Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Le renard et la poule aux oeufs d'or

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

Un choix stupide
                               Mais pas pour les renards malins du BTP et de la haute finance, qui voient là une rente intéressante et forcément croissante.
    Un aberration, disent même un certain nombre d'élus de tous bords.
         Comme Bayrou, entre autres,  avait en son temps dénoncé la stupidité de la privatisation des autoroutes, manque à gagner énorme pour l'avenir.


      Une manne sacrifiée au nom d' intérêts à court terme.
   De De Gaulle à Macron, on est passé d'un certain contrôle d'Etat à un bradage libéral, parfois présenté sous un jour avenant par des "spécialistes" patentés.
    Un aéroport, où transitent comme à Paris plus de 200 millions de passagers, ce n'est pas seulement des boutiques, des parkings, etc.. cela possède une fonction frontalière importante et implique des orientations politiques. Les USA ne sont pas dessaisis de leurs principaux aéroports.
   Le désengagement de l'Etat est à l'ordre du jour dans un nombre toujours plus grand de secteurs importants, pa seulement par souci d'économie. On répète le slogan de Reagan: l'Etat c'est le problème.
     "....Aéroports de Paris est la plus scandaleuse de ces privatisations. L'échéance de la concession est extrêmement longue (70 ans). En théorie, une telle durée devrait permettre au concessionnaire d'amortir largement ses investissements. Pourtant, il est prévu que le retour de la gestion des aéroports dans le giron de l'État donnera lieu à une indemnisation à l'échéance. Or, le Groupe ADP est une entreprise en pleine croissance (son chiffre d'affaires a crû de 22 % en 2017), ce qui signifie que dans 70 ans la valeur de son capital sera bien plus élevée qu'aujourd'hui. Comme l'écrit la journaliste Martine Orange qui suit de près la question «le risque est que l'État doive débourser des sommes gigantesques à la fin de la concession», ce qui revient à organiser «une concession à perpétuité pour le privé».
     .Un cadeau à Vinci par 42 voix contre 19! Contre le Sénat.
  En Marche donc les "petites" affaires, alors qu'on veut faire machine arrière à Toulouse...Quelle cohérence? Une nouvelle idée est lancée, la dé-privatisation.
    La confusion au sein du gouvernement est remarquable.
  Mais il faut rendre l'Etat plus léger et laisser le marché libre, lui qui a toujours raison. C'est la loi et les prophètes depuis des dizaines d'années.
     

      C’est un refrain insupportable aux oreilles de beaucoup, ressassé par certains responsables politiques ou économiques et répété en écho du zinc des cafés aux dîners de famille : « Il faut s’adapter. » Mais d’où vient cette injonction, et quand est-elle née ? Et s’adapter à quoi, d’ailleurs ? C’est le sujet du livre remarquable, même si parfois difficile, de la philosophe Barbara Stiegler : Il faut s’adapter, sur un nouvel impératif politique, une généalogie de ce néolibéralisme que certains disent aujourd’hui à l’agonie bien qu’il continue de sévir un peu partout. « Les anciennes représentations du monde sont en effet perturbées. Le camp des réformateurs a changé, les gauches autrefois “révolutionnaires” sont désormais arc-boutées sur ce qu’il faut sauver du passé ; et le néolibéralisme, lui, prétend reprendre le flambeau de la transformation “révolutionnaire” de la société, affirme la philosophe. Mais cette transformation se fracasse aujourd’hui contre les impératifs de la crise environnementale. Toutes les cartes sont rebattues, on ne sait plus qui est “ajusté”, entre ceux qui prônent la lenteur et ceux qui suggèrent d’accélérer encore la mondialisation. »


_________________________

Partager cet article
Repost0

Fin de vie

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 Seule compte la vie

                                   La mort n'est "rien" pour nous, comme disait Epicure, qui y voyait le retour à un néant absolu, à une nature qui prend et recycle tout ce qu'elle produit. C'est pourtant "quelque chose", car dans le parcours d'une vie humaine, elle vient inéluctablement mettre un terme à une aventure singulière, à une expérience subjective, existentielle, dont le terme pose toujours problème. Rien ne vaut la vie, comme chante Souchon, mais il est des cas où la prolonger inconditionnellement peut faire problème. Lorsque la médecine a échoué sur tous les plans, lorsque la souffrance, parfois extrême, prend le dessus en permanence, quand les accompagnements ne sont plus d'aucune utilité ou n'existent pas, il devrait être accepté, dans le cadre d'une législation ouverte quoique rigoureuse, de pouvoir mettre un terme, par sa propre décision autaut que possible, à une vie qui en vérité n'en est plus une....      Mais en France, contrairement à beaucoup de pays voisins même de tradition catholique, les lois restent restrictives et ambiguës, malgré les nombreuses et anciennes campagnes d'information, comme à l'AMD, un partie du corps législatif et des organismes d'Etat, s'enferme dans un conservatisme parfois aveugle, organisant une résistance qui, on le sait, ne pourra durer.                                                                                                                   L'exemple récent de Alain Cocq devrait pourtant interpeller, après tant d'autres; "...Il voulait mourir depuis plusieurs années – revendication qu’il avait par ailleurs médiatisée en 2020 – et réclamait le droit à l’euthanasie. Militant français de la fin de vie « digne », Alain Cocq, 58 ans, est mort mardi 15 juin par suicide assisté en Suisse, geste ultime mettant fin à des décennies de souffrance, qu’il a accompagné d’un dernier message fustigeant « le manque de courage » de la classe politique...."

       Mourir "dans la dignité".  Autant qu'il est possible.   Seule vaut la vie, mais quelle vie? 

 

                     Le débat est à nouveau sur la sellette, aujourd'hui à l'Assemblée. Avec beaucoup de résistances, comme si le sujet était encore tabou, après tant d'années de non dits et d'offensives de milieux conservateurs, souvent ignorants des pratiques réelles sur le terrain, surtout dans le contexte de la grande vieillesse et du milieu hospitalier. Après plusieurs pays d'Europe, dont le très catholique Portugal et l'Espagne . En France, les élus tergiversent, renvoient à la loi Léonetti, qui a montré ses limites, évoquent les soins palliatifs, toujours insuffisants. La proscratination est encore de mise. Beaucoup de confusions , parfois entretenues, règnent encore sur le sujet, malgré les choix et les exemples récents, comme pour Anne Bert ou Paulette. La loi doit s'exercer, non pour imposer quoi que soit, mais pour garantir des conditions de fin de vie qui ne soient pas des calvaires sans fin. C'est au sujet de décider, dans le cadre des conseils médicaux et sous le contrôle de la loi, celle justement qu'il faut changer pour encadrer une pratique souvent clandestine. Houellebeq se trompe. Il ne s'agit pas de fin sur commande. Il s'agit d'une assistance dans certains cas bien particuliers, le sujet état lui-même autant que possible demandeur..  Le terme d'euthanasie prête souvent à confusion.  Pour une mort acceptable     Vieillir:personne ne peut prétendre pouvoir y échapper, sinon en imagination.  Mourir est la seule chose dont nous pouvons être sûrs et fait partie naturellement du cycle de  la vie. Bien vieillir ne dépend pas que de nous.    Ce que nous pouvons parfois choisir, ce sont les conditions de nos derniers instants, les modalités de notre fin programmée.

Une réflexion sans dogme

 

               Si celle-ci devient une caricature de vie, s'accompagne de souffrances insupportables, de dégradations profondes et irréversibles, l'euthanasie, quand elle peut être choisie, reste une solution permettant de garder une certaine maîtrise  du passage que nous pouvons lucidement assumer.      Mais il peut se faire que l'on décide à notre place si nos instants ultimes sont jugés marqués de trop de dégradations irréversibles, de douleurs insoutenables, de conscience diminuée, les efforts pour la réduire étant vains, les soins palliatifs jugés inutiles ou défaillants.
    L'euthanasie est une chose trop sérieuse pour être laissée aux seuls soignants, elle ne peut se réduire à un acte technique.
                On sort là de la simple expertise médicale et les médecins sont partagés sur un domaine où l'on touche à des notions subjectives délicates de morale et parfois d'options religieuses, qui n'ont pas fini de faire débat.
         La  fin de vie en France n'est pas ce qu'on croyait.
Les conditions de la mort à l'hpital notamment ont changé et la loi Leonetti n'est plus suffisante ou est mal appliqûée
   En France, près de la moitié des décès (48 % en 2010) a été précédée d'une décision médicale ayant pu hâter la mort du patient. Mais des médicaments ont été donnés pour mettre délibérément fin à la vie dans seulement moins de 1 % des cas. Les décisions prises s'appuient dans leur grande majorité sur les dispositions de la loi Leonetti qui permet sous certaines conditions de limiter ou d'arrêter un traitement, ou d'administrer des médicaments afin de soulager les souffrances du patient, qui peuvent avoir pour effet d'avancer la survenue de la mort. Toutefois, les prescriptions légales encadrant ces décisions ne sont pas encore totalement connues ou respectées : les décisions de fin de vie ne sont pas toujours discutées avec les patients et les équipes soignantes ; la rédaction par les patients de directives anticipées, proposée par la loi Leonetti pour que les soignants prennent en compte leurs souhaits, reste en pratique très rare.
      Des règles s'imposent pour encadrer une pratique souvent tue et des dérives toujours possibles, dans des situations toujours diverses, dans lesquelles le personnel soignant se trouve souvent seul, sans prescription ni garde-fou, seulement livré à sa propre conscience et à des errances possibles. La compassion n'est pas un guide sûr et la décision collective peut aider à la  modération, la décision plus éclairée.
   La réflexion évolue dans les pays européens, où les législations sont assez diverses.
En Belgique, l'euthanasie représente un droit strictement réglementé.
     Le rapport Sicard entrouvre la porte au suicide assisté, définissant que l'assistance pourrait  être envisagée dans certains cas exceptionnels, sans céder au calcul économique , aux intérêts collectifs ou familiaux, au désarroi passager du malade ou aux pressions douteuses des familles.

  Des gardes-fous peuvent être mieux précisés, non pas tant pour prescrire ce qu'il faut faire, mais plutôt pour délimiter le périmètre des conditions d'intervention réfléchies, acceptables, humaines, au cas par cas.
  Droit de mourir dans la dignité, oui, mais à condition que l'on s'entende sur le sens que l'on donne à la notion équivoque de "dignité"...
   Le rapport de 2012 représente un pas important permettant d'affiner le jugement de tous sur ces questions et d'inspirer la réflexion et la pratique médicale, parfois isolée et désemparée.
      On ne meurt plus comme autrefois, on vit plus vieux, à la merci de plus de risques de santé, au sein de structures hospitalières et de soins dont le personnel doit être éclairé, soutenu et déculpabilisé.
             Comme le précise M.Winckler à propos du rapport Sicard , "Dans son rapport, le professeur Sicard porte un regard sévère sur une médecine sourde aux attentes des patients. "Chaque jour voit croître dans notre société une revendication très largement majoritaire (entre 80 % et 90 % selon les sondages d’opinion) de personnes répondant positivement à une demande de légalisation d’euthanasie, lit-on dans le rapport. Il ne s’agit pas de revendications simplistes ou naïves de personnes qui n’auraient pas compris la question. Il s’agit d’une demande profonde des personnes interrogées, de ne pas être soumises dans cette période d’extrême vulnérabilité de la fin de vie à une médecine sans âme." Des débats organisés dans plusieurs villes de France, la mission a ainsi retenu "le malaise, voire la colère" et surtout "la hantise [des Français] de basculer dans une situation de fin de vie insupportable, de souffrir ou de voir souffrir leurs proches".
   Mieux vaut une loi imparfaite et provisoire qu'une pratique secrète et solitaire soumise aux aléas de la subjectivité
.    ______________________

Partager cet article
Repost0

Au train où ça va...

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Fini le train-train
                             Il faut repenser le train.
        En sortant de la logique tout-TGV. On en parlait.
  Sinon la voiture va encore gagner du terrain et des régions enclavées vont encore mourir un peu plus
     On attend les premières mesures significatives.
     Pour l'instant, on dégraisse, sans trop se soucier de l'avenir.
  Ici dans les Vosges, là-bas en Thiérache
     56 lignes en France serait menacées de disparition rapidement. Des lignes qu'on a souvent laissées se dégrader, pour qu'elle justifie leur suppression.
   Une exception: la ligne:Béthune  le Touquet, très dégradée, reprend du service, même si l'affluence n'est pas considérable. Vous avez dit Le Touquet?
    L'Allemagne, dans une logique un peu différente, remet en service ses petites lignes, même si c'est parfois en délégation privée. Les régions, qui ont souvent de considérables moyens, mettent la main à la poche.
   Même si le pays de Angela n'est pas forcément un exemple à suivre en tout en ce domaine. Et si le train n'est pas toujours püntklich. Pire que chez nous parfois.
    Chez nous, malgré un apaisement provisoire et des compromis boiteux, l'essentiel de notre avenir reste en suspens, après beaucoup d'erreurs d'aiguillage et d'indécisions.
         Après tant d'années de suppression de lignes...
                    La cacophonie ferroviaire continue...Y a-t-il un conducteur dans la cabine?
____________________
 
 
 
 
Partager cet article
Repost0

Israël: et après?

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 Une chute attendue, une coalition improbable

         Deux mots sur un tournant qui n'en n'est pas vraiment un.

 

                      C'était attendu. Bibi a chuté. La justice va pouvoir s'exercer enfin.  Mais la suite laisse songeur. Que vaudra une coalition où la chèvre côtoie le choux?    Certains diront: on est passé de la peste au choléra. Difficile de faire pire que Bibi, le roi du chaos. C'est tout le système qui est en crise, et depuis longtemps. Rien ne risque de changer sur le fond, sinon un peu moins d'autocratisme et de cynisme.  (*)  
                                   Les résultats qui suivront risquent d'être très inattendus, mais pas dans le sens espéré. Le pourrissement de la situation risque de s'aggraver dans le contexte actuel. L'apartheid de fait peut aller vers un renforcement, tant que les USA soutiennent inconditionnellement Jérusalem. L'absence de constitution et un système  électoral de proportionnalité intégrale n'arrangent pas les choses et favorisent les pires alliances. Rabin, au secours!

 

 

     _____(*)  "....Mais le climat dans lequel il quitte ses fonctions, le dépit hargneux qu’il se montre incapable de contenir, comme ses propos provocateurs et irresponsables, sont ceux d’un aventurier de la politique et d’un chef de clan, drogué au pouvoir et avide des honneurs et des privilèges qu’il procure. Un homme dont l’effacement ne peut pas nuire à son pays.    Comment ne pas se réjouir de la chute d’un chef de gouvernement poursuivi pour corruption, fraude, abus de confiance, qui attribue son infortune judiciaire à l’« État profond », aux élites, à la gauche, aux magistrats, à la presse ? Comment ne pas se féliciter, sept mois après la défaite de Donald Trump, d’assister à la sortie de scène de son « ami Bibi », cousin du président américain en mégalomanie et en égocentrisme, comme en déni massif de la réalité ?   Ici s’arrête, hélas, pour les Israéliens et les Palestiniens, la similitude des situations.  Car si, aux États-Unis, Joe Biden est arrivé au pouvoir résolu à rompre avec les grandes lignes de la politique de Trump et à rectifier une partie au moins de ses pires erreurs, Naftali Bennett, le nouveau premier ministre israélien, n’annonce aucune rupture historique et n’incarne rien de réellement nouveau. Ni en matière économique et sociale, ni en politique, ni surtout en ce qui concerne les réponses à la « question palestinienne ».   Seuls devraient changer, au moins à première vue, les personnalités des principaux acteurs de l’exécutif, la vision de certaines questions de société et les aspects les plus choquants de la gouvernance imposée par Netanyahou.   Au « démocrateur » – dictateur démocratiquement élu –, selon les termes de Haaretz, pourrait succéder un chef de gouvernement moins idéologue et plus pragmatique. Plus respectueux des formes de la démocratie parlementaire. Moins influencé par les régimes « illibéraux » d’Europe de l’Est.   Mais rien ne dit qu’à la politique du statu quo et de « gestion du conflit » pratiquée par Netanyahou face aux Palestiniens sera substituée une politique de « résolution du conflit ». Et moins encore un retour au « processus de paix ». Pour une raison simple : le nouveau premier ministre n’y est pas du tout disposé et il n’existe aucun consensus dans ce domaine entre les huit formations qui constituent la nouvelle majorité parlementaire.  Plusieurs d’entre elles, parmi les principales, ont sur ce point des conceptions qui ressemblent fort à du Netanyahou sans Netanyahou : hostiles à la création d’un État palestinien, résolues à poursuivre – voire à développer – la colonisation des territoires occupés, et favorables à l’annexion d’une large partie de la Cisjordanie.   À vrai dire, lorsque leurs dirigeants ont commencé à négocier, elles n’avaient qu’un seul dénominateur commun : « dégager Netanyahou ».  Quels partis trouve-t-on autour de Yesh Atid (« Il y a un avenir »), la formation centriste laïque de l’ancien animateur de télé Yaïr Lapid qui fut l’architecte de la « majorité de changement » désormais au pouvoir ? Leur simple énumération donne une idée de l’hétérogénéité de la nouvelle coalition. Et sans doute de l’un des problèmes majeurs que devra affronter le successeur de Benjamin Netanyahou...."_____________________

Partager cet article
Repost0

Petit voyage en Orbanie

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

Juste un clash?
                        Au sein de la droite européenne assez hétéroclite, Viktor s'est fait taper sur les doigts, malgré des soutiens attendus.
    Ce n'est pas bien méchant et c'est provisoire, plutôt symbolique au sein du PPE, avant les élections à venir.
   Et puis il n'est pas exclu, mais seulement suspendu.
                    Et il gardera la ligne.
         Les alliances objectives sont un peu écornées, Junker fait ce qu'il peut, jouant l'impuissance, mais le but du chantre de la démocrati illibérale ne change pas d'un pouce, quelle que soit l'opposition interne, modeste, et  externe. A voir s'il sera suivi dans son projet de fédération et de contre-révolution...

           "....Réforme de la Cour constitutionnelle, attaques contre la liberté et la pluralité de la presse, affaiblissement de l'indépendance de la justice… Viktor Orban s'emploie depuis des années à limiter l'exercice de la démocratie dans son pays. Ce dernier conteste logiquement cette idée, estimant au contraire mettre en œuvre un autre modèle. A l'instar du parti Droit de justice de Jaroslaw Kaczynski en Pologne, M. Orban se réclame ainsi du concept de "démocratie illibérale", qui permet selon lui de dissocier le libéralisme qu'il rejette, de la démocratie.
    Une dissociation jugée impossible par une large majorité des intellectuels. Pour Luuk van Middelaar, philosophe et professeur de droit européen, la Hongrie s'apparente en effet à une "dictature électorale". Les électeurs, qui n'ont plus de liberté de la presse ou de liberté d'association, "sont encore là pour la façade", mais l'exécutif "n'autorise plus de contre-pouvoirs". Le populisme est "un style de gouvernement", abonde en ce sens Jean-Yves Camus, politologue spécialiste des extrêmes droites. Les populistes "veulent aller au-delà de la démocratie représentative pour aller vers la démocratie directe" et pour "aboutir à une dictature des passions".
    Solidement implanté à son poste, charpenté sur le plan idéologique et convaincu que l'Europe pourrait, demain, "cesser d'être le continent des Européens", c'est dans ce contexte que Viktor Orban chercherait aujourd'hui à prendre la direction d'un mouvement européen (ultra)conservateur, chrétien et anti-immigration. Ce dernier irait de son camp, le Parti populaire européen, jusqu'aux droites radicales et souvent antieuropéennes comme celles de la Ligue de Matteo Salvini en Italie ou du Rassemblement national de Marine Le Pen en France. Les grandes divergences de vues des uns et des autres en matière d'immigration ou plus généralement de construction européenne seront toutefois des obstacles majeurs à surmonter pour le Premier ministre hongrois. Il refuse par exemple la répartition des migrants que souhaite M. Salvini et n'envisage en rien une sortie de son pays de l'UE alors que la question est régulièrement évoquée par le Rassemblement national.
Plus que de bâtir un programme commun, l'objectif principal serait donc plutôt de faire émerger des élections européennes 2019 un puissant pôle illibéral et ainsi de jeter les bases d'une "contre-révolution", pour reprendre le terme de Jacques Rupnik, expert des pays d'Europe centrale et orientale. Viktor Orban pourrait trouver des alliés, objectifs ou de circonstance, pour essayer de "changer l'Union européenne elle-même, ses structures, ses processus de décisions"....
      Mais qu'y a-t-il donc dans le tête de Viktor Orban?
   Même si une certaine opposition interne monte contre lui, notamment concernant les dernières lois sociales régressives, elle est sporadique et dispersée, et, sans liberté de presse et avec la mise au pas du droit, elle aura du mal à s'exercer.
  Déjà l'année dernière, on notait:
               Le nouveau succès électoral du maître de Budapest n'est nullement affecté par les rodomontades de Bruxelles, qui fait la morale à l'enfant terrible, tout en continuant à subventionner comme jamais une économie qui se porte mieux..
    Derrière les menaces, l'Eurogroupe montre sa faiblesse structurelle, tout comme à l'égard de la ligne polonaisedu moment. D'autant plus que Victor joue habilement un double jeu: plutôt sage à Bruxelles, il se déchaîne contre elle à Budapest, jusqu'à la caricature, directement ou par le biais des médias devenus les fidèles serviteurs de sa cause.
     Même si une certaine inquiétude est apparente dans la capitale, le reste du pays est acquis aux thèses de Victor, qui sait jouer habilement sur les peurs." Le Fidesz est accusé d'avoir muselé depuis 2010 de nombreuses institutions et contre-pouvoirs du pays, comme les médias et la justice, mais aussi l'économie et la culture. Le tout légalement, grâce à sa super-majorité au Parlement et sans s'émouvoir des critiques de la Commission européenne et de nombreux observatoires internationaux.
      Même si les dérives hongroises  ne datent pas d'aujourd'hui, se trouve ainsi confortée une certaine radicalisation des droites européennes.
      ...Aujourd’hui, les alliés de Viktor Orbán ne se limitent pas à cette Mitteleuropa perdue dans le multiculturalisme européen. Ils se trouvent aussi dans l’ancienne Europe des Quinze et dans les derniers succès électoraux engrangés çà et là ces derniers mois : entrée de l’AfD au Bundestag en septembre, formation d’une coalition gouvernementale par une droite anti-migrants avec l’extrême droite du FPÖ en Autriche en décembre, campagne électorale dominée par la thématique migratoire en Italie et score historique pour la Lega (extrême droite) en mars
     Dernièrement, c’est même une partie de la droite allemande qui a pris un virage anti-migrants. Le tout nouveau ministre de l’intérieur et chef de la CSU, Horst Seehofer, a marqué le coup dès son entrée en fonction, le mois dernier, en assurant que l’islam n’appartenait pas à l’Allemagne. Quant à la droite française, son orientation, depuis que Laurent Wauquiez a pris la présidence des Républicains, ne laisse pas trop planer de doutes : elle serait clairement islamophobe.    
    Plus que la critique des institutions européennes, c’est ce positionnement identitaire qui rassemble aujourd’hui une partie grandissante des droites européennes... Et qui se trouve légitimité par la reconduction, pour un troisième mandat consécutif, d’un chef de gouvernement en exercice. Une convergence inquiétante, à un an des élections européennes....
     L impuissante de l'Europe face à Viktor Orban est manifeste, victime d'une volonté d'élargissement inconsidéré qui la paralyse. Plus Orban bombe le torse, plus Bruxelles semble impuissant. Que faire face à l’enfant terrible de l’Europe ? Comment faire rentrer dans le rang ce cancre qui a l'insolence de mordre dans l'Etat de droit en lui riant au nez ? La Commission européenne a beau taper du poing sur la table, cela fait déjà huit ans qu'elle se casse les dents sur le cas Orban…
     Dans le pays orange, où la corruption ne va pas se réduire, l'opportuniste de nouveau aux commandes pour quatre ans de plus, ne va pas se gêner pour conforter son pouvoir en utilisant à son profit les faiblesses de l’Union européenne 
       Quatremer n'avait pas tout à fait tort.

____________________________
Partager cet article
Repost0

Ils sont partout

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Les algorithmes. Pour le meilleur et pour le pire. 

               Simples ou sophistiqués, ils sont au coeur des systèmes informatiques, qui ne sont que des modes de calcul de plus en plus performants. Ils sont en action au coeur de nos portables pour simplifier, accélérer et anticiper nos recherches. Ils peuvent aider à prévoir comme en météorologie et même à diagnostiquer, comme en médecine de pointe...Ils ont un avenir quasi infini et souvent prometteur.             Mais c'est certains de leurs usages qui pose problème, parfois de manière très problématique.  Ce ne sont pas des outils neutres. Ils nécessitent d'être maîtrisés, sous peine de dérives sociales et humaines pouvant être graves. Parler de nécessaire contrôle éthique est tout à fait approprié dans certains domaines.                        La numérisation à outrance et sans discernement entraîne des danger méconnus.

 

                                 Il importe de démystifier le big data.
 Tout juste des outils imparfaits, surtout dans le domaine des choses humaines.
    Que ce soit dans celui de la justice, de l'éducation, etc...
       Qui peuvent être un danger pour la démocratie:

       Révoltée par la responsabilité des algorithmes dans la crise des subprimes, elle (Cathy) a ensuite démissionné pour rallier les rangs d'Occupy Wall Street, dont elle fut une figure. Depuis, cette militante sonne l'alerte sur les méfaits méconnus de ces outils mathématiques de sélection ou d'évaluation dans les services publics ou, pour nous cibler, dans les bureaux des multinationales. Elle était de passage à Paris à l'occasion de la publication de son livre en français.
Une critique de la "raison numérique" s'impose plus que jamais, comme le souligne Eric Sadin ou Dominique Cardon.        Dans le domaine politique, leur usage débridé comporte de réelles menaces démocratiques
              "La liberté d’expression, comme nous l’entendions jusqu’à présent, reposait sur l’idée que des humains parlaient à d’autres humains. Il y a toujours eu une asymétrie entre ceux qui parlent et ceux qui écoutent, mais cette asymétrie demeurait dans le cadre de l’humanité. Qu’en est-il de cette asymétrie quand ce sont des machines et des algorithmes qui s’adressent aux humains ? Quand les humains qui reçoivent les messages n’ont aucune idée de ce que les machines savent sur eux et de la raison pour laquelle ils les reçoivent.     En 2016, la société Cambridge Analytica innovait en permettant aux organisateurs de la campagne du Brexit d’élaborer et diffuser dans une quinzaine de communautés des messages anti-européens ciblés (“L’Europe, c’est l’impôt”, pour la City, “L’Europe c’est le chômage” et “l’immigration” pour les ouvriers et les chômeurs du nord, “les quotas de pêche” pour les pêcheurs, « la fermeture des services de la NHS » pour les malades), alors que les “remainers”, qui défendaient le maintien dans l’Union Européenne, tentaient de proposer un discours unique, global et cohérent.     C’est ainsi que la vie politique change de nature. L’agenda de la campagne électorale compte beaucoup moins. La bataille pour le contrôler perd de son importance. Il y a encore des débats ou des échanges d’arguments entre responsables politiques, mais l’important se passe en-deçà ou au-delà de l’espace public. Comme le souligne Lessig : « L’économie moderne de la liberté d’expression n’est pas pilotée par des éditeurs qui cherchent à publier ce que leurs lecteurs pourraient comprendre, mais par des machines qui fabriquent un discours fondé sur le comportement que l’on désire obtenir. Dans la plupart des cas, ce comportement est simplement commercial : cliquer sur une publicité. De façon plus préoccupante, ce comportement va parfois au-delà du commercial : prendre d’assaut le Capitole ».         Que devient la démocratie si une campagne électorale cesse d’être ce moment où la communauté nationale, par le débat public et la controverse, décide collectivement de son destin ? Si elle devient la résultante de stratégies d’investissements publicitaires fondées sur un micro-découpage de l’opinion et des micromanipulations quotidiennes ? Que devient, même, la Nation ? La fragmentation de la communauté nationale en de multiples cibles, l’envoi de messages spécifiques à ces micro-segments, dans le secret et sans contradiction, interdisent une réelle délibération politique, préalable au vote. La démocratie est née dans l’agora. Elle a besoin d’un espace public qui soit réellement public. Le microciblage et la publicité politique personnalisée désintègrent l’espace public.                             Certes le RGPD (règlement général sur la protection des données) et l’interdiction de la publicité politique protègent l’Europe de certaines de ces pratiques. Un parti politique français ne pourrait pas constituer une base de données de près de 200 informations différentes sur 80 % du corps électoral pour cibler ses messages, comme le font tous les candidats à la présidentielle américaine. Mais cette protection est largement insuffisante. Les réseaux sociaux et les moteurs de recherche dessinent le territoire numérique dans lequel nous évoluons, sans possibilité d’en sortir, ni, bien sûr, de débattre collectivement des règles du jeu pour choisir celles que nous accepterons. Il ne s’agit pas seulement de publicité : leurs algorithmes nous proposent nos “amis”, filtrent les contenus qui nous sont présentés, choisissent, sur YouTube, les “deuxièmes” vidéos proposées, ou, sur Facebook, les 12% seulement de contenus de nos amis qui sont visibles. Sur Tik Tok, ils sélectionnent les vidéos non datées qui sont proposées, quand nous cherchons un hashtag.  Ils nous constituent en cohortes pour les annonceurs. Et la somme de ces décisions construit une camisole algorithmique propice aux stratégies d’influence politique invisibles dans l’espace public. Cette machinerie peut fonctionner malgré l’interdiction de la publicité politique. Les manipulateurs peuvent adresser des messages non publicitaires, ou non politiques, à des communautés identifiées comme potentiellement réceptives. La société Cambridge Analytica a amplement raconté la manière dont elle a inversé le cours d’une élection à Trinidad et Tobago grâce à une campagne de promotion de l’abstention, dont elle savait qu’elle aurait un impact différencié selon les ethnies. Les hackers et les bots d’Evgueni Prigojine sont très friands de la thématique de la défense des animaux, par exemple. Et nous ne sommes qu’au début d’un processus dont les perspectives sont vertigineuses. Une expérience de psychologie sur les « deepfake » a montré qu’en croisant légèrement les traits d’un homme ou d’une femme politique avec ceux d’une personne, cette dernière trouve le politique plus sympathique et est plus encline à lui accorder sa confiance. Qu’est-ce qui empêchera de concevoir une stratégie présentant à chaque électeur une image du candidat légèrement mêlée à la sienne ?  ....Sans aller jusqu’à ces scénarios extrêmes, pourtant probables, la publicité ciblée et les algorithmes changent déjà en profondeur les règles de la vie politique. Avec quelques millions d’euros d’investissements, il est possible d’influencer significativement le résultat d’une élection dans de nombreux pays...."   __________________
Partager cet article
Repost0

L'argent et le politique

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 Ambiguïté du problème
                                            [Notes sur un problème majeur en démocratie]
       Pas d'exercice de la politique sans argent, mais l'argent fait souvent mauvais ménage avec la politique... telle qu'elle devrait être.
     A plusieurs niveaux.
   Il faut de l'argent pour faire fonctionner les rouages de l'Etat, comme pour assurer ses missions essentielles, mais il en faut aussi pour rétribuer (justement) les élus et pour assurer, sans discrimination, leur accession à la représentation nationale, qu'elle quelle soit.
     Si l'Etat ne joue pas correctement son rôle, si l'argent joue un jeu trouble, de quelque manière que ce soit, la démocratie (ou du moins son espérance) sera vite en question et aboutira au mieux à un système vicié.
       La démocratie a un coût, qui doit être assumé équitablement par tous, selon ses moyens.
            "...La démocratie a un coût, assumé par les contribuables français depuis la fin des années 1980 et la législation sur le financement public des partis politiques et des campagnes électorales. Nées, déjà, des révélations journalistiques sur les pratiques illégales des partis, de gauche comme de droite, ces nouvelles dispositions permettent aux formations politiques de bénéficier de sommes publiques qui ne sont aucunement négligeables et qui sont complétées par des remboursements forfaitaires des frais de campagnes électorales (voir ici le site de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques et voir là celui de la Commission pour la transparence financière de la vie politique)...."


                   Julia Cagé nous invite à prendre nos distances à l’égard d’une simple célébration de la « bonne santé d’une ‘démocratie à la française’ bien loin des dérives américaines » (p. 67). De fait, aux États-Unis les sommes investies dans les campagnes donnent le vertige : les entreprises peuvent financer massivement des causes via les Political Action Committees (PACs) et les politiques publiques avantagent massivement les plus fortunés. Tout cela a même conduit les politologues Gilens et Page à conclure que les États-Unis correspondaient de facto à une société oligarchique [1]. Les dérives états-uniennes sont donc bien réelles. 
        Mais dans tous les pays étudiés par Cagé, y compris la France et le Canada, la dynamique est similaire : les préférences des riches sont systématiquement satisfaites alors que celles des classes populaires sont mises de côté, sauf rare et heureuse harmonie entre les deux. C’est ce que Gilens et Page qualifient de « démocratie par coïncidence », dans laquelle les préférences des classes populaires ne sont prises en compte que si elles se trouvent, pour diverses raisons, coïncider avec celles des plus aisés.                   Il est vrai que la France se caractérise par une politique de plafonnement de dons (ainsi les dons de personnes privées aux partis ou regroupements sont plafonnés à 7500 euros) et par l’interdiction faite aux personnes morales (dont les entreprises) d’y avoir recours. Mais ce que montre Cagé, c’est que de telles mesures n’éliminent pas tout rapport problématique entre argent et politique. Surtout, elle montre les effets pervers des mesures fiscales structurant le financement de la vie politique française. L’auteure prend l’exemple d’un individu disposant d’un revenu annuel (imposable) de 100 000 euros et donnant 7500 euros. L’État va déduire 66% de cette somme de ses impôts, soit 4950 euros, pour un don qui coûtera en réalité 2550 euros. Pour un citoyen touchant 9700 euros par an (seuil minimum à partir duquel est célibataire est imposable), un don de 7500 euros lui revient réellement à 7500 euros. Bref, le système de financement est à l’avantage des plus fortunés qui voient leurs contributions subventionnées par la force publique.    
        Afin de rénover notre démocratie, Cagé fait trois propositions ambitieuses : 1) une limitation drastique du financement privé de la démocratie (limite fixée à 200 euros par année) ; 2) la mise en place de « bons pour l’égalité démocratique » (BDE) afin de renouveler le financement des partis et des mouvements politiques. Chaque citoyen, au moment de sa déclaration d’impôts, pourra choisir le parti ou mouvement qui bénéficiera de son « bon », soit un montant annuel de 7 euros d’argent public ; 3) l’établissement d’une Assemblée de la mixité sociale, dans laquelle un tiers des sièges seraient réservés à des « représentants sociaux », élus sur des listes représentatives de la réalité socioprofessionnelle de la population.       De manière plus générale, Le prix de la démocratie documente les dysfonctionnements des démocraties en contexte de croissance des inégalités. Ainsi, le travail de Cagé se situe dans la continuité de celui de chercheurs comme les politistes Gilens et Page, les juristes Richard Halen et Larry Lessig ou encore de l’économiste Thomas Piketty, qui tous ont analysé à leur manière l’émergence de ce qu’il faut bien qualifier de tendances oligarchiques dans les démocraties libérales [2]. La richesse et l’étendue de ces travaux sont telles qu’on serait tenté de parler de la constitution d’un champ d’études à part entière (les « oligarchy studies  » ?)   
       Si l’ouvrage représente un travail empirique d’envergure, il nous fournit aussi les clés d’un argument normatif visant à justifier une régulation plus agressive du financement de la démocratie. Cagé nous offre en effet des outils pour invalider un certain nombre d’arguments anti-régulation. Mentionnons-en deux.        Un premier argument consiste à dire que dépenser de l’argent pour financer des partis politiques représente une forme de discours politique, une prise de parole tout à fait légitime qu’on ne saurait restreindre par des lois. Ainsi, limiter la capacité individuelle de financer la vie politique serait incompatible avec un engagement sérieux en faveur de la liberté d’expression. C’est l’argument du « money is speech », qui occupe une place de choix dans l’imaginaire politique américain, étant donné la place de l’argent en politique et l’engagement flirtant parfois avec le fétichisme en faveur de la liberté d’expression.   L’argument, rapidement évoqué et disqualifié par Cagé comme « libertarien », est à la fois puissant et troublant. Il est puissant, car il mise sur certaines intuitions fortes et largement partagées sur la liberté d’expression. Il est troublant, car il semble conduire à une forme brutale d’exclusion politique de groupes désavantagés, ainsi qu’à une conception nécessairement appauvrie du débat politique.     Notons que Cagé accepte les prémisses de cet argument tout en en refusant la conclusion. En effet, dans Le prix de la démocratie, l’argent est traité très sérieusement comme une forme de discours politique, dont il serait même l’une des formes les plus influentes. Cagé nous rappelle que notre vote a un prix, que les dépenses politiques se traduisent en votes, en satisfaction de préférences données ainsi qu’en politiques publiques concrètes, que le financement de la démocratie est un enjeu crucial, mais souvent négligé ; bref, que les liens entre argent et politiques sont inextricables. Mais elle refuse la conclusion « libertarienne ». Il existe des raisons légitimes de réglementer la façon dont les citoyens « parlent » avec leur argent.   
        Pour défendre une telle thèse, il faut d’abord se débarrasser de la soi-disant neutralité de contenu de l’argent. En effet, l’argument du money is speech gomme la charge politique des dons, comme si l’argent ne favorisait aucun contenu politique en particulier. Or, comme le montre Cagé, dans la plupart des pays étudiés, il y a non seulement inégalité flagrante entre les donateurs, mais aussi entre les bénéficiaires. Les partis de droite tendent à recevoir plus. Un système dérégulé favorise donc une parole de droite     Une autre réponse, souvent négligée, mais soulignée par Cagé, est la suivante : si l’argent représente une forme de discours politique, c’est alors cela que nous devons redistribuer si nous prenons l’égalité politique au sérieux. De ce point de vue, une politique de redistribution économique est donc justifiée au nom de l’égalité politique.    Un autre argument anti-régulation consiste à dire que les dons aux partis politiques ne représentent qu’une forme de consommation idéologique. Plus qu’un investissement en vue d’un retour, les dons ne sont qu’une manière parmi d’autres d’étaler sa richesse. C’est l’équivalent politique de la consommation ostentatoire. Bref, oui, l’argent est bel et bien une forme de discours politique, mais celui-ci est somme toute assez bénin. Il ne permet pas en tant que tel aux donateurs de s’assurer que leurs préférences soient nécessairement prises en compte.       C’est l’argument avancé par Stephen Ansolabehere, John M. de Figueiredo et James M. Snyder Jr. dans leur influent article « Why so Much Little Money in U.S Politics ?” [3]. Ceux-ci soutiennent en effet que si l’argent conduisait de facto à la satisfaction des préférences politiques des riches, en particulier dans un environnement politique dérégulé comme celui des États-Unis, nous devrions alors admettre qu’il n’y a pas trop d’argent en politique, mais pas assez. Ils en concluent alors que l’argent dépensé en politique ne peut qu’obéir à une logique de consommation idéologique. Les plus riches donnent, dans une logique de compétition distinctive, pour le prestige, ou encore dans une logique de confirmation, pour sceller leur appartenance à l’élite.      À bien y penser, cette ligne argumentative a un avantage : elle écarte dès le départ l’apparente neutralité de contenu de l’argent. En effet, si l’argent dépensé en politique est une forme de consommation ostentatoire, alors il n’est pas neutre, son contenu correspond à celui d’un discours bien spécifique : celui des riches. La neutralité de l’argent s’évapore donc et la réalité de l’inégalité économique rejaillit. Car, bien sûr, les classes populaires ne peuvent même pas imaginer de telles modalités ostentatoires de participation politique.   
       Mais ce que montre Cagé, c’est bien que l’argent en politique n’est pas que de la consommation idéologique. Au contraire, son introduction va de pair avec la capture du jeu électoral par le poids de l’argent et ce, même lorsque les sommes ne sont pas gargantuesques. Les dons aux partis ne sont pas neutres, notamment au-delà d’un certain montant, et favorisent concrètement certains intérêts. Car on peut légitimement supposer que les grands donateurs ont tendance à favoriser des partis qui mettront en place des politiques plus conservatrices, notamment d’un point de vue fiscal. Et ils maintiendront la stratégie fiscale qui leur permet d’exprimer leurs préférences politiques en cédant une partie de la facture à l’ensemble des contribuables. Enfin, cette capture se reflète dans les « politiques publiques qui sont chaque jour mises en œuvre et qui, à l’image de la flexibilisation à l’extrême du marché du travail ou des multiples cadeaux fiscaux faits aux plus riches, ne traduisent que les préférences des plus aisés, contre les préférences de plus modestes » (p. 329).   
        Ainsi, l’argent n’est pas à associer à une pratique discursive parmi tant d’autres, qui favoriserait pléthore de points de vue variés. En tant que discours, l’argent tend à favoriser concrètement ceux qui en ont. Il n’est donc (1) ni neutre (2) ni sans effet.      Cagé nous suggère de délaisser la théorie de la « consommation idéologique » au profit d’une théorie du « retour sur investissement ». Elle propose alors de résultats similaires à ce que Gilens et d’autres ont obtenu : l’argent a un poids réel en démocratie, un poids beaucoup trop lourd. Quelle est la théorie normative de la démocratie qui nous aiderait à penser avec Cagé ? Trois types de considérations peuvent ici retenir notre attention.        On pourrait d’abord évoquer le vocabulaire de la démocratie délibérative. Pour les démocrates délibératifs, les sources de la légitimité démocratique sont à tirer de la délibération publique, comprise une pratique « d’échanges de raisons » au sein d’espaces publics multiples et inclusifs. C’est en délibérant entre eux que les citoyens d’une communauté démocratique peuvent donner un sens et une légitimité à leur devenir commun. La démocratie délibérative a donc une importante dimension épistémique, c’est-à-dire qu’elle se caractérise par un souci constant pour la qualité de nos débats démocratiques, pour la capacité de ces derniers à nous rapprocher du « vrai » et à nous éloigner toujours plus du règne de l’ignorance.      Cagé semble être favorable à une telle approche, notamment en raison de ses travaux précédents sur les médias et de son scepticisme à l’égard de la prise de parole populiste. En effet, notre « crise » démocratique est (en partie) une crise de la parole démocratique, et une prise de parole plus près des idéaux délibératifs constitue peut-être le remède idéal. Cagé veut manifestement des institutions démocratiques « intelligentes », et loue les travaux d’Hélène Landemore sur la capacité des institutions délibératives à produire de la « sagesse collective ».       Or, d’un point de vue délibératif, nos préférences politiques ne doivent pas être vues comme « figées », elles doivent être constamment interrogées, évaluées, critiquées. Et surtout, elles ne doivent pas être simplement promues via un médium aussi pauvre que l’argent. Elles doivent subir le test d’un échange constant au sein d’un espace public vibrant.       Il y a donc une féconde critique délibérative du financement de la vie démocratique qui se profile, et qui aurait pu être développée par Cagé. Mais la justification de propositions comme l’Assemblé mixte et les BED ne saurait être fondée que sur ces considérations délibératives (notamment épistémiques).          S’agit-il alors de diagnostiquer une corruption de la démocratie ? C’est une option crédible étant donné l’invocation par Cagé des travaux de Lawrence Lessig et d’autres. Car, il faut bien l’admettre, le lien quasi automatique entre dons et satisfaction des préférences politiques ressemble à ce qu’on qualifie généralement de corruption de type quid pro quo, c’est-à-dire de type « argent-contre-faveurs ». Mais les théoriciens, comme Lessig, de la « corruption institutionnelle » attirent notre attention moins sur ce type de corruption « individuelle » que sur le détournement des institutions démocratiques par l’influence privée de l’argent. C’est la corruption au sens des Anciens, au sens d’une déliquescence des institutions qui n’arrivent plus à réaliser leur télos.         Une telle conception semble sous-jacente au raisonnement de la Cour suprême des États-Unis dans l’arrêt Austin v. Michigan Chamber of Commerce (1990), qui maintenait une loi interdisant aux entreprises d’utiliser leurs ressources financières pour appuyer un candidat aux élections (arrêt renversé vingt ans plus tard par la décision Citizens United). Comme le faisait remarquer Ronald Dworkin, en nous mettant en garde contre les « dangers de la corruption », la Cour ne renvoyait pas aux formes classiques de corruption comme échange de faveurs, mais à une « autre forme de corruption », celle des institutions démocratiques.      Cagé peut tout à fait attirer l’attention sur ces différentes formes de corruption. Mais il y a plus, car, encore une fois, une focalisation sur la corruption ne suffit pas à justifier ses propositions.       Il est à noter que dans le contexte états-unien, le langage de la corruption est aisément mobilisé parce qu’il semble quasi impossible d’utiliser politiquement celui de l’égalité. Bref, la « corruption » suscite l’indignation et motive à l’action, l’égalité est « socialiste ». Mais cela est problématique, et, heureusement, peut-être en train de changer. Selon Hasen par exemple, cette « autre forme de corruption » dont parle la Cour dans Austin ne renvoie pas qu’aux effets corrosifs de l’argent sur le congrès et les élections, mais tout simplement à ses effets ravageurs sur l’égalité politique entre citoyens [4]. .....          
__________________________________________

Partager cet article
Repost0

En deux mots

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 __ Boris: on ne passe plus

__ Enquête sur Israël.- Jérusalem au coeur.

 

__ Il serait temps!

 

__ JO: oui ou non?

__ Mieux vaut tard?...           

__ Toujours "en suisse"

__ Parcours sup : opacité

__ César Trump

__ J'adore le 0,1% 😡

                                          ____________________________

Partager cet article
Repost0

Les paradis, c'est fini!

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Une antienne qui revient depuis des  années.
                                                        Il est très drôle M.Moscovici.
                                                                               Pour lui, « Que ça vous plaise ou pas, il n’y a pas de paradis fiscal dans l’UE, mais sans aucun doute des pays qui encouragent à l’excès l’optimisation fiscale. Caricature et réflexe pavlovien anti-européen ne suffisent pas à faire une vérité. » Une distinction fort subtile, mais qui, selon l’ancien ministre de l’économie et des finances devrait le dédouaner de toute accusation. Pour lui : mélanger « paradis fiscaux »et « pays qui encouragent à l’excès l’optimisation fiscale » serait une « caricature »contraire à la vérité.

   Il a dû être inspiré par son patron luxembourgeois, toujours de bon conseil.
    L'optimisation,  c'est vrai, c'est plus cool que l'évasion et cela se fait dans le règles plus ou moins claires des pays qui en stimulent la pratique., nous dit-on.
      Selon les études récentes et appréciées de Zucman et de bien d'autres, il y a d'importantes richesses cachées tout près de chez nous et l'Europe n'est pas blanche comme neige. Tant d'argent échappe à l'impôt, c'est à dire à la redistribution, entre autre.
        La fête continue, sous des formes diverses.
   Pas seulement aux Bahamas. Au moins quatre pays en Europe peuvent être caractérisés de paradis fiscaux...Il n'y a pas que les paradis exotiques.  La Hongrie n'est pas à l'écart, pas plus que la Belgique et bien d'autres....
______
                       Sur quoi Pierre Moscovici s’appuie-t-il pour défendre cette subtile distinction ? Il faut revenir à son entretien sur RTL où il explique qu’un paradis fiscal est une juridiction « qui ne respecte pas les règles de bonne gouvernance internationale ». De ce strict point de vue, effectivement, le commissaire a raison : les pays de l’UE respectent tous ces règles. Mais cela pose alors immédiatement une autre question : qui décide de ces règles et sur quels critères ? En réalité, Pierre Moscovici considère que n’est un « paradis fiscal » que celui qui figure sur les listes de paradis fiscaux. Mais ces listes sont le fruit de compromis politiques qui nuisent très fortement à leur crédibilité. Ainsi, selon la définition de l’OCDE, il n’y a tout simplement plus de vrais paradis fiscaux « non coopératifs » dans le monde entier...
...Pierre Moscovici rejoindrait ainsi largement l’éditorialiste des Échos Dominique Seux qui, la semaine passée sur France Inter, où il tient chronique quotidienne, affirmait que critiquer les paradis fiscaux était une « forme de complotisme », car en réalité « il n’y a pas de trésor caché ». ...
Gabriel Zucman, économiste à l’université de Berkeley, a estimé dans son ouvrage La Richesse cachée des nations (éditions du Seuil), publié en 2017, que 7 900 milliards de dollars étaient placés dans les paradis fiscaux pour échapper aux fiscs nationaux. Dès lors, il semble nécessaire d’élargir la définition du paradis fiscal si l’on veut prendre en compte la « vérité », comme prétend le faire Pierre Moscovici....
      La réalité est plus simple que celle que présente Pierre Moscovici. Lorsque des capitaux quittent la France pour Jersey, ce n’est certainement pas pour que son propriétaire puisse profiter tranquillement des pubs de Saint-Hélier ou de la vue sur la Manche. C’est un flux visant à un seul but : échapper à l’impôt. Et peu importe que Jersey ne soit sur aucune liste. On n’y amène pas ses fonds pour jouir des perspectives économiques radieuses du bailliage anglo-normand, mais pour échapper au taux d’impôt national. « La première motivation qui pousse à transférer des fonds dans un paradis fiscal est d’échapper à l’impôt », rappelle heureusement Anne-Laure Delatte dans un article de L’Économie mondiale 2018 (éditions La Découverte). Que cela plaise ou non à Pierre Moscovici......


 

Pierre Moscovici aurait pu, par exemple, se souvenir des récentes affaires de blanchiment massif d'argent russe au Danemark, Suède, Allemagne et Estonie. Il aurait pu aussi se souvenir des Malta Files, publiées par Mediapart en 2017, et qui faisait la longue liste des pratiques douteuses de l’île méditerranéenne où, rappelons-le tout de même à notre commissaire, une journaliste, Daphne Caruana Galizia, a été assassinée pour avoir enquêté sur les réseaux de blanchiment dans ce pays. Mais pas de quoi voir là un quelconque « paradis fiscal » pour Pierre Moscovici.      Plus généralement, l’association Oxfam a retraité les critères de la liste noire de l’UE sur les pays membres et est parvenue à la conclusion que cinq d’entre eux (Luxembourg, Malte, Chypre, Irlande et Pays-Bas) n’en respectaient pas au moins un, ce qui les plaçait immédiatement sur la liste noire. On sait que Pierre Moscovici tentera de disqualifier le travail d’Oxfam (qu’il utilise pourtant par ailleurs sur son blog concernant les inégalités, une des conséquences de l’existence des paradis fiscaux, mais ce n’est qu’une des multiples contradictions de ce personnage), mais l’association a constitué une banque de données solide pour justifier ce résultat. De surcroît, un rapport du Parlement européen de mars 2019  a identifié sept paradis fiscaux dans l’UE (les cinq déjà cités, plus la Belgique et la Hongrie). Ce rapport a été adopté le 26 mars 2019 et se veut très sévère pour ces États membres. En clair : l’argutie juridique du commissaire ne repose sur rien d’autre que ses propres choix politiques. C’est un discours vide et refermé sur lui-même, loin des réalités. Que cela lui plaise ou non.....
_______________________________
Partager cet article
Repost0

Il n'y a pas que les ours blancs...

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 Le respect de la nature,

           Ce n'est pas l'expression d'un vague romantisme rousseauiste, même si l'admiration vis à vis de la richesse des sensations qu'elle nous offre et la profondeur de ses ressources infinies peut être apte à nous émouvoir à certains moments. Nous en sommes une partie et nous sommes capables de vibrer avec ses forces profondes, de la manière la plus charnelle. Elle est une matrice, pas un tableau                                                                                         La nature n'est pas un décor, ni un spectacle. L'écologie , ce n'est pas seulement le sort des ours blancs, sur lesquels on attire nos regards. Elle conditionne notre vie, dans des détails que nous ne ne soupçonnons guère. C'est toute la biodiversité qui conditionne notre vie et celles des générations futures.  .. Nous sommes tous dans le même bateau, que nous le sachions ou pas. .Même la vie microbienne est fondamentale, vitale. Tout forme système. Dans les égards à l'égard de la nature dans toutes ses composantes, c'est notre sort qui est en jeu.                                              _____Il fut un temps où, depuis la fin de la guerre et les campagnes de démoustication de l'armée américaine, les insectes de toutes catégories n'avaient pas bonne presse, jusqu'à une période récente, où les premières alertes furent lancées.   Et si les petites bêtes qui piquent, qui souillent les pare-brises des voitures  n'étaient pas si inutiles que cela, malgré les gênes parfois occasionnées?

    
Une abeille peut piquer, mais qu'est-ce au regard de sa fonction fondamentale dans la pollinisation, comme l'avait déjà suggéré Einstein?         Il a fallu du temps pour prendre conscience de l'importance vitale du foisonnement et de la variété des insectes dans le cycle de la vie, de la chaîne alimentaire. On s'en compte bien tard, quand on constate la baisse sensible du nombre  des oiseaux, la régression de leur population. Un cycle se dégrade à grande vitesse, qui ne manque pas d'inquiéter les spécialistes. Les causes sont aujourd'hui bien connues.       Les insectes sont plus que nos alliés, sont plus que de fantastiques objets d'études. Malgré les inconvénients qu'ils apportent parfois. Ils présentent un monde foisonnant et fascinant. Le plus riche en espèces.

   _________Les insectes du monde entier  sont en voie d’extinction, menaçant d’un « effondrement catastrophique des écosystèmes naturels », s’est alarmé, fin janvier, la revue scientifique mondiale Biological Conservation. Plus de 40 % des espèces d’insectes sont en déclin et un tiers sont menacées, selon les chercheurs. Leur taux de mortalité est huit fois plus rapide que celui des mammifères, oiseaux et reptiles. Au cours des trente dernières années, la masse totale des insectes existant dans le monde a diminué de 2,5 % chaque année.   A ce rythme, s’inquiètent les scientifiques, ils pourraient disparaître d’ici à un siècle. « C’est très rapide. Dans dix ans, il y aura un quart d’insectes de moins, dans cinquante ans, plus que la moitié, et dans cent ans, il n’y en aura plus », a déclaré au Guardian dimanche 10 février Francisco Sánchez-Bayo, de l’université de Sydney (Australie), qui a collecté les données avec Kris Wyckhuys de l’Académie des sciences agricoles à Beijing (Chine). La plupart des études analysées ont été réalisées en Europe occidentale et aux Etats-Unis.
                             "...Encore une étude, une de plus, qui documente et alerte sur la dégradation en cours, irréversible, des écosystèmes naturels. Il est cette fois question de coccinelles, de papillons, de bourdons, de pucerons, de mouches, de criquets, ou encore d’abeilles. D’ici un siècle, selon la revue scientifique Biological Conservation, les insectes pourraient avoir totalement disparu. Le constat des chercheurs est vertigineux : le taux de mortalité de ces êtres minuscules est huit fois plus rapide que celui des mammifères ou des oiseaux. Plus de 40 % des espèces sont déjà en déclin et un tiers sont menacées. La faute à l’agriculture intensive, à la surconsommation de pesticides toujours plus performants pour tuer, mais aussi à l’urbanisation et au changement climatique. Cet effondrement a lieu partout autour du globe. A Porto Rico, où 98 % des insectes ont disparu depuis trente-cinq ans, mais aussi en Allemagne, où 75 % d’entre eux ont disparu dans des zones protégées. Bref, il se déroule juste devant nous, jour après jour. Il concerne les êtres auxquels, d’ordinaire, nous accordons le moins d’attention, invisibles à nos yeux et donc à nos consciences. Des êtres minuscules mais essentiels au bon fonctionnement de tous les écosystèmes, des êtres supposés insignifiants tant ils nous sont impénétrables, mais omniprésents et cocréateurs de notre monde. Car oui, humains, coccinelles, papillons, bourdons, pucerons, mouches, criquets ou abeilles, nous sommes tous dans le même bateau." (W.Zarachowicz)
___Un cercle vicieux redoutable.___


______________________

Partager cet article
Repost0

<< < 1 2 3 4 > >>