soin aux juridictions de jugement de se prononcer sur d’éventuelles peines de prison. Plutôt que de recourir à la détention provisoire, un juge d’instruction préfèrera souvent placer le col blanc mis en examen sous contrôle judiciaire. Il s’épargnera ainsi une polémique sur le thème du « gouvernement des juges » et du « préjugement de culpabilité », voire un chantage au suicide.   Comme les grands patrons, les politiques ont un autre atout dans la manche : ils s’offrent souvent les services des meilleurs avocats, habiles à soulever des incidents de procédure et enclins à jouer la montre. Dans le meilleur des cas, ceux-ci peuvent obtenir l’annulation de tout ou partie de la procédure. Au pire, en multipliant les recours, ils pourront toujours, le moment venu, plaider avec indignation la longueur excessive de la procédure et l’ancienneté des faits, tout en implorant la clémence du tribunal. Au besoin, des campagnes de communication peuvent aussi tenter d’attendrir l’opinion et d’exercer une pression sur les juges. Nicolas Sarkozy, notamment, a eu recours à toutes ces méthodes dans les affaires où il est mis en cause, et notamment avant l’ouverture de son procès pour corruption dans l’affaire « Paul Bismuth », en novembre 2020, devant le tribunal de Paris, quand il multipliait les interviews pontifiantes.  Face au tribunal correctionnel, la donne est toutefois risquée. L’époque est moins permissive, et des peines de prison ferme sont couramment prononcées contre des politiques. À l’occasion, il leur est rappelé dans le jugement qu’ils ont voté des lois durcissant le Code pénal, notamment en ce qui concerne les atteintes à la probité comme la corruption et la fraude fiscale.  En décembre 2016, Jérôme Cahuzac a ainsi été condamné en première instance à une peine de trois ans de prison ferme… mais sans mandat de dépôt. Une fleur faite à l’ex-ministre du budget, qui lui avait permis de rester en liberté jusqu’à son procès en appel. Et en mai 2018, la cour d’appel de Paris a condamné Jérôme Cahuzac à une peine « aménageable », en l’occurrence deux ans de prison ferme. De la prison sans prison, en somme. Patrick Balkany reste l’un des très rares politiques contre qui un mandat de dépôt a été délivré à la barre, en septembre 2019.  La peine aménageable, c’est un des jokers dont disposent les politiques. Pour limiter les courtes peines de prison, une politique d’aménagement des peines a été mise en œuvre depuis plusieurs décennies. Jusqu’à récemment, les peines inférieures à deux ans de prison ferme étaient aménageables, notamment en régime de semi-liberté ou de placement sous surveillance électronique. Ce seuil est tombé à un an de prison ferme pour les faits commis depuis le 24 mars 2020 (date d’entrée en vigueur de la loi du 23 mars 2019).   En matière économique et financière, la tentation reste forte, pour les juridictions du premier degré mais aussi en appel, de ne pas prononcer une peine d’emprisonnement ferme supérieure à ces seuils. La prudence, toujours. C’est notamment ce qui a bénéficié à Nicolas Sarkozy, en première instance, dans les affaires « Paul Bismuth » et Bygmalion, et à François Fillon dans son affaire d’emplois fictifs sur fonds publics.  Quand elle vient à être exécutée, la peine de prison ferme peut encore être aménagée. Patrick Balkany a ainsi obtenu une libération conditionnelle pour motifs médicaux. C’est également pour des raisons de santé que son épouse, Isabelle Balkany, n’a pas été incarcérée, malgré sa condamnation à quatre ans de prison ferme, puis la révocation de son placement sous bracelet électroniqueClaude Guéant, quant à lui, a obtenu sa « conditionnelle » en remboursant finalement les sommes qu’il devait encore à l’État, non sans avoir fait état de problèmes de santé. La libération conditionnelle, c’est un autre joker dont bénéficient les politiques, qui sont réputés réinsérables et non dangereux. Elle est en outre facilitée pour les plus de 70 ans.Le parfum d’impunité qui entoure nos chers politiques est encore renforcé par la survivance d’une juridiction d’exception : la Cour de justice de la République (CJR), seule habilitée à poursuivre puis à juger les ministres pour des faits commis dans l’exercice de leurs fonctions. La longue liste des affaires jugées par la CJR, dans laquelle les parlementaires sont majoritaires au sein de la formation de jugement, confirme sa tare originelle, celle de l’entre-soi : aucune peine de prison ferme n’a été prononcée depuis le premier procès, en 1999.  Relaxes, dispenses de peine, prison avec sursis, c’est la litanie des décisions complaisantes rendues par les juges de la CJR, y compris dans des affaires de corruption pour lesquelles d’autres acteurs ont effectué des séjours en prison. Ce faisant, les politiques se protègent, mais ils prennent le risque d’attiser les colères. " [Merci à Michel Deléan
     * ____   Le paradoxe Balkany, dit Patoche: sortir de la Santé pour se refaire une santé?!

               __ Quand les Balkany ne nient plus
             Les Balkany. c'est déjà une longue histoire...Un couple en or.
_______ Habitués au luxe de Neuilly et aux charmes de Levallois, ils avaient pris quelques habitudes .Faut les comprendre!
__ Marrakech et St Martin sont si proches de la banlieue...
  La frontière entre vie privée et intérêts publics est restée floue.
      On aurait dû leur expliquer.
    Et puis quelques problèmes de mémoire les ont desservis. Normal, à un certain âge.
Dure, la condition d'élu!
___Tant de soucis! et il faudrait encore être honnête.. Pfff!__________
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Ces services qu'on dit (encore) publics

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Petit à petit, le reagano-thatchérisme fait son lit

                L'ultralibéralisme des années 80, sous impulsion anglo-saxonne, poursuit son chemin. Le problème, c'est l'Etat, disait Ronald; "Il n'existe que des individus", répétait Maggie. Tous deux bons disciples de l'école de Chicago, de Hayek et de Friedman.                                                                                                    Si quelques corrections sont intervenues ca et là, s 'il y a souvent des lenteurs et parfois des résistances, l'esprit de Chicago n'a pas changé, du côté des économistes en vogue et de décideurs politiques de premier plan. Les services publics sont pour eux dépassés et il est temps d' "ouvrir le capital", comme disait pudiquement L.Jospin, pour privatiser sans vraiment le dire, au détriment des intérêts des citoyens, devenus surtout consommateurs, Les services tendent à devenir des marchés. Un processus de sabotage s'est installé. ".... Les gouvernements successifs ont fait le choix d’importer les normes du privé dans l’espace public. Ils ont été encouragés par des traités et directives de l’Union européenne (UE) favorables à la dérégulation. La rentabilité et la concurrence sont devenues des maîtres mots. Un contresens total pour des services qui ont vocation à satisfaire les besoins de la population, à servir l’intérêt commun, à mettre à l’abri des dynamiques inégalitaires.Des vagues de privatisations aux scandales des Ehpad ou des crèches, le dogme s’est installé au sommet de l’Etat : le privé ferait mieux que le public. Comme si les mécanismes du privé avaient une capacité d’organisation supérieure...."   On a vu..

              ll serait temps de faire à nouveau l'éloge du service public.    Car, de plus en plus, pas seulement en France, des secteurs d'activité d'intérêt général sont réduits ou sacrifiés sur l'autel des intérêts privés, directement ou indirectement, au nom d'un marché prétendument régulateur et facteur de progrès. Même au niveau de certaines missions ministérielles (recours à des cabinets privés.)  La doctrine reaganienne est passée par là...  jusque dans les couloirs de l'hôpital, des laboratoires pharmaceutiques et de projets d'école...   


                                                                                                        "...Qui veut la peau des services publics? Comment s’en sortent les agents qui ne parviennent plus à faire leur métier du fait des réorganisations incessantes, du management par les indicateurs et le reporting ? Quel impact cela a-t-il sur les usagers ? C’est à toutes ces questions que Claire Lemercier, historienne, Julie Gervais, politiste, et Willy Pelletier, sociologue, ont répondu au terme d’enquêtes au long cours, dans La valeur du service public (La Découverte, 2021). A partir de nombreux témoignages, ils montrent les conséquences des politiques mises en œuvre par une nouvelle noblesse d’Etat, qu’ils nomment la « noblesse managériale public-privé », formée dans les nouvelles écoles du pouvoir et coupée des réalités du terrain. Entretien avec Claire Lemercier et Willy Pelletier...."                                                              Il a raison, Jacques. C'est tout Bon...Même si ses constats viennent un peu tard et qu' il ne suffit pas de le proclamer. Et il n'est pas le premier.  C'est le constat sur le terrain de pas mal d'élus locaux depuis quelques années.

 

     ____Les services publics reculent, à tous les niveaux, se dégradent et engendrent une fracture qui ne peut que s' accentuer, si rien n'est fait. (*)
     C'était une des thématiques récentes des gilets jaunes de province. Il existe de plus en plus de zônes grises, de quasi-déserts administratifs, médicaux, etc...qui, comme un cercle vicieux, entraînent une perte de substance, en même temps qu'un sentiment d'abandon, reléguant de plus en plus de gens en seconde zône,  surtout quand se sont envolés les emplois industriels locaux.
  Une France à deux vitesses. On en prend le chemin, quand ce n'est pas déjà accompli. Il suffit de visiter les Ardennes ou la Meuse.
   Et il n'y a pas que la poste ou les centres de soins locaux qui sont concernés.
     C'est tout le lien social qui est affecté.
  La numérisation des données ne va pas remédier à ces choix le plus souvent faits hors concertation. Il faut être équipé, connecté, formé et la majorité vieillissante de la population rurale se trouve exclue d'emblée de certains services.
      La fracture numérique renforce de fait les inégalités.
  On a voulu  moderniser, financer le présent à court terme, privatiser de plus en plus, donner le pas aux conurbations urbaines, faire de la voiture le moyen d'aller plus loin se faire soigner, remplir une démarche administrative, etc...

    On a voulu réduire la voilure d' l'Etat, jugé trop obèse, sous l'influence de la pensée néolibérale de Hayek, devenu un dogme indiscuté. Maggie a montré le chemin.
   On a progressivement porté atteinte  aux  services publics, sous des prétextes les plus fallacieux.
    Le dégraissage fut à l'ordre du jour et se poursuit. On en voit les effets.
     Pendant ce temps, on fermait les yeux sur l'évasion ou la fraude fiscale, on réduisait les impôts des plus favorisés, on  soutenait de grandes entreprises sans le moindre contrôle, on se lançait sans frein dans des investissements problématiquement productifs, etc....
____________

  (*)    "....Ces maux ne datent pas d’hier et « renvoient souvent à des problèmes plus profonds, d’ordre systémique. Ils constituent les “signaux faibles” émis par la société française, souvent “invisibles” des responsables politiques et administratifs nationaux, faute d’être appréhendés de manière globale ». La réduction du périmètre des services publics, les réductions budgétaires d’un côté et la progression de la pauvreté et de l’exclusion de l’autre ont des effets dévastateurs sur la cohésion sociale. Résultat, « en 2018, le Défenseur des droits a constaté, une fois encore, (…) les effets néfastes de l’évanescence croissante des services publics sur les personnes pour lesquelles ils constituent souvent le principal recours ».       Cette évanescence est tout d’abord le fruit d’une réduction du « périmètre des services publics » par « la privatisation des services organisés en réseau, tels que la poste, les télécommunications, l’eau, le gaz, l’électricité, les services urbains ou les transports publics ».       Parallèlement à cette privatisation, l’État s’est également déchargé de ses obligations en déléguant « certains services publics, en particulier dans le domaine de l’action sociale et de l’aide à domicile des personnes en perte d’autonomie » à « des associations à but non lucratif de plus en plus mises en concurrence avec des sociétés privées dans le cadre de procédures d’appel d’offres où les critères financiers s’avèrent prédominants ».       Les services publics restant sous le giron de l’État ont quant à eux été « confrontés à une restriction de leurs moyens budgétaires, y compris dans le domaine social, couplée à une transformation de leurs modes d’intervention appelés à être plus efficients ».         Affaiblis par la réduction de leur périmètre et de leurs budgets, les services publics ont cependant dû faire face « au développement des inégalités, de l’exclusion de la pauvreté », explique le rapport. « Les personnes “exclues” sont apparues massivement dans les services publics : non seulement aux guichets des services sociaux et des organismes de logement, mais également dans les services de santé, d’éducation, dans la justice, etc., tous sont confrontés à la multiplication de situations d’urgence. »       Et beaucoup d’administrations n’ont pas les moyens de faire face à l’afflux de demandes. « Confrontés à l’essor de la pauvreté, les services publics, en particulier sociaux, ont tenté de faire face à l’afflux des demandes en développant le traitement de masse de dossiers, explique le rapport. La standardisation des modes de traitement des demandes de prestation d’allocations ou de pensions, alliée au souci de performance des différents opérateurs évalués à partir d’objectifs quantifiables et statistiques, fait obstacle au traitement individualisé des dossiers. Or les situations individuelles des personnes les plus précaires, qui constituent des cas d’urgence majeurs, sont souvent complexes. »      Le rapport cite particulièrement l’exemple « des réformes successives des régimes de retraite mises en œuvre à partir de 1993. Les évolutions législatives se sont enchaînées à un rythme soutenu. Elles ont systématiquement entraîné une augmentation du nombre de départs à la retraite et des demandes de pension que de nombreux organismes n’ont pas été en mesure de gérer dans des délais raisonnables (…). Des personnes assurées sont ainsi restées dans l’attente de la liquidation effective de leur avantage vieillesse plusieurs mois après leur cessation d’activité, ce qui, pour celles à revenus modestes, a pu poser des difficultés insurmontables ».        Le rapport du Défenseur des droits s’inquiète également d’une « répartition géographique des services publics décorrélée des besoins des usagers »« Derrière la logique budgétaire et le souci de rationalisation qui conduisent à la fermeture de guichets de services publics dont dépend l’accès aux droits des personnes les plus précaires, se profilent de nombreuses situations individuelles », prévient-il...."   ____________________________

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MacKinsey à l'hôpital

Publié le par Jean-Etienne ZEN

L'algorithme et le soignant.

                    Dérives.   Les critiques fusaient depuis longtemps: par sa logique d'organisation à outrance, l'hôpital souffrait de désorganisation, perdait son âme, sa raison d'être, mettait le personnel en souffrance . Il ne s'en est pas encore relevé. La logique purement gestionnaire aboutissait à des impasses où le malade devenait une variable, dans un système sommé de faire des bénéfices. Ce qui coûtait in fine plus cher à l'Etat et démotivait les soignants les plus engagés. Une logique comptable devenue parfois ubuesque. On en voit encore certains résultats et les effets sur la démotivation des équipes soignantes.                                                                                                                                                         Pourtant, le Sénat finit par s'emparer de l'affaire et à dénoncer enfin l'abandon par l'Etat de ses responsabilités premières, laissant à des organismes privés le soin de rationaliser, dans divers domaines, afin de produire des économies substantielles, comme on voulait le penser, dans le pur esprit gestionnaire néolibéral, même si des officines se faisaient grassement rétribuer, pour des tâches qui parfois n'aboutissaient à rien de concret, tâches que l'administration semblait incapables d'assurer, pourtant formée pour cela. Le Premier Ministre a fini par reconnaître timidement ces démissions coupables, sans être suivi.  On comprends mieux pourquoi....                                  ______"...Imaginez: vous parlez de vie. Il parle de coût. Vous parlez de gagner du temps pour votre patient. Il parle d’efficience. Vous parlez de problème d’organisation, de manque de soutien psychologique ou politique, de matériel vétuste. Il parle d’optimisation de la logistique hospitalière. Vous espérez pouvoir mieux soigner. Il voit des gros billets. Ouvrez les yeux, nous sommes en 2022. Vous savez qui compte les dépressions des collègues à bout de force et les traumatismes des patients dont les opérations ont été repoussées par manque de moyens dans le système de santé public. Une question simple, cruciale, puissante s’impose à votre esprit : Comment a-t-on pu en arriver là ? Décennie 90, première métastase, baptisée MEAH pour Mission nationale d’expertise et d’audit hospitaliers. Sur l’impulsion du gouvernement, celle-ci construit les conditions parfaites pour que les gros cabinets de conseil s’immisce dans le fonctionnement des hôpitaux. Ainsi débute le « phénomène tentaculaire« , tel que le décriront les sénateurs chargés d’une mission d’enquête sur les cabinets de conseil, qui mettra à terre l’un des systèmes de soins les plus avancées de l’histoire de l’humanité..."                                                                La consultocratie a imposé sa loi, jusque dans les blocs opératoires.   Vous avez dit consulting?    L'affaire continue à faire des remous. Une consultocratie abusive est en question, après un livre qui a fait du bruit sans contestation sur l'essentiel et un rapport du Sénat qui suscite l'émotion. Le recours croissant à des agences privées n'est pas nouveau, mais s'il a pris une ampleur sans précédent, même si des pays voisins font mieux que nous. Un nouveau boulet présidentiel dans cette période cruciale. Aucun domaine n'était épargné, depuis les questions de santé ou de défense. D'éducation aussi ou de retraites. Comme si les ministères n'avait plus de compétences, de vision à long terme, de sens de la responsabilité politique, du service public. Un vrai scandale aux yeux de beaucoup. On dira ce qu'on veut, les conseils prodigués n'étaient pas seulement "techniques", ils engageaient forcément une "vision", des orientations, même si les pouvoirs étaient seuls juges, en principe...           Les dérives étaient inévitables. Une confiance mise à mal. Certains ont parlé de "suicide assisté". Des contrats flous et juteux. Cela s'aggrave quand on apprend les liens entre la présidence  et certains responsables d'agence.                                                                                          ______ Le new public management est passé par là, dans le plus pur esprit néolibéral de M.Thatcher, de Blair ou de Cameron.

 

           Nicolas Mathieu y va aussi de sa critique citoyenne: "... Le monde du consulting n’est pas un bloc : il compte des géants mais aussi des cabinets plus petits et vertueux, des consultants spécialisés en ingénierie politique et d’autres en sciences sociales. Les grands cabinets comme McKinsey sont passés progressivement du conseil en entreprises au conseil au secteur public. Sous couvert de produire une expertise neutre et quasi scientifique, ils orientent les politiques dans un sens qui n’est pas neutre du tout, qui vise à toujours plus de performance, en gros à produire plus pour moins cher. Un vrai bouleversement. C’est ça le «new public management», des logiques néolibérales appliquées en entreprise qui ont peu à peu gagné le secteur public.    Par l’homogénéité de la formation des élites. Aujourd’hui, les élites du privé et du public sortent quasiment toutes du même moule : les grandes écoles, l’ENA, Sciences-Po… Avec souvent le primat de l’économie. Beaucoup ont fait un MBA aux Etats-Unis, cela a une influence. Et puis les politiques sont depuis des décennies face à un problème insoluble : les ressources diminuent et les dépenses augmentent. Ils ont cherché des solutions du côté de l’entreprise, pour faire aussi bien à moindre coût. Ils se sont convaincus aussi qu’ils devaient présenter des résultats aux citoyens, leur offrir en quelque sorte un retour sur investissement. Enfin, n’oublions pas la défiance des élites politiques vis-à-vis de l’administration. C’est trop lourd, trop lent, ça résiste. D’où cette culture de la task force.....c’est assez ancien. Au moment de la fusion des régions, sous François Hollande, on a vu des consultants arriver pour aider les organismes publics à fusionner. La fusion des régions, c’est typiquement cette logique managériale appliquée à la chose politique. En gros, on a un problème politique, alors on réorganise, comme on referait un organigramme. Cela dit, pour moi, 2017 est le point culminant de cette idéologie avec des politiques qui se sont mis à utiliser les mêmes mots que les consultants, par exemple «disruption». On avait connu la république des professeurs, celle des avocats. Avec En marche, c’est l’avènement de la république des managers. La mainmise de l’idéologie entrepreneuriale n’a jamais été si prégnante.   Pendant des années, j’ai rédigé des procès-verbaux de réunion de comités d’entreprise. J’ai circulé dans de nombreuses boîtes privées et publiques et j’ai vu partout ces cabinets de conseil à l’œuvre, avec les mêmes slides, la même recherche de performance, le même vocabulaire fumeux....C’est un dangerparce que la démocratie, c’est tout sauf efficace. La démocratie c’est bavard, c’est lent, ça suppose des arbitrages, des recherches de compromis. De même, le service public, ça n’est pas rentable, c’est coûteux, mais ça tient une société. Cette idéologie-là, que les consultants concourent à diffuser, considère tout par le prisme des chiffres et recherche la performance. Or, il y a des domaines où ces logiques conduisent à un monde de cauchemar. Dans les Ehpad, si on commence à considérer les personnes âgées comme des unités dans des tableaux Excel, c’est l’horreur, on l’a vu avec le scandale Orpea. Dans l’éducation ou les hôpitaux, on ne peut pas appliquer cette logique de pure gestion. Encore une fois c’est une révolution idéologique : les règles de gestion se substituent à l’art de gouverner."      ____________________

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Crise agricole (suite)

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Où va l'agriculture française? 

                   C'est plus qu'une question de normes. Il s'agit de changer les règles du jeu franco-européen Mais c'est compliqué face aux injonctions contradictoires auxquelles sont soumis la masse des agriculteurs. Cette crise n'est pas nouvelle. C'est juste une nouvelle phase. La puissance agricole serait-elle déclinante? Il faut resituer cette nouvelle phase au sein d'une crise globale, comme l'analyse Romaric Godin:


 

                                                                          

Dans                      " Dans l’imaginaire collectif français, l’agriculture est considérée comme une activité à part, vraie, noble et artisanale, qui subit les assauts de l’industrie comme jadis elle devait abandonner son surplus à l’aristocratie oisive. Cette image de l’inconscient collectif qui pourrait être restituée par L’Angélus, de Millet, tableau présenté en 1865, manque une part essentielle de l’évolution récente de ce secteur.   Car l’agriculture est avant tout une activité capitaliste, très fortement industrialisée et très concentrée. Pour comprendre sa crise actuelle, il faut l’analyser comme telle. Or l’évolution globale de ce secteur traduit de façon presque chimiquement pure les impasses du capitalisme contemporain.                                                                                                                                    Après la Seconde Guerre mondiale, le capitalisme agricole français accélère, avec l’appui des pouvoirs publics soucieux d’en faire un secteur compétitif sur le marché mondial. Le but de la production agricole française n’est plus, contrairement à ce que l’on entend souvent, de « nourrir la France », mais bien plutôt de gagner les marchés mondiaux pour augmenter ses profits.                                                                            Le secteur agricole est alors, jusque dans les années 1990, un des secteurs qui a connu le plus de gains de productivité dans l’économie française. La conséquence est que la production était abondante, les agriculteurs (et les intermédiaires) pouvaient compter sur les volumes pour se rémunérer de mieux en mieux, tandis que les consommateurs, eux, bénéficiaient de prix plus attractifs.   Dans ces conditions, l’ouverture des marchés internationaux permettait à l’agriculture française de se spécialiser dans les productions les plus rentables et les plus mécanisées pour conquérir les marchés étrangers, tandis que le consommateur pouvait trouver les autres productions bon marché en provenance de pays moins productifs.   Sur le papier, c’était là le meilleur des mondes. Tout cela s’est achevé dans les années 2000. À ce moment-là, la productivité du secteur agricole français commence à stagner, voire à reculer, selon un document publié dans une revue des chambres agricoles de France en 2022. Ledit document estime que les gains cumulés de productivité entre 1980 et 2022 représentent 25 milliards d’euros, mais les trois quarts de cette somme s’expliquent par des gains de productivité réalisés avant 1995.                                                                                                                                             Avec ce retournement, la situation de la filière agricole change entièrement. D’autant que le secteur doit faire face à des vents contraires : des crises écologiques à répétition, une concurrence internationale de plus en plus forte et une demande mondiale plutôt en faible croissance. Or, sans gains de productivité notables, la compétitivité sur les marchés internationaux est logiquement dégradée. Le secteur affiche encore un excédent commercial, mais la France est sortie du top 5 mondial et ses parts de marché ont stagné en 2022, alors même que l’année avait été très bonne au bénéfice de la crise en Ukraine.  Résultat : la pression sur le chiffre d’affaires ne peut être compensée par une plus forte efficacité de la production. Autrement dit, la pression sur les profits est considérable.Sans gains de productivité, augmenter les profits n’est pas chose aisée. On peut soit réduire les salaires horaires réels, soit augmenter les prix. Mais aucune de ces méthodes n’est réellement satisfaisante pour le secteur agricole.                                                                                                                                                                     Certes, l’exploitation des salariés agricoles reste forte, notamment celle des saisonniers souvent en situation irrégulière. Mais l’essentiel des salaires du secteur sont désormais versés aux familles des exploitants, ce qui explique que leur part dans la valeur ajoutée s’est stabilisée entre 2010 et 2023, passant de 19,4 % de la valeur ajoutée subventionnée à 19,8 %. Mais on voit que ce poste ne peut compenser la baisse de la production.                                                                                                                     Quant à l’arme des prix, son usage est également périlleux. Les événements de ces deux dernières années ont montré les limites des hausses de prix. En 2022, le bénéfice du secteur a explosé en raison des prix. Les volumes ont progressé de 2,8 % et les prix de 17 %. Mais la consommation alimentaire s’est effondrée en conséquence puisque les revenus réels des ménages ont reculé. Résultat : en 2023, prix et volumes ont fortement reculé et le bénéfice brut du secteur agricole en 2023 a reculé de près de 8,5 % sur un an.   Quelles autres solutions demeurent alors ? La première est l’aide publique. En 2023, L’État a apporté sous forme de subventions 8,4 milliards d’euros, soit 21,2 % de la valeur ajoutée brute du secteur ou 92,4 % des salaires versés. C’est une aide considérable qui, néanmoins, stagne depuis 2010. Sa fonction passée de soutien à la « modernisation », c’est-à-dire à l’augmentation de la productivité, a changé puisqu’elle vient désormais compenser l’absence de gains de productivité.                                      Mais ces subventions n’assurent pas la croissance. Reste alors la fuite en avant : « l’investissement » financé par des prêts pour moderniser encore et toujours en espérant que la productivité repartira à la hausse. Pendant des années, la baisse des taux a permis de voir les intérêts versés par le secteur reculer fortement. En 2020, le montant des intérêts versés était de 381 millions d’euros, soit 78 % de moins que celui de 2007. Cela a apporté une bouffée d’air frais au secteur, mais la fête est finie : les intérêts versés en 2023 ont été de 657 millions d’euros, soit une hausse de 72 % en deux ans. Surtout, le recours à la dette n’a pas permis d’améliorer la productivité.                                                      Une double crise... Le cœur du problème de la filière agricole réside bien dans la stagnation de sa productivité. Entre 2021 et 2023, la filière a connu une croissance de ses bénéfices uniquement grâce à la hausse des prix, mais désormais les prix se retournent et mettent les producteurs sous pression. Une croissance par les seuls prix dans le contexte actuel n’est, par ailleurs, pas tenable. Car c’est bien là le problème : l’agriculture est une sorte d’avant-garde de la crise capitaliste actuelle, mais elle est encastrée elle-même dans cette crise. Si les salaires sont sous pression parce que les gains de productivité globaux sont faibles, une stratégie fondée sur les prix, quand bien même les agriculteurs se débarrasseraient de tous les intermédiaires, est intenable à terme.  En réalité, la solution interne au capitalisme agricole semble bien difficile à trouver. Car d’où vient l’épuisement des gains de productivité ? Les arguments avancés par l’analyse citée plus haut des chambres d’agriculture, notamment la baisse de la production, ne sont pas convaincants.  Il faut bien plutôt avancer l’hypothèse que ce phénomène est lié à des raisons structurelles qui peuvent être nombreuses, mais qui toutes ramènent aux conséquences d’une très forte hausse passée de la productivité. La première explication rejoint celle de l’économiste Robert Gordon qui, en 2010, a estimé que, parvenus à un certain niveau technologique, les gains de toute innovation nouvelle étaient plus difficiles à réaliser. Surmécanisée, l’agriculture française n’aurait donc plus de réserves de gains de productivité.          Cela est d’autant plus vrai que le secteur est très fortement concentré, malgré les rappels appuyés sur sa « diversité » : entre 1982 et 2023, le nombre d’exploitants agricoles a reculé de 75%...Mais cette hypothèse peut, en réalité, être encore élargie. L’industrialisation agricole passée a conduit à une double impasse écologique et économique.                                                                                                                                 On ne s’étendra pas sur le premier problème, qui est évident. L’usage immodéré des fertilisants et des pesticides, ainsi que la mécanisation et l’exploitation intensive détruisent les écosystèmes et participent au dérèglement climatique. Ils sont donc à la source de nombreuses calamités qui viennent peser sur la capacité de production et les revenus des agriculteurs. Plus le rendement augmente donc, plus les profits futurs sont mis en danger.     Sur le plan économique, la situation de l’agriculture française illustre bien les limites de la fuite en avant productiviste sur le capital lui-même. En s’industrialisant massivement, le secteur agricole a acquis un stock de capital considérable qu’il faut entretenir. Plus on gagne en productivité, plus on a donc besoin de faire des bénéfices pour pouvoir maintenir le rendement de l’activité en dépit de ce capital fixe. Il faut donc encore plus mécaniser, ce qui aggrave le problème.   Et lorsque les gains de productivité disparaissent, ce stock de capital fixe devient un poids considérable alors même que les ressorts du profit s’amenuisent. Selon les chiffres de l’Insee, la consommation de capital fixe de l’agriculture française est passée de 31,6 % du revenu brut hors subventions de la branche en 1980 à 53,9 % en 2023. Dans ces conditions, la pression sur le profit est considérable et croissante.                                                                                                                             Pour employer des termes marxiens, on pourrait dire que le secteur souffre aujourd’hui d’une composition organique du capital qui s’est dégradée : la part du capital fixe empêche de produire suffisamment de profits pour avoir un retour sur investissement satisfaisant.  La part de la consommation du capital devient telle que la profitabilité de l’agriculture française chute inexorablement. L’absence de gains de productivité permettrait en théorie de ralentir le phénomène en réduisant cette consommation. Mais dans la mesure elle pèse aussi sur le profit, comme on l’a vu, elle ne fait que l’exacerber.            Dans ces conditions, les « normes » ou « les taxes » qui sont pourtant les conditions mêmes de la poursuite de la production, par le respect des écosystèmes et par le financement des larges subventions versées au secteur, sont d’inacceptables entraves pour les patrons agricoles à leur profitabilité sous pression. Pris dans le cercle vicieux de la logique productiviste, ils cherchent une fuite en avant qui ne les mènera qu’à un désastre encore plus certain.                               La colère actuelle traduit donc cette impasse dans laquelle est désormais l’agriculture capitaliste française. Ce secteur qui, pour certains comme l’historienne canadienne Ellen Meiksins Wood, a été l’un des premiers moteurs du capitalisme, semble être devenu le symbole de sa double crise actuelle : écologique et économique.    L’agriculture française arrive au terme de son développement capitaliste et il n’existe pas de solutions internes durables à cette double crise, il n’existe que des solutions d’urgence qui renforceront d’autant la crise.   L’incapacité du secteur et des pouvoirs publics à proposer une autre organisation où le profit ne soit plus central, mais où la priorité soit donnée aux besoins de nourrir le pays, ne semble donc pas présager la fin de cette crise structurelle."  [merci à Romaric Godin]

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Ukraine en marche

Publié le par Jean-Etienne ZEN

    ___   Comme l'amour, la guerre, on sait comment elle commence, mais on ne sait pas comment elle finit.

     ___   La première victime d'une guerre, c'est la vérité (Kipling)

                      Les considérations sur la guerre foisonnent, au gré des époques, des humeurs, des circonstances. Dix mois après l'invasion, nous en sommes toujours à nous demander ce qu'il y a dans la tête de Poutine, la logique du système qui le soutient et qu'il maintient. Quantité d'ouvrages on été écrits sur le sujet pour tenter de comprendre les ambitions et les impasses du maître du Kremlin, à la lumière d'un passé qui n'est pas passé et de nouvelles ambitions territoriales et idéologiques. Nos ignorances on été prises de cours ainsi que nos naïvetés, et ce, au plus haut niveau parfois.                                                La question ukrainienne a déjà fait couler beaucoup d'encre, depuis 2014, des analyses parfois sans concessions Elles convergent souvent, mais les interprétations se modifient, se complexifient et souvent s'affinent au fur et à mesure des événements, sans que cela nous apporter toujours les lumières qui seraient nécessaires sur les tenants et les aboutissants de cette aventure tragique, qui continue à nous stupéfier. Le "trou noir" des rapports franco-russes continue de nous interroger. Les analogies historiques ne nous convainquent pas vraiment. Certains débats éclairent plus que d'autres, comme celui que La Cinq a présenté il y a quelques jours, qu'il serait utile de voit ou de revoir.                                                                                                                                                          Un livre exceptionnel, qui fait beaucoup parler de lui, évoque avec maîtrise la logique qui anime le maître du Kremlin, sous la forme d'une fiction éclairante, mais informée. La talent de Giuliano di Empoli fait merveille. Une réflexion sur le pouvoir qui fascine et qui glace.

                           Si joking est encore possible...                       ________________ 

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Question de normes

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Agriculture: changer de modèle?

             Une nouvelle fois, une partie du monde paysan a sorti son tracteur pour exhiber sa colère concernant ses difficultés, pas seulement financières. Il est connu depuis longtemps que  ses conditions de vie et de revenu pose problème. C'est un euphémisme. La colère n'est pas nouvelle, mais elle prend des formes différentes. Combien de débats, d'études, de documentaires, de films même, ont tourné autour de cette question. Depuis l'ère Pisani, le monde agricole a presque changé de nature, incité à un productivisme toujours plus grand. L'insertion de de monde dans le monde capitaliste, sur la terre comme en mer, la réduction drastique des agriculteurs, a abouti, malgré l'hétérogénéité géographique des domaines des exploitations en taille et en qualité des terres, l'extension du commerce aidant, à une chute relative de prix et à une course à la productivité, dans une concurrence de plus en plus marquée.                                      Ce qui est surtout en question aujourd'hui est une protestation contre l'excès de normes édictées par les administrateurs de la PAC dans les instances bruxelloises. La question est de savoir de quelles normes il s'agit, car il y a de confusions sur la question, selon les secteurs productifs. Certaines apparaissent comme inutiles, voire tatillonnes, purement technocratiques ou inadaptées. Une sort d' enfer administratif. Une perte de sens de l' activité s'en suit. Mais tout le monde n'est pas logé à la même enseigne. ___D'autres, plus logiques concernent le respect de certaines réglementation en matière de respect du milieu naturel, comme la réglementation concernant les produits phytosanitaires, dont l'usage abusif met en péril la qualité des  sols et des récoltes, pour la  pérennité de l'activité agricole elle-même et la santé des consommateurs. Certaines revendications vont à l'encontre d'intérêts bien compris et de perspectives à long terme.   


                                                                                                                                      "...Au delà des revendications du moment se pose la question d’une politique agricole qui reste enfermée dans un logiciel productiviste, au détriment de la transition agroécologique. Chaque semaine, deux cents fermes disparaissent en France. Et d’ici à 2030, la moitié des agricultrices et agriculteurs qui étaient en activité en 2020 seront partis à la retraite.... les agriculteurs doivent pouvoir vivre de leur travail. C’est mis sur le dos des normes, mais cela n’arrive pas par hasard. Les prix agricoles ont baissé de 10 % en moyenne en France depuis un an, pendant que les marges des industriels ont explosé. Cette chute des prix, c’est la conséquence de la libéralisation des échanges, en particulier avec l’Ukraine. Les mobilisations qui touchent toute l’Europe sont d’ailleurs parties de PologneOn arrive aux limites du modèle productiviste, du carcan néolibéral d’Emmanuel Macron et de l’Union européenne. Il faut réguler les prix, et aider significativement la transition agroécologique. Le problème n’est pas d’avoir moins de normes, mais des normes à condition de favoriser les revenus des agriculteurs. 600 millions d’euros supplémentaires pour la filière bio et les MAEC avaient été votés à la majorité cet automne ; cela a sauté avec le 49.3..."                                                                                                                                     Le double langage n'est pas absent. La question des importations n'est que très peu abordé. Comme la logique libérale qui sous-tend la production. Comme l'accord Merco-Sur. De plus " ... Les défis sont nombreux  La guerre de la Russie contre l’Ukraine a complètement déstabilisé les marchés européens. Les missiles de Poutine coulent les cargos ukrainiens dans la mer Noire. Le changement climatique et l’effondrement de la biodiversité rendent l’activité agricole de plus en plus difficile et incertaine. Les marchés mondiaux, basés sur la spécialisation des zones de production, sont de plus en plus instables et mettent en danger la sécurité alimentaire..." 

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Lobbying

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 Pourquoi se gêner?

                                           Il est un sport (trop) bien connu, dans les coulisses de certains organismes politiques, en particulier dans les ministères ou certaines institutions décisionnelles: celui d'être présent, parfois insistant, pour obtenir des avantages, des faveurs, avoir une influence dans le vote d'une loi ou dans la prise de décisions économiques importantes. Au niveau national ou européen. La pratique des lobbies, qu'elle soient économiques ou politiques, n'est pas d'aujourd'hui que ce soit à Paris, à Washington ou à Bruxelles, le ventre mou de l' UE. Les multinationales notamment y sont très actives en sous-main, comme certains Etats qui ont besoin de soutiens pas toujours avouables. Elles ont leur techniques d'approche, leurs modes de séduction, leurs ruses, leurs arguments, leurs pressions, leurs alliés, pour contribuer à faire (ou défaire) des lois.                                                                 Des groupes souvent plus forts que les Etats, s'efforçant même de conquérir les marchés en pratiquant un intense lobbying, à Bruxelles notamment, place stratégique.                                                                                                                                 C'est toujours d'actualité, malgré certaines mesures dissuasives. Ainsi, début 2013, Apple pesait en Bourse l'équivalent du budget de la France ou la somme des PIB roumain, hongrois, slovaque, croate et lituanien. Le seul chiffre d'affaires de la compagnie pétrolière anglo-néerlandaise Royal Dutch représente l'activité de tout le Royaume-Uni pendant deux mois et demi..." 

   Ces nouvelles féodalités, ces méga-entreprises se moquent des Etats et des peuples et elles profitent des infrastructures, des compétences locales et d'une clientèle locale sans contrepartie. Les bénéfices s'évanouissent dans des paradis fiscaux. On peut considérer que le plus souvent, elles détruisent de la richesse plus qu'elles n'en créent, déstabilisant les productions et les modes de vie locales.  Dans le domaine sensible, vital, de l'agrobusiness notamment, qui s'étend sur la planète «Les cinq cents plus grosses multinationales privées contrôlent 52% du produit agricole mondial brut. L’eau est privatisée, le vivant ,bréveté, les richesses nationales, accaparées. Regardez le Président de Nestlé, premier trust alimentaire et d’eau potable du monde: il gagne 26 millions d’euros par an et possède un pouvoir qu’aucun pape ni aucun empereur n’a jamais eu.»   La cas Monsanto, emblématique, est maintenant mieux connu.. 

 

___ll y a aussi le puissance de certains Etats, qui ne comptent pas leurs richesses, comme le Qatar,  qui tentent de faire valoir leurs intérêts en Europe, en France surtout. Le Mondial a donné lieu  un scandale qui ébranle les institutions européennes. Des valises bien remplies ont débouché sur un scandale politique de grande ampleur à Bruxelles.  _________________

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Après Gaza (suite)

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 Le brouillard...

    Et le piège. Mais peut-être quelques (faibles) lueur d'espoir... 


                                                                                               Dans les coulisses, une possible sortie de guerre. IL en faudra forcément une un jour. Mais "...La présence du Hamas arrange bien Israël. «C'est une aubaine pour Netanyahou», explique Jean-Paul Chagnollaud, directeur de l'Iremmo (Institut de recherche sur la Méditerranée et le Moyen-Orient). «Tant qu'il y a le Hamas, la Palestine reste divisée sans gouvernement unifié avec la Cisjordanie et donc, pas de négociation possible. Un cessez-le-feu serait le prélude à une solution politique qu'il contourne par tous les moyens diplomatiques», poursuit l'auteur de La Défaite du vainqueur.                                      D'autre part, Israël a «entretenu» pendant des années le mouvement terroriste né en 1987 contre lequel il combat aujourd'hui. C'est la stratégie du «diviser pour mieux régner», comme l'a souligné Ami Ayalon, ex-directeur du Shin Bet (renseignements intérieurs israéliens), pour la première fois devant les caméras d'Arte dans le documentaire Hamas: la fabrique d'un monstre«À l'époque, notre idée était de diviser les Palestiniens entre nationalistes et libéraux pour empêcher tout processus de paix. Comme il était dans notre intérêt que le Hamas ne s'effondre pas, Netanyahou s'est appuyé sur l'aide du Qatar en acceptant que la pétromonarchie fasse rentrer 30 millions de dollars en cash chaque mois dans la bande de Gaza. Cette politique du “cash for peace” a permis de maintenir le Hamas au pouvoir. Aujourd'hui, cela se retourne clairement contre Israël qui joue un double jeu.» Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell l'a rappelé le 19 janvier à l'Université de Valladolid, en Espagne: «Nous pensons qu'une solution à deux États doit être imposée de l'extérieur pour ramener la paix. Même si, et j'insiste, Israël réaffirme son refus et, pour l'empêcher, est allé jusqu'à créer lui-même le Hamas qu'il a financé pour tenter d'affaiblir l'Autorité palestinienne.»...Au vu des combats intenses, il semble prématuré de parler d'«après-Gaza». Mais «à quoi servirait un cessez-le-feu sans même réfléchir à ce que l'on va faire après? Il ne peut y avoir de sortie de guerre sans envisager de scénarios d'après. L'après-Gaza, du moins à court terme, doit être décidé maintenant», affirme Élie Barnavi, historien et ex-ambassadeur d'Israël à Paris, à Slate. On le sait: dans les coulisses américaines, arabes et même israéliennes, on parle d'un «après...».                                                                                                                                                       À Washington, la proposition est «la sécurisation du territoire par une force multinationale à dominante arabe et de préférence sous mandat du Conseil de sécurité des Nations unies, et la mise en place d'une administration palestinienne provisoire sous l'égide de l'AP, seule entité palestinienne reconnue par le monde entier, Israël compris..."                                             Le plan israëlien reste indéfini. L'armée s'enlise, selon Barnavi. La colère est souvent vive à l'égard de Bibi. Le pire peut arriver, selon Ami Ayalon, qui veut sortir du manichéisme.  _______________

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