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L'homme à la casse

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

Grande vieillesse et société.
                                         Un naufrage, disait De Gaulle.
      Pas toujours, mais souvent.
  A partir de 85 ans, tout se déglingue le plus souvent. Peu à peu ou brutalement.
Et la solitude est le plus lourd fardeau, pour beaucoup de nos aînés, souvent abandonnés pas les "proches", par une société atomisée, dont l'individualisme et l'indifférence sont devenus trop souvent  des marques caractéristiques...
  Ce que disent déjà les médecins médiévauxc'est que le meilleur remède à la vieillesse, c'est la socialisation: on vieillit moins quand on vit bien, avec des gens autour de soi.
  D'autres cultures vivent encore cette intégration.
      Le récent mouvement en faveur de moyens pour les  Ehpads nous l'a rappelé. Malgré les avancées matérielles, les moyens humains sont défaillants, au moment où la très grand vieillesse est de plus en plus présente.
   Le personnel soignant en témoigne souvent.
        La vieillesse est une notion bien multiforme, relative, mal cernée et culturellement marquée. 
         A une époque, on était considéré comme "vieux" dès la soixantaine et même plus tôt.. Aujourd'hui, ce terme est mal reçu. On a inventé des équivalents plus soft et plus graduels.
    On vieillit peu à peu, sans s'en rendre compte, jusqu'au jour où des signes ne trompent pas, où l'évidence s'impose, physiquement et/ou psychiquement.  Rares sont ceux ou celles qui, comme Gisèle Casadessus, gardent, au-delà de cent ans, des facultés presque intactes.
   Aujourd'hui, après une longue période de dépréciation dans notre culture, la mode est aux vieux, mais pas trop. Le troisième age, notion récente, est l'objet d'attention , souvent commercialement intéressée. C'est d'abord l'âge des seniors sur papier glacé, des seniors privilégiés, qui se mettent à vivre à pleines dents, consommateurs jusqu'au bout de loisirs et d'évasions.
  L'or gris est un bon filon et les seniors valent de l'or.
    Un marché d'avenir...Un gisement à exploiter dans les nouvelles silver valley
          Il y a du pognon à se faire dans ce gérontobusiness, où l'on est sommé d'être consommateurs jusqu'au boutSauf si les mamies font de la résistance...
  Vieillir, nul n' y échappe, mais comment?
      Mourir, la belle affaire, mais vieillir...chantait Brel. 
     Il est vrai que le grand âge, appelé le "quatrième" est un problème lourd, même en EHPAD.
      La solitude, encore une fois, est le problème majeur et ce ne sont pas les robots qui vont se substituer aux  personnels défaillants.
       C'est la période de L'homme à la casse (selon Colette Plat)
  On dénonce aujourd'hui la « mort sociale » de nombreuses personnes âgées.
       Le continent gris ouvre bien des portes sur les multiples aspects historiques et culturels de la vieillesse. Entre idéalisme et dépréciation.
    Une histoire de la vieillesse en Occident montre comment chaque culture, chaque époque, fabrique un type de vieillard conforme à ses valeurs.
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Aux USA, Beaucoup d'anciens, faute de ressources suffisantes sont condamnés à prendre un nouveau job, comme l'explique Parul Sehgal dans The New York Times.:

 
...Pendant trois ans, la journaliste Jessica Bruder a partagé le quotidien de dizaines de personnes âgées qui sillonnent les routes américaines à la recherche de jobs saisonniers. Dans Nomadland, elle décrit ses rencontres avec ces séniors qui, ayant perdu leur maison et leur emploi au cours de la crise financière de 2008, vivent maintenant dans des vans, des camping-cars ou des bus scolaires.
     L’auteur raconte les moments de joie et d’exaltation, mais également la précarité de la vie de ceux qu’elle qualifie de « réfugiés post-récession ». Lorsqu’ils ne sont pas sur les routes, « ils ramassent des framboises dans le Vermont, des pommes à Washington et des mûres dans le Kentucky. Ils sont guides dans des piscicultures, déchirent les tickets à l’entrée des courses de voitures et surveillent les gisements pétroliers du Texas », explique l’auteur.
      Beaucoup d’entre eux travaillent également dans les gigantesques entrepôts d’Amazon, déchargeant des palettes et transportant des colis par une chaleur accablante. « Dans les murs des entrepôts d’Amazon sont encastrés des distributeurs gratuits d’antidouleurs. L’Amérique carbure à l’Ibuprofène ; c’est la drogue de la performance de la nouvelle économie », commente Parul Sehgal dans The New York Times. ...
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Endormir les esprits

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

Comme l'avait vu Marcuse et d'autres avant-lui:
             La liberté et la réalisation de soi, la promotion de la meilleure part de nous-mêmes doivent aller à contre-courant des forces d'inertie qui nous entraînent vers le bas et au renoncement à peine conscient.


   Un esprit en éveil et formé est une exigence constante dans le constant combat pour éviter les dérives de toutes sortes et les fausses-sécurités.
        Comme le dit à sa manière Günther Anders:

« Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut pas s’y prendre de manière violente. Les méthodes du genre de celles d’Hitler sont dépassées. Il suffit de créer un conditionnement collectif si puissant que l’idée même de révolte ne viendra même plus à l’esprit des hommes.
L’idéal serait de formater les individus dès la naissance en limitant leurs aptitudes biologiques innées. Ensuite, on poursuivrait le conditionnement en réduisant de manière drastique l’éducation, pour la ramener à une forme d’insertion professionnelle. Un individu inculte n’a qu’un horizon de pensée limité et plus sa pensée est bornée à des préoccupations médiocres, moins il peut se révolter. Il faut faire en sorte que l’accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste. Que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que l’information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif.
Surtout pas de philosophie. Là encore, il faut user de persuasion et non de violence directe : on diffusera massivement, via la télévision, des divertissements flattant toujours l’émotionnel ou l’instinctif. On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. Il est bon, dans un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de penser. On mettra la sexualité au premier rang des intérêts humains. Comme tranquillisant social, il n’y a rien de mieux.
En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d’entretenir une constante apologie de la légèreté ; de sorte que l’euphorie de la publicité devienne le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté. Le conditionnement produira ainsi de lui-même une telle intégration, que la seule peur – qu’il faudra entretenir – sera celle d’être exclus du système et donc de ne plus pouvoir accéder aux conditions nécessaires au bonheur.
L’homme de masse, ainsi produit, doit être traité comme ce qu’il est : un veau, et il doit être surveillé comme doit l’être un troupeau. Tout ce qui permet d’endormir sa lucidité est bon socialement, ce qui menacerait de l’éveiller doit être ridiculisé, étouffé, combattu. Toute doctrine mettant en cause le système doit d’abord être désignée comme subversive et terroriste et ceux qui la soutiennent devront ensuite être traités comme tels.»
Günther Anders, "L’Obsolescence de l’homme", 1956
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Une notion confuse

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

 PIB en question
                          Le Produit intérieur brut est souvent présenté ou perçu par ceux qui y font référence comme une donnée objective, comme une sorte de reflet de ce Adam Smith appelait la richesse des nations.

   Alors que, bien que fonctionnelle d'un certain point de vue, c'est une notion construite, sur des bases de calcul parfois discutables, n'ayant qu'une valeur relative et quelque peu illusoire.
    Que la notion de PIB soit un indicateur plus qu'imparfait est le moins que l'on puisse dire.
 Il est souvent trompeur si on ne l'aborde pas de manière critique
     Le fait que la France, par exemple, va intégrer  les revenus de la drogue  dans son PIB devrait interroger sur le fétichisme économique  qui caractérise cette notion. Même des activités économiques illégales estimées finissent pas entrer dans son calcul. Par exemple, Eurostat estime que le trafic de drogue, la prostitution (là où elle n’est pas légale) et le trafic d’alcool et de tabac entrent bel et bien dans le cadre de cet accord mutuel. Ils doivent donc être intégrés dans le PIB. Et tous finissent par s'aligner sur ces modes de calcul.
   Il importe de démystifier la tendance à identifier PIB et richesse et surtout qualité de vie. Comme interrogeait E.Joly: "La France produit trois fois plus qu'il y a trente ans. Sommes-nous trois fois plus heureux?...les richesses sont-elles mieux réparties?
    La vraie question à se poser est: qu'est qui fait la richesse?de quoi sommes-nous riches?
".....Le PIB ne pouvant mesurer que les facteurs auxquels un prix est associé, il exclut automatiquement ce qui ne ressort pas de la sphère de l’économie, comme la faible criminalité, la stabilité familiale et la salubrité de l’air. Inversement, les coûts « négatifs » que sont le contrôle de la pollution ou les dépenses en systèmes d’alarme et en frais de garderie constituent une adjonction au PIB même s’ils contribuent peu au bien-être général ou n’y contribuent aucunement. Le PIB ne tient pas non plus compte des investissements en capital social, comme les investissements dans les collectivités ou les institutions sociales....."
 Le PIB est donc un objet comptable non ou mal identifié.  
      Selon Patrick Viveret, il faut reconsidérer la richesse et ses aspects qualitatifs, qui ne sont pas des objectifs comptables comme la notion de croissance peut l'être aussi.
        "...Peu regardante sur ce qu’elle additionne, la Croissance oublie par contre toutes les activités humaines qui ne donnent pas lieu à des dépenses monétaires : entraide, vie associative, temps passé avec nos enfants et attention aux anciens, ...

Souhaite-t-on une société où la principale boussole est celle du chiffre d’affaires, et où l’on accepte des inégalités de revenus de plus en plus criantes ?
Une société où les dégâts écologiques ne viennent jamais remettre en cause la logique de la course aux profits ? Souhaite-t-on une société où les dépenses de santé sont très élevées ou une société dont les personnes sont en bonne santé ? Souhaite-t-on une société où les loisirs ne sont "bons" que si ils entraînent des dépenses, ou choisit-on la douceur de vivre ? Et ainsi de suite...
Le PIB et la Croissance sont bien loin de mesurer l’amélioration du bien-être d’une société et du "bien-vivre" des individus. Ce ne serait pas si grave si cet indicateur se cantonnait à ce qu’il est, un regard sur les activités économiques. Mais son omniprésence dans les esprits en fait le raisonnement principal, affecte notre quotidien, empêche d’autres regards ...

La santé par exemple n’est abordée que comme une dépense, alors qu’elle devrait être traitée en termes d’investissement sur l’être humain. Mais la prévention est moins productrice de "croissance" que la réparation... Et les dégâts de la pollution ou du stress au travail sur la santé, par exemple, ne sont jamais comptabilisés en négatif dans le chiffre d’affaire des entreprises.... "
        Comme le soulignait déjà Aristote"L'argent n'est qu'une fiction et toute sa valeur celle que la loi lui donne. L'opinion de ceux qui en font usage n'a qu'à changer, il ne sera plus d'aucune utilité et ne procurera pas la moindre des choses nécessaires à la vie. On en aurait une énorme quantité qu'on ne trouverait point, par son moyen, les aliments les plus indispensables. Or il est absurde d'appeler "richesse" un métal dont l'abondance n'empêche pas de mourir de faim ; témoin ce Midas à qui le ciel, pour le punir de son insatiable avarice, avait accordé le don de convertir en or tout ce qu'il toucherait. 
   Rien à voir avec le bien-être, sous ses différents aspects, encore moins avec le bonheur
    On peut se référer en ce sens au discours de Bob Kennedy à l' université du Kansas le 18 mars 1968:
      Notre PIB prend en compte, dans ses calculs, la pollution de l'air, la publicité pour le tabac et les courses des ambulances qui ramassent les blessés sur nos routes. Il comptabilise les systèmes de sécurité que nous installons pour protéger nos habitations et le coût des prisons où nous enfermons ceux qui réussissent à les forcer. Il intègre la destruction de nos forêts de séquoias ainsi que leur remplacement par un urbanisme tentaculaire et chaotique. Il comprend la production de napalm, des armes nucléaires et des voitures blindées de la police destinées à réprimer des émeutes dans nos villes. Il comptabilise la fabrication du fusil Whitman et du couteau Speck, ainsi que les programmes de télévision qui glorifient la violence dans le but de vendre les jouets correspondants à nos enfants. En revanche, le PIB ne tient pas compte de la santé de nos enfants, de la qualité de leur instruction, ni de la gaieté de leurs jeux.Il ne mesure pas la beauté de notre poésie ou la solidité de nos mariages. Il ne songe pas à évaluer la qualité de nos débats politiques ou l'intégrité de nos représentants. Il ne prend pas en considération notre courage, notre sagesse ou notre culture. Il ne dit rien de notre sens de la compassion ou du dévouement envers notre pays. En un mot, le PIB mesure tout, sauf ce qui fait que la vie vaut la peine d'être vécue.

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La vraie richesse

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

Une notion équivoque.   (Bis repetita)
                                    La notion de richesse a la particularité d'avoiun grand nombre de sens, une richesse de significations que l'on distingue le plus souvent, mais que l'on confond parfois.
   Riche de sens n'est pas riche de biens ou de moyens ou riche de ressources intellectuelles ou morales.
       La notion de valeur, qui lui est souvent étroitement liée, possède un sens proche et peut aboutir aussi à de nombreuses confusions. Entre la valeur d'un bien et la valeur d'un acte ou d'une personne, il y a plus qu'une différence de sens, il y a hétérogénéité complète. Hétérogénéité qui n'est pas toujours perçue ou qui est entretenue par un milieu culturel, un système productif particulier.
    Ainsi souvent aux USA, surtout dans le monde du business, on aime souligner sa valeur en privilégiant son prix sur le marché du travail, son salaire, son train de vie ( show potential employers what you've got) et des organismes variés estiment la valeur d'une vie humaine à travers le prisme de sa rentabilité sociale et financière.
     Chacun vaudrait le prix qu'il peut monnayer sur le marché du travail. La valeur d'une personne tend à se ramener à sa valeur salariale et le prestige social qui va avec.
    Pour dissiper ces confusions liées aux dérives de notre système économique où l'argent et ce qu'il permet, tend à prendre le premier plan, il importe de faire une critique socio-écologique de l’économie capitaliste, à la source de la confusion fréquente de ce qui est estimable en l'homme quel qu'il soit.
      Comme le souligne l'économiste JM Harribay, l'économie, en l'occurrence capitaliste, opère sans cesse des glissements entre des sens hétérogènes de la notion de valeur. Tout n'a pas une valeur marchande, il importe de faire la part de ce que l'on ne peut apprécier monétairement, l'inestimable.
Pas seulement en ce qui concerne la personne humaine, irréductible à tout calcul ( un chômeur vaut bien un banquier, un grabataire vaut bien un footballeur qu'on s'arrache à prix d'or), mais aussi par rapport à ce qui lui est vital, comme les biens naturels:
    La confusion fondamentale entre richesse et valeur encombre en effet les débats contemporains, avec effet rétroactif sur les acquis de l’économie politique. Ainsi, tous ceux qui expliquent que le PIB ne mesure pas le bien-être ou le bonheur enfoncent des portes ouvertes (dans le meilleur des cas) mais, très souvent aussi, se tirent une balle dans le pied en proposant par exemple de soustraire du PIB la « valeur » des « dégâts du progrès » pour calculer une sorte de PIB vert, qui est un monstre conceptuel cherchant à faire entrer de force ce qui est « inestimable » dans la métrique marchande...
   Il importe donc de démystifier la notion purement comptable de la valeur et les dérives sémantiques auxquelles elle donne lieu, qui ne sont pas innocentes.
   Harribey nous fournit une bonne boussole pour nous y retrouver dans les confusions souvent entretenues par l'idéologie de notre société marchande, valorisant prioritairement l'argent et la rentabilité, où la notion de dignité et de respect (au sens kantien) tendent à passer à la trappe.
      Sanctuariser les deux seules vraies richesses ici-bas : l'homme (qui donne sens au monde par son travail) et la nature, en la sauvant autant "des eaux glacées du calcul égoïste". Reste à savoir si cette démarche, concevable intellectuellement, peut se traduire en actes politiques, à l'heure du consommateur-roi et du marché planétaire....
               Telle est la question à débattre sans fin au coeur d'un système qui tend toujours à dériver, en privilégiant l'argent sur la personne, l'individu sur le commun.
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Petit voyage en Absurdie

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

Shadokophilo
               Où va se loger l'absurde!...
                                         Parfois là où on ne l'attend guère.
 

        Comme dans les aventures abracadabranquo-farcesques un peu oubliées des Shadoks, méchants et idiots, mais inventeurs de machines improbables et de sagesse burlesque et surréaliste, qui ont divisé un temps les Français jusqu'aux plus hautes sphères.
  Mathématiciens très moyens, ils étaient experts en pompages de toutes sortes.
   On peut en rester à la perplexité amusée ou en faire une ébauche de réflexion philosophique à l'usage de la vie ordinaire.
   Comme Sylvain Portier, qui voit dans les frasques shadokiennes une fable sur la condition humaine dans son discours et ses activités répétitives et sans finalité, très drôles ou tragiquement loufoques, vues de Sirius.
   La philosophie du pompage, de l'activité sans finalité réelle, a de l'avenir...
          Le Shadok devient... un personnage conceptuel, un véritable concept qui, en tant que tel, se doit d’interroger notre propre condition. Or, ce qu’il met en question, c’est notre étrange incapacité humaine à vivre en harmonie avec nos semblables et avec notre planète. Au regard d’autres cultures auxquelles nous avons imposé notre modèle shadok du labeur, celui-ci s’est révélé être une tâche infinie, et qui peut s’avérer autodestructrice. Est-ce dans notre essence, ou pouvons-nous créer un autre rapport au monde technologique? C’est cette tendance de l’homme à s’aliéner lui-même, sa folie et son côté sombre que ces monstres montrent et qu’ils tournent en dérision, ce pouvoir obscur de notre société moderne qu’ils mettent joyeusement en lumière. Le Shadok et son pompage seraient ainsi une métaphore de notre absurdité face au travail et à notre avenir, la personnification de notre part propre d’ombre...
   Pourquoi pas?
     On se rapprocherait là de certaines analyses de Camus sur les contradictions insolubles entres les désirs et la réalité, entre la recherche de sens et la finitude, la morne répétition des choses, la mortalité sans issue
 « Ce monde en lui-même n’est pas raisonnable […] Mais ce qui est absurde, c’est la confrontation de cet irrationnel et (du) désir éperdu de clarté dont l’appel résonne au plus profond de l’homme » dit-il dans le mythe de Sisyphe, condamné à une activité incessante, répétitive, sans but et sans finalité. 
    Schopenhauer est allé plus loin dans le constat et l'analyse de l'absurde comme dimension constitutionnelle de l'humanité, contre le finalisme idéaliste.
   Dans le théâtre, Ionesco est un digne représentant de cette veine qui souligne la dimension ubuesque de situation , avec une leçon sous-jacente.
   Comme plus tard Desproges, à sa manière, pour un plus large public. Il ne faut pas désespérer des imbéciles; Avec un peu d'entrainement, on peut arriver à en faire des militaires...
     Il y en a des situations shadokiennes!...
  Sous une forme ou sous une autre, élaboré ou non, institutionnel ou non, l'absurde nous cerne, de manière plus ou moins claire.
    En prendre conscience peut aider à vivre et, comme disait Camus, il faut imaginer Sisyphe heureux.
                                              C’est tout pour aujourd’hui...
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Le foot et le marché

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

D'hier à aujourd'hui
                              Le ballon rond reprend du service comme il peut dans ces temps compliqués où le public est invité à rester encore devant son écran pour soutenir son équipe. Le covid cloue les fans à la maison.
     Ce sport en crise réémerge après des mois de convalescence. Mais il n'est pas pour autant au mieux de sa forme. Surtout si, faisant un peu d'histoire, on compare son état d'aujourd'hui avec ce qu'il fut dans ses temps les plus florissants et les plus populaires, loin du business qui s'est emparé de lui au niveau professionnel.
      Il a évolué du meilleur au pire.


                                                          Ce qu'est le foot devenu.
   La fête est repartie et avec elle des prises de position pour le moins contrastées.
      Il est vrai qu'il y a matière à débat au sujet de l'évolution récente de cette pratique sportive. populaire, qui a changé plus que dans son esprit, devenu un marché sur le plan international.
   Un sport qui remonte à loin, sous des formes variées et peu codifiées. On en trouve déjà des manifestations dans l'ancienne Chine avant de le voir éclore dans le berceau anglais, puis un peu partout dans le monde.
   Cette pratique, qui continue à enthousiasmer les gamins, à attirer des foules autour d'un club fétiche, n'est pas à l'abri de dérapages et parfois de violences dans certains cas. Violences racistes en Italie, violences d'une certaine jeunesse en Algérie.
    Mais il semble être devenu malade au plus haut niveau, atteint d'une pathologie qui affecte notre société toute entière, miné par des pratiques financières de tous ordres, souvent critiquées mais pas toujours transparentes (pour utiliser un euphémisme). sous l'oeil indifférent des pouvoirs publics.
 C'est tout un système qui a changé, depuis que le monde des affaires a envahi l'univers des stades, dénaturant les pratiques sportives et l'esprit du jeu.
   Le foot mérite bien mieux que ce que la FIFA en a fait.
       Avec les pratiques financières les plus folles, le jeu est devenu aseptisé
 Rien à voir avec les équipes d'avant ces trente dernières années, à Lens ou ailleurs.
   Pour les jeunes, le sport professionnel est devenu un contre-exemple.  il n'est plus l' instrument d'émancipation qu'il fut.
   De dérives en dérives, il détourne de plus en plus de personnes autrefois motivées.
        Des millionnaires courant après un ballon, c'est un peu simple, mais pas si caricatural que cela.     Le business est partout.
     Ils nous ont volé notre football, disait quelqu'un avec une certaine justesse.

Une chose est sure: le ballon ne tourne pas très rond.
     Foutu, le footIl reste encore parfois de bons restes.
         Même si on partage pas tous les éléments de cet avis tranché:
             L’économie politique du football est (donc) de part en part une économie politique capitaliste – n’en déplaise à ses thuriféraires de ‘‘gauche’’ – parce que la logique du profit en a fait une entreprise comme une autre, avec ses employeurs, ses actionnaires, ses salariés, ses rapports d’exploitation, ses stratégies financières, ses conflits d’intérêts, ses licenciements, ses liquidations et son chômage. L’Empire football est même devenu au fil des ans une vaste multinationale bureaucratique gérant un énorme marché international où circulent des masses considérables d’argent et où s’opposent sans interruption de grandes fédérations dominantes avec leurs championnats réputés (Angleterre, Allemagne, Italie, Espagne, France, Brésil, Argentine), des clubs d’élite (en Europe : Real de Madrid, Juventus de Turin, Manchester, Barcelone, Chelsea, Liverpool, Inter de Milan, Bayern de Munich, Milan AC, Ajax d’Amsterdam, Arsenal, Benfica, Eindhoven, CSKA Moscou) et des groupes capitalistes qui se disputent férocement l’hégémonie sur ce ‘‘marché porteur’’. Pour comprendre le fonctionnement de cet univers mercantile complexe qui organise une débauche de compétitions, de rencontres et de ‘‘fêtes’’ – championnats nationaux, régionaux et locaux, Coupes du monde, Coupes de l’UEFA, Super Coupes d’Europe, Coupes intercontinentales, Coupes d’Afrique, Jeux Olympiques, Jeux méditerranéens – il ne faut jamais perdre de vue qu’il repose totalement sur une infrastructure capitaliste et que ses modes d’organisation peuvent, suivant les lieux et les époques, combiner plusieurs formes politiques ou idéologiques : le fascisme, le stalinisme, le libéralisme, le travaillisme, la mafia, le poujadisme, le régionalisme, l’islamisme, etc. – ce qui lui donne cette apparence bigarrée de diversité dans l’unité. Malgré ses manifestations nationales très diverses, le football reste cependant partout traversé par la même logique, car il est institutionnellement subordonné à la maison-mère, la mère pondeuse, la Fédération international de football association (FIFA), créée à Paris en 1904. C’est en effet la FIFA qui accrédite les diverses fédérations et ligues nationales de football, qui fixe les règlements et contrôle ses applications, chapeaute les grandes compétitions, en particulier les Coupes du monde, et oriente les grands projets de développement qui visent tous à convertir la planète à la religion profane du ballon rond, à étendre son empire jusque dans les pays les plus réfractaires, bref à piloter la footballisation du monde. La pieuvre a donc étendu ses tentacules sur tous les continents, des grandes métropoles aux plus petits villages : après l’Europe, l’Amérique latine, la Russie, l’Afrique, le Proche et le Moyen-Orient, les Etats-Unis, le Canada, la Chine, l’Australie, le Japon, l’Asie du Sud-Est, l’Océanie. A sa manière, le football est l’expression de la colonisation capitaliste du monde, et son exportation aux quatre coins de la planète – à partir de son lieu d’origine, l’Angleterre – traduit l’extension du processus impérialiste, sa pénétration dans des zones encore vierges, son insatiable appétit de conquêtes et de surprofits. Le football, porté par la vague déferlante du libéralisme contemporain, tend également à pénétrer l’ensemble des pays, mais aussi à affirmer son monopole idéologique dans l’industrie de l’abrutissement qui caractérise le capitalisme avancé. Le football est, en effet, contrairement aux rêveries idylliques des zélotes qui persistent à y voir un élément de la culture, l’une des principales machineries idéologiques de manipulation, d’endoctrinement et de crétinisation des masses. En cela, le football est bien l’idéologie dominante par excellence parce qu’il correspond exactement aux valeurs préconisées par le capital. […] De ce point de vue le football est bien une forme de tyrannie et d’aliénation parce qu’il favorise la chloroformisation des esprits, l’obnubilation des médias et la sidération des masses : des matches, des buts, des anecdotes, des olas, des hurlements, des insultes, toute la panoplie de l’infantilisation et de la régression au service d’une entreprise de décervelage ou de lavage de cerveau – pour paraphraser Tchakhotine : le viol des foules par la propagande footballistique  »

[Jean-Marie Brohm & Marc Perelman, Le football, une peste émotionnelle, Gallimard, Folio,]
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Mais comment peut-on être fouteux? (à la mode de Montesquieu)
        Des hommes et un ballon

                                         Mais qu'ont-ils donc à courir ainsi en tous sens après cette malheureuse balle en caoutchouc?
   En la poussant du pied sans jamais s'en emparer?

Le ballon et les ronds

   Sous les clameurs de gens entassés et bariolés, scandant d'étranges slogans et entamant des chants vindicatifs et parfois des cris vengeurs.
    Dans les tribunes, on peut utiliser ses mains, mais pas sur le gazon. Sauf deux, Allez comprendre.
 La logique de cette activité m'échappe, autant que la pelote Maya.
        Mais comment peut-on être persan fouteux?
   Il y a vraiment ici en Europe et ailleurs des activités incompréhensibles. 
 Je ne suis pas le seul à le dire.
            Et ils seraient payés pour faire ça, dit-on.
  Chez nous, en Amazonie, quand on court, c'est pour quelque chose.
   Je me suis fait expliquer par mon hôte l'étrange spectacle vu dans la lucarne du salon.
J'ai fait des efforts, mais je n'ai pas encore tout compris...
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Retour en Absurdistan

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

Afghanistan: le bourbier continue.
                                              C'était prévisible.
                                                           L'impasse s'approfondit en se modifiant, les civils étant les premières victimes.
      Après les échecs de Alexandre le Grand, la volonté de conquête de l'Empire britannique, les revers soviétiques, les USA sont engagés dans une guerre interminable, dont on ne voit pas l' issue, la guerre la plus longue menée par les États-Unis : seize ans, environ 6 000 jours, soit plus que la guerre du Vietnam.
    Une guerre critiquée dès son engagement, qui, comme celle d' Irak, est la conséquence des errements bushiens et des néo-concervateurs de l'après 11 septembre, qui ont alimenté ce qu'ils prétendaient vouloir combattre.
   Le cimetière des empires ne fera pas exception.
Après avoir instrumentalisé différents fondamentalismes djiadistes contre la présence soviétique, les vents contraires sont venus, plus par le biais du Pakistan d'ailleurs, ou du moins de ses zônes frontalières d'où vint le phénomène taliban.
  Et le chaos s'installa, avec quelques périodes de répit, ainsi que la corruption d'un pouvoir exerçant sur quelques zônes limitées. Les attentats redoublent, le désordre s'approfondit, sur fond de corruption et de trafics de drogue.
    Le désir de cibler Al Qaïda plutôt que de travailler à la stabilisation de l’Afghanistan a amené à la collaboration avec des chefs de guerre n’ayant que faire des droits de l’Homme, de leurs ennemis mais aussi des populations civiles. Par la suite, selon Human Rights Watch, les États-Unis ont toujours préféré les gains politiques et sécuritaires sur le court terme, plutôt que de prendre au sérieux la défense des droits des Afghans.
      Une guerre folle qui rend fou.
  Le cycle de la violence ne semble pas prêt d'être brisé dans ce pays réputé incontrôlable où se réfugient les fondamentalismes refoulés ailleurs.

  On connaît mieux maintenant, après les révélations de  Zbigniew Brzezinski, les conditions dans lesquelles commencèrent, d'abord clandestinement, les premiers engagements US; l'engrenage ne s'arrêta plus pour l'arroseur arrosé depuis une vingtaine d'années.

  Trump du mardi revient sur ses propos du lundi: nous resterons en Afghanistan, qu'à vrai dire les troupes US n'ont jamais définitivement quitté depuis l'annonce de fin 2014 et leur présence sera renforcée.
   Après l'engagement de Bush et l'obstination d'Obama, au bout de 16 ans, un engagement de mille milliards de dollars, 2 400 morts, 20 000 blessés.
    Le résultat est nul. Le projet bushien de désordre créateur a montré ses effets. Qui dira combien d'Afghans, seulement civils, furent tués au cours des opérations?
    Mais une bonne affaire pour le complexe militaro-industriel, qu'Eisenhower dénonçait très tôt comme un péril interne, et pour des intérêts qui jouent en sourdine leur partition.
   On comprend qu'un vive opposition s'exprime même en haut lieu à Washington. 
    A vrai dire c'est l'engagement initial lui-même qui fut une folie et qui s'annonçait comme un bourbier sans fin. Là où l'empire britannique s'était cassé les dents, là où l'Union Soviétique a sans doute reçu le coup de grâce.
    Ne parlons pas des conséquences, qui se sont étendues et élargies: le soutien et l'aide substancielle fournis à une guérilla djihadistes depuis le Pakistan voisin, qui allait trouver là l'occasion de s'affirmer et d'essaimer, la montée en force de groupes talibans, qui reviennent une nouvelle fois des confins du Pakistan pour contrôler une partie non négligeable du pays.
      Le bourbier initial pourrait bien devenir un sanctuaire pour terroristes
  Trump d'avant-hier affirmait pourtant: Quittons l'Afghanistan », écrivait-il sur Twitter en janvier 2013. « Nos troupes se font tuer par des Afghans que nous entraînons et nous gaspillons des milliards là-bas. Absurde ! Il faut reconstruire les USA.
      Les enjeux géopolitiques, à l'heure où on dit vouloiur contrôler la Chine et son sulfureux voisin ont pris le pas sur la raison La guerre d'Afghanistan est ingagnable et les troupes trumpiennes aboutiront aux résultats vus avant et ailleurs: la montée d'une opposition plus forte favorisée par la chute du régime corrompu mis en place par l'oncle Sam.
   Une nouvelle impasse se dessine, avec des conséquences incalculables, comme toujours.
      Un nouveau bourbier, pourtant anticipé par certains stratèges du Pentagone, se prépare.
        Mais qu'allaient-ils faire dans cette galère?
                                      Savoir arrêter une guerre: une leçon déjà oubliée....
       On n'a pas fin, hélas! de parler de l' Afghanistan.
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Eau dans le gaz

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

Rififi en Méditerranée.
                              Les ambitions de l'homme d'Ankara sont toujours présentes, pas seulement du point de vue religieux, mais aussi économique . Et le pétrole comme le gaz sont les nerfs de la puissance.
   Malgré ses faiblesses, Erdogan avance ses pions, profitons des faiblesses et des divisons européennes. Aujourd'hui en Méditerranée, il déploie ses forces, faisant de mare nostrum son domaine réservé, jusqu'en Libye. . Au risque de tensions sérieuses avec la Grèce et sous le regard plus ou moins réprobateur de l'Europe, divisée sur l'attitude à prendre vis à vis de celui qui sait utiliser la corde du chantage.

      Dans ces tensions, l'Europe, sans unité, essaie de ménager la chèvre et le choux après avoir souvent cédé au chantage de l'homme fort d'Ankara se sachant en péril.
  Les discours martiaux contre la Grèce se multiplient. La provocation est constante. Mare nostrum est devenue celle de possibles affrontements.
    Les interventions d'Erdogan dans la Libye exsangue n'a rien d'humanitaire, pas plus que ses pressions sur les Kurdes. Ses visées vont loin. Une affaire de famille
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En absurdoland

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

Massacres en série.
                               Des armes et des larmes.
   La démesure et la répétitivité dans l'horreur.

 

La colère, l'émotion et la prière, comme d'habitude....
     Et après? Rien ne change.
  Le sacro saint deuxième amendement est au dessus de toute contestation, révision et légitime tous les débordements, régulièrement constatés.
   Trump se contente de dire qu'il faut renforcer la sécurité.
      Les lobbies des armes répètent à l'envi que ce n'est pas l'arme qui tue.
 Les vélléités de réforme d' Obama sont déjà oubliées.
   Et dans la rue, comme récemment à Las Vegas, dans les  lycées, à Parkland ou ailleurs, et même dans les églises, on permet à des déséquilibrés de tirer, avec des armes de plus en plus meurtrières, qu'on peut de procurer si facilement aux USA, le pays hors-compétition pour la détention d'armes de tous calibres.
  Dans les établissements scolaires,  c'est le18ème massacre depuis début janvier: "C’est la 18ème fusillade dans un établissement scolaire américain depuis début janvier et la 291ème survenue au cours de ces cinq dernières années. Pour le sénateur démocrate Chris Murphy, desespéré, "cela n’arrive nulle part ailleurs qu’aux États-Unis."
   Une carte qui donne une idée de ces fusillades meurtrières aux États-Unis, des mass shootings à répétition.
  En 2017, seulement135 jours sans fusillade de masse.
   Le Texas détient des records, mais pas seulement.
  Tragique banalité! Ce pays est devenu fou et aveugle, comme le disent certains responsables démocrates, sans toutefois pointer les responsabilités. Il faut dire que la NRA soutient les parlementaires les plus fidèles.
  La question des armes aux USA est plus qu'une question de tradition historique fossilisée, elle est le symptôme d'un mal profond, culturel autant que psychologique.
  Quand le fusil d'assaut trône au salon, même sous clé, quand on familiarise très tôt l'enfant avec les jouets des grands, il ne faut pas s'étonner...
  L'Australie et le Canada (un peu moins) on su régler le problème de l'usage de la surabondance des armes.
       Aux USA, c'est: ne touche pas à mon arme! (élément de mon identité) et l'éternel slogan, qui convient bien à la très riche NRA: « Guns don’t kill people, people kill people. »
  Le pays se sortira-t-il un jour du piège dans lequel il s'est enfermé, de la banalisation de la violence en général?. L'ennemi intime risque de continuer encore longtemps ses ravages.
   Et de nouveau ce sera cry and pray...
              Comme le dit un internaute qui pointe des valeurs sous-jacentes à une certaine culture de mort, propre à son histoire: 
Le fait que cet événement se soit passé encore une fois de plus aux States, n’est pas étonnant. Il est à la croisée de plusieurs paramètres, qui ne peuvent que le réamorcer. 

Toutes les larmes de crocodiles versées, médiatiquement, par les responsables politiques et les habitants, ne veulent dire qu’une seule chose : Nous préférons l’émotion à la réflexion. Dans ce sens, nous ne voulons pas changer.Nous assumons donc le prochain passage à l’acte.
Les enfants sont les victimes expiatoires de notre manque de courage,Nous préférons garder nos panoplies de cow boys, et nos postures infantiles.Ce pays a une particularité. Il s’est construit sur l’expropriation des terres, sur le meurtre et sur le crime. Il s’est construit sur un mensonge : Un pays vide, pour des gens sans terres.L’ouest, la frontière, c’était le modèle, le pays où l’on pouvait tout se permettre, où l’on pouvait prendre sa revanche. Le fait est que les pionniers, dans leur grande majorité, étaient des exclus de l’ancien monde, pour ne pas dire des repris de justice, avides de prendre leur revanche, et de le montrer ensuite. Il existe sans doute à l’état inconscient une culpabilité, une peur que l’histoire ne soit pas finie. Un retour de ce qu’on a volé. Ce n’est pas pour rien qu’ils sont là tous à hurler sur la bible, comme dans un exercice conjuratoire. Le fusil, la bible, voilà les deux composantes de l’identité. N’essayez pas trop de leur prendre. Autant tenter de piquer une de leur drapeau,accroché au toit de leur maison
" (sic)
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- Sans complexes!   A Chicago, troisième ville des Etats-Unis, 754 personnes ont été tuées par balles en 2016, un record en près de 20 ans.
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Gendarme du monde

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

La loi de Washington      (
                                    C'est plus que jamais l'occasion de le rappeler..
                                                Malgré les apparences et les déclarations officiellement atlantistes ou e circonstances,, beaucoup de chefs d'Etat ont ou ont eu parfois la dent dure envers la politique de Washington, qui ne ménage pas les coups bas commerciaux et politiques.

         A commencer par le Général de Gaule, clairvoyant sur les ambitions impériales des USA de l'après-guerre et plus tard les déclarations de Mitterrand concernant les ingérences de certains services américains dans l'Etat français:      Au crépuscule de son ultime mandat, il confiait à Georges-Marc Benhamou une observation que le journaliste retranscrirait dans son livre Le dernier Mitterrand«La France ne le sait pas, mais nous sommes en guerre avec l’Amérique. Oui, une guerre permanente, une guerre vitale, une guerre économique, une guerre sans mort apparemment. Oui, ils sont très durs les Américains, ils sont voraces, ils veulent un pouvoir sans partage sur le monde. C’est une guerre inconnue, une guerre permanente, sans mort apparemment et pourtant une guerre à mort.» Bien que le premier président socialiste de la Ve République ait toujours traîné une réputation d’atlantiste, des missiles Pershing en Europe à l’engagement français dans la guerre du Golfe, il a souvent eu la dent assez dure pour mordre en plein dans la politique américaine. En 1983, énervé par la flambée du dollar et la hausse des taux d’intérêts américains, il s’en prend à la Maison-Blanche:  «Les États-Unis nous font payer leur chômage et leur déficit. C’est nous qui permettons à Reagan de continuer une politique qui nous écrase »
       Aujourd'hui, les menaces à peins voilées concernant les pays continuant à commercer avec l"'ennemi déclaré", l'Iran diabolisé, qu'il faut affaiblir un peu plus par un embargo encore plus dur, se font avec Trump plus pressantes et plus cyniques. Pires que celle de Bush, qui avant la malheureuse aventure irakienne, s'était acharne à ruiner le pays par un embargo mené avec la complaisance de Tony Blair.
   La puissance économico-militaire de Washington depuis 1945 s'est imposée, grâce à la suprématie du dollar, la monnaie du vainqueur devenue monnaie mondiale. C'est notre monnaie, c'est votre problème, disait-on à la Maison Blanche.
      Le gendarme du monde s'imposait sur tous les plans, dans le contexte d'une guerre froide, qui facilitait ses intérêts. En 2006, la population américaine franchit le cap des 300 millions d'habitants. Toujours première puissance économique du monde, le pays est toutefois devenu de plus en plus dépendant de capitaux étrangers, notamment chinois, pour financer son économie. Profondément ébranlé par le 11 septembre, il a adopté des lois anti-terroristes qui entachent son image de pays des libertés. Après un « siècle américain », le XXIe siècle s'ouvre, non comme une phase de déclin, mais plutôt de repositionnement des États-Unis.
      La menace est claire, passant outre les souverainetés nationales: Washington donne de 3 à 6 mois à Renault, PSA et aux autres entreprises françaises pour "sortir" d'Iran. L'Allemagne est aussi visée.
...Toute entreprise qui continuera à commercer avec Téhéran sera passible de sanctions. « Ceux qui font des affaires en Iran auront un délai pour pouvoir défaire leurs engagements. Ceux qui n’auront pas renoncé à leurs activités impliquant l’Iran à la fin de ce délai s’exposeront à de graves conséquences », a indiqué la Maison Blanche. L’ambassadeur américain Richard Grenell en Allemagne, tout juste installé à Berlin, a été encore plus clair : « Comme Donald Trump l’a indiqué, les sanctions américaines viseront les secteurs essentiels de l’économie iranienne. Les groupes allemands qui font du business en Iran doivent suspendre leurs activités immédiatement », prévient-il dans un tweet....
  Les fidèles alliés risquent une nouvelle fois de se plier aux oukases impériaux.
      L'exterritorialité des lois américaines jouent une nouvelle fois à plein. Le droit du commerce se décide Outre-Atlantique.  Même Pïerre Lellouche est assez clair: ....nous sommes devant un mur de législations américaines extrêmement touffues, avec une intention précise qui est d’utiliser le droit à des fins d’imperium économique et politique dans l’idée d’obtenir des avantages économiques et stratégiques. » Ce 5 octobre 2016, le député Les Républicains Pierre Lellouche ne mâche pas ses mots devant les commissions des affaires étrangères et des finances de l’Assemblée nationale, à Paris. Il y présente le rapport de la mission d’information sur l’extraterritorialité du droit américain (1). Un rapport dont la lecture « fait froid dans le dos », selon les termes du député socialiste Christophe Premat.
    Ces sanctions extrateritoriales ont "en quelques années" coûté 16 milliards de dollars à des entreprises européennes ayant violé des embargos américains contre certains pays, et 6 milliards de dollars à celles jugées coupables de corruption, hors du territoire américain....
        Dans cette guerre économique, l'impuissance des Etats européens est patente. On a pu le vérifier récemment en France dans l'affaire Alstom.
       Mais la situation va forcément atteindre un jour un point de rupture. La montée de la puissance de la Chine et sa volonté de donner au yuan toute sa place dans les échanges internationaux risquent de changer la donne assez vite, non sans quelques soubresauts.
     Que fera l'Europe divisée? Cette crise risque de ne pas suffire à mettre hors la loi le système inique qui la pénalise._____
          Note Point de vue:

        EXTRA-TERRITORIALITE DU DROIT AMERICAIN :  ETUDE D’HERVE JUVIN
Dernièrement, un patron de PME française – qui rentre tout juste de Téhéran – est convoqué à l’ambassade des Etats-Unis à Paris. Il s’y voit signifier qu’il ne doit pas dépasser un certain niveau d’investissement en Iran sous peine de se voir interdire le marché américain… A peine sorti du 2, avenue Gabriel, ce dernier alerte aussitôt le Quai d’Orsay qui… ne lui a jamais accordé de rendez-vous…
Il y a quelques années : Total, Siemens, PPR, Alcatel, Bolloré parmi tant d’autres ; en 2015 : BNP Paribas, Alstom et le Crédit Agricole ; en 2016 : Sanofi et Airbus ; demain, Mercedes, Renault, DCNS, Vinci, Safran, Veolia sommés de répondre aux convocations de la justice américaine !
Une banque européenne vient de décider de clore toutes ses opérations dans 18 pays et a mis sous surveillance ses activités dans 12 autres. Deux banques françaises considèrent qu’il est judicieux de réduire au minimum leurs relations avec une quarantaine de pays, dont plusieurs pays d’Afrique francophone, d’Asie ou d’Amérique latine ; leur contrôleur américain pourrait y trouver à redire. Les entreprises françaises qui veulent travailler avec ces pays sont priées de passer par les banques américaines. Plusieurs centaines de sous-traitants d’une entreprise industrielle européenne majeure ont fait l’objet d’enquêtes de la justice américaine et se sont vus contraintes de remettre tous les documents commerciaux et techniques relatifs à leurs relations avec leurs clients.
Sur le site du Department of Justice (DOJ), qui la tient scrupuleusement à jour, la liste des procédures engagées contre des entreprises non américaines s’allonge. Et le bras armé du procureur américain frappe désormais à peu près partout dans le monde, dès lors que le dollar, un serveur américain, une puce électronique ou un satellite de télécommunication, lui donne matière à poursuivre – fonde sa compétence universelle.
Hervé Juvin : « l’application extra-territoriale du droit américain a détruit des entreprises françaises (Alcatel et Alstom notamment), elle a permis d’extorquer des milliards d’euros à des entreprises européennes. Elle s’apprête à attaquer Sanofi, Airbus, Safran et bien d’autres. Elle a pour prétexte la lutte anti-corruption, le respect des embargos américains, le combat anti-terroriste, pour objectif affiché l’efficacité économique, la moralisation des affaires, l’établissement des conditions d’une concurrence libre, ouverte et équitable partout dans le monde. Tout cela à l’appui d’un impérialisme juridique grandissant, tout cela au bénéfice de l’intérêt national américain. L’extra-territorialité du droit américain se propage à la faveur de l’abandon du droit international, de la faiblesse du régalien et de la négation de la puissance de mise en Europe. Elle constitue un élément majeur de la stratégie de « Global Constraint » – « contrainte globale » – qui renouvelle la stratégie de l’empire américain ».
La brutalité du procureur américain, la dureté des inculpations et des sanctions, les campagnes d’intimidation résultent moins des textes que de l’extrême résolution avec laquelle ils sont mobilisés au service, moins d’intérêts particuliers, que d’une vision du monde. Le droit américain reflète une conception de l’ordre social fondé sur la concurrence darwinienne pour la survie qui élimine les plus faibles, sur un modèle scientiste et néo-rationaliste en vertu duquel la technique et la croissance résoudront tous les problèmes posés par la technique et la croissance. Ce modèle est totalement opposé au modèle républicain de solidarité et de mutualité qui emprunte le meilleur de ses principes aux systèmes de régulation complexes des organismes vivants2.
Ce dispositif à prétention universel s’accompagne d’un affichage moral, toujours précédé de campagnes de presse appuyées par des Fondations et des ONGs mobilisées dans un but de légitimation. Le premier effet des poursuites et des sanctions américaines contre les banques suisses, accusées de favoriser l’évasion fiscale, est que les banques suisses conseillent désormais à leurs clients de déposer leurs fonds aux Etats-Unis, d’ouvrir des sociétés au Delaware ou au Nevada, aujourd’hui parmi les premiers des paradis fiscaux du monde. Quant aux récalcitrants, ils se verront attaqués par la presse et les ONGs. Dernièrement, le quotidien parisien Le Monde nous a servi un étrange scoop accusant le cimentier Lafarge d’entretenir des complicités avec des groupes jihadistes… Il n’a pas fallu attendre 48 heures pour voir surgir les chevaliers blancs de plusieurs ONGs lançant pétitions et autres actions à l’encontre du cimentier !
Ces opérations sont le fait de diverses officines, disposant pour certaines de moyens étendus, pour la plupart d’une influence fondée sur le présupposé naïf que tout est mieux chez les autres, pour quelques unes du projet explicite de soumission de la France aux intérêts étrangers. Au nom de l’éthique des affaires ou de la bonne gouvernance, des associations, des médias, des groupes exercent une pression plus ou moins directe sur les entreprises françaises pour qu’elles se conforment aux pratiques et aux intérêts américains ou à ceux de leurs alliés – combien de séminaires, de sessions de formation dans ce but ! – et, d’abord, pour qu’elles financent elles-mêmes des actions qui leurs sont contraires ! Ces officines donnent une nouvelle ampleur au trafic de réputation et d’influence. A coup d’indicateur biaisés, de classements tendancieux, d’enquêtes bricolées, elles accréditent des procédures et des méthodes de gestion étrangères à la culture européenne des affaires, comme « la bonne gouvernance », « la mise en conformité », « les administrateurs indépendants », etc. l’ensemble revêt une certaine puissance en raison des relais que constituent cabinets d’avocats américains, auditeurs et comptables anglo-américains, banques d’affaires et fonds d’investissements, qui ont intérêt à agir, a produire de la norme, à relayer et manipuler certaines méthodes comptables.
Ainsi par conformisme, sinon par colonialisme intellectuel, combien de sociétés françaises ont-elles sciemment introduite le loup dans leur propre bergerie ? Combien d’entreprises françaises et européennes ont-elles confié des audits et autres analyses opérationnelles et stratégiques à des sociétés d’audit anglo-saxonnes ? Lorsqu’on sait, par exemple, que le plan « Vision-2030 » – censé diversifier et moderniser l’économie saoudienne – a été concocté par la société McKinsey… nous voilà rassuré et grandement assuré que les princes wahhabites ne financeront plus l’islam radical dans le monde !
Alors que faire ? Travailler à se désexposer à la justice américaine, à se décrocher du dollar. Les outils disponibles sont déjà là : ne plus travailler qu’avec les marchés de cotation des matières premières hors dollar, tels que la Chine en a ouvert en novembre 2015 (le premier portant sur l’or) ; refuser d’avoir affaire avec tout prestataire de services hébergé aux Etats-Unis, filiale d’une entreprise américaine , ou relevant d’une manière ou d’une autre de la justice américaine ; exiger que la totalité des données de l’entreprise soit traitée, hébergée et préservée dans des centres informatiques localisés en France ; imposer une autre monnaie que le dollar pour toute transaction internationale (comme l’impose l’Iran pour son pétrole et son gaz) ; éliminer de ses appels d’offre toute banque, toute institution financière américaine, ou filiale d’un établissement américain ; ne communiquer aucune information , ne diffuser aucune opinion, d’une organisation, ONG, association, Fondation ou institution internationale, sous la dépendance de financements américains3.
Hervé Juin de conclure : «  pourquoi ne pas utiliser WeChat, entièrement chinois, plutôt que les sites de relations américains ? Pourquoi ne pas prévenir tous les utilisateurs de Cloud Computing et autres Big Data, comme de progiciels américains, que le nouveau pouvoir US utilise les prestataires de services pour acquérir toutes données utiles de la part des utilisateurs naïfs ? Pourquoi ne pas tenir en alerte toutes les entreprises contre le recours à des logiciels américains qui comportent tous les algorithmes pour suivre, déceler, dénoncer les opérations non-conformes à l’intérêt national US ? Après, c’est trop tard. Quand l’entreprise emploie, laisse pénétrer ses fonctions vitales, laisse les prestataires américains la conseiller, auditer ses comptes, assister ses politiques commerciales, gérer ses flux de factures ou de capitaux, c’en est fini de son indépendance stratégique. Quand elle accepte de subordonner ses relations internationales au regard des Etats-Unis ou de leurs alliés, c’est fini. Il faut organiser la grande séparation d’avec l’occupation américaine, il faut faire tomber le nouveau mur qui nous aliène. Qu’il passe dans nos têtes plus que dans la rue, qu’il se compose de droit, de finance, d’audit et de conformité, ne le rend que plus présent. Il s’insinue partout, il nous coupe de nos traditions, de notre histoire, il nous rend insensible à notre intérêt propre, et voilà que la France ne peut même plus préférer les Français, l’Europe préférer les Européens ! Nous avons le monde devant nous. Il vaut tellement plus que l’illusion de l’alliance américaine ! »      
Désormais, nous devons regarder la réalité en face. Au nom de la lutte contre la corruption, au nom du combat légitime contre les pratiques abusives, c’est la lutte contre la diversité humaine et contre la liberté des peuples à décider de leurs lois et de leurs principes qui franchit s’impose et se généralise. C’est une colonisation américaine d’un nouveau type – soft et smart colonisation – qui s’affirme au fur et à mesure que la croissance signifie moins apporter une utilité augmentée que l’obsession de tuer ses concurrents par tous les moyens.
De toute urgence : contre l’extra-territorialité du droit américain, il faut lire, diffuser et citer l’étude d’Hervé Juvin.
Richard Labévière
8 août 2016

1 Hervé Juvin : La guerre du droit pénal américain aura-t-elle lieu ? Cap sur le nouveau système de corruption mondialisé. Editions de l’Observatoire EUROGROUP-CONSULTING, mai 2016. 
2 Dominique Dron : Pour une régulation éco-sytémique de la finance ? Annales des Mines, février 2015. Note pour l’Institut Veblen, octobre 2015. Disponible sur :http///www.veblen-institute.org/IMG/pdf/pour_une_regulation_ecosystemique.pdf/ 
3 Xavier Raufer : « La face noire de la mondialisation », in Le Nouvel Economiste, 10 février 2016.
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