Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Retraites dorées

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Et régimes spéciaux
                       Il y a les régimes" spéciaux "et les régimes très spéciaux.
     Le débat sur les retraites continue cahin-caha, souvent obscur, parfois biaisé.
          ...Le dossier des retraites, comme celui de l’assurance maladie, est un faux débat. Il serait plus approprié de parler de manque de ressources car, en effet, c’est bien cette question qui est posée. Notre salaire différé, composé de nos cotisations, elles-mêmes issues de l’entreprise et de nos salaires, est le seul rempart contre l’idéologie libérale pour une véritable solidarité....


    On focalise sur les régimes dits spéciaux, alors qu'ils ne représentent que 3 % des salariés.
 Une paille par rapport à ceux dont on ne parle pas et qui ont des retraites en or.
   Il y a des retraités (ou futurs retraités) qui feraient mieux de se taire.
  Pour la grande masse, ce n'est pas l'opulence et cela ne va pas s'arranger
       Dans son numéro du jeudi 21 novembre 2019, Le Point révèle le coût des ex-Premiers ministres français. Et, ô, surprise ! Ce n’est pas donné. “3,6 millions d’euros : c’est le montant des moyens alloué par l’Etat en 2018 aux anciens Premiers ministres”, affirment ainsi nos confrères. “La députée LREM de l’Aisne Aude Bono-Vandorme vient d’obtenir, grâce à une question posée au gouvernement, le détail de cette somme. Si on exclut le coût de la sécurité, on arrive à un total de 1.010.661 euros, soit 101.000 euros en moyenne par ex-locataire de Matignon (ils sont dix).” L’hebdomadaire précise par ailleurs : “Le plus coûteux pour le budget de l’Etat est Bernard Cazeneuve, qui n’est pourtant resté à Matignon que cinq mois”... Et coûte près de 143.408 euros. Viennent ensuite, dans l’ordre : Jean-Pierre Raffarin (117.995 euros), Dominique de Villepin (110.808 euros), François Fillon (103.304 euros) et Jean-Marc Ayrault (102.420 euros). Lionel Jospin, Edith Cresson, Manuel Valls et Edouard Balladur, de leur côté, coûtent tous moins de 100.000 euros (entre 96.307 pour le premier et 69.106 euros pour le dernier). Le Premier ministre le moins cher ? Alain Juppé, avec 60.454 euros...
   Ils peuvent envisager leur vieux jours avec sérénité..

           Clémentine Autain était l'invitée du "8h30 franceinfo", samedi 23 novembre 2019. La députée LFI de Seine-Saint-Denis a notamment réagi aux propos d'Emmanuel Macron sur les régimes spéciaux. Le chef de l'État déclarait à Amiens vendredi 22 novembre que "cette mobilisation est avant tout la mobilisation de salariés d'entreprises qui relèvent de régimes spéciaux, donc c'est une mobilisation contre la fin des régimes spéciaux". Une déclaration qui, pour Clémentine Autain, est une "invitation à aller manifester".  La députée de LFI affirme que cette réforme des retraites concerne au contraire l'ensemble des salariés : "On part des régimes spéciaux, qui représentent environ les retraites de 3% des salariés, (...) pour toucher à l'ensemble du régime des retraites (...) Le régime par points, cela veut dire qu'au bout du bout, nous aurons des retraites plus basses, tout le monde"
       Le projet semble sans fin et risque fort, s'il aboutit, à être profondément inégalitaire.

 Si une part de redistribution-solidarité était remplacée par des fonds de pension, comme en  Hollande, ça ne manquerait pas d'inquiéter. On voit le risque et on l'a vu en 2008. Fonds de pension, pièges à cons?
   La voie allemande semble impensable.

   S'obstiner sur les mêmes bases, c'est risquer la sortie de route, comme dit l'ami de Macron, futur retraité très doré, qui vise à temporiser.
        Ce n'est pas le rapport du COR qui va éclaircir le problème, soulignant l'aspect purement comptable de certaines analyses, et venant embêter le gouvernement.
   Ce déficit n'est-il pas largement construit au cours des années passées?

                           _______________________________________________________________
Partager cet article
Repost0

Mais où est passée la gauche?

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Comme soeur Anne, on la cherche, désespérément

            Cette campagne électorale met cruellement en évidence la vacuité des débats politiques en général, favorisant la montée des extrêmes. Les thèmes identitaires viennent prendre dangereusement la place des questions socio-économiques, politiques au sens le plus général et profond, de projets de société républicains, laissant les opinions sans repères et sans véritable vision  d' avenir. Le courant socialiste a perdu l'essence même de ses projets initiaux, qui se sont effrités depuis les années 80, qui se sont dilués dans l'idéologie ambiante néolibérale, qui a tenu lieu de progressisme. Le septennat de F. Hollande a illustré au mieux l'aboutissement de cette tendance, avec son discours écartelé entre le discours et la réalité toujours mieux adaptée aux "lois du marché". 

 

 

             Le socialisme, si on met encore un sens à ce mot, serait-il dépassé?   C'est très timidement que ceux et celles qui se réclament encore de cette tradition jauressienne avancent, dans un contexte brouillé, où les valeurs marchandes et l'individualisme prennent le pas sur celles de solidarité et de justice sociale, où l'affairisme court-termisme fait flores.           On comprend mieux la timidité, la paralysie qui s'est emparée d'un mouvement qu'on peine à situer, même parfois dans la case social-réformiste Une certaine peur de pouvoir gagner et de refaire du hollandisme à la petite semaine s'est installée. Les rituels sont encore là, mais la messe est dite.  "...Les rapports de force qui structuraient jusque-là le réel politique ont perdu leur sens. Depuis l'effondrement du communisme et la fin des grands récits d'émancipation, les socialistes conçoivent la politique comme un théâtre moral où s'affrontent des «valeurs». Qu'il s'agisse du social ou du sociétal, de l'économie ou de la diplomatie, ses représentants se sont institués en leurs ardents défenseurs: humanisme moralisateur, droit d'ingérence néocoloniale, laïcité exclusive, rigueur comptable, etc..;.Depuis trente ans, la gauche au pouvoir, privée de repères et convertie au néolibéralisme, s'effondre en elle-même comme un astre mort. Elle a passé deux septennats à conjuguer la gestion néolibérale de la crise et l'auto-simulation des valeurs. La dyarchie du pouvoir politique sous la Ve République (président vs Premier ministre) a cédé la place à un duopole plus fonctionnel: gestion et communication. Delors et Pilhan. La gauche y forgera sa culture de gouvernement, ses leaders, leur pseudo-vertu. Nous vivons toujours dans ce vertige de la simulation dont le quinquennat Hollande aura été un moment fort. La politique y a perdu sa passion cynique pour s'abandonner au cynisme sans passion d'une gauche de comédie..."           Plutôt tragique... Et l'on s'étonnera que les pauvres votent à droite, ou pire, prêtent l'oreille aux délires des extrêmes. Je ne suis plus un président socialiste, disait F.Hollande en 2013. Il n'était pas nécessaire de l'avouer, ou de chercher une autre voie par défaut.  ___________

Partager cet article
Repost0

Black is back

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

Il y a de l'espoir ♪♫♪
                  Black is back. On n'y échappera pas, au Black Friday. 
             Revient de nouveau la fièvre acheteuse.
          Un mal qui répand la fureur.
  Auchan dégaine, Carrefour fourbit ses armes, Amazon prépare ses troupes...
 Les zyper-con-sommateurs sont dans les starting-blocks.
   Ça va saigner. Alibaba a déjà fait un malheur. 
 Non, ce n'est pas le vendredi noir de sinistre mémoire.
  Mais au contraire celui de la folle euphorie des super bonnes affaires, réelles ou imaginées. Tout le contraire d'une crise majeure. Pour certains du moins. Gros succès garanti. Toutenpromo!
   Le piège à gogo va fonctionner à fond. Les cartes-bleues vont chauffer.
 Un rituel bien made in USA, après le sacrifice de la dinde, dont le succès ne se dément pas. Toutes les occasions sont bonnes. Il n'y a pas de petits profits.
  De quoi mettre provisoirement un terme aux frustrations quotidiennes, du moins pour un temps limité, dans l'euphorie des bonnes affaires à réaliser...La sur-consommation est reine. Les zhypers sont supers.
   On se croit roi et l'on est esclave. Les biens nous possèdent.
 Pour la citoyenneté responsable, on attendra
     Mais des appels à la résistance commencent à se faire entendre pour maîtriser les dérives pulsionnelles et amener à un sursaut responsable. 

 
  ....Directement importé des Etats-Unis, le "Black Friday" pose ses valises en France. Après une arrivée avortée en 2015 (en raison des attentats du 13 novembre), c'est en 2016 que la fête commerciale américaine s'établit dans l'Hexagone. ...Un engouement certain. Comment expliquer ce phénomène?
       Outre-Atlantique, le "Vendredi Noir" est célébré au lendemain de Thanksgiving. S'il revêt un caractère symbolique pour de nombreux américains, Thanksgiving ne signifie pas grand-chose en Europe. Pas plus que Black Friday, d'ailleurs. Cette courte période de solde n'a pour autre ambition que de combler un vide du calendrier.   Pour les distributeurs français comme pour les distributeurs américains, créer de toutes pièces une fête entre Halloween et Noël était surtout une idée juteuse pour appâter les consommateurs avant les achats de Noël.    "Les courses de Noël se font à 60-70% sur les trois premières semaines de décembre. En août-septembre, c'est la rentrée (...). Novembre est un temps mort commercial"explique Laurent Thoumine, directeur exécutif de l'activité de conseil pour la grande distribution chez Accenture. La grande distribution accueille à bras ouverts cette importation américaine : à moins d'un mois des soldes d'hiver, il n'y a pas de petits profits..."
                                  ____________________________
Partager cet article
Repost0

Toujours joignables?

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 Droit à la déconnection

                                     La plupart de nos contemporains, que ce soit pas nécessité professionnelle ou par mode, sont tenus par une injonction qui est devenue inconsciente parfois un impératif de tous les instants: il faut être joignable, prêt à répondre au moindre appel.   Pour le médecin ou le sauveteur, on comprend. Là où l'urgence vitale, économique ou sociale ne s'impose pas, c'est plus problématique. C'est même devenu souvent une contrainte intériorisée qui nuit au quotidien, qui pollue le rapport à la vie réelle, qui pèse à tel point que s'impose à un moment le désir de se séparer, au moins pour un temps, de l'enchaînement numérique devenu pressant. Le portable n'est plus seulement un outil, mais colle à  l'existence comme une partie de soi-même au point que son absence, même passagère, devient génératrice de mal-être existentiel. Au point que de plus en plus on revendique le droit à la déconnection.          __Selon une dépêche de l'AFP déjà ancienne (Londres) - "Les utilisateurs de téléphones portables peuvent ressentir du stress et de l’anxiété s’ils se trouvent séparés de leur téléphone portable pour une période prolongée, selon une étude britannique 90% des personnes interrogées dans le cadre de cette enquête ont affirmé ne pas pouvoir s’empêcher de consulter leur téléphone au moins une fois par heure. Quatre personnes sur cinq disent se sentir mal à l’aise si leur téléphone est hors de portée pour une période prolongée et 84% ne laissent jamais leur portable hors de vue. Perdre son portable est pire que perdre son porte-feuille ou ses clés de maison pour 60% des personnes ayant participé au sondage. Pour une personne sur 7, être séparé de son portable se traduit par un sentiment d’anxiété ."Les gens commencent à considérer leur téléphone portable comme un être humain car il symbolise contact, amitié et attention", a commenté le docteur David Nott, spécialiste des addictions au Priory hospital de Southampton (sud de l’Angleterre), consulté dans le cadre de cette enquête".]

                                Pour un oui, pour un non. Du plus futile au plus sérieux. En toutes occasions. On comprend que cela ait un sens pour l'urgentiste et le dirigeant, pour le grand randonneur qui prend des risques comme pour la mère qui doit garder un contact précieux avec un enfant éloigné.. La rapidité de la communication et de la réaction fait partie de l'efficacité.  Mais tout est question de dosage. Pas seulement.  Que de messages envoyés, inutiles ou sans véritable contenu, sans valeur utilitaire réelle!.. Les réseaux bruissent de rumeurs, dont la vacuité ne sautent toujours pas aux yeux, des communiquants faisant chauffer inutilement les immenses centres de data. 

 

                                C'est la fièvre du portable, qui porte un nom: nomophobie. Jusque sous la couette. Dès le réveil. Le temps personnel s'épuise dans des échanges sans fin. "Etre sans" est vécu comme une frustration intolérable. Sans réseau, nous sommes comme Robinson, abandonnés. Vivre loin du e-contact permanent devient une souffrance. Vivre pour soi-même n'affleure plus l'esprit dans certains cas. Se taire et parler de vive voix tendent à devenir rares, même en proximité physique, de plus en plus tôt. Laisser un temps l'objet communicant tend à devenir inenvisageable, comme le doudou des petits. Le temps plein, vivant, intensément vécu, aux contacts réels s'amenuise. Les quartiers se vident de présences puisque on échange sur les réseaux sociaux avec trop d'"amis", de "followers"" en veux-tu en voilà. Pour quels bénéfices? La disponibilité devient peau de chagrin, même à l'intérieur des familles, même au cours d'un repas, même dans un couple. Et la vie dans tout ça?....                               Question de dosage, sans céder à l'addiction. Prendre le temps de vivre réellement...Débrancher, comme certains le font. Ne pas être toujours joignable comme un cadre toujours disponible, dont les heures ne sont plus comptées..

_________ Comment s'en passer...ou moins en dépendre?
                                     Un fil à la patte qu'on ne remarque plus.
Pour le cadre censé être constamment joignable même le dimanche et l'adolescent esseulé jusque dans sa classe.
               Que faire sans mon smartphone?
               C'est le vide, le désert, la désolation....
               Allo, maman, bobo!...♫♪♫ 
   Smart: chic, astucieux, intelligent... et tout ce qu'on voudra. Mon smart, c'est moi...Jamais sans mon smart.
      On ne parle pas des usage utiles de ce morceau de plastique à puces, ce couteau suisse de la communication tous azimuts.
        Très bien pour l'urgentiste, le professionnel pressé, le blessé isolé...
   Tout est question de dosage, comme certains produits toxiques, qui peuvent guérir ou tuer.
  Pour le reste...
                     Coupezconseille un sage un peu technophobe.
Pour échapper à la tyrannie de l'appareil à puce.
..Pour que  le petit colifichet pour adultes inconséquents et immatures retourne à sa place : celle d'un simple outil occasionnel
    Il n'a pas tout à fait tort quand il parle de merveilleux gadget de la vacuité, désignant cet appareil comme le paradigme de notre folie actuelle. Il a bouleversé nos relations, brisé notre faculté d'aller vers l'autre et de l'écouter ; il a transformé notre rapport au temps et à l'espace, faisant de son utilisateur une abeille butineuse, incapable de rester en place, de fixer son attention sur un moment unique....

      Il est vrai qu'il crée une dépendance très problématique, qu'il constitue un  fléau scolaire, allant jusqu'à une certaine  robotisation des esprits, à une dépendance consentie,  à un totalitarisme mou.
   "... Le téléphone portable, Facebook participent de l’érosion de l’institution scolaire, parce qu’ils en sont exactement l’antithèse. Mélanges des domaines public et privé, ils s’opposent à l’exigence que l’élève, en entrant dans l’enceinte scolaire, quitte son monde privé pour l’espace public, abandonne ses goûts personnels et adopte les règles communes, mette de côté ses opinions pour acquérir des savoirs. Le portable qui vibre en cours, l’élève qui y jette un œil ou tape sur son clavier posé sur ses genoux en faisant semblant d’écouter signifient que la coupure institutionnelle n’existe plus, que l’élève est devant son professeur un individu à part entière, dont la vie est plus urgente et importante que tout ce qui pourra lui être enseigné. De même, quand les élèves passent jusqu’à 3 heures par jour sur Facebook et deux heures devant la télévision, mais lisent au mieux 2 heures par semaine et travaillent chaque soir moins d’une heure, c’est que le savoir est démonétisé, que le narcissisme et le divertisse- ment l’ont emporté sur la constitution de soi par la culture..."

    L' usage intensifs des sms n'est pas sans conséquences.
         Twitter devient une activité chronophage et une béquille aux  manques de relations réelles.
   L'exacerbation du narcissisme s'y exerce sans frein.
        Voici qu'arrivent la I-watch et les lunettes Google...
Prêt pour une traçabilité  maximale, pour le plus grand bonheur des sites marchands.
      Il serait temps de se déconnecter pour respirer. 
Pour vivre...

_________________________________

Partager cet article
Repost0

Petite pilule calmante

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

...Pour soulager le malade?
                   Ça fait du bien, mais la guérison est loin.
          C'est mieux que rien pour l'instant, dira-t-on, mais cela ne règle pas les problèmes de fond, notamment la logique du système hospitalier, son management, tel qu'il s'est mis en place surtout depuis une dizaine d'années.
  C'est l'avis de la majorité des personnels de santé, toutes catégories confondues.
   Ce n'est pas du tout à la hauteur des attentes


 Quand on sait que, par exemple, les infirmières sont parmi les plus mal payées de l'OCDE
  La question financière n'est pas la seule. Celle de l'organisation, comme du fonctionnement, est primordiale. C'est le coeur du problème.
 _______    "...Les 500000 infirmiers dans les hôpitaux publics en France perçoivent un salaire particulièrement bas, Selon l'Organisation de coopération et de développement économique OCDE. En 2015, il était parmi les plus faibles des 29 pays membres de l’organisation internationale d'études économiques. La rémunération moyenne des infirmiers français est ainsi inférieure de 5% au salaire moyen national. En comparaison, en Espagne, un infirmier gagne 28% de plus que le salaire moyen, le rappelle France info...."
                              "   ...La priorité du gouvernement: ...Son but est de contraindre les hôpitaux à réformer et donc à économiser davantage. En effet, les hôpitaux qui demanderont une reprise de dette devront s’engager, en retour, par contrat avec l’État « dans une trajectoire de désendettement et/ou dans un plan de transformation », indique l’exécutif. On applique donc aux établissements hospitaliers la stratégie que le FMI applique aux pays en crise : pour bénéficier d’une annulation partielle de leur dette, les établissements devront accélérer l’austérité et les mesures d’économies. Et cela n’est possible que si la reprise est partielle. Si elle eût été totale, on aurait fait basculer dans le vert les hôpitaux et on aurait fait disparaître le besoin et donc l’incitation à réformer. On comprend donc mieux pourquoi Bercy a fini par céder sur ce point : c’est pour mieux « tenir » les hôpitaux, les réformer plus vite et in fine mieux encore maîtriser les dépenses de santé.
     Comme toujours avec le gouvernement Philippe, les cadeaux n’ont pas d’autres objets que ceux-ci : obtenir l’acceptation des réformes. Du côté des hôpitaux, la méthode est en réalité assez brutale. Du côté des personnels, on espère que les primes saupoudrées et les petites mesures de soutien au secteur feront leur effet et dissuaderont les personnels en grève de rejoindre la mobilisation prévue le 5 décembre. Ce plan d’urgence dans lequel, après huit mois de grève, le gouvernement se rend subitement compte des besoins de l’hôpital n’a pas d’autre fonction. Il s’agit d’abord d’un but   politique de désamorçage.
    Mais l’exécutif atteint là les limites de son exercice consistant à feindre les concessions pour mieux imposer sa « transformation » néolibérale. Car d’une part ce plan « massif et inédit », pour reprendre l’antienne chantée à Bercy, n’a rien de massif, ni d’inédit (il n’est pas nouveau de fixer l’Ondam à 2,4 %), mais il n’a pour autre fonction, de l’aveu même du premier ministre, que d’accélérer le plan « Ma santé 2022 » qui vise à faire beaucoup plus avec des moyens réduits. La faible quantité d’oxygène que le gouvernement accorde à l’hôpital pendant les trois prochaines années ne vise donc qu’à lui permettre de vivre davantage en apnée à l’avenir. La communication et le lyrisme auront bien du mal à dissimuler cette rude vérité...".
__Situation toujours critique.   Effets pervers de la dette.
                                          ________________________________________

Partager cet article
Repost0

Billet dominical

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 __ Cowboys de la BAC

__ De gros malins

 

__ Gâchis

 

__ Réguler, disent-ils         

__ Congo hold-up

__ Chine-Afrique: désillusions

__ FB et la démocratie

__ Bernard, arrête ton char

__ Rome au delà des mythes   _______________

Partager cet article
Repost0

Derrière les murs

Publié le par Jean-Etienne ZEN



De mur en mur   
                     Aucun mur ne va jusqu'au ciel et ne dure une éternité.
  La chaîne Histoire a rediffusé un document non orthodoxe (du point de vue de Tel Aviv) sur les enjeux du plus grand mur, de 700km construit entre Israël et la Cisjordanie, pour des raisons "officielles" de sécurité.
    Des barrières physiques, politiques et psychologiques, concrétisation d'un conflit qui dure, sans dire son nom. Un mur d'incompréhension érigé de sang froid, illégalement. Des villages et des familles palestiniennes sont enclavées, en situation de survie économique.
  Dans le pur esprit de Vladimir Jabotinsky __(1)
_______
 Certains murs finissent par cèder, d'autres durent, de nouveaux s'érigent (*)
        Beaucoup n'ont pas d'oreilles, sourds à la détresse.
            Il en reste tant  dans le monde aujourd'hui,
                                                                 Beaucoup à abattre.
__________25 ans après, celui de Berlin  reste dans les mémoires (**)
     Le mur de la honte est toujours là. Destiné à tomber, comme tous les autres...
   Il sont toujours symbole de repli et de faiblesse.
                Ne parlons pas des murs d'incompréhension.
                   Il y en aurait pour des années...
    Non, les vrais murs, de béton ou de barbelés, les murs-frontières, ceux qui tomberont aussi un jour...comme les enceintes fortifiées et les citadelles d'autrefois. Qui n'excluent pas les frontières.
        Comme le remarque V.Hugo:
    « Autour de cette ville, la monarchie a passé son temps à construire des enceintes, et la philosophie à les détruire. Comment ? Par la simple irradiation de la pensée. Pas de plus irrésistible puissance. Un rayonnement est plus fort qu’une muraille. »
       La muraille de Chine, le mur d'Hadrien n'ont pas résisté, pas plus que les barrières, plus ethniques, de l'apartheid...
__________
  (**) - Toute une histoire...partiellement secrète.
       - Une chute  programmée?
  -Relire le passé... Les conséquences.
_________
(*) "...L’installation de nouveaux murs apparaît caractérisée par une variété de situations et de configurations. Ils sont construits pour renforcer les frontières entre des États ainsi que pour séparer des morceaux de territoire au sein d’un même État – ou d’une ville. Il peut s’agir de tenir en dehors ou d’expulser des groupes ou populations « indésirables », « dangereuses », ou bien d’instituer un territoire sécurisé pour un établissement résidentiel séparé, une enclave, comme le sont les gated communities, les gated towns et autres enclaves. Il faudrait encore ajouter ces autres territoires sécurisés par des murs de béton aussi bien que par des clôtures, des barbelés et, paraît-il, des fossés, où s’installent les établissements de l’industrie extractive globalisée. Il faut relever la variété des matériaux de construction et des formes qui caractérisent ces barrières ; qui sont d’autre part accompagnées par un répertoire de dispositifs de surveillance électronique ou armée, de check points, de zones tampon. Mais le fait d’énumérer cette variété ne réduit pas l’impression qu’il y a là, dans ces « concrétions », des éléments communs, un air de famille, qu’il faut mettre en lumière et étudier. Wendy Brown dans son livre sur les nouveaux murs – jusqu’ici la recherche la plus complète sur ce phénomène – y voit une concrétisation de la mise en question par la mondialisation de la souveraineté des états nationaux, laquelle est devenue « poreuse » ; elle y voit à l’œuvre, dans cette variété, un format commun de construction de l’espace et d’organisation d’une collectivité qui suggère un principe d’ordre différent de celui de la souveraineté. Alain Supiot y a relevé plutôt des indices du principe de suzeraineté. Partant de cela, on peut spécifier et articuler la question de ce qu’ont en commun ces « nouveaux murs ».
_________________

Partager cet article
Repost0

Inde: l'union paie

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Tenacité

              Une des plus grand grève du monde se termine.  Au bout de plus d'un an, un siège de la capitale et des victimes en nombre, les paysans ont tenu bon contre Modi et ses projets de mesures ultralibérales. Il ne serait question que d'un problème de communication selon lui. On connaît la chanson...Ce qui n'était au début qu'une agitation assez informelle est devenu une organisation efficace qui a eu raison de l'inflexible premier ministre, soucieux des élections qui viennent. L'intrusion de la logique capitaliste dans l'agriculture n'aura donc pas lieu dans ce pays où domine la petite agriculture, avec ses traditions et ses avancées.                                                                                                                      La mobilisation paysanne ne faiblissait pas.       Pendant des mois, la mobilisation se poursuivait autour de la capitale indienne, où des masses de paysans en colère squattèrent les accès principaux, mangeant, dormant et parfois mourant sur place, souvent très loin de chez eux et de leur exploitation.                    Une occupation pas toujours tranquille, mais déterminée, comme on l'a rarement vu.  C'est contre une vraie révolution en projet, pour l'instant gelée, que s'oppose la masse des paysans venus des quatre coins du pays.  La "révolution verte" a été une impasse, mais la libéralisation envisagée risque de mettre sur la paille une quantité considérable de petits agriculteurs, qui iraient rejoindre la masse des plus démunis dans de pays, dans un pays de criantes inégalités

 

 

                    ________150 millions de paysans se sentent menacés directement par le risque de l'abrobusiness à grande échelle:  "..La politique agricole du gouvernement actuel, dirigé par le Bharatiya Janata Party (BJP), telle qu’elle est exposée au travers de cette promulgation constitue un tournant décisif qui donne à voir la volonté de ce gouvernement de renforcer la part du capitalisme agro-industriel et de renforcer la centralisation du contrôle sur l’agriculture en Inde.  L’opposition à ces projets de loi est venue de trois groupes : premièrement, des organisations d’agriculteurs qui craignent que la prise de contrôle du secteur agricole par les grands groupes agroalimentaires menace la survie des communautés paysannes ; deuxièmement, des gouvernements des États régionaux qui redoutent une intrusion croissante du pouvoir central dans les droits fédéraux des États sur l’agriculture ; et troisièmement, des partis régionaux qui craignent que ces projets de loi ne viennent renforcer les multiples attaques centralisatrices de ce gouvernement contre les identités et les aspirations régionales...."                                                                                                 _     ___"...Les pauvres risquent la pénurie, et les autres consommateurs une hausse des prix de détail. « Cette loi ne joue pas seulement contre les paysans, mais également contre “l’homme ordinaire” de ce pays. C’est un feu vert à l’inflation », soulignait le ministre en chef de l’État de Delhi et dirigeant du Parti de l’homme ordinaire (AAP), M. Arvind Kejriwal, lors d’un discours le 14 décembre (7). Sa formation soutient la mobilisation paysanne, tout comme le Parti du Congrès et le Parti communiste d’Inde (marxiste) (8).   Ces trois lois comprennent également une série de dispositions réduisant les possibilités de recours des citoyens auprès de l’administration en cas de contentieux avec un quelconque acteur privé. Enfin, elles ne s’attaquent pas aux coûts sociaux et environnementaux du modèle hérité de la « révolution verte » (9). Pas plus qu’elles ne se soucient des travailleurs agricoles sans terre, qui, selon les régions, forment jusqu’à un quart de la population active rurale.  Ouvrant la voie à la baisse des subventions publiques, elles forment un ensemble cohérent, qui livre l’agriculture aux puissants groupes de l’agroalimentaire et de la distribution. D’où la colère des paysans, qui ont riposté dès juin 2020, sous la bannière des syndicats régionaux...."                               ___"...A l’origine du conflit, on trouve trois projets de loi : la loi sur le commerce des produits agricoles, la loi sur l’accord de garantie des prix et des services agricoles, et la loi sur les produits essentiels. Ensemble, ces lois prévoient la suppression des protections gouvernementales en place depuis des décennies à l’endroit des agriculteurs, notamment celles qui garantissent des prix minimums pour les récoltes. Si les agriculteurs protestent contre ces trois projets à la fois, ils sont particulièrement préoccupés par le Farmers’ Produce and Commerce Bill, qui habilite les entreprises à négocier l’achat des récoltes directement avec les petits agriculteurs. Pour ces derniers, ce serait une catastrophe, la plupart d’entre eux n’ayant ni les compétences ni les ressources nécessaires pour faire face aux multinationales. Les paysans de tout le pays craignent donc que leurs moyens de subsistance ne soient décimés et qu’ils s’endettent encore plus.   Etant donné le poids considérable du secteur agricole dans l’économie indienne, les conséquences de ces lois s’annoncent énormes. Les petits agriculteurs et leurs familles représentent près de la moitié des 1,35 milliard d’habitants de l’Inde : selon le recensement national de 2011, près de 60 % de la population active indienne, soit environ 263 millions de personnes, dépendent de l’agriculture comme principale source de revenus. Pour beaucoup d’entre eux, ces nouvelles lois viennent confirmer ce qu’ils craignaient le plus : que les petites exploitations agricoles ne soient plus un moyen de subsistance rentable ou durable en Inde. Au cours des dernières décennies, les paysans ont vu leurs marges bénéficiaires se réduire et leurs dettes augmenter. Une récente étude de l’économiste Sukhpal Singh, de l’université agricole du Pendjab, montre ainsi que les ouvriers agricoles du Pendjab sont endettés à hauteur de quatre fois leur revenu annuel...."                                                                                                                           ____Un système qu'il fallait réformer, sans aucun doute, mais certainement pas de cette manière, sans concertation, à la faveur du choc du covid, dans le sens d'un plus grande concentration, libéralisation  et de perte d'autonomie de producteurs déjà trop portés sur le suicide pas désespoir.   ____________________________

Partager cet article
Repost0

L'abus de liquidités

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

...Nuit gravement à la santé... économique.                                                 [Quelques notes de lecture]
                                             Economiser, c'est bien, Spéculer, l'est moins.
       L'argent, sous toutes ses formes, est fait pour circuler, pour donner vie aux échanges, à la production, donc au développement de la vie économique, de la production sous toutes ses formes, de biens consommables, donc théoriquement contribue à la richesse de tous. La Richesse des nations, comme disait le vieux A.Smith.


     L'épargne, dans une certaine mesure, n'a de sens que pour être injectée dans le cycle des biens marchands, dans une économie de marché. Mais l'épargne pour l'épargne, l'excès d'épargne, la spéculation sous ses formes diversifiées ne peut mener à terme qu'à des dysfonctionnements de l'économie en général.
    Nous sommes de nouveau dans une période où l'excès de liquidités à travers le monde posent des problèmes sérieux. Le "enchissez-vous" de Guizot comme (implicitement) de Reagan  afin de stimuler l'économie a montré ses limites. La théorie du ruissellement ne marche pas, ou si peu. Quand une minorité de plus en plus réduite brasse des richesses de plus importantes, ce n'est pas seulement l'élémentaire justice sociale qui en pâtit, c'est la production qui régresse, faute de consommation suffisante,
     Il n'est pas besoin de faire une licence d'économie pour comprendre la logique de ce processus, qui peut se retourner contre lui et produire des récessions sévères, ni même de s'appeler Piketty. La quantavive easing n'a pas que des vertus.
      La trappe à liquidité menace, qui peut être un frein puissant pour le développement, surtout pour les investissements d'avenir prioritaire (énergie, santé...). Le vieillissement de la population est un facteur favorisant ce phénomène, comme au Japon, 
 

   Les océans de dettes qui s'accumulent sont un très mauvais signe, comme cela se passe encore actuellement et les jeux spéculatifs bancaires renforcent l'hypothèse de nouveaux risques systémiques. Ces piège à liquidités sont un gros risque et le phénomène des taux négatifs, encouragé notamment par la BCE, mais critiqué par certains Etats, présente un péril, surtout si l'argent disponible, généreusement distribué, ne s'investit pas comme escompté dans l'économie réelle.
   Une dangereuse fuite en avant.
     ______           ...Ce qui vient de se passer constitue un signal supplémentaire de l’état de l’économie capitaliste mondiale. La croissance est extrêmement faible dans les pays les plus industrialisés. L’économie des États-Unis qui avait été dopée par les mesures fiscales prises par Trump en 2017-2018 en faveur du Grand capital rentre progressivement dans un ralentissement qui inquiète les patrons. L’économie allemande va mal, celle de la Grande-Bretagne aussi, de même que celle de l’Italie. Le marché de l’automobile est très fortement en baisse en Allemagne, en Chine, en Inde, … La Chine maintient une croissance de 5 à 6 % mais c’est le taux le plus bas au cours des 30 dernières années.

     Les profits réalisés par les entreprises ne sont pas réinvestis dans la production ou très peu, ils vont dans les poches des actionnaires et dans la spéculation sur des titres financiers divers, c’est-à-dire sur du capital fictif. Sans parler de la lutte contre le changement climatique qui ne fait pas partie réellement de la préoccupation des chefs d’entreprise et des grands actionnaires privés. Le secteur bancaire, depuis 2008, n’a pas du tout été assaini et en son sein la concentration bancaire a augmenté. Les grandes banques privées ont absorbé un grand nombre de banques moyennes et ont poursuivi la recherche d’un maximum de profit immédiat par le biais de la spéculation. Les autorités de régulation ont laissé faire. De même que les gouvernements qui sont au service du grand capital.
     L’économie capitaliste mondiale est maintenue à flot sur un océan de dettes et les injections massives de liquidités opérées par les principales banques centrales (la BCE et celles des États-Unis, du Japon, de la Grande Bretagne et de la Chine) renforcent cette tendance.
    A cause des politiques menées par les banques centrales et les gouvernements, l’économie des pays les plus industrialisés est tombée dans ce que l’économiste britannique J. M. Keynes (1883-1946) appelait le piège de la liquidité. Alors que les banques centrales injectent des liquidités et baissent les taux d’intérêts, les banques et les grandes entreprises privées préfèrent garder ces liquidités à portée de la main ou les utilisent pour spéculer....
                                           ____________________________________
Partager cet article
Repost0

Naufrage

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Le naufrage est aussi politique, européen

           Faute d'entente, de coordination, d'harmonisation. de solidarité.  Le "chacun pour soi" a produit en Mer du Nord ce qui s'est passé maintes fois en Méditerranée depuis plus longtemps. Et la question des migrants, surtout ceux des pays où les guerres internes ou externes, surtout celles où nous avons une part de responsabilité, aont généré un flot de réfugiés, fuyant la détresse. Nul ne quitte sa terre dans ces conditions par volonté, mais par nécessité, parfois vitale. C'est à la source qu'il faut ou qu'il aurait fallu agir. Mais l'Union européenne n'est pas à la hauteur des enjeux. On biaise, on diffère, on se renvoie la balle.    Plus les accords tardent, plus la question deviendra complexe et peut-être ingérable. L'Europe ne peut être une citadelle et les murs sont un leurre.    Ce n'est pas seulement la honte, mais l'inertie politique et les faux-semblants, voire la duplicité. Il ne suffit pas de pleurer! Des larmes de crocodiles d'un côté ou de l'autre. Boris se dit "attristé"...Ça ne mange pas de pain.

 

 

           Point de vue: "...Ce drame est le plus meurtrier sur des côtes françaises depuis l’accélération des traversées maritimes en direction de la Grande-Bretagne il y a bientôt cinq ans. Mediapart documentait, il y a peu, les traces laissées par ces personnes prises au piège des politiques migratoires de nos gouvernants et prêtes à affronter tous les dangers pour tenter leur chance ailleurs (voir ici le portfolio d’Édouard Bride et Nicolas Montard). Alors que les sauveteurs venus au secours des migrants tiraient la sonnette d’alarme ces derniers jours, ils n’ont pu empêcher ce nouveau naufrage.        Nous ne sommes pas sur les côtes libyennes, mais bien en France. Et pourtant. Comme la Libye, la France n’est pas, dans le cas présent, un pays de destination, mais bien un pays que les exilés, qui ont ainsi péri, cherchaient à fuir. Depuis le début de l’année, ils sont 31 500 à avoir quitté la France par la Manche pour rejoindre la Grande-Bretagne, et 7 800 ont eu besoin d’être secourus face au péril de leur embarcation, selon les chiffres enregistrés par la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord. Côté anglais, on dénombre 22 000 personnes ayant réussi la traversée durant les dix premiers mois de l’année. Le 11 novembre dernier, au cours d’une seule journée, 1 185 migrants étaient arrivés sur les côtes anglaises. Jusqu’à ce jour, le bilan s’élevait à trois morts et quatre disparus en 2021, six morts et trois disparus en 2020, et quatre morts en 2019.       Dunkerque, Calais… à la différence de Lampedusa, en Italie, lieu d’espoir bien que transitoire, sont un repoussoir pour ces personnes. C’est de nous, de la responsabilité de notre État, qu’il faut donc parler. Car les mécanismes aboutissant à de telles tragédies sont connus : l’absence de dispositif d’accueil digne de ce nom dans notre pays supposé être celui des droits de l’homme ; le harcèlement quasi quotidien, y compris dans les périodes de grand froid, de la part des forces de l’ordre, qui lacèrent des tentes, s’emparent des quelques biens, empêchent les distributions de nourriture, pourrissent la vie des bénévoles ; et la difficulté à faire valoir les droits des exilés, quel que soit leur statut administratif.     À tous ces dysfonctionnements, aux effets déplorables sur les premiers concernés, s’ajoute le verrouillage croissant du port de Calais et d’Eurotunnel ces dernières années. Alors qu’auparavant les migrants tentaient leur chance à l’arrière de camions, dans des conditions tout aussi indignes, évidemment, la démultiplication des dispositifs de contrôle d’accès a rendu plus difficiles les voies routières et ferroviaires. C’est ainsi que les tentatives par la mer ont vu leur nombre croître de manière exponentielle. Quant à l’arrivée de l’hiver, elle ne fait que pousser les exilés à tenter leur chance, ou plutôt à risquer leur vie, avant qu’il ne soit trop tard. Car l’histoire des migrations est ainsi faite que, de la même manière que la prohibition n’a fait qu’accélérer la contrebande, les politiques répressives, dites « de fermeté » dans l’espace médiatico-politique, ne font que renforcer l’ingéniosité des « passeurs » sans dissuader les personnes qui, maltraitées dans un pays, considèrent que leur vie est ailleurs...   


                  

 

         Face à ces mécanismes documentés depuis bien longtemps par tous les chercheurs, experts, bénévoles que compte cette planète (nous pourrions comparer dans une certaine mesure au temps qu’il aura fallu aux scientifiques pour se faire entendre sur la catastrophe climatique), la colère n’est que décuplée en écoutant les réactions éplorées des responsables politiques français et anglais. Sur Twitter, alors qu’il était attendu sur place, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a évoqué une « forte émotion ». Et un sentiment de culpabilité ? Point, évidemment. Il se contente de dénoncer « le caractère criminel des passeurs qui organisent ces traversées », tout en annonçant l’arrestation de quatre personnes soupçonnées d’être « directement en lien » avec le naufrage, appelant à une « réponse internationale très dure ». Le premier ministre, Jean Castex, a regretté une « tragédie »« Mes pensées vont aux nombreux disparus et blessés », a-t-il déclaré, pointant lui aussi du doigt ces « passeurs criminels qui exploitent leur détresse et leur misère »« La France ne laissera pas la Manche devenir un cimetière », a affirmé, un peu tard, Emmanuel Macron, promettant de « retrouver et condamner les responsables » et se tournant résolument vers les mesures répressives en demandant « le renforcement immédiat » de Frontex.        Sans surprise, les autorités françaises et britanniques sont convenues de « renforcer leur coopération ». Une réunion interministérielle doit se tenir ce jeudi à Matignon, ainsi qu’une réunion européenne dans les prochains jours. De son côté, le premier ministre britannique, Boris Johnson, s’est dit « choqué, révolté et profondément attristé ». « Nous avons eu des difficultés à persuader certains de nos partenaires, en particulier les Français, d’agir à la hauteur de la situation, mais je comprends les difficultés auxquelles tous les pays sont confrontés », a-t-il déclaré sur Sky News, ce qui, on peut le comprendre, risque d’être mal perçu à Paris, Londres étant tout aussi responsable de la situation catastrophique dans laquelle se trouvent les migrants.                                                                                                                                               Mais, dans leurs déclarations, tous oublient l’essentiel, à savoir que la responsabilité n’est pas à chercher trop loin, et que la réponse est entre leurs mains. Regarder du côté des passeurs n’est pas forcément inutile, mais vain à court, moyen et long terme, si rien n’est fait pour modifier radicalement nos pratiques d’accueil. Là encore, les solutions sont connues de tous, et de longue date : l’arrêt immédiat et total des violences policières, l’accès au travail pour les demandeurs d’asile, des politiques plus respectueuses des droits des exilés en matière d’hébergement et de santé, la fin des mesures d’humiliation en direction des mineurs, l’ouverture de voies légales de passage entre la France et l’Angleterre, etc.          Mais, voilà, le contexte politique n’est, semble-t-il, jamais favorable à une telle remise en cause des politiques migratoires, le contexte de la campagne présidentielle encore moins. À quelques mois de l’élection, l’extrême droitisation du débat public est patente, et la lâcheté en roue libre. À droite et à l’extrême droite, les semeurs de haine, fauteurs de trouble en puissance, banalisent les messages xénophobes, à force de nier l’humanité des étrangers et d’exiger leur « déportation ». « Ils n’ont rien à faire ici, ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs, c’est tout ce qu’ils sont, il faut les renvoyer et il ne faut même pas qu’ils viennent », déclarait à propos des mineurs isolés étrangers Éric Zemmour, il y a un an, sur CNews, comme un avant-goût de la présidentielle – des propos pour lesquels le parquet a requis des amendes mardi dernier (lire l’article de Camille Polloni).               Poursuivis par la justice, ces messages n’en atteignent pas moins leur cible. Les exilés les entendent et les comprennent. Face à l’absence de barrage politique fort, et on en revient à la responsabilité de l’exécutif, ils comprennent qu’ils ne sont pas les bienvenus chez nous, ils font leur bagage, et cherchent à fuir. La solidarité internationale ne saurait nuire, mais c’est un sursaut français qui est désormais indispensable, du côté de l’accueil plutôt que de la fermeture des frontières, pour empêcher des personnes de perdre leur vie en mer."   (Carine Fouteau)____

Partager cet article
Repost0

1 2 3 4 5 6 > >>