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Berlin ouvre les yeux

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

Enfin!
         Un début de virage  mais non une révolution communautaire.
                               Berlin prendrait-elle enfin conscience des propres intérêts?
   Si on peut parler d'un accord historique, ce n'est pas encore un premier pas vers une intégration rêvée et solidaire. L'Europe reste encore trop souvent un épicerie ou chaque pays veut faire prévaloir d'abord ses intérêts, chaque pays jouant le rôle de marchand de tapis
    Un rapprochement par nécessité, par intérêt. Non pas par idéal.


  Le bras de fer a été long malgré l'urgence.
     Un sorte de Plan marschal? Si l'on veut, mais pas à la hauteur des besoins et de la crise qui s'annonce.
     Problème: à l'échelle de l'union, qui contrevient à ses propres règles,tout est à repenser;
          " L’attitude qu’ont chacun des quatre États est certes sujette à caution. Mais les quatre frugaux ne sont pas les seuls à tenter d’obtenir des concessions sur le plan de relance et, par ricochet, sur le futur budget européen. La Hongrie et la Pologne, pourtant largement bénéficiaires du plan à venir, réclament à leur tour qu’aucune contrepartie en matière de respect de l’État de droit ne soit invoquée pour le prochain budget européen. La République Tchèque semble de son côté vouloir accepter le plan tel quel, mais à condition qu’elle bénéficie sur le prochain budget de rallonge       Ce qui s’exprime ici est moins une attitude individualiste que la conséquence de la logique de l’Union européenne. Les élites pro-européennes ont beau jeu de vouloir dénoncer l’attitude des quatre frugaux. Mais ces derniers ne tentent-ils pas de respecter à la lettre le Traité de fonctionnement de l’Union européenne (TFUE) et le Traité de l’Union européenne (TUE), dont la naissance a été rendue possible par le Traité de Maastricht ? Dans un colloque organisé à Zurich en février 2019, Mark Rutte rappelait à juste titre qu’il était pour davantage d’Europe et pour un accroissement du rôle de cette dernière sur la scène géopolitique mondiale. Il ajoutait, non sans malice, que chacun devait en interne respecter scrupuleusement les règles fixées en commun et ratifiées par tous les États membres : « Mais un accord est aussi un accord en ce qui concerne l’euro et le Pacte de stabilité et de croissance. Car ici aussi, faire entorse aux règles peut contribuer à l’érosion du système tout entier et nous ne pouvons rien accepter de tel ».           La pandémie du coronavirus est bien venue ébranler l’édifice européen et son caractère exceptionnel oblige les États et l’Union européenne à activer des outils eux-mêmes exceptionnels. C’est d’ailleurs la ligne portée par l’Allemagne qui a effectué un retournement spectaculaire sur la question en quelques mois. Suffirait-il dès lors d’une crise exogène pour affriander les plus frugaux des Européens, alors que ce sont ces derniers qui se sont montrés, en apparence, comme les plus droits dans leur respect des institutions et des règles budgétaires ?

Prise dans cette configuration, cette analyse montre toute l’absurdité de l’architecture européenne qui oblige, in fine, à ce que les États se livrent, à coups d’artifices juridiques, à une concurrence rude et imparfaite. Les Pays-Bas sont l’un des pays qui a le plus profité de l’Union européenne, contrairement à la France ou à l’Italie mais personne ne s’était réellement ému jusqu’à présent du dumping fiscal exercé par les Néerlandais, tant que ces derniers respectaient le pacte de stabilité budgétaire. Le problème n’est donc pas tant que les Néerlandais se soient montrés plus malicieux dans leur gestion des affaires européennes que des règles édictées qui, de fait, montrent l’impasse, sinon la débâcle qu’offre l’Union européenne. Ce dont souffre l’Union européenne et son élite néolibérale est l’aboulie que même une crise de l’ampleur du Covid-19 ne semble que partiellement soigner. C’est cette même élite, qui, sans vergogne, n’a pas hésité à appliquer l’austérité, dont les conséquences sont loin d’être terminées, à la Grèce, à l’Espagne, à Chypre, au Portugal ou encore à l’Irlande. C’est encore cette même élite qui a, coûte que coûte, souhaité préserver la monnaie unique, avec les conséquences dramatiques que l’on mesure chaque jour au niveau du chômage et de la pauvreté, là encore au Sud de l’Europe.            De nombreux éditorialistes font mine de s’étonner de l’attitude des Pays-Bas, de la Suède, du Danemark et de l’Autriche. Ils constatent à quel point ce sont d’affreux radins nocifs à l’intégration européenne. Mais de quelle intégration parle-t-on ? Une intégration qui consiste à poursuivre l’affaiblissement de nombreuses économies car trop divergentes les unes des autres ? Une intégration qui accepte en son sein le non-respect de la question des droits humains les plus élémentaires, à l’image de ce qui s’est déroulé durant la campagne présidentielle polonaise ? Ils oublient en définitive que le problème de ces interminables sommets européens est intrinsèquement, ontologiquement lié à la nature même de l’Union européenne et de sa construction..."
                Une solidarité très partielle, comme dit J.Quatremer., qui n'est pas tendre vis à vis des défauts congénitaux du "modèle" européen.
                                           __________________________________
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Ukraine (suite)

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Sortir du brouillard (parfois entretenu).  [Notes de lecture]

          « Tout potentat qui n’a que la puissance terrestre n’a qu’un bras,
Mais qu’il y ajoute la puissance maritime, il a les deux
. » (Pierre le Grand)                                               
________ Voulant se mettre dans les pas de Pierre Le Grand, le nouveau tsar du Kremlin prétend ne pas couper l'immense Russie de l'accès aux mers chaudes, pour désenclaver la Grande Russie et lui offrir de nouveaux horizons commerciaux et militaires. C'est du moins l'intention principale que d'aucuns lui prêtent dans l'"opération" en cours. Poutine vit de ses mythes historiques et de ses ambitions personnelles. Une nouvelle géopolitique tente de se mette en place, après les échecs et les humiliation de l'ère post-gorbatchevienne. Une nouvelle ambition, mais sans les mêmes moyens et avec d'autres méthodes, sur un échiquier international qui a radicalement changé. Avec comme effet non attendu le réveil d'un Otan déclaré moribond.   

                              Une guerre qui ne dit pas son nom et qui semble destinée à durer:

     "....En attendant confirmation, on peut raisonnablement supposer ce qui suit : Poutine craint que l’armée ukrainienne, suréquipée par les États-Unis, ne devienne assez forte pour lancer une offensive générale et reprendre le Donbass et la Crimée ; cette épreuve aurait ruiné ses efforts et humilié comme jamais la Russie. Il fait donc le pari d’envahir l’Ukraine avant qu'il ne soit trop tard. Pari largement perdu puisque l’armée russe, plus mal en point qu’il ne devait lui-même le penser, a échoué dans sa tentative de « guerre-éclair ».  Le président russe s’est donc très vite rabattu sur son objectif a minima : occuper le Donbass et le sud de l’Ukraine, jusqu’à Khesron, sur le Dniepr, au total 60 000 km2, de façon à sécuriser la Crimée et fermer la mer d’Azov aux Ukrainiens et donc à l’Amérique. Trois mois après le lancement de l’offensive, cet objectif est largement atteint, au prix de lourdes pertes et de graves destructions, mais sans que Moscou ait eu à décréter une mobilisation générale.   Chacun se prépare désormais à une guerre de longue haleine où c’est l’armée ukrainienne qui devra prendre l’initiative de l’offensive face à un ennemi solidement retranché. Même avec derrière elle l’industrie de guerre américaine, elle aura du mal à récupérer les territoires perdus.   Conscient de la difficulté, le président Zelensky place ses espoirs dans les sanctions économiques, même si l’Histoire nous enseigne que tous les blocus et embargos se sont révélés inefficaces et même contre-productifs, depuis le Blocus continental jusqu’à Cuba, la Corée du nord et l’Iran en passant par Berlin.   Les Russes se sont préparés à cette éventualité depuis 2008 en cultivant l’autarcie et en nouant de nouvelles alliances. Ils peuvent compter sur la complicité de la Chine et des grands États d’Asie continentale. C’est ainsi que leurs exportations de gaz auraient baissé vers l’Europe mais augmenté vers la Chine, en rapportant plus de devises que jamais à Gazprom !  L’Ukraine, de son côté, risque de perdre dans cette guerre à rallonge ce qui lui reste de sève vitale. Depuis son indépendance en 1991 et jusqu’en 2021, le pays, rappelons-le, avait un PIB en baisse rapide et une population tombée de 52 millions à 45 millions d’habitants sous l'effet de l'émigration et de la dénatalité (un record mondial !). Cela ne s’est pas arrangé avec la guerre, ses destructions, ses victimes, ses déplacés et ses réfugiés, parmi lesquels beaucoup ne reviendront pas au pays. Au vu de sa démographie, il est difficile d'imaginer que le pays se remette de l'épreuve, surtout s'il devait se dissoudre dans l'Union européenne.     Sans égaler le malheur ukrainien, les Européens ont aussi du souci à se faire. Ils n’échapperont pas à une crise économique et sociale majeure, du fait des pénuries et des hausses de prix sur les hydrocarbures, les matières premières, les céréales, etc. C'est la conséquence du choix qu'a fait l'Union européenne dans la dernière décennie de promouvoir le recours au gaz et russe, plus accessible et moins cher que toute autre énergie, de la même façon qu'elle a encouragé les industriels européens à s'approvisionner en Extrême-Orient en composants électroniques. Il s'ensuit des dissensions entre les Européens qui pourraient accélérer le détricotage de l'Union.  La France craint de perdre ses derniers fleurons industriels, à commencer par Renault, secoué par la perte de son principal marché à l’étranger (la Russie). Son secteur de l’armement est aussi très affecté par le forcing de ses concurrents américains auprès des Européens (Allemands, Polonais, etc.)… et auprès des Australiens bien sûr. L'Allemagne tente de conserver ses importations de gaz russe, indispensables à ses industries. La Hongrie, quant à elle, refuse de renoncer à ses achats de pétrole russe...."                                                                                                                                      _____ _____   L'épine  Azov: mythe et réalité.

_____  Echos du Donbass                             ________________________

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Europe: un saut hamiltonien?

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

Ambiguïtés.
                      Après les négociations ardues de ces deniers jours à Bruxelles, certains ont qualifié le compromis, obtenus pour aider à surmonter les effets de la crise européenne, comme une sorte de saut hamiltonien, en référence à l'homme politique qui contribua à l'édification de la nation américaine sur la base d'un fédéralisme, qui allait amener à une nouvelle configuration des pouvoirs et à un partage des dettes.
       Ce qui s'est passé à Bruxelles n'est pas rien , à condition que ce soit ratifié par l'assemblée, mais ce n'est pas un saut qualitatif. C'est un compromis temporaire et encore bien vague, insuffisant sur de nombreux points, interprété diversement par chacune des parties.  Le quotidien régional de centre-gauche Berliner Zeitung salue un compromis "historique" malgré une réglementation trop "vague" . "Au départ, un droit de veto pour chaque pays membre a été discuté. Le compromis actuel ne le prévoit plus. Selon le nouveau règlement, une majorité de 55 pour cent des pays de l'UE (17 sur 27 pays) avec 65 pour cent de la population totale serait nécessaire pour déposer une plainte. En pratique, cela semble peu probable", critique le quotidien à propos du contrôle de versement des aides.
   Les zônes d'ombre ne manquent pas et il y a des gagnants.
On est encore bien loin d'un premier moment fédéral. La prudence s'impose.  Pour The Guardian, les pays de l'Union européenne auraient bien tort de se réjouir après un sommet "amer" qui "révèle un déficit de confiance entre les dirigeants". Une vrai bataille au milieu des Vingt-Sept selon le site internet du quotidien, pour qui "la confrontation entre les 'frugaux' et les pays qui doutent de l’état de droit met en évidence l’acrimonie au cœur de l’union".
      La "conversion" de l'Allemagne est certes spectaculaire, mais elle semble bien s'expliquer par le contexte difficile qui s'impose à elle et à son industrie exportatrice en péril.
                       "... Pour mesurer les zones d’ombre de cet accord, il suffisait d’écouter les différents camps au sortir de leur interminable réunion mardi matin : chacun avait gagné la partie ! « Nous l’avons fait. L’Europe est au rendez-vous, l’Europe est rassemblée », s’est félicité Charles Michel, président du Conseil européen. « Nous avons apporté une réponse à la plus grande crise de l’histoire européenne », a renchéri Angela Merkel, tandis qu’Emmanuel Macron insistait sur le caractère « historique » de ce plan.
         Au même moment, Mark Rutte, le premier ministre néerlandais qui a mené la fronde des pays dits « frugaux », hostiles à toute mutualisation des dettes au niveau européen, insistait sur le fait que le plan de relance ne transformerait pas l’Europe en une union de transferts de richesses, parce que les Pays-Bas et ses alliés avaient veillé à ce que ce soit un programme ponctuel et limité dans le temps, juste pour faire face à la crise sanitaire.

 
Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, et Charles Michel, président du Conseil européen, après l'accord sur le plan de relance, le 21 juillet. © Stéphanie Lecocq/ AFPUrsula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, et Charles Michel, président du Conseil européen, après l'accord sur le plan de relance, le 21 juillet. © Stéphanie Lecocq/ AFP          Alors que l’Europe affronte sa troisième grave crise économique en l’espace de dix ans, les dirigeants européens savaient qu’ils ne pouvaient se quitter sur un échec : il en allait de la survie de la zone euro. Durement touchée par la pandémie, l’Italie risquait de sombrer dans des niveaux d’endettement insoutenables si aucune aide ne lui était apportée, au risque de provoquer une nouvelle crise de la dette en Europe. Et, cette fois, la Banque centrale européenne, qui tient la zone euro à bout de bras depuis une décennie, risquait de se trouver sans munitions monétaires suffisantes, si les États européens ne prenaient pas le relais avec des dispositifs budgétaires.        C’est cette menace qui a conduit Angela Merkel à faire volte-face et à abandonner la position dure de refus de soutien aux autres pays européens qu’elle avait adoptée au cours des dix dernières années. Alors que la crise sanitaire met à mal toute l’économie mondiale, que la guerre commerciale déclenchée par Donald Trump fait peser un risque sur ses exportations, que les produits chinois sont désormais en concurrence directe des productions allemandes, que l’industrie automobile, pièce centrale de l’économie allemande, connaît une crise existentielle, Berlin ne pouvait se payer le luxe en plus de voir s’effondrer la zone euro, devenue son marché intérieur. « Il est dans l’intérêt de l’Allemagne que l’Union européenne ne s’effondre pas », reconnaissait sans ambages Angela Merkel en juin.      Mais cette conversion de la chancelière allemande, applaudie par la France et les responsables européens, n’a pas convaincu tout le monde. Les dirigeants européens pensaient s’être débarrassés de toute opposition forte avec le départ de la Grande-Bretagne, après le Brexit. Ils ont trouvé face à eux un opposant tout aussi embarrassant : les Pays-Bas. Ceux-ci ont réussi à fédérer autour de leur cause le Danemark, la Suède, l’Autriche et la Finlande. Dès que le premier ministre néerlandais a entendu la proposition de la Commission européenne de lever de la dette sous la signature de l’Union afin de faire profiter les pays européens les plus exposés de taux plus bas ou, pire encore, de leur donner de l’argent sans exiger de remboursement, il s’est opposé de toutes les manières possibles au projet. Avec un succès certain.      Car quoi qu’en disent les communicants de l’Élysée, le couple franco-allemand, sur lequel Emmanuel Macron fait reposer toute sa stratégie européenne, a été sérieusement à la peine pendant ce sommet. Loin de donner le la, il lui a fallu aller de concessions en renoncements pour faire approuver son plan de relance. Tous s’attendaient à des révisions à la baisse par rapport au projet de 500 milliards d’euros de dons aux pays les plus en difficulté, présenté en mai. Mais pas dans de telles proportions.        Pendant le week-end, l’Allemagne et la France annonçaient encore que la somme de 450 milliards d’euros était leur dernière limite, la « ligne rouge » qu’ils se refusaient à franchir. Ils ont finalement transigé à 390 milliards d’euros. Tout le reste (360 milliards d’euros) sera versé sous forme d’emprunts auprès des différents pays demandeurs. Et encore : il faudra que ceux-ci montrent patte blanche.      Même si les pays dits frugaux ont en apparence échoué à imposer des conditionnalités sur le versement des crédits dispensés par l’Union – c’est-à-dire à placer les pays sous la direction de la Commission – et à obtenir un droit de veto – les plans seront adoptés à la majorité qualifiée –, ils ont arraché cependant une possibilité de faire appel dans un délai de trois mois, s’ils considèrent que les pays bénéficiaires ne respectent pas les règles. Surtout, ils ont réussi à imposer un contrôle étroit de la Commission européenne sur tous les projets financés par l’Union. Ce ne sera pas la troïka, qui a laissé un souvenir traumatisant dans toute l’Europe, mais cela ira bien au-delà du nécessaire contrôle pour lutter contre la corruption et le détournement des fonds publics.             Le ralliement de l’ensemble des pays européens aux positions néerlandaises sur ce sujet met en lumière la permanence des schémas macro-économiques dans lesquels s’inscrit le plan de relance. Officiellement, celui-ci est censé marquer une rupture avec l’austérité expansionniste, imposée à toute l’Europe depuis 2008, et qui a valu à la zone euro la croissance la plus faible de tous les pays occidentaux. Mais cet abandon n’est que provisoire, une parenthèse pour faire face à la crise économique provoquée par la pandémie : les critères fixés par les traités existants demeurent.                Surtout, cette mise à l’écart n’est que partielle : les réformes structurelles (retraites, marché du travail, Sécurité sociale, santé) sont toujours de mise. Les mises en demeure de Mark Rutte, qui a insisté sur la nécessité de mener à bien ces fameuses réformes structurelles, n’ont suscité aucun désaccord dans les rangs des autres dirigeants européens. Les financements dégagés par l’Europe doivent servir à des projets à même de mettre en œuvre ces réformes, censées soutenir une croissance durable – ce qui n’a jamais été prouvé, les expériences passées démontrant même le contraire. Mais cela vaut aussi pour les projets destinés à soutenir la transition écologique, le développement numérique.      Tout s’inscrit dans la même idéologie ordolibérale, promouvant les mêmes schémas de croissance que par le passé, la même stratégie de l’offre. À cette aune, le grand plan de relance risque vite de se transformer en un programme de soutien au secteur privé, en excluant toute politique publique, la Commission européenne censurant tous ceux qui seraient tentés de s’écarter du « droit chemin "....                                                          ______________________
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De ci de là

Publié le par Jean-Etienne ZEN

__  Halte au feu: le cas australien

            "...Entre octobre 1996 et septembre 1997, le pays est parvenu à confisquer officiellement 650.000 armes détenues par les membres de la population civile australienne. Le déclencheur de cette opération a eu lieu en avril 1996: Martin Bryant, 28 ans, avait alors tué trente-cinq personnes au fusil semi-automatique dans un café de Port Arthur. Vingt-huit autres avaient été blessées...."

__  Macron et les Gafam

               "... Emmanuel Macron est-il en capacité de mener une véritable politique de souveraineté numérique ? L'analyse de son premier mandat fait apparaître de nombreuses contradictions entre les paroles et les actes. Le président réélu peut, bien sûr, revendiquer d'indéniables réussites dans le numérique, telles que l'explosion de la French Tech, le déploiement rapide de la fibre dans les territoires -au prix de nombreuses tensions-, la mise en place de plans sectoriels en général cohérents et ambitieux sur les technologies pour développer des filières nationales, ou encore un activisme efficace à Bruxelles pour créer une Europe de la tech. Mais son premier quinquennat est également entaché par des échecs cuisants, notamment TousAntiCovid, la stratégie cloud de confiance, le Health Data Hub, la « taxe Gafa » ou encore la loi Avia. Le point commun à tous ces échecs ? Les Gafam, c'est-à-dire les géants du Net américains [Google, Apple, Facebook devenu Meta, Amazon et Microsoft, Ndlr], avec qui le pouvoir aura entretenu un rapport ambigu, contradictoire et incohérent pendant tout le mandat...."

__  Total et ses dividendes

             Léger début de fronde. Et pourtant ils savaient.     "... « TotalEnergies décroche la palme de l’obstruction et refuse de discuter des enjeux climatiques avec ses actionnaires ». Joint par Reporterre, TotalEnergies motive ce rejet par le fait que la résolution « empiète sur la compétence du conseil d’administration de fixer la stratégie de la société » et invite, en vue de « favoriser le dialogue avec ses actionnaires », les porteurs du projet de résolution « à s’exprimer lors de l’assemblée générale sous forme d’une question écrite ou d’une question orale qui sera traitée en priorité ». Les codéposants ont décidé d’interpeller l’Autorité des marchés financiers (AMF) — l’entité chargée de veiller au bon fonctionnement des marchés d’instruments financiers — pour lui demander d’enjoindre à TotalEnergies de réintégrer la résolution à l’ordre du jour de l’AG. L’AMF s’est déclarée incompétente dans ce conflit..."   Une seule et unique résolution climatique reste donc à l’ordre du jour de l’assemblée générale : celle portée par l’entreprise elle-même. « Un plan qui n’est, malheureusement, pas du tout compatible avec l’objectif de limiter le réchauffement à 1,5 °C », dénonce Guillaume Pottier. Une étude produite par un groupe de plus de 700 investisseurs représentant plus de 68 000 milliards de dollars d’actifs, conclut par exemple que TotalEnergies satisfait seulement 3 des 9 critères pour un plan de transition complet aligné sur 1,5 °C...."

__  Clinéa vous en donne plus

                     Dans le sillage de Orpéa. __« Avec Clinea, le taux d’occupation de la clinique est devenu un élément majeur dans la prise en charge. Il faut que la clinique soit pleine. La prise en charge, le temps passé avec le patient, les échanges en équipe pluridisciplinaire sont devenus accessoires. On nous demande de moins penser. On réduit notre travail à la distribution de traitements. Le management est harcelant, déshumanisant. Ils ne cessent de le répéter : “Orpea, soit tu l’aimes, soit tu le quittes.” 

__ Kirill contesté

              Guerre des popes...Pas content, le fidèle de l'ours de Kremlin.

__  Aux armes! enseignants____More Business, dit-il! La NRA se réjouit.

 

__  Un vélo génial                  ____________________

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Pauvres Libanais!

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

Plongée dans l'abîme.
                               Qui viendra sauver le Liban dans sa descente aux enfers?
       On le pressentait depuis des mois, voire des années, rien ne va plus au Pays du Cèdre.
   Le pire s'installe, même la famine menace, dans l'impuissance générale, résultat d'années d'incurie et de malversations.
                         Point de vue et analyse pour comprendre un peu mieux les mécanismes d'une catastrophe autant politique qu'économique:
                            "...Le gouvernement libanais est à court de ressources face à cette crise. Il a demandé une ligne de crédit de 10 milliards de dollars au FMI qui, pour le moment, n’a rien débloqué. Les négociations butent sur les « réformes » qu’exige le Fonds et qui sont celles du consensus de Washington : baisse des dépenses publiques, licenciement des fonctionnaires, privatisations… Jean-Yves Le Drian viendra à Beyrouth comme le défenseur de cette ligne néolibérale assumée. Le 8 juillet, il lançait devant les sénateurs un appel à ses « amis libanais » : « Vraiment, nous sommes prêts à vous aider, mais aidez-nous à vous aider, bon sang ! » Autrement dit, « faites des réformes et vous aurez l’argent ». Tout cela fleure bon les aides « à la grecque » et une conditionnalité qui va plonger le pays dans un nouvel appauvrissement général, 30 ans après la fin de la guerre civile. L’effondrement du pays est l’occasion d’approfondir sa « néolibéralisation ».


       Pourtant, la crise actuelle du Liban n’est pas le fruit de la malchance, du virus ou des manifestations, ni même de la crise syrienne, qui a poussé un million de réfugiés dans ce pays. C’est le fruit d’un modèle de développement profondément néolibéral, engagé après la guerre civile sous la houlette des anciens premiers ministres Rafiq Hariri, assassiné en 2011, et Saad Hariri, son fils, chassé du pouvoir en janvier dernier par les manifestations. Pour le comprendre, il faut revenir au lendemain de la guerre, en 1990-1991.
        À cette époque, le Liban, qui avait été dans les années 1950 et 1960 la « Suisse du Moyen-Orient », est exsangue. Trente ans de guerre civile, la quasi-disparition de l’État, son dépeçage par les intérêts des factions et des pays voisins rendent l’économie ingérable. Naturellement, le pays manque de tout et doit donc tout importer. Comme il lui manque des devises, ses importations sont très coûteuses. L’hyperinflation menace, la livre s’effondre. Dans ces conditions, l’idée défendue par un certain nombre d’hommes d’affaires, à commencer par Rafiq Hariri, est de tout miser sur deux secteurs : l’immobilier de luxe et la finance. Grâce à leurs réseaux dans les pays du Golfe, ils espèrent financer la reconstruction par les pétrodollars en leur faisant miroiter de généreux profits. C’est l’adaptation du modèle des années 1950, mais en remplaçant son aspect commercial, où les négociants libanais étaient les intermédiaires entre le monde arabe et l’Occident, par une économie plus financiarisée. C’est un modèle adapté au néolibéralisme.
      De fait, le Liban peut devenir une forme de cas d’école du genre. On se souvient que la particularité du néolibéralisme réside dans un État mis au service du capital, principalement financier. L’État libanais va être utilisé à cet effet comme peu d’autres. D’abord, dès 1991, le Parlement vote le transfert de la propriété de dizaines de milliers de petits propriétaires du centre de Beyrouth à un promoteur immobilier, Solidere, détenu par des investisseurs du monde arabe et des Libanais, dont Hariri. Ce type de transfert va se multiplier. Comme le souligne l’historien spécialiste du Liban à l’université néerlandaise de Liverpool Hannes Baumann, dans un texte de janvier 2019, le Conseil de développement et reconstruction, créé dans les années 1960 pour favoriser le rôle de l’État, est alors mis au service de ce développement immobilier. Progressivement, le centre historique de Beyrouth est rasé pour laisser place à de grands ensembles d’immobilier de luxe.
       Mais une telle stratégie ne pouvait fonctionner qu’avec une monnaie forte et stable. Les investisseurs étrangers ne viendraient pas placer leur fortune au Liban pour la perdre ensuite en dévaluations. Il fallait donc stabiliser la monnaie. À l’automne 1992, le gouvernement décide de donner à la banque centrale, la Banque du Liban (BdL), la charge unique de la stabilisation de la livre libanaise, avec pour ambition de l’ancrer à un taux de change stable par rapport au dollar. C’est chose faite en décembre 1997, où la valeur de la livre est fixée à 1 500 par dollar. Avec cet ancrage, les dirigeants libanais espèrent faire d’une pierre plusieurs coups : favoriser non seulement l’immobilier, mais aussi le secteur financier, et mettre fin à la vie chère en réduisant les prix à l’importation.
      Bref, c’est la stratégie classique du « ruissellement » qui est mise en œuvre au Liban. On espère que les investissements étrangers vont se traduire par des emplois et un développement plus large. Pour être bien sûr de ne pas effrayer les riches, on fait reposer la fiscalité sur la TVA, plus que sur un impôt progressif. En cela, le Liban ne fait pas exception à cette époque. C’est le choix de plusieurs pays émergents alors, tels que la Bulgarie, la Croatie, l’Albanie ou l’Équateur, par exemple. Autant de pays où le ruissellement se fait toujours attendre…
     Ce sera aussi le cas au Liban. Pendant une grosse dizaine d’années, le système tient tant bien que mal. Mais, comme le souligne Hannes Baumann, le capitalisme libanais prend de plus en plus une forme rentière qui est assez spécifique du néolibéralisme, mais a été poussée à des niveaux très élevés dans ce pays. Alors que le Libanais moyen n’avait guère les moyens ni d’investir, ni d’habiter dans les résidences luxueuses construites par centaines à Beyrouth, les plus riches, eux, profitaient pleinement des effets de la politique de la Banque du Liban.
      En effet, pour maintenir la parité de la livre libanaise, la BdL a cherché à attirer les réserves en devises de la diaspora libanaise, des plus riches et des investisseurs du Golfe avec de très généreux taux d’intérêts. Concrètement, la BdL empruntait effectivement les devises aux banques commerciales libanaises qui, elles, les récoltaient auprès des investisseurs avides de taux élevés. Cela permettait à la BdL de disposer de réserves pour financer le déficit courant du pays et, le cas échéant, défendre la monnaie. Mais ce système ne fonctionne que si le pays utilise effectivement sa stabilité monétaire pour financer son développement, réduire son déficit commercial et, in fine, pouvoir réduire les taux. Ce n’est pas du tout ce qui s’est produit au Liban.
      L’économiste Toufic Gaspard, de l’université du Sussex, a étudié de près, dans un article de 2017, cette politique monétaire de la BdL et en a montré la nocivité. Sur la période allant de 2011 à 2016, le taux payé pour les dépôts en dollars par la banque centrale était en moyenne supérieur de 5 points de pourcentage au taux interbancaire de référence, le Libor. « À tous points de vue, le taux d’intérêt de la BdL est très généreux », conclut-il. Selon lui, un taux allant de 2 à 2,5 % aurait permis d’attirer les dollars dans les caisses de la BdL.
       Or cette générosité a de nombreuses conséquences négatives. D’abord, les banques commerciales préfèrent évidemment prêter leurs fonds à la généreuse BdL plutôt qu’à l’économie libanaise. Près des trois quarts des bilans des banques libanaises sont ainsi constitués de créances sur la BdL ou l’État. À l’inverse, il est donc très difficile de financer des investissements productifs au Liban. Dès lors, seuls les projets très rentables comme l’immobilier de luxe sont financés ; l’outil productif, lui, est resté inexistant.
    À quoi bon, au reste ? La stabilité de la livre offrait effectivement un pouvoir d’achat supérieur en importations aux Libanais par rapport à la plupart de leurs voisins. Pourquoi se lancer dans la construction d’une usine lorsqu’il est meilleur marché d’importer les biens que de les produire ? Pourquoi investir dans l’outil productif en devant s’endetter à des taux prohibitifs lorsque la BdL offre des taux fabuleux pour l’emploi de son argent ?
     Le pays a alors connu un effet d’éviction de sa structure productive vers la finance. Globalement, le Liban pouvait, avec cette monnaie forte, avoir l’illusion de vivre sur les importations. La balance des paiements affiche donc un déficit de près d’un quart du PIB, ce qui suppose un afflux de devises important et, partant, un maintien du système de monnaie forte et de taux élevés.
    Une petite classe moyenne a certes pu voir le jour dans les années 2000 dans ce système, formée de négociants d’import-export, de responsables du secteur du tourisme ou d’employés du secteur financier. Mais, globalement, la croissance libanaise a été profondément inégalitaire. Ce sont les détenteurs de la richesse financière qui ont profité de ces politiques.
     Les chiffres du World Inequality Database (WID) sur le pays sont sans appel. Entre 1990 et 2016, la part de la richesse nationale détenue par les 10 % les plus riches est passée de 52 % à 57,1 %, tandis que celle détenue par les 50 % les plus pauvres est passée de 12,9 % à 10,7 %. Désormais, la moitié de la population détient moins de richesse que les 0,1 % les plus riches, qui captent 11,1 % du revenu national. Le ruissellement a échoué, au Liban comme ailleurs.
    Dans ces conditions, l’État libanais, en bon État néolibéral, est venu colmater, tant bien que mal, les brèches. L’emploi public est parvenu à assurer une certaine stabilité de la demande intérieure. Mais le Liban étant ce qu’il est, cet emplois public a, bien sûr, été souvent détourné à des fins communautaires pour « récompenser » des services politiques. Cela a sans doute gonflé la dépense publique et réduit l’efficacité de l’État. Cette corruption a aussi conduit à une préférence pour la dépense courante plutôt que pour l’investissement.
    Ainsi, Électricité du Liban (EdL), l’entreprise d’État qui gère le réseau électrique, est souvent présentée comme la preuve de la mauvaise gestion étatique. C’est indéniable. La corruption a gonflé les effectifs au détriment des investissements de maintenance. Mais le point essentiel est que l’État n’avait guère d’intérêt à développer les centres de production libanais et leur productivité puisque les importations étaient bon marché grâce à la monnaie forte.
   En réalité, ne voir dans la crise libanaise que le résultat d’un État trop présent et corrompu est un raccourci qui manque l’essentiel. L’État néolibéral est, par nature, au service des intérêts du capital, et sa fonction est souvent de pourvoir aux conséquences néfastes de cette politique par d’importants déficits publics. En l’espèce, l’immense déficit de l’État libanais de 9,6 % du PIB l’an passé, qui a conduit la dette publique à atteindre 155 % du PIB, s’explique non pas par une générosité immense de l’État providence libanais, mais par le modèle économique néolibéral.
     D’un côté, pour ne pas effrayer les capitaux étrangers, on a limité les recettes fiscales en renonçant à tout impôt sur les revenus du capital et en frappant d’abord les petits revenus et la consommation. De l’autre, pour assurer la stabilité monétaire, on a dû consentir des taux d’intérêts très élevés pour financer le déficit. L’effet « boule de neige » de ces taux, qui veut que lorsque l’on emprunte à des taux trop élevés on doive emprunter plus au fil du temps, a été redoutable pour le Liban. Le service de la dette compte alors pour 9,5 % du PIB en 2019…
     À partir de 2011, l’économie libanaise ralentit fortement. La crise syrienne inquiète les investisseurs, qui redoutent une contagion à ce petit pays qui est toujours au cœur des différends géopolitiques de la région, et notamment du conflit irano-saoudien. Le tourisme marque le pas, l’argent arrive moins aisément et l’afflux des réfugiés syriens pèse sur les salaires locaux et les dépenses de l’État.
     Pour faire face à cette situation qui creuse le déficit commercial, la BdL se lance dans une fuite en avant en offrant, comme on l’a vu, des taux très élevés pour assurer ses ressources en devises. Sauf qu’elle aussi est soumise à l’effet « boule de neige » : elle voit ses besoins de devises croître sans cesse pour pouvoir rembourser les banques commerciales. Entre 2015 et 2019, le passif en dollars de la BdL est passé de 39 à 100 milliards.
     Or, en parallèle, la situation économique n’incite guère aux placements dans les banques commerciales libanaises. La croissance moyenne du PIB libanais entre 2011 et 2019 est de 1,9 % et l’économie est en stagnation à partir de 2017. Faute d’investissements, le chômage explose et atteint 37 % de la population active. « Le coût de la stabilité financière a été et reste immense », déclarait en 2017 Toufic Gaspard.
     La machine infernale se met alors en route, progressivement. Les réserves nettes de change fondent comme neige au soleil, passant en septembre 2019 à − 49 milliards de dollars, contre un quasi-équilibre en 2015, ce qui incite à des hausses de taux qui ne sont plus perçues comme des gages de profits par les investisseurs mais comme le signe d’une perte de contrôle de l’ancrage au dollar par la BdL. Dès lors, les fuites de capitaux s’accélèrent. Même la diaspora libanaise, première source de devises pour le pays désormais, hésite à placer ses fonds dans les banques libanaises.
     La BdL et son gouverneur Riad Salamé, qui est à la tête de l’institution depuis 27 ans, en ont été réduits à tous les expédients pour dissimuler le problème. En août 2016, Toufic Gaspard rappelle que la banque centrale avait dû renflouer indirectement en livres libanaises deux banques qui avaient perdu un milliard d’euros dans des investissements malheureux en Égypte et en Turquie pour s’assurer qu’elles continuent de lui apporter leurs devises. Récemment, Riad Salamé a été accusé d’avoir maquillé les comptes de la BdL de 6 milliards d’euros en 2018 pour dissimuler la situation réelle.
     Mais en septembre 2019, le vernis craque. Le taux réel de la livre commence à se déprécier sur le marché non officiel, faute de dollars disponibles. La BdL perd complètement le contrôle de la situation. Le gouvernement de Saad Hariri est contraint à trouver de nouvelles ressources et à réduire ses dépenses. Sur une population déjà frappée par la pauvreté et les inégalités, et justement révoltée par la mainmise sur l’État des oligarques et des groupes religieux et communautaires, l’effet va être dévastateur. L’annonce de la « taxe WhatsApp » sur les appels passés par cette application est l’étincelle qui met le feu aux poudres en octobre 2019.
     Dès lors, les fuites de capitaux se font encore plus rapides, la livre libanaise s’effondre. Le pays, fortement dépendant de l’extérieur, manque de ressources pour satisfaire ses besoins. La crise du coronavirus, en réduisant la richesse de la diaspora et en ruinant la saison touristique, achève de détruire l’économie libanaise. La livre ne vaut plus rien et la misère se répand dans le pays. Les salaires en livres libanaises ne peuvent plus rien acheter. C’est la route vers le chaos...."
   
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Miettes philosophiques

Publié le par Jean-Etienne ZEN

           Vagabondages réflexifs

          Les philosophes ne se bousculent pas dans les studios des différentes  radios. Il faut dire que la matière passe difficilement sur les ondes, surtout à des heures de grande écoute et sur les stations les plus populaires. On ne va tout de même pas perdre des auditeurs pressés avec des propos jugés a priori ennuyeux...même s'il est question de la vie, dans ses aspects les plus profonds, les plus existentiels. Réfléchir demande une attention particulière, parfois un effort, et ce n'est pas dans l'air du temps. Il faut faire vite, il faut faire rassurant, divertissant, il faut faire ludique et léger. Le "temps de cerveau disponible" (comme disait Patrick Lelay, le valet de Bouygues) est mobilisé de plus pour des fins souvent mercantiles. Priorité aux annonceurs et à leurs alléchantes propositions. Si vous voulez réfléchir un peu, prière d'aller sur France Culture, qui vous amènera vers l'exploration d'autres champs, de l'histoire à la réflexion philosophique, si vous consentez à mobiliser un peu de votre attention.                                                                                                                                                  Mais il arrive encore que certaines chaînes publiques se risquent, avec parcimonie et légèreté, avec humour parfois, à déranger un peu l'auditeur et à amener son attention sur des sujets qui ne sont plus ludiques ou commerciaux, mais qui le conduisent un moment loin des sentier battus et rebattus. Sans "prise de tête", comme on dit...               C'est ce que fait par exemple Pascale Seys, sur les ondes d'une station voisine, de manière originale, en évitant de faire un cours ennuyeux, en fournissant quelques éléments de réflexion philosophique pour tenter d'aller plus loin par soi-même.  Un peu comme Montaigne...Avec sa "philosophie vagabonde", elle instille des ouvertures vers des thèmes habituellement peu fréquentés, avec la modeste ambition de titiller notre pouvoir de réflexion, mettant ses pas dans ceux de CamusChaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais ma tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse...Ce qui semble bien, pour les temps présents,  un projet prioritaire.                                                                                                                                     Avec passion, mais sans prétention. Pascale Seys aime avec panache les "presque rien" et les "Tics de l'actu"  . A ses risques et périls.  On peut toujours trouver son bonheur...et aller plus loin.    ICI  ou ICI.

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Entre deux chaises

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

Furieux.
           L'ayatollah de l'Europe intégrée n'est pas content.

      Le voilà qui se fâche tout rouge contre ce que certains appellent pudiquement les "défauts" de l'Europe.
               En des termes qu'on attendait pas de lui.
                                                                Jean Quatremer, figure bien connue dans le monde du journalisme, spécialiste un peu atypique à Libération, suivant les question européennes de très près, laisse éclater une colère à première vue violente, mais légitime et salutaire à l'égard du système européen tel qu'il est devenu, de manière un peu provocatrice, pour susciter un réveil nécessaire des hommes et un changement radical des institutions. Il met les pieds résolument dans le plat. Ce n'est pas nouveau, mais de la part d'un auteur qualifié d'europhile, parfois d' eurocrate, cela amène quelques questions.
[On peut consulter les premières pages]
       Tout cela sur fond de croyance fédéraliste, lui qui n'a cessé, depuis ses premiers billets, de faire appel à plus d'unité politique et de dénoncer les dérives marchandes, les scandales et les élargissements aveugles. Sa critique est au début de son livre très véhémente, reprenant à son compte les plus sévères émanant de certains courants anti-européens.
     On pourrait le comparer à un nouveau Luther fustigeant avec force et parfois violence les excès et les déviations de l'Eglise de son temps et de sa hiérarchie souvent corrompue, détournées de leur mission essentielle, et centrant son message rénovateur sur le dépouillement, les textes fondamentaux et la foi, en deçà du désolant  virage maastrichtien.
    Quatremer veut encore croire à une reconstruction de l'Europe, à un certain retour des idéaux fondateurs d'après-guerre, à un projet fédérateur dont nous sommes éloignés par aveuglement et par égoïsme national. Retrouver le chemin d'une politique commune, qu nécessiterait d'autres institutions, une vraie révolution. Pour faire face aux défis économiques qui nous attendent.
     Retrouver le chemin de la foi. Mais la question est de savoir si la seule foi peut sauver et permettre d'opérer le virage salutaire qui nous sortirait des lois d'un simple marché libéral, voulu par les anglo-saxons, accepté par les élites pantouflardes de l'UE, de la suprématie de fait de l'Allemagne devenue la référence et la donneuse de leçon. L'auteur est silencieux ou vague sur les conditions qui permettraient à Bruxelles de sortir de la bureaucratie tatillonne et à courte vue qu'elle est devenue, de dépasser l'extrême financiarisation dans laquelle elle s'est elle-même piégée, après avoir joué un certain rôle redistributeur, mais sans solidarité durable.. Il est surtout bien allusif sur les influences néolibérales qui n'ont cessé de marquer de leur empreinte des institutions, que Delors lui-même ne reconnait plus sur ses vieux jours.
 _____________         Dans son livre Les salauds de l'Europe, l'auteur, désabusé, dit:
                  "« Longtemps, j'ai cru en l'Europe. Longtemps, j'ai souhaité l'émergence des États-Unis d'Europe. Longtemps, j'ai pensé qu'elle était notre Terre promise, celle qui nous permettrait de dépasser les États-nations, ces fauteurs de guerre. Aujourd'hui, c'est fini. Je n'y crois plus. Elle n'a pas été inutile, mais son rôle historique est derrière elle... »
     Comme dit Joseph Savès, "c'est par cette confession désabusée et sans équivoque que débute l'essai iconoclaste de Jean Quatremer. Le journaliste rappelle avec brio les origines de l’aventure européenne. Mais c’est pour mieux dénoncer ensuite les dérives qui, du talentueux Jacques Delors au piteux Jean-Claude Juncker, ont mené à l’impasse actuelle.
    Y a-t-il une lumière au bout du tunnel ? Jean Quatremer détaille en quelques pages une possible sortie par le haut. Mais lui-même n’y croit pas vraiment. Son essai s’adresse aux européistes convaincus : quand le clergé lui-même ne croit plus à son dieu, est-il encore raisonnable de le prier ? N’est-il pas temps de repenser l’avenir ? Ce qui reste de l’Union est plus néfaste qu’autre chose. Mais le projet communautaire demeure nécessaire. Il s’agit de le refonder....
     "..La Commission européenne a affirmé son autorité sous la présidence de Jacques Delors (1985-1995), lequel a pu convaincre les États d’adopter aussi bien Schengen que l’Acte Unique et la monnaie unique. Il a seulement échoué sur l’Europe sociale.
Mais ses successeurs, rivalisant d’incompétence, ont rapidement réduit la Commission à n’être plus que le secrétariat du Conseil européen des chefs d’État et de gouvernement. Jean Quatremer a des mots très durs pour Jacques Santer, dont il a provoqué la chute en 1999 pour cause de corruption, comme pour Romano Prodi (1999-2004) et son commissaire à la concurrence Mario Monti, qui ont bradé l’industrie européenne, Manuel Barroso (2004-2014), homme-lige de la banque Goldman Sachs, impliquée dans la crise de 2007, et bien sûr Jean-Claude Juncker, qui a érigé son grand-duché en paradis fiscal.
Le Conseil européen, organe suprême de l’Union, est donc revenu au cœur du jeu. Il se réunit désormais tous les mois ou tous les deux mois. Mais c’est seulement pour constater ses désaccords sur tous les sujets d’importance : Ukraine, Russie, énergie, libre-échange, travailleurs détachés, terrorisme, migrants etc. La faute en est à l’élargissement intempestif de l’Union de quinze membres en 1995 à 27 ou 28 aujourd’hui, avec des niveaux de développement très différents.
     Jean Quatremer exécute en passant le Parlement européen, caution démocratique de l’ensemble : ses députés n’ont d’européens que le nom car ils sont élus sur des logiques partisanes nationales. « Quand sur certains textes, on voit les députés allemands voter comme un seul homme pour ou contre, de l’extrême droite à l’extrême gauche, comment ne pas ressentir un malaise ? » (p. 23). Leur légitimité est contestable quand on songe qu’un député français représente douze fois plus d’électeurs qu’un maltais. Enfin, le Parlement n’a pas l’initiative des lois et dans le domaine législatif, « il a le même poids que le Conseil des ministres qui n’est, au mieux, qu’élu au suffrage indirect » (p. 24).
   Fait aggravant pour Jean Quatremer : la médiocrité des chefs qui y siègent aujourd’hui et notamment du couple franco-allemand. « Aucune personnalité d’envergure ne sort du lot, si ce n’est par défaut, celle d’Angela Merkel, la chancelière allemande » (p. 21). Les conséquences en sont dramatiques : « Il suffit de voir dans quel état de panique cet aréopage distingué a géré en dépit du bon sens la crise de la zone euro entre 2010 et 2012, entraînant les uns après les autres les pays dans le gouffre, dont la Grèce n’est toujours pas sortie sept ans après ! Et cela se paie par des centaines de milliers de vies brisées » (p. 22).
      Jean Quatremer s’alarme des conséquences de l’incurie européenne : « Le ‘doux monstre de Bruxelles’ qui impose le bien européen à coups de normes rigides et souvent idiotes, est devenu le principal destructeur, non seulement de l’idéal européen, mais aussi de la démocratie. Par une sorte de retournement historique, il en vient même, par son existence, à menacer la paix… » (p. 10).
      Le journaliste en voit la raison dans le dogmatisme étroit des agents européens :
« Engluée dans une idéologie libérale et libre-échangiste promue par la Commission, l’Union refuse par principe d’offrir une protection aux citoyens européens alors qu’elle a été fondée sur le principe de la préférence communautaire. L’Union est devenue l’idiot utile de la globalisation et le reste du monde en profite : la Chine par exemple… » (p. 31). « Pour l’Union, tout ce qui est une barrière, même si celle-ci obéit à une bonne raison, doit être abattu, quel qu’en soit le prix à payer. Le dogme avant tout et le dogme, c’est l’absence de frontière » (p. 30).
     Jean Quatremer constate aussi l’échec de la monnaie unique et ses effets délétères sur la solidarité européenne. Il rejoint le point de vue que développe depuis plusieurs années Joseph Savès sur notre site : « Lancée en fanfare en 1999, la monnaie unique, qui devait elle aussi doper la croissance et protéger les Européens contre les chocs extérieurs, n’a pas rempli son rôle, comme l’ont montré la crise financière et économique de 2007-2008, puis la crise de la zone euro de 2010-2012. (…) Depuis le lancement de l’euro, la France est en déficit commercial alors que l’Allemagne accumule les excédents dans des proportions sans précédent. L’euro, qui peut le contester, a appauvri la France et tous les pays du Sud, mais a bénéficié plus que de raison à l’Allemagne » (p.31).
      Et l’auteur d’en tirer la conclusion avec l’amertume que l’on devine chez un jeune sexagénaire qui découvre s’être illusionné toute sa vie : « Un triste bilan. Cet astre mort qu’est devenu l’Union n’a plus de raison d’être, il n’apporte plus aucune chaleur, bien au contraire. Elle est un problème en elle-même. Il est temps de redonner leur liberté aux nations européennes qui ont été la source de la grandeur du Vieux Continent. Il faut libérer les énergies au lieu de les entraver ! » (p. 38).
     Un exemple cité par l'auteur des nombreuses dérives d'une Europe bien lointaine: Le monolinguisme, l’un des traits les plus significatifs de la « Bulle européenne »:Par négligence et lâcheté, les dirigeants de l’Union et les fonctionnaires de Bruxelles ont laissé choir le multilinguisme et n’usent pratiquement plus que d’un seul idiome… L’anglais ? Que nenni. « À Bruxelles, c’est le globish qui règne en maître, une forme appauvrie à l’extrême de la langue de Shakespeare qui permet tout le monde de communiquer sans problème » (p. 155). Cet idiome est semé de néologismes propres à la Commission au point qu’il a fallu publier un dictionnaire des correspondances entre le mot anglais et sa traduction en globish bruxellois (comme for example au lieu de for instance).____Il ne s’agit pas d’un trait secondaire ! « La langue n’est pas neutre, rappelle Jean Quatremer. Elle véhicule des valeurs et des concepts et, surtout, seule la langue de naissance permet de communiquer au plus près de sa pensée : ce n’est pas un hasard si un Américain, un Chinois ou un Japonais ne négocie jamais dans une autre langue que la sienne » (p. 155).
_______________Un magazine eurocitoyen renchérit mollement. 
       Mais une grande interrogation surgit au sein de cette critique assez violente et inattendue, quoique justifiée pour beaucoup d'observateurs, même europhiles de la première heure: comment un retournement pourrait-il se faire dans les conditions actuelles, à moins d'une crise majeure? Aucune tendance forte ne se dessine, même au sein des courants progressistes qui siègent au parlement européen sans grand pouvoir. Pas d'homme d'exception à l'horizon susceptible de marquer d'un empreinte réformatrice forte le système berlino-bruxellois. Il semble bien que le ver soit dans le chou.
        Quatremer n'est-il pas condamné encore longtemps à la désillusion? On peut le craindre.
__________
- L'euro est-il viable à long terme?
- Nouvelle question allemande
- Où est passé le peuple européen?
Europe vassalisée
- Et pourtant elle ne tourne pas...
L'Europe fait fausse route
Revoir le chantier.
- L’euro n’est pas viable à long terme», selon l'Institut Jacques Delors
Aux origines de la construction européenne
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Les fruits des pesticides

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Fruits de la colère

                           L'agriculture productiviste a généré au cours des années des effets qui sont maintenant trop visibles, détectés dans les endroits les plus inattendus, dans les organismes humains, sans parler des dégâts sur la flore et l'environnement général. On le sait, on en parle, on le déplore, on en débat, on annonce des mesures, mais on diffère sans cesse, sous la pression des lobbies de l'agroalimentaire."...Avoir un objectif, c’est bien, mais l’atteindre c’est mieux. L’Union européenne clame haut et fort sa volonté de réduire de moitié d’ici à 2030 le recours aux pesticides les plus dangereux – herbicides, fongicides, insecticides en tête. Depuis 2011, les Etats membres doivent même éliminer les 55 pesticides les plus nocifs. Problème, un rapport de l’ONG Pesticide Action Network Europe (PAN) révèle ce mardi que leur présence dans les légumes et surtout les fruits vendus au sein de l’UE a considérablement augmenté au cours des dix dernières années, entre 2011 et 2019...."                                                     Faute de décisions politiques rapides, radicales et communes, les dégâts ne pourront que grandir pour la santé humaine. Changer nos modèles agricoles n'est plus une option. En France comme ailleurs. C'est à une révolution qu'il faut penser, en faisant appel à l'intelligence, au bon sens même. Or les objectifs ne sont pas tenus. Depuis les avertissements clairs de Mme Robin, il n'y a plus lieu de tergiverser ou de s'installer dans les demi-mesures. L'arme du doute a assez sévi. Combien de produits doivent être bannis pour la survie générale. Une autre agriculture est possible.                                                                                                                                          D'une façon générale, le problème qui hante nos campagnes: le déclin du monde agricole fait de plus en plus problème. Depuis l'étude Henri Mandras, il est en déclin, pas du seul fait de la modernisation, de la productivité, dont le coût n'est pas anodin: "... Il annonçait La Fin des paysans, publié en 1967. Le sociologue y décrivait le déclin inéluctable d’une civilisation paysanne millénaire, familiale et autarcique, et l’apparition de la figure de l’agriculteur, intégré à un système dont il n’était que le premier maillon, alimentant les usines agroalimentaires qui fournissaient elles-mêmes la grande distribution. Il soulignait le basculement du monde de la terre dans un modèle productiviste, qui a désormais atteint ses limites, avec ses excès d’intrants, ses pollutions, ses élevages hors-sol…« Paysan » ou « agriculteur », la sémantique divise toujours les universitaires et les intéressés eux-mêmes. Au moins le premier renvoie-t-il à une vision nostalgique de celui qui nourrit, vit dans un « petit pays » et façonne le paysage – avec d’autres acteurs venus de la ville. Au-delà de la querelle des mots, les chiffres expriment une réalité implacable : le nombre d’exploitations, et donc de leurs propriétaires, est passé de 1,6 million en 1970 à 389 000 en 2020. Le plus grand « plan social » des cinquante dernières années..."   Le déclin de la population agricole se poursuit. Une  mutation qualitative aussi. Le colère paysanne a plus d'une cause.                                                                                                         La grand messe de la Porte de Versailles, grande vitrine pour Parisiens hors sol, ne doit pas masquer les mutations en cours et les crises profondes que vit le monde paysan, surtout dans les secteurs  de l'élevage de moyenne grandeur.

   L'agrobusiness galopant en cours va-t-il finir par avoir raison de l'agriculture relativement raisonnée  en vigueur jusqu'ici? Rappelons-nous de l'affaire Lactalis et celle de la ferme des mille vaches.
  Les paysans ont de moins de pouvoir sur leur activité, soumise à la loi du marché.
 La réforme de la PAC fragilise un peu plus des régions entières où la précarité, parfois la détresse, devient de plus en  plus prégnante. L'ouverture  aux marchés, maintenant aussi internationale, crée des inégalités de fait  tant au niveau de la qualité des produits que du niveau de vie des agriculteurs.
    Les précaires invisibles deviennent de plus en plus nombreux, malgré le silence dans nos campagnes.
  Le "malaise" est  la conséquence d'évolutions rapides qui mettent à mal l'exploitation familiale dans ce qu'elle avait encore de traditionnel. le quantitatif tend à primer sur le qualitatif.
  Changer le système, hérité de Pisani, devient une nécessité, sous la poussée de nouvelles exigences et des changements climatiques en cours, ainsi que les exigences de revenus décents dans la concurrence des firmes et de la pression des grands distributeurs.
  La survie est possible à certaines conditions, qui ne dépendent pas seulement des agriculteurs eux-mêmes, mais aussi du contrôle du marché et des aides sélectives accordées, comme on le fait en Norvège et même aux USA. Une profonde réforme de l'aide de Bruxelles s'impose.
  Sans cela, on verra la crise s'approfondir, notamment avec le vieillissement de la population agricole et la hausse du foncier. Nos campagnes à l'abandon, voilà le risque, comme la revente des terres à des investisseurs privés, parfois étrangers.
    Répondre à certaines exigences de fond ne doit plus tarder. C'est une question vitale.
              Entendez-vous dans nos campagnes...♪♫♪

Petits (et grands) paysans
        Une autre paysannerie est encore possible:    L'agrobusiness est arrivé au bout de sa logique. Deux films assez récents témoignent à leur manière du malaise paysan et les drames qui se jouent souvent en silence dans nos campagnes: Au nom de la terre et Petit paysan.          Les suicides y sont nombreux: plus de un par jour dans une population encore en déclin démographique. Le système est devenu fou et le restera tant que la rentabilité à tous prix restera le moteur essentiel, que l'exploitant restera à ce point exploité par des groupes agro-alimentaires, des producteurs d'intrants, des banques  très intéressées. Les boussoles de ce que devrait être une agriculture pour le moins raisonnée et raisonnable sont perdues au niveau des grandes exploitations de type industriel. Les tentatives pour changer cette logique libérale sont encore trop rares, malgré les déclarations officielles. La question dépasse notre pays et les pays avancés, au coeur du commerce agricole mondial. Il s'agit de nourrir les hommes de la manière la plus satisfaisante, la plus juste et la plus durable qui soit. Au niveau européen, les quelques avancées de la PAC sont déjà compromises, dans la concurrence qui s'exerce au niveau des marchés, où la baisse des prix l'emporte sur la qualité et les perspectives d'avenir: la terre n'est pas une matière première comme une autre. De profondes réformes s'imposent. L'avenir en dépend.

 

                       L'agriculture va mal, du moins dans certaines filières et certaines régions      " Il s'agit de mettre en oeuvre, en Bretagne notamment, sans délai ni querelle inutile, un modèle de production viable économiquement, socialement, écologiquement.   Une filière de productions durables qui apporteront une forte valeur ajoutée, par la qualité, par la transformation. Et de ce fait, mieux à l'abri des fluctuations et à même d'affronter la compétition du marché au niveau européen et au-delà.   Des productions qui ne nécessiteraient pas l'assistanat financier institutionnel de l'Europe et de l'Etat par des subventions et des déréglementations artificielles...       Ce type d'agriculture, Pisani l'avait voulu et programmé dans les années 70: la Bretagne, alors en retard et enclavée, devait jouer un rôle pionnier, être à la pointe de l'agriculture intensive moderne et de l'élevage à grande échelle. L'autosuffisance alimentaire du pays et l'exportation étaient les objectifs. Il a reconnu plus tard certaines erreurs, notamment un remembrement sauvage et une trop grande et trop rapide industrialisation, à marche forcée. Mais la FNSA, au nom de la modernité, poussait en ce sens, ainsi que quelques gros bonnets.       Aujourd'hui, la première région agricole passe par une phase difficile."Aujourd'hui le cochon, hier les œufs, le lait ou les bovins, entre la pression de la grande distribution, la fluctuation des matières premières et la concurrence européenne, les crises se suivent et se ressemblent"  Les  bonnets rouges  ne sont pas tous bretons, mais certains Bretons (avec ou sans bonnet) sont en colère... Souvent avec raison, malgré les bonnets bénêtsCar la situation actuelle, pour diverses raisons, est mauvaise. Il va falloir réinventer l'avenir. L'agro-industrie bretonne n'est plus un modèle.  Elle est à bout de souffle.

 ___________    Il est temps de repenser l'agriculture dans son ensemble.
L'agrobusiness et son système de subvention ne peut être durable.
    Emportés dans le logique des multinationales, les agriculteurs ont perdu leurs repères.
La viande bon marché a un  coût  et la production demande à être repensée.
Les conditions de l'élevage du porc ne peuvent durer..
       Une nouvelle vision de l'agriculture s'impose.
De nouveaux défis à relever...
      Big is not toujours beautiful.
Chez Smithfield, on fait encore bigger. Good Food for everyone!
          Est-ce cel
a que nous voulons?   _____________________

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Sino-dépendance

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

   En sortir.
                 Le covid 19 a mis cruellement en évidence l'extrême dépendance de l'économie de notre pays par rapport à la Chine, passée rapidement de l'atelier du monde à celle de deuxième puissance économique mondiale.

      Nous avons progressivement délégué nombre de nos activités dites secondaires à un pays qui a su habilement attirer pas ses coûts de production des pans entier de notre économie, des plus basiques jusqu'au plus stratégiques, comme le domaine du médicament.
     Nous avons été naïfs dans notre vision à court terme.   L'interconnection des économies a parfois pris des formes extrêmes pour faire baisser les coûts de production et par conséquent les salaires. Le profit étant la loi et les prophètes.
         La dépendance de la production française "à l’égard de l’offre chinoise a pratiquement été multipliée par 10 entre 1995 et 2014 selon une récente étude du CEPII. Avec la pandémie, cette dépendance, qui révèle les failles d'un modèle libre-échangiste, est sous le feu des critiques.    
       La pandémie a fait disjoncter les chaînes de valeur mondiale. Les mesures drastiques de confinement décidées par les grandes puissances industrielles ont provoqué un brutal coup d'arrêt des échanges de biens à l'échelle de la planète. En Chine, plusieurs grands ports ont arrêté leurs activités et des méga-usines ont réduit fortement leurs productions pendant les périodes de confinement. Du côté de la France, la mise sous cloche de l'économie pour tenter de réguler la propagation du virus a entraîné des pertes colossales dans de nombreux secteurs économiques. Si l'industrie n'a pas été la plus touchée, beaucoup de grands groupes ont dû faire face à de vastes difficultés d'approvisionnement. C'est notamment le résultat de décennies de désindustrialisation, d'une division internationale du travail accrue..."

 

    Il aura fallu un grain de sable pour mettre en évidence l'extrême fragilité de secteurs parfois importants de nos activités économiques, pour prendre conscience d'une évolution qui semblait devoir durer sans fin.
    C'est une aspect de la nouvelle mondialisation qui est aujourd'hui en question et que nos responsables veulent voir cesser ou du moins ralentir. Mais la relocalisation sera longue, difficile pour maints produits et parfois impossible même à moyen terme.
     C'est la question de la souveraineté qui est en question, qui sera toujours relative.
  La réindustrialisation est une exigence qui demandera du temps et de nouvelles alliances.
       La sino-dépendance n'est pas prête de se réduire à un niveau plus raisonnable, surtout tant que l'Europe restera un nain politique.
                                                      ________________________
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Point d'histoire

Publié le par Jean-Etienne ZEN

  Adenauer et ses ombres  [notes de lecture]

        Le voile se lève peu à peu. On ne savait pas tout sur un chancelier devenu icône. Après la guerre, derrière la façade d'une démocratie chrétienne bien sous tout rapport, ce ne fut pas so sauber...Une période où le nazisme était encore influent, même s'il était supposé éradiqué. Il avait encore des sphères d'influence, même en plus haut lieu.

 

         On découvre le rôle joué par un nombre important de cadres au passé nazi pendant la période de Adenauer. Notamment Reihart Gehlen, qui joua un rôle notable         "... En juillet 1946  Gehlen est libéré en tant que prisonnier de guerre. Il est envoyé dans ce qui deviendra l'Allemagne de l'Ouest, avec pour mission de mettre sur pied un service de renseignement en Allemagne, financé par les Etats-Unis, afin de surveiller les pays de l'Est....D'abord consacrée uniquement au renseignement militaire, l'organisation Gehlen élargit son action au renseignement politique, économique et technique lorsqu'il entre en collaboration avec la CIA en . Le réseau Gehlen est une source de renseignement capitale pour les Américains, lui fournissant 70 % de ses informations militaires sur l'URSS.__La Gehlen aurait recruté et formé, dès 1946, plus de 5 000 agents est-européens et russes anticommunistes, avec parmi eux nombre d'anciens agents nazis, qui exécutent diverses opérations secrètes derrière le rideau de fer, comprenant l'espionnage, le sabotage, et la fourniture d'aide aux bandéristes ukrainiens, qui ont continué à entraver la mainmise soviétique jusqu'en 1956. Elle fournit également à la CIA des rapports précis sur le parc de missiles de l'Armée rouge pointés vers l'ouest.  Cependant, dans les années 1950, l'organisation, comme le MI-5, est infiltrée par des agents doubles du KGB qui trahissent des « douzaines d'opérations et des centaines d'agents » qui, plus tard, seront assassinés, à l'instar de Stepan Bandera.En , l'organisation Gehlen est transférée au gouvernement ouest-allemand. Elle sera intégrée au Bundesnachrichtendienst naissant (abrégé par BND et que l'on peut traduire par   « Service fédéral de renseignement »). Gehlen est promu lieutenant-général dans la Bundeswehr et devient directeur du BND. Il atteint le grade de Generalmajor.  En , l'opération Sting découvre que Heinz Felfe, chef du contre-espionnage au BND, est un agent double du KGB. En 1963, le chancelier Konrad Adenauer démissionne sous le coup du scandale. À cette époque, reconduit pour cinq ans comme directeur du BND, Gehlen démissionne, car son influence et son pouvoir diminuent...                                                                                                                                        ____ Mais il eu aussi la personne de Hans Globke, un proche collaborateur de chancelier,  un fidèle parmi les fidèles, qui organisa un système d'espionnage auprès du SPD, à l'origine d'un super Watergate pendant une dizaine d'année années, une  "incroyable opération de surveillance... est cœur d’un livre de 1 500 pages qui paraîtra, mi-mai, sous le titre Geheime Dienste. Die politische Inlandsspionage des BND in der Ära Adenauer (« services secrets. L’espionnage de la politique nationale par le BND sous l’ère Adenauer »                                                                                                                On peut lire ici une analyse de l'intense espionnage qui  s'exerça à Bonn pendant ces années charnières d'après guerre, dans le cadre de la guerre froide, avec la bénédiction de la CIA. _____

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