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Impôts (justes) pour tous

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Une histoire fluctuante

           L'impôt direct en France, sous la forme que nous connaissons, avec ses variations, a une histoire assez récente. Déjà débattu à la fin du XIX° siècle, il ne connaît sa forme "moderne" qu'au début de la guerre de 14, pour financer l'effort de guerre et plus tard la reconstruction. L'impôt indirect (dit TVA), auquel personne n'échappe, peut êtes considéré comme un des plus injuste, quoiqu'apparemment indolore. Mais l'impôt direct peut être lui-même sujet à de multiples variations, avec des injustices mettant en cause la notion de proportionnalité et souvent soutenu par un pouvoir favorisant les plus hauts revenus et l' "optimisation fiscale" pour les motifs les plus divers, si bien que échapper à l'impôt est devenu parfois un sport national, toléré ou encouragé par le "verrou de Bercy", aux dépends de la redistribution nationale.

     Depuis des décennies, des économistes notamment, comme Thomas Piketty, prêchent pour une révision, voire une révolution fiscale. Le libéralisme lié à la financiarisation de l'économie, s'accompagne d'une tendance à une baisse des impôts en faveur des plus favorisés, dans l'optique d'un prétendu "ruissellement" attendu pour la collectivité. Aux USA comme chez nous. Au point que certaines grandes fortunes font mine de réclamer régulièrement un prélèvement plus important, comme à Davos, bien conscients de leurs privilèges. Imposer les plus riches est aujourd'hui comme hier une nécessité impérative, surtout quand se creusent autant les inégalités. Comme Roosevelt en son temps avait osé le faire. La plus grande fortune de France est loin de participer à l'effort fiscal, qui est un effort de dolidarité national?

     ______Dans son article 13, la déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789 fonde l’exigence de justice fiscale : la contribution doit être déterminée en fonction des « facultés » de chacun, ce qui implique une progressivité de l’impôt. C’est ce qui permet d’éviter de faire supporter le même taux d’effort à tous. Par exemple, dans le cas d’un impôt proportionnel, payer un impôt au taux uniforme de 15 % de son revenu est en réalité plus douloureux pour un revenu modeste qui servira pour l’essentiel à la satisfaction de besoins vitaux (manger, boire, se loger) que pour un haut revenu qui disposera d’une capacité d’épargne élevée. La progressivité permet de prendre en compte cette différence de facultés et d’aboutir à une situation où on réclamera, dans notre exemple, bien moins de 15% aux revenus modestes mais bien plus aux revenus élevés. Cette redistribution par l’impôt est essentielle pour corriger les inégalités de revenus ou de patrimoines._____
      Les principes sont admirables, mais ses applications ont connu  bien des vicissitudes et ont  rarement été adéquates à ces règles républicaines.
La  révolution fiscale promise, qui devait revoir complètement un système aussi complexe qu'illisible, n'a pas eu lieu.
                       Aujourd'hui, le ras le bol fical semble atteindre un sommet.
En fait, la France ne détient pas le niveau le plus élevé de l'impôt sur le revenu. Si l'inégalité dans l'effort collectif est bien réel, si des réformes de fond n'ont pas eu lieu, si l'impôt indirect reste le plus injuste des impôts, il y a une certaine  démagogie à proclamer que l'impôt est confiscatoire par nature, d'autant plus que les voix les plus fortes, criant à la spoliation, viennent de ceux que le système fiscal épargne le plus, voire absout, de ceux qui échappent à l'impôt par l'exil fiscal, qui profitent de cadeaux fiscaux, qui ne sont pas pour rien dans la dette.  L'optimisation fiscale reste un des fléaux majeurs de notre temps.
 Il y a une part de matraquage médiatique, en cette période, qui s'inscrit dans cette critique généralisée de l'impôt, qui fait partie de la machine de guerre néolibérale depuis une quarantaine d'années, pour qui "l'Etat est le problème", alors que "L'impôt est la base matérielle de l'Etat(J.Schumpeter)
                                          Réhabiliter l'impôt est toujours nécessairemais l'acceptation de cette charge ne peut fonctionner que si le système, qui ne peut être parfait, se réforme sans cesse en se rééquilibrant. Le problème de l'égalité devant l'impôt reste entier, comme celui de la résolution de la crise, qui enrichit les plus grandes fortunes et dont les conséquences ont peu ou pas d'effets sur le train de vie des plus favorisés. 
Ce n'est pas parce que notre système est devenu brouillé et souvent injuste qu'il faut jeter le bébé avec l'eau du bain. L'urgence de réformes de fond n'en est que plus forte et plus urgente, à l'heure où les plus favorisés le sont aussi par le système fiscal en vigueur.
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TVA : 32 milliards d'euros perdus par la France chaque année
Ce n'est pas d'une pause fiscale dont la France a besoin mais d'une véritable réforme de la fiscalité dans son ensemble. 
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Varia

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 _ Otan

__ Mafia

__ Obésité

__ Sanctions?

__ Et les sols?

__ Paysannes                   

__ Cathodiqe?           

 

__ Renoncements

__ Contradictions

__ Merci Bercy!

__ Défis agricoles

__ Sans issue

__ Extrêmités

__ Prix planchers.

__ Urgence hôpital!

__ Le grand tabou

__ L'ultratransformé    

__ Regretter Merkel?

__ Prospérité suisse?

__ Poumons en danger

__ Nouveaux accords

__Management fantôme

__ La Haye: et Israël?

__ Vision trompeuse ou simpliste   ________________________________

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Frères ennemis.

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Le retour de la brutalité   [Notes de lectures]

                                Sidération et résistance à Kiev

             Etat des lieux.   La surprise aura été totale. L'intervention musclée des armées du nouveau tsar laisse sans voix. Contre toute attente, mais aussi contre toute logique (même de guerre), mais aussi contre les intérêts à terme de Moscou. Avec les risques toujours possibles d'emballement. Une guerre, on sait toujours comment ça commence, mais....Le Rubicon est franchi; quels scénarii pour demain?   Alea jacta est...  La propagande fonctionne à fond, sans surprise.               __ Une histoire compliquée après une longue aventure commune. Une Ukraine écartelée. Des "alliés" sans voix. Un jeu dangereux qui a mal tourné.

                                         " ...La sensation de vives un dangereux moment de bascule se fonde sur plusieurs éléments objectifs. Tous vont dans le sens de la concrétisation brutale d’une ère nouvelle dans les relations internationales.  Ce n’est pas la première fois que la guerre éclate sur le sol européen depuis la fin du second conflit mondial. Durant les années 1990, le Vieux Continent a été ensanglanté par les guerres de l’ex-Yougoslavie. Mais il s’agissait d’une guerre civile qui s’est internationalisée, pas d’une invasion d’un État voisin par une grande puissance militaire et nucléaire, avec pour objectif affiché de renverser son gouvernement, sans que ce dernier l’ait provoqué militairement.    Certes encore, la Russie a déjà transgressé le principe d’intangibilité des frontières dans le Caucase et en Ukraine même, en soutenant les républiques séparatistes du Donbass et surtout en annexant la Crimée à son territoire en 2014. Mais l’ampleur de  l’offensive fait cette fois-ci la différence.     Olivier Schmitt, professeur à l’université du Danemark du Sud, l’explique à Mediapart : « Jusque-là nous avions affaire à des opérations limitées. Or l’opération actuelle combine des moyens terrestres, maritimes et aériens, d’une importance telle qu’on peut raisonnablement supposer que l’objectif est Kiev, la capitale. On assiste à la double volonté d’une modification des frontières et d’un changement de régime. »   Même à une échelle historique et spatiale plus large, indiquait récemment le journaliste du New York Times David Leonhardt, peu de cas sont similaires. Durant la guerre froide, l’URSS a bien envahi l’Afghanistan, la Tchécoslovaquie et la Hongrie ; et les États-Unis ont bien envahi le Panamá, renversé un gouvernement au Guatemala. Plus tard, ils ont lancé des guerres en Irak. Mais « les plus grandes puissances mondiales ont rarement utilisé la force pour étendre leurs frontières ou mettre en place des “États-clients” dans leur propre région », écrit David Leonhardt.      En plus du type d’attaque lancée par Vladimir Poutine, la manière dont elle a été décidée va dans le sens d’un effet de seuil inédit. Jusqu’à présent, le président russe habillait ses interventions d’un vernis de légitimité, en prétendant notamment protéger des citoyens russes et/ou des minorités russophones en danger. Cette fois, les objectifs de « démilitarisation » et de « dénazification » invoqués par Poutine s’inscrivent dans un recours à la force qui s’accommode de justifications délirantes.       C’est l’une des différences avec la guerre d’Irak lancée par les États-Unis en 2003, sur la base de mensonges et sans mandat des Nations unies. « Jusqu’au bout, confirme Olivier Schmitt, le régime de George W. Bush a tenté d’obtenir une légitimité par ce biais, en s’inscrivant dans un jeu multilatéral. Ayant échoué, il a ensuite accumulé les arguments spécieux pour arguer de cette légitimité, par exemple en expliquant que les États-Unis et les pays ayant suivi représentaient une grande part de la richesse mondiale. Cette fois, Poutine n’en a rien à f… »      De fait, le président russe prouve là son mépris pour le droit international, et n’essaie de l’habiller d’aucune manière. Au passage, plusieurs principes endossés par l’État russe sont bafoués. En 1994, la Russie avait signé le mémorandum de Budapest, un protocole diplomatique par lequel elle s’engageait à respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, en échange du renoncement de celle-ci aux armes nucléaires qui avaient été stationnées sur son territoire. La Russie avait également confirmé son adhésion aux accords d’Helsinki signés par l’URSS en 1975, incluant le droit des États à choisir librement leurs alliances.       La force de l’événement d’aujourd’hui se lit aussi dans la perturbation des routines intellectuelles qu’il produit. De fait, toutes celles et ceux qui estimaient improbable une invasion générale du pays ont été démenti·es par les faits. Au fur et à mesure de son déroulement, la crise ukrainienne a d’ailleurs suscité des analyses appelant à appréhender différemment que par le passé le comportement de Vladimir Poutine.      Dans un texte informé publié sur le site Le Rubicon, Céline Marangé, chargée de recherches au Service historique de la Défense, écrivait le 10 février dernier : « Jusqu’à présent, j’avais toujours souscrit à l’idée que les dirigeants russes étaient mus par un fort complexe de déclassement lié au traumatisme de l’effondrement de l’Union soviétique et qu’ils déployaient de ce fait une stratégie fondamentalement défensive se traduisant par des actions offensives. ».....                                                                        ____ Point de vue: Les grilles de lectures habituelles ont été pulvérisées.    La force de l’événement d’aujourd’hui se lit aussi dans la perturbation des routines intellectuelles qu’il produit. De fait, toutes celles et ceux qui estimaient improbable une invasion générale du pays ont été démenti·es par les faits. Au fur et à mesure de son déroulement, la crise ukrainienne a d’ailleurs suscité des analyses appelant à appréhender différemment que par le passé le comportement de Vladimir Poutine.       Dans un texte informé publié sur le site Le Rubicon, Céline Marangé, chargée de recherches au Service historique de la Défense, écrivait le 10 février dernier : « Jusqu’à présent, j’avais toujours souscrit à l’idée que les dirigeants russes étaient mus par un fort complexe de déclassement lié au traumatisme de l’effondrement de l’Union soviétique et qu’ils déployaient de ce fait une stratégie fondamentalement défensive se traduisant par des actions offensives. »      ________De nombreux éléments l’ont cependant conduite à formuler « une autre hypothèse qui […] consiste à penser qu’à ces enjeux de rang et de sécurité vient désormais s’ajouter – et non se substituer – une forte dimension identitaire. [Vladimir] Poutine pourrait en plus poursuivre un grand dessein : celui d’étendre les frontières du pays en rassemblant, par différents moyens directs et indirects, des “terres russes” considérées comme ancestrales ».     Une fois l’invasion déclenchée, des prises de conscience spectaculaires – quoiqu’un peu tardives – ont été exprimées par des responsables politiques, par exemple par l’ancienne ministre allemande de la défense, Annegret Kramp-Karrenbauer,  affirmant être « en colère contre nous-mêmes pour notre échec historique. […] Nous n’avons rien préparé qui aurait réellement dissuadé Poutine ».      « Il y a un effet de sidération, constate Olivier Schmitt. Beaucoup de gens, y compris parmi les élites, comprennent qu’il se passe quelque chose de différent de d’habitude. Ils découvrent surtout qu’après avoir passé des décennies à dire que les solutions étaient politiques et pas militaires, il faut faire l’effort intellectuel de ne pas séparer ainsi les deux aspects. Parfois, le militaire crée les conditions pour une solution politique. »       Un tel défi lancé aux États-Unis confirme, s’il en était besoin, que l’âge d’un monde unipolaire, organisé autour de leur hégémonie, est bien achevé. Pour les Occidentaux, y compris ceux qui étaient critiques de cette domination, s’habituer à une nouvelle ère de rivalité des grandes puissances va être coûteux. C’est tout l’enjeu du futur impossible à prédire, mais selon toute évidence moins confortable intellectuellement et matériellement qui nous attend.       Nous entrons donc dans une nouvelle ère. De quoi sera-t-elle faite ? Nul ne le sait exactement, même pas Vladimir Poutine lui-même. Une fois l’agression militaire de l’Ukraine posée, la suite ne dépend plus tant du président russe lui-même que du comportement de son entourage, de ses soldats, des Russes qui le soutiendront ou non dans sa décision… et, au-delà, de la réaction du reste du monde à cette attaque.      Le président russe a fait sans aucun doute chanceler l’histoire. Mais comment elle va retomber reste une question en partie ouverte. Quelques certitudes émergent toutefois.      D’abord, l’onde de choc sera mondiale. « Les effets déstabilisateurs du conflit pourraient bien se propager bien au-delà de l’Ukraine – en Europe centrale, dans les Balkans (où une paix fragile commençait à se fissurer, avant même cette nuit), jusqu’en Asie centrale et même dans le Pacifique », énumère le magazine britannique New Statesman – considéré comme l’une des voix de la gauche britannique.     En Asie, l’invasion risque de fait de « compliquer davantage les postures du Japon et des États-Unis face à la Chine » et les tensions militaires russo-américaines, déjà importantes, « risquent fort de s’aiguiser sur le théâtre de l’Extrême-Orient russe »analyse le site Asialyst.    Surtout, poursuit le New Statesman, les prochains jours vont fixer des précédents à propos de « ce qui est acceptable dans les relations internationales du début et milieu du XXIsiècle et ce qui ne l’est pas » – précédents qui dessineront les contours des décennies.        Certains observateurs craignent ainsi que les visées impérialistes russes en Ukraine – et l’incapacité européenne et étasunienne à les dissuader – n’influencent les prochaines décisions chinoises concernant Taïwan. Pékin s’en défend pour le moment formellement. « Si les puissances occidentales ne réussissent pas à répliquer à la Russie, elles renforcent la vision chinoise de ce qu’il faut faire avec Taïwan »avertissait pourtant début février Lai I-chung, un ancien cadre du Democratic Progressive Party taïwanais.       Deuxième certitude : le rapport à la violence, à la guerre et à la sécurité d’un grand nombre d’Européen·nes va changer. Pour beaucoup d’entre eux, français en particulier, la guerre cessera d’être une perspective lointaine et théorique. À long terme, ce conflit aux portes de l’Europe affectera leur portefeuille et leur niveau de vie, annonce Olivier Schmitt à Mediapart.        Il imposera aussi de changer nos manières de comprendre le monde, et en particulier nos cultures politiques et leur « aversion pour la radicalité » qui nous empêchent de comprendre la manière de fonctionner de l’exécutif russe, relève sur Twitter la chercheuse à l’université Paris Nanterre Anna Colin Lebedev.      « Nous ne croyons pas que le pire est possible. Sur un autre continent, peut-être, mais pas chez nous : “La Russie ne va quand même pas NOUS attaquer ?” Le pouvoir russe actuel ne raisonne pas en termes de coûts et d’avantages. Il raisonne en termes de mission majeure. […] Attaquer un pays de l’Otan serait suicidaire pour Poutine ? Ne l’excluons pas pour autant » développe-t-elle...."

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Marasme allemand

Publié le par Jean-Etienne ZEN

                    Deutschland unter alles

                                    Absolument pas, mais rien ne va plus in Deutschland. Ce sont les élites politiques qui n'hésitent pas à le reconnaître. Le pays, souvent qualifié déjà de colosse au pied d'argile à l'époque récente de sa spectaculaire envolée économique. doit se réinventer à la suite des crises plurifactorielles qu'il traverse. IL n'y pas de quoi nous en réjouir. Toute Schadenfreude serait déplacée et absurde. Nous avons intérêt à ce que notre voisin retrouve la voie de la "normalité", étant donnés les liens tissés avec Berlin et la place déterminante qu'il tient au coeur de L'UE. Même si le dit couple franco-allemand va de moins en moins bien.             


                                                                           ________Ça tangue même vraiment au pays de Goethe:  "...Derrière la « première économie d’Europe », une crise en gestation ? Longtemps, l’hégémonie allemande sur le continent a reposé sur deux piliers : un excédent commercial permis par le marché commun et une énergie à bas prix, qu’autorisaient notamment les importations de gaz russe. Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, ce second pilier a été brutalement renversé....Rarement un chancelier allemand avait dû faire face à de tels défis. Un temps, Olaf Scholz avait entretenu l’illusion qu’à la tête du SPD, il allait rompre avec les fragilités évidentes du « modèle allemand » et remettre en question les fameuses « lois Hartz IV » de dérégulation salariale. La décision de la Cour met un coup d’arrêt définitif à ces velléités. À présent, tous les budgets des ministères sont revus à la baisse. Seul celui de la Défense est épargné, et l’aide apportée à l’Ukraine a même doublé, passant à 8 milliards d’euros… Dans la perspective d’un nouvel accroissement, Olaf Scholz n’a pas exclu d’utiliser à nouveau l’article 115. Et de créer, ex-nihilo, un énième « fonds »…Cette fois, les louanges de la presse européenne et des milieux bancaires n’auront pas raison de la réalité. Les réussites en termes d’excédents commerciaux ne parviennent plus à masquer les sacrifices exorbitants imposés à toute une frange de la population. L’arrivée au parlement fédéral du parti d’extrême droite AFD (Alternative für Deutschland) avec 94 députés en 2017 – premier groupe parlementaire d’opposition – a bien provoqué un électrochoc dans la société allemande. Aucune réponse politique n’y a cependant été apportée. La présence du parti libéral FDP dans la coalition actuelle, le plus grand défenseur des politiques austéritaires et de la règle des 0,35%, est la garantie qu’aucun changement d’ampleur ne surviendra – si tant est que le SPD ait une quelconque velléité d’en impulser…"                                                                                                                                                                 C'est la panne du naguère réputé moteur de l'UE. Mais à quel prix« L'économie allemande va dramatiquement mal. » ose un responsable. L'AfD pousse ses pions. Outre- Rhin, la nouvelle donne économique , énergétique et militaire ne cesse d'inquiéter. Avant quel rebond possible? Das ist die Frage....

 

 

                             " ,,,,,,Le changement de décor est impressionnant. Dans les années 2010, l’Allemagne pouvait se présenter comme un modèle pour le reste de la zone euro. Les gouvernements néolibéraux européens étaient d’ailleurs fort heureux de pouvoir calquer leurs décisions et leurs politiques économiques sur les désirs et les actes des dirigeants allemands qui prétendaient tracer le chemin de la croissance et de la réussite de l’union monétaire .On se souvient, pour le seul cas français que, de Nicolas Sarkozy à Emmanuel Macron, en passant par François Hollande, le « modèle allemand » était le Saint Graal permettant de justifier les « réformes structurelles ». L’histoire est souvent pleine d’ironie. Voici qu’à présent, ces mêmes dirigeants prétendent que suivre le modèle allemand aurait permis de faire mieux que l’Allemagne qui s’enfonce dans la crise. La réalité est bien différente. Les « réformes » n’ont pas permis le décollage promis de la croissance, qui s’affaiblit partout en Europe. Mais les pays qui sont le plus alignés sur l’Allemagne, dont le modèle est le plus proche du mercantilisme allemand et qui dépendent le plus des commandes de ce pays en paient clairement le prix aujourd’hui.....                                              Les « satellites » de l’Allemagne font grise mine. En 2023, le PIB néerlandais n’a augmenté que de 0,1 %, celui de la République tchèque de 0,4 %, celui de l’Autriche de 0,7 %, et celui de la Finlande de 0,5 %… La France, qui s’est engagée dans une forme de « germanisation » de sa politique économique, résiste un peu mieux, mais elle a aussi décroché au regard de la tendance d’avant la crise sanitaire.      Le « génie » économique allemand est devenu une faiblesse et la « locomotive » de la zone euro est devenue sa voiture-balai. Ce retournement de situation n’est pas le fruit du hasard, mais bien de la stratégie mise en place outre-Rhin depuis un quart de siècle. Le modèle était fondé sur des faiblesses majeures qui se sont retournées contre lui-même, et c’est ce que ses défenseurs acharnés en France ou ailleurs ont refusé obstinément de voir, trop occupés qu’ils étaient à « discipliner » la force de travail nationale.      Qu’était-ce donc que ce « modèle allemand » ? À la fin des années 1990 et au début des années 2000, le pays, qui doit digérer la réunification, est déjà qualifié par le président de l’Ifo de l’époque, Hans-Werner Sinn, « d’homme malade de l’Europe ».      Pour redresser la barre, le capital industriel allemand impose alors une stratégie mercantiliste, c’est-à-dire une stratégie fondée sur la priorisation de l’excédent commercial. Pour cela, la priorité est de comprimer les salaires et donc la demande intérieure. L’effet est non seulement d’améliorer la compétitivité-coût des produits allemands, mais aussi de réduire la demande d’importations. En améliorant l’excédent extérieur, on améliore à la fois les profits et le solde budgétaire. C’est là la clé de la pensée ordolibérale qui domine outre-Rhin depuis les années 1950 : la volonté de l’excédent budgétaire et celle de l’excédent commercial vont de pair. La modération salariale est donc imposée dès la fin des années 1990, tandis qu’entre 2002 et 2004, les réformes Hartz de Gerhard Schröder permettent d’assurer le maintien de salaires faibles dans les services, tout en limitant la croissance des dépenses publiques sociales.    L’effet sur la compétitivité de la production allemande va être rapide dans les années 2000. De bonne qualité et désormais plutôt bon marché, l’industrie allemande gagne d’immenses parts de marché. Mais l’équation est facilitée par trois éléments conjoncturels qui ont été, en réalité, les vrais moteurs du « modèle allemand » : la création de la zone euro en 1999, qui empêche toute dévaluation compétitive des concurrents européens, l’apport de gaz russe bon marché pour assurer une énergie à moindre coût et l’immense croissance chinoise qui assure des débouchés massifs aux produits allemands...."                                                                                           Au milieu des années 2010, les piliers du modèle allemand sont fragilisés. Les salariés allemands finissent par demander une part des immenses profits réalisés par les entreprises à l’exportation et la croissance chinoise commence à ralentir, tandis que la demande européenne n’en finit plus de stagner.    Pendant quelques années, l’économie allemande résiste grâce à l’énergie bon marché, qui permet d’encaisser en partie la hausse des salaires réels, et grâce à la politique de taux bas de la Banque centrale européenne (BCE), qui lance une vague d’achats immobiliers assez inédit dans un pays où la culture était plutôt de rester locataire. L’Allemagne connaît alors un boom immobilier qui permet de compenser en partie les premières difficultés de l’industrie. Mais l’illusion ne va pas durer longtemps.    Après la poussée inflationniste et la remontée des taux de la BCE, la croissance du secteur de la construction est stoppée net. En 2023, l’investissement dans la construction a reculé de 2,1 %, la troisième baisse annuelle consécutive après − 1,8 % en 2022 et − 2,6 % en 2021. La martingale ne fonctionne plus, l’économie allemande ne peut plus cacher sa crise industrielle.     Le 22 février 2024, le constructeur automobile allemand Mercedes-Benz, fleuron d’un des principaux secteurs exportateurs allemands, annonce que l’on doit s’attendre à une baisse de sa rentabilité de près de trois points cette année. Le groupe doit faire face à deux défis qu’il peine à relever : un marché chinois décisif pour lui mais qui devient très concurrentiel, avec des prix en baisse et une inadéquation de son offre sur le marché des véhicules électriques, où la marque ne propose que du haut de gamme, alors que le marché se développe surtout sur le bas de gamme.       L’exemple de Mercedes-Benz est un bon résumé des maux actuels de l’industrie allemande. La stratégie mercantiliste est, on l’aura compris, une stratégie du moindre coût et, partant, du moindre investissement. Dans les années 2000 et 2010, les profits industriels n’ont été réinvestis qu’au minimum outre-Rhin, tandis que l’État fédéral, lui, faisaient des économies sur l’entretien et le renouvellement des infrastructures pour afficher avec fierté le « Schwarze Null », l’équilibre budgétaire.      Ce sous-investissement chronique a aussi été un élément clé de la rentabilité du « made in Germany » : il permettait d’afficher des profits importants en jouant sur un quasi-monopole acquis dans certains domaines de pointe, notamment les machines-outils ou les voitures haut de gamme. Mais la situation n’a duré qu’un temps.         Dès la fin des années 2010, le patronat allemand commence à s’alarmer de l’état de délabrement des infrastructures publiques, qui finit par peser sur la compétitivité de l’économie. En parallèle, l’industrie allemande doit faire face à de nouveaux concurrents et à de nouveaux marchés. Et son sous-investissement chronique ne l’a pas préparée à cela.  .......                        La situation allemande est par conséquent bien aussi mauvaise que ce que décrit Robert Habeck. Les chiffres de l’emploi ne doivent pas faire illusion, ils sont une partie même du problème puisqu’ils sont le fruit de la fragmentation de l’emploi et de la baisse globale de la productivité du travail (− 1 % en 2023). ...  Le capital industriel allemand semble incapable de répondre à la situation, sauf en prenant des mesures qui l’aggravent au prétexte de tenter de sauvegarder les profits immédiats : pression sur les salaires qui réduit la demande intérieure et désinvestissement dans l’outil productif qui accroît son retard. Dans une telle situation, le seul recours ne peut être que l’État qui, dépassant le besoin de rentabilité immédiate, peut investir dans l’avenir. Mais, en Allemagne, l’obsession de l’orthodoxie budgétaire rend ce levier inopérant.   Bien sûr, ce tableau ne doit pas laisser penser que l’industrie allemande est en voie d’effondrement. Elle dispose encore de solides positions, notamment en Europe, où la concurrence a disparu. Il ne faut pas oublier que la base industrielle allemande est évidemment bien plus diversifiée et importante que celle de la France, par exemple.   Mais il n’empêche, la puissance industrielle allemande s’effrite et commence à se déliter, sans qu’aucune solution ne semble en mesure d’être apportée en réponse. Le risque d’une longue crise industrielle allemande se dessine donc, qui, si elle se confirme, aura inévitablement des répercussions économiques et politiques sur le reste de la zone euro."[ Romaric Godin __ Souligné par moi_ ]                                                                    _______________ 

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Le retour de la brutalité

Publié le par Jean-Etienne ZEN

(Il y a deux ans...)

Le retour de la brutalité   [Notes de lectures]

                                Sidération et résistance à Kiev

             Etat des lieux.   La surprise aura été totale. L'intervention musclée des armées du nouveau tsar laisse sans voix. Contre toute attente, mais aussi contre toute logique (même de guerre), mais aussi contre les intérêts à terme de Moscou. Avec les risques toujours possibles d'emballement. Une guerre, on sait toujours comment ça commence, mais....Le Rubicon est franchi; quels scénarii pour demain?   Alea jacta est...  La propagande fonctionne à fond, sans surprise.               __ Une histoire compliquée après une longue aventure commune. Une Ukraine écartelée. Des "alliés" sans voix. Un jeu dangereux qui a mal tourné.

                                         " ...La sensation de vives un dangereux moment de bascule se fonde sur plusieurs éléments objectifs. Tous vont dans le sens de la concrétisation brutale d’une ère nouvelle dans les relations internationales.  Ce n’est pas la première fois que la guerre éclate sur le sol européen depuis la fin du second conflit mondial. Durant les années 1990, le Vieux Continent a été ensanglanté par les guerres de l’ex-Yougoslavie. Mais il s’agissait d’une guerre civile qui s’est internationalisée, pas d’une invasion d’un État voisin par une grande puissance militaire et nucléaire, avec pour objectif affiché de renverser son gouvernement, sans que ce dernier l’ait provoqué militairement.    Certes encore, la Russie a déjà transgressé le principe d’intangibilité des frontières dans le Caucase et en Ukraine même, en soutenant les républiques séparatistes du Donbass et surtout en annexant la Crimée à son territoire en 2014. Mais l’ampleur de  l’offensive fait cette fois-ci la différence.     Olivier Schmitt, professeur à l’université du Danemark du Sud, l’explique à Mediapart : « Jusque-là nous avions affaire à des opérations limitées. Or l’opération actuelle combine des moyens terrestres, maritimes et aériens, d’une importance telle qu’on peut raisonnablement supposer que l’objectif est Kiev, la capitale. On assiste à la double volonté d’une modification des frontières et d’un changement de régime. »   Même à une échelle historique et spatiale plus large, indiquait récemment le journaliste du New York Times David Leonhardt, peu de cas sont similaires. Durant la guerre froide, l’URSS a bien envahi l’Afghanistan, la Tchécoslovaquie et la Hongrie ; et les États-Unis ont bien envahi le Panamá, renversé un gouvernement au Guatemala. Plus tard, ils ont lancé des guerres en Irak. Mais « les plus grandes puissances mondiales ont rarement utilisé la force pour étendre leurs frontières ou mettre en place des “États-clients” dans leur propre région », écrit David Leonhardt.      En plus du type d’attaque lancée par Vladimir Poutine, la manière dont elle a été décidée va dans le sens d’un effet de seuil inédit. Jusqu’à présent, le président russe habillait ses interventions d’un vernis de légitimité, en prétendant notamment protéger des citoyens russes et/ou des minorités russophones en danger. Cette fois, les objectifs de « démilitarisation » et de « dénazification » invoqués par Poutine s’inscrivent dans un recours à la force qui s’accommode de justifications délirantes.       C’est l’une des différences avec la guerre d’Irak lancée par les États-Unis en 2003, sur la base de mensonges et sans mandat des Nations unies. « Jusqu’au bout, confirme Olivier Schmitt, le régime de George W. Bush a tenté d’obtenir une légitimité par ce biais, en s’inscrivant dans un jeu multilatéral. Ayant échoué, il a ensuite accumulé les arguments spécieux pour arguer de cette légitimité, par exemple en expliquant que les États-Unis et les pays ayant suivi représentaient une grande part de la richesse mondiale. Cette fois, Poutine n’en a rien à f… »      De fait, le président russe prouve là son mépris pour le droit international, et n’essaie de l’habiller d’aucune manière. Au passage, plusieurs principes endossés par l’État russe sont bafoués. En 1994, la Russie avait signé le mémorandum de Budapest, un protocole diplomatique par lequel elle s’engageait à respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, en échange du renoncement de celle-ci aux armes nucléaires qui avaient été stationnées sur son territoire. La Russie avait également confirmé son adhésion aux accords d’Helsinki signés par l’URSS en 1975, incluant le droit des États à choisir librement leurs alliances.       La force de l’événement d’aujourd’hui se lit aussi dans la perturbation des routines intellectuelles qu’il produit. De fait, toutes celles et ceux qui estimaient improbable une invasion générale du pays ont été démenti·es par les faits. Au fur et à mesure de son déroulement, la crise ukrainienne a d’ailleurs suscité des analyses appelant à appréhender différemment que par le passé le comportement de Vladimir Poutine.      Dans un texte informé publié sur le site Le Rubicon, Céline Marangé, chargée de recherches au Service historique de la Défense, écrivait le 10 février dernier : « Jusqu’à présent, j’avais toujours souscrit à l’idée que les dirigeants russes étaient mus par un fort complexe de déclassement lié au traumatisme de l’effondrement de l’Union soviétique et qu’ils déployaient de ce fait une stratégie fondamentalement défensive se traduisant par des actions offensives. ».....                                                                        ____ Point de vue: Les grilles de lectures habituelles ont été pulvérisées.    La force de l’événement d’aujourd’hui se lit aussi dans la perturbation des routines intellectuelles qu’il produit. De fait, toutes celles et ceux qui estimaient improbable une invasion générale du pays ont été démenti·es par les faits. Au fur et à mesure de son déroulement, la crise ukrainienne a d’ailleurs suscité des analyses appelant à appréhender différemment que par le passé le comportement de Vladimir Poutine.       Dans un texte informé publié sur le site Le Rubicon, Céline Marangé, chargée de recherches au Service historique de la Défense, écrivait le 10 février dernier : « Jusqu’à présent, j’avais toujours souscrit à l’idée que les dirigeants russes étaient mus par un fort complexe de déclassement lié au traumatisme de l’effondrement de l’Union soviétique et qu’ils déployaient de ce fait une stratégie fondamentalement défensive se traduisant par des actions offensives. »      ________De nombreux éléments l’ont cependant conduite à formuler « une autre hypothèse qui […] consiste à penser qu’à ces enjeux de rang et de sécurité vient désormais s’ajouter – et non se substituer – une forte dimension identitaire. [Vladimir] Poutine pourrait en plus poursuivre un grand dessein : celui d’étendre les frontières du pays en rassemblant, par différents moyens directs et indirects, des “terres russes” considérées comme ancestrales ».     Une fois l’invasion déclenchée, des prises de conscience spectaculaires – quoiqu’un peu tardives – ont été exprimées par des responsables politiques, par exemple par l’ancienne ministre allemande de la défense, Annegret Kramp-Karrenbauer,  affirmant être « en colère contre nous-mêmes pour notre échec historique. […] Nous n’avons rien préparé qui aurait réellement dissuadé Poutine ».      « Il y a un effet de sidération, constate Olivier Schmitt. Beaucoup de gens, y compris parmi les élites, comprennent qu’il se passe quelque chose de différent de d’habitude. Ils découvrent surtout qu’après avoir passé des décennies à dire que les solutions étaient politiques et pas militaires, il faut faire l’effort intellectuel de ne pas séparer ainsi les deux aspects. Parfois, le militaire crée les conditions pour une solution politique. »       Un tel défi lancé aux États-Unis confirme, s’il en était besoin, que l’âge d’un monde unipolaire, organisé autour de leur hégémonie, est bien achevé. Pour les Occidentaux, y compris ceux qui étaient critiques de cette domination, s’habituer à une nouvelle ère de rivalité des grandes puissances va être coûteux. C’est tout l’enjeu du futur impossible à prédire, mais selon toute évidence moins confortable intellectuellement et matériellement qui nous attend.       Nous entrons donc dans une nouvelle ère. De quoi sera-t-elle faite ? Nul ne le sait exactement, même pas Vladimir Poutine lui-même. Une fois l’agression militaire de l’Ukraine posée, la suite ne dépend plus tant du président russe lui-même que du comportement de son entourage, de ses soldats, des Russes qui le soutiendront ou non dans sa décision… et, au-delà, de la réaction du reste du monde à cette attaque.      Le président russe a fait sans aucun doute chanceler l’histoire. Mais comment elle va retomber reste une question en partie ouverte. Quelques certitudes émergent toutefois.      D’abord, l’onde de choc sera mondiale. « Les effets déstabilisateurs du conflit pourraient bien se propager bien au-delà de l’Ukraine – en Europe centrale, dans les Balkans (où une paix fragile commençait à se fissurer, avant même cette nuit), jusqu’en Asie centrale et même dans le Pacifique », énumère le magazine britannique New Statesman – considéré comme l’une des voix de la gauche britannique.     En Asie, l’invasion risque de fait de « compliquer davantage les postures du Japon et des États-Unis face à la Chine » et les tensions militaires russo-américaines, déjà importantes, « risquent fort de s’aiguiser sur le théâtre de l’Extrême-Orient russe »analyse le site Asialyst.    Surtout, poursuit le New Statesman, les prochains jours vont fixer des précédents à propos de « ce qui est acceptable dans les relations internationales du début et milieu du XXIsiècle et ce qui ne l’est pas » – précédents qui dessineront les contours des décennies.        Certains observateurs craignent ainsi que les visées impérialistes russes en Ukraine – et l’incapacité européenne et étasunienne à les dissuader – n’influencent les prochaines décisions chinoises concernant Taïwan. Pékin s’en défend pour le moment formellement. « Si les puissances occidentales ne réussissent pas à répliquer à la Russie, elles renforcent la vision chinoise de ce qu’il faut faire avec Taïwan »avertissait pourtant début février Lai I-chung, un ancien cadre du Democratic Progressive Party taïwanais.       Deuxième certitude : le rapport à la violence, à la guerre et à la sécurité d’un grand nombre d’Européen·nes va changer. Pour beaucoup d’entre eux, français en particulier, la guerre cessera d’être une perspective lointaine et théorique. À long terme, ce conflit aux portes de l’Europe affectera leur portefeuille et leur niveau de vie, annonce Olivier Schmitt à Mediapart.        Il imposera aussi de changer nos manières de comprendre le monde, et en particulier nos cultures politiques et leur « aversion pour la radicalité » qui nous empêchent de comprendre la manière de fonctionner de l’exécutif russe, relève sur Twitter la chercheuse à l’université Paris Nanterre Anna Colin Lebedev.      « Nous ne croyons pas que le pire est possible. Sur un autre continent, peut-être, mais pas chez nous : “La Russie ne va quand même pas NOUS attaquer ?” Le pouvoir russe actuel ne raisonne pas en termes de coûts et d’avantages. Il raisonne en termes de mission majeure. […] Attaquer un pays de l’Otan serait suicidaire pour Poutine ? Ne l’excluons pas pour autant » développe-t-elle...."

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Péril en la demeure

Publié le par Jean-Etienne ZEN

           Sans tomber dans le piège de la grossophobie, on peut objectivement reconnaître que le surpoids, voire l'obésité, gagne du terrain sur la planète. à une vitesse inquiétante. Le développement de ce qu'il faut bien appeler une pathologie, aux conséquences dé plus en plus visibles et vérifiables, encore mal mesurées, représente une menace sanitaire de grande ampleur, qui inquiète le monde médical. On peut parler d'un véritable fléau, dont les causes sont un peu mieux connues, notamment une sédentarité précoce et de plus en plus généralisée associée à un alimentation qui a changé de nature. Il y a sur ce point maintenant un très large consensus, même si ces causes ne sont pas suffisantes... En France même, "...18 % des enfants de 2 à 7 ans et 6 % des enfants de 8 à 17 ans sont en situation d’obésité..." Ne parlons pas des USA, du Mexique ou de certains pays asiatiques. On le voit autour de soi: moins d'enfants se livrent à des activités physiques même minimales, comme marcher, sans parler de leur moindre implication dans des activités sportives. L'addiction aux écrans n'y est pas pour rien...


                                                                                                                                  "...L’épidémie d’obésité se propage dans le monde, entraînant une augmentation des maladies chroniques associées : diabète, maladies cardio-vasculaires, certains cancers… C’est même l’une des premières causes avancées du fléchissement de l’espérance de vie aux Etats-Unis...."  Près d'un Français sur deux est concerné. Les recherches continuent sur la complexité du phénomène diabétique en dramatique expansion. Le monde entier est touché.           Une bombe pondérale menace des pans entiers de la population mondiale. Un enjeu sanitaire planétaire inquiétant. Mais certains signes d'espoir se manifesteraient-ils, pour neutraliser ou inverser la tendance? Tant que la Ne-fast food continuera son expansion, on peut en douter, surtout dans les pays et/les catégories les plus défavorisés.                                                                                                                            __Elle ne sera pas sans conséquence, si elle se poursuit.    L'obésité coûte 200 milliards par an aux États-Unis .Les pays européens ne sont plus épargnés. L'Angleterre est en bonne voie. La France commence à s'inquiéter. Certains pays en développement sont aussi touchés, comme le Mexique, "leader mondial de l'obésité infantile", où les habitants pédalent le dimanche pour lutter contre l'obésité (!)    Une bombe pondérale menace-t-elle une partie de l'humanité? L'avenir est-il en XXL ?   La sédentarité, le manque ou l'absence d'exercices physiques, les nouvelles manières de s'alimenter sont surtout en cause: le (né)fast food fait des ravages, autant que le mythe du "corps parfait, générateur de culpabilité et de régimes aussi dangereux qu'inefficaces." Repenser l'agriculture , dépendante elle-même d'une distribution hautement lucrative, qui conditionne les habitudes alimentaires, est une urgence, notamment la consommation excessive de viande.    La recherche médicale balbutie sur le diagnostic des causes et la prescription des remèdes.                                                       ___ Le statut de l'obèse n'a pas toujours été ce qu'il est aujourd'hui . Il fut un temps où le gras était bien porté, signe de statut supérieur, de distinction sociale. Le "gros" manifestait sa plénitude comme marque de réussite, à l'époque où la maigreur dominait. La rondeur avait une valeur symbolique particulière, même si la gloutonnerie était l'objet d'opprobre au Moyen-Age.   "De la condamnation médiévale de la gloutonnerie à l’obsession contemporaine du surpoids, la corpulence a toujours suscité la critique, tout en s’inscrivant dans des logiques de distinction sociale. L’histoire du « gras » de Georges Vigarello remplume ses précédentes recherches sur l’histoire du corps et de la beauté. _________________________________________

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Vers l'Etat digital?

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 En route vers l'Etat plate-forme

                                   Des projets bien ficelés sont en place pour accélérer la digitalisation des services publics. L'accélération de la numération tous azimuts se met en place à la vitesse grand"V", au détriment des laissés pour compte.  Déjà des jeunes connaissent des difficultés. Ne parlons pas des anciens, de ceux qui sont le plus dans le besoin.   Le tout-numérique avance à grands pas, sous prétexte de simplification, de modernisation....                                                                

Dans la start up nation, l'Etat se dématérialise à grande vitesse.

      Tous les actes administratifs, à quelque niveau que ce soit, devront vite passer pas le numérique (*)
                    A vos ordis!


     Même les non et les faiblement connectés, ceux qui n'ont pas d'ordinateurs ou qui ne savent et ne sauront jamais s'en servir, les analphabètes du clavier, les nombreux anciens qui ne s'y mettront jamais...
      La plupart des services publics ne seront accessibles que pour les familiers du net, que pour une partie de la population, surtout aisée, cultivée, urbaine.
     Près de 60% des personnes se disent démunis face à l'utilisation de l'ordinateur pour des tâches un peu élaborées. Ne parlons pas des plus âgés.
     L'exclusion numérique n'est pas rare. L'inclusion numérique ne favorise que ceux qui sont déja outillés et formés.
    Le pass numérique ne suffira pas, surtout à l'horizon 2022. et certains technophobes ou e-résistants ne franchiront pas le pas de si tôt.
   La e-administration va vite montrer ses limites. La modernité, c'est bien beau, mais elle risque de laisser beaucoup de monde au bord de la route, pour des démarches qui ne sont pas anodines.
Et quelques clics ne suffiront pas dans des démarches complexes.
Et s'il s'agissait d'abord de faire des économies, sans autre considération que la rentabilité immédiate?
______

   (*)   "  .....Incomplets , mélangeant des types de démarches à exécuter très hétérogènes (consultation, télédéclaration, ouverture de compte, information), ces recensements laissent en particulier dans l’ombre deux éléments pourtant majeurs du processus de dématérialisation engagé.
    D’une part, ne sont pas précisés pas quels « services » ne sont aujourd’hui accessibles qu’en ligne : demandes de bourses étudiantes, Prime d’activité, demande de logement social, inscription à pôle emploi, la liste serait longue des démarches qui ont basculé dans le « tout numérique », n’offrant aucune autre alternative aux administrés. Selon la typologie d’Albert Hirschman (1970), il n’y a ici pas de possibilité d’exit  : le rapport à l’offre doit nécessairement se faire par l’intermédiaire d’une interface numérique. Le Défenseur des droits a formulé plusieurs avis [5](2016) enjoignant aux services publics et administrations de proposer une offre de contact alternative au numérique, restée à ce jour lettre morte.
      D’autre part, ces tableaux ne rendent pas compte de la dématérialisation de la relation administrative, au-delà des procédures de demande de droit ou d’accès à des formulaires administratifs. Une part grandissante des échanges se déroule aujourd’hui par voie électronique (mail, sms, boîte de dialogue/ chat box), et on assiste à une généralisation de la prise de rendez-vous physique par internet (préfecture [6]CAF, Pôle emploi, etc.) couplée à l’impossibilité d’avoir un contact physique avec un agent pour les premiers contacts, les inscriptions, les démarches d’entame des procédures. De plus en plus, les usagers se voient orientés vers une interface en ligne pour prendre attache avec les administrations, ou obtenir des informations ou explications. Incidemment, la relation administrative devient ainsi majoritairement numérique, le contact « humain » (téléphonique ou physique en face à face) constituant une voie seconde et complémentaire des démarches en ligne. Ce virage de la dématérialisation de la relation apparaît d’autant plus fort qu’il s’est fait concomitamment à une réduction des accueils physiques et des autres modes de contact, renforçant la perception d’une déshumanisation du contact avec les administrations....
 
    En l’état actuel, l’obligation administrative à se connecter demeure très inégale entre les individus : une personne bénéficiaire de droits sociaux soumis à déclaration de ressources trimestrialisées a mécaniquement davantage l’obligation de se connecter qu’une personne ne percevant pas de prestations sociales. La connectivité étant socialement distribuée, l’on assiste ainsi à une double peine (Credoc 2016) : les individus les plus précaires, aussi bien économiquement que sur le plan de l’isolement social (Défenseur des Droits 2017) sont moins connectés alors que, dépendants davantage de droits et prestations sociales, ils ont davantage l’obligation de le faire.
     Davantage que d’exclusion numérique, qui renverrait à un manque de compétences d’individus qui ne seraient pas à l’aise avec le numérique, cette inégale exposition à l’obligation de connexion conduit à parler d’exclusion par le numérique : ce sont prioritairement les normes implicites de la dématérialisation qui rendent ici les usagers incapables de demander leurs droits...."
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Ces chères armes...

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Jamais sans mon flingue!

                  Dans une grande partie des états américains, il y a plus d'armes que de citoyens. Un record! La fabrication et la vente sont théoriquement contrôlées. Quoique.... Mais le port ne l'est qu'occasionnellement. c'est très aléatoire. Et la tolérance s'accroît comme jamais, même pour des fusils d'assaut, malgré certaines velléités législatives et présidentielles, toujours avortées. Un marché très juteux....sous couvert du 2°Amendement, toujours revendiqué. Jusqu'à quand?                         Les lobbies, surtout la NRA, sont là-bas très puissants et ont pignon sur le Congrès. Un cercle vicieux mortifère. On exporte aussi, massivement;                                                                Toutes les études le confirment. Le nombre de tués par armes à feu (parfois de guerre) ne faiblit pas Outre-Atlantique. On le savait depuis longtemps. Le bilan est effrayant. Ce qui est notable, c'est qu'un écrivain célèbre comme Paul Auster, mais pas seulement lui, fait un diagnostique sans concession du mal qui ravage régulièrement son pays, stimulé par une vieille tradition, ancré dans l'histoire profonde, toléré par un amendement considéré comme intangible et encouragé par le juteux commerce de la NRA, qui a pignon sur rue et qui sait soudoyer les élus. "Les Américains possèdent 393 millions d’armes à feu, soit plus d’une par habitant", signale l'auteur, qui s'interroge:   


                                                                                                                                                    "...Comment trouver les mots pour dire le claquement des coups de feu, les corps en sang, l’horreur de la violence ? Paul Auster y parvient, racontant par exemple, minute par minute, le massacre qui eut lieu le 5 novembre 2017 dans la First Baptist Church de Sutherland Springs, qui fit 26 morts et 22 blessés.... Il pénètre dans le cerveau du « taré » qui a décidé de massacrer cette petite communauté du Texas et retrouve la trace du plombier qui, réveillé de sa sieste, courut chercher un fusil dans son armurerie personnelle puis fonça vers l’église où il réussit à mettre le tueur hors d’état de nuire.  Mais la force de cet essai, qui s’achève par une réflexion sur la présidence Trump et l’attaque du Congrès, réside aussi dans les photos des lieux où eurent lieu les massacres, prises par le jeune artiste Spencer Ostrander : des églises, des supermarchés, des écoles. Des espaces vides, pour la plupart fermés aujourd’hui, comme l’Amérique en compte tant sur son territoire. « Pays de sang » n’est pas un livre ordinaire. C’est une œuvre terrible, un réquisitoire profondément humain et un coup de gueule ..."    Les USA, " le pays le plus brutal du monde occidental. « Les fusillades, ou tueries de masses, ne représentent qu’une petite fraction des morts par balles en Amérique, elles se produisent néanmoins à une fréquence époustouflante, environ une par jour en moyenne sur une année. »                                                                    Les larmes et les déplorations officielles n'y changent rien. Avec des armes toujours plus puissantes, c'est plutôt une terrible montée en puissance que l'on déplore régulièrement, même de la part de gamins. Les fusillades de masse ne se sont pas ralenties.                                                 ___    Ne parlons pas des guerres menées par la puissance américaine, dont les justifications se sont avérée plus que douteuses.                                                                                  __________ La puissance militaire du pays est à l'image de celle des particuliers. " ...La puissance militaire des USA.La protection militaire des Etats-Unis a ainsi un prix : l'allégeance au dollar. La première puissance militaire au monde renforce la domination de sa monnaie . Au début de la guerre en Ukraine, 55 % des bons du Trésor américain (Treasuries) détenus par les étrangers l'étaient par des pays ayant une alliance de défense avec les Etats-Unis, comme l'Otan, constate une étude des équipes de recherche de la Réserve fédérale. Ces 10 dernières années, leur part est restée stable et n'est jamais descendue sous les 50 %. D'autres pays (Arabie saoudite, Inde, Emirats arabes unis…) bénéficient d'un soutien militaire de la première puissance mondiale en dehors d'un cadre formel. Ils détiennent 15 % à 20 % de la dette américaine. Elle est ainsi détenue aux trois quarts par des alliés plus ou moins proches des Etats-Unis. Menacé par son voisin chinois, Taïwan est au 10e rang des pays qui détiennent le plus de Treasuries. En septembre, Joe Biden a réaffirmé que les Etats-Unis défendront l'île en cas d'invasion par la Chine...."    _______________
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Ukraine (suite)

Publié le par Jean-Etienne ZEN

(Il y a deux ans...)

En bref

         "....Aucune personne sensée n'imaginait le 23 février que le président russe lancerait la nuit suivante ses chars sur Kiev. On pouvait comprendre qu’il reconnaisse unilatéralement la sécession du Donbass (partie russophone de l’Ukraine). Cela lui eut suffi pour vassaliser l’Ukraine et humilier les États-Unis, déjà très abîmés par leur fiasco en Afghanistan. L'avenir seul nous dira pourquoi il a choisi d'envahir toute l'Ukraine au risque d'une quasi-guerre civile au coeur du « monde russe »...     Le 24 février 2022 s’inscrira en lettres de sang dans les livres d’Histoire. Il clôt trois décennies d’illusions sur le triomphe de la Démocratie et des Droits humains et annonce le retour en force des peuples de chair. Revenons sur les origines de cet effroyable coup de théâtre et ses possibles conséquences.      Dans la décennie qui a suivi la chute du Mur de Berlin dans la nuit euphorique du 9 novembre 1989, la Russie a manqué sombrer corps et biens à l’image de son chef, Boris Eltsine. Elle s’est redressée quasi-miraculeusement à partir de 1999 sous la férule autoritaire et brutale de Vladimir Poutine. Mais l’horizon s’est à nouveau assombri à partir de 2014 et de la première crise ukrainienne, jusqu’à conduire au drame actuel. De celui-ci, ni les Russes ni les autres Européens ne sortiront indemnes. L’issue dépendra de la détermination et de la lucidité des jeunes générations.

 

 

Acte 1 : le calvaire (1991-1999)

En quelques mois donc, la redoutable Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS) s’est effondrée comme un château de cartes pour laisser place à une improbable Communauté des États Indépendants (CEI), avec en son cœur la Fédération de Russie, réduite à ses limites administratives de l’époque soviétique, avec 89 « sujets » aux statuts très variables : républiques, territoires autonomes, etc.      Le président Eltsine, auréolé par sa victoire du 22 août 1991 sur les putschistes du Kremlin, s’applique à sauver ce qui peut l’être de l’héritage soviétique, en particulier le siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU et l’armement nucléaire.      En contrepartie, il ouvre la Russie aux affairistes et aux économistes néolibéraux qui entourent le président américain Bill Clinton. Alliés aux anciens hiérarques du Parti communiste, ils pillent tant et plus le pays sous prétexte de le libéraliser. Déjà très bas, les indicateurs économiques et sociaux s’effondrent (espérance de vie, mortalité infantile, fécondité…). Les Russes, abasourdis, voient sur leurs écrans leur président, titubant d’ivresse, se faire moquer par le président Clinton.         De leur côté, le chancelier Kohl et le président Mitterrand lancent la monnaie unique pour donner un nouveau souffle à l’Union européenne. Le traité de Maastricht de 1992 signe l’adhésion des Européens au néolibéralisme. L’année suivante se traduit en Europe par la première récession économique depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.      1992, c’est aussi la sortie d’un essai à succès, La Fin de l’Histoire et le Dernier Homme. L’auteur, l’Américain Francis Fukuyama, annonce le triomphe définitif de la Démocratie. L’Union européenne partage son optimisme et entreprend de réduire ses budgets et ses effectifs militaires ; la France elle-même abolit la conscription en 1997.   1992 encore. La même année se font entendre des bruits de bottes.    Dans le Caucase, la petite Tchétchénie refuse de devenir l’un des « sujets » de la fédération de Russie et se proclame indépendante. Le président Eltsine tarde à réagir. C’est seulement le 9 décembre 1994 qu’il envoie ses troupes réprimer la sécession. Cette première guerre de Tchétchénie se solde par une humiliation du Kremlin. Le 31 août 1996, celui-ci reconnaît l’indépendance de facto de la Tchétchénie, prélude à l’éclatement final de la fédération !     À l’autre extrémité du Vieux Continent, tandis que les gouvernants s’affairent autour du projet de monnaie unique, la Yougoslavie implose. Le 15 janvier 1992, l’Allemagne reconnaît l’indépendance de la Croatie et de la Slovénie. Le 6 avril 1992, Sarajevo est bombardée par l’armée serbe. Les guerres de Yougoslavie vont perdurer jusqu’en 1999.     Cette année-là, l’OTAN bombarde Belgrade et envahit le Kossovo sans attendre l’aval de l’ONU. Il s’agit de la première violation du droit international, dix ans après la fin de la « guerre froide ». Il s’agit aussi de la première intervention militaire de l’OTAN depuis la création de l’alliance cinquante ans plus tôt, pour prévenir toute attaque soviétique contre l’un de ses membres.     Considérant que les Occidentaux n’avaient plus rien à craindre de Moscou, les Russes avaient demandé qu’à défaut de supprimer l’OTAN, désormais sans objet, ils s’abstiennent pour le moins de l’étendre au-delà de l’Elbe ().     Mais les guerres de Yougoslavie ouvrent de nouvelles opportunités à l’OTAN. Qui plus est, les anciens pays satellites de l’URSS, avides de s’occidentaliser au plus vite et de prendre une revanche sur leur grand voisin, demandent à entrer dans l’OTAN. C’est chose faite en mars 1999 pour la Pologne, la Hongrie et la République tchèque. Les autres pays ainsi que les trois États baltes ne tarderont pas à suivre.     De son côté, la Russie voit ressurgir en août 1999 le spectre de la guerre : les Tchétchènes, non contents de leur quasi-indépendance, envahissent le Daghestan voisin. Le Premier ministre Vladimir Poutine (47 ans) conduit la contre-offensive. Il n’y va pas de main morte : « J’irai buter les Tchétchènes jusque dans les chiottes », lance-t-il à Astana (Kazakhstan). De fait, la capitale de la Tchétchénie, Grozny, tombe le 6 février 2000 après avoir été rasée…

Acte 2 : résurrection (2000-2014)

Le 31 décembre 1999, Boris Eltsine, usé par l’alcool, cède le pouvoir à Poutine. Fort de sa victoire dans la deuxième guerre de Tchétchénie, le nouveau président est élu confortablement le 26 mars 2000.    Le 21 septembre 2001, Vladimir Poutine exprime sa vision de l’avenir à Berlin, devant le Bundestag, en allemand : « Nul ne remet en question l'importance des relations partagées entre l'Europe et les États-Unis. Toutefois, je pense que l'Europe peut assurer à long terme sa réputation de centre puissant et politiquement indépendant si elle parvient à associer ses ressources avec celles de la Russie... avec les ressources naturelles, humaines et territoriales... avec le potentiel économique, culturel et de défense de la Russie ». On ne saurait mieux dire. En gage de bonne volonté, le président russe apporte un soutien militaire aux Américains engagés en Afghanistan dans la lutte contre Daesh et les talibans.     Mais en attendant mieux, il lui faut sortir la Russie de l’abîme. Il bénéficie pour cela de grosses rentrées financières occasionnées par la flambée des prix des matières premières et des hydrocarbures sur les marchés mondiaux, cette flambée étant due à la très forte demande chinoise. De la sorte, les indicateurs sociaux et démographiques connaissent un redressement spectaculaire qui étonne même l’anthropologue Emmanuel Todd. La crainte d’une disparition physique du pays est pour l’heure écartée.    L’État relance la recherche scientifique, les industries d’armement et aussi l’industrie nucléaire. Il réaffirme son autorité sur les gouvernements régionaux et les grandes entreprises du pays, ce qui conduit Poutine à mettre au pas les oligarques.       En 2003, le président fait incarcérer pour malversations financières le patron de Ioukos, première compagnie pétrolière russe, qui projetait de vendre son groupe à Exxon Mobil pour 25 milliards de dollars ! L’affaire déplaît aux Américains qui, ne disposant pas encore du pétrole de schiste, lorgnaient avec avidité sur les gisements russes de pétrole et de gaz. Washington va dès lors entreprendre de déstabiliser la Russie, aidé en cela par le milliardaire d’origine hongroise George Soros, qui s’est donné pour objectif de promouvoir des « sociétés ouvertes », libérales ou ultralibérales, en Europe centrale et orientale.    Sur CNN, Soros confessera avoir soutenu la « révolution orange » du 21 novembre 2004 à Kiev.  Elle a abouti le 23 janvier 2005 à l’élection à la présidence du candidat pro-occidental Viktor Iouchtchenko, malgré que celui-ci ait souffert d’une tentative d’empoisonnement, sans doute à l’initiative des services russes.

Début 2007, Vladimir Poutine s’alarme de ce que les Américains installent un « bouclier » anti-missiles en Pologne et en République tchèque sous le prétexte de prévenir d’éventuelles attaques… iraniennes ! Le 10 février, lors d’un forum sur la sécurité qui se tient à Munich, il déclare : « Un pays, les États-Unis, sort de ses frontières nationales dans tous les domaines. C'est très dangereux : plus personne ne se sent en sécurité, parce que personne ne peut plus trouver refuge derrière le droit international ». Il ne croit pas si bien dire. L’année suivante, le 17 février 2008, le Kossovo devient indépendant alors que le Conseil de sécurité de l’ONU, à la demande de la Russie, avait promis qu’il demeurerait une province autonome au sein de la Serbie.          Poutine n’en poursuit pas moins sa coopération avec l’Occident. Invité au sommet de l’OTAN à Bucarest en avril 2008, il autorise le transit par la Russie de matériel destiné à l’Afghanistan. Mais il dénonce aussi la promesse faite le 3 avril par l’OTAN à l’Ukraine et à la Géorgie de pouvoir entrer un jour dans l’alliance. Il y voit « une très grande erreur stratégique ». À quoi le président ukrainien Viktor Iouchtchenko a répondu : « L'Ukraine n'est pas un produit de la Guerre froide. C'est un État indépendant et souverain qui a parfaitement le droit de forger sa politique en matière de sécurité ».         Les événements s’accélèrent à l’été 2008. La Géorgie, petit État enclavé et très pauvre du Caucase, souffre de la sécession depuis plusieurs années déjà de deux territoires périphériques, l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud. Le 10 juillet 2008, le président Mikheïl Saakachvili reçoit la visite de la Secrétaire d’État américaine Condoleezza Rice. Sans doute s’entretiennent-ils de l’OTAN. Dans le même temps, le gouvernement russe concentre des troupes à la frontière géorgienne tout en désapprouvant les agressions abkhazes et ossètes.        Le président géorgien, se croyant couvert tant du côté russe que du côté américain, lance ses troupes vers l’Ossétie le 7 août 2008. Dès le lendemain, alors que le monde entier n’a d’yeux que pour les Jeux Olympiques de Pékin, l’armée russe pénètre à son tour en Géorgie. Le 12 août, Nicolas Sarkozy, président en exercice de l’Union européenne, adresse aux Russes une demande de cessez-le-feu. Au Kremlin, il fait cette déclaration stupéfiante, propre à légitimer toutes les agressions ultérieures : « Il est parfaitement normal que la Russie veuille défendre ses intérêts ainsi que ceux des Russes en Russie et des russophones à l'extérieur de la Russie ». Le propos ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd. Par une violation du droit international qui est cette fois de son fait, Poutine reconnaît l’indépendance de l’Abkhazie et de l’Ossétie du sud et se garde d’évacuer la Géorgie, désormais sous tutelle.       Mais 2008, c’est aussi l’année où culmine la crise des subprimes, avec le 15 septembre, la faillite de Lehman Brothers, le fleuron de Wall Street. L’Europe est frappée de plein fouet par la récession. L’économie russe est aussi affectée. Autant dire que la crise géorgienne quitte vite la Une des journaux.           Lors de l’invasion de la Géorgie, Poutine a pris la mesure de l’impréparation de son armée, pas encore remise des années Eltsine. Il va dès lors redoubler d’efforts pour la moderniser et développer le secteur militaro-industriel. Peu soucieux d’être un jour désavoué par les électeurs, il renforce aussi son autorité sur les médias. Désormais convaincu qu’il n’a rien à attendre de l’Amérique, encore moins de l’Union européenne, il relance l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) qui réunit depuis 2001 la Russie, la Chine, le Kazakhstan, le Kirghizistan, l'Ouzbékistan et le Tadjikistan (elle s'élargira à l'Inde et au Pakistan en 2016, puis à l'Iran en 2021).    Quand éclatent les révolutions arabes en 2011, le président russe se présente comme un acteur désormais incontournable sur la scène mondiale. Usant de la base militaire de Lattaquié, héritée de l’Union soviétique, il va soutenir sans faillir le dictateur syrien Bachar el-Assad, façon de montrer que « right or wrong, he is my ally ». Ainsi se démarque-t-il des Américains, accoutumés à lâcher leurs alliés au milieu du gué.   Vladimir Poutine croit pouvoir savourer ses succès lors des Jeux Olympiques d’hiver organisés à grands frais à Sotchi, entre mer Noire et Caucase, du 7 au 23 février 2014. Se doute-t-il qu’il a alors mangé son pain blanc ?...

Acte 3 : la rupture (2014-2022)

Des manifestations pro-occidentales éclatent à Kiev, sur la place de l’Indépendance (Maidan en ukrainien). Le Parlement destitue le président pro-russe Viktor Ianoukovitch le 23 février 2014 et, en gage de renouveau, enlève à la langue russe, parlée par un quart de la population, son statut de deuxième langue officielle. L’Est russophone se rebelle aussitôt, avec le soutien de Vladimir Poutine qui en profite aussi pour récupérer la Crimée, une péninsule traditionnellement russe. Consultés par le Parlement de Kiev dès le 12 janvier 1991, ses habitants s’étaient prononcés à une écrasante majorité pour une séparation d’avec l’Ukraine.            La Crimée, c’est aussi le port militaire de Sébastopol, indispensable à la marine russe pour accéder à la mer Noire et à la Méditerranée. Poutine ne peut admettre que les Américains mettent la main sur ce port en cas d’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. L’armée russe entre donc en Crimée, sans qu’une goutte de sang soit versée, et la péninsule est annexée officiellement le 18 mars 2014.     À cette nouvelle violation du droit international, Washington réagit bruyamment - sans plus - en édictant des sanctions économiques contre l’entourage du président russe. Les Européens, qui ont besoin du gaz russe, s’en tiennent pour l’essentiel à des protestations verbales. Mais désormais, les ponts sont coupés entre la Russie et l’Occident.    Poutine en prend acte et se cherche d’autres soutiens. Le 29 mai 2014 est fondée une vaste zone de libre-échange, l’Union économique eurasiatique. Elle réunit la Biélorussie, la Russie et le Kazakhstan. Le grand bénéficiaire en est le nouvel ami du président russe, son homologue chinois Xi Jinping qui peut lancer ses « Nouvelles Routes de la soie » dans un espace libéré de toute entrave. L’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) est quant à elle étendue à l’Inde et à l’Iran et en vient à rassembler près de la moitié de l’humanité. Tous ces pays se garderont de condamner la Russie quand elle envahira l’Ukraine quelques années plus tard.       Renouant avec les pratiques d’Ancien Régime, le président russe intervient partout où le portent ses intérêts, en affichant le plus total mépris pour la pusillanimité de l’Europe et la lâcheté de l’Amérique. Avec l’Iran et la Turquie, il remplit au Moyen-Orient le vide laissé par le départ des Occidentaux. Il joue les arbitres entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Payant d’audace, il intervient même dans le pré-carré africain de la France, par le biais de la société Wagner. Les mercenaires de cette société placent les dirigeants africains sous leur protection sans s’embarrasser de scrupules. C’est ainsi que le Mali ou encore la Centrafrique ont pu s’émanciper de la tutelle française.      Enfin, Poutine se prépare à toutes les éventualités en développant une économie de guerre : autosuffisance alimentaire, cybersécurité, système bancaire et internet autonomes, etc. Mais tous ces efforts ont un prix très lourd. Depuis 2014 et l’annexion de la Crimée, les indicateurs sociaux de la Russie tendent à nouveau à se dégrader, qu’il s’agisse de l’indice de fécondité, des revenus ou des prix.     La suite ne relève pas encore de l’Histoire mais tout donne à craindre une nouvelle période sombre pour la Russie comme pour l’Europe, dans une crise gravissime qui laisse le reste du monde pour l'essentiel indifférent…" [Merci à Hérodote.net]   __Etat des lieux.  ________

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Survol dominical

Publié le par Jean-Etienne ZEN

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__ Chlordécone

 

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__ IA: risques

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__ Le Führer chez les Helvètes  

       _____________Revue de presse           _______________

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