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Point d'histoire

Publié le par Jean-Etienne ZEN

  Bombe A:  tournant historique. 

            Longtemps après cet événement inédit qui mit fin à la guerre américano-japonaise, la lumière se fait encore peu à peu sur ce événement tragique et "fondateur" d' une nouvelle ère, après des décennies de silence, de récits simplifiés et parfois enjolivés, dans le sillage de l'euphorie d'après-guerre.   Il y eu même une mode "atomique après-guerre au niveau des chansons , des modes et des danses aux USA.     Bref, cette engin destructeur devint un temps l'objet d'un mythe. On oublia les circonstances de la décision de sa construction et de son lancement, ainsi que les conséquences tragiques sur les populations civiles pendant de longues années. Sur le Japon lui-même, une chape de plomb s'abattit pour longtemps.     Mais  des historiens ne manquèrent de faire retour sur ce passé escamoté pour essayer de dénouer le fil des événements et les motivations qui poussèrent Truman et son équipe à passer à l'acte, malgré des avis contraires en haut lieu.           La décision fut plus politique que  militaire comme le fait apparaître ce document:

...Truman n’était pas un confident proche du président Franklin D. Roosevelt. De fait, il n’avait que peu d’idées sur la façon dont Roosevelt envisageait les relations d’après-guerre avec l’Union soviétique et ne connaissait pas l’existence d’un programme majeur – le projet Manhattan – visant à produire une bombe atomique.         Au cours d’une série de réunions organisées peu après sa prestation de serment, Truman a surmonté ce déficit, en maintenant son engagement de se conformer le plus étroitement possible aux orientations politiques définies par le président Roosevelt. Mais certaines décisions devaient être prises par le nouveau président, raison pour laquelle il avait convoqué la réunion du Cabinet Room. [Procès-verbal]

Réunion du cabinet Truman à la Maison Blanche, le 10 août 1945, au lendemain du bombardement atomique de Nagasaki. (Abbie Rowe/Bibliothèque Truman)

           Le général George Catlett Marshall, chef d’état-major distingué de l’armée américaine âgé de 64 ans, avait rejoint Truman. En plus de gérer les problèmes liés à l’évolution de la guerre mondiale, le général Marshall était également membre d’un comité de haut niveau (le « Top Policy Group », formé en octobre 1941) qui supervisait les efforts des États-Unis pour construire une bombe atomique.         Marshall avait laissé la plupart des décisions quotidiennes concernant le programme de la bombe atomique aux mains du général Leslie Groves et avait limité son propre rôle à celui de s’assurer que le Congrès continuait à soutenir financièrement le projet et, dans une moindre mesure, à prendre des décisions politiques concernant l’utilisation d’une arme atomique.        Pas plus tard que le 31 mai 1945, Marshall avait déclaré à un groupe de scientifiques spécialisés dans la bombe atomique, d’administrateurs et de décideurs politiques qu’il pensait que les États-Unis seraient en meilleure position dans le contexte d’après-guerre s’ils évitaient d’utiliser une bombe atomique contre les Japonais. Il a également recommandé que les États-Unis invitent l’Union soviétique à assister aux essais de la bombe atomique.              La majorité des participants à cette réunion se sont prononcés contre Marshall, y compris le futur secrétaire d’État James Byrnes, qui craignait que les États-Unis ne perdent leur avance sur les Soviétiques en matière d’armes nucléaires si les Russes devenaient un partenaire de facto grâce à cette coopération. En tout état de cause, Marshall considérait que toute décision d’utiliser ou non une bombe atomique, compte tenu de ses horribles ramifications, était une question purement politique, hors de la portée des militaires.       Deux officiers supérieurs de la Marine, l’amiral Ernest J. King, commandant de la flotte américaine et chef des opérations navales (le seul à avoir jamais détenu un tel commandement conjoint), et l’amiral William Leahy, 70 ans, chef d’état-major du commandant en chef de l’armée et de la Marine américaines, accompagnaient Marshall. L’amiral King était un homme abrupt et alcoolique qui dédaignait ouvertement toute utilisation des ressources américaines à d’autres fins que la destruction totale des Japonais.          Contrairement à King, l’amiral Leahy était partisan d’éviter un bain de sang en combattant les Japonais et était favorable à l’idée de parvenir à une reddition négociée sous la pression combinée d’un blocus économique des îles japonaises et d’un bombardement aérien conventionnel. Leahy était contre toute utilisation de la bombe atomique contre des cibles civiles, un concept qu’il considérait comme « barbare ».      L’armée de l’Air était représentée par le lieutenant général Ira C. Eaker. Le général Eaker avait presque à lui seul fait du bombardement stratégique une pratique acceptée lorsqu’en tant que commandant de la 8e Force aérienne en Europe, il convainquit le Premier ministre britannique Winston Churchill de poursuivre cette stratégie controversée, notant que « le bombardement 24 heures sur 24 affaiblirait les Huns pour l’invasion terrestre et la mise à mort »....

                    Ce fut une décision âprement discutée, qui ne se passa comme comme une certaine légende a voulu le faire croire pendant longtemps.   Plus tard  "Dans ses mémoires, l'amiraLeahy, chef d'état-major particulier des présidents Roosevelt puis Truman, expliquait :  "Les Japonais étaient déjà vaincus et prêts à se rendre. (...) L'utilisation à Hiroshima et à Nagasaki de cette arme barbare ne nous a pas aidés à remporter la guerre. (...) En étant le premier pays à utiliser la bombe atomique, nous avons adopté (...) la règle éthique des barbares."    Quant au général Eisenhower, qui dénonça plus tard les dangers du complexe militaro-industriel, il écrivait lui aussi dans ses Mémoires : "À ce moment précis [août 1945], le Japon cherchait le moyen de capituler en sauvant un peu la face. (...) Il n'était pas nécessaire de frapper avec cette chose horrible."______________________

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La terre, l'eau et le climat

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Nous sommes à un tournant majeur.

                                                    Nous commençons à le savoir. Un tournant peut-être décisif, périlleux en tous cas. Nous ne devrions pas être surpris, mais nous sommes sonnés tout de même. Voilà qu'il va falloir urgemment changer nos modes de vie et sortir de l'incantation, des bons sentiments. Collectivement parlant. C'est un grand virage qui s'impose à nous, une mutation des choix industriels en oeuvre depuis le 19 ème siècle, un renoncement au capitalocène, ultime phase de l'anthropocène, à l'échelle mondiale. Question de survie. Le pari est gigantesque, allant contre tant d'habitudes et d'intérêts.                                                                                                                       Déjà les philosophes pré-socratiques soulignaient les fondamentaux de notre univers, les éléments angulaires de toute vie sur terre: l'eau, la terre, l'air, le feu. Ils n'étaient pas chimistes, mais intuitionnaient que l'univers résultait de la combinaison de ces données de base. Aujourd'hui, nous constatons que l'eau risque de nous manquer, que la terre s'assèche, que le feu gagne, que l'air devient parfois irrespirable.    S'il est un secteur qui réclame tous nos soins en ces temps incertains, c'est bien la terre, mère nourricière. Sans eau, elle vire à l'état désertique.        L'agriculture traditionnelle assurait un équilibre relatif. Aujourd'hui, il est urgent de changer de modèle agricole, de sortir de l'agrobusiness qui épuise la richesse des sols à coup d'entrants et de vision à court terme, quitter l'elevage intensif, dévoreur du précieux liquide, cesser de puiser sans cesse dans les réserves, comme en Andalousie. Aucun pays n'est épargné. La France est en train de mesurer ses limites...                                                                                                                                   Des conflits pour l' eau existent déjà et peuvent se répandre. Il vaut mieux envisager le pire pour ne pas avoir à l'affronter trop tard. C'est le bien public par excellence qui ne doit plus dépendre des intérêts privés.      Certains pompent, pompent... sans souci du long terme, comme Nestlé et les autres. seulement soucieux de business, d'autres gaspillent ou polluent comme si c'était un bien sans limites. Parfois la pollution peut être gravissime, comme à Flint ou ailleurs, par pur libéralisme. Le déficit en eau peut être générateur d'affrontements.                                                                             Dans certains cas, on peut se préparer au pire. L' eau c'est la vie. Elle est à son origine, elle la conditionne. Le développement démographique, la concentration urbaine posent de nombreux problèmes quant à sa distribution, dans certains centres urbains plus que dans d'autres, mais pas seulement. Il y a aussi la question de  l'accès à une eau rare dans certaines zônes de la planète et le risque de la voir se raréfier, notamment là où la fonte rapide de glaciers continue à  ce rythme.   Mais il n'y a pas seulement les conséquences d'une évolution climatique en cours, il y a aussi le problème de la distribution du précieux liquide. Surtout quand les marchands s'en mêlent. Les situations sont contrastées. "...La pénurie d'eau touche actuellement près de 700 millions de personnes dans 43 pays. En 2025, 1,8 milliard de personnes vivront dans des pays ou régions touchés par une pénurie d'eau complète et les deux tiers de la population mondiale pourrait vivre dans des conditions de stress hydrique. Selon le scénario actuel sur le changement climatique, près de la moitié de la population de la planète vivra dans des régions soumises à un fort stress hydrique d'ici 2030, dont entre 75 millions et 250 millions de personnes en Afrique. De plus, la pénurie d'eau dans certaines régions arides et semi-arides poussera entre 24 et 700 millions de personnes à se déplacer.. L'Afrique sub-saharienne est la région qui abrite le plus grand nombre de pays soumis au stress hydrique...."   La question de l'eau n'est pas seulement une question relevant d'évolutions naturelles, elle est aussi un problème social et politique, avec des enjeux géopolitiques. Les questions de surconsommation, de gaspillage sont souvent oubliés, ainsi que le manque d'investissements comme on le voit en Guadeloupe. L'eau est une bien commun, qui devrait échapper à la marchandisation:                              ______L'eau est trop précieuse pour être laissée aux marchands d'eau.  Elle est la source de la vie, LE bien public numéro 1  devrait relever partout d'une gestion commune  Elle ne devrait pas être une marchandise comme une autre, soumise aux règles du marché et de spéculation, de concurrence parfois effrénée.. Surtout quand elle devient une matière rare.    Or les capitaux se sont rués sur cette précieuse matière dont tout le monde a besoin. Un marché captif, par excellence. Certaines communes ont renoncé à entrer dans l'engrenage ou ont repris leurs droits à la gestion de l'eau et sont sorties de contrats léonins. Comme Paris.     Partout ailleurs, on assiste à une guerre des eaux entre compagnies privées, dont les actionnaires réclament une plus grande part de gâteau.      Deux méga-compagnies entre en guerre pour des profits maximaux: l'heure est à l'hyper-concentration, voire au monopole et on sait ce qui se passe quand un seul fait la loi sur le marché. Il y a de l'OPA dans l'air...

             Dans l'Ouest américain la situation tend à devenir critique, pour des raisons qui ne sont pas que naturelles. La Californie a du souci à se faire, quand NY se noie. Si le Parana tend à s'assécher, la déforestation y est pour quelque chose.                                                                                            Le réchauffement climatique a parfois bon dos,les périodes exceptionnellement pluvieuses aussi comme en Europe cette année. Il y eut des années sans été. Il faut relativiser. Si l'été fut pluvieux, d'autres précipitations bien plus importantes eurent lieu notamment  au début du 20°siècle: notamment à Epinal et surtout à Paris...Les grandes inondations en France sont parfois oubliées. Il ne faut toutefois confondre le climat, même sur une durée assez longue et les grandes tendances globales à l'échelle de la planète,...Mais une partie du problème est entre nos mains.

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Hôpitaux (suite)

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 Rappel          _____Ils sont au coeur de la crise sanitaire___

              C'est en effet le manque de moyens en capacité d'accueil, en nombre de lits de réanimation, de personnels qualifiés et suffisants qui déterminent les principales décisions politiques en matière de confinement, total ou partiel, de mesures diverses et variables concernant l'ensemble des dispositions à prendre pour freiner la propagation d'un virus toujours bien présent, même si on l'avait un peu oublié.       L'hôpital est donc le nerf de la guerre.

 

      Tout est dit dans cette analyse du système de santé tel qu'il est devenu, sous les injonctions managériales d'un libéralisme généralisé, et pas seulement en France. La réduction de lits se poursuit.

                                  ________"....La crise sanitaire déclenchée par la pandémie de Covid-19 a servi de révélateur à une crise bien plus ancienne et profonde : celle de l’hôpital public. Depuis 30 ans, progressivement, l’hôpital public a en effet basculé dans une nouvelle ère : celle de la « rentabilité ». Et pour réduire les dépenses, les gouvernements successifs ont lancé des dispositifs toujours plus contraignants comme le programme de médicalisation des systèmes d’information (PMSI)l’objectif national des dépenses d’assurance maladie (ONDAM) ou la tarification à l’activité (T2A)         Désormais, l’heure est au « lean management ». Issue du modèle de production automobile (Ford puis Toyota) et formalisée par un chercheur du Massachusetts Institute of Technology (MIT) dans les années 1980, cette méthode de pilotage des opérations vise à augmenter la productivité d’une entreprise en réduisant ses coûts de production, à travers l’élimination des gaspillages et le travail en flux tendu.                                      Depuis une vingtaine d’années, l’ONDAM alloue aux hôpitaux publics des budgets systématiquement inférieurs aux besoins réels, afin « d’optimiser les dépenses ». Entre 2002 et 2018, 69000 lits d’hôpitaux ont été supprimés, et cela malgré l’accroissement et le vieillissement de la population française. Le manque de liquidités a poussé les hôpitaux à se financer auprès des banques, faisant passer leur endettement de 9 à 30 milliards d’euros entre 2002 et 2013.      Le lean management ayant été poussé à l’extrême, la variable d’ajustement majeure est devenue le personnel soignant, dont les salaires sont parmi les plus bas de l’OCDE. Entre 2010 et 2017, la « productivité » de l’hôpital public a augmenté de 15 %, alors que ses effectifs n’ont augmenté que de 2 %. Et bien que la durée maximale de travail soit fixée à 48 heures par semaine par l’Union européenne, souvent les soignants sont dans l’incapacité de respecter cette limite, faute de personnel. L’AP-HP doit par exemple 1,3 million de RTTs à ses 72000 agents. Ce surmenage affecte à la fois la santé physique et la santé mentale des soignants.  Dans le milieu hospitalier, les arrêts maladie sont ainsi plus fréquents que dans tous les autres secteurs professionnels (10,2 jours par an, contre 7,9), et ces absences augmentent encore la charge de travail des soignants présents. Pire, on ne compte plus les cas de burnout, stress post-traumatique, démission voir même de suicide.     Autre problème de taille, dont les médias ont généralement peu parlé (à quelques exceptions près) : les événements indésirables associés aux soins, perturbant et retardant la prise en charge, et pouvant se traduire dans le pire des cas par une erreur médicale. À l’hôpital, comme dans tous les environnements de travail à risque, la gestion des risques passe par une culture de la sécurité, c’est-à-dire « un ensemble de valeurs et de pratiques partagées par les individus constituant et/ou contrôlant une organisation et établissant des normes comportementales ». Dans un système efficace, la culture de la sécurité est implémentée à tous les niveaux de la chaîne de commandes : des dirigeants de l’entreprise (ici les décideurs politiques et les directeurs d’hôpitaux) à l’opérateur de plus bas niveau (les soignants). Or l’application aveugle des principes du lean management – et notamment la diminution des coûts et l’augmentation de la productivité – va à l’encontre de la culture de la sécurité et augmentent de manière drastique le nombre d’erreurs médicales.                   En effet, plusieurs études ont démontré le lien entre le manque de personnel et de matériel d’une part, et l’augmentation des risques pour les patients d’autre part. Le lean management génère chez les soignants de fortes charges de travail, beaucoup de stress et d’importants niveaux de fatigue. Or ces trois facteurs affectant fortement les réflexes, l’attention, le raisonnement, les capacités de communication et de prise décision des soignants, ils constituent la principale cause d’erreurs médicales. Et la fatigue a sûrement l’effet le plus dévastateur, d’une part parce qu’elle est considérée normale en milieu hospitalier, et d’autre part parce que les soignants ont tendance à en sous-estimer son impact sur leurs performances.                                                                                 En principe, dans un environnement de travail à risque, les opérateurs doivent appliquer des procédures opérationnelles standards (SOPs en anglais) qui permettent de limiter le risque d’erreurs. À l’hôpital, ces SOPs doivent être suivies à la lettre, notamment pour prévenir les risques de contamination ou d’erreurs de prescription. Or la pression temporelle et le manque de matériel médical poussent parfois le personnel soignant à dévier des SOPs (parfois même sous la pression directe de leurs supérieurs hiérarchiques) et à prendre de gros risques, comme réutiliser des seringues à usage unique pour un même patient par exemple. Le respect des SOPs étant le meilleur indicateur de sécurité d’une organisation, nous voyons bien à quel point le lean management est inadapté au contexte de l’hôpital.      Beaucoup de soignants ont dénoncé ce système de management agressif et ses conséquences néfastes, sur eux comme sur les patients. Pris entre le marteau et l’enclume, les directeurs d’hôpitaux (même s’ils font part des difficultés croissantes qui sont les leurs) n’ont souvent d’autre choix que d’appliquer les directives décidées par leurs supérieurs hiérarchiques directs – à savoir les dirigeants politiques qui votent les budgets des hôpitaux publics.                                                                                                   D’un point de vue purement économique, on pourrait (peut-être ?) trouver ce type de management acceptable s’il permettait de faire de réelles économies. Mais en favorisant la survenue d’événements indésirables et d’erreurs médicales, il revient en réalité très cher. Un rapport américain en a en effet estimé que chaque année le coût des événements indésirables pour les hôpitaux américains était compris entre 17 et 29 milliards de dollars. Ce même rapport a montré que les erreurs médicales étaient la huitième cause de décès à l’hôpital, avec 44 000 à 98 000 morts par an aux États-Unis (sur 33,6 millions d’admissions).          Des résultats similaires ont été rapportés dans tous les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Or il est possible de changer de paradigme. En effet, en investissant massivement dans la prévention des événements indésirables, les États-Unis ont non seulement amélioré la sécurité à d’hôpital, mais aussi réalisé des milliards d’économies......."_____________
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Argent magique?

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 Il n'y en aurait pas ....

                            Sauf que ...ça dépend pour qui. Les aides à certaines entreprises peuvent tout à fait se justifier, dans certaines occasions, où elles peuvent être vitales, dans certains secteurs d'activité en difficulté passagère, fondamentales pour notre avenir et notre souveraineté économique, pour garantir un emploi pérenne dans certains cas. A certaines conditions et dans certains limites, comme il est parfois rappelé: qu'il y ait un droit de regard, un suivi et un contrôle sur les fonds (publics) avancés ou donnés, directement ou non. Il y a trop d'exemples de faveurs d'Etat, qui ont fait le bonheur de certaines entreprises, surtout les plus grosses, sans vrai pilotage, sans contreparties, parfois de manière douteuse. Il y a aussi les faveurs octroyées sans contrôle, de manière indirecte et parfois secrète, comme dans l'affaire Framatome ou les facilités accordées à Uber...Le problème est celui de l'opacité fréquente de ces aides et subventions, qui ne sont pas sans conséquences sur la redistribution sociale, les investissements, le fonctionnement des hôpitaux, des écoles...   


                                                                                                                                            ___ Point de vue:   " En 2018, Emmanuel Macron fustigeait « le pognon de dingue » dépensé par l’Etat dans les minima sociaux. Depuis cinq ans, ses différents gouvernements multiplient donc les coups de canif contre la protection sociale des Français, rognant cinq euros sur les APL, en économisant plus d’un milliard via la réforme de l’assurance chômage ou prévoyant d’obliger les bénéficiaires du RSA à travailler bénévolement 15 à 20 heures par semaines. Pour les entreprises en revanche, les aides publiques sont toujours plus nombreuses : de 2007 à 2018, elles ont augmenté trois fois plus vite que les aides sociales. Dans Un pognon de dingue mais pour qui ? L’argent magique de la pandémie (Seuil, 2022), les économistes Maxime Combes et Olivier Petitjean reviennent sur cette pluie de subventions et de baisses d’impôts qui assèche les finances publiques.....                                                                      Ces dernières années, avant même la pandémie de Covid-19, les aides publiques aux entreprises ont connu une inflation continue, déjà sans transparence et sans conditions sociales, fiscales ou écologiques. Le silence relatif qui accompagne cette augmentation apparemment inexorable contraste avec le battage médiatique sur les aides sociales et leurs coûts.    Au vu de [la] longue histoire [des aides publiques aux entreprises], on aurait pu s’attendre que le commissariat général du Plan, puis le Centre d’analyse stratégique et France Stratégie disposent d’indicateurs précis et stabilisés sur ce que coûte cet empilement d’aides à l’État et aux contribuables. Il n’en est rien. Nous n’avons aucun chiffrage global, rien qui ne permette d’analyser l’évolution des aides dans le temps, ni d’opérer des comparaisons régionales et internationales et encore moins d’évaluer leur efficacité. Évaluer précisément la facture globale des aides publiques au secteur privé n’est manifestement pas la priorité des pouvoirs publics, pas plus que celle d’une grande part de la recherche en économie. À peine sait-on dire combien d’aides il existe, mais sans qu’il ne soit possible d’avoir une évaluation précise et à jour de leurs montants.....                                                                                                                                 ... (Il est dénoncé) « un empilement de mécanismes voisins ou aux objectifs quasiment identiques », « des effets attendus qui ne résistent pas à l’évaluation par grandes masses » ou encore « une régulation du système faite de facto par les entreprises ». Ils précisent même que les efforts de « mise en cohérence et d’amélioration de l’efficience des aides » ne sont que trop rares, et constatent « un fort déficit de pilotage et de régulation de la politique d’aides publiques aux entreprises ». Ils préconisent enfin « un processus d’évaluation régulière des dispositifs d’aides publiques aux entreprises » et de « ne créer aucun dispositif nouveau sans évaluation préalable des dispositifs existants pour la finalité considérée ». Voilà qui aurait déjà dû justifier une complète remise à plat des milliers de dispositifs d’aides publiques, mais celle-ci n’a jamais eu lieu.     Pire. La crise de 2008-2009 a considérablement accru le volume des aides. C’est au détour d’un autre rapport, publié par l’IGF en juin 2013 et visant à simplifier et rendre plus efficaces les aides aux entreprises, que l’on apprend que l’intervention publique en leur faveur atteint désormais les 110 milliards d’euros. C’est une augmentation de 57 % en à peine six ans. Elle s’explique en partie par l’extension continue des dispositifs existants, mais aussi par les aides débloquées pour faire face à la crise économique et financière de 2008, notamment celles regroupées dans le plan de relance de Nicolas Sarkozy de 2008.    Outre des remboursements anticipés de CIR, de TVA et d’impôt sur les sociétés pour un montant total de 11,5 milliards d’euros, ce plan de relance exonérait totalement les entreprises de moins de 10 salariés de la totalité des charges patronales pour des embauches réalisées en 2009 jusqu’à hauteur de 1,6 fois le Smic. Le rapport, dit rapport Queyranne du nom du président d’alors de la région Rhône-Alpes, juge l’ensemble « faiblement piloté et insuffisamment évalué », recommandant « de disposer des instruments permettant de suivre avec plus de précision le coût et les effets de ces multiples dispositifs sédimentés, obsolètes et souvent inefficaces ».     Depuis 2013, de nouveaux transferts de richesse vers les entreprises privées sont venus s’ajouter aux dispositifs existants. Malheureusement, aucun nouveau chiffrage global n’a été publié. On en est réduit à des évaluations au doigt mouillé. Puisque le Pacte de responsabilité et le Crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE), pour un montant total de 40 milliards d’euros par an, sont les mesures les plus coûteuses adoptées depuis sous la présidence de François Hollande, il est tentant de les ajouter aux 110 milliards de 2013 et d’évaluer le tout à environ 150 milliards d’euros en 2017, à la fin du quinquennat.   Bercy ne dit pas le contraire : au détour d’une interview, en mai 2018, Gérald Darmanin, alors ministre de l’Action et des Comptes Publics, indiquait que les aides aux entreprises représentaient « 140 milliards d’euros chaque année ». Quatre ans plus tard, malgré des demandes réitérées de la part de journalistes, experts et parlementaires, Bercy n’a toujours pas publié de nouvelle évaluation....                       Que peut-on en conclure ? D’abord, que ces transferts de richesse aux entreprises ont encore augmenté de 27 % entre 2013 et 2018. Ensuite, que ces 140 milliards d’euros équivalent au montant agrégé des aides sociales (allocations familiales, pauvreté, chômage et aides au logement) versées par l’État en 2018.    Cette comparaison est plus que justifiée. Il faut en effet se souvenir que l’expression « pognon de dingue » est devenue virale suite à une vidéo d’Emmanuel Macron diffusée à dessein pour faire le buzz sur les réseaux sociaux le 12 juin 2018 : on y voit le président de la République lors d’une réunion de travail à l’Élysée affirmer « mettre un pognon de dingue dans des minima sociaux » alors que « les gens ils sont quand même pauvres ".   Si l’on compare l’évolution des deux chiffres au cours des quinze dernières années, on constate en outre que « le pognon de dingue » destiné au secteur privé augmente bien plus vite que les aides sociales. En 2018, les aides aux entreprises représentaient l’équivalent de 5,6 % du PIB, en augmentation de 215 % sur un tout petit peu plus de 10 ans, soit une croissance annuelle moyenne de 7,2 % par an. C’est énorme.                                Rares sont les grandeurs économiques qui augmentent à un tel rythme moyen pendant plus de dix ans. Surtout quand il s’agit de dépenses publiques, que tous les gouvernements disent vouloir compresser. De leur côté, les aides sociales dont le périmètre a déjà été évoqué, qui représentaient près de 108 milliards d’euros en 2007, n’ont crû que de 31 % sur la même période, soit 2,5 % par an. Les aides publiques aux entreprises ont donc progressé trois fois plus vite que les aides sociales entre 2007 et 2018.   Poursuivons la comparaison. Dès qu’une dépense sociale augmente un peu plus vite que le PIB, nombreux sont ceux qui dénoncent la gabegie d’argent public ou, à tout le moins, son caractère insoutenable au regard de la richesse nationale. Dans le cas présent, entre 2007 et 2018, le le PIB n’augmentait que de 1,5 % par an en moyenne, soit près de cinq fois moins vite que le montant des aides publiques au secteur privé (7,2 %), sans que cela n’émeuve personne, et surtout pas celles et ceux si enclins à dénoncer le poids des dépenses sociales.     Ainsi, on entend souvent dire que le coût de l’assurance-chômage pour les finances publiques est beaucoup trop lourd. Selon les données du ministère du Travail, 45 milliards d’euros étaient alloués aux chômeurs en 2019… contre près de 75 milliards d’euros en allègement du coût du travail qui bénéficient essentiellement aux entreprises privées : à se demander qui sont les véritables assistés.  Voilà donc de quoi tordre le cou à un bon nombre d’idées reçues. Depuis 20 ans, les politiques de restriction des dépenses sociales et de financements des services publics ont été justifiées par le risque d’accroissement des déficits budgétaires. Il n’a jamais été mentionné que les transferts de richesse des pouvoirs publics vers les entreprises privées jouent un rôle relatif sans doute bien plus important dans l’augmentation des dépenses publiques au cours des 15 dernières années que les transferts sociaux.   Comment des économistes, des éditorialistes et le personnel politique ont-ils pu asséner pendant des années qu’il n’existait aucune marge de manœuvre budgétaire pour réviser à la hausse les minimas sociaux alors que dans le même temps les aides publiques aux entreprises augmentaient de 7,2 % par an, laissant se sédimenter des centaines de dispositifs, pour une grande partie inefficaces ?   D’autant que cette explosion des aides au secteur privé s’est accompagnée d’un puissant transfert de la charge du financement du budget de l’État. Alors que les ménages et entreprises contribuaient à peu près de façon proportionnelle il y a encore dix ans, les entreprises ont été bien moins mises à contribution que les ménages depuis."       _____________________________________

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Gafas: en finir?...

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

Quand les Gafas montent, montent encore...
                               La crise les a encore fait fructifier..  Et pas qu'un peu...
      Leur situation de monopoles commence enfin à faire problème même aux USA.
 Mais dans des termes purement verbaux, moraux  ou juridiques, de manière assez naïve. Du déjà vu...A une autre époque, des lois anti-trust firent un peu le ménage pour briser des concurrences faussées. (*)
     Une ènième commission d'enquête, pour dire tout  ce que le monde sait. Pourtant, on les a encouragés à se développer sans frein. Jusqu'au moment où leur position dominante pose des problèmes de gouvernance générale, culturelle et politique.

 

    "....Les membres démocrates de la commission se sont principalement concentrés sur le modèle économique des géants de la tech.  Ils ont tenté de prouver que ces groupes utilisent les montagnes de données personnelles à leur disposition et des acquisitions de concurrents pour empêcher, illégalement, tout compétiteur d’émerger, au détriment des consommateurs, des citoyens, de l’innovation et de la démocratie.  « Google est devenu le portail d’accès à internet et abuse de son pouvoir », a argumenté David Cicilline après une série de questions à Sundar Pichai.  « C’est devenu un jardin clôturé […] qui s’assure, virtuellement, que toute entreprise qui veut être trouvée en ligne doive payer une taxe à Google. »..".
    L'Europe, en ordre dispersé comme d'habitude, recule devant des mesures pourtant si peu contraignantes.
       L'empire numérique ne cesse de s'étendre sur la planète.
    Entre fascination et critiques, nous assistons à une montée en puissance qui finit par coloniser une partie toujours plus grande de la vie des hommes, avec ou sans leur consentement.   Pour le meilleur et pour le pire. De la gestion des affaires, plus efficace, à la recherche pointue, jusqu'aux techniques de surveillance collective ou individuelle.
  Leur pouvoir sans cesse croissant, pas toujours visible, ne cesse de poser problème, comme les avancées fulgurantes et les ambitions de Jeff Bezos ainsi que les prétentions du patron de Facebook.
     La position dominante des gafa inquiète, à juste titre, les Etats ayant peu de prise sur leurs pouvoirs, leurs stratégies, leurs pratiques financières, ignorantes des frontières.
  La fameuse taxe gafa met les gouvernements en émoi: il semble bien légitime de taxer les bénéfices réalisés dans les pays où opèrent avec profit les mastodontes de la Silicon Valley ou de Seattle. Dans ce rapport de force qui commence à peine, assistons nous à une trève ou à un recul devant des géants qui minorent leurs profits?
  La bataille est lancée, incertaine, trop limitée. Lemaire monte au créneau puis recule, face aux désaccords européns. La victoire sera collective ou ne sera pas.
    Le gouvernement britannique montre l'exemple et s'engage. Durablement?
..Il vient d’abord d’annoncer que, dès sa sortie de l’Union européenne, il allait taxer les géants du numérique, tels Google, Amazon et Facebook, à hauteur de 2% des revenus réalisés sur le territoire britannique. Cette taxe (Digital Services Tax) devrait rapporter 500 millions de dollars par an dès 2019. Le Chancelier de l’Echiquier a affirmé qu’il est temps que les Etats cessent d’agir comme si les multinationales étaient trop grosses pour que l’on puisse les contrôler…
    La France plie devant les USA. Pour l'Europe, c'est loin d'être gagné malgré les bonnes intentions, les exigences plutôt modestes. Aveu d'impuissance. L'union fait ici la paralysie.       L'impasse risque de durer. Une reddition en rase campagne, face au pouvoir et au lobbying.
    .L'Europe a joué naïvement la subordination.
 La protection des données, sujet sensible s'il en est pour la souveraineté des pays, reste encore un voeu pieux. Pour éviter une accentuation d'un certain capitalisme de surveillance et de plus grandes dépendances stratégiques.
       Ce sont les prérogatives de l'Etat et son autonomie qui sont de plus en plus en jeu. Au mépris même de la démocratie, étant données les prises de parti libertarienne de ces géants.
   Il faudra du temps pour générer des alternatives à la toute puissance des gafas, qui ont toujours un temps d'avance.

_____(*) "...__Il est temps pour les citoyens de toutes les démocraties de dépasser l'idée selon laquelle, pour obliger les plateformes monopolistiques à adopter un comportement respectueux concernant nos façons d'interagir, d'échanger des informations ou nos activités de manière globale, nous ne pouvons qu'exercer de légères contraintes et taxer les plateformes monopolistiques. Comme les générations précédentes l'ont prouvé, nous devons aujourd'hui imposer un ensemble de règles qui garantissent que les actions de celles-ci ne mettront plus jamais en danger nos démocraties ou nos libertés individuelles. Plus tôt nous agirons, plus aisée sera la tâche...."
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Services publics et intérêt général

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Il serait temps de faire à nouveau l'éloge du service public.

          Car de plus en plus, pas seulement en France, des secteurs d'activité d'intérêt général sont réduits ou sacrifiés sur l'autel des intérêts privés, directement ou indirectement, au nom d'un marché prétendument régulateur et facteur de progrès. Même au niveau de certaines missions ministérielles (recours à des cabinets privés.)  La doctrine reaganienne est passée par là...  jusque dans les couloirs de l'hôpital et des laboratoires pharmaceutiques...   


                                                                                                        "...Qui veut la peau des services publics? Comment s’en sortent les agents qui ne parviennent plus à faire leur métier du fait des réorganisations incessantes, du management par les indicateurs et le reporting ? Quel impact cela a-t-il sur les usagers ? C’est à toutes ces questions que Claire Lemercier, historienne, Julie Gervais, politiste, et Willy Pelletier, sociologue, ont répondu au terme d’enquêtes au long cours, dans La valeur du service public (La Découverte, 2021). A partir de nombreux témoignages, ils montrent les conséquences des politiques mises en œuvre par une nouvelle noblesse d’Etat, qu’ils nomment la « noblesse managériale public-privé », formée dans les nouvelles écoles du pouvoir et coupée des réalités du terrain. Entretien avec Claire Lemercier et Willy Pelletier...."                                                              Il a raison, Jacques. C'est tout Bon...Même si ses constats viennent un peu tard et qu' il ne suffit pas de le proclamer. Et il n'est pas le premier.  C'est le constat sur le terrain de pas mal d'élus locaux depuis quelques années.

 

     ____Les services publics reculent, à tous les niveaux, se dégradent et engendrent une fracture qui ne peut que s' accentuer, si rien n'est fait. (*)
     C'était une des thématiques récentes des gilets jaunes de province. Il existe de plus en plus de zônes grises, de quasi-déserts administratifs, médicaux, etc...qui, comme un cercle vicieux, entraînent une perte de substance, en même temps qu'un sentiment d'abandon, reléguant de plus en plus de gens en seconde zône,  surtout quand se sont envolés les emplois industriels locaux.
  Une France à deux vitesses. On en prend le chemin, quand ce n'est pas déjà accompli. Il suffit de visiter les Ardennes ou la Meuse.
   Et il n'y a pas que la poste ou les centres de soins locaux qui sont concernés.
     C'est tout le lien social qui est affecté.
  La numérisation des données ne va pas remédier à ces choix le plus souvent faits hors concertation. Il faut être équipé, connecté, formé et la majorité vieillissante de la population rurale se trouve exclue d'emblée de certains services.
      La fracture numérique renforce de fait les inégalités.
  On a voulu  moderniser, financer le présent à court terme, privatiser de plus en plus, donner le pas aux conurbations urbaines, faire de la voiture le moyen d'aller plus loin se faire soigner, remplir une démarche administrative, etc...

    On a voulu réduire la voilure d' l'Etat, jugé trop obèse, sous l'influence de la pensée néolibérale de Hayek, devenu un dogme indiscuté. Maggie a montré le chemin.
   On a progressivement porté atteinte  aux  services publics, sous des prétextes les plus fallacieux.
    Le dégraissage fut à l'ordre du jour et se poursuit. On en voit les effets.
     Pendant ce temps, on fermait les yeux sur l'évasion ou la fraude fiscale, on réduisait les impôts des plus favorisés, on  soutenait de grandes entreprises sans le moindre contrôle, on se lançait sans frein dans des investissements problématiquement productifs, etc....
____________

  (*)    "....Ces maux ne datent pas d’hier et « renvoient souvent à des problèmes plus profonds, d’ordre systémique. Ils constituent les “signaux faibles” émis par la société française, souvent “invisibles” des responsables politiques et administratifs nationaux, faute d’être appréhendés de manière globale ». La réduction du périmètre des services publics, les réductions budgétaires d’un côté et la progression de la pauvreté et de l’exclusion de l’autre ont des effets dévastateurs sur la cohésion sociale. Résultat, « en 2018, le Défenseur des droits a constaté, une fois encore, (…) les effets néfastes de l’évanescence croissante des services publics sur les personnes pour lesquelles ils constituent souvent le principal recours ».       Cette évanescence est tout d’abord le fruit d’une réduction du « périmètre des services publics » par « la privatisation des services organisés en réseau, tels que la poste, les télécommunications, l’eau, le gaz, l’électricité, les services urbains ou les transports publics ».       Parallèlement à cette privatisation, l’État s’est également déchargé de ses obligations en déléguant « certains services publics, en particulier dans le domaine de l’action sociale et de l’aide à domicile des personnes en perte d’autonomie » à « des associations à but non lucratif de plus en plus mises en concurrence avec des sociétés privées dans le cadre de procédures d’appel d’offres où les critères financiers s’avèrent prédominants ».       Les services publics restant sous le giron de l’État ont quant à eux été « confrontés à une restriction de leurs moyens budgétaires, y compris dans le domaine social, couplée à une transformation de leurs modes d’intervention appelés à être plus efficients ».         Affaiblis par la réduction de leur périmètre et de leurs budgets, les services publics ont cependant dû faire face « au développement des inégalités, de l’exclusion de la pauvreté », explique le rapport. « Les personnes “exclues” sont apparues massivement dans les services publics : non seulement aux guichets des services sociaux et des organismes de logement, mais également dans les services de santé, d’éducation, dans la justice, etc., tous sont confrontés à la multiplication de situations d’urgence. »       Et beaucoup d’administrations n’ont pas les moyens de faire face à l’afflux de demandes. « Confrontés à l’essor de la pauvreté, les services publics, en particulier sociaux, ont tenté de faire face à l’afflux des demandes en développant le traitement de masse de dossiers, explique le rapport. La standardisation des modes de traitement des demandes de prestation d’allocations ou de pensions, alliée au souci de performance des différents opérateurs évalués à partir d’objectifs quantifiables et statistiques, fait obstacle au traitement individualisé des dossiers. Or les situations individuelles des personnes les plus précaires, qui constituent des cas d’urgence majeurs, sont souvent complexes. »      Le rapport cite particulièrement l’exemple « des réformes successives des régimes de retraite mises en œuvre à partir de 1993. Les évolutions législatives se sont enchaînées à un rythme soutenu. Elles ont systématiquement entraîné une augmentation du nombre de départs à la retraite et des demandes de pension que de nombreux organismes n’ont pas été en mesure de gérer dans des délais raisonnables (…). Des personnes assurées sont ainsi restées dans l’attente de la liquidation effective de leur avantage vieillesse plusieurs mois après leur cessation d’activité, ce qui, pour celles à revenus modestes, a pu poser des difficultés insurmontables ».        Le rapport du Défenseur des droits s’inquiète également d’une « répartition géographique des services publics décorrélée des besoins des usagers »« Derrière la logique budgétaire et le souci de rationalisation qui conduisent à la fermeture de guichets de services publics dont dépend l’accès aux droits des personnes les plus précaires, se profilent de nombreuses situations individuelles », prévient-il...."

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Qui arrêtera le sultan?

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

Le nostalgique de l'empire ottoman avance ses pions.
                  Sans grande résistance, jouant sur le laisser-faire de puissances qui le contestent du bout des lèvres ou parfois se font complices de ses ambitions.


      Dans le bourbier syrien, il a été à la manoeuvre, par des alliances opportunistes et des engagements politiques et symboliques, en faisant chanter l'Europe, couvert des derniers oripeaux de l'OTAN.
         ";.. La résurrection de Sainte-Sophie est annonciatrice de la libération de la mosquée Al-Aqsa », le troisième lieu saint de l’Islam, occupé par Israël à Jérusalem-Est depuis 1967. Il n’y a au fond rien de panislamique dans cette rodomontade, mais une volonté affichée de se poser en chef de file de la défense des droits bafoués des Musulmans. La période s’y prête, alors que le monde arabe assiste désemparé aux grandes manoeuvres de Trump et de Nétanyahou pour enterrer une fois pour toutes un Etat palestinien digne de ce nom...."
     Sûr de son fait, il joue sur tous les tableaux, occupant l'espace déserté ou en situation de chaos, jouant la carte intérieure pré-Atatürk.
   La politique du double-jeu se poursuit depuis l'engagement syrien louvoyant, les alliances souvent éphémères, les menaces occasionnelles. L'homme d'Ankara tente de déstabiliser la région à son avantage, profitant du chaos étasuniens et de l'indifférence de Moscou.
    La logique du Traité de sèvres est implicitement en question, avec l'ambition d'une reconquête d'un prestige passé, même largement mythique. La laïcité qui a suivi le dépeçage est évidemment en cause depuis longtemps.
   Les pressions intérieures contre les diverses formes de libertés individuelles et collectives se renforcent.
   Son influence s'étend au gré des conflits, des influences et des réseaux.
            Mais quand l'Europe se soumet ou se démet, quels freins peuvent être mis à une volonté d'expansion aussi affichée? Sans opposition harmonisée, c'est un jeu d'enfant cynique pour Erdogan d'avancer ses pions.
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Un déclin américain?

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Il y a déclin et déclin...

                       Il y a l'effacement progressif de l'empire, la réduction de ses zônes d'influence, de l'hégémonie économique, culturelle comme militaire, la dégradation d'une image survendue, et l'effondrement annoncé... La droite américaine joue sur ce tableau, comme Trump, prêcheur du retour (largement mythique) de la puissance perdue, repliée sur l'idéal de l'America first. Le thème est cyclique, mais il prend un autre sens aujourd'hui sous la plume critique de Paul Kennedy ou JR Mc Arthur, par exemple. L'hégémonie du dollar est sur le déclin. Combien de temps encore l'oncle Sam battra-t-il monnaie à sa fantaisie et quand cessera sa fonction de gendarme du monde?

 

 

Point de vue:   "...« Je ne veux pas de seconde place pour les États-Unis d'Amérique ». Cette simple phrase - prononcée avec éclat par Barack Obama lors de son premier discours sur l'état de l'Union, en janvier 2010 - résume en quelques mots l'horizon stratégique américain actuel.  Depuis des décennies, les États-Unis connaissent un déclin relatif, politique, intellectuel et économique, avec la perspective d'être un jour dépassés par une puissance rivale. Leur principal problème, cependant, n'est pas ce déclin relatif en lui-même, qui est un phénomène naturel, mais bien l'incapacité à le reconnaître, que ce soit par orgueil, par calcul électoral ou par simple ignorance.    En 1986, dans son ouvrage magistral The Rise and Fall of the Great Powers, Paul Kennedy expliquait que les grandes puissances émergent et tombent précisément à cause de leur croissance inégale : c'est donc la relation entre leurs différents taux de croissance qui, « à long terme », est déterminante.                  À l'exception de quelques brèves périodes de récession, les États-Unis n'ont jamais cessé de croître. Depuis les années 1950 cependant, leur croissance est plus lente que celle de la plupart des autres pays du monde : ils connaissent donc un déclin relatif.   Entre 1960 et 2020, leur PIB réel (c'est-à-dire en dollars constants) a été multiplié par cinq et demi, mais, au cours de la même période, le PIB du reste du monde a été multiplié par huit et demi : ainsi, alors que l'économie américaine a continué à croître en termes absolus, celles de ses rivales ont progressé plus rapidement. De plus, si on la compare à son principal rival, la Chine, l'écart de croissance est abyssal : alors que l'économie américaine connaissait une croissance multipliée de cinq fois et demi, celle de la Chine était multipliée par 92 fois. En d'autres termes, en 1960, l'économie américaine équivalait à celle de 22 fois la Chine or, en 2020, elle ne « pèsera » que 1,3 fois la Chine.           Ce déclin relatif du poids économique et productif des États-Unis se traduit finalement par un rétrécissement des marges d'action politique, en raison du phénomène dit d'« overstretching », qui est à l'origine de la chute de certains grands empires (de l'Empire romain à l'Empire russe). La surextension (overstretching) a lieu quand les ressources à disposition ne permettent plus de tenir les engagements pris lorsque les ressources étaient supérieures.      En d'autres termes, les intérêts et obligations mondiales que les États-Unis pouvaient se permettre de défendre avec un PIB de près de 3,46 trillions de dollars en 1960, ne pouvaient pas tous être défendus simultanément en 1986 avec un PIB de 8,6 trillions de dollars, et encore moins aujourd'hui, malgré un PIB approchant les 22,9 trillions de dollars en 2021. Ce paradoxe n'est qu'apparent : alors que le PIB américain en 1960 représentait presque la moitié (46,7 %) du PIB du reste du monde, en 2020, il était devenu moins d'un tiers (30,8 %).      L'analyse prémonitoire de Paul Kennedy a malheureusement souffert d'un mauvais calendrier. Trois ans après la sortie de son livre, les régimes prorusses en Europe se sont effondrés. Quatre ans plus tard, la première des « décennies perdues » du Japon et cinq ans plus tard, la guerre du Golfe (pour laquelle Washington a réuni l'une des plus grandes coalitions militaires de l'histoire) a éclaté. À la fin de cette même année 1991, l'Union soviétique, a implosé.    La deuxième puissance économique mondiale (le Japon) connaissant un fort ralentissement, et avec la disparition de l'Union soviétique, le déclin relatif du PIB américain a bénéficié d'un (léger et bref) renversement de tendance.    En conséquence, le livre de Paul Kennedy fut oublié.     Commença alors une période où les États-Unis étaient persuadés d'être la « seule superpuissance » dans un monde unipolaire, croyant pouvoir remodeler le monde à leur image alors qu'ils n'en avaient plus la force et que de nouveaux concurrents commençaient à montrer leurs muscles. Le déclin relatif des États-Unis ne dépendait pas uniquement du Japon, et certainement pas de l'URSS, mais de la tendance inéluctable à un développement inégal. Ainsi, alors que Kennedy montrait la lune, le monde se contentait de regarder son doigt.        Certains dirigeants américains, comme George Bush et Bill Clinton, ont profité de l'accident pour s'attaquer à la substance : la guerre du Golfe fut le premier épisode, l'intervention en Bosnie fut le suivant et l'élargissement de l'OTAN à l'est en fut un autre, pour ne mentionner qu'eux.   Il faut également mentionner ici la réouverture progressive à la Chine après la crise de Tian'anmen - aujourd'hui critiquée par tout le monde en Amérique, mais largement célébrée à l'époque, ne serait-ce que pour éviter de laisser la Chine s'ouvrir aux seuls investisseurs Européens et Japonais.        L'élargissement de l'OTAN dans les années 1990 a de nouveau été propulsé au centre du débat international à la suite de l'invasion russe de l'Ukraine. Pour les Russes et leurs alliés, cet élargissement est le « péché originel » dont tout a découlé, faisant porter, disent-ils, l'entière responsabilité de « l'opération militaire spéciale » de Vladimir Poutine sur les épaules de Washington.    Comme dans toutes les idéologies, il y a, dans la version russe, une pincée de vérité (qui les rend plausibles). Il s'agit là de la décision unilatérale de Washington de se positionner, par le biais de l'OTAN, dans les nations d'Europe centrale et orientale nouvellement libérées du joug russe.      Afin de remettre les choses dans leur contexte, nous devons rappeler l'expansion de l'Union européenne dans ces mêmes territoires. L'expansion de l'OTAN a toujours précédé celle de l'UE. Aux yeux des Américains, les États tampons entre la Russie et le cœur de l'Europe, qui étaient au centre des préoccupations américaines après les deux guerres mondiales et qui sont à nouveau d'une actualité brûlante, ne peuvent être laissés au contrôle exclusif de l'Union européenne car sinon ils cesseraient d'être un tampon.      Si les États-Unis ont un objectif stratégique incontestable, c'est précisément d'empêcher l'Europe (ou, pour être réaliste, l'Allemagne et/ou tout groupe de pays centrés sur l'Allemagne) d'établir une quelconque coopération avec la Russie.       Depuis qu'ils ont remplacé le Royaume-Uni en tant que puissance hégémonique mondiale, les Américains ont hérité de l'une de ses théories les plus célèbres : la théorie du « heartland » formulée par Sir Halford Mackinder, selon laquelle si l'Europe de l'Est (donc l'Allemagne) prend le contrôle du « heartland » (donc la Russie), elle dominera l'Eurasie, et donc le monde.      La thèse de Mackinder a été reprise pendant la Seconde Guerre mondiale par Nicholas Spykman, un politologue de Yale d'origine néerlandaise, qui l'a transformée en théorie du « rimland », c'est-à-dire d'un « anneau » de pays qui pourrait entourer le « heartland ».   Dans la formulation de Spykman, le contrôle de cet anneau devient crucial pour le contrôle du monde. Cette thèse a été traduite plus tard dans la politique d'endiguement formulée par George Kennan.                                                                  Après la guerre, la préoccupation concernant une éventuelle union continentale eurasienne capable de défier, et finalement de renverser, leur hégémonie mondiale était donc passée des Britanniques aux Américains. Comme Henry Kissinger l'a ouvertement confirmé :    « Dans la première moitié du XXe siècle, les États-Unis ont mené deux guerres pour empêcher la domination de l'Europe par un adversaire potentiel... Dans la seconde moitié du XXe siècle (en fait, à partir de 1941), les États-Unis ont ensuite mené trois guerres pour revendiquer le même principe en Asie - contre le Japon, en Corée et au Vietnam ».    Adieu les notions de « mission civilisatrice » de « défense de la liberté », « d'arsenal de la démocratie », ou de guerre contre le militarisme, le fascisme ou le communisme...    Lorsqu'en 2011, Vladimir Poutine a lancé sa proposition d'Union eurasienne (l'une des nombreuses tentatives de recomposition de l'empire russe), destinée à devenir une « composante essentielle de la Grande Europe... de Lisbonne à Vladivostok », la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton, a réagi promptement et franchement :  « Il y a un mouvement de résoviétisation de la région. On ne va pas l'appeler comme ça. Cela va s'appeler une union douanière, cela va s'appeler Union eurasienne et tout ça... Mais ne nous y trompons pas. Nous savons quel est l'objectif, et nous essayons de trouver des moyens efficaces de le ralentir ou de l'empêcher. »      Si le risque, redouté par Mackinder, Spykman, Kennan, Kissinger, et Clinton, est celui d'une possible union des forces entre une grande puissance industrielle et le « cœur » russe, il est évident que la menace pour les États-Unis vient aujourd'hui davantage de la Chine que de l'Europe ou du Japon.    Ainsi, la tentative de creuser un fossé entre la Chine et la Russie est sans aucun doute l'une des priorités stratégiques des États-Unis, sinon LA priorité stratégique.     Avec la guerre qui a commencé le 24 février, la Russie a rendu deux grands services aux États-Unis : elle a réunifié, élargi et réarmé l'OTAN, supprimant la possibilité d'un accord avec l'Europe ou même avec seulement quelques pays européens et elle a renforcé la méfiance de Pékin envers Moscou.      Les Américains en profitent, mais une stratégie ne peut être construite sur les bévues d'un adversaire. Le fait qu'il existe une stratégie imposée par les circonstances (éviter « la deuxième place pour les États-Unis d'Amérique », selon les mots d'Obama) ne signifie pas pour autant qu'il y ait une stratégie consciente et clairement définie.  « Il n'y a pas de vent favorable pour le marin qui ne sait pas où aller », disait sagement Sénèque, et les États-Unis ressemblent à ce marin : leur déclin relatif n'a pas encore été identifié comme tel, et sa fracture politique interne signifie que toute hypothèse stratégique possible risque d'être modifiée - voire renversée - tous les quatre ans.  En outre, une grande partie de la classe politique du pays se nourrit encore de la fable racontée par Karl Rove, conseiller de G.W. Bush, il y a près de vingt ans :   « Lorsque nous agissons, nous créons notre propre réalité » et pendant que les spécialistes se démènent pour étudier ou déchiffrer cette réalité, « nous agirons à nouveau (au gré du contexte NDLR), créant d'autres nouvelles réalités. »    Aujourd'hui, les quelques milliers de « Rove » présents dans la classe politique américaine rendent à leur pays le même service que les conseillers de Poutine rendent au leur : avec leurs bonnes intentions et leur ignorance des contraintes géopolitiques, ils pavent la voie vers ce qui pourrait très vite devenir un enfer."   __________

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Ehpads's business

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 

          Après l'or noir en déclin, voici le temps de l'or gris.
                Celui de l'extrême vieillesse et de la dépendance, qui donne lieu trop souvent à un marché lucratif.
   Le plus souvent, surtout dans le secteur entièrement privatisé, où il est conseillé d'investir (comme dans le secteur de l'industrie pharmaceutique, sans doute le plus profitable).


    C'est un marché qui ne pourra que grandir un peu partout, vues les évolutions démographiques, notamment en Europe. De très bons dividendes promis très souvent. Des marges confortables. Korian caracole en tête.
     Un nouveau business est né et se développe. Des Ehpad privés, parfois de luxe, où les services ne sont pas meilleurs qu'ailleurs, dans le secteur public ou semi-public. L'épisode passée de la crise que nous vivons a montré il y a quelques mois dans quelle situation d'abandon beaucoup se sont retrouvés du point de vue sanitaire et humain.
      Une nouvelle poule aux oeufs d'or se développe, sans que l'Etat, malgré ses aides, ne s'oppose. Au contraire, il a laissé la finance investir ce nouveau terrain prometteur..
                                    Il a fallu attendre début avril pour que les résidents décédés commencent à être comptabilisés comme victimes du coronavirus et il a fallu du temps pour que le personnel des Ehpads soient préparés et équipés ne serait-ce que de simples masques. Une imprévoyance? Non, une faute .  Certains avaient anticipé une hécatombe possible. Elle n'a pas eu lieu, mais avec le bilan provisoire, très lourd, on peut estimer que les victimes représentent une moitié des touchés mortellement par le virus fatal.


      "...Il faudra plusieurs mois, peut-être des années, pour que les experts établissent avec précision le vrai bilan du Covid-19. En attendant, le comptage quotidien de Jérôme Salomon, le directeur général de la santé, n'est qu'une estimation assez grossière, particulièrement en ce qui concerne les chiffres des Ehpad. « C'est forcément plus. Ne serait-ce que parce que la plateforme de comptage mise en place par le gouvernement fin mars ne repose que sur les signalements des établissements », constate Nathalie Maubourguet, présidente de la Fédération française des associations de médecins coordonnateurs en Ehpad. Ce médecin a interrogé ses confrères. Aucun d'entre eux n'a lui-même effectué de signalements, laissés à la charge des directeurs, pas toujours pressés, selon elle, de « singulariser » ainsi leur site… Autre indice de la sous-estimation : ces témoignages de salariés des pompes funèbres, qui voient pulluler, ces dernières semaines, des certificats de décès comportant la seule mention de « détresse respiratoire », sans la case Covid. « On nous a remonté de nombreux cas », affirme Claudette Brialix, présidente de la Fédération nationale des associations et amis des personnes âgées et de leurs familles (Fnapaef)....."
   Déjà, nos anciens relevaient de soins et de traitements pas toujours exemplaires, vu le manque de moyens, surtout en personnel, et donc le temps à leur consacrer était notoirement insuffisant, pour ne parler que des seuls soins.. La gestion de certains établissements, avec des aides d'Etat,  étaient surtout commandée par la loi du profit.  
    Un juteux marché pour des groupes privés, profitant de la manne commune et parfois d'astronomiques loyers, que beaucoup de famille ne peuvent assurer. Malgré les moyens, ils n'ont pas été traités là mieux qu'ailleurs.
    La "gestion" des aînés n'a pas été exemplaire, c'est le moins qu'on puisse dire. Surtout en cette période dangereuse où les précautions auraient dû être redoublées. Certains médecins avaient bien anticipé le désastre potentiel.
    Le marché de l'or gris a produit des dérives, malgré les progrès sur la prise en charge des plus dépendants.    
 Les actionnaires n'ont sans doute aucune idée de ce que leur gain a pu produire indirectement comme
désastre humain. La crise sanitaire a agi comme un révélateur. Il y a vieillir et vieillir....
             ___Depuis la création de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) et de la Journée nationale de solidarité (lundi de Pentecôte) après la ­canicule de 2003, l’argent ne manque pas. Les maisons de retraite se partagent 8,2 milliards d’euros. Une somme qui profite également aux établissements privés, financés par de l’argent public à hauteur de 3,9 milliards d’euros. L’Etat, lui, semble avoir le plus grand mal à contrôler ce qui se passe derrière ces murs. Là où nous conduit cet excellent documentaire, hélas diffusé tardivement, en deuxième partie de soirée.   [Maisons de retraite : les secrets d’un gros business, de Xavier Deleu (Fr., 2017, 70 min)]
                                              ___________________________________

 
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Chine: lobbying en France

Publié le par Jean-Etienne ZEN

           Jusqu'où?

                               Sans parler forcément de lobbying au sens strict, on peut évoquer les courants d'influence ayant parfois pignon sur rue entre l'Empire du Milieu et le pays de Jeanne d'Arc. Certes, les affaires sont les affaires, mais certaines relations dépassent le simple business as usual. On se rappelle de l'affaire Huawei, qui a défrayé la chronique en cherchant à imposer ses normes et ses lois dans différents pays, dont le nôtre. Il ne s'agissait pas seulement d'exporter des téléphones portables...La Chine a ses réseaux, ses cercles, ses rapports d'influence, pas seulement chez nous, le plus souvent en toute discrétion. Pékin a le temps devant lui...Il exerce aussi son action plus ou moins discrète au coeur du système, à Bruxelles, haut lieu du lobbying de toutes sortes et de tous les intérêts privés ou publics, là où se mettent en place des dispositions qui les intéressent, de près ou de loin...Mais la Chine déploie des moyens que d' autres puissances n'ont pas. Ayant déjà fort habilement appris, surtout dans les secteurs de pointe, elle a encore besoin de données et surtout de relations "amicales" pour ce faire. Elle peut compter sur le bon Mr Raffarin, entre autres, mais aussi sur de puissants chefs de groupes industriels, qui savent se faire discrets.                                                                        Un volumineux rapport du Sénat s'efforce de faire le tour de la stratégie chinoise pour diffuser son soft power dans nos frontières, une influence qui se parer d' aspects innocemment "culturels". Ces analyses et ces recommandations s'intéressent notamment à des aspect moins connus ou soupçonnés, notamment à l'université ou dans le domaine portuaire ou paramilitaire. Les Instituts Confucius peuvent être de bons relais pour l'influence chinoise, comme le signale aussi le Sénat, même dans des lieux apparemment peu stratégiques... C'est de bonne guerre, dira-t-on.  Encore faut-il être conscient des enjeux et ne pas être naïf...Il y en aura toujours pour se laisser séduire, par ignorance ou par intérêt.                                                                                                                                              Les ambitions géopolitiques ont le mérite d'être claires.

____Point de vue  "La force de la Chine et de ses dirigeants est d’avoir une stratégie de long terme à trente ans, rendue possible par la stabilité du régime et des institutions, une forme naturelle de patience stratégique et de prudence, mais surtout par l’impression de durabilité du pouvoir en place qui n’a plus d’échéances électorales ouvertes à horizon visible. Dès 2019, le président chinois Xi Jinping a clairement énoncé son objectif stratégique : la Chine devra être redevenue la première puissance mondiale en 2049 lors de la commémoration du centième anniversaire de la République populaire communiste.      Pour y parvenir, les dirigeants chinois savent qu’il leur faut d’abord répondre aux aspirations basiques d’une population de 1,4 milliard d’habitants qui font de la Chine le pays le plus peuplé de la planète : de la nourriture, un toit et un emploi pour chacun, et un niveau de vie suffisant pour pouvoir consommer dans un environnement vivable qui ne soit pas trop pollué. Car la Chine est devenue au fil des décennies l’usine du monde, même si ce rôle lui échappe progressivement. Ces mêmes dirigeants savent aussi que leur pays vieillit et qu’il est tiraillé par des forces séparatistes tout comme par la volonté de ses mégapoles devenues riches de gagner en autonomie ; ils misent donc sur un parti unique fort, jouant à la fois le rôle d’ascenseur social et d’outil coercitif pour préserver la cohésion nationale. C’est pourquoi la question de Taïwan reste sans doute la plus cruciale pour les dirigeants chinois qui ne tolèreront pas de voir l’île déclarer son indépendance. S’ils sont convaincus de ne pas pouvoir préserver le statu quo actuel, il est probable qu’ils saisissent la première occasion pour prendre directement ou indirectement le contrôle de Taïwan, ce qui leur donnerait un accès garanti au Pacifique.                                           Sur le plan géopolitique, la grande stratégie chinoise vise à tenir à distance et isoler les rivaux de la Chine, tout en sécurisant ses approvisionnements énergétiques, en matières premières et en ressources stratégiques. Elle semble se décliner en cinq étapes consécutives décrites sur la carte ci-jointe. Les dirigeants chinois jouent au Go et placent leurs pions sur le plateau planétaire avec une logique de long terme, en tentant de ne pas effaroucher leurs adversaires. Vu sous cet angle, leur concept de nouvelles routes de la soie terrestres et maritimes sert à la fois à pénétrer les marchés d’Asie centrale, du Moyen-Orient, d’Afrique et d’Europe orientale, tout en étouffant progressivement le rival régional indien.                                                                                                    Le Moyen-Orient et le bassin méditerranéen représentent pour la Chine un réservoir d’énergie qui alimente la moitié de sa consommation pétrolière, et un carrefour stratégique qui lui permet de poursuivre son expansion économique et politique en direction de l’Europe, de l’Afrique et de l’Amérique latine. Pour sécuriser ses approvisionnements en hydrocarbures, la Chine devra sans doute s’engager davantage au Moyen-Orient.   Sur le plan militaire, au-delà de la croissance spectaculaire de ses forces aériennes et navales, la Chine fait face à un dilemme. Elle cherche à tout prix à éviter une confrontation majeure avec les États-Unis, l’Inde et la Russie, tous trois dotés de l’arme nucléaire, mais aussi à éviter une guerre avec le Japon (adversaire historique) dont elle n’est pas sûre de sortir vainqueur. Mais pour monter en gamme et en crédibilité, et pour aguerrir ses combattants, elle sait qu’il lui faudra sans doute accepter des affrontements limités. Ceux-ci pourraient survenir à Taïwan bien sûr, tout comme en Asie du Sud-Est, en mer de Chine et en océan Indien.      En attendant, la Chine s’est lancée dans la bataille, en intégrant la menace de la force militaire dans une approche globale qui recouvre les domaines informationnel, culturel, économique, financier, politique, légaux, normatif, écologique, biologique, cyber... Elle cherche en priorité à rattraper son retard technologique afin d’espérer dépasser les États-Unis dans ce domaine. La conquête spatiale représente pour elle un champ idéal mêlant prestige et progrès scientifique...." ________

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