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Ukraine (suite)

Publié le par Jean-Etienne ZEN

(Echos de 2022)

Sortir du brouillard (parfois entretenu).  [Notes de lecture]

          « Tout potentat qui n’a que la puissance terrestre n’a qu’un bras,
Mais qu’il y ajoute la puissance maritime, il a les deux
. » (Pierre le Grand)                                               
________ Voulant se mettre dans les pas de Pierre Le Grand, mais aussi de la Grande Catherine, le nouveau tsar du Kremlin prétend ne pas vouloir couper l'immense Russie de l'accès aux mers chaudes, pour désenclaver la Grande Russie et lui offrir de nouveaux horizons commerciaux et militaires. C'est du moins l'intention principale que d'aucuns lui prêtent dans l'"opération" en cours. Poutine vit de ses mythes historiques et de ses ambitions personnelles. Une nouvelle géopolitique tente de se mette en place, après les échecs et les humiliation de l'ère post-gorbatchevienne et surtout eltsinienne. Une nouvelle ambition, mais sans les mêmes moyens et avec d'autres méthodes, sur un échiquier international qui a radicalement changé. Avec comme effet non attendu le réveil d'un Otan déclaré moribond.   

                              Une guerre qui ne dit pas son nom et qui semble destinée à durer:

     "....En attendant confirmation, on peut raisonnablement supposer ce qui suit : Poutine craint que l’armée ukrainienne, suréquipée par les États-Unis, ne devienne assez forte pour lancer une offensive générale et reprendre le Donbass et la Crimée ; cette épreuve aurait ruiné ses efforts et humilié comme jamais la Russie. Il fait donc le pari d’envahir l’Ukraine avant qu'il ne soit trop tard. Pari largement perdu puisque l’armée russe, plus mal en point qu’il ne devait lui-même le penser, a échoué dans sa tentative de « guerre-éclair ».  Le président russe s’est donc très vite rabattu sur son objectif a minima : occuper le Donbass et le sud de l’Ukraine, jusqu’à Khesron, sur le Dniepr, au total 60 000 km2, de façon à sécuriser la Crimée et fermer la mer d’Azov aux Ukrainiens et donc à l’Amérique. Trois mois après le lancement de l’offensive, cet objectif est largement atteint, au prix de lourdes pertes et de graves destructions, mais sans que Moscou ait eu à décréter une mobilisation générale.   Chacun se prépare désormais à une guerre de longue haleine où c’est l’armée ukrainienne qui devra prendre l’initiative de l’offensive face à un ennemi solidement retranché. Même avec derrière elle l’industrie de guerre américaine, elle aura du mal à récupérer les territoires perdus.   Conscient de la difficulté, le président Zelensky place ses espoirs dans les sanctions économiques, même si l’Histoire nous enseigne que tous les blocus et embargos se sont révélés inefficaces et même contre-productifs, depuis le Blocus continental jusqu’à Cuba, la Corée du nord et l’Iran en passant par Berlin.   Les Russes se sont préparés à cette éventualité depuis 2008 en cultivant l’autarcie et en nouant de nouvelles alliances. Ils peuvent compter sur la complicité de la Chine et des grands États d’Asie continentale. C’est ainsi que leurs exportations de gaz auraient baissé vers l’Europe mais augmenté vers la Chine, en rapportant plus de devises que jamais à Gazprom !  L’Ukraine, de son côté, risque de perdre dans cette guerre à rallonge ce qui lui reste de sève vitale. Depuis son indépendance en 1991 et jusqu’en 2021, le pays, rappelons-le, avait un PIB en baisse rapide et une population tombée de 52 millions à 45 millions d’habitants sous l'effet de l'émigration et de la dénatalité (un record mondial !). Cela ne s’est pas arrangé avec la guerre, ses destructions, ses victimes, ses déplacés et ses réfugiés, parmi lesquels beaucoup ne reviendront pas au pays. Au vu de sa démographie, il est difficile d'imaginer que le pays se remette de l'épreuve, surtout s'il devait se dissoudre dans l'Union européenne.     Sans égaler le malheur ukrainien, les Européens ont aussi du souci à se faire. Ils n’échapperont pas à une crise économique et sociale majeure, du fait des pénuries et des hausses de prix sur les hydrocarbures, les matières premières, les céréales, etc. C'est la conséquence du choix qu'a fait l'Union européenne dans la dernière décennie de promouvoir le recours au gaz et russe, plus accessible et moins cher que toute autre énergie, de la même façon qu'elle a encouragé les industriels européens à s'approvisionner en Extrême-Orient en composants électroniques. Il s'ensuit des dissensions entre les Européens qui pourraient accélérer le détricotage de l'Union.  La France craint de perdre ses derniers fleurons industriels, à commencer par Renault, secoué par la perte de son principal marché à l’étranger (la Russie). Son secteur de l’armement est aussi très affecté par le forcing de ses concurrents américains auprès des Européens (Allemands, Polonais, etc.)… et auprès des Australiens bien sûr. L'Allemagne tente de conserver ses importations de gaz russe, indispensables à ses industries. La Hongrie, quant à elle, refuse de renoncer à ses achats de pétrole russe...."                                                                                                                                      _____ _____   L'épine  Azov: mythe et réalité.

_____  Echos du Donbass                             ________________________

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Afrique, dernier terrain de jeu?

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Du moins pour la France

                           La  France-Afrique, c'est fini, disait une ancien Président. C'est ce qu'on pensait naïvement. Elle était moins apparente, c'est tout. L'héritage colonial se poursuivait, mais sous des formes plus soft. Les récentes affaires maliennes, puis nigériennes aujourd'hui, en portent la marque. Il faut dire que d'autres puissances lorgnent vers les intérêts africains...                                                                                  Voici que l"ami" de la France le plus ancien fait défection, le pilier de notre présence là-bas. C'est en fini de la tribu Bongo, selon toute vraisemblance. Le clan Bongo ne vivait pas de peu et profitait bien des faveurs de la compagnie pétrolière qu'il favorisait et qui lui rendait bien. Avec Elf Aquitaine, ils se tenaient pas la barbichette. C'était archi-connu. Une connivence durable.     


                       "...Le pacte de corruption date des années 70 et s’appelle le « protocole Guillaumat ». Du nom de ce grand commis de l’Etat, homme du renseignement, nucléocrate et surtout architecte de l’empire pétrolier tricolore. Conséquence directe des chocs pétroliers qui ont vu de petits états africains devenir en quelques mois des magnats de l’or noir, le système consiste à rendre opaques les revenus du pétrole pour alimenter les caisses noires du chef de l’Etat.   Il existe alors trois mécanismes distincts :les « bonus » versés dans la phase exploratoire de la recherche pétrolière, jusqu’à plusieurs dizaines de millions de dollars par an ;les « abonnements », soit la part prélevée sur chaque baril de brut commercialisé, environ un dollar par baril ; les « préfinancements », prêts gagés sur la production à venir, avec la caution d’Elf, sur lesquels sont prélevés de 1 à 3% de commissions en jouant sur des différentiels de taux d’intérêts.Précision : ce système n’a été inventé ni par les Français ni par Omar Bongo, mais par le grand ministre du pétrole saoudien que fut le Sheikh Ahmed Zaki Yamani. Le président du Gabon va avoir l’intelligence d’adapter à son petit pays ce grand système de corruption internationale..."                                                                                                                         Comment s'étonner de l'animosité des Africains de nos anciennes colonies contre de telles pratiques? Sans compter l'imposition du franc CFA qui joue plutôt à notre avantage. On ne parlera pas des aventures de Bolloré sur son terrain de jeu favori.                                                                                                                      Bref, tout se passe comme si l'Afrique n'avait jamais eu d'histoire...     ____________________

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Consulting (suite)

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Start up nation et consulting practice

                           Vous avez dit consulting?

       L'affaire continue à faire des remous. Une consultocratie abusive est en question, après un livre qui a fait du bruit sans contestation sur l'essentiel et un rapport du Sénat qui suscite l'émotion. Le recours croissant à des agences privées n'est pas nouveau, mais s'il a pris une ampleur sans précédent, même si des pays voisins font mieux que nous. Un nouveau boulet présidentiel dans cette période cruciale. Aucun domaine n'était épargné, depuis les questions de santé ou de défense. D'éducation aussi ou de retraites. Comme si les ministères n'avait plus de compétences, de vision à long terme, de sens de la responsabilité politique, du service public. Un vrai scandale aux yeux de beaucoup. On dira ce qu'on veut, les conseils prodigués n'étaient pas seulement "techniques", ils engageaient forcément une "vision", des orientations, même si les pouvoirs étaient seuls juges, en principe...           Les dérives étaient inévitables. Une confiance mise à mal. Certains ont parlé de "suicide assisté". Des contrats flous et juteux. Cela s'aggrave quand on apprend les liens entre la présidence  et certains responsables d'agence.                                                                                           Le new public management est passé par là, dans le plus pur esprit néolibéral de M.Thatcher, de Blair ou de Cameron.

 

           Nicolas Mathieu y va aussi de sa critique citoyenne: "... Le monde du consulting n’est pas un bloc : il compte des géants mais aussi des cabinets plus petits et vertueux, des consultants spécialisés en ingénierie politique et d’autres en sciences sociales. Les grands cabinets comme McKinsey sont passés progressivement du conseil en entreprises au conseil au secteur public. Sous couvert de produire une expertise neutre et quasi scientifique, ils orientent les politiques dans un sens qui n’est pas neutre du tout, qui vise à toujours plus de performance, en gros à produire plus pour moins cher. Un vrai bouleversement. C’est ça le «new public management», des logiques néolibérales appliquées en entreprise qui ont peu à peu gagné le secteur public.    Par l’homogénéité de la formation des élites. Aujourd’hui, les élites du privé et du public sortent quasiment toutes du même moule : les grandes écoles, l’ENA, Sciences-Po… Avec souvent le primat de l’économie. Beaucoup ont fait un MBA aux Etats-Unis, cela a une influence. Et puis les politiques sont depuis des décennies face à un problème insoluble : les ressources diminuent et les dépenses augmentent. Ils ont cherché des solutions du côté de l’entreprise, pour faire aussi bien à moindre coût. Ils se sont convaincus aussi qu’ils devaient présenter des résultats aux citoyens, leur offrir en quelque sorte un retour sur investissement. Enfin, n’oublions pas la défiance des élites politiques vis-à-vis de l’administration. C’est trop lourd, trop lent, ça résiste. D’où cette culture de la task force.....c’est assez ancien. Au moment de la fusion des régions, sous François Hollande, on a vu des consultants arriver pour aider les organismes publics à fusionner. La fusion des régions, c’est typiquement cette logique managériale appliquée à la chose politique. En gros, on a un problème politique, alors on réorganise, comme on referait un organigramme. Cela dit, pour moi, 2017 est le point culminant de cette idéologie avec des politiques qui se sont mis à utiliser les mêmes mots que les consultants, par exemple «disruption». On avait connu la république des professeurs, celle des avocats. Avec En marche, c’est l’avènement de la république des managers. La mainmise de l’idéologie entrepreneuriale n’a jamais été si prégnante.   Pendant des années, j’ai rédigé des procès-verbaux de réunion de comités d’entreprise. J’ai circulé dans de nombreuses boîtes privées et publiques et j’ai vu partout ces cabinets de conseil à l’œuvre, avec les mêmes slides, la même recherche de performance, le même vocabulaire fumeux....C’est un dangerparce que la démocratie, c’est tout sauf efficace. La démocratie c’est bavard, c’est lent, ça suppose des arbitrages, des recherches de compromis. De même, le service public, ça n’est pas rentable, c’est coûteux, mais ça tient une société. Cette idéologie-là, que les consultants concourent à diffuser, considère tout par le prisme des chiffres et recherche la performance. Or, il y a des domaines où ces logiques conduisent à un monde de cauchemar. Dans les Ehpad, si on commence à considérer les personnes âgées comme des unités dans des tableaux Excel, c’est l’horreur, on l’a vu avec le scandale Orpea. Dans l’éducation ou les hôpitaux, on ne peut pas appliquer cette logique de pure gestion. Encore une fois c’est une révolution idéologique : les règles de gestion se substituent à l’art de gouverner."      ____________________

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Certains l'appellent Bibi

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 Une aventure plus que périlleuse.

                      On peut le dire: Israël aurait mérité mieux. Cet homme est dangereux et inquiète sérieusement ceux qui dans son pays ont encore un certain sens de la démocratie, avec sa coalition d'extrême-droite que certains redoutaient. Mais pas seulement.                                                                          Depuis des années, il trace son chemin. Un chemin douteux, qui mène le pays à la quasi insurrection. Par ses alliances plus que douteuses, par les contradictions qu'il attise, les alliances qu'il construit, il met la démocratie en péril, prenant un chemin contraire que celui que montrait Rabin avant son assassinat: le sionisme radical inspiré de Jabotinski, l'exploitation du radicalisme, religieux, l'expansionnisme territorial dans le fil des colonisations rampantes depuis des années. Six mois de contestations, impliquant jusqu'à une partie de l'armée, ne sont pas venu à bout de son projet inquiétant, visant aussi à attiser les oppositions internes palestiniennes. Il est à la tête d' "un gouvernement considéré comme le plus à droite de l'histoire du pays, intégrant des partis d'extrême droite et les ultraorthodoxes, tandis que seulement cinq femmes y siègent." [voir WIKI]

 


 

 

                    Point de vue:"   Benyamin Netanyahou, qui multiplie depuis son retour au pouvoir les menaces à destination de l’Iran, du Hezbollah, du Hamas, des Palestinien·nes, de ses ennemis politiques en général et même des magistrats de la Cour suprême d’Israël, est-il un va-t-en guerre ? « En paroles, oui, indiscutablement, affirme un ancien haut fonctionnaire qui l’a bien connu. Il adore les discours et les postures martiales, les interventions menaçantes, comme tous les politiciens populistes. Mais c’est surtout un menteur dépourvu de tout scrupule et dont personne n’ignore plus le degré de corruption : il vient d’ailleurs de démontrer qu’il est capable de sacrifier le sort et la sécurité de son pays à son intérêt personnel. »

BenyaminNétanyahou, qui multiplie depuis son retour au pouvoir les menaces à destination de l’Iran, du Hezbollah, du Hamas, des Palestinien·nes, de ses ennemis politiques en général et même des magistrats de la Cour suprême d’Israël, est-il un va-t-en guerre ? « En paroles, oui, indiscutablement, affirme un ancien haut fonctionnaire qui l’a bien connu. Il adore les discours et les postures martiales, les interventions menaçantes, comme tous les politiciens populistes. Mais c’est surtout un menteur dépourvu de tout scrupule et dont personne n’ignore plus le degré de corruption : il vient d’ailleurs de démontrer qu’il est capable de sacrifier le sort et la sécurité de son pays à son intérêt personnel. »

                                    « Pour le reste, nous voyons désormais chaque jour aux concessions qu’il fait aux deux extrémistes racistes dont il est l’otage volontaire, Ben-Gvir et Smotrich, qu’il a probablement atteint les limites de son habileté politique, poursuit notre interlocuteur. Et qu’il semble même en être conscient. Ce qui expliquerait sa mauvaise mine et peut-être même, au moins en partie, ses problèmes de santé. Il n’est pas si facile, lorsqu’on est, comme lui, drogué au pouvoir et à ses avantages et privilèges depuis des décennies, de découvrir qu’on n’est plus le seul maître de son propre destin et qu’une erreur de décision peut vous coûter votre position, voire, demain, votre liberté. » Aveuglé par sa fuite en avant, Nétanyahou ne voit ni n’entend manifestement plus rien du monde dans lequel il vit. Ses rêves de pouvoir et ses caprices de roitelet ont eu raison de ses légendaires dons de politicien. Une anecdote illustre les dérisoires vanités qui l’habitent et son imprudente cécité devant ses responsabilités historiques face à l’ampleur de la crise dans laquelle se trouve aujourd’hui plongé son pays : une fuite de ses services vient de révéler que sa visite à Emmanuel Macron, en février dernier, avait coûté au gouvernement israélien cinq fois plus cher que le montant normalement affecté à un tel voyage.Pourquoi ?                              Idéologiquement, « Bibi » continue à invoquer de manière insistante l’héritage de son père, Benzion Nétanyahou, secrétaire et disciple de Zeev Jabotinsky, père spirituel de la droite nationaliste israélienne. Il persiste à rêver, avec ses alliés, colons et extrémistes religieux, d’un « Grand Israël », de la Méditerranée au Jourdain, voire jusqu’aux frontières de l’Irak, débarrassé d’un maximum de Palestinien·nes. Militairement, il se place volontiers dans le sillage de son frère aîné, Yonatan, tué à la tête de son commando des forces spéciales lors du raid d’Entebbe, en 1976, qui avait permis de libérer les otages de l’Airbus d’Air France détourné par des terroristes.                            Mais, en réalité, il déteste avoir à prendre des décisions importantes qui relèveraient d’un véritable homme d’État ou d’un chef militaire. Ce qui faisait dire à Barack Obama et à plusieurs de ses conseillers : « C’est un trouillard, il a peur de lancer des guerres, la seule chose qui l’intéresse est de se prémunir contre une défaite politique » (voir le 3e épisode de notre série : « La bombe iranienne, arme de “Bibi” »).                                                                                                      C’est un fait, sa détestation des Palestinien·nes, le mépris dans lequel il les tient ne l’ont pas conduit, contrairement à d’autres dirigeants israéliens, à multiplier les aventures militaires. Même s’il n’hésite pas à recourir à la force et à la violence des armes lorsqu’il s’agit d’intervenir dans la vie quotidienne des habitant·es de Gaza, de Cisjordanie et de Jérusalem-Est, sans parler des « Arabes israélien·nes », c’est-à-dire des citoyennes et citoyens palestiniens d’Israël.                      « Au cours des vingt dernières années, Nétanyahou a été chef du gouvernement pendant près de 15 ans. Pendant cette période, il y a eu seize affrontements graves entre Israël et les organisations armées islamistes qui contrôlent Gaza et une dizaine d’opérations militaires d’une certaine envergure, depuis “Arc-en-ciel” en 2004 jusqu’à “Bouclier et flèche” en mai dernier », souligne un ancien officier supérieur engagé dans la mobilisation de la société civile contre les projets de la coalition au pouvoir.    « Nétanyahou n’a été à l’origine que de cinq de ces opérations, constate l’ancien officier. Et tout en tenant des propos guerriers contre l’Autorité palestinienne, il a permis au Qatar et à la Turquie d’aider le Hamas, et autorisé l’entrée à Gaza, via l’Égypte, mais aussi via Israël, de carburant, de produits alimentaires, de matériaux de construction, de pièces de rechange, de médicaments et d’équipements médicaux payés par Doha ou Ankara. Le tout en laissant 23 000 résidents de la bande de Gaza entrer chaque jour en Israël pour travailler. »                 Dans cette manœuvre, le Hamas a gagné un – modeste – rebond de sa popularité et surtout une posture avantageuse en vue de la succession du Fatah et de son vieux chef, fourbu et discrédité, Mahmoud Abbas, à la tête de l’Autorité palestinienne. Le bénéfice pour Nétanyahou est double : il conforte, comme représentation des Palestinien·nes, une organisation islamiste a priori rejetée par les alliés d’Israël et une bonne partie de la communauté internationale comme fanatique et terroriste. Facilitant ainsi les frappes contre elle, voire sa liquidation lorsqu’elle sera gênante.   Et il affaiblit par contrecoup le Fatah et l’Autorité palestinienne, qui incarnent encore, tant bien que mal, la disposition au dialogue et à la coexistence avec Israël. Dialogue et coexistence qu’il affecte d’accepter dans les cercles diplomatiques, mais qu’il rejette, en réalité, depuis toujours.          Le gain à long terme pour Israël semble ici très modeste. « Quand j’entends Nétanyahou affirmer que l’opération “Bouclier et flèche” nous a permis de changer l’équation stratégique, sourit un vétéran du renseignement militaire qui a abandonné depuis quelques années son béret vert, je pense immédiatement à la radio de propagande en hébreu que Le Caire avait créée au siècle dernier et qui annonçait : “Nos forces progressent sur tous les fronts”... à la veille de notre victoire totale lors de la guerre des Six Jours. »        « Ce qui est inquiétant, aujourd’hui, pour les responsables de la sécurité du pays, poursuit l’ancien officier, c’est qu’il n’existe ni véritable stratégie, ni même de vision globale pour Gaza. Et que nous avons du mal à agir, même face à une petite organisation comme le Jihad islamique qui n’a pas plus de 9 000 militants actifs, dont 6 000 combattants. »       « En fait, estime dans Haaretz Yossi Melman, spécialiste des questions de renseignement, on peut dire que le cabinet du sixième gouvernement de Nétanyahou est devenu la principale menace pour la sécurité nationale d’Israël. »   « Il est difficile de dire que le pays affronte une crise constitutionnelle, puisque nous n’avons pas de Constitution, constate un diplomate. Mais puisque Nétanyahou entend s’attaquer aux lois fondamentales qui en tiennent lieu et à la Cour suprême qui veille à leur application, c’est bien à une crise constitutionnelle que nous faisons face aujourd’hui en raison de la faillite morale et de l’irresponsabilité politique de notre premier ministre. »                                                                                                                                     À l’origine de cette situation, il y a en effet la volonté obstinée de Benyamin Nétanyahou d’échapper aux poursuites judiciaires engagées contre lui depuis près de quatre ans pour « corruption », « fraude » et « abus de confiance ». Nées d’une longue présence à la tête du gouvernement, de l’habitude des faveurs et d’un goût croissant pour les privilèges du pouvoir, les relations coupables de Nétanyahou avec le luxe et l’argent facile ont été longuement entretenues par l’assurance de l’impunité. Elles semblent d’ailleurs avoir gagné aussi sa femme et son fils.                                                                                                       En novembre 2019, lors de sa mise en examen par le procureur général d’Israël, Avichaï Mendelblit, qui fut de 2013 à 2016 l’un de ses plus proches collaborateurs, le premier ministre avait, comme à son habitude, tenté avec l’aide dévouée de son entourage de délégitimer la procédure en dénonçant une opération politique montée contre lui par la magistrature avec la complicité de la police, des médias, des intellectuels et de l’opposition. Contraint en juin 2021, après douze années consécutives au pouvoir, d’abandonner ses fonctions au terme d’une campagne centrée sur la dénonciation de la corruption par l’opposition, il est redevenu premier ministre en décembre 2022, à la tête de la coalition la plus à droite de l’histoire du pays, mêlant partis ultraorthodoxes et d’extrême droite, nationalistes, homophobes et racistes.                           La presse rapporte alors que, selon l’accord de coalition, Bezalel Smotrich, chef du Parti sioniste religieux et ancien détenu pour incitation à la violence, a obtenu le ministère des finances et un rôle imprécis au ministère de la défense, lui donnant la haute main sur la vie quotidienne des Palestinien·nes de Cisjordanie et le développement de la colonisation. Chef du parti Force juive, Itamar Ben-Gvir, nouveau ministre de la sécurité publique, ancien délinquant lui aussi, et connu pour ses provocations à l’encontre des Palestinien·nes, est chargé du maintien de l’ordre.                               En échange de ces deux postes clés et de l’engagement du Likoud à « étendre la souveraineté juive à la Judée et à la Samarie », c’est-à-dire à annexer la Cisjordanie, Smotrich et Ben-Gvir auraient promis à Nétanyahou de l’aider à faire voter des textes destinés à placer la Cour suprême sous le contrôle de la Knesset, afin de permettre au premier ministre d’échapper définitivement aux griffes de ses juges qui, en trois ans d’audiences, ont déjà entendu 37 des 341 témoins de l’accusation. Pour l’heure, le premier ministre israélien est inculpé dans trois dossiers de gravité inégale devant le tribunal de district de Jérusalem : Le dossier 1 000, dans lequel il est inculpé de « fraude » et « abus de confiance », porte sur les luxueux cadeaux, d’une valeur de 185 000 euros, reçus de richissimes personnalités, dont le milliardaire australien Arnon Milchan, en échange de faveurs financières ou personnelles.  Le dossier 2 000, dans lequel Nétanyahou est poursuivi pour les mêmes motifs, vise la négociation entamée avec Arnon Mozes, propriétaire du plus grand quotidien payant du pays, Yediot Aharonot, qui lui aurait offert une couverture médiatique favorable en échange d’une loi limitant la diffusion du quotidien gratuit Israël Hayom, favorable au Likoud mais concurrent du Yediot. « Ce dossier est très problématique pour le premier ministre, confiait en novembre 2019 à Mediapart l’ancien procureur d’État adjoint Yehuda Sheffer, car le procureur détient l’enregistrement d’une conversation entre Nétanyahou et Mozes. C’est un document presque incroyable, une preuve accablante qui va stupéfier la cour.   Le dossier 4 000, enfin (« corruption », « fraude » et « abus de confiance », encore), est, selon Yehuda Sheffer, « le plus difficile des trois, car il porte sur les très fortes sommes d’argent » – environ 500 millions de dollars – obtenues par Shaul Elovitch, patron du groupe de télécommunications Bezeq et du site d’information Walla, grâce à la complaisance de Nétanyahou : celui-ci avait bénéficié en contrepartie d’une couverture favorable de Walla.      « À eux seuls, ces trois dossiers, qui révèlent à la fois les goûts de luxe, l’amour de l’argent, le besoin éperdu de soutien médiatique et le cynisme déployé pour l’obtenir, en disent long sur Nétanyahou, sa personnalité et sa conception de la politique et du pouvoir. Mais il y a encore bien pire pour lui, ajoutait Yehuda Sheffer, désormais à la retraite, devenu consultant anticorruption et antiblanchiment pour des entreprises ou des États étrangers. Il y a le dossier 3 000, dans lequel sept de ses proches ont été inculpés. Jusqu’à présent, le premier ministre n’a pas été entendu dans cette affaire mais il aurait dû l’être car tout ce que nous savons désormais semble l’impliquer. Et l’impliquer dans un scandale potentiellement dévastateur. »....[Merci à Mediapart] _________

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Raser les murs

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 Mais où est passé le parti socialiste?

                                            C'est la question que se pose la Maire de Paris, de manière factice. Elle connaît la réponse...Anne ne voit rien venir...Pas étonnant: il n'y a pas que sa campagne atone, incantatoire et sans véritable contenu qui est en question. Il y a la fuite des "élites", des éléphants, vers la macronie, forcément "moderne", à la suite du mandat d'un président dont l'ennemi était la finance (sic!), déclarant finalement qu'il n'était "pas socialiste". Plombée par un parti moribond, qui s'est rallié par le sommet aux valeurs libérales, pour être "moderne". Une déjà vieille histoire. Jaurès n'y reconnaîtrait pas ses petits. L'identité du PS est devenue "volatile". Certains appelleront cela la trahison des élites, l'abandon de la question sociale et du sens de l'action politique. Comme la nature a horreur du vide, ce sont les forces conservatrices et réactionnaires à qui on a créé un boulevard. On peut maintenant se dire "socialiste' et voter Macron...


                                            Le socialisme serait-il dépassé? La classe des ultra privilégiés, qui monte en nombre et en influence, aurait-elle gagné, comme le clamait cyniquement B. Buffet. Le virage de 1983 explique bien des dérives futures, au nom de l'adaptation (au marché et à la mondialisation financière, dite "heureuse"). La notion de "gauche" a perdu sa signification en haut lieu? Comment rebâtir un mouvement socialiste qui ait un sens? Le tournant libéral des années 1980 a été décisif. Relire Jaurès ne serait pas un luxe, surtout quand la confusion des esprits devient problématique à la veille de nouvelles élections et quand des bruits de bottes se font entendre à nos frontières...   ____________

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Pauvreté en France (suite)

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 Un phénomène mal connu, parfois ignoré ou dénié, mais toujours présent.

                             La pauvreté, certes, est une notion relative et en fixer le champ est toujours sujet à caution. On peut la relativiser, mais elle existe bien. Quand, à un moment donné, il devient problématique de vivre décemment, d'assurer un minimum de soins, d'avoir les moyens d'éduquer dignement ses enfants, quand on comte à la fin du mois les quelques euros qui restent en caisse sans avoir vécu de superflu quelconque, Même quand on travaille. Car il existe des travailleurs pauvres, souvent dans la précarité et même la grande précarité, surtout depuis la crise de 2010. Un précarité parfois érigée en système. Ce que semble "ignorer" ceux qui sont dans l'aisance la plus grande ou simplement à l'abri du besoin. Ce que pointent et dénoncent maints économistes, à la recherche des causes, et relèvent régulièrement des association caritatives. Des constats sont fait régulièrement, parfois au plus haut niveau, des engagements sont régulièrement annoncés, mais on ne s'attaque pas à la racine du mal, le fonctionnement du système économique qui l'engendre.     


                                         Quelques données techniques permettent de voir que le phénomène de la pauvreté stagne depuis les années 1990: "...selon l'Insee, 2 millions de personnes étaient déjà touchées par la « grande pauvreté » en 2018, c’est-à-dire qu’elles disposaient de revenus inférieurs à 760 € par mois et faisaient l’objet de privations matérielles et sociales sévères (difficultés à se nourrir, à chauffer son logement, à payer son loyer et ses factures, etc.). Dans cette catégorie de « grande pauvreté », un tiers des adultes est au chômage et un tiers est en emploi (ouvriers et personnes travaillant à temps partiel ou de manière discontinue).  Les années 1970 laissaient entrevoir des possibilités d’amélioration de sa condition grâce à un taux de pauvreté qui baissait. Ce n’est plus le cas : les inégalités ne diminuent plus en bas de la hiérarchie des revenus depuis maintenant 40 ans…Conséquence de l’augmentation de la population, le nombre de pauvres a ainsi logiquement augmenté depuis 1980. Quant à la grande pauvreté, seules 10 % des personnes la subissant en sortent au bout de trois ans, le reste demeure en situation de pauvreté matérielle et/ou de privation matérielles et sociales...."                                                    La question de la répartition et de l'impôt n'est pas une donnée marginale. ..« Le problème fondamental [en France], c'est que les milliardaires payent vraiment très peu d'impôts. […] La France est un paradis fiscal pour les ultra-riches. […] Les milliardaires ne payent quasiment aucun impôt sur le revenu parce qu'ils peuvent se payer des dividendes qu'ils gardent dans leurs sociétés holding […].

 

L'impôt sur la fortune immobilière ne vient pas taxer les très grandes fortunes qui sont surtout investies en titres financiers. Même quand l'ISF existait, il exonérait les très grandes fortunes des milliardaires. Et donc on est dans une situation où si vous regardez les taux effectifs d'imposition pour les 380 ménages aux revenus les plus élevés – donc le 0,001 % – on est à… 2 %. »   On note d’ailleurs que les milliardaires français font la course en tête en matière d’augmentation de leur patrimoine depuis 2009 :..                                    ......Emmanuel Macron entendra-t-il les « revendications » de 200 millionnaires et milliardaires (dont 2 français) de 13 pays réclamant, dans une lettre adressée aux leaders politiques mondiaux présents au forum de Davos de cette année, de les taxer davantage pour aider les plus fragiles ?   « Taxez les ultra-riches et faites-le maintenant. C'est du simple bon sens économique. C'est un investissement pour le bien commun et un avenir meilleur que nous méritons tous, et, en tant que millionnaires, nous voulons faire cet investissement. Qu'est-ce qui (ou qui) vous en empêche ? » ... Bonne conscience ou feu de paille? Cela ne suffirait pas, bien sûr, mais c'est une possibilité qu'avait mis en avant Roosevelt au plus fort de la crise. __________________  

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Etonnant et moderne Diderot

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Deux mots sur un auteur à part, à redécouvrir.

                         Presque inclassable, selon les normes habituelles. Un grand pas dans la modernité, dans cette époque charnière qu'est le 18° siècle, celui des Lumières, qui a vu tant de grands esprits s'épanouir, ouvrant des perspectives révolutionnaires qui allaient féconder les temps qui suivirent.        Un esprit universel, comme il pouvait y en avoir à l'époque, au delà des spécialisations qui viendront plus tard compartimenter les savoirs et les sensibilités. Un engagement total dans son époque,  de tout les combats intellectuels pour ouvrir le savoir à tous, comme le fera Condorcet, dans les luttes sociales, comme son contemporain Voltaire, ouvrant d'autres horizons politiques, dans l'esprit de Montesquieu. Un pionnier dans bien des domaines qu'on redécouvre tardivement.  Un philosophe pas comme les autres, ouvert à toutes les disciplines, ne négligeant pas le travail littéraire et la culture des arts, sans crainte de la censure, qui a fait sa réputation dans l'Europe jusqu'à la cour de la Russie.

 

 

      On peut le rejoindre sur le site qui lui est consacré. Il a tant à nous apprendre, par delà tout ce qui est forcément daté. Travailleur infatigable et génial touche-à-tout, il peut encore nous interpeler fortement. Sans lui, le dit Siècle des Lumières n'aurait pas été tout à fait ce qu'il est. Surtout en ce qui concerne l'immense oeuvre encyclopédique, une innovation, qui ne connaîtra plus de fin, jusqu'à la Britannica et aujourd'hui Wikipedia, travail de titan, qui restera toujours en chantier, car du savoir jamais on ne touchera le fond.  Bref, un auteur et un penseur inclassable, politiquement et religieusement incorrect, qui ne se prenait pas pour un philosophe,...

 

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Seuls dans la foule

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 Juxtaposition et narcissisme

                      La solidarité est une valeur en baisse dans nos sociétés, même s'il ne faut pas idéaliser le passé. La règle du chacun pour soi tend à devenir la norme, jusqu'à ne plus connaître ses voisins. Le repli, parfois obsessionnel sur les portables, n'est qu'un symptôme, tout comme le consumérisme sans fin et l'effritement de l'éducation où l'enfant est trop souvent devenu roi. Le "nomadisme" d'aujourd'hui est aussi dans les têtes. C'est l'effet d'un système, bien décrit par Barber.  La consommation de masse n'a rien arrangé, dans une société où l'on dit que le consommateur est "roi".  Nous sommes tous dans le même bateau mas chacun tend à ramer selon ses fantaisies.                                                                                                                                                  L'individualisme n'est pas en soi un défaut, au contraire, dans certaines conditions. Etre soi fortement ne peut être un obstacle pour une sociabilité positive. C'est le panurgisme qui est problématique.  Comme le dit J.de Lacretelle: "Une démocratie ne vaut et ne dure que si elle sait refondre constamment dans la communauté l'individualisme qu'elle fait naître"                                                                                     Si les héros des Lettres Persanes se promenaient encore dans la capitale, ils ne manqueraient pas de se demander: comment peut-on être persans parisiens? Ils en auraient le tournis. La vie privée leur paraîtrait étrange. La connexion sans fin et parfois frénétique leur semblerait un mystère...

 

 

 

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Soigner les soignants

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 Comment soigner le système de santé?

                                               L'hôpital va mal. On n'en finit pas de le dire. Même le chef de l'Etat l'a reconnu en passant. Ceux qui y oeuvrent tous les jours le disent ou s'en vont, aggravant les problèmes. On attend toujours le remède, pas seulement de vagues promesses. Une commission sénatoriale y travaille enfin. Saura-t-elle être aussi intransigeante que dans l'affaire MacKinsey? Saura-t-elle pointer les vraies causes de la défection de l'institution hospitalière et de ses dérives depuis une vingtaine d'années? La pandémie n'a été qu'un révélateur de déficiences antérieures, souvent dénoncées. Le grand corps malade qu'est devenu le système de soins sera-t-il l'objet d'autant d'attention que le budget des armées ou le système des subventions à guichet ouvert dont bénéficient les grands groupes industriels? La privatisation rampante du système sera-t-elle neutralisée?                                                                                                                                                        Depuis des années soumises au régime sec , selon une logique purement comptable et libérale, les maisons de santé vont-elles retrouver la capacité de remplir leur mission, avec bon sens et efficacité, comme une priorité nationale?     Le Chef d'Etat s'y est engagé, dans une nouvelle logique, qui apparaît apparemment comme un renversement de perspective par rapport à celle qui prévalait depuis quelques dizaines d'années, en terme d'économies imposées et de gestion selon les principes du new public management importé du monde anglo-saxon. Faire mieux avec moins de moyens. Une logique réductrice et déshumanisante, qui nous a conduit dans la situation que l'on connaît en cette période de crise pandémique, qui peut se renouveler.


   Depuis longtemps des voix s'élevaient au sein du corps hospitalier pour dénoncer en vain la dégradation pas seulement quantitative et budgétaire, mais aussi qualitative, la qualité des relations dans les équipes soignantes, si importantes pour l'efficacité des soins. Il y a urgence, pas seulement aux urgences
   La conversion du Président semble spectaculaire, comme celle de St Paul sur le chemin de Damas, touché par la grâce:
   « Ce que révèle d’ores et déjà cette pandémie, a-t-il dit, c’est que la santé gratuite sans condition de revenu, de parcours ou de profession, [pour] notre État-providence, n'est pas des coûts ou des charges mais des biens précieux, des atouts indispensables quand le destin frappe […]. Il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché. (sic!)» Puis, il a fait part de la même conviction, mercredi 25 mars, lors d’un déplacement à Mulhouse pour visiter l’hôpital militaire de campagne qui venait d’y être construit. Il a alors promis qu’« à l’issue de cette crise, un plan massif d’investissement et de revalorisation de l’ensemble des carrières sera construit pour notre hôpital ». Avant d’ajouter : « Beaucoup a été fait, sans doute pas suffisamment vite, pas suffisamment fort. » conversion du Président semble une spectaculaire conversion:
   « Ce que révèle d’ores et déjà cette pandémie, a-t-il dit, c’est que la santé gratuite sans condition de revenu, de parcours ou de profession, [pour] notre État-providence, n'est pas des coûts ou des charges mais des biens précieux, des atouts indispensables quand le destin frappe […]. Il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché. » Puis, il a fait part de la même conviction, mercredi 25 mars, lors d’un déplacement à Mulhouse pour visiter l’hôpital militaire de campagne qui venait d’y être construit. Il a alors promis qu’« à l’issue de cette crise, un plan massif d’investissement et de revalorisation de l’ensemble des carrières sera construit pour notre hôpital ». Avant d’ajouter : « Beaucoup a été fait, sans doute pas suffisamment vite, pas suffisamment fort. »
      IL faudra lui rappeler ses propres propos le cas échéant.
  Ce n'était plus possible de fonctionner comme avant. La crise a agi comme un ultime et violent révélateur de ce qui se passait en silence avant.
   Malade du marché, l'hôpital doit retrouver sa vocation première, humaine.
                     Mais attention à la privatisation rampante, qui a déjà gagné bien des secteurs des établissement de soin, attention aux dérives anglo-saxonnes toujours présentes et à la marche à bas bruit vers des soins à plusieurs vitesses. Certaines forces économiques n'ont pas renoncé à s'introduire un peu plus dans ce marché juteux.
  La Caisse des dépôts, notamment, ne reste pas passive et attend son heure:
                  "Il est prématuré de croire dès à présent qu’Emmanuel Macron a changé. En tout cas, le plan que la Caisse des dépôts et consignations (CDC) est en train d’élaborer à sa demande pour l’hôpital public, et dont Mediapart est en mesure de révéler la première ébauche, va totalement à rebours de ses déclarations. Ce document expose une série de propositions qui s’inscrivent toutes dans la philosophie néolibérale qu’Emmanuel Macron a toujours défendue par le passé. Privatisation rampante au travers de sulfureux partenariats public-privé (PPP), marchandisation accélérée de la santé : voilà un plan qui tourne le dos aux valeurs de l’État-providence.  Si l’on en croit les critiques que nous avons recueillies auprès de plusieurs experts de l’économie de la santé ou de l’hôpital, ce plan pourrait même attiser de violentes polémiques dans le pays, tant il contredit la posture prise par le chef de l’État depuis le début de la pandémie.    L’origine de ce plan est connue. En déplacement à Mulhouse, mercredi 25 mars, pour visiter l’hôpital militaire de campagne qui venait d’y être construit, le chef de l’État a fait des promesses fortes, mais sans en révéler les modalités, ni les montants, ni le calendrier. Il a juste assuré qu’« à l’issue de cette crise, un plan massif d’investissement et de revalorisation de l’ensemble des carrières sera construit pour notre hôpital ». Sans emporter la conviction, il a encore dit : « Beaucoup a été fait, sans doute pas suffisamment vite, pas suffisamment fort. » C’est dans ce cadre présidentiel que s’inscrivent les travaux préparatoires de la CDC.
  Ce plan est élaboré par la direction de l’investissement de la Banque des territoires, laquelle est chapeautée par la CDC. Selon nos informations, ce travail de réflexion a été engagé sur une commande de l’Élysée, sans que nous ayons pu savoir si la présidence de la République a sollicité d’autres services de l’État ou d’autres organismes. La note, qui est encore une mouture provisoire, a été écrite par deux hauts fonctionnaires de la CDC, Adelphe de Taxis du Poët et Pierre Menet.
   Tous les experts que nous avons interrogés – professeur de médecine, économistes, sociologue – portent sur cette note un regard similaire. S’ils relèvent ici ou là quelques avancées, ils constatent qu’elle ne tire aucun enseignement de la crise sanitaire historique que nous traversons et cherche à poursuivre et même à accélérer les processus de privatisation rampante et de marchandisation de la santé, qui étaient déjà à l’œuvre les années précédentes..."
 "...Assez frappant de relever que du début à la fin, la note ne cesse de mentionner le secteur privé, pour une cascade de raisons, comme s’il était un acteur majeur pour l’hôpital, dont le statut public est ainsi quasiment dissous. Cette référence au privé apparaît évidemment dans les fameux partenariats public-privé ; pour le développement de la « santé numérique », il est aussi fait mention du rôle de 700 start-up qui sont aussi… privées. Dans une note en bas de page, il est aussi fait l’éloge de nombreux assureurs privés qui soutiennent l’« Alliance digitale pour le Covid-19 », laquelle est « composée de Docaposte, la start-up lilloise Kelindi, l’agence Dernier cri, Allianz France et le cabinet d’avocats De Gaulle Fleurance & associés ». Et la note ajoute : « Le consortium est soutenu par AG2R La Mondiale, AstraZeneca, CompuGroup Medical, Johnson & Johnson, La Banque postale assurances, Malakoff Humanis, la plateforme de téléconsultation MesDocteurs et le groupe VYV. »
       Bref, d’une ligne à l’autre, c’est une ode de chaque instant au privé....
  Chargé de recherche au CNRS, rattaché au Centre de recherche médecine, sciences, santé, santé mentale, société (CERMES3), le sociologue Pierre-André Juven fait ce constat très sévère : « Le seul affichage du secteur marchand comme solution à la crise est potentiellement périlleux pour les responsables politiques qui cherchent toujours à éviter l’accusation de privatisation de l’hôpital public. L’intrusion encore plus grande du privé (car déjà existante) s’articule donc à celle – moins crispante pour beaucoup d’acteurs – de l’innovation et notamment de l’innovation numérique. » On trouvera sous l’onglet Prolonger associé à cet article la version intégrale de la note que nous a adressée le sociologue. Elle peut aussi être consultée ici......Et Pierre-André Juven ajoute : « Ce document est le révélateur très net des orientations actuelles en matière de réformes de la santé : nécessité de faire plus de place au privé ; croyance forte dans l’innovation numérique comme solution au double enjeu de la qualité des soins et de la contrainte financière ; responsabilisation et individualisation face au risque. Les quatre points généraux du document ne sont qu’un coup de tampon aux stratégies édictées depuis plusieurs années. Loin de remettre en cause les orientations délétères des réformes conduites depuis plus de vingt ans, ils conduisent à accélérer la casse de l’hôpital public. Ce document n’est pas seulement la marque d’une volonté d’étendre l’emprise du privé au sein de l’hôpital public, il traduit la conception technophile, néolibérale et paternaliste qu’une grande partie des acteurs administratifs et des responsables politiques ont de la santé..... »
          Il va falloir veiller à cette stratégie, tout en continuant à s'interroger sur cette troublante conversion...__
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Petit survol dominical

Publié le par Jean-Etienne ZEN

__ Reconquête?

__ Domaine réservé

__ Sac de noeuds

__ Bombe anatomique

__ Victoire équatorienne 

__ Paroles, paroles...

__ Ségrégation pondérale?

__ Du berger à la bergère

__ Stratégie darmanienne

 

__ Pas une révélation

 

__ C'est à dire jamais...

__ Elle récidive...                                

__ Démocratie israëlienne?

__ Droits humains en question

__ Un Indien dans la lune

__ Conséquences inflationnistes

__ Comme par hasard...                                    ____________________

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