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Histoires d'O...pital

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

    Rencontres
                 Il arrive qu'au hasard des lectures, on rencontre un petits texte bien enlevé méritant ldétour et attention.
    Comme ces quelques lignes rencontrées sur un site où je suis interdit d'antenne, qui me semblent admirables d'observation et de sensibilité, réveillant en moi quelques souvenirs de séjours trop nombreux et mitigés en ces mêmes lieux.
   Malgré tout ce qu'on peut dire de l'hôpital, où parfois on se pose quelques questions...

       ".....Elle glissait ,chantonnant dans les couloirs pour s’annoncer comme pour des chevaux craintifs au box que l’on prévient de la voix . Je guettais son passage la porte de la chambre entrouverte , je me tordais le cou pour l’entrevoir, la sonde me brûlait les entrailles , le drain tel un cordon ombilical me clouait à partir du ventre sur le lit , la perf et les électrodes «  ces mouchardes » finissaient ce corset de « vierge de Nuremberg. Rien de mes émois de mes tremblements de mes reptations vers le bassin n’échappaient aux moniteurs clignotant et murmurant des ding bzing qui, je le savais, me balançaient à l’infirmière veillant tasse de thé en main sur l’étage .

« Et je viendrai vous voir : « Monsieur Non » .
« Trois jours ! » elle avait dit
      Dés le début j’avais résisté fait preuve de mauvaise volonté et elle, impavide, m’avait contraint, rasage ,sonde …Pied à pied j’avais cédé jusqu’à l’ultime humiliation , grondante et ne manifestant aucune joie d’avoir vaincu un vieux mâle blanc . Elle m’avait souri et admonesté « Pff… tête de mule, vous m’avez fait perde du temps » , piteux et vaincu ,tête basse j’avais confessé ma terreur de finir comme un légume .Ne dépensez pas votre énergie contre nous ; gardez la contre « lui »  disait elle .Lui, l’ennemi invisible que nul n’osait nommer . Fugacement, au moment du ménage j’entrevoyais la dame de la chambre en face , si belle , qui, ayant sentit mon regards avait instinctivement porté la main sur un attrait désormais absent , j’avais esquissé un faible sourire non rendu .J’avais partagé la chambre avec un déjà vaincu qui n’émettait plus aucun son muré dans son silence terrifiant refusant les pauvres gestes de tendresse d’une épouse, perdue, dépassée, et déjà dans l’après. Puis est venue l’attente , la veille ce guet nuit et jour «  les résultats »
   Maligne ?   Pas maligne ?
Parti ?Revenu ?En recul ? ou progression ? Et ces mots prononcés par de doctes enfoirés ne donnant pas d’informations intelligibles au profane .
Transparents !!!
  Ils m’auscultent comme un anonyme, un bout de viande , mais elles nous vengent ! Elles, la vraie colonne vertébrale du service .Ostensiblement , pour que nous n’en perdions pas une miette , elles racontent les turpitudes les mesquineries et les défaites intimes et personnelles de ces «  sachants » .
Yep ! l’œil lumineux de ma fée Piquouze tourné vers moi quand le froid chirurgien dénie les douleurs que j’évoque .
Cet œil moiré me disant :hein ? qu’il est aussi con que je le disais à Annie hier dans le couloir.
Cette dérision envers l’icône du service qui joue a Dieu et ne me manifeste ni empathie «  c’est son droit »…. ni respect « qu’il crève ! »  .
.     Dans ces services il n’y a pas d’au revoir . Ce mot impliquerait trop de désillusions .Et puis elles sont trop occupées, le travail et leur vie qu’on espère lumineuse à la hauteur de ce qu’elles donnent, souriantes ou lasses , fatiguées parfois exaspérées mais jamais leurs gestes n’oublient sûreté aisance et souvent douceur .
   Nos hôpitaux sont plein de fées Piquouze qui voient chaque jour de vieux mâles les saluer se redressant du mieux qu’ils peuvent pour juste un peu être à leur hauteur !
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Histoires d'hôpital (autre registre):

-Patience et longueur du temps
-Il y a pire...
-Troubles en tous genres
-Emotions
-On trouve de tout.
 
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Casser le thermomètre

Publié le par Jean-Etienne ZEN

___ Bonnes feuilles.   De la bienveillance (suite) 

                Que les inégalités se transmettent et se renforcent à l'école, surtout dès les premiers apprentissages, voilà un constat qui a été depuis longtemps établis. Tous les enfants ne font pas partie des "héritiers", tout au long de leur parcours scolaires, même si des exceptions existent toujours. Malgré ses idéaux proclamés, l'école ne (peut) fait pas tout, malgré ses "remédiations" diverses et variées, malgré les promesses rarement tenus ou non suivies de moyens.. Donner plus à ceux qui ont moins n'est pas la panacée. Tout dépend des conditions. Les problèmes majeurs sont le plus souvent escamotés, quelle que soit la volonté des enseignants en première ligne. L'école est en panne, l'école est malade (le néo-bac en témoigne)et la volonté de prendre à bras le corps le problème tend à s'adapter ou à se dissoudre sous des propos lénifiants ou fatalistes tendant souvent à escamoter le problème. La "bienveillance" n'est pas la panacée. La priorité n'est plus celle de Jules Ferry. Malgré les discours officiels et les réformes constantes.   


                     "....République », « excellences », « bienveillance » : des trois mots choisis par le ministre de l’éducation nationale, M. Jean-Michel Blanquer, pour lancer sa première rentrée, en septembre 2017, c’est le dernier qui surprend. Depuis Jules Ferry, on ne saurait parler de l’école sans invoquer la République. L’excellence est également entrée dans le vocabulaire quotidien des établissements scolaires. Elle désigne le souci de l’institution, partagé par une partie des enseignants, de ne pas concentrer les efforts et les moyens de manière disproportionnée sur les élèves en difficulté au « détriment » des autres. Traduisant la volonté de se montrer attentif, avant tout, à ne pas défavoriser les favorisés, ce mot est devenu l’expression officielle — quoique euphémisée — justifiant les écarts de réussite scolaire.        Il reste donc la bienveillance. La notion s’est répandue dans les collèges et les lycées en quelques années. Inspirée de la politique du care, diffusée en France notamment par Mme Martine Aubry, elle a été défendue par le ministre de l’éducation nationale Vincent Peillon en 2012, dans le cadre de la concertation « Refondons l’école de la République », préalable à la loi du même nom. La bienveillance apparaît aujourd’hui comme l’un des piliers des « bonnes pratiques » défendues par l’institution. Une formule peut en résumer laphilosophie : « Chaque jeune a besoin d’encouragement chaque jour. » Sans cette pédagogie compréhensive, l’élève serait mis dans l’incapacité de réussir et, ainsi, d’envisager une orientation heureuse.  Le message est clair : professeurs sévères, en déployant au quotidien la panoplie du découragement (sourcils froncés, remarques acerbes, notes exagérément basses), vous portez la responsabilité première dans l’échec de centaines de milliers de chrysalides qui n’attendaient qu’un geste pour se faire papillons. Ou comment promouvoir, dans le débat sur l’école, des questions de posture plutôt que de structure. La mise en orbite du thème de la bienveillance dans l’univers éducatif a ainsi pour intérêt premier d’escamoter les causes réelles de l’échec scolaire.     Formidablement adapté à la cure d’austérité imposée au service public — cette « bienveillance » ne coûte rien à l’État —, il en est aussi le parfait paravent, puisqu’il détourne l’attention de questions qui manquent singulièrement d’élégance, tels le nombre d’heures de cours dispensées ou le nombre d’élèves par classe. C’est sous la présidence de M. François Hollande que la psalmodie moralisatrice a fleuri. Le pédagogue se mue en animateur « L’enseignant crée les conditions bienveillantes et sécurisantes pour que tous les enfants (même ceux qui ne s’expriment pas ou peu) prennent la parole, participent à des situations langagières plus complexes que celles de la vie ordinaire ; il accueille les erreurs “positives” (…). Ainsi, il contribue à construire l’équité entre enfants en réduisant les écarts langagiers. » Pour venir à bout des inégalités de maîtrise du langage, les stratèges de la rue de Grenelle misent donc sur l’amabilité de l’enseignant. Lorsqu’il écrit, l’élève doit pouvoir s’appuyer sur « des remarques toujours bienveillantes relatives au texte initialement produit ». _____Au collège, des personnels de direction morigènent ceux qui ont eu le malheur de mettre un zéro pour un devoir non rendu, et demandent aux enseignants de terminer leur appréciation trimestrielle de l’élève par un mot positif. La préconisation pourrait s’entendre si elle ne tendait à substituer à la mission d’émancipation de l’école l’impératif d’épanouissement personnel : « L’école maternelle est une école bienveillante (…). Sa mission principale est de donner envie aux enfants d’aller à l’école pour apprendre, affirmer et épanouir leur personnalité (5). »      ____L’injonction suscite des comportements paradoxaux chez les enseignants : sarcasmes et fatigue face au nouveau leitmotiv de l’institution, mais aussi porosité à ce discours culpabilisant. Confrontés à la difficulté de la tâche, désemparés, parfois, ils peuvent être sensibles à ce qui, sous couvert de progressisme, constitue en réalité un renoncement. « Si l’on veut diplômer davantage d’élèves, il faut passer d’un système d’enseignement qui trie pour que les meilleurs parviennent aux formations d’excellence à un système “bienveillant” qui décide de faire réussir de façon variée des élèves reconnus dans leurs habiletés plurielles », affirmait ainsi un rapport de l’inspection générale en 2013 (6). Dans l’académie de Lille, un collège a choisi de nommer son projet d’établissement « collège des intelligences multiples ».....,,             ____Talents, potentiels, intelligences, habiletés… La déclinaison de ces termes escamote la réalité de la hiérarchie des savoirs et des aptitudes scolaires, et sa conséquence : une place plus ou moins enviable sur l’échelle sociale. Leur utilisation trahit — et diffuse — une conception essentialisée des élèves, déconnectée de leur classe sociale. Plutôt que de chercher à comprendre l’échec scolaire pour mieux le combattre, cette conception l’entérine et le badigeonne de considérations morales pour mieux le faire accepter comme inéluctable. Ces discours pseudo-égalitaires ont pour objet de justifier le renoncement de l’institution scolaire à faire accéder les enfants des classes populaires aux savoirs légitimes.         De son côté, le lycée Henri-IV, dans le 5e arrondissement de Paris, maintient le cap. Jusqu’à la rentrée de septembre 2018, soit avant la réforme du lycée, il mettait à disposition des élèves entrant en classe de première une liste d’ouvrages en guise de « conseils de lecture ». En français, pour le seul chapitre « Réalisme et naturalisme », on dénombrait quarante-trois titres. Sans compter les nouvelles naturalistes d’Émile Zola, Guy de Maupassant, Joris-Karl Huysmans… À quand une pétition d’intellectuels pour exiger le respect des « habiletés plurielles » des enfants de la bourgeoisie parisienne ?                  ___Cette promotion de la bienveillance fait écho à l’instauration, à tous les échelons du système scolaire, de l’évaluation par compétences. Toutes deux convergent pour masquer les ratés de la massification scolaire. Le souci de la bienveillance conduit par exemple, en primaire, à nommer des élèves responsables, chaque semaine, de multiples missions dénuées d’objectifs cognitifs, telles qu’essuyer le tableau, ramasser les cahiers, mettre en rang ses camarades avant l’entrée en classe, etc., instaurant une confusion prégnante entre le savoir à acquérir et les tâches à effectuer.  Dès lors que celles-ci sont évaluées en tant que telles, comme une forme de « savoir-être », dans les référentiels de compétences désormais généralisés à tous les échelons de l’institution scolaire, l’enfant sociable et volontaire pour éteindre les lumières et baisser les persiennes a tout lieu de croire, et sa famille avec lui, qu’il remplit sa part du contrat. Même s’il ne maîtrise pas la lecture.     ___L’offensive contre l’évaluation des élèves à travers une notation chiffrée — remplacée par un système complexe d’évaluations par compétences — relève de la même logique. Impulsée par l’Union européenne, l’évaluation par compétences est aujourd’hui généralisée en primaire et dans un grand nombre de collèges. Les bulletins se présentent désormais comme d’interminables tableaux égrenant des « compétences » divisées en « domaines », eux-mêmes segmentés en « items » aux contours particulièrement flous : « écouter pour comprendre un message oral, un propos, un texte lu » ; « acquérir et comprendre le sens des mots »… Ils sont devenus illisibles. La prise de conscience des inégalités scolaires, source de désillusion brutale pour les jeunes issus des classes populaires, se déplace du collège vers le lycée, où la note perdure.                                                                                                      _____L’idée de briser le thermomètre pour faire baisser la fièvre n’est pas nouvelle. Mais elle est aujourd’hui déclinée de manière systématique, à toutes les étapes du parcours éducatif. Soit le cas d’un élève de troisième ambitionnant de décrocher son brevet des collèges. Appelons-le Florian. Depuis la session 2017, le diplôme est noté sur 800 points. Quatre cents points sont attribués dans le cadre d’épreuves se déroulant en fin d’année scolaire. Les 400 points restants résultent du niveau de maîtrise des huit composantes, chacune notée sur 50, d’un « socle commun de connaissances, de compétences et de culture ». Ces composantes ne correspondent pas au cadre de travail connu de l’élève (la discipline). Cela oblige les enseignants à travailler dans l’approximation afin de fixer le « positionnement » de chaque élève pour chacune des huit composantes du socle (par exemple : « les méthodes et outils pour apprendre », « la formation de la personne et du citoyen »). L’opacité ne s’arrête pas là. En effet, pour chaque composante du socle a été fixée une échelle à quatre valeurs attestant le niveau de maîtrise atteint : « insuffisant » (10 points sur 50), « fragile » (25 points), « satisfaisant » (40 points) et « très bonne maîtrise » (50 points). Même si Florian est archinul en anglais, le décompte retenu lui garantit au minimum 20 % des points possibles. Très bon en mathématiques — mais pas excellent —, il obtiendra cependant 100 % des points pour la composante en question. Et si, en dépit de ce barème améliorant par lui-même les résultats des élèves — mais pas leurs connaissances —, Florian risquait d’échouer, il pourrait compter sur les interventions répétées des personnels de direction dans le sens d’une rectification à la hausse des évaluations effectuées par les enseignants. Les taux de réussite des élèves dans le cadre des divers examens constituent en effet des éléments-clés dans l’évaluation du travail des principaux et des proviseurs par les directeurs académiques des services de l’éducation nationale (Dasen, ex-inspecteurs d’académie) et les recteurs.                  _____Avec les réformes du lycée et du baccalauréat prenant effet à la rentrée 2019, M. Blanquer prolonge cette tendance. La notion de « parcours » individualisé des élèves — censés choisir leurs « spécialités » — mime la liberté en omettant les données structurelles : toutes les spécialités ne sont pas enseignées dans tous les lycées. Là encore, l’équivoque règne sur l’obtention du futur diplôme : contrôle continu, épreuves communes (certaines en classe de première, d’autres en terminale), épreuves terminales (certaines en classe de première, d’autres en terminale). Heureux celui qui saura y voir clair — ou plutôt, heureux celui qui sera informé. L’injonction contradictoire est forte pour le lycéen invité à choisir ses spécialités alors qu’une sélection sévère le place sous une évaluation permanente.  L’école de la IIIe République, solide et exigeante, dans laquelle les élèves auraient acquis la maîtrise des tables de multiplication et la connaissance des règles d’orthographe, relève largement du fantasme. L’ancien système de notation ne doit pas non plus susciter de nostalgie particulière. Le tri social des élèves existait déjà hier. Mais l’institution ne consacrait pas autant d’efforts à le rendre invisible....."  . [C. Dozier_ S. Dumoulin]         _______________________________

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En attendant la (prochaine ) crise financière...

Publié le par Jean-Etienne ZEN

( C'était il y a deux ans...)

 

Sonnette d'alarme.
                       Ce n'est pas parce qu'on signale un danger que celui-ci se produira nécessairement. Mais...
      Depuis un moment, certains économistes annoncent, au vu de la tournure que continue à prendre la logique financière mondiale, que nous serions au bord d'une nouvelle crise de grande ampleur. comme il s'en répète, sous différentes formes, depuis le début du XX° siècle, sans remonter plus haut..
       Il est temps de trouver au plus vite des pare-feu, mais le scepticisme sur ce sujet gagne, quand on prend la mesure des failles qui sont restées béantes après les années 2008, malgré les dires, les demi-mesures et les promesses non tenues, et la poursuite de la collusion entre le politique et le financier où le manque de mesure prise par la plupart des pouvoirs pour limiter les excès de la finance mondialisée, des grandes banques aux opérations jamais séparées au début, comme demandé un moment au plus haut lieu. Le casino continue. Les bulles se multiplient. Trop d'argent ne s'investit pas dans l'économie, mais se perd dans les sables de la spéculation stérile.
    Les banques pourraient-elles craquer à nouveau?
         Cette question n'est pas gratuite pour Henri Wilno, qui n'est pas le seul à le penser, même si le débat sur les causes et les modalités continue:

 

                  "La crise est certaine mais on ne sait pas quand elle éclatera. Une des questions essentielles qui se posera en cas de déconfiture financière est de savoir si les Etats seront en situation d’en limiter les conséquences.

   Des processus cumulatifs porteurs d’une croissance ralentie marquent le mouvement de l’économie mondiale tant dans les pays de l’OCDE (Amérique du Nord et Europe) [1] qu’en Chine, tandis que le Brésil reste dans le marasme et que l’Argentine est en récession, etc. Seuls certains pays, en situation de rattrapage (comme l’Inde) conservent une croissance pour l’instant sans guère de nuages (autres que les inégalités et les dommages environnementaux). La surproduction est patente dans la sidérurgie et la croissance du marché automobile mondial serait quasi nulle en 2019.
    Si les taux de profit ne marquent pas de tendance visible à plonger, ils ne paraissent pas avoir retrouvé leur niveau de 2007. Pourtant, les salaires stagnent (sauf ceux des catégories supérieures et de branches particulières) dans les économies développées, y compris dans celles qui affichent des taux de chômage faibles comme l’Allemagne et les Etats-Unis – dans ce dernier pays un problème d’appréciation du chômage réel:  outre les temps partiels qui souhaiteraient travailler davantage, de nombreux adultes ont arrêté de chercher un emploi et sont donc sortis des statistiques ce qui se traduit par une baisse du taux de participation au marché du travail. Les profits réalisés par les entreprises ont largement servi à des opérations de fusion, des rachats d’actions et des distributions de dividendes ou bien demeurent sur des placements liquides, tandis que l’investissement privé reste limité. L’investissement public est contraint par les politiques d’austérité.
    Le capitalisme est plus que jamais financiarisé. Les actifs financiers continuent en effet de croître une fois passé le choc de 2007-2009. La capitalisation boursière mondiale (valeur au prix du marché boursier de l’ensemble des actions en circulation des sociétés cotées en bourse) avait atteint un niveau record en 2017. Elle a baissé de 15% en 2018, ce qui reflète à la fois l’inquiétude des analystes devant des niveaux des cours déconnectés des performances réelles des entreprises ainsi que les incertitudes résultant du climat international. Il est à remarquer que les plus importantes capitalisations boursières sont désormais les GAFA et non des entreprises industrielles. La montée des cours boursiers a été entretenue par les politiques des banques centrales qui depuis 2009 ont déversé des liquidités gratuites ou quasiment gratuites vers les banques. Depuis 2015, ces banques centrales ont cherché timidement à restreindre ces politiques (bas taux et assouplissement quantitatif, c’est-à-dire rachat de titres) mais cela pourrait ne pas durer.
     En Europe, la persistance de la faiblesse des taux pratiqués par la Banque centrale européenne a eu des effets contradictoires: d’un côté, elles ont pu augmenter leurs prêts, de l’autre, comme les taux de la Banque centrale se répercutent à l’ensemble des taux, les marges d’intérêt réalisées par les établissements sur les crédits ont été réduites, ce qui pèse sur leur rentabilité (d’où une chute des cours des actions des banques). En principe, cette situation ne met pas en péril la santé des banques [2] sauf cas particuliers. Celle-ci serait par contre affectée par un ralentissement de l’activité qui verrait une augmentation des non-remboursements d’emprunts.
     Par ailleurs, l’endettement des Etats et surtout des sociétés non financières (les entreprises) est reparti à la hausse. L’encours mondial d’obligations émises par des sociétés non financières a atteint un niveau record proche de 13’000 milliards USD à la fin de 2018; cela représente selon l’OCDE le double de leur encours en termes réels avant la crise financière de 2008. Toujours, selon l’OCDE, il y a une dégradation de la qualité des obligations (titres d’emprunts) émises par les entreprises, ce qui pourrait entraîner, en cas de retournement économique, une hausse des défauts de remboursement. La solvabilité des emprunteurs est en effet variable: un ralentissement économique prononcé ou un resserrement brutal des conditions financières pourrait donc peser sur la capacité des sociétés endettées à assurer le service de leur dette. C’est un point majeur de fragilité de la situation. Selon la Banque des règlements internationaux, on assiste depuis 2008 à une prolifération des «entreprises zombies» qui ne survivent qu’en s’endettant et en profitant des faibles taux d’intérêt: la part des entreprises zombies seraient de 6% en moyenne dans les 14 principaux pays développés.
    Enfin, ce que l’on appelle le «shadow banking», c’est-à-dire la finance non soumise à la réglementation bancaire (ce qui ne veut pas dire qu’il s’agit forcément d’opérations illégales) a fortement progressé, notamment en Chine. Il représente, fin 2017, 14% des actifs financiers mondiaux. Pour couronner le tout, on assiste à un retour, sous des formes nouvelles, des «actifs structurés» déclencheurs de la crise financière en 2007-2008, c’est-à-dire d’instruments qui agglomèrent des titres ayant comme contrepartie des opérations de qualités variables et donc à fort risque potentiel pour ceux qui les achètent (en raison de leurs rendements élevés).
     Le monde entier est désormais sous l’emprise du capital: il n’y a plus de territoires nouveaux dont l’ouverture rehausserait sensiblement le taux de profit moyen (ce qui ne veut pas dire que certaines industries ne vont pas poursuivre leur quête des salaires les plus bas possible, à l’instar des fabricants textiles qui délocalisent en Ethiopie). Aujourd’hui, une nouvelle onde longue expansive supposerait de nouvelles technologies exigeant par leurs caractéristiques des investissements élevés, capables de générer des gains de productivité et créatrices d’emplois et de débouchés sur une échelle très importante. Les véhicules électriques et autonomes ne seront pas de nature à entraîner un tel processus malgré tous les bouleversements qu’ils entraîneront dans la filière automobile (producteurs et équipementiers) et au-delà, avec des gagnants – les groupes miniers (pour les minéraux utilisés pour les batteries) et les producteurs d’électricité – et des perdants (les pétroliers) [3].
     Face à cette situation, un certain nombre d’analystes ont tendance à souligner que si un nouveau krach financier se produisait, les Etats auraient moins de moyens qu’en 2009 pour y faire face: les dettes publiques sont déjà élevées (ce qui interdirait de faire plonger les déficits budgétaires) et les taux des banques centrales ne pourraient pas plus baisser sauf marginalement [4]. Cette hypothèse d’impuissance des Etats (développée par divers économistes, dont Nouriel Roubini qui annonce la prochaine crise pour 2020) [5] se discute: si une crise mettait gravement en péril la stabilité économique, on peut penser au contraire qu’Etats et banques centrales n’hésiteraient pas à s’affranchir de ces contraintes, quitte à déplaire aux plus libéraux et à imposer à certains opérateurs financiers des solutions totalement «hétérodoxes» et momentanément déplaisantes. D’ailleurs aussi bien la Banque centrale européenne que la Réserve fédérale américaine sont en éveil et sont prêtes à renouer avec la baisse des taux et les rachats de titres. Quant à la Chine, elle a annoncé plusieurs mesures de soutien de l’économie depuis le début de l’année.
      Mais une autre question se pose: y a-t-il encore un pilote dans l’avion mondial pour impulser des actions coordonnées? L’économiste américain Charles Kindleberger a fourni il y a quelques décennies [6] une analyse intéressante des raisons pour lesquelles la crise de 1929 a été si longue et profonde: pour lui, cela tient aux hésitations des Etats-Unis à prendre la tête de l’économie mondiale au moment où, après la Première Guerre mondiale, la Grande-Bretagne ne pouvait plus assumer ce rôle. Pour Kindleberger, l’économie mondiale capitaliste a besoin d’un stabilisateur, d’un Etat pivot. Dans la foulée de Kindleberger, d’autres économistes ont défini les caractéristiques que devrait avoir un tel Etat: la capacité de créer des normes internationales et de les faire respecter, la volonté de le faire, une prédominance dans les domaines économiques, technologiques, et militaires.
       Les Etats-Unis ont joué un tel rôle depuis la Seconde Guerre mondiale (et en ont tiré avantage). Aujourd’hui, ils sont indéniablement en recul relatif, tout en conservant la première place. Trump fait flèche de tout bois pour défendre le statut et les intérêts du capitalisme américain, tant économiques que politiques et militaires. Il multiplie les initiatives unilatérales et n’hésite pas à attiser les divisions entre alliés et partenaires des Etats-Unis, en témoignent par exemple ses déclarations réitérées en faveur d’un «Brexit» dur. Surtout, les Etats-Unis sont confrontés à la Chine, puissance montante: leur objectif est de limiter le déficit commercial américain, de freiner les transferts des technologies américaines vers la Chine, d’obtenir la fin des subventions aux entreprises d’Etat ainsi qu’un accord sur les devises, de continuer à manifester leur puissance militaire dans la zone Asie-Pacifique.       Et dans ce contexte, les Etats-Unis relativisent complètement le rôle des institutions internationales, y compris celles où seuls les grands Etats sont représentés (G7 et G20). Les Américains conservent le pouvoir de définir certaines règles à travers, notamment, le rôle du dollar, ce qui leur a permis d’imposer une rupture des relations avec l’Iran, y compris aux entreprises d’Etats qui pensent que l’accord nucléaire n’a pas été violé. Par contre, ils n’arrivent pas à riposter au projet chinois de nouvelle «route de la soie» et il n’est pas certain qu’ils réussiront dans leur offensive pour bloquer dans l’ensemble du monde l’expansion de Huawei.
     Il n’est donc pas certain que, en cas de nouveaux soubresauts financiers, les Etats-Unis aient la possibilité et la volonté de rassembler sous leur houlette les autres Etats capitalistes, voire même qu’ils ne fassent pas obstacle aux tentatives de coopération pour colmater les brèches… Ce pourrait être (comme ce fut le cas en 1929, et sans vouloir assimiler les deux situations) un facteur important d’approfondissement de la crise." (12 juin 2019)

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Quand ça dissone en nous

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 Dissonance cognitive

                                       Ce terme en apparence un peu barbare a été désigné par Orwell par un autre  plus accessible et intuitif, celui de la double-pensée.
    Il désigne une situation psychologique où la conscience se trouve prise comme entre deux feux, en proie à une tension interne, parfois une vraie contradiction, qui nécessite un résolution dans un sens ou dans l'autre, du fait de l'inconfort que cela engendre.
    Imaginons la situation de la fable de La Fontaine, qui illustre un aspect de ce phénomène, pas si rare qu'il y paraît:
    La fable Le Renard et les Raisins d'Ésope. Dans cette histoire, un renard voit des raisins qui sont en hauteur et il veut les manger. Comme le renard est incapable de trouver un moyen de les attraper, il décide que finalement les raisins ne valent pas la peine d'être mangés, avec la justification que les raisins ne sont probablement pas mûrs ou qu'ils sont trop acides. (D'où la locution courante « les raisins sont trop verts »). Cet exemple suit ce schéma de comportement : si quelqu'un désire quelque chose, mais qu'il le trouve inatteignable, il réduit sa dissonance en le critiquant.
        Le concept de dissonance cognitive est aussi lié au fait qu'il est plus difficile pour un individu de corriger des idées acquises depuis longtemps que d'apprendre des idées nouvelles pour lesquelles il ne dispose pas encore d'un modèle ou d'un système de représentation.     C'est la raison pour laquelle l'"éducation" des enfants revêt autant d'importance pour les religions, pour les régimes politiques totalitaires et même pour les grandes marques de produits de consommation.
   "Plus un apprentissage a été difficile, malaisé, douloureux ou même humiliant, moins l'individu est prêt à remettre en cause la valeur de ce qui lui a été enseigné. Cela signifierait en effet qu'il a investi et souffert pour rien."
          __ "Face au réel, ce qu'on croit savoir clairement offusque ce qu'on devrait savoir. Quand il se présente à la culture scientifique, l'esprit n'est jamais jeune. Il est même très vieux, car il a l'âge de ses préjugés." (Gaston Bachelard )
     De ses préjugés et de ses choix les plus spontanés, les moins analysés, les plus pulsionnels aussi.    ;Par exemple, je suis spontanément attiré pas des produits de consommation bon marché, mais je sais aussi, si je réfléchis un instant,  que leur fabrication a été faite dans des pays où les conditions de travail, de salaires, sont critiquables, et aussi que cette production se fait au détriment de la nôtre, entraînant un chômage à nos portes..Voulant faire des économies (par ex. sur un produit textile), j'entretiens objectivement les conditions d'une certaine précarité chez moi,.Cette contradiction interne est rarement résolue de  manière logique; cohérente; C'est le plus souvent les exigences du porte-monnaie qui l'emporte, le court terme sur le long terme, la coute vue sur l'analyse fondée.
.     Lorsque les croyances sont profondément ancrées, la plupart d’entre nous visent à les conserver intactes face à une réalité dérangeante. Nous mettons en place des processus psychologiques inconscients. Nous minimisons et oublions ce qui nous dérange, ou détournons notre attention, ou bien nous transformons et réinterprétons le réel de sorte que nos croyances restent intactes.
      Les croyances collectivement partagées sont prises pour des vérités indiscutables par tous, donc elles sont indiscutées. Même lorsque les faits démentent ces croyances, il vous faudra beaucoup de courage, d’abnégation et de détermination pour vous faire entendre et vous faire comprendre, surtout lorsque ces croyances infondées sont universellement partagées dans une communauté.
    Affronter de face ces croyances est plutôt risqué, voire contreproductif. Il faut éviter de provoquer le phénomène de dissonance cognitive chez votre interlocuteur. Instaurer un dialogue qui puisse déclencher un questionnement puis une prise de conscience semble à priori la meilleure solution, à condition de faire preuve de patience. C’est un combat de longue haleine.
   L’idée fondamentale de la novlangue, chez Orwell , dans le contexte politique, est de supprimer toutes les nuances d’une langue afin de ne conserver que des dichotomies qui renforcent l’influence de l’État, car le discours manichéen permet d'éliminer toute réflexion sur la complexité d'un problème : si tu n'es pas pour, tu es contre, il n'y a pas de milieu. Ce type de raisonnement binaire permet de favoriser les raisonnements à l'affect, et ainsi d'éliminer tout débat, toute discussion, et donc toute potentielle critique de l'État. Le phénomène de la double pensée  décrit la tension entre les valeurs et les impératifs exigés jusqu'à l'outrance par le pouvoir abusif.
    .Un enfant battu peut prendre paradoxalement la défense de ses géniteurs, si ceux-ci sont mis en cause pénalement pour leurs actes. Beaucoup d'Allemands devaient plus ou moins confusément se rendre compte, dès 1936, que le régime hitlérien entraînait un effondrement démocratique et développait une haine mortifère, mais les conditions d'époque, la peur et l'entraînement social les incitaient aussi à faire confiance à une parole qui promettait développement économique et ordre social.
      Entre le consommateur et le citoyen en nous existent aussi des tensions pas toujours apparentes, qui nécessitent des choix. Entre soumission, consentement.et réactions.
           Jean-Claude Michéa utilise le terme de « double pensée », repris de Georges Orwell, pour décrire la double logique libérale, qui fait d’un côté l’apologie d’un état de droit et de la libération des mœurs, et d’un autre côté, de l’économie de marché. Il met ainsi au jour les contradictions idéologiques de l’intelligentsia « de gauche ».

        Michéa tente de comprendre comment la gauche contemporaine a liquidé son fond idéologique (politique) sur la question sociale, pour reprendre à son compte les principales exigences de la logique capitaliste. Pour ce faire, il utilise le principe de la « double pensée » dont souffre Winston Smith dans 1984, d’Orwell, et l’applique à tous les penseurs sociaux-libéraux post-soixante-huitards. Il apparaît que cette intelligentsia est douée de la capacité de se mentir à elle-même en adhérant à deux propositions logiquement incompatibles : l’acceptation de l’économie de marché et la défense d’un libéralisme politique et culturel qui devient la « preuve » d’un engagement radical de gauche, le tout face à une droite chimérique qui aurait comme idéologie naturelle le néoconservatisme.
L’essai ne s’arrête cependant pas à la critique de la politique libérale, mais critique aussi ses conséquences : l’atomisation de la société en individualités égoïstes axiologiquement neutres afin d’éviter conflit entre les religions ou les idéologies. Face à cela, Jean-Claude Michéa prône l’éducation, l’amour du savoir, les liens de socialité primaires, la lutte contre toute volonté de pouvoir. Il met en avant la Common Decency c’est-à-dire les vertus populaires défendues par Orwell (la capacité de donner, recevoir, et rendre) et qui sont à la base des relations humaines.
          Pour prolonger:- Conformisme et soumission
 -Swann, un bel exemple de dissonance cognitive
-L’influence des théories conspirationnistes : pourquoi ça marche ?
-Comment une thèse discréditée conserve son influence
-Le rêve américain, dissonance cognitive et violence symbolique
           A lire aussi:
-Influence et croyances collectives
-Le mécanisme de la perte d’influence
La soumission librement consentie, Jean Léon BEAUVOIS, Robert-Vincent JOULE.
Les erreurs des autres. L'autojustification, ses ressorts et ses méfaits. Carol Tavris, Elliot Aronson.

Petit traité de manipulation à l'usage des honnêtes gens. Jean Léon BEAUVOIS, Robert-Vincent JOULE
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Assignés à la télé

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

Que feraient-ils sans télé?
                                   Regardée, faute de mieux, comme un swing-gum des yeux, un passe-temps animé et parfois bruyant, perçu au fond d'un couloir. Tous ne sont pas appareillés.
     Souvent, on les met groupés d'office dans le salon avant de les descendre pour le repas, avec la même chaîne sous les yeux parfois vides. Les vieux.
   Les jours sont longs.


 Surtout quand on n'attend pas de visites. Une famille lointaine ou oublieuse. On ne sait plus où on en est dans le temps.
 TF1 ou A2 sont de parfaits auxiliaires du personnels insuffisants et pressés. Une nounou indispensable.
  Un personnel soignant débordé qui ne peut passer beaucoup de temps au chevet de mamies souvent désorientées ou prostrées, devenus parfois mutiques ou agitées, faute de relations. Il n'y a pas que les AVC. 
   Elles n'ont plus rien à dire, attendant la fin avec une une résignation triste.
Pas drôles, les journées qui se succèdent dans la plus grande uniformité et la solitude qui n'est même plus consciente d'elle-même.
 Elles ( et plus rarement "ils") n'attendent aucun lendemain.
    Elles survivent, maugréant sur une fin de vie qui n'avait pas été envisagée ainsi. La notion de bonheur et parfois de plaisir s'est souvent évanouie. Comme les souvenirs estompés ou gommés. On les appelle résident(e)s, c'est plus valorisant.
    Comme Mariette, qui finit par tout oublier ...
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.......Dans certaines maisons de retraite, la grande dépendance signe la pauvreté des stimulations cognitives et sensorielles. La télévision et ses émissions de la journée sont le plus soporifique des somnifères. L’objectif « soins à tous crins » finit par phagocyter tout projet de vie, et le résident se résume à être l’objet de ces mêmes soins, de démarches administratives, et sa journée se rythme autour de ses besoins élémentaires et vitaux : manger et dormir. On s’évertue, quand des animations sont organisées, à lui proposer des activités thérapeutiques pour essayer de le réparer, d’améliorer sa santé, sa mémoire, comme si tout ça, sous couvert de prévention, allait comme par miracle ressusciter un octogénaire en quinqua lucide. Alors que ce dont il a vraiment besoin, c’est se rapprocher de qui il est, pour qu’au moins lui-même ne l’oublie pas, par une diversité d’activités qui stimulent ses envies, ses sens, ses ressentis, ses émotions, son corps, qui ne se sont pas évanouis. On n’oublie jamais ce qu’on a aimé à 15 ans ! On n’oublie jamais qui on a aimé à 15 ans. On n’oublie jamais ses passions et d’ailleurs, c’est ce dont ces personnes âgées parlent le plus souvent, elles ressassent les leurs comme un souvenir essentiel, un antidote pour se garder en vie.        Proposer des activités, c’est aussi respecter l’individualité de chacun et ne pas penser forcément au « tout collectif » pour créer de l’émulation de groupe. Si le lieu est collectif, il est tout aussi privatif. Trouver des activités novatrices qui pourraient s’appuyer peut-être sur les nouvelles technologies, c’est bien, mais le hic c’est que les mettre en place entame le budget. Dans les maisons de retraite, les animations sont affectées au volet hébergement, ce qui est difficilement compréhensible puisque la littérature scientifique, les études, les médecins le répètent à l’envi : s’occuper, bouger, faire fonctionner sa créativité, imaginer, faire, observer, toutes ces actions ont un impact très significatif sur la santé, la plasticité cérébrale, la mémoire et la dépendance puisqu’elles favorisent des comportements plus adaptés à la recherche d’autonomie. […] Pourquoi ce budget est-il pris en charge par le volet hébergement qui est essentiellement aux frais du résident ? Alors que les animations pourraient être payées par le volet dépendance, abondé par les conseils départementaux ? Une telle ventilation permettrait d’octroyer davantage de moyens et donc de concevoir des animations plus élaborées et plus nombreuses dans le cadre du projet de vie proposé à chaque résident.....
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Juste en passant...

Publié le par Jean-Etienne ZEN

__ L'enjeu du Panchir

__ De l'art et du gore

__ Comme un doute

__ "Paradoxe" israëlien?

__ C'est probable

__ D Day archives

__ Improviser: un art

__ Air rage

__ L'inconnu

__ Le pîège

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Philo pour tous

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

Le "rite républicain" perdure.
                                                  Malgré tout...
                               Depuis Victor Cousin, la philo a connu bien des vicissitudes, tout en restant axée malgré tout sur l'essentiel: autre chose qu'un couronnement de la culture générale, un exercice de développement de l'autonomie de la pensée. Ou plutôt donnant des jalons et des outils pour le faire sans fin, dans une société toujours en crise.  Nul ne peut se prétendre philosophe accompli.
    Un indice et un symptôme de ses incidences potentielles: tous les régimes forts ont voulu la faire disparaître,  comme Bolsonaro aujourd'hui.
  Mais elle renaît toujours de ses cendres, sous des formes diverses, pas seulement dans les enceintes universitaires.

 

     Comme disait Voltaire à propos de la lecture en général, la pensée critique peut être jugée "dangereuse".
    Si ses question sont a-temporelles, elle a toute sa place, surtout dans le contexte technocratique et consumériste que nous vivons, où le sens fait dramatiquement défaut.  Comme l'entrevoyait déjà Husserl:
     « ...l’époque moderne », si fière de ses succès millénaires, théoriques et pratiques, s’abîme elle-même dans une insatisfaction croissante, bien plus, ressent sa situation comme une situation de détresse. […] Ce sont des problèmes qui, de fond en comble, proviennent de la naïveté avec laquelle la science objectiviste considère ce qu’elle nomme le monde objectif comme l’univers de tout ce qui est, sans prêter attention au fait que la subjectivité opérant scientifiquement ne peut faire valoir son droit dans aucune science objective. »
     Une matière qui ne sert à rien. Oui, en un sens,  comme d'autres disciplines.
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      Même si le sujet est sérieux, cela n'empêche pas les correcteurs de pouvoir se distraire un peu chaque année, lors du rituel de l'écrit.
  Il n'est pas interdit de divertir le correcteur, à ses risques et périls
           Les perles ne sont pas si rares. En toutes matières.
Il y en a pour tous les goûts .
  Parfois à la limite du croyable.
      Certaines sont  surréalistes.
 Il y a les approximatifs, les fatalistes, les désespérés et les provocateurs.
   Pas seulemnt au bac.
      Au moins, ils participent.  Les cancres ont de l'avenir...
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Veni, vivi, Vinci

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 PPP: Dérives d'un système    [Bis repetita]

                                                        Vinci, se déclarant premier groupe mondial de construction et de concession de services publicsétend son empire à l'international.
  Ses marchés explosent.
            Son gigantisme aux multiples facettes ainsi que certaines de ses méthodes posent problème.
   On l'a vu avec la distribution de la manne autoroutière par Villepin, critiquée par la Cour des Comptes et certains responsables politiques de premier plan.
    Une opération très juteuse, une rente abondante, grâce à la générosité de l'Etat, aux relations poreuses entre la direction de certains grands groupes et certains responsables ministériels.
"...Depuis la privatisation du réseau en 2005, des milliards filent dans les poches de concessionnaires privés. Une manne qui enfle à rythme constant, mais dont ni l’Etat, qui en aurait bien besoin, ni les usagers ne profitent.
  C’est une exception française. L’une de ces exceptions dont on n’a malheureusement pas envie de se vanter .
Notre réseau autoroutier, le deuxième en Europe avec ses 9 000 km – derrière l’Allemagne qui en possède près de 13 000 –, rapporte des fortunes. Mais, alors que l’Allemagne n’en retire que 4,5 milliards d’euros hors taxes (chiffres 2010), les autoroutes françaises génèrent 8,11 milliards d’euros par an. Le hic ? Depuis la privatisation du réseau en 2005, ce grassouillet pactole financé en partie par les impôts des citoyens, cette cagnotte qui enfle au rythme de 3 % chaque année, file dans la poche des concessionnaires..
."

         Ce qui est surtout en question, c'est le problème des concessionsqui sont la poule aux œufs d’or de ce groupe et d'autres.
 " Pour réduire le poids de la dette, l’Etat a de plus en plus recours aux Partenariats Public Privé, où des entreprises privées réalisent des missions de service public contre espèces sonnantes et trébuchantes.  
On a pu voir récemment toutes les limites de ce système avec l’écotaxe..." 
 « Il n’y a pas un scandale de l’ écotaxe, il y a un scandale Ecomouv », a dénoncé Joël Giraud, député radical de gauche lors de la séance des questions d’actualité. Le sénateur PS François Rebsamen demande une commission d’enquête parlementaire pour mettre au clair les conditions d'attribution de ce partenariat public-privé. Il avoue avoir des « doutes sur la création de cette société censée collecter l’écotaxe ». __ Une usine à gaz, monstre de complexité, enfant de la privatisation des autoroutes]
     Les PPP, engagés sous Raffarin, suite au modèle anglais, sont en plein essor, avec emballements coûteux et dérives manifestes.
                     Pour éviter le développement de la rente aux dépens des services publics et de l'argent du contribuable, il est urgent d'instituer de nouvelles formes de contrôle.
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Comme j'aime...

Publié le par Jean-Etienne ZEN



    ...Le gastronomiquement correct
                                          Comme j'aime ce qui me donne du plaisir alimentaire!
    Comme je n'aime pas ceux qui m'impose ce je dois aimer. Pour la santé...  de leur compte en banque.                              
  On ne sait plus à quelle table s'asseoir, quel coup de fourchette donner, comment retrouver son poids de forme, comme on dit à la télé
   

On nous l'a répété depuis Molière:  Il faut manger pour vivre et non vivre pour manger.
           D'accord, mais quoi manger? 
   Marchands, diététiciens, médecins et gourous en tous genres nous harcèlent et nous dictent chaque jour de nouveaux commandements, au gré de modes vite obsolètes. Le vin est excellent un jour et se trouve le lendemain déconseillé. Il faudrait aussi arrêter le saucisson...qui ne serait bon que pour les fast engraisseurs de cochons allemands ou bretons.
      Allez comprendre...  
                 Le bien manger devient de plus en plus compliqué, si l'on en croit leurs conseils et leurs interdits. Leurs tables de la loi finissent par vous couper l'appétit!
   Attention au surpoids!...A la malbouffe! ...Trop de bidoche!... Eviter les nanoparticules...
        Revenir au régime crétois? Oui, mais attention au bio autoproclamé
  Pourtant des coachs de la bouffe nous le disent: il faut arrêter de tout contrôler.
    Il faut rester zen! 
Il ne s'agit pas de craquer devant les croquettes, mais d'être sans obsession. Ne pas culpabiliser devant le Nutella. Revenons un peu à Rabelais.
   Halte à l'orthorexie !
Manger trop sain n'est pas très sain.  
        Il faut trouver le bon chemin alimentaire. 
                   La nourriture devient un  souci de riche. Manger, seulement manger, un peu tous les jours, une hantise de pauvre. 

  Dénonçons les oukazes du "bien manger" et les injonctions des multinationales du (faux) bio.
                                       Certains, et non des moindres, commencent à dénoncer enfin la police des frigidaires. 
    Comme j'aime...le faire savoir.     Avec modération et circonspection.               
        Il faut s'y faire:   Si naître n'est pas sans risques, la vie, maladie sexuellement transmissible, conduit fatalement à la mort...
                 Alors, apportez-moi une bonne Rochefort et quelques rondelles de saucisson....


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Une valeur sure?

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 Ça se discute.

          Qui serait contre la bienveillance dans l'asolu?     Il va de soi qu'elle mérite d'être considérée comme un pilier nécessaire au coeur des relations humaines parfois difficiles dans certains cadres institutionnels où des rapports hiérarchiques risquent toujours de créer des tensions ou parfois  des abus entre les individus.   Elle ne va pas de soi, dans la dureté régnant au coeur d'institutions ou d'organisations où les relations sont souvent loin d'être satisfaisantes, ne serait-ce que pour l'efficacité des performances attendues. Que ce soit au sein de l'entreprise ou surtout de l'institution scolaire.                                                            ____ Mais la "bienveillance" est devenue une valeur trop   proclamée depuis peu pour ne pas être interrogée. C'est assez clair à l'école, où il est de plus en plus demandé officiellement aux enseignants d'être "cool" laxistes "bienveillants" envers les élèves, surtout ceux qui posent le plus de problèmes, même les plus rebelles ou résistants aux formes essentielles d'apprentissage. "Surtout pas de vagues"...L'injonction est claire. Il est demandé de fermer les yeux ou de surnoter, par crainte de parents vindicatifs ou de mauvaise réputation de l'établissement, comme le déplore nombre d'enseignants sur le terrain, comme Patrice Romain, chef d'établissement, ou bien d'autres.    La "bienveillance" est détournée de son sens initial pour venir justifier un laxisme institutionnel qui s'est installé peu à peu, un abandon progressif par l'Etat de sa mission la plus haute; instruire. Avec la rigueur et les exigences nécessaires. Ce qui n'exclut pas attention et souci de progression.                     Quand l'école n'instruit plus, ou si peu, elle  pratique surtout le "bienveillance", lâchant du lest sur beaucoup de tableaux. Quand derrière une notion en elle-même positive se cache autre chose, il y a du souci à se faire sur le niveau de culture des générations qui viennent et pour la citoyenneté future. Le laxisme ambiant favorise l'épanouissement d'un nouveau cache-misère. Le "care" a ses limites... La notion de bienveillance est une notion souvent équivoque et pout le moins floue, qui peut fonctionner comme un piège.


                             _____Certains sont plus sévères et critiquent ce "mauvais bon sentiment", ...." une valeur attractive, mais...."   Une  ....« Formule à la guimauve », « vision bisounours du monde », « dictature des bons sentiments »… Dans le monde magique du bien-être, tout n’est pas rose. Et c’est le cas de la bienveillance. Jugée suspecte, voire hypocrite, taxée d’arrondir les angles au lieu de véritablement prendre soin de l’autre, coupable de vouloir se substituer aux principes politiques de justice, la bienveillance est tombée de son piédestal. En témoigne, par exemple, le livre d’Yves Michaud, Contre la bienveillance (éditions Stock)paru il y a déjà 3 ans… Elle avait pourtant bien commencé, et force est de reconnaître qu’elle ne semble pas complètement oubliée, au vu du nombre de vidéos, d’articles ou de livres sur le sujet. Entre ses détracteurs et ses partisans, aussi bizarre que cela puisse paraître : la bienveillance serait donc devenue un sujet clivant, pas autant que le voile ou l’écologie, bien sûr, mais il faut quand même voir ce que cette pauvre bienveillance se prend… Moi qui voulais la critiquer pour sa « bien-pensance », me voilà prise de court par cette attaque en règle d’un énième bon sentiment.   Mais au fond, la question se pose : pourquoi elle, la bienveillance, et pas l’estime de soi, la fragilité ou l’instant présent, tous ces poncifs pseudo-philosophiques pour bien-vivre ? Pourquoi la bienveillance serait-elle pire qu’autre chose ? Y aurait-il une bonne manière de se développer.  Emmanuel Macron est l’un des premiers à avoir faire entrer dans l’espace public la bienveillance, et à la populariser comme disposition pas seulement interindividuelle, mais politique. On pourrait penser que critiquer la bienveillance revient à critiquer sa récupération politique, c’est le cas, je l’ai cité tout à l’heure, du philosophe Yves Michaud. L’égalité et la communauté pâtiraient, selon lui, de la promotion politique de la bienveillance. D’où sa critique. Mais qu’en est-il des autres ? Que reproche-t-on à la bienveillance ?    J’ai déjà pu citer son côté formel, hypocrite, et pas véritablement empathique ; on pourrait aussi pointer sa marchandisation qui en fait une valeur commerciale, et pas une vertu profonde… Pour ma part, je lui reprocherais de dissimuler, derrière une disposition affective à l’égard d’autrui, une veille, voire une surveillance d’autrui. Vouloir le bien d’autrui, rien ne me semble plus intrusif et contraire au bien d’autrui (car comment croire que l’on veut le bien d’autrui en le faisant en fait à sa place ?).   Je crois qu’à la différence, par exemple, de la fragilité, de l’instant présent ou de l’injonction à positiver, la bienveillance ne cache pas sa bonne intention, sa vision optimiste : la bienveillance est bienveillante, elle part d’une bonhomie de l’être humain pour aller vers le bien d’un autre être humain. Et rien d’autre. La bienveillance ne souligne pas une défaillance humaine, comme la vulnérabilité, elle ne révèle pas notre impuissance face au temps, elle ne pointe pas nos tendances pessimistes. Non, la bienveillance s’ancre dans le bien, veut le bien, tente le bien. Trop de bien, trop de bon, trop de bon sentiment. Ce qui est ainsi paradoxal dans cette attaque de la bienveillance, c’est qu’on la rejette pour ce qu’elle évoque, et pas pour ce qu’elle permet ou pas. Elle est le symbole du bon sentiment, gluant, sucré, écœurant. D’où vient donc cette hypocrisie à se jeter sur le soin, le souci de l’autre, l’empathie, l’écoute ou autre, et à rejeter la bienveillance ? Je crois qu’au-delà de désigner un bouc émissaire, il se joue, avec cette critique de la bienveillance, le dégoût du bon, comme je l’ai dit : du sucré, de la guimauve, de l’édulcoré. Bien vivre, prendre soin, pourquoi pas, mais en laissant croire qu’on n’est pas naïf sur la noirceur du monde, sur ses propres failles. Pourquoi ne pas assumer un côté culcul, bien-pensant, rose, bisounours ? Je me pose aussi la question à moi : pourquoi toujours s’en prendre au bien-pensant, au bien, et ne pas revendiquer son amour de la guimauve?..."                                                                    _____ La bienveillance n'est pas la complaisance par facilité ou par injonction. La nouvelle valeur promue par l'EN n'est pas au dessus de tout soupçon...plus par ce qu'elle masque que par ce qu'elle proclame. Et si on parlait d'exigences?....dans des rapports de confiance qui se construisent et n'endorment pas......__________________

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