Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Varia

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 __ Le tournant de la rigueur et le virage socialiste.

__ Nucléaire et sous-traitance.

__ Colons et Palestiniens . Le rapport de l'ONU.

"....Les Palestiniens, notamment dans les zones rurales, vivent dans la crainte constante d’un raid de l’armée, d’une descente de colons, de l’attaque de leurs maisons, du vol de leurs chèvres ou de leurs moutons, de la destruction de leurs oliviers... Ces faits provoquent de l’anxiété, de la tristesse, de la colère, du désespoir, mais aussi des dépressions..."

__ De Gaulle savait, au sujet de la tragédie du 17 octobre 1961.  "...  Une annotation manuscrite de Charles de Gaulle sur un document de l’Élysée prouve même que le président, confronté à la réalité de la situation, avait demandé que les coupables soient châtiés, réclamant aussi que son propre ministre de l’intérieur, Roger Frey, intervienne face à l’extrême danger des dérives des forces de l’ordre... Mais il ne se passera rien..."

__ Bébé Coca: les dégâts.       

 

 

__ Ecole en faillite? Les causes.  Et les parents?      

        Une perte de sens?  L'élève "au centre": cela devrait aller de soi. Mais en quel sens? "Moderniser", disent-ils?         

            ______________________

Partager cet article
Repost0

Sur le fil du rasoir

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

Capitalisme en crise.
                                   Depuis ses origines, le système capitaliste, qui s'est mis en place au 19° siècle, a connu périodiquement des crises plus ou moins longues, plus ou moins profondes, de natures différentes dans la plupart des cas: crise de surproduction, crises bancaire comme en 2008...A tel point qu'on a pus dire dans les milieux d'affaires libéraux que la crise serait comme une nécessité, une loi du fonctionnement du système lui-même. De même qu'un organisme vivant peut connaître des périodes de crises, le fonctionnement du marché connaîtrait lui-même des périodes de ralentissement, voire d'effondrement inévitable.
    Mais la métaphore a ses limites. Car un marché, sous certaines conditions, peut-être régulé, ses effets potentiellement pervers peuvent être anticipés et évités. Ce n'est pas la main de Dieu qui le dirigerait secrètement, et il y a toujours des alternatives, si on se donne les moyens de l'analyser et d'agir dans un autre  sens souhaité. On sait par exemple que la folie spéculative et les surprimes menaient droit à un effondrement bancaire, non pas seulement rétrospectivement , mais quelques rares économistes avaient anticipé où nous menait la folie spéculative, comme Roubini ou Jorion. Mais l'aveuglement a prédominé, comme le signalait en son temps Roosevelt au sujet de la crise de 29.
       La crise qui nous arrive a cette particularité que ses causes ne sont pas endogènes. Elle est l'effet de facteurs essentiellement exogènes, naturels, que l'on a pas vu venir et qui met à mal des pans entiers de l'économie, surtout quand ils étaient déjà touchés défaillants ou fragiles.
         Certains économistes ont pu dire que cet événement de grande ampleur, de portée internationale, dont on voit mal l'issue, ne cause pas la crise dans laquelle nous entrons, mais la précipite plutôt, à un niveau rarement atteint.
      Difficile problème d'interprétation. Ce n'est pas seulement un simple choc entre l'offre et la demande.

       Comme le pense M. Husson, "...L’une des caractéristiques essentielles de cette crise est de diffracter l’économie, autrement dit de frapper inégalement ses différents segments. Les mesures globales sur le recul du PIB ne sont en effet qu’une moyenne d’évolutions très différenciées. Certains secteurs sont directement impactés par des mesures de fermeture pures et simples, notamment dans le commerce de détail non essentiel, d’autres le sont moins. Les calculs menés par l’OFCE [12] établissent qu’au niveau mondial la perte de valeur ajoutée irait de 47 % pour la branche hébergement-restauration à 7 % pour l’industrie agroalimentaire, et 3 % pour l’administration publique. Une autre étude [13] établit que ce sont les secteurs en amont dont l’activité recule le plus, autrement dit les secteurs les plus éloignés de la demande finale. Tout se passe donc comme si le virus «remontait les filières» en passant de l’aval («la demande») à l’amont («l’offre»).     Les dégâts n’ont donc pas été infligés «équitablement». Par exemple, les secteurs de services les plus frappés emploient en général beaucoup de main-d’œuvre, souvent à bas salaires, sur contrats précaires, pour qui le travail à distance est souvent impossible. Selon l’OCDE, plus d’un tiers des entreprises serait confronté à des problèmes de trésorerie après trois mois de confinement [14]. D’où des mesures de soutien (report des impôts, étalement des dettes, prise en charge d’une partie de la masse salariale). Mais une autre petite musique commence à poindre: la crise ne serait-elle pas une bonne occasion d’éliminer les entreprises «zombie» qui ne méritent pas de survivre? Trois économistes [15] ont même suggéré que ce serait aux banques de décider de leur sort, ce qui permettrait selon eux «un triage efficace, en préservant les entreprises socialement viables sans subventionner les entreprises zombie»              La même hétérogénéité apparaît entre pays. L’étude déjà citée de l’OFCE montre ainsi que le recul du PIB va de 36 % pour l’Espagne à 12 % pour le Japon. Mais il faut ici prendre en compte la transmission à travers les chaînes de valeur. Une étude évalue ainsi à un tiers environ la baisse du PIB résultant des chocs transmis par les chaînes d’approvisionnement mondiales. Comme cette baisse a été en moyenne de 31,5 %, «un pays qui n’aurait lui-même imposé aucun confinement, aurait enregistré une contraction moyenne de 11 % de son PIB en raison des confinements dans les autres pays [16]». C’est pourquoi on ne peut raisonner pays par pays: l’infographie ci-dessous est particulièrement éclairante sur ce point. Elle donne l’origine et valeur des composants étrangers incorporés à la production de véhicules assemblés en France. On constate une «forte interdépendance régionale (plus de 75 % des composants sont produits en Europe) qui rend impossible la production dans un contexte de confinement-déconfinement non synchronisé. L’arrêt de la production à un point de la chaîne paralyse le reste de la production, et ce d’autant plus vite que l’industrie fonctionne avec des niveaux de stocks très faibles qui ne permettent pas d’absorber le moindre ralentissement de la production [17].»         Cette extension de l’épidémie frappe de nombreux pays déjà confrontés à de redoutables difficultés économiques, qui sont encore aggravées par la crise actuelle: chute du prix des matières premières, fuite des capitaux, effondrement des taux de change, croissance de l’endettement. Pour ne prendre qu’un exemple, les pays d’Afrique dépensent plus dans le service de leur dette que pour la santé publique. A cela s’ajoute une crise alimentaire et sociale déclenchée par l’interruption des activités et aggravée par l’absence de revenus de complément, notamment en direction du secteur informel. Comme le dit l’ONG Grain, des millions de personnes sont forcées de choisir entre la faim ou le Covid-19 [19].      L’offensive différenciée du virus interdit d’envisager une reprise équilibrée, autrement dit une reprise où tous les secteurs redémarreraient en même temps et au même rythme....        Tout indique que l’on s’achemine vers des dispositifs qui feront de la masse salariale l’une des principales variables d’ajustement permettant de rétablir la profitabilité des entreprises. Réduction du chômage partiel, accords de maintien de l’emploi, allongement de la durée du travail, automatisation accélérée [24]: tous les indices sont déjà là de cette orientation. Cela veut dire qu’on vise à une reprise sans emploi, c’est-à-dire à relancer l’économie en réduisant au maximum les effectifs. Mais l’effet en retour est un frein à la reprise de la consommation: on ne peut en effet geler, voire baisser, la masse salariale et «en même temps» relancer la consommation. A moins que l’on compte sur une reconversion de «l’épargne forcée» des ménages dont le revenu a été à peu préservé, alors que leur consommation était «confinée». Le seul moyen d’éviter cette boucle récessive du côté de la demande conduit à une pérennisation et à une exacerbation des inégalités, dont on n’est même pas assuré qu’elle serait suffisante.        Ce cercle vicieux peut s’étendre à l’ensemble de l’économie européenne, voire mondiale. La désynchronisation des économies pose en effet la question de la coordination des réponses qui y sont apportées. Sur le plan sanitaire, force est de constater que la coordination a été à peu près inexistante: chaque pays a réagi à sa manière, et comme il le pouvait, alors même que le virus ne semble pas connaître de frontières. Cette question se posera de nouveau avec acuité quand on disposera d’un vaccin (ou de vaccins) et on ne peut qu’être inquiet à ce sujet, tant l’Union européenne s’en est jusqu’ici remise en matière de recherche à des partenariats avec des entreprises privées guidées par d’autres critères que l’intérêt public [25].                  Avec le redémarrage de l’économie, tous les pays vont chercher, avec des chances très inégales de réussite, de capter la fraction la plus importante possible de la reprise des échanges de marchandises. A court terme, le moyen le plus approprié est de gagner en compétitivité en baissant le «coût salarial»: certes, la compétitivité dépend de bien d’autres facteurs, mais sur lesquels on ne peut jouer de manière rapide. On se trouverait alors dans une configuration, somme toute classique, où tout le monde ou presque perd à ce petit jeu: on a déjà vu dans un passé récent des récessions «auto-infligées» par de telles politiques...."                  Reviendra-t-on au business as usual ou prendra-t-on la voie indiquée pas Macron lui-même se réclamant de l'Etat-providence?:  «il nous faudra demain tirer les leçons du moment que nous traversons, interroger le modèle de développement dans lequel s’est engagé notre monde depuis des décennies et qui dévoile ses failles au grand jour, interroger les faiblesses de nos démocraties. (…) Ce que révèle cette pandémie, c’est qu’il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché.» Ou encore: «une certaine idée de la mondialisation s’achève avec la fin d’un capitalisme financier qui avait imposé sa logique à toute l’économie et avait contribué à la pervertir. L’idée de la toute-puissance du marché qui ne devait être contrarié par aucune règle, par aucune intervention politique, était une idée folle. L’idée que les marchés ont toujours raison était une idée folle....»                              On peut raisonnablement penser que ce sont là paroles de circonstances. Comme celles de Sarkozy assurant en son temps que les conditions d'assainissement des banques étaient enfin réunies....

                                                  ____________________________

Partager cet article
Repost0

Nupes: nouvelle vision, nouvelle action?

Publié le par Jean-Etienne ZEN

  Le programme de la Nupes est-il sérieux? [notes de lectures] 

              Par delà les critiques, souvent ad hominem, qui redoublent et qui vont se faire plus intenses entre les deux tours, peut-on considérer les grandes lignes du programme de la Nupes comme politiquement viables et porteuses de progrès social par le biais d'une autre raison économique? Oui, si l'on sort des débats politiques stériles et libéraux à courte vue, les ambiguïtés entretenues, si on le considère comme un socle évolutif. « Je me réjouis de ce que le débat économique revienne sur le devant de la scène », se félicite la présidente du Cercle des économistes, Françoise Benhamou.         __ "...Macron résumait son programme économique par ces mots : « Chaque jour, notre pays s’affaiblit de ne pas être adapté à la marche du monde. » Mais le voilà pris de court par cette même marche du monde, de la crise écologique à l’inflation en passant par la dislocation des chaînes logistiques. Il est dès lors obligé de rafistoler en urgence son discours en allant pêcher de façon désespérée des concepts longuement développés à gauche. Et en les vidant de leur sens, bien sûr...."                                                           ____Quelques transfuges s'en sortent avec succès. _ Vous avez dit "proportionnelle"? _

 

                                 "...« Guillotine fiscale » pour le ministre du budget Gabriel Attal dans Le Monde, « taxes sans limites » pour l’économiste Philipe Aghion dans Les Échos, « ruine » du pays pour le ministre de l’économie Bruno Le Maire sur France Inter… Depuis le mois dernier, les attaques contre la crédibilité économique du programme de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) enflent à mesure que l’échéance du premier tour des élections législatives approche.  Plusieurs fois déjà, les économistes du parlement de la Nupes sont montés au créneau pour défendre leur projet, en publiant des rapports, réponses, contre-réponses (lire sur Mediapart le blog des Économistes du parlement de l’Union populaire), ou encore en proposant des débats publics avec leurs détracteurs – en vain. Après avoir répliqué, dans une posture défensive, ils sont passés à l’offensive – une stratégie voulue notamment par la présidente du parlement de la Nupes, Aurélie Trouvé.     Le 9 juin, à quelques heures du scrutin, la coalition de la gauche et des écologistes a reçu le soutien, sous forme de tribune publiée sur le site du Journal du dimanche, de plus de 300 économistes. Une masse critique d’autant plus considérable que parmi eux figurent des piliers de la discipline, aux attaches politiques très diverses, et qui s’étaient jusqu’à présent tenus à distance de cette séquence électorale.                   C’est le cas d’un groupe d’économistes plutôt affiliés à la gauche social-démocrate – au sens historique du terme –, pour beaucoup d’anciens soutiens de Benoît Hamon en 2017, dont les travaux irriguaient certains programmes en 2022 – celui de Yannick Jadot par exemple – sans qu’ils n’apparaissent : Thomas Piketty, Julia Cagé, Dominique Méda, Gabriel Zucman, Lucas Chancel, Jézabel Couppey-Soubeyran ou encore Isabelle This Saint-Jean.           À l’autre bout de cet arc politique de gauche, des économistes tenants d’une hétérodoxie plus marquée, comme Bernard Friot (dont la proposition d’une « sécurité sociale de l’alimentation » figure dans le programme de la Nupes), Bruno Amable et Jacques Généreux (longtemps secrétaire national à l’économie du Parti de gauche).                                                               Économiste membre du groupe Upeco (les économistes du parlement de l’Union populaire), Cédric Durand, une des têtes pensantes de cette tribune, explique cet élargissement : « On avait déjà eu des contacts avec eux pendant la présidentielle. Ce n’était pas hostile mais hésitant, il y a eu des échanges de qualité, qui aujourd’hui débouchent sur ce texte en raison à la fois du rassemblement et de la malhonnêteté intellectuelle des attaques. »                             Le texte, qui taille en pièces la « politique de l’offre » du gouvernement (« peu efficace et injuste, cette stratégie conduit in fine à la dégradation de la situation du pays, tant sur le plan des indicateurs sociaux et écologiques que sur celui du développement économique »), propose au contraire une bifurcation, par « une remobilisation de la puissance publique et la construction d’un projet productif à long terme, compatible avec le respect de la biosphère », et une planification écologique « compatible avec une décroissance des pollutions et de l’utilisation des ressources naturelles ».         Les signataires expliquent qu’un tel projet est finançable par une « fiscalité plus progressive sur les revenus et les patrimoines, le rétablissement de l’ISF et la suppression de la flat tax ainsi que la lutte contre la fraude », et un « recours accru au pôle public bancaire afin d’orienter la création monétaire et l’épargne des Français vers les besoins collectifs et se prémunir contre les effets déstabilisateurs des marchés financiers ».                                                      Avec cette tribune, la Nupes fait coup double. Non seulement elle témoigne de la solidité de son programme (lire l’analyse de Romaric Godin) et de l’élargissement de son socle politique, mais elle jette une lumière crue sur l’absence de propositions du camp macroniste. « En 2017, il y avait eu une tribune d’économistes pour soutenir Macron, mais aujourd’hui ils sont totalement absents, constate l’économiste Éric Berr, membre du parlement de la Nupes. On les cherche, car ils savent eux-mêmes que la voie sur laquelle veut nous engager Macron est très périlleuse. »  Même constat de la part de Jacques Généreux : « Où penche le sérieux économique, quand les économistes qui avaient signé cette tribune en faveur de Macron en 2017 n’osent plus associer leur nom au sien aujourd’hui ? », interroge-t-il.                                                                           Alors que la stratégie de Jean-Luc Mélenchon consiste, depuis le début de cette campagne pour les législatives, à instaurer un duel avec Emmanuel Macron, ce texte enfonce le clou. « En face, il n’y a rien, à part une grande mauvaise foi, qui traduit une grande inquiétude », estime Éric Berr, qui ajoute que « Macron veut intensifier le néolibéralisme au moment où tout le monde s’engage dans une autre voie », l’air de dire que, désormais, les hétérodoxes ne sont plus ceux qu’on croit.       L’économiste Éloi Laurent, auteur cette année du livre La Raison économique et ses monstres (Les Liens qui libèrent), a accepté de signer ce texte – une première, alors qu’il n’a jamais signé auparavant de tribune d’économistes. Joint par Mediapart, il explique qu’il est « exceptionnel » tant par la qualité de ses signataires – « une assemblée de compétences utiles pour gouverner, dont beaucoup de membres sont familiers des politiques publiques, et pas seulement de l’analyse économique » – que par son contenu.                                       Il refuse en effet de céder au « procès en incrédibilité économique » fait à la Nupes, et de se placer sur le terrain du « crédibilisme économique », pour promouvoir « une nouvelle façon de concevoir l’économie » : « Ce texte est important car il remet la crédibilité économique à sa place, derrière l’articulation entre urgence sociale et urgence écologique. Le discours sur la crédibilité économique, c’est le programme implicite du pouvoir en place, qui n’a pas d’autre programme que de dire : “Nous sommes la raison économique.” Il ne faut pas adopter le langage de nos adversaires », estime-t-il.       Plus largement, Cédric Durand inscrit l’avènement de cette nouvelle doctrine économique dans un « mouvement historique » général après la crise de 2008 et celle du Covid : « On est à un moment où Thomas Piketty parle de dépassement du capitalisme et où ceux qui se situent à l’extrême gauche se retrouvent dans la candidature de Jean-Luc MélenchonCela s’explique par la crise du néolibéralisme. Il n’y a plus de grain à moudre dans le blairisme, ce qui ouvre la voie à une politique plus interventionniste. »           Quoi qu’il arrive le 19 juin, Aurélie Trouvé, qui entretient de bonnes relations avec le secteur universitaire – étant depuis vingt ans elle-même économiste –, souhaite que ce groupe perdure sous la forme d’un « conseil économique de la Nupes » et alimente le travail de la coalition à l’Assemblée nationale – qu’elle soit majoritaire ou pas."   (Mathieu Dejean)                              ______________________

Partager cet article
Repost0

Réviser la Constitution

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 Insondable abstention

                                  Une nouvelle fois, de manière inédite dans ce type d'élections, le pourcentage d'électeurs qui ne sont pas déplacés aux urnes atteint des sommets. Est-il encore possible de dépasser ces chiffres, qui interrogent autant qu'ils inquiètent. C'est le fonctionnement de nos institutions qui est en question, comme celui du vivre ensemble républicain. Le sens de l'intérêt général semble se dissoudre peu à peu dans l'indifférence générale ou la résignation massive, qui peuvent avoir plusieurs causes. Il n'y a pas que la crise citoyenne liée à un repli individualiste et consumériste, bien analysée par B. Barber, la dérive des institutions y prend une grande place, aboutissant à une hyper-présidentialisation croissante, telle qu'elle a été maintes fois décrite, qui ne donne plus à l'assemblée la capacité pleine et entière de proposition, de contrôle et de contestations.   


                                                                                                                                          Déjà " en 1962, dans La République moderne, Pierre Mendès France fustigeait la Ve République, qui souffrait selon lui d'une "totale absence d'équilibre entre les principaux organes de l'Etat", la concentration des pouvoirs dans les mains du président de la République faisant obstacle à la démocratie. Que dirait-il aujourd'hui, à l'heure des "hyperprésidents" ? Certes, nombreux sont ceux qui se réjouissent ou s'accommodent de cette prépondérance,  reste que d'autres continuent à raison de s'en alarmer et appellent à repenser nos pratiques et notre Constitution. C'est le cas du think tank modéré Generation Libre, qui publie Déprésidentialiser la Cinquième République, un riche recueil collectif signé par huit auteurs - des chercheurs, des professeurs de droit, un ancien ministre ou encore un préfet. .."         Sans aller jusqu'à la refondation d'une VI° République. Il s'agit ici de réflexion sur une réparation en profondeur pour faire barrage à de nouvelles dérives, qui pourraient faire le lit d'un régime de type autoritaire.                                                                   La "confiance" politique est ébranlée.  "...les Français sont ceux qui se méfient le plus. La France est le pays où ce phénomène est le plus accentué, avec seulement 12 % de confiance dans les partis politiques, avec une chute de 6 points de pourcentage en dix ans. C’est donc vraisemblablement le pays qui permet de comprendre le mieux ce qu’il se passe un peu partout dans les démocraties occidentales..."     Un système oligarchique peu analysé y fonctionne plus qu'ailleurs, dont la présidentialisation excessive est la conséquence. Tant que la question fondamentale de la représentation ne sera pas repensée, le système poursuivra sa course, avec toutes les déconvenues prévisibles et ls dérives prévisibles.                                                                                                                   Les électeurs ont cessé progressivement de s'intéresser à ces élections parce qu'elles sont à ce point couplées à l'élection présidentielle qu'elles en sont devenues, aux yeux de nombre d'entre eux, une consultation inutile. Cette évolution est très inquiétante parce qu'elle contribue à affaiblir la démocratie représentative et les partis politiques qui en organisent le fonctionnement....Le scrutin majoritaire à deux tours avec un seuil de 12,5% des inscrits déforme de manière excessive la représentation des opinions. À défaut de modifier le mode de scrutin en instillant une dose de proportionnelle, il faudrait au moins modifier le seuil de 12,5%, dont les effets sont délétères. C'est une réforme simple, qui aura sans aucun doute l'assentiment de la plupart des formations politiques, et qui donnera aux Français le sentiment d'être un peu mieux représentés...."                                                       On ne s'étonnera pas d'une certaine désertion citoyenne dans un système devenu opaque et dont la dépendance par rapport à l'exécutif pose question. De Montesquieu ou de Rousseau, il reste encore beaucoup de principes simples à réinventer, contre la quasi-professionnalisation de la fonction politique, le domination des experts et l'affairisme délétère.. Pas seulement au niveau du discours. Repenser la démocratie est devenu une urgence. Elle est toujours en péril....Revoir les règles de la démocratie est une nécessité impérieuse.                                      _______________________________

Partager cet article
Repost0

A la Bastille!

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

De l'histoire au mythe nationale fédérateur.

                                                                   Bien des ombres et des équivoques planent encore sur l'événement historique et symbolique devenu comme central dans notre histoire nationale.
                             Quel 14 Juillet?            
                                                On a souvent oublié la Fête de la Fédération et l'institution assez tardive de l'événement. Le lien indissoluble de fraternité y fut proclamé par Lafayette, suivi par le roi, qui prêta allégeance. Il en reste quelque chose de fort.
            Les mythes furent nombreux.
                Les récits d'époque sont rares et partiels. Dans le flux des événements qui se bousculaient les premiers historiens-reporters sont peu nombreux.
  L'événement fut très vite connu à Versailles et engendra rapidement des réactions:
      ...Le 16 juillet, le duc de Dorset, ambassadeur d’Angleterre et familier du comte d’Artois, écrivait au Foreign Office : « Ainsi, mylord, s’est accomplie la plus grande révolution dont l’Histoire ait conservé le souvenir, et, relativement parlant, si l’on considère l’importance des résultats, elle n’a coûté que bien peu de sang. De ce moment, nous pouvons considérer la France comme un pays libre. » 
    Pour Charles James Fox, c'est « le plus grand événement qui soit jamais arrivé au monde.»
Ce spectacle inouï provoque chez Edmund Burke un tel étonnement qu'il ne sait s'il doit y souscrire ou le condamner     
      La Bastille était désuète: Louis XVI envisageait de la faire démolir:
             A la veille de la Révolution, explique l’historienne Monique Cottret dans La Bastille à prendre, la forteresse n’était plus la prison bondée et nobiliaire du règne de Louis XIV. Ni même la geôle roturière devenue le passage obligé des contestataires sous Louis XV. Tombée en désuétude, elle reflétait l’affaiblissement de l’absolutisme. 5279 prisonniers y ont été incarcérés entre 1659 et 1789.    Elle trouva son démolisseur:                                                               En ce 14 juillet 1789, il suffit de quelques heures pour prendre la Bastille. Mais sa démolition, commencée le soir même, dure près de deux ans. Sous la direction du citoyen Palloy, dont l’historienne Héloïse Bocher raconte le parcours dans Démolir la Bastille, elle devient une affaire juteuse autant qu’une commémoration permanente.___Pierre-François Palloy, entrepreneur en bâtiment, se trouve en ce jour historique sur un chantier avec une douzaine d’ouvriers quand toute l’équipe est entraînée par la foule. Ils prennent eux aussi les armes et entrent dans la forteresse, dont Palloy s’autoproclame aussitôt le démolisseur. Deux jours plus tard, il obtient officiellement les droits de ce chantier titanesque. Et doit même avancer les frais, qui avoisinent le million de livres, sur ces propres deniers. Les ouvriers affluent, en moyenne 800 par jour, et les curieux aussi. Certains viennent participer bénévolement aux travaux, par foi patriotique. Mais la Bastille attire surtout promeneurs, fêtards et hommes publics. Palloy et ses ouvriers en profitent. Ils font très vite payer des visites guidées, qu’ils mettent en scène avec récits de torture et exposition de restes humains retrouvés sur place. Et l’entrepreneur en bâtiment de se muer peu à peu en marchand des reliques de la tyrannie. En juillet 1790, c’est Palloy qui organise une commémoration dans la forteresse. Opération qu’il renouvellera régulièrement, faisant ainsi de la Bastille un lieu de mémoire. A l’automne de la même année, notre homme envoie des maquettes de la prison dans chaque département, créant et entretenant avec énergie un culte autour des pierres de la forteresse. Pour Hans-Jürgen Lüsebrink et Rolf Reichardt, auteurs de The Bastille, Palloy a compris le besoin qu’a le peuple de rendre concrets les concepts politiques de liberté et de despotisme. Mais, grâce à un sens certain des affaires, tout ce battage autour de la Bastille lui permet aussi d’écouler les produits dérivés de la démolition, qu’il s’agisse des pierres ou des chaînes de la prison. Il ouvre d’ailleurs bientôt une boutique remplie d’estampes, bijoux, tabatières, statuettes, dominos et autres cartes à jouer en souvenir ou à l’effigie de la forteresse détruite… La vente des pierres en tant que matériau de construction, elle, rapporte beaucoup moins qu’espéré. 
___________(Books)_________ 
Partager cet article
Repost0

Folie de Poutine?

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 Vraiment?

                        Régulièrement la question se pose: la détermination du Kremlin, son obstination, voire contre ses propres intérêts, ses autojustifications permanentes dans une aventure qui peut sembler sans fin, dévastatrice, amènent certains à qualifier cette détermination autocrate comme l'effet d'une sorte de "folie" (*), une aventure irrationnelle qui ne peut donner prise à une analyse rationnelle. Les explication psychologiques, voire pathologiques, montrent vite leur limites, surtout si on se souvient des prétentions de l'homme surtout depuis une dizaine d'années et ses efforts constants pour faire taire toute opposition et à se raccrocher aux vieux mythes de l'empire.                                                   Le système Poutine est spécifique, disait-on il y a déjà quelques années, sans doute de manière un peu un peu courte et naïve, avant que l'ours se réveille, à la stupéfaction de tous. Se manifestait déjà l'hypertrophie du pouvoir qui ne supportait pas les ombres. Le nouveau tour de l'affaire ukrainienne, qui risque de durer et peut-être d'engendrer des escalades dangereuses, oblige à durcir ses jugements; même si l'on s'efforce de d'abord comprendre plutôt que de diabolises, de percevoir un fil directeur dans le chaos des événements qui se précipitent.   

__Empire russe 1914 __


                                   « Tout potentat qui n’a que la puissance terrestre n’a qu’un bras,  Mais qu’il y ajoute la puissance maritime, il a les deux. » (Pierre le Grand)                                               ________ Voulant se mettre dans les pas de Pierre Le Grand, mais aussi de la Grande Catherine, le nouveau tsar du Kremlin prétend ne pas vouloir couper l'immense Russie de l'accès aux mers chaudes, pour désenclaver la Grande Russie et lui offrir de nouveaux horizons commerciaux et militaires. C'est du moins l'intention principale que d'aucuns lui prêtent dans l'"opération" en cours. Poutine vit de ses mythes historiques et de ses ambitions personnelles. Une nouvelle géopolitique tente de se mette en place, après les échecs et les humiliation de l'ère post-gorbatchevienne et surtout eltsinienne. Une nouvelle ambition, mais sans les mêmes moyens et avec d'autres méthodes, sur un échiquier international qui a radicalement changé. Avec comme effet non attendu le réveil d'un Otan déclaré moribond.   _______

 

        (*)   "...Poutine se voit en Pierre le Grand «reprenant» Saint-Petersbourg à la SuèdeLe président russe a comparé sa politique à celle du tsar Pierre le Grand lorsque ce dernier avait combattu la Suède, envahissant une partie de son territoire, ainsi que la Finlande, une partie de l’Estonie et de la Lettonie. «Nous venons de visiter une exposition consacrée au 350e anniversaire de Pierre le Grand. C’est étonnant, mais presque rien n’a changé. […] Pierre le Grand a mené la guerre du Nord pendant 21 ans. On a l’impression qu’en combattant la Suède, il s’emparait de quelque chose. Il ne s’emparait de rien, il reprenait», a affirmé Poutine, lors d’une rencontre avec des jeunes entrepreneurs à Moscou. «Lorsqu’il a fondé une nouvelle capitale [Saint-Pétersbourg - ndlr], aucun des pays d’Europe ne reconnaissait ce territoire comme appartenant à la Russie. Tout le monde le considérait comme faisant partie de la Suède. Mais depuis des temps immémoriaux, des Slaves vivaient là-bas aux côtés des peuples finno-ougriens. […] Il reprenait et renforçait», a-t-il dit. Avant de conclure : «Apparemment, il nous incombe aussi de reprendre et de renforcer».          ______________

Partager cet article
Repost0

C'est trop!

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

Les très riches et les impôts.           
                                        C'est un scandale de payer des impôts, plus d'impôts, quand on est riche, très riche!
   Car on le vaut bien, on le mérite. On contribue pas sa fortune, même jugée excessive par quelques jaloux, à la prospérité générale. Les moins favorisés  ont ainsi la capacité de sortir de leur condition, grâce au dogme du "ruissellement". Un principe qui a pris un peu de plomb dans l'aile ces derniers temps, mais qui fait l'objet d'une vraie foi Outre-Atlantique.


    Mais, dans la bonne conscience générale des quelques petits % des plus fortunés, certains se sentent pris de remords ou réclament qu'on leur demande une participation(oh! pas trop grosse) aux frais que l' Etat engage à l'égard des plus démunis, sur la base de la masse des impôts communs.. Un "putain de pognon" qui s'envole en cette période de crise profonde, qui risque de durer. Il faut sauver l'économie, les emplois;  la grande pauvreté et l'extrême précarité menacent et certains hyper-riches veulent s'engager.
     Mais on ne les écoutepas.... Déjà lors de la crise de 2008, certains comme B.Buffet et même B.Gates se manifestaient pour contribuer généreusement, même s'ils se firent plus discrets ensuite. Et les voilà qui récidivent Ils ont aussi peut-être un peu à perdre à rester trop discret...
      Et ils le font savoir.   Certains mettent les pieds dans le plat:  «À l’échelle mondiale, les recettes fiscales des ultra-riches et des sociétés ont décliné de façon abrupte. Dans certains pays les plus riches paient en fait des taux d’imposition inférieurs à ceux des personnes les plus modestes», dénoncent les 121 fortunés. Ils fustigent la fraude et l’évasion fiscale, ces fléaux «qui ont atteint des proportions épidémiques». D’après l’étude «Who owns the Wealth in Taw Havens», de Alstadsaeter, Johannesen et Zucman, les signataires indiquent qu’environ «8000 milliards de dollars», soit «près de 10% du PIB mondial» sont cachés dans les paradis fiscaux. Par ailleurs, «beaucoup des plus grandes sociétés du monde abusent des paradis fiscaux. Certaines ne paient aucun d’impôts», soulignent-ils..."
     L'enrichissement sans fin ne mène à rien, disent les plus "engagés" aux USA. On n'entend pas chez nous B.Arnaud dire la même chose...Aux USA, certains se souviennent que le Président Roosevelt, pendant la grande crise, mit un point d'honneur à ne pas épargner les plus riches dans l'effort collectif de redressement du pays.
    Le sujet est sur la table, dépassant la question du charity business, mais quand verra-t-il le jour au pays de l'argent roi et du self made man? Voici venu le temps des patriotes millionnaires?...
    Pas de risque, s'ils s'engagent vraiment, de les voir pointer à la soupe populaire...
         Maintenant que des fortunes atteignent des sommets comme jamais, certains font un petit pas, admettant comme Buffet qu'ils payent relativement moins d'impôts que leur secrétaires.
       On attend donc la révolution des grosses fortunes, de leur audace participative, de leur sacrifices sociaux admirables , de leur héroïsme contributif. ...😁💓     ______Donate, please!
                                                __________________________________

Partager cet article
Repost0

La fraude et l'exception

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Qui sont les fraudeurs?

                         Les fraudeurs (les grands) ne sont pas toujours ceux que l'on croit, quel que soit le domaine. L'accent mis démagogiquement sur les mêmes est une vieille histoire..."...Dans la catégorie «stigmatisations et raccourcis rapides», ce rapport d'information parlementaire est une pépite. Le député UMP Dominique Tian estime ainsi que, toutes fraudes sociales confondues (à la Sécu, à la CAF mais aussi à l'Urssaf), les fraudes représentent «à peu près 20 milliards d'euros», soit environ 10% du budget de la Sécurité sociale et «44 fois plus que la fraude actuellement détectée». Depuis ce chiffre circule, repris à tout-va, sans que l'on puisse réellement le vérifier. La semaine dernière, la ministre du Budget, Valérie Pécresse, a admis «Je ne peux pas confirmer ce chiffre puisque c'est une extrapolation».__Le rapport met surtout l'accent sur les fraudes des particuliers alors que l'essentiel des abus (entre 8 et 15,8 milliards) relève des entreprises (cotisations patronales et salariales non versées).                   De plus, les fraudes mineures, celles des plus démunis, sont souvent montées en épingle. Les assistés ne sont là où on croit trop souvent.

 

                            Point de vue:        "...Au printemps 2022, le président candidat Emmanuel Macron créait la polémique en proposant de réformer les droits et devoirs des allocataires du revenu de solidarité active (RSA). Le chef de l’État, réélu depuis, avait souhaité instaurer une « obligation de travailler quinze à vingt heures par semaine » afin de favoriser leur insertion professionnelle.  Pour les uns, il est indécent d’alourdir la culpabilité des victimes de la crise. Menacées par la pauvreté, elles doivent faire face plus que toute autre au recul de leur pouvoir d’achat et il faut les soutenir par des aides automatiques et inconditionnelles. Pour les autres, l’accès à l’emploi doit être prioritaire et il importe de réformer le volet non monétaire du RSA, de renforcer l’accompagnement et aussi les contrôles…Ce débat comporte incontestablement une dimension idéologique, voire même politicienne. Il s’agit pourtant d’un sujet important, à la fois du point de vue de la recherche et de celui des politiques publiques.                                        Comme l’a rappelé en début d’année le rapport de la Cour des comptes, le nombre d’allocataires progresse de façon irrésistible d’année en année depuis la mise en place du RSA en 2009, comme le faisait déjà celui des bénéficiaires du revenu minimum d’insertion (RMI) qu’il a remplacé (voir le graphique). La crise sanitaire a ajouté à la série temporelle une bosse, aujourd’hui en voie de résorption, mais la tendance est toujours là, parallèle à celle de la progression de la durée du chômage. Si cette tendance n’est pas soutenable, ce n’est principalement pas sur un plan budgétaire.             Le RSA constituait en 2020 un socle de revenus pour 2,1 millions de foyers, soit plus de 4 millions de personnes avec les conjoints et les enfants à charge, pour une dépense publique annuelle de 15 milliards d’euros en ajoutant la prime d’activité et l’accompagnement, soit moins de trois quarts de point de PIB. Son montant moyen avoisine les 7000 euros par an et par ménage bénéficiaire, ce qui en fait l’une des aides publiques les moins coûteuses par rapport à son impact social.              En parallèle de la hausse du nombre de bénéficiaires, le regard de l’opinion publique a évolué vis-à-vis des minima sociaux. De multiples indices convergents confirment notamment la suspicion croissante envers les bénéficiaires des aides sociales.      Une enquête du Crédoc publiée en 2018 indiquait ainsi qu’une grande majorité de Français souscrit à l’idée selon laquelle les Caisse d’allocations familiales (Caf) ne contrôlent pas suffisamment les situations des allocataires. Ils étaient plus de 80 % en 2018 à partager ce sentiment, contre 64 % vingt ans plus tôt.                  Selon une enquête plus récente de l’Unédic, une majorité de Français estime que les demandeurs d’emploi ont des difficultés à trouver du travail car ils ne font pas de concession dans leur recherche d’emploi. De plus, pour 55 % des sondés, les chômeurs ne travaillent pas parce qu’ils risqueraient de perdre leur allocation chômage.                Enfin, les politistes Vincent Dubois et Marion Lieutaud ont étudié les occurrences sur la fraude sociale en exploitant un corpus de 1 108 questions parlementaires posées entre 1986 et 2017. De rares, voire inexistantes au début de la période, elles ont progressivement augmenté jusqu’à devenir une thématique à part entière du débat politique. Leur formulation révèle un durcissement progressif des prises de position, plus particulièrement à l’égard des fractions les plus démunies de l’espace social, et un affaiblissement concomitant des discours critiques à l’égard de telles tendances.                                                                                                     La fraude reste l'exception.   Le contraste apparaît donc très net entre ce sentiment montant et les résultats des actions de contrôle opérées par les institutions en charge du suivi des bénéficiaires. Ces derniers montrent que les fraudes sont concentrées sur une très petite minorité de bénéficiaires et qu’elles sont surtout le fait de certains réseaux organisés. Selon la Cour des comptes, le montant cumulé des aides indues représenterait 3,2 % des prestations sociales. Des cas existent et ils sont largement relayés par les médias, mais ils forment toujours l’exception. S’il importe de lutter contre ces délits, le rôle de la puissance publique n’est pas d’entretenir le climat de suspicion qui prévaut à l’encontre de la très grande majorité des allocataires respectant les règles.       En complet contre-pied, la recherche en sciences sociales sur le RSA montre au contraire que le fait dominant est celui de la permanence et de la généralité d’un non-recours massif aux prestations sociales destinées à soutenir les ménages à bas revenus. Ainsi, une part importante des ménages ayant droits aux aides sociales n’en bénéficient pas, en réalité. Cela provient principalement d’une absence de demande de leur part.                                 Les raisons sont multiples mais font intervenir des difficultés à effectuer les démarches administratives et la stigmatisation qu’entraîne la demande de l’aide : en 2018, un tiers des foyers éligibles au RSA sont ainsi en situation de non-recours chaque trimestre ; 1 foyer sur 5 est en situation de non-recours pérenne toute l’année. Le non-recours touche, par ailleurs, les populations les plus vulnérables du public ciblé comme les personnes sans domicile fixe.             La suspicion croissante envers les allocataires a cependant conduit à une intensification de leur surveillance et à l’encadrement de leurs démarches d’insertion professionnelle et sociale. En contrepartie de leurs droits, les allocataires ont des devoirs qui se matérialisent par différentes étapes, comme la signature d’un contrat d’engagement ou d’un projet personnalisé, puis la participation à des démarches d’insertion (sociale ou professionnelle). La participation à ces démarches reste cependant elle-même faible pour des raisons qui tiennent en partie aux difficultés rencontrées par les départements pour organiser l’accompagnement de façon satisfaisante.          Pour augmenter la participation, certains départements ont modifié leur politique d’action sociale. Une expérience contrôlée a ainsi été mise en œuvre en Seine-et-Marne. Celle-ci consistait à faire varier le contenu des courriers invitant les allocataires à s’inscrire dans l’accompagnement. La simplification des courriers et l’ajout d’éléments incitatifs n’a cependant pas permis d’augmenter substantiellement la participation aux démarches d’insertion.                                                         Un autre département a fait le choix d’une action plus coercitive consistant à contrôler la situation de l’ensemble des allocataires et à envoyer un message d’avertissement, suivi d’une sanction sous forme de réduction de l’allocation si la situation ne change pas. Ces courriers d’avertissement ont fortement augmenté la participation aux premières étapes du parcours d’insertion. Mais ces notifications ont également accru les sorties du RSA.                                                                                 L’étude ne permet pas d’identifier si les sorties vont vers l’emploi ou si elles correspondent à un arrêt de la perception de l’allocation par des individus toujours éligibles. Cependant, il apparaît vraisemblable que ces contrôles découragent les allocataires et accroissent leur non-recours. Une plus grande intensité de contrôle augmente les coûts supportés par les allocataires pour accéder à l’allocation, ce qui peut les conduire à renoncer à l’allocation et à leurs démarches d’insertion, soit l’exact inverse de l’objectif poursuivi.      L’épidémie de Covid-19 a rappelé avec force la résilience du modèle de protection sociale français, en capacité de faire face à une crise économique et sociale de très grande ampleur. La crise sanitaire a montré que les risques de perdre son emploi et de tomber dans la pauvreté concernent l’ensemble de la population et qu’il est nécessaire de disposer d’un mécanisme d’assurance et d’assistance collective. Dans le débat actuel, ce n’est pas seulement le volet monétaire qu’il faut réformer, mais plutôt la manière dont l’accompagnement se déploie et les moyens qui lui sont alloués pour mieux résorber les vulnérabilités sociales...."      ___________________________

Partager cet article
Repost0

Ségur, et après?

Publié le par Jean-Etienne ZEN

(C'était hier)

 

Cela aurait pu être une très belle et très utile concertation. 
                                                                      Si on avait pris plus de temps et ne pas se contenter de régler quelques problèmes financiers, nécessaires mais insuffisants. C'est loin du compte même, aux dires de ceux qui quotidiennement oeuvrent dans le domaine du soin, à quelque niveau que ce soit.
       Ce n'est pas rien. Mais on est très en retrait de ce qui était légitimement attendu, même si des mesures complémentaires sont annoncées pour un avenir encore incertain. L'essentiel même n'est pas abordé, comme le signalent ceux qui souffrent toujours des nombreux dysfonctionnements d'un système qu'on a voulu rentable, au prix d'une grande désorganisation, de grandes souffrances au travail et même de "désertions", de fuites de personnels soignants, devenues préoccupantes, d'engagements massifs de médecins étrangers généralement sous-payés.
     Ce n'est pas en faisant seulement du quantitatif, en améliorant des revenus (qui n'arrivent pas encore au niveau de la moyenne européenne) que l'on va sortir d'une trop longue crise. La qualitatif, le plus crucial, reste à traiter. En profondeur. 
    Dire qu'il y a encore des attentes est le minimum. Sur des points essentiels, tout reste à faire, notamment comme s'y engage le ministre, sur l'organisation de l'hôpital, les lits, le personnel, l'organisation du travail, la formation...»
   Et le problème de la formation médicale, le manque parfois très problématique de médecins dans de nombreux secteurs... Tout cela fait partie d'une logique d'ensemble qu'il faudra refonder.
 Le sentiment de satisfaction, qui s'est exprimé çà et là, est loin d'être unanime:
      "Pour le moment historique, on y est pas du tout", tacle Jean-Luc Jouve, chef de service d'orthopédie pédiatrique à l'hôpital de la Timone à Marseille et membre du collectif Inter-Hôpitaux. "Ces 183 euros sont encore loin des 300 euros que l'on demandait pour que la France ne soit plus parmi les mauvais élèves des pays de l'OCDE en matière de rémunération des paramédicaux". En pleine manifestation sur l'avenue du Prado à Marseille, Jean-Luc Jouve prévient : "Le Ségur est terminé mais notre volonté de sauver l'hôpital public est intacte. On ne se laissera pas faire!". De nouvelles majorations sont en outre envisagées pour les heures supplémentaires, le travail de nuit, du dimanche et des jours fériés, tandis que des mesures seront prises pour développer l'intéressement collectif. "Rien de concret !", lâche le chirurgien marseillais qui se dit "déçu". "C’est un geste clivant qui ne concerne quasiment que les paramédicaux. Une manoeuvre politique pour désamorcer le mouvement", estime-t-il.... l'élément fondamental de nos demandes est sa refondation pour une meilleure prise en charge des patients et le retour à une certaine qualité de vie au travail… Or toutes ces questions ont été complètement éludées par le gouvernement". ....        L'accord promet également des "recrutements". Si le nombre exact n'est pas écrit noir sur blanc, l'exécutif "part sur une création de 15. 000 postes", a prévenu Olivier Véran dans un entretien accordé dimanche aux quotidiens du groupe Ebra. "Encore un effet d'annonce, une parole creuse", lance Hugo Huon, infirmier à Paris et membre du collectif Inter-Urgences. "Sur ces 15.000 créations d'emplois, 7.500 sont en réalité déjà budgétés, mais non pourvus. Seuls 7.500 sont créés".     ....Quid des ouvertures de lits que demandent les soignants depuis plus d'un an et demi, de la tarification à l'acte qui conduit l'hôpital à être chaque jour un peu plus rentable ? "Il n'y a rien sur la gouvernance ni la refondation systémique de l'hôpital. Toutes ces demandes fondamentales n'ont pas trouvé de réponses", pointe le chirurgien marseillais Jean-Luc Jouve. Le Président avait pourtant promis, "un plan massif pour l'hôpital" en mars dernier alors que l'épidémie de Covid-19 dévoilait au grand jour les maux de l'institution. "Il faut relancer des discussions, mais je crois que le prochain enjeux, pour nous hospitaliers, ce sera en 2022…", souffle Hugo Huon, du collectif Inter-Urgences. La désillusion est palpable. Et la contestation finalement loin d'être éteinte...."
    Certains expriment plus que de la désillusion et de l'insatisfaction, mais de la colère.

       Bref, on est loin du compte et c'est un travail de refondation qui doit être fait pour parer à toutes les défaillances qui font boules de neige, malgré les rustines ajoutées sans cohérence. Cela dépasse la question des rémunérations, comme on peut le voir dans le film Hippocrate, entre autres.
    Halte à l'absurde course au financement, instaurée dans une logique managériale où faire du chiffre est devenu trop souvent l'obsession des comptables qu'on a placé en haut lieu. La logique du marché a fini par prendre le dessus:
                              "...C’est en 2004 que la tarification à l’activité (T2A) a été introduite par le ministre de la Santé Jean-François Mattei. Cette réforme a bénéficié à l’époque d’un étonnant consensus droite-gauche avec l’influente Fédération hospitalière de France dans un rôle de "go between". Cette réforme était pourtant aux antipodes de l’éthique médicale et des valeurs pluriséculaires de l’hôpital public.  On a voulu imposer une logique de marché à un service public et faire de l’allocation des moyens un levier de restructuration de l’offre de soins. Il faut désormais travailler plus pour gagner plus ! Il faut faire de l’activité à tout prix. Les médecins transformés en chefs de pôles gestionnaires doivent désormais soigner les yeux rivés sur leur compte de résultat !  Quinze ans après, l’hôpital public est à terre et les hospitaliers dans la rue...."
        Oui à la restauration de vrais lieux de soin, dignes de ce nom, qui ne découragent pas le personnel soignant et qui ne fasse du malade, du patient, une sorte de client.   Non à la bêtise managériale qui a sévi trop longtemps. Battre le fer tant qu'il est chaud, comme disait Véran lui-même. Ne plus donner le pouvoir aux directeurs-managers, les yeux sur leurs tableaux excel....
                                                              ______________________________
Partager cet article
Repost0

De l'isoloir

Publié le par Jean-Etienne ZEN

  L'isoloir, objet incontournable

                                                 C'est le moment de le ressortir des greniers, cet objet d'une grande banalité.
      Trois fois rien: une petite armature de bois ou de métal soutenant un rideau, à une ou plusieurs places. 
Un bout de tissu qui fait toute la différence.
   Il est censé être le lieu où le secret du vote peut s'exercer, où un citoyen peut décider de son choix ultime à l'abri du regard d'autrui, loin de l'intimité familiale, de l'espace social, face à sa conscience et à l'intérêt général.  Seul.
   Il nous apparait aujourd'hui comme la normalité, s'imposant comme un objet indispensable, dont l'absence choquerait même un citoyen peu motivé.
      Mais il n'a pas toujours existé. Il a fallu du temps pour l'imposer.
  C'est une invention récente.

 

          " Il aura fallu attendre la loi de 1913, en France, pour son adoption qui alla de paire avec l'utilisation de l'enveloppe pour y glisser le bulletin de vote. Au préalable, l'électeur pliait en deux le bulletin de son choix et le donnait au scrutateur qui l'introduisait dans l'urne ce qui n'assurait pas réellement le secret du vote.."
    Il a d'abord provoqué la risée des députés.
On prêtait même "avec une « douce hilarité », des caractéristiques bien mystérieuses à ce que Charles Ferry désignait comme une « chinoiserie ». Après l’avoir qualifié de « cabanon », « cabinet », « cellule » et « confessionnal laïque et obligatoire », ils l’assimilaient par dérision à « l’alcôve », symbole des ébats amoureux : « Un adversaire ira même jusqu’à anticiper le temps où les femmes seraient électrices pour s’inquiéter des rencontres furtives des deux sexes dans l’obscurité… » D’autres, moins libertins, comparaient l’isoloir à un « couloir d’écoulement » servant à évacuer « des mauvaises odeurs qu’il est facile d’imaginer ». Aux égouts, quoi..."
    En Allemagne, il fut introduit plus tôt, en 1903
Il représente la  garantie du secret du vote, loin du regard d'autrui, mais fut d'abord considéré avec méfiance par les notables.
      Dans l'histoire du vote, il met fin aux pressions sur l'opinion, aux marchandages en tous genres
 Comme le souligne Garrigou, "En réalité, l’ironie des députés cachait surtout leur réticence à l’égard de la capacité universelle à voter. Ils doutaient d’autant plus de l’aptitude du peuple à faire le bon choix que le suffrage devenait incontrôlable : « L’ancienne procédure électorale du vote secret en public accomplissait en effet une fonction de contrôle censitaire du vote. Les électeurs restaient toujours sous les regards des membres du bureau de vote. En disparaissant derrière un rideau, l’électeur échappait provisoirement à tout contrôle ». Autrement dit, la « cabine » mettait en danger les hommes de pouvoir qui, pour être élu, avaient pris la fâcheuse habitude d’exercer des pressions sur les masses... Finis les votes à mains levées ou par acclamations, pendant lesquels l’unanimité était souvent la règle ! « Ainsi les débats […] dressèrent-ils un rideau de fumée d’où percent des logiques de classes sociales et des désaccords profonds, mais peu avouables, sur un principe : l’égalité des capacités politiques »
    Les manipulations en tous genres étaient monnaie courante auparavant, à la mairie comme au travail, à la ville comme à la campagne, lorsque le vote était institué.
  Ce qui ne signifie pas qu'il n'y ait pas d'autres formes de pression qui savent s'exercer en dehors de l'espace du vote...
       L'isoloir fut donc une conquête populaire, même s'il ne garantissait pas par lui-même, comme par magie, les choix éclairés, ce qui a fait dire à JP Sartre:
 « L’isoloir, planté dans une salle d’école ou de mairie, est le symbole de toutes les trahisons que l’individu peut commettre envers les groupes dont il fait partie. Il dit à chacun : “Personne ne te voit, tu ne dépends que de toi-même ; tu vas décider dans l’isolement et, par la suite, tu pourras cacher ta décision ou mentir”. »
_______________________________

Partager cet article
Repost0

<< < 1 2 3 4 5 > >>