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Comment couler une banque? (1)

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Qui n'en finit pas de mourir
                  Il était une fois une banque apparemment bien sous tous rapports, qui devait faire merveille au coeur des finances publiques, au service des collectivités locales dans leur recherche de financements à des conditions très raisonnables.

    Ce devait être une banque exemplaire, pas comme HSBC. Elle est aujourd'hui en morceaux.
 Sans contrôle, elle s'est à un moment lancée dans des opérations risquées au moment où tout semblait possible, dans la folie spéculative du moment. Voilà qu'on ne sait plus qu'en faire.
     Aujourd'hui, sous la tutelle des Etats (français, belge et luxembourgeois), on continue les travaux de réparation de l'édifice en ruines, les opérations de survie provisoires.
     On liquide, avant que les Etats arrêtent le traitement...en 2021
         Tout doit disparaître!
   La folie des grandeurs a tué le monstre sous la direction d'une direction qui avait perdu la tête, comme d'autres à l'époque. De dérives en dérives...
     La solidarité était sa vocation, la prédation devint fut son but.
         La faillite fut collective: "La banque franco-belge Dexia a déjà coûté 18 milliards d'euros, pour l'essentiel aux contribuables français, belges et luxembourgeois, soit presque autant que la faillite du Crédit lyonnais, à la fin des années 1990 (140 milliards de francs soit 20 milliards d'euros). Et l'ardoise devrait encore grimper, sachant que la Belgique et la France feront tout pour éviter sa mise en faillite, tant ce scénario serait catastrophique pour leurs finances publiques. Retour sur la plus grande catastrophe de l'histoire de la banque en France. En France, la banque Dexia est le prêteur historique des collectivités territoriales. En Belgique, c'est une grande banque de dépôts de bonne réputation née au XIXe siècle. Surfant sur l'euphorie financière des années 2000, dans un univers que l'on disait ultra-régulé, le groupe met en place un modèle économique incroyablement périlleux. Pour maximiser ses profits, il emprunte de plus en plus d'argent sur les marchés financiers, à court terme et à bas prix, qu'il reprête aux collectivités du monde entier à 30, 40, 50, voire 60 ans ! Il investit aussi dans des produits financiers très rémunérateurs... jusqu'à 25 fois le capital !"
     Un vrai  baril toxique  pour les contribuables, un volcan qui n'en finit pas de s'éteindre.
        Car, disent les z'experts, dans leur langage feutré, la rentabilité structurelle ne sera plus possible.
   La faute à personne? Non les Etats concernés n'ont pas joué leur rôle et ont laissé la direction jouer au casino, avec des conséquences ubuesques, comme par exemple dans certaines communes, qui avaient fait confiance dans cette bonne maison si recommandable:
, ...en 2006, on avait contracté un prêt à taux variable, de 3,8 %, jugé « sans risque » par la banque. Neuf ans plus tard, la Ville se retrouvait avec des taux avoisinant les 22,5 %. Thouaré-sur-Loire vient s’ajouter à la longue liste des collectivités victimes d’emprunts toxiques, près de 250 en France, à la suite de la crise financière de 2009.
   En attendant, on bricole...Les tractations sont toujours en cours...
       Comment s'en débarrasser?
Nationaliser le banques? Tiens, la bonne idée! comme disait une jour un certain J.Attali...que l'on n'entend plus.
     Il n'est pas sûr que de tels risques ne reviennent pas un jour, tant que les banquiers ne reviendront pas à leur métier, tant que la séparation entre banques d'affaires et banques de dépôts ne sera pas clairement établie et que les contrôles publics ne dépasseront pas le stade symbolique, comme le suggérait une ancien banquier lui-même.
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   * (Quatrième de couverture):     «N'êtes-vous pas étonné du peu de retentissement de cette affaire ?» Dans un magnifique élan de sincérité, le haut fonctionnaire de Bercy interviewé en ^oublie un bref instant sa prudente réserve et lâche un sonore : «Heureusement !» Ce cri du coeur impossible à réprimer nous a plus éclairé que tout le reste de l'entretien sur le positionnement de l'État français vis-à-vis de Dexia. Un dossier embarrassant, aux répercussions multiples, qu'à défaut de pouvoir véritablement régler aujourd'hui, on aimerait pouvoir cacher derrière le rideau...
«L'affaire» Dexia dépasse déjà à plus d'un titre le scandale du Crédit lyonnais, pourtant bien plus médiatisé en son temps. Par l'ampleur des chiffres d'abord : d'ores et déjà, les coûts (en additionnant les renflouements de Dexia et les coûts liés aux emprunts toxiques) dépassent ceux du Crédit lyonnais ! Si les garanties des États devaient être appelées, les montants en jeu seraient alors totalement sans comparaison. Par la complexité et l'enchevêtrement du problème, ensuite. En fait, il n'y a pas un, mais deux scandales Dexia. Le premier concerne la holding Dexia et sa course folle à la rentabilité qui la mènera à sa perte. Le second, c'est l'incroyable transfert d'argent public des collectivités territoriales et plus globalement du secteur public local et des hôpitaux vers des banques d'investissement et des hedge funds, qui n'a pu s'effectuer qu'avec le courtage actif de Dexia. Dans le premier cas, les contribuables français et belges payent (et vont continuer à payer) la facture. Les renflouements de Dexia représentent déjà une dépense de 8 milliards d'euros pour les États français et belge. Les trois régions belges ont également mis la main au portefeuille à hauteur d'un milliard et les communes belges à hauteur de 500 millions à travers le Holding Communal (voir le chapitre suivant).
Pour l'autre aspect, ce sont les contribuables français qui seront mis à contribution. Une bataille se déroule actuellement pour savoir dans quelle proportion il s'agira du contribuable local ou national. Or jusqu'à présent, on ne peut pas vraiment dire que les opinions publiques aient été fortement sensibilisées à ce risque. En Belgique, l'affaire Dexia a cènes eu davantage de retentissement, mais en France, elle a essentiellement suscité de l'intérêt dans un milieu limité de spécialistes.
Dexia est désormais une société «en voie de résolution». Pour ne pas parler «faillite» ou «nationalisation», l'imagination, tant à Bruxelles qu'à Paris, est au pouvoir. Parlons donc, puisque c'est aujourd'hui le terme consacré, de bad bank. On ne peut guère en attendre grand-chose ; en revanche, elle peut poser bien des soucis. Rappelons que celle du Crédit lyonnais renfermait l'équivalent de 28,3 milliards d'euros, soit neuf fois moins que celle de Dexia. Au plus fort de la crise de 2008, le bilan de Dexia atteignait 650 milliards d'euros, c'est-à-dire à peu près autant que Lehman Brothers. Depuis, les États français, belge et, dans une moindre mesure, luxembourgeois, ont mis la main au portefeuille, en recapitalisant Dexia à coups de milliards, comme autant de coups d'épée dans l'eau. Les 6,4 milliards d'euros injectés hier, c'est-à-dire en 2008, valent aujourd'hui... quelques petits millions ! (...)

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Mauvaise nouvelle pour les cardiologues

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

La ruée durera-t-elle?
                     C'est presque la pénurie chez les vélocistes, du moins dans les villes.
  Presque plus de biclou en stock. C'est fou!
La vélorution s'est emparée des foules comme un retour aux années 30.


    Cette furie vélocipédique tiendra-t-elle dans la durée? Rendez-vous dans un an...Ce sont les cardiologues qui vont perdre des clients...
   Même les patrons s'y mettent, comme un élément fédérateur. Mieux que le Golf! Très tendance!
 Des écrivains vantent les mérites de la petite reine
    Les véloroutes se développent vitesse "grand V" à travers toute l'Europe, de Riga à Malaga, de Brest à Brestlitovsk.
  Gain de temps, gain d'argent, c'est tout bon...Même les pros s'organisent.
       En tous cas, la petite reine s'envole.
             Mouvement de circonstance ou tendance durable?
   C'est le grand retour, après les années fastes du tout-automobile, de la conquête de l'asphalte  par les quatre roues, des congestions qu'elles provoquaient de plus en plus souvent, jusqu'à la paralysie parfois. Sans compter la pollution provoquée, aux effets souvent sévères sur les organismes des urbains. Mais pas seulement.

 


        Les effets de la crise sanitaire ont mis en évidence les conséquences bénéfiques d'une circulation réduite à son minimum. On redoute le retour à la "vie normale", déconfinée, et le retour accentué des files de voitures, plus longues qu'avant, étant donné le trafic réduit des transports collectifs et le caractère rassurant de  l'isolement dans l'espace de l'habitat automobile. 
       D'où le nouvel et exceptionnel intérêt des particuliers et des édiles pour une circulation vélocipédique renforcée. On voit dans les villes importantes des installations rapides  de nouvelles pistes autonomes réservées pour les seuls pédaleurs, des rushs chez les vélocistes, une production exceptionnelle dans le domaine du VAE, qui améliore sans cesse ses modèles, des primes accordées à ceux qui veulent faire réparer le biclou oublié, relégué au fond de la cave.
   Et puis un besoin de mouvement autonome se manifeste, après ces semaines de relative claustration et de frustrations certaines. Vive le vélo donc!
      Le mouvement sera-t-il durable? On en jugera plus tard, mais il en restera sûrement quelque chose. Sans atteindre sans doute les sommets de Copenhague, d'Amsterdam ou même de Berlin. Mais Strasbourg a déjà ouvert la voie. Montpellier se prépare. Hidalgo bichonne ses vélos.
    Une certaine effervescence règne autour de la petite reine
        Avec la reprise progressive des activités, on peut s'attendre à un surcroît de circulation dans les grandes villes, les transports en commun étant considérés comme à risque sanitaire.
  Ce n'est pas la santé qui va en pâtir
      A la reconquête du pavé, la bicyclette a de l'avenir
                                                                                  Le vélo ira loin....
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Petits propos sur la laïcité

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

La laïcité, simplement.
                                  Contre la laïcité positive ou la laïcité libérale...
    Voilà une notion, si récente dans l'histoire des hommes, qui souffre de variations sémantiques qui dénaturent parfois sons sens profond et qui nécessite de fréquentes mises au point.
   Une notion qui prête souvent à équivoque, qui peut être détournée de son sens, qui peut être aussi parfois instrumentalisée.
    On voit bien ce que représente (encore) son contraire, le confessionnalisme, l'intrusion du religieux dans la vie sociale et politique, sourde, insidieuse ou violente comme dans l' Egypte d'aujourd'hui ou le mouvement évangélique aux USA sous plusieurs formes ou ailleurs.
   Cette notion, mise en musique par les pionniers comme Condorcet et Ferdinand Buisson, peut être biaisée par les politiques eux-mêmes, par ignorance , intérêt ou arrière-pensée.
     La laïcité n'est ni positive, comme le disait Sarkozy, ni "libérale" comme le prétend Macron.
   Marlène Schiappa, brisant le silence ou l'ambiguïté du gouvernement, fait un rappel nécessaire aux valeurs fondatrices de la République.

    La laïcité bien comprise ne peut être marquée du sceau de la  radicalisation.        Elle peut être seulement exigeante et vigilante. Parler à son égard de religion laïque n'a pas de sens. 

   Qu'elle soir régulièrement en débat est normal et nécessaire, au-delà des idées reçues.
    La laïcité, c'est une liberté.
      Mais jamais définitivement et solidement établie. Elle restera toujours un combat.
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Simple hommage

Publié le par Jean-Etienne ZEN

A une grande dame
          Une pionnière, L'infatigable militante de la cause des femmes s'en est allée.

          "...Féministe, sans que le mot ait encore un sens pour elle, elle l’a été depuis son enfance à la Goulette. Aussi, logiquement, on la retrouve en 1971 parmi les signataires du Manifeste des 343, publié par Le Nouvel Observateur. Toutes ces femmes déclarent avoir avorté, donc avoir violé la loi, et plaident pour que les femmes n’aient plus à mettre leur vie en danger en avortant clandestinement. La même année, Gisèle Halimi fonde avec Simone de Beauvoir le mouvement Choisir la cause des femmes, qui prendra part à toutes les luttes féministes et organisera la défense de nombreuses femmes maltraitées..".
  Elle ne fut pas la première. Elle ne sera pas la dernière à lutter, pas seulement verbalement, contre le sort trop souvent fait aux femmes. Un combat peut-être sans fin.
   Elles ne manquent pas, à travers l'histoire de l'Occident, les images négatives qui accompagnent la féminité. Le Droit des femmes  est encore à assurer.
   Les images ambigües, négatives ne manquèrent pas et restent parfois vivaces, pas seulement à titre de traces.

   Si parfois elles jouèrent un rôle exceptionnel, elles n'étaient pas toujours visibles.
      Les violences à leur égard peuvent prendre des formes variées.

             En Pologne, notamment, les luttes continuent.
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Les paradis encore

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

Y revenir toujours
                     On croyait tout savoir (ou presque) à l'occasion des dernières révélations livrées par les Panama Papers, les Paradies papers...en attendant d'autres qui pourront encore surprendre.
   On imaginait les mal nommés "paradis fiscaux", ou plutôt les enfers pour les Etas et les contribuables, confinés dans des espaces exotiques et plus ou moins lointains, dans le lointain Pacifique ou dans le petit Delware.

   Mais pas du tout. Il y a une richesse cachée aussi tout près de chez nous, qui échappe aux comptes des Etats, aux investissements productifs, aux services publics, pour s'investir surtout dans l'espace financier mondialisé à des fins essentiellement spéculatives. Ce que Zucman, entre autres, a parfaitement montré:
.... Le montant des avoirs détenus dans les paradis fiscaux a continué à croître, explique Gabriel Zucman , qui a actualisé ses données pour cette nouvelle édition, à peu près au même rythme que le patrimoine financier. Ce montant atteint aujourd’hui 7 900 milliards d’euros, soit 8 % du patrimoine financier des ménages, et représente une perte de recettes fiscales, pour l’ensemble des Etats, que celui-ci estime à 155 milliards d’euros par an. Ce qui peut sembler relativement faible, mais cette évasion fiscale internationale (car cette estimation ne prend pas en compte la fraude fiscale qui se limite au cadre national) est surtout, et même de plus en plus, l’affaire des très riches, pour lesquels elle représente une part de leur patrimoine nettement plus importante... l’évasion fiscale internationale est de plus en plus réservée aux ultra-riches....
   Ils ont donc bien des raisons d'aimer les paradis, les gros comme les petits, pour "optimiser", détourner, voire blanchir. Ils sont excellents pour échapper au devoir commun de redistribution, voire aux sanctions pour criminalités en tous genres. L'offshore, c'est super pour beaucoup et plus besoin de valises pour transférer petits ou gros trésors à mettre à l'ombre. Quelques clics suffisent.
     On découvre que, tout près de chez nous,  au coeur de l’Europe, qui se proclame solidaire, nos voisins bataves encouragent ce sport qui ne peut que léser ses voisins et les autres, comme le fait aussi Dublin."Officiellement, le "pays des tulipes" ne figure pas sur la "liste noire" de l’Union européenne. Pourtant, à y bien regarder, les Pays-Bas constituent bel et bien LE royaume de l’optimisation fiscale, autrement dit : de l’évasion fiscale légale. Comme le Luxembourg ou l’Irlande, les Pays-Bas ont fait de cette activité une véritable industrie, comme l’explique Lison Rehbinder..."
    Une place forte de l'évasion fiscale disent certains. Ou le saint Graal de l'évasion fiscale jugent d'autres.
        Les paradis fiscaux, c'est fini, disait il y a huit ansNicolas Sarkozy.
                      Il avait juste parlé un peu trop vite....ou était mal informé. A moins que ce ne soit une bien grossière dénégation.

Iles enchanteresses...

        Les paradis, on y tient. L'enfer, c'est le fisc! La TVA, c'est Tu Vas te faire Arnaquer!
   L'île de Man, à deux pas de la GB, offshore à nos portes, est un petit bijou;: on peut y trouver la Rolls-Royce de la finance offshore.
   Les Caïmans, c'est un peu plus risqué, mais c'est si exotique!
       Pas seulement pour les riches particuliers (ils le valent bien!) et les opulentes sociétés méritantes, mais aussi pour les groupes bancaires, même en péril.
   Par exemple, la Société Générale qui réalise 22% de ses profits dans les paradis fiscaux mais n'y emploient que 4% de ses salariés pour réaliser 10% de son chiffre d'affaires.
  Ce n'est pas mal!
      Plus près de nous, le verdoyant Luxembourg du bon Mr Juncker , plus conventionnel, mais discret. Ou le pays du Gouda. Accueil cordial assuré. Comme à la City d'ailleurs, so serious! indeed... Elisabeth II, Donald Trump, Justin...
      Après  Panama, il y a de quoi faire. Les voyages optimisent les capitaux.
         Placement illégal? vous plaisantez. L'argent est fait pour circuler, pour voyager. Il n'y a pas de mur. Et l'industrie financière doit tourner un max. On lave plus blanc...et Total-ment
        Un danger pour nos démocraties?  Faut pas pousser! Il y a toujours assez de gens modestes pour payer des impôts. Pourquoi pas un scandale mondial  tant qu'on y est?       
     Et on peut toujours couper dans les dépenses publiques, ce n'est pas un problème.
  L'état impécunieux peut toujours trouver des solutions: un petit million par ci, un gros milliard par là. La politique de l'essuie glace, connue à l'Elysée. On peut toujours trouver des solutions pour compenser les 60 milliards qui manquent annuellement à la France.
   Un peu d'évasion exotique ne nuit pas. C'est devenu la routine du système.
        Xavier Harrel en avait déjà parlé longuement. Antoine Peillon aussi, de manière très  chiffrée.
                               Des révélations? Pas vraiment. Le client est roi, nonobstant P.Moscovici. (*)
      On va donc continuer à optimiser en rond, chacun pour soi.
               A Malte ou ailleurs__________________
_______________- (*) Nous nous engageons à prendre des actions pour parvenir à un système fiscal internatilanl  moderne et juste à l’échelle internationale. »
      Pour 2070?... C'est (pas) dans l'air...
                            ____La richesse cachée des nations
                                                                                   Nous sommes riches et nous ne le savons pas...
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Sino-dépendance

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

   En sortir.
                 Le covid 19 a mis cruellement en évidence l'extrême dépendance de l'économie de notre pays par rapport à la Chine, passée rapidement de l'atelier du monde à celle de deuxième puissance économique mondiale.

      Nous avons progressivement délégué nombre de nos activités dites secondaires à un pays qui a su habilement attirer pas ses coûts de production des pans entier de notre économie, des plus basiques jusqu'au plus stratégiques, comme le domaine du médicaments.
     Nous avons été naïfs dans notre vision à court terme.   L'interconnection des économies a parfois pris des formes extrêmes pour faire baisser les coûts de production et par conséquent les salaires. Le profit étant la loi et les prophètes.
         La dépendance de la production française "à l’égard de l’offre chinoise a pratiquement été multipliée par 10 entre 1995 et 2014 selon une récente étude du CEPII. Avec la pandémie, cette dépendance, qui révèle les failles d'un modèle libre-échangiste, est sous le feu des critiques.    
       La pandémie a fait disjoncter les chaînes de valeur mondiale. Les mesures drastiques de confinement décidées par les grandes puissances industrielles ont provoqué un brutal coup d'arrêt des échanges de biens à l'échelle de la planète. En Chine, plusieurs grands ports ont arrêté leurs activités et des méga-usines ont réduit fortement leurs productions pendant les périodes de confinement. Du côté de la France, la mise sous cloche de l'économie pour tenter de réguler la propagation du virus a entraîné des pertes colossales dans de nombreux secteurs économiques. Si l'industrie n'a pas été la plus touchée, beaucoup de grands groupes ont dû faire face à de vastes difficultés d'approvisionnement. C'est notamment le résultat de décennies de désindustrialisation, d'une division internationale du travail accrue..."
 

    Il aura fallu un grain de sable pour mettre en évidence l'extrême fragilité de secteurs parfois importants de nos activités économiques, pour prendre conscience d'une évolution qui semblait devoir durer sans fin.
    C'est une aspect de la nouvelle mondialisation qui est aujourd'hui en question et que nos responsables veulent voir cesser ou du moins ralentir. Mais la relocalisation sera longue, difficile pour maints produits et parfois impossible même à moyen terme.
     C'est la question de la souveraineté qui est en question, qui sera toujours relative.
  La réindustrialisation est une exigence qui demandera du temps et de nouvelles alliances.
       La sino-dépendance n'est pas prête de se réduire à un niveau plus raisonnable, surtout tant que l'Europe restera un nain politique.
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Procrastinez-vous?

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

Pas (trop) grave....
        Il eût fallu que vous ne procrastinassiez pas, diraient certains esprits moralisateurs.
              Il ne faut jamais remettre au lendemain...
   Oui, parfois, mais..
     Est-ce toujours le fait d'une indécision de nature, voire d'une aboulie constitutionnelle?
  Est-ce vraiment aussi une tendance pathologique, comme le suggère Mr Larousse, une tendance pathologique à différer, à remettre l'action au lendemain?
    Ne pas remettre à demain ce que l'on peut faire le jour même: est-ce toujours un bon principe?
Comme le disait paradoxalement Montherlant, il faut toujours tout remettre au lendemain. Les trois quarts des choses s’arrangent d’elles-mêmes.
  Les avis sont partagés.
       Il y a ce qui peut attendre, et ce doit être fait impérativement.
Ce peut être une forme de sagesse de savoir parfois attendre, pour ce qui n'est pas immédiatement urgent.
  Une porte qui grince à huiler, un livre à lire...tout cela souffre de pouvoir attendre.
Vouloir tout faire tout de suite, céder au virus de la vitesse n'est pas bon pour l'esprit, qui a besoin de respiration. La précipitation n'est pas toujours bonne conseillère.
 Vouloir s'arrêter de fumer n'est pas simple et on peut s'y préparer sur plusieurs mois, en laissant mûrir cet engagement difficile.
   Demain, je ne procrastinerai plus, disent certains... qui ainsi proscrastinent.
C'est donc assez ambivalent
__Il y a des cas où ce peut être assez gênant.
         Si, par exemple, je n'arrête pas d'attendre le tout dernier moment pour remplir la rituelle feuille chère à Bercy.
          Je m'arrange pour diffèrer au maximum l'envoi de ce précieux document à mon percepteur local.
   Je suis alors atteint, m'a dit mon psychologue, d'un mal étrange:
       Un mal que l'on nomme phobie administrative.
   Heureusement je ne suis pas le seul à être affecté par cette pathologie assez tenace.

          Pourtant, je ne suis pas un grand délinquant financier, Cahuzac n'est pas mon ami et je n'ai pas de compte aux Îles Caïmans.  J'ai même conscience (héroïsme suprême!) de la nécessité civique de l'impôt, même si sa répartition me pose plus d'un problème.
    Mais je suis incurable. C'est pas trop logique et c'est pathologique.
         Que ceux qui sont dans le même cas que moi lèvent le doigt.
            Nous pourrions mettre en place un groupe d'anonymes administrativo-phobiques. Juste pour partager et adoucir nos tourments périodiques...

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Entre deux chaises

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

Furieux.
           L'ayatollah de l'Europe intégrée n'est pas content.

      Le voilà qui se fâche tout rouge contre ce que certains appellent pudiquement les "défauts" de l'Europe.
               En des termes qu'on attendait pas de lui.
                                                                Jean Quatremer, figure bien connue dans le monde du journalisme, spécialiste un peu atypique à Libération, suivant les question européennes de très près, laisse éclater une colère à première vue violente, mais légitime et salutaire à l'égard du système européen tel qu'il est devenu, de manière un peu provocatrice, pour susciter un réveil nécessaire des hommes et un changement radical des institutions. Il met les pieds résolument dans le plat. Ce n'est pas nouveau, mais de la part d'un auteur qualifié d'europhile, parfois d' eurocrate, cela amène quelques questions.
[On peut consulter les premières pages]
       Tout cela sur fond de croyance fédéraliste, lui qui n'a cessé, depuis ses premiers billets, de faire appel à plus d'unité politique et de dénoncer les dérives marchandes, les scandales et les élargissements aveugles. Sa critique est au début de son livre très véhémente, reprenant à son compte les plus sévères émanant de certains courants anti-européens.
     On pourrait le comparer à un nouveau Luther fustigeant avec force et parfois violence les excès et les déviations de l'Eglise de son temps et de sa hiérarchie souvent corrompue, détournées de leur mission essentielle, et centrant son message rénovateur sur le dépouillement, les textes fondamentaux et la foi, en deçà du désolant  virage maastrichtien.
    Quatremer veut encore croire à une reconstruction de l'Europe, à un certain retour des idéaux fondateurs d'après-guerre, à un projet fédérateur dont nous sommes éloignés par aveuglement et par égoïsme national. Retrouver le chemin d'une politique commune, qu nécessiterait d'autres institutions, une vraie révolution. Pour faire face aux défis économiques qui nous attendent.
     Retrouver le chemin de la foi. Mais la question est de savoir si la seule foi peut sauver et permettre d'opérer le virage salutaire qui nous sortirait des lois d'un simple marché libéral, voulu par les anglo-saxons, accepté par les élites pantouflardes de l'UE, de la suprématie de fait de l'Allemagne devenue la référence et la donneuse de leçon. L'auteur est silencieux ou vague sur les conditions qui permettraient à Bruxelles de sortir de la bureaucratie tatillonne et à courte vue qu'elle est devenue, de dépasser l'extrême financiarisation dans laquelle elle s'est elle-même piégée, après avoir joué un certain rôle redistributeur, mais sans solidarité durable.. Il est surtout bien allusif sur les influences néolibérales qui n'ont cessé de marquer de leur empreinte des institutions, que Delors lui-même ne reconnait plus sur ses vieux jours.
 _____________         Dans son livre Les salauds de l'Europe, l'auteur, désabusé, dit:
                  "« Longtemps, j'ai cru en l'Europe. Longtemps, j'ai souhaité l'émergence des États-Unis d'Europe. Longtemps, j'ai pensé qu'elle était notre Terre promise, celle qui nous permettrait de dépasser les États-nations, ces fauteurs de guerre. Aujourd'hui, c'est fini. Je n'y crois plus. Elle n'a pas été inutile, mais son rôle historique est derrière elle... »
     Comme dit Joseph Savès, "c'est par cette confession désabusée et sans équivoque que débute l'essai iconoclaste de Jean Quatremer. Le journaliste rappelle avec brio les origines de l’aventure européenne. Mais c’est pour mieux dénoncer ensuite les dérives qui, du talentueux Jacques Delors au piteux Jean-Claude Juncker, ont mené à l’impasse actuelle.
    Y a-t-il une lumière au bout du tunnel ? Jean Quatremer détaille en quelques pages une possible sortie par le haut. Mais lui-même n’y croit pas vraiment. Son essai s’adresse aux européistes convaincus : quand le clergé lui-même ne croit plus à son dieu, est-il encore raisonnable de le prier ? N’est-il pas temps de repenser l’avenir ? Ce qui reste de l’Union est plus néfaste qu’autre chose. Mais le projet communautaire demeure nécessaire. Il s’agit de le refonder....
     "..La Commission européenne a affirmé son autorité sous la présidence de Jacques Delors (1985-1995), lequel a pu convaincre les États d’adopter aussi bien Schengen que l’Acte Unique et la monnaie unique. Il a seulement échoué sur l’Europe sociale.
Mais ses successeurs, rivalisant d’incompétence, ont rapidement réduit la Commission à n’être plus que le secrétariat du Conseil européen des chefs d’État et de gouvernement. Jean Quatremer a des mots très durs pour Jacques Santer, dont il a provoqué la chute en 1999 pour cause de corruption, comme pour Romano Prodi (1999-2004) et son commissaire à la concurrence Mario Monti, qui ont bradé l’industrie européenne, Manuel Barroso (2004-2014), homme-lige de la banque Goldman Sachs, impliquée dans la crise de 2007, et bien sûr Jean-Claude Juncker, qui a érigé son grand-duché en paradis fiscal.
Le Conseil européen, organe suprême de l’Union, est donc revenu au cœur du jeu. Il se réunit désormais tous les mois ou tous les deux mois. Mais c’est seulement pour constater ses désaccords sur tous les sujets d’importance : Ukraine, Russie, énergie, libre-échange, travailleurs détachés, terrorisme, migrants etc. La faute en est à l’élargissement intempestif de l’Union de quinze membres en 1995 à 27 ou 28 aujourd’hui, avec des niveaux de développement très différents.
     Jean Quatremer exécute en passant le Parlement européen, caution démocratique de l’ensemble : ses députés n’ont d’européens que le nom car ils sont élus sur des logiques partisanes nationales. « Quand sur certains textes, on voit les députés allemands voter comme un seul homme pour ou contre, de l’extrême droite à l’extrême gauche, comment ne pas ressentir un malaise ? » (p. 23). Leur légitimité est contestable quand on songe qu’un député français représente douze fois plus d’électeurs qu’un maltais. Enfin, le Parlement n’a pas l’initiative des lois et dans le domaine législatif, « il a le même poids que le Conseil des ministres qui n’est, au mieux, qu’élu au suffrage indirect » (p. 24).
   Fait aggravant pour Jean Quatremer : la médiocrité des chefs qui y siègent aujourd’hui et notamment du couple franco-allemand. « Aucune personnalité d’envergure ne sort du lot, si ce n’est par défaut, celle d’Angela Merkel, la chancelière allemande » (p. 21). Les conséquences en sont dramatiques : « Il suffit de voir dans quel état de panique cet aréopage distingué a géré en dépit du bon sens la crise de la zone euro entre 2010 et 2012, entraînant les uns après les autres les pays dans le gouffre, dont la Grèce n’est toujours pas sortie sept ans après ! Et cela se paie par des centaines de milliers de vies brisées » (p. 22).
      Jean Quatremer s’alarme des conséquences de l’incurie européenne : « Le ‘doux monstre de Bruxelles’ qui impose le bien européen à coups de normes rigides et souvent idiotes, est devenu le principal destructeur, non seulement de l’idéal européen, mais aussi de la démocratie. Par une sorte de retournement historique, il en vient même, par son existence, à menacer la paix… » (p. 10).
      Le journaliste en voit la raison dans le dogmatisme étroit des agents européens :
« Engluée dans une idéologie libérale et libre-échangiste promue par la Commission, l’Union refuse par principe d’offrir une protection aux citoyens européens alors qu’elle a été fondée sur le principe de la préférence communautaire. L’Union est devenue l’idiot utile de la globalisation et le reste du monde en profite : la Chine par exemple… » (p. 31). « Pour l’Union, tout ce qui est une barrière, même si celle-ci obéit à une bonne raison, doit être abattu, quel qu’en soit le prix à payer. Le dogme avant tout et le dogme, c’est l’absence de frontière » (p. 30).
     Jean Quatremer constate aussi l’échec de la monnaie unique et ses effets délétères sur la solidarité européenne. Il rejoint le point de vue que développe depuis plusieurs années Joseph Savès sur notre site : « Lancée en fanfare en 1999, la monnaie unique, qui devait elle aussi doper la croissance et protéger les Européens contre les chocs extérieurs, n’a pas rempli son rôle, comme l’ont montré la crise financière et économique de 2007-2008, puis la crise de la zone euro de 2010-2012. (…) Depuis le lancement de l’euro, la France est en déficit commercial alors que l’Allemagne accumule les excédents dans des proportions sans précédent. L’euro, qui peut le contester, a appauvri la France et tous les pays du Sud, mais a bénéficié plus que de raison à l’Allemagne » (p.31).
      Et l’auteur d’en tirer la conclusion avec l’amertume que l’on devine chez un jeune sexagénaire qui découvre s’être illusionné toute sa vie : « Un triste bilan. Cet astre mort qu’est devenu l’Union n’a plus de raison d’être, il n’apporte plus aucune chaleur, bien au contraire. Elle est un problème en elle-même. Il est temps de redonner leur liberté aux nations européennes qui ont été la source de la grandeur du Vieux Continent. Il faut libérer les énergies au lieu de les entraver ! » (p. 38).
     Un exemple cité par l'auteur des nombreuses dérives d'une Europe bien lointaine: Le monolinguisme, l’un des traits les plus significatifs de la « Bulle européenne »:Par négligence et lâcheté, les dirigeants de l’Union et les fonctionnaires de Bruxelles ont laissé choir le multilinguisme et n’usent pratiquement plus que d’un seul idiome… L’anglais ? Que nenni. « À Bruxelles, c’est le globish qui règne en maître, une forme appauvrie à l’extrême de la langue de Shakespeare qui permet tout le monde de communiquer sans problème » (p. 155). Cet idiome est semé de néologismes propres à la Commission au point qu’il a fallu publier un dictionnaire des correspondances entre le mot anglais et sa traduction en globish bruxellois (comme for example au lieu de for instance).____Il ne s’agit pas d’un trait secondaire ! « La langue n’est pas neutre, rappelle Jean Quatremer. Elle véhicule des valeurs et des concepts et, surtout, seule la langue de naissance permet de communiquer au plus près de sa pensée : ce n’est pas un hasard si un Américain, un Chinois ou un Japonais ne négocie jamais dans une autre langue que la sienne » (p. 155).
_______________Un magazine eurocitoyen renchérit mollement. 
       Mais une grande interrogation surgit au sein de cette critique assez violente et inattendue, quoique justifiée pour beaucoup d'observateurs, même europhiles de la première heure: comment un retournement pourrait-il se faire dans les conditions actuelles, à moins d'une crise majeure? Aucune tendance forte ne se dessine, même au sein des courants progressistes qui siègent au parlement européen sans grand pouvoir. Pas d'homme d'exception à l'horizon susceptible de marquer d'un empreinte réformatrice forte le système berlino-bruxellois. Il semble bien que le ver soit dans le chou.
        Quatremer n'est-il pas condamné encore longtemps à la désillusion? On peut le craindre.
__________
- L'euro est-il viable à long terme?
- Nouvelle question allemande
- Où est passé le peuple européen?
Europe vassalisée
- Et pourtant elle ne tourne pas...
L'Europe fait fausse route
Revoir le chantier.
- L’euro n’est pas viable à long terme», selon l'Institut Jacques Delors
Aux origines de la construction européenne
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Aventures amazoniennes

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

Jeff, tel qu'en lui-même.
                              Qui arrêtera le roi du e-commerce dans son irrésistible ascension?
     Jeff Bezos, devenu l'homme le plus riche du monde, défié par Alibaba, la deuxième fortune chinoise, paraît-il, transhumaniste à ses heures, n'est pas un e-commerçant comme un autre.
   C'est aussi un prophète libertarien, annonçant un e-avenir radieux, grand donateur du think tank libertarien Reason Foundation.
   Le killer des petits libraires, surtout aux USA, mais pas seulement. suit un chemin favorisé par les exceptions fiscales qu'on lui accorde, au Luxembourg ou ailleurs.
   Plus il monte dans le firmament des plus grands , plus il veut monter, en visant maintenant le monde des grands distributeurs de la planète. Le livre, c'est devenu annexe.
     Mondialisation oblige. Les Etats ne pèsent pas lourds, hésitant à limiter les ambitions du mastodonte. Il faut dire qu'il crée de l'emploi, même s'il robotise à grande vitesse. Et il a les faveurs des consommateurs-rois, qui veulent des produits toujours moins chers et toujours plus vite livrés.
    De l'autre côté du décor, c'est un management sans pitié, la loi de la jungleÀ l'ère du travail rare, des diplômés surqualifiés et déclassés, les candidats se bousculent. Le turn-over n'est pas un problème. En outre, à lire l'article du NYT, les amazoniens semblent plutôt contents de leur sort. Certes, confie cet ancien « leader », "j'ai vu pleurer à leur bureau presque tous mes collègues", mais il ressort de tout cela que, pour la plupart des cadres, "Amazon reste le meilleur endroit où ils ont détesté travailler". 
    Paradoxe de la servitude volontaire, qui dessine un avenir inquiétant.
Mais le serial investisseur Jeff Bezos est sans état d'âme sur l'avenir de l'information, sur laquelle il a quelques ambitions.
   Ses stratégies sont claires pour construire un empire toujours plus grand.
       Un management implacable, pas seulement à l'égard du personnel. (*)
  Certains sont admiratifs, d'autres n'ont pas envie de rire, face à cette politique de dumping tous azimuts de la terre brûlée, sous couvert de modernisme marchand. Le monopole est l'objectif, négation du capitalisme lui-même.

  C'est le NYTimes lui-même qui met le doigt là où ça fait mal.

               Mais les arbres ne montent pas jusqu'au ciel...
________
  (*)  "Amazon n'est pas une simple multinationale, c'est un modèle de société liberticide:...la véritable spécificité d'Amazon n'est pas la pénibilité du travail dans ses usines – beaucoup d'usines ou de chantiers ont des conditions de travail terribles et Amazon n'est pas un cas isolé. La spécificité d'Amazon, c'est son organisation interne impitoyable pour l'humain, élaborée à partir de son infrastructure informatique, avec ses bornes wi-fi disséminées partout, ses caméras de surveillance, son contrôle total de l'individu, de la productivité ainsi que son paternalisme maison très idéologique. La spécificité d'Amazon, c'est que son infrastructure informatique complexe a pour objectif d'exploiter à outrance la machine qui réalise les opérations les plus complexes des entrepôts : l'être humain. Beaucoup bavardent à propos de la robotisation future d'Amazon. Seulement pour l'heure, l'exploitation d'intérimaires est beaucoup, beaucoup plus rentable. D'autant qu'à la différence d'un robot, un intérimaire ne se remplace pas quand il est cassé. Amazon le congédie et il est immédiatement remplacé par un autre chômeur...."
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Pauvres Libanais!

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

Plongée dans l'abîme.
                               Qui viendra sauver le Liban dans sa descente aux enfers?
       On le pressentait depuis des mois, voire des années, rien ne va plus au Pays du Cèdre.
   Le pire s'installe, même la famine menace, dans l'impuissance générale, résultat d'années d'incurie et de malversations.
                         Point de vue et analyse pour comprendre un peu mieux les mécanismes d'une catastrophe autant politique qu'économique:
                            "...Le gouvernement libanais est à court de ressources face à cette crise. Il a demandé une ligne de crédit de 10 milliards de dollars au FMI qui, pour le moment, n’a rien débloqué. Les négociations butent sur les « réformes » qu’exige le Fonds et qui sont celles du consensus de Washington : baisse des dépenses publiques, licenciement des fonctionnaires, privatisations… Jean-Yves Le Drian viendra à Beyrouth comme le défenseur de cette ligne néolibérale assumée. Le 8 juillet, il lançait devant les sénateurs un appel à ses « amis libanais » : « Vraiment, nous sommes prêts à vous aider, mais aidez-nous à vous aider, bon sang ! » Autrement dit, « faites des réformes et vous aurez l’argent ». Tout cela fleure bon les aides « à la grecque » et une conditionnalité qui va plonger le pays dans un nouvel appauvrissement général, 30 ans après la fin de la guerre civile. L’effondrement du pays est l’occasion d’approfondir sa « néolibéralisation ».


       Pourtant, la crise actuelle du Liban n’est pas le fruit de la malchance, du virus ou des manifestations, ni même de la crise syrienne, qui a poussé un million de réfugiés dans ce pays. C’est le fruit d’un modèle de développement profondément néolibéral, engagé après la guerre civile sous la houlette des anciens premiers ministres Rafiq Hariri, assassiné en 2011, et Saad Hariri, son fils, chassé du pouvoir en janvier dernier par les manifestations. Pour le comprendre, il faut revenir au lendemain de la guerre, en 1990-1991.
        À cette époque, le Liban, qui avait été dans les années 1950 et 1960 la « Suisse du Moyen-Orient », est exsangue. Trente ans de guerre civile, la quasi-disparition de l’État, son dépeçage par les intérêts des factions et des pays voisins rendent l’économie ingérable. Naturellement, le pays manque de tout et doit donc tout importer. Comme il lui manque des devises, ses importations sont très coûteuses. L’hyperinflation menace, la livre s’effondre. Dans ces conditions, l’idée défendue par un certain nombre d’hommes d’affaires, à commencer par Rafiq Hariri, est de tout miser sur deux secteurs : l’immobilier de luxe et la finance. Grâce à leurs réseaux dans les pays du Golfe, ils espèrent financer la reconstruction par les pétrodollars en leur faisant miroiter de généreux profits. C’est l’adaptation du modèle des années 1950, mais en remplaçant son aspect commercial, où les négociants libanais étaient les intermédiaires entre le monde arabe et l’Occident, par une économie plus financiarisée. C’est un modèle adapté au néolibéralisme.
      De fait, le Liban peut devenir une forme de cas d’école du genre. On se souvient que la particularité du néolibéralisme réside dans un État mis au service du capital, principalement financier. L’État libanais va être utilisé à cet effet comme peu d’autres. D’abord, dès 1991, le Parlement vote le transfert de la propriété de dizaines de milliers de petits propriétaires du centre de Beyrouth à un promoteur immobilier, Solidere, détenu par des investisseurs du monde arabe et des Libanais, dont Hariri. Ce type de transfert va se multiplier. Comme le souligne l’historien spécialiste du Liban à l’université néerlandaise de Liverpool Hannes Baumann, dans un texte de janvier 2019, le Conseil de développement et reconstruction, créé dans les années 1960 pour favoriser le rôle de l’État, est alors mis au service de ce développement immobilier. Progressivement, le centre historique de Beyrouth est rasé pour laisser place à de grands ensembles d’immobilier de luxe.
       Mais une telle stratégie ne pouvait fonctionner qu’avec une monnaie forte et stable. Les investisseurs étrangers ne viendraient pas placer leur fortune au Liban pour la perdre ensuite en dévaluations. Il fallait donc stabiliser la monnaie. À l’automne 1992, le gouvernement décide de donner à la banque centrale, la Banque du Liban (BdL), la charge unique de la stabilisation de la livre libanaise, avec pour ambition de l’ancrer à un taux de change stable par rapport au dollar. C’est chose faite en décembre 1997, où la valeur de la livre est fixée à 1 500 par dollar. Avec cet ancrage, les dirigeants libanais espèrent faire d’une pierre plusieurs coups : favoriser non seulement l’immobilier, mais aussi le secteur financier, et mettre fin à la vie chère en réduisant les prix à l’importation.
      Bref, c’est la stratégie classique du « ruissellement » qui est mise en œuvre au Liban. On espère que les investissements étrangers vont se traduire par des emplois et un développement plus large. Pour être bien sûr de ne pas effrayer les riches, on fait reposer la fiscalité sur la TVA, plus que sur un impôt progressif. En cela, le Liban ne fait pas exception à cette époque. C’est le choix de plusieurs pays émergents alors, tels que la Bulgarie, la Croatie, l’Albanie ou l’Équateur, par exemple. Autant de pays où le ruissellement se fait toujours attendre…
     Ce sera aussi le cas au Liban. Pendant une grosse dizaine d’années, le système tient tant bien que mal. Mais, comme le souligne Hannes Baumann, le capitalisme libanais prend de plus en plus une forme rentière qui est assez spécifique du néolibéralisme, mais a été poussée à des niveaux très élevés dans ce pays. Alors que le Libanais moyen n’avait guère les moyens ni d’investir, ni d’habiter dans les résidences luxueuses construites par centaines à Beyrouth, les plus riches, eux, profitaient pleinement des effets de la politique de la Banque du Liban.
      En effet, pour maintenir la parité de la livre libanaise, la BdL a cherché à attirer les réserves en devises de la diaspora libanaise, des plus riches et des investisseurs du Golfe avec de très généreux taux d’intérêts. Concrètement, la BdL empruntait effectivement les devises aux banques commerciales libanaises qui, elles, les récoltaient auprès des investisseurs avides de taux élevés. Cela permettait à la BdL de disposer de réserves pour financer le déficit courant du pays et, le cas échéant, défendre la monnaie. Mais ce système ne fonctionne que si le pays utilise effectivement sa stabilité monétaire pour financer son développement, réduire son déficit commercial et, in fine, pouvoir réduire les taux. Ce n’est pas du tout ce qui s’est produit au Liban.
      L’économiste Toufic Gaspard, de l’université du Sussex, a étudié de près, dans un article de 2017, cette politique monétaire de la BdL et en a montré la nocivité. Sur la période allant de 2011 à 2016, le taux payé pour les dépôts en dollars par la banque centrale était en moyenne supérieur de 5 points de pourcentage au taux interbancaire de référence, le Libor. « À tous points de vue, le taux d’intérêt de la BdL est très généreux », conclut-il. Selon lui, un taux allant de 2 à 2,5 % aurait permis d’attirer les dollars dans les caisses de la BdL.
       Or cette générosité a de nombreuses conséquences négatives. D’abord, les banques commerciales préfèrent évidemment prêter leurs fonds à la généreuse BdL plutôt qu’à l’économie libanaise. Près des trois quarts des bilans des banques libanaises sont ainsi constitués de créances sur la BdL ou l’État. À l’inverse, il est donc très difficile de financer des investissements productifs au Liban. Dès lors, seuls les projets très rentables comme l’immobilier de luxe sont financés ; l’outil productif, lui, est resté inexistant.
    À quoi bon, au reste ? La stabilité de la livre offrait effectivement un pouvoir d’achat supérieur en importations aux Libanais par rapport à la plupart de leurs voisins. Pourquoi se lancer dans la construction d’une usine lorsqu’il est meilleur marché d’importer les biens que de les produire ? Pourquoi investir dans l’outil productif en devant s’endetter à des taux prohibitifs lorsque la BdL offre des taux fabuleux pour l’emploi de son argent ?
     Le pays a alors connu un effet d’éviction de sa structure productive vers la finance. Globalement, le Liban pouvait, avec cette monnaie forte, avoir l’illusion de vivre sur les importations. La balance des paiements affiche donc un déficit de près d’un quart du PIB, ce qui suppose un afflux de devises important et, partant, un maintien du système de monnaie forte et de taux élevés.
    Une petite classe moyenne a certes pu voir le jour dans les années 2000 dans ce système, formée de négociants d’import-export, de responsables du secteur du tourisme ou d’employés du secteur financier. Mais, globalement, la croissance libanaise a été profondément inégalitaire. Ce sont les détenteurs de la richesse financière qui ont profité de ces politiques.
     Les chiffres du World Inequality Database (WID) sur le pays sont sans appel. Entre 1990 et 2016, la part de la richesse nationale détenue par les 10 % les plus riches est passée de 52 % à 57,1 %, tandis que celle détenue par les 50 % les plus pauvres est passée de 12,9 % à 10,7 %. Désormais, la moitié de la population détient moins de richesse que les 0,1 % les plus riches, qui captent 11,1 % du revenu national. Le ruissellement a échoué, au Liban comme ailleurs.
    Dans ces conditions, l’État libanais, en bon État néolibéral, est venu colmater, tant bien que mal, les brèches. L’emploi public est parvenu à assurer une certaine stabilité de la demande intérieure. Mais le Liban étant ce qu’il est, cet emplois public a, bien sûr, été souvent détourné à des fins communautaires pour « récompenser » des services politiques. Cela a sans doute gonflé la dépense publique et réduit l’efficacité de l’État. Cette corruption a aussi conduit à une préférence pour la dépense courante plutôt que pour l’investissement.
    Ainsi, Électricité du Liban (EdL), l’entreprise d’État qui gère le réseau électrique, est souvent présentée comme la preuve de la mauvaise gestion étatique. C’est indéniable. La corruption a gonflé les effectifs au détriment des investissements de maintenance. Mais le point essentiel est que l’État n’avait guère d’intérêt à développer les centres de production libanais et leur productivité puisque les importations étaient bon marché grâce à la monnaie forte.
   En réalité, ne voir dans la crise libanaise que le résultat d’un État trop présent et corrompu est un raccourci qui manque l’essentiel. L’État néolibéral est, par nature, au service des intérêts du capital, et sa fonction est souvent de pourvoir aux conséquences néfastes de cette politique par d’importants déficits publics. En l’espèce, l’immense déficit de l’État libanais de 9,6 % du PIB l’an passé, qui a conduit la dette publique à atteindre 155 % du PIB, s’explique non pas par une générosité immense de l’État providence libanais, mais par le modèle économique néolibéral.
     D’un côté, pour ne pas effrayer les capitaux étrangers, on a limité les recettes fiscales en renonçant à tout impôt sur les revenus du capital et en frappant d’abord les petits revenus et la consommation. De l’autre, pour assurer la stabilité monétaire, on a dû consentir des taux d’intérêts très élevés pour financer le déficit. L’effet « boule de neige » de ces taux, qui veut que lorsque l’on emprunte à des taux trop élevés on doive emprunter plus au fil du temps, a été redoutable pour le Liban. Le service de la dette compte alors pour 9,5 % du PIB en 2019…
     À partir de 2011, l’économie libanaise ralentit fortement. La crise syrienne inquiète les investisseurs, qui redoutent une contagion à ce petit pays qui est toujours au cœur des différends géopolitiques de la région, et notamment du conflit irano-saoudien. Le tourisme marque le pas, l’argent arrive moins aisément et l’afflux des réfugiés syriens pèse sur les salaires locaux et les dépenses de l’État.
     Pour faire face à cette situation qui creuse le déficit commercial, la BdL se lance dans une fuite en avant en offrant, comme on l’a vu, des taux très élevés pour assurer ses ressources en devises. Sauf qu’elle aussi est soumise à l’effet « boule de neige » : elle voit ses besoins de devises croître sans cesse pour pouvoir rembourser les banques commerciales. Entre 2015 et 2019, le passif en dollars de la BdL est passé de 39 à 100 milliards.
     Or, en parallèle, la situation économique n’incite guère aux placements dans les banques commerciales libanaises. La croissance moyenne du PIB libanais entre 2011 et 2019 est de 1,9 % et l’économie est en stagnation à partir de 2017. Faute d’investissements, le chômage explose et atteint 37 % de la population active. « Le coût de la stabilité financière a été et reste immense », déclarait en 2017 Toufic Gaspard.
     La machine infernale se met alors en route, progressivement. Les réserves nettes de change fondent comme neige au soleil, passant en septembre 2019 à − 49 milliards de dollars, contre un quasi-équilibre en 2015, ce qui incite à des hausses de taux qui ne sont plus perçues comme des gages de profits par les investisseurs mais comme le signe d’une perte de contrôle de l’ancrage au dollar par la BdL. Dès lors, les fuites de capitaux s’accélèrent. Même la diaspora libanaise, première source de devises pour le pays désormais, hésite à placer ses fonds dans les banques libanaises.
     La BdL et son gouverneur Riad Salamé, qui est à la tête de l’institution depuis 27 ans, en ont été réduits à tous les expédients pour dissimuler le problème. En août 2016, Toufic Gaspard rappelle que la banque centrale avait dû renflouer indirectement en livres libanaises deux banques qui avaient perdu un milliard d’euros dans des investissements malheureux en Égypte et en Turquie pour s’assurer qu’elles continuent de lui apporter leurs devises. Récemment, Riad Salamé a été accusé d’avoir maquillé les comptes de la BdL de 6 milliards d’euros en 2018 pour dissimuler la situation réelle.
     Mais en septembre 2019, le vernis craque. Le taux réel de la livre commence à se déprécier sur le marché non officiel, faute de dollars disponibles. La BdL perd complètement le contrôle de la situation. Le gouvernement de Saad Hariri est contraint à trouver de nouvelles ressources et à réduire ses dépenses. Sur une population déjà frappée par la pauvreté et les inégalités, et justement révoltée par la mainmise sur l’État des oligarques et des groupes religieux et communautaires, l’effet va être dévastateur. L’annonce de la « taxe WhatsApp » sur les appels passés par cette application est l’étincelle qui met le feu aux poudres en octobre 2019.
     Dès lors, les fuites de capitaux se font encore plus rapides, la livre libanaise s’effondre. Le pays, fortement dépendant de l’extérieur, manque de ressources pour satisfaire ses besoins. La crise du coronavirus, en réduisant la richesse de la diaspora et en ruinant la saison touristique, achève de détruire l’économie libanaise. La livre ne vaut plus rien et la misère se répand dans le pays. Les salaires en livres libanaises ne peuvent plus rien acheter. C’est la route vers le chaos.
      La réponse de la communauté internationale est donc en complet décalage avec la situation. Certes, la classe politique libanaise est de bien piètre qualité. Elle manque d’imagination et est empêtrée dans ses équilibres entre communautés. La libération du Liban des intérêts étrangers divergents est une condition sine qua non de la reconstruction du pays pour éviter la reprise du capitalisme de connivence. Mais l’erreur que commettent le FMI et son fondé de pouvoir que semble être Jean-Yves Le Drian, c’est de penser qu’il faut rétablir l’ancrage sur le dollar à tout prix.
     L’enjeu principal pour le Liban est de sortir du modèle néolibéral mortifère qui l’a plongé dans la crise. Pour cela, il faut une aide internationale centrée sur l’investissement et la construction d’une structure productive libérée de la finance et axée sur les besoins de la population. Le mouvement populaire qui est né en octobre 2019 n’est donc pas un ennemi de la stabilité du pays, c’est son meilleur atout. Il est en effet, à lui seul, capable de dépasser les seuls enjeux communautaires et de construire une économie plus juste.
    Au point où est le pays, son appauvrissement est inévitable. La vraie question est de savoir qui en sera la victime principale. En cherchant à maintenir la stabilité monétaire et l’attractivité pour les capitaux étrangers, en faisant porter le coût de l’ajustement sur la population par l’austérité, comme le veulent Paris et le FMI, on épargnera encore les oligarques, qui sont les principaux responsables du désastre, et on fera payer le prix fort à la population.
      L’ajustement doit donc se faire autrement, par un abandon de l’ancrage monétaire, par des taxes progressives, par l’annulation des créances en devises. Si la communauté internationale complète cette politique par des investissements productifs et une aide humanitaire d’urgence, le pire pourra être évité. Sinon, le Liban s’enfoncera dans la crise. Avec le risque que, comme dans les années 1970, cette crise économique dégénère.     La responsabilité internationale est donc immense face à ce petit pays fragile. " (F.Godin)
                                             _____________________________________

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