Philanthro-capitalisme
Sauver le monde
Ils sont (souvent) jeunes et beaux, ils ont riches et américains et aujourd'hui hyper-geeks.
Ils veulent sauver le monde
Rien que ça!
L'ancien fantasme judéo-chrétien refait régulièrement surface à la faveur des problèmes, des défaillances, des crises et des impasses de l'humanité.
Trouver les solutions qui la remettent sur la voie d'une libération matérielle et spirituelle.
Qui ne serait pas prêt à adhérer à un tel projet, surtout quand tout ne va pas pour le mieux, quand le présent est si chaotique, quand les problèmes d'avenir se font si pressants et parfois si obsédants?
Ce fut le cas de Rockefeller ou Carnegie; aujourd'hui, c'est Buffet, Bill Gates, Zuckerberg..;(*), dans une longue tradition typiquement américaine où la charité individuelle compte plus que la justice sociale, où les fondations humanitaires prennent une telle place, où la philanthropie est, pour les plus fortunés, courante et affichée..
C'est ce qu'on peut appeler la Charity business.
Comme si faire don d'une (toute petite) partie de son immense fortune allait contribuer à régler les problèmes de l'humanité. Donner au Zimbabwe ou au Népal, pour lutter contre certains problèmes sanitaires, c'est bien, mais c'est une goutte d'eau et cela ne résout en rien l'injustice institutionnelle et politique (nationale et internationale) qui est souvent à la source des problèmes dénoncés. La politique du FMI n'a pas été sans créer des problèmes graves d'auto-alimentation en Afrique. Les inégalités ne cessent de croître aux USA...Mais ce ne serait pas le sujet....
Les nouveaux Saint François d'Assise n'ont pas de mauvaises intentions, tout ce qu'ils projettent n'est pas à critiquer, mais on ne peut pas ne pas y voir une opération assez rentable sur le plan de la notoriété, de la réduction d'impôts, un bon retour sur investissement et des actions peu coordonnées et n'allant pas aux causes des problèmes.
On ne parlera pas des pratiques financières discutables de ces généreux donateurs, assez indifférents au bien public. Comme le signale le New Yorker, ...les philanthropes comme Zuckerberg et [Bill] Gates placent de très grands pans de richesses de façon permanente en dehors des impôts gérés par l'Internal Revenue Service (l'IRS, le service des impôts américain). Le magazine poursuit: L'importance et la répartition dans le temps des avantages fiscaux dont bénéficieront Zuckerberg et Chan ne sont pas connus, mais ils sont potentiellement énormes.
La philanthropie reproduit les inégalités...
Une "générosité" dont il serait utile de revoir les fondements et les conséquences réelles.
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(*) _Mark Zuckerberg et son épouse Priscilla Chan s’engagent à donner 3 milliards de dollars, via leur Fondation, pour éradiquer de nombreuses maladies. Une manière de lutter contre les injustices dans le monde ? Mikkel Thorup en doute. Selon cet historien des idées politiques, ce type de philanthropie sert in fine à reproduire les inégalités. Dans Pro Bono ?, il analyse les effets du philanthro-capitalisme des Zuckerberg, Gates et autres entrepreneurs milliardaires. Leur credo : l’initiative privée, qui a prouvé son efficacité sur le marché, est aussi la mieux à même de résoudre les grands problèmes sociaux de la planète. Bien plus à même, en tout cas, que l’action étatique, lente, bureaucratique. « C’est comme si nous étions en train de créer un monde post-ONU, déclare ainsi une employée de la Fondation Gates citée par Thorup. La population a besoin de résultats plus rapides. »Pour l’universitaire, ce discours fait bon marché des institutions démocratiques : « Le philanthro-capitalisme participe de l’actuelle redécouverte de la société civile, mais non comme un lieu d’interactions et de délibération collective indépendante à la fois de l’Etat et du marché, mais comme le site de la résolution efficace des problèmes », écrit Thorup. Cette nouvelle doxa contribue ce faisant au désengagement de l’Etat et à la légitimation des inégalités extrêmes : « Garder l’argent exclusivement pour soi n’est plus une option, conclut l’auteur. Avoir tant quand tant d’autres ont si peu doit désormais être justifié par autre chose que le mérite. La philanthropie fournit cette justification ». En suggérant que ce qui est bon pour les riches est bon pour les pauvres....
__ Google: ce géant qui veut sauver le monde…
__ Arrêtons de chercher à sauver le monde
__ Rifkin: nouveau gourou?
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Chiffres en question
De la relativité des sondages
Quantité et qualité.
L'utilisation des mathématiques, notamment statistiques, dans les sciences humaines, est souvent sujette à caution.
Surtout dans le domaine de l'économie, où les données ne sont pas neutres, les paramètres sont souvent partiels ou biaisés , et parfois les intentions frôlent la distorsion, quand l'objet d'étude est particulièrement sensible, mettant en question des choix politico-économiques..
C'est ainsi que la notion de taux de chômage est régulièrement débattue, ne faisant pas l'unanimité, loin de là, n'étant pas forcément un indicateur pertinent de la bonne santé de l'économie.
Quand on parle de l'emploi et des variations du taux de chômage, on se trouve sur un terrain sensible, parfois miné, où domine la langue de bois, les parti-pris et parfois les manipulations. Pour des raisons souvent évidentes d'auto-justification. Les données officielles, à un moment donné, sont rarement fiables. Quand on évoque le petit nombre de chômeurs aux USA ou en Allemagne, on omet souvent de dire quel type d'emploi on évoque.
_______________L'économiste R.Godin nous invite à la prudence dans le maniement des données statistiques concernant le chômage:
" D'après la publication par l’Insee la semaine passée du taux du chômage pour le deuxième trimestre 2019, le gouvernement et ses partisans se sont accordé un satisfecit appuyé. L’institut de Montrouge a annoncé le 14 août un taux de chômage moyen de 8,5 % entre avril et juin, soit 0,4 point de moins qu’il y a un an pour le même trimestre de 2018. En France métropolitaine, le taux atteint 8,2 %, soit 0,2 point de moins qu’au premier trimestre et 66 000 chômeurs de moins. Les défenseurs de la politique gouvernementale de flexibilisation du marché du travail et de baisse de son coût ont alors crié à la preuve du succès de ces mesures. La ministre de l’emploi, Muriel Pénicaud, s’est même fendue en pleins congés du gouvernement d’un communiqué pour se féliciter des résultats de « l’action résolue et cohérente du gouvernement, et notamment des transformations du code du travail, de l’apprentissage et de la formation professionnelle ». L’économiste-conseiller d’Emmanuel Macron Gilbert Cette a proclamé que désormais la France pouvait voir son taux de chômage baisser avec une croissance assez faible et qu’il fallait y voir un effet des réformes.
Pourtant, les choses pourraient être beaucoup moins simples qu’il n’y paraît. L’éditorialiste d’Alternatives économiques Guillaume Duval a ainsi souligné avec justesse que la baisse du deuxième trimestre était en réalité due à un recul du taux d’activité, qui est passé de 72,2 % à 72 % de l’ensemble de la population des 15-64 ans. Autrement dit, il y a moins de chômeurs parce que de plus en plus de personnes renoncent à chercher un emploi et basculent dans l’inactivité. Voilà qui, effectivement, relativise le « succès ». Non sans raison, d’autres ont aussi mis en avant le fait qu’une baisse du chômage accompagnée d’une faible croissance est le signe inquiétant à moyen et long terme d’une dégradation de la productivité de l’économie. Certains, enfin, pouvaient pointer la progression du « halo du chômage », autrement dit du nombre de personnes qui ne sont pas intégrées dans les statistiques du chômage parce qu’officiellement inactives mais qui cherchent néanmoins un emploi : 63 000 de plus, soit autant que la baisse officielle du nombre de demandeurs d’emploi.
Certes, on pourrait s’interroger sur une forme de mauvaise foi liée à ces contestations. Lorsque le thermomètre ne donne pas une mesure satisfaisante, on peut être tenté de le briser ou de le relativiser par d’autres types de mesures. Mais en réalité, ces contestations mettent bien en évidence le fait que le taux de chômage pourrait ne plus être le bon instrument, ou du moins ne plus être le seul, pour mesurer la réalité du marché du travail. Rappelons que ce taux mesure la proportion dans la population active du nombre de personnes sans emploi, immédiatement disponibles pour occuper un poste et qui recherchent activement un emploi. Au sens du Bureau international du travail (BIT), être « sans emploi » signifie ne pas avoir travaillé une heure par semaine.Les mutations du travail dans le contexte néolibéral tendent progressivement à rendre la réalité décrite par ce « taux de chômage » très incomplète pour évaluer tant l’activité économique que la situation sociale d’un pays.
Au reste, la question n’est pas que française. Depuis une dizaine d’années, le chômage a beaucoup baissé dans bien des pays occidentaux, notamment dans trois grandes économies : les États-Unis, l’Allemagne et le Royaume-Uni. Pourtant, ces baisses s’expliquent moins par des performances économiques exceptionnelles, puisque, globalement, les taux de croissance sont restés plutôt modérés, que par des modifications majeures du marché du travail lui-même.
Le cas de l’Allemagne est de ce point de vue intéressant. En septembre 2017, une étude de l’économiste Michael Burda de l’université Humboldt de Berlin attribuait le « miracle de l’emploi » allemand à deux phénomènes : le développement du temps partiel qui a permis une réduction de facto du temps de travail et la modération salariale. Autrement dit : le taux de chômage a baissé parce que les travailleurs allemands ont travaillé moins pour moins cher. Entre 2008 et 2018, selon les données de l’institut IAB de Nuremberg, le volume global d’heures travaillées a ainsi progressé de 8,8 %, mais le nombre de personnes en emploi a, lui, crû de 11,7 % et le taux de chômage a, de son côté, reculé de 8,1 % à 3,5 %. Autrement dit, l’évolution du taux de chômage a donné une vision déformée de la performance globale de l’économie allemande. Pour ne rien dire de la situation sociale : avec un taux de chômage près de trois fois moins élevé, l’Allemagne affiche un taux de personnes en risque de pauvreté selon Eurostat plus fort que la France (16,1 % contre 13,7 % pour la France en 2017). Mieux même : ce taux a progressé à mesure que le chômage baissait…
Aux États-Unis, le taux de chômage a aussi reculé spectaculairement, passant de 10 % en octobre 2009 à 3,6 % actuellement. Là encore, l’apparence du plein emploi est complète. Sauf que, en regardant de plus près, on constate que le nombre d’employés de 15 à 64 ans n’a progressé en dix ans que de 1,15 million de personnes alors même que la population des 15-24 ans a progressé de 9,1 millions d’individus ! Difficile dans ce cadre de parler comme on l’entend souvent de « plein emploi » outre-Atlantique. Autrement dit, le taux de chômage ne reflète que très imparfaitement ici aussi la performance économique et sociale du pays. Pire même, il est le reflet de la très faible croissance de la productivité américaine depuis la crise. Les exemples de ce type pourraient être multipliés. Progressivement, le taux de chômage peine de plus en plus à remplir son rôle d’outil de mesure de l’efficacité d’une économie.
Voilà trente ans, un taux de chômage bas signifiait presque à coup sûr que l’économie tournait à plein régime et pouvait ainsi créer des emplois. Il était aussi une forme de mesure du bien-être car l’emploi se traduisait par une sécurité financière accrue. La raison en était simple : l’emploi créé l’était alors à temps plein, il était protégé, et à durée indéterminée. Le taux de chômage était donc une mesure de prospérité et de bien-être. Désormais, l’emploi étant plus flexible et précaire, le taux de chômage tel que défini par le BIT n’a plus la même signification. Un travailleur à temps partiel ou qui a travaillé quelques jours peut cesser d’être statistiquement chômeur alors qu’il est toujours à la recherche d’un emploi et qu’il dispose de faibles revenus. Le plein emploi statistique ne dit alors plus forcément grand-chose de l’état de l’économie.
C’est dans ce contexte que s’inscrit un des principaux débats qui secoue aujourd’hui la science économique autour de la « courbe de Phillips » et du taux de chômage naturel. En 1958, l’économiste néo-zélandais William Phillips avait établi à partir des données britanniques une courbe qui porte depuis son nom et qui décrit une relation inverse entre chômage et inflation. Plus le chômage est bas, plus l’inflation augmente via les salaires. Plus il est élevé, plus les prix tendent à rester sages. Cette courbe a connu de nombreuses interprétations, mais le consensus utilisé par les banques centrales depuis les années 1980 était que l’on devait faire un choix, en conséquence, entre l’inflation et le chômage. Or, sous l’influence des monétaristes, on a donné la priorité à la lutte contre l’inflation en cherchant par la politique monétaire à parvenir à un taux de chômage « naturel » appelé « NAIRU » (« non-accelerating inflation rate of unemployment »). À ce niveau (théorique) de chômage, l’inflation n’est plus censée accélérer parce que le marché du travail a trouvé son équilibre. Mais ce NAIRU n’est pas le plein emploi : pour que les deux notions coïncident, il faut, selon les économistes, réaliser des « réformes structurelles » pour permettre un fonctionnement du marché du travail parfait et donc un équilibre optimal.
Depuis quarante ans, ces deux notions sont l’alpha et l’oméga des politiques économiques et monétaires. Les réformes défendues par Emmanuel Macron n’ont pas d’autres ambitions que l’application de cette théorie. Puisque le taux de chômage français est élevé, il faut abaisser le taux d’équilibre par des réformes, ce qui revient à faire jouer davantage l’offre et la demande. D’où la flexibilisation du marché du travail qui, selon cette théorie, permettra de faire baisser le taux de chômage et, donc, en parallèle, à mesure que l’on se rapproche du taux d’équilibre, de renforcer les revendications salariales des individus. Aussi Muriel Pénicaud peut-elle se réjouir de la baisse du taux de chômage qui serait bien une mesure du bien-être puisque l’emploi serait alors plus abondant et mieux rémunéré. Mais tout ceci est théorique. Car, dans les faits, on peine à identifier la courbe de Phillips et le NAIRU. On ne compte plus, en effet, les études sur la « mort » de la courbe de Phillips, pour la nier ou l’avancer. Une chose semble cependant certaine : l’exemple étasunien ou allemand laisse perplexe.
Car, dans ces pays, le plein emploi ne s’est pas accompagné de pressions salariales fortes. Loin de là. Aux États-Unis, le taux d’inflation a reculé pendant les cinq premières années de la baisse du chômage. Il est ensuite resté très modéré. Le taux d’inflation actuel est de 1,8 % pour un taux de chômage de 3,6 %, alors même qu’en 2008 avec un taux de chômage de 4,5 %, la hausse des prix dépassait 3 %. Le phénomène est encore plus frappant en Allemagne, où on ne constate aucune accélération de l’inflation au cours des dix ans qui ont conduit le pays au plein emploi. Après une rapide envolée en 2016, la croissance des salaires réels allemands s’est stabilisée autour de 1 % et tend même à s’affaiblir. Fin 2018, le taux de chômage allemand a atteint son niveau de 1980, 3,3 %. Mais en 1980, l’inflation hors énergie et alimentation (celle donc qui peut être attribuée aux salaires) était de 5,3 % contre 1,2 % en 2018…
...Le taux de chômage classique ne semble donc plus réellement pertinent. Il n’est qu’un moyen très imparfait de définir l’état d’une économie et, encore plus, un bien-être social. Un plein emploi statistique acquis à coups de modération salariale, de précarisation de l’emploi et de réduction du temps rémunéré de travail est en réalité une machine à creuser les inégalités. Là encore, les exemples allemand, américain et britannique le montrent assez clairement. Il y a alors un paradoxe : plus le taux de chômage est bas, plus le risque de mécontentement social peut être important. Dans une tribune récente publiée dans Le Monde, la sociologue Dominique Méda rappelle que « les mauvais emplois ont un coût social » et politique. Or les réformes néolibérales font le choix du plein emploi statistique au détriment de cette qualité de l’emploi. Tout est bon, tant qu’on a un travail, même précaire, même mal payé. Et, pour enfoncer le clou, on réduit les indemnisations chômage afin que cette vérité soit vérifiée. La pierre angulaire des réformes Hartz en Allemagne était précisément la réduction de la durée d’indemnisation et le renforcement de l’obligation de prendre un emploi pour les chômeurs de longue durée. C'est la voie suivie avec la réforme du chômage par le gouvernement français. Mais ce chemin est des plus dangereux. On comprend aisément pourquoi : le mécontentement ne peut que naître du contraste entre une situation présentée comme idéale, le plein emploi, et la réalité sociale vécue.
Il serait donc urgent de relativiser le taux de chômage et de cesser de le voir comme un indicateur de performance économique et de bien-être. Il est, au contraire, utile de le compléter par d’autres données : taux d’activité, salaires, mesures des inégalités, qualité des emplois. Mais la pratique politique est bien loin d’une telle nuance. L’obsession du taux de chômage, la promesse que les délices de la prospérité accompagnent sa baisse, tout cela est, il est vrai, politiquement plus vendeur. Cela permet aussi de mieux « vendre » la poursuite des réformes néolibérales qui pourraient pourtant bien être à l’origine de l’inefficacité du taux de chômage… Il y a donc fort à parier que le gouvernement continuera à n’avoir comme objectif que la baisse de ce taux. Quel qu’en soit le risque."
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Au coeur des labos
Des paroles et des faits [Notes de lecture]
Dans la grande 'industrie, les dysfonctionnement et les conflits d'intérêts ne manquent pas.
L'industrie pharmaceutique n'échappe pas à la règle.
D'autant plus qu'elle est florissante et qu'elle jouit d'une clientèle quasiment captive, dans le cadre de lapolitique des Etats en matière de santé.
On a déjà beaucoup évoqué les pratiques peu orthodoxes de certains labos pharmaceutiques et, régulièrement, depuis la fin de la guerre, des scandales éclatent, de l'affaire de la thalidomide à celle du Médiator
La puissance du lobby des labos a déjà souvent été mise en cause, par des institutions, même gouvernementales ou médicales, mais aussi par des particuliers. Tout le monde est malade en puissance et peut être confronté à des prescriptions de médicaments peu fiables, franchement inutiles ou défectueux, voire dangereux.
L'industrie pharmaceutique n'est pas une industrie comme une autre et devrait être mieux encadrée par la puissance publique, comme il est souvent rappelé, souvent en vain.
Le sociologue Q. Ravelli vient de remettre à jour cette nécessité en analysant, de l'intérieur, le fonctionnement des dessous de l’industrie pharmaceutique , tel qu'il a pu l'observer sur le terrain, pointant l'abîme existant entre le discours, au nom de la santé, et la pratique, qu'il ne manque pas d'analyser.
Il s'attache surtout à la question si discutée aujourd'hui des antibiotiques et notamment de la Pyostacine. D'où le titre de son ouvrage: La stratégie de la bactérie.
Malgré ses manques, ses imperfections, ce voyage au cœur de l’industrie pharmaceutique est d'un grand intérêt et devrait réveiller les instances officielles qui souvent s'assoupissent...
Les conflits d'intérts sont si nombreux et souvent si masqués que ce contrôle est une tâche de tous les instants. De plus les labos ont des stratégies très élaborées et savent résister
De plus, dans cette industrie aux profits parfois exorbitants, quoi qu'elle dise, les prix sont fixés de manière obscure.
Alors qu'on nous répète régulièrement que les pratiques des labos sont contrôlées, on est encore loin du compte, d'énormes progrès restent à faire, leur intrusion subtile dans la formation et la pratique médicale reste à dénoncer encore. Même si c'est pire ailleurs...
Le malade n'est pas un consommateur comme un autre.
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Ressources humaines
Silence, on licencie
Ressources humaines en question.
On se souvient du film de Laurent Cantet qui mettait en évidence au coeur d'une entreprise les ravages de l'idéologie managériale telle qu'elle s'est installée dans les grands groupes industriels surtout depuis les années 1980, dans le contexte de la financiarisation progressive des entreprises soumises à la loi de la mondialisation, d'une concurrence exacerbée, de rachats de secteurs de production dans l'intérêt privilégié des actionnaires grands et petits. (*)
Hier, ce sont les pratiques inavouables des grands groupes qui sont dénoncées par un ancien DRH, à partir de son expérience personnelle.
L'auteur met en avant le caractère inhumain de certaines gestions du personnel (comme on disait autrefois), à seule fin de procéder à une sélection le plus souvent éliminatoire, où le dégraissage prime sur le reste, dans une logique qui est souvent, paradoxalement, loin de l'intérêt bien compris de l'entreprise. "Certaines méthodes deviennent même contre-productives, telles que la sous-notation forcée, qui établit un quota de personnes à licencier, même si c’est dommageable pour la bonne marche de l’entreprise. Il faut immoler pour contenter le dieu Chiffre. Cette pratique, le forced ranking, venue des États-Unis, a été condamnée par la justice en France en 2013. Illégale, elle est donc inavouable, mais reste encore pratiquée, permettant notamment départs volontaires et gains de compétitivité.
Didier Bille lâche le morceau et avoue avoir licencié plus de 1.000 salariés, décrivant un véritable délitement du lien social en entreprise, reflet ce qui se passe dans nos sociétés. Les hommes ne sont plus au centre du système.
Il sont devenus des ressources . Au terme usuel de « ressources humaines », relativement impersonnel, on revient aux sources de ce qui constitue l’individu, en suggérant que l’on ne gère pas des « ressources humaines » (interchangeables, par nature), mais des « hommes », des êtres uniques dotés chacun d’attentes, d’aspirations, de leur personnalité propre et de leurs qualités intrinsèques, qui attendent d’être valorisées et de trouver leur place et leur plein épanouissement au sein de la structure d’accueil."
Une folle dérive, qui ne vise que le quantifiable, au sein d'une logique souvent arbitraire et inhumaine.
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(*) Une gestion barbare mais à visage humain. "... Ressources humaines constitue une illustration parfaite de quelques ouvrages récents dénonçant les dégâts de l'idéologie managériale, à l'oeuvre depuis le début des années 80. Le sociologue Jean-Pierre Le Goff parle ainsi de «barbarie douce» (1). «La barbarie telle qu'on l'entend aujourd'hui implique une violence et une cruauté qui s'appliquent à des régimes totalitaires et dictatoriaux. Celle qui sévit dans notre société apparaît aux antipodes. Elle ne laisse guère apparaître les signes d'une agressivité première, n'agit pas par la contrainte externe et la domination. ["] L'"autonomie, la "transparence et la "convivialité sont ses thèmes de prédilection. Elle s'adresse à chacun en ayant de cesse de rechercher sa participation, et ceux qui la pratiquent affichent souvent une bonne volonté et un sourire désarmants.» Résultat: «l'entreprise individualisée», comme la nomme Jean-Pierre Le Goff, est peuplée d'employés parfaitement «autonomes», qui, parce qu'ils sont «consultés», «responsabilisés» pensent que ce qui est bon pour l'entreprise est bon pour eux. Le Goff rend responsable de cet état de fait «la gauche moderniste» issue de 1968 qui, en réhabilitant l'entreprise et en stimulant les valeurs d'autonomie, de créativité, bref des «ressources humaines», a accru (à son insu?) la violence molle et le brouillage des cartes. Le jeune héros du film incarne en cela un digne héritier désarmé des doctrines du business cool. Il met en oeuvre une consultation, donc il croit bien faire, mais celle-ci révèle plus tard qu'elle cache un plan de licenciement.
Cette rupture du «contrat social» (et moral) le fait basculer dans la défiance. Le «miroir aux alouettes» entrepreneurial qu'on lui avait tendu pendant si longtemps (son père en premier) se révèle une belle entourloupe. Les sociologues Luc Boltanski et Eve Chiapello en développent certains aspects dans le Nouvel esprit du capitalisme . «Les situations de travail en entreprise aujourd'hui sont de fait particulièrement susceptibles de faire l'objet d'accusation de "manipulation, expliquent-ils. En effet, si le management consiste toujours à "faire faire quelque chose à quelqu'un, la manipulation et le soupçon de manipulation se développent quand il devient difficile de recourir aux formes classiques de commandement, consistant à donner des ordres ["] Or, les vingt dernières années ont plutôt été marquées par l'affaiblissement des ordres conventionnels et des relations hiérarchiques ["] Dans un tel contexte, on est amené à substituer au commandement hiérarchique dans le plus grand nombre de cas possibles des pratiques visant à amener les gens à "faire d'eux-mêmes, et comme sous l'effet d'une décision volontaire et autonome, ce qu'on désire "leur voir faire.»
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Armer les enfants
On n'arrête pas le progrès..
Il n'est jamais trop tôt pour bien faire.
C'est bien connu: plus l'apprentissage est précoce, meilleure est l'expérience future.
On trouve toutes sortes de joujoux éducatifs dans les supermarchés aux USA, pour la formation des gamins. Garçons et filles.
Pédagogie précoce. On ne sait jamais...
Après mon premier nounours en peluche ou ma première poupée Barbie,voici my first Rifle...Des heures de loisirs et plus, si nécessaire.
Les affaires marchent du feu de Dieu et on tient salon.
Même s'il y a quelques bavures...
Par ci ou, par là
Equipés jusqu'aux dents, du berceau à la tombe. Certains y pourvoient.
L'ami ennemi intime fait partie de la vie...
Que disait Obama déjà?
A en pleurer! De chagrin ou de rage?...
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Rentrée de toutes les incertitudes
Sur de nombreux plans.
Voilà une rentrée qui laisse perplexe.
Le moins que l'on puisse dire est que l'horizon est assombri. Même les économistes perdent pied.
Aucune ligne de lecture claire du proche avenir ne peut être dégagée.
Que ce soit à Washington, à Pékin, à Londres, à Rome, voire même à Berlin, le climat a bien changé, et chez nous les turbulences peuvent revenir rapidement. L'irrationnel domine, quand ce n'est pas une forme de "folie" inquiétante.
Vivons-nous une crise inédite des institutions internationales et des relations d'après-guerre froide?
Vers quelles formes de redistribution du pouvoir à l'échelle de la planète nous acheminons-nous?
Parler d'un tournant de l'histoire serait sans doute abusif, mais comme Diogène, on cherche une voie...
Les incertitudes au niveau des finances mondiales se ravivent. L'affolement des marchés financiers n'est qu'un indicateur de risque, accentué par la masse des capitaux erratiques et les tendances baissières des intérêts, nullement rassurantes.
Elles sont accentuées par ce qu'on appelle la crise du multilatéralisme, ce qui n'est pas en tous points négatif à terme. De nouvelles formes de collaborations reste à trouver pour dépasser une mondialisation aveugle et un système financier potentiellement explosif.
Mais rien n'indique qu'on en prenne rapidement le chemin, au vu des turbulences annoncées.
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Histoire malmenée
Manipuler un passé qui ne passe pas.
Au moment où disparaît une grande figure du cinéma polonais, totalement et courageusement engagé dans son temps et l'histoire de son pays (*), on est en droit de se demander ce qui arrive au gouvernement actuel de cette nation, qui donne de la présentation d' une partie du passé récent de son pays une image détournée de son sens.
A des fins de conditionnement partisan.
Cela n'étonne guère. Revisiter les faits significatifs du passé, pour leur donner le sens qui convient à la politique de l'heure, a toujours été la caractéristiques des régimes forts ou à tendance autoritaire. Rien à voir avec la méthode historienne qui ne peut progresser que par révisions constantes de ses interprétations précédentes pour les corriger ou les affiner.
L'histoire, telle qu'elle est du point de vue des historiens du moment, peut être instrumentalisée par des élites pour conditionner les esprits avec une interprétation qui les sert, qui leur plaît ou qui les flatte. Bref, bidouiller le passé n'est pas très nouveau et s'insère dans un contexte politique et historique donné.
Le révisionnisme historique en Pologne est bel et bien en action.
Mais ce n'est pas la première tentative. L'histoire idéologique est un vieux tropisme: le régime de Pétain en usait et en abusait, le Japon d'aujourd'hui fait silence sur un aspect de son passé militaire, Israël s'arrange avec une histoire souvent mythique...
Revisiter l'histoire, bidouiller le passé, l'idéaliser ou le diaboliser sont des tendances sur lesquelles il faut toujours veiller, car souvent la pure propagande n'est pas loin, au grand dam des historiens attachés à la vérité, même relative, même si elle dérange.
On peut se demander à bon droit où va la Pologne, au delà des dérives qu'elle connaît actuellement.
(*)[A revoir Kanal L'homme de fer... ]
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Le gouvernement polonais impose une relecture politique de son passé:
Jacek Leociak ne décolère pas. Ce chercheur polonais, spécialisé dans la littérature de la Shoah et cofondateur du Centre polonais de recherches sur l’Holocauste à l’Académie des sciences, est « furieux » depuis que, le 16 août dernier, le ministre polonais de la justice, Zbigniew Ziobro, a présenté à la presse un projet de loi visant à protéger la « réputation » et la « dignité » de la nation polonaise.Adopté en conseil des ministres, soumis au vote du parlement la semaine prochaine, ce texte fait encourir une peine allant jusqu’à trois ans de prison et une amende à quiconque déclarerait publiquement que des Polonais – ou l’État polonais – seraient responsables de crimes commis par les nazis ou auraient collaboré avec eux.
Pour Jacek Leociak, cette tentative d’intervention dans le champ historique est inadmissible. « Je suis d’abord inquiet en tant que citoyen polonais. Ce projet de loi vise à empêcher le débat historique. Ce gouvernement n’est pas seulement en train d’essayer de contrôler la société actuelle, il vise également à contrôler son passé ! On se croirait dans le roman 1984, de George Orwell, où un ministère de la Vérité pouvait changer d’avis et réécrire ce qu’il voulait : “Celui qui a le contrôle du présent a le contrôle du passé.” C’est un mécanisme que l’on retrouve dans les régimes totalitaires. »
Espérons que l' opposition de masse contre les lois restrictives concernant l'IVG s'étende aussi à cette tentative de manipulation du passé.___________
Celle-ci passe, toujours, par la volonté de regarder le passé en face. La France en sait quelque chose : elle a parfois mis longtemps avant de s’y résoudre. La Pologne a été un pays doublement martyr, du nazisme et du communisme. Mais M. Kaczynski veut éradiquer la marque antisémite que recèle aussi son histoire. C’est une obsession chez lui. La semaine dernière, le gouvernement PiS a nommé Jaroslaw Szarek à la tête de l’Institut de la mémoire nationale. A l’encontre de tous ses pairs, cet historien nie la responsabilité de civils polonais dans le pogrom de Jedwabne, village de l’est du pays, dans lequel ont péri au moins 340 juifs en juillet 1941, dont 300 brûlés vifs dans une grange. Il s’agit de nier toute complicité, même indirecte, des Polonais dans la « solution finale ».
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Gendarmes du monde
La loi de Washington (bis repetita)
C'est plus que jamais l'occasion de le rappeler..
Malgré les apparences et les déclarations officiellement atlantistes ou e circonstances,, beaucoup de chefs d'Etat ont ou ont eu parfois la dent dure envers la politique de Washington, qui ne ménage pas les coups bas commerciaux et politiques.
A commencer par le Général de Gaule, clairvoyant sur les ambitions impériales des USA de l'après-guerre et plus tard les déclarations de Mitterrand concernant les ingérences de certains services américains dans l'Etat français: Au crépuscule de son ultime mandat, il confiait à Georges-Marc Benhamou une observation que le journaliste retranscrirait dans son livre Le dernier Mitterrand: «La France ne le sait pas, mais nous sommes en guerre avec l’Amérique. Oui, une guerre permanente, une guerre vitale, une guerre économique, une guerre sans mort apparemment. Oui, ils sont très durs les Américains, ils sont voraces, ils veulent un pouvoir sans partage sur le monde. C’est une guerre inconnue, une guerre permanente, sans mort apparemment et pourtant une guerre à mort.» Bien que le premier président socialiste de la Ve République ait toujours traîné une réputation d’atlantiste, des missiles Pershing en Europe à l’engagement français dans la guerre du Golfe, il a souvent eu la dent assez dure pour mordre en plein dans la politique américaine. En 1983, énervé par la flambée du dollar et la hausse des taux d’intérêts américains, il s’en prend à la Maison-Blanche: «Les États-Unis nous font payer leur chômage et leur déficit. C’est nous qui permettons à Reagan de continuer une politique qui nous écrase »
Aujourd'hui, les menaces à peins voilées concernant les pays continuant à commercer avec l"'ennemi déclaré", l'Iran diabolisé, qu'il faut affaiblir un peu plus par un embargo encore plus dur, se font avec Trump plus pressantes et plus cyniques. Pires que celle de Bush, qui avant la malheureuse aventure irakienne, s'était acharne à ruiner le pays par un embargo mené avec la complaisance de Tony Blair.
La puissance économico-militaire de Washington depuis 1945 s'est imposée, grâce à la suprématie du dollar, la monnaie du vainqueur devenue monnaie mondiale. C'est notre monnaie, c'est votre problème, disait-on à la Maison Blanche.
Le gendarme du monde s'imposait sur tous les plans, dans le contexte d'une guerre froide, qui facilitait ses intérêts. En 2006, la population américaine franchit le cap des 300 millions d'habitants. Toujours première puissance économique du monde, le pays est toutefois devenu de plus en plus dépendant de capitaux étrangers, notamment chinois, pour financer son économie. Profondément ébranlé par le 11 septembre, il a adopté des lois anti-terroristes qui entachent son image de pays des libertés. Après un « siècle américain », le XXIe siècle s'ouvre, non comme une phase de déclin, mais plutôt de repositionnement des États-Unis.
La menace est claire, passant outre les souverainetés nationales: Washington donne de 3 à 6 mois à Renault, PSA et aux autres entreprises françaises pour "sortir" d'Iran. L'Allemagne est aussi visée.
...Toute entreprise qui continuera à commercer avec Téhéran sera passible de sanctions. « Ceux qui font des affaires en Iran auront un délai pour pouvoir défaire leurs engagements. Ceux qui n’auront pas renoncé à leurs activités impliquant l’Iran à la fin de ce délai s’exposeront à de graves conséquences », a indiqué la Maison Blanche. L’ambassadeur américain Richard Grenell en Allemagne, tout juste installé à Berlin, a été encore plus clair : « Comme Donald Trump l’a indiqué, les sanctions américaines viseront les secteurs essentiels de l’économie iranienne. Les groupes allemands qui font du business en Iran doivent suspendre leurs activités immédiatement », prévient-il dans un tweet....
Les fidèles alliés risquent une nouvelle fois de se plier aux oukases impériaux.
L'exterritorialité des lois américaines jouent une nouvelle fois à plein. Le droit du commerce se décide Outre-Atlantique. Même Pïerre Lellouche est assez clair: ....nous sommes devant un mur de législations américaines extrêmement touffues, avec une intention précise qui est d’utiliser le droit à des fins d’imperium économique et politique dans l’idée d’obtenir des avantages économiques et stratégiques. » Ce 5 octobre 2016, le député Les Républicains Pierre Lellouche ne mâche pas ses mots devant les commissions des affaires étrangères et des finances de l’Assemblée nationale, à Paris. Il y présente le rapport de la mission d’information sur l’extraterritorialité du droit américain (1). Un rapport dont la lecture « fait froid dans le dos », selon les termes du député socialiste Christophe Premat.
Ces sanctions extrateritoriales ont "en quelques années" coûté 16 milliards de dollars à des entreprises européennes ayant violé des embargos américains contre certains pays, et 6 milliards de dollars à celles jugées coupables de corruption, hors du territoire américain....
Dans cette guerre économique, l'impuissance des Etats européens est patente. On a pu le vérifier récemment en France dans l'affaire Alstom.
Mais la situation va forcément atteindre un jour un point de rupture. La montée de la puissance de la Chine et sa volonté de donner au yuan toute sa place dans les échanges internationaux risquent de changer la donne assez vite, non sans quelques soubresauts.
Que fera l'Europe divisée? Cette crise risque de ne pas suffire à mettre hors la loi le système inique qui la pénalise._____
Note: Point de vue:
8 août 2016
1 Hervé Juvin : La guerre du droit pénal américain aura-t-elle lieu ? Cap sur le nouveau système de corruption mondialisé. Editions de l’Observatoire EUROGROUP-CONSULTING, mai 2016.
2 Dominique Dron : Pour une régulation éco-sytémique de la finance ? Annales des Mines, février 2015. Note pour l’Institut Veblen, octobre 2015. Disponible sur :http///www.veblen-institute.org/IMG/pdf/pour_une_regulation_ecosystemique.pdf/
3 Xavier Raufer : « La face noire de la mondialisation », in Le Nouvel Economiste, 10 février 2016.
Une presse malade
Medias: concentrations et dépendances [ Notes de lectures]
Après les errances de l'entre-deux guerres, le CNR avait envisagé la reconstruction d'un presse différente, attachée à une information de qualité, formatrice, citoyenne.
Avec des titres plus nombreux, une plus grande diversité des lignes éditoriales,une variété des points de vue et des analyses de qualité, qui ne pouvaient se développer que loin des pressions financières, de l'intérêt marchand. La presse ne devait pas être un produit comme un autre et surtout pas un outil de diffusion des intérêts des puissances dominantes.
Certains journaux se sont attachés à réaliser cet idéal, que l'Etat devait stimuler, comme Le Monde à ses débuts, avec Beuve-Méry, et plus tard, Libération, par exemple...avant de sombrer dans la logique marchande et idéologique des magnats de la presse.
Contre l'homogénéisation actuelle de l'information et sa concentration croissante, certains organes, souvent marginaux, réagissent et font de la résistance, au non de la liberté d'écrire, tout simplement.
Que la presse soit malade n'étonnera personne, sauf des esprits peu critiques ou des journalistes bien formatés.
Des medias de connivence, de révérence, à;l’impossible autocritique
Thomas Jefferson écrivait : "Si l'on me donnait à choisir entre un gouvernement sans journaux ou des journaux sans gouvernement, je n'hésiterais pas un moment à choisir cette dernière formule."
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, jamais la liberté et le pluralisme de la presse n'ont à ce point été menacés. Pourtant, ce droit de savoir était au fondement de notre démocratie, garantie par l'article 11 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Certainement serait-il bon de le rappeler, comme le note un journaliste.
La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme ; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi....était-il stipulé.
Que des fonds publics soutiennent un secteur toujours fragile et menacé, sans l'influencer, n'est pas illégitime. Le problème est qu'aujourd'hui l’Etat subventionne d’abord les milliardaires - (*)
Beaucoup de journalistes sont peu conscients du délabrement d'organes souvent interchangeables par leurs contenus, relais d'agences de presses, sans réel souci d'investigation, comme le souhaitait Albert Londres..
L'information est devenue trop souvent un enjeu de prestige, de défense idéologique, un produit aux enjeux d'abord commerciaux, avec toute la censure qui va avec. Les verrous médiatiques sont puissants.
Le pluralisme devrait être la valeur dominante dans ce secteur sensible. Il risque de se dégrader encore. Comme le courage de penser et d'écrire.
La transformation numérique ne règle rien pour les grands groupes, au contraire
L'information est une chose trop sérieuse, trop décisive démocratiquement, pour être laissée à quelques groupes industriels ou financiers.
_______ [Pour prolonger...]
(*) Aider les plus riches: Le scandale continue ! Les milliardaires qui ont fait main basse sur la plupart des titres de la presse quotidienne nationale (PQN) ou de la presse quotidienne régionale (PQR) empochent l’essentiel des aides directes que l’État verse, soi-disant pour venir en aide à la presse et défendre le pluralisme. C’est ce qui ressort des tableaux statistiques portant sur l’année 2015 que le ministère de la culture et de la communication a présentés en avant-première, le 3 octobre, aux éditeurs de presse, et que Mediapart est en mesure de révéler.
Rompant avec une très longue tradition d’opacité, le ministère de la culture et de la communication publie depuis quatre ans le détail des aides directes que l’État accorde à la presse – qui viennent s’ajouter aux aides indirectes qui bénéficient à toute la presse. Ces statistiques pour 2015 seront donc bientôt publiées sur les sites internet du gouvernement : culture.gouv.fr et data.gouv.fr. Mais elles ont dès à présent été présentées en avant-première, le 3 octobre, aux éditeurs de presse, à l’occasion de la traditionnelle « conférence des éditeurs »...
( voir les statistiques (que l’on peut télécharger ici), qui faisaient apparaître des aides pouvant dépasser la dizaine de millions d’euros pour certains titres.)...il y a une chose qui ne change pas : aux termes de critères de répartition absolument opaques, ce sont toujours les journaux qui sont la propriété (ou qui le sont devenus) des oligarques qui absorbent la plus grosse part du pactole.
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- Guerre dans les Télécoms
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