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Ecologie: mythe et réalité

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Quelle écologie pour aujourd'hui?

                      La question se pose de plus plus crûment, alors que les problèmes se font de plus en plus pressants mais que les mouvements écologiques se dispersent, voire se divisent. L'écologie de papa a vécu. Ramasser les papiers gras qui traînent ou replanter symboliquement quelques arbres apparaît dérisoire par rapport aux enjeux de demain. L'action écologique d'envergure et radicale qui s'impose sur bien des plans ne peut être que collective, politiquement organisée, au niveau des Etats. Les COP sont nécessaires, même si elles en restent trop souvent encore à des déclaration de principes.   ____Le charisme de  Rabhi (*), qui nous a quitté, ne peut laisse indifférent, mais apparaît à plus d'un titre bien incantatoire et moralisateur, quasi religieux. Ce qui se cache derrière l'histoire séduisante et poétique  du "colibri" n'est pas apte à entraîner une action collective efficace, même si les actions individuelles seront toujours nécessaires. Les non-dits de cette fable répétée à l'envi ne sont guère connus. Le charisme de Rabhi séduisait le grand public, mais on ne percevait guère ses limites et ses arrière-pensées, pourtant exprimées par ailleurs.  Des options et des positions politiques et religieuses, qui limitent et ternissent singulièrement ses propos officiels, si les enquêtes menées se révèlent toutes fondées. Les options et les compromissions dénoncées en étonneront plus d'un, resté sur des images d'Epinal, souvent ressassées devant les caméras. Il importe parfois de briser les idoles pour clarifier un débat déjà singulièrement compliqué et urgent.

 

 

       Point de vue (*)   _____.....À Paris aussi, Rabhi ne laisse pas indifférent. Le premier ministre Édouard Philippe le cite lorsqu’il présente son « plan antigaspillage » (23 avril 2018). « Cet homme est arrivé comme une véritable lumière dans ma vie », affirme son ancienne éditrice, désormais ministre de la culture, Mme Françoise Nyssen (2). « Pierre a permis à ma conscience de s’épanouir et de se préciser. Il l’a instruite et il l’a nourrie. Quelque part, il a été son révélateur », ajoute M. Nicolas Hulot, ministre de la transition écologique et solidaire (3)   En se répétant presque mot pour mot d’une apparition à une autre, Rabhi cisèle depuis plus d’un demi-siècle le récit autobiographique qui tient lieu à la fois de produit de consommation de masse et de manifeste articulé autour d’un choix personnel effectué en 1960, celui d’un « retour à la terre » dans le respect des valeurs de simplicité, d’humilité, de sincérité et de vertu. Ses ouvrages centrés sur sa personne, ses centaines de discours et d’entretiens qui, tous, racontent sa vie ont abouti à ce résultat singulier : cet homme qui parle continuellement de lui-même incarne aux yeux de ses admirateurs et des journalistes la modestie et le sens des limites. Rues, parcs, centres sociaux, hameaux portent le nom de ce saint laïque, promu en 2017 chevalier de la Légion d’honneur. Dans les médias, l’auteur de Vers la sobriété heureuse (Actes Sud, 2010) jouit d’une popularité telle que France Inter peut transformer sa matinale en édition spéciale en direct de son domicile (13 mars 2014) et France 2 consacrer trente-cinq minutes, à l’heure du déjeuner, le 7 octobre 2017, à louanger ce « paysan, penseur, écrivain, philosophe et poète » qui « propose une révolution ».    L’icône Rabhi tire sa popularité d’une figure mythique : celle du grand-père paysan, vieux sage enraciné dans sa communauté villageoise brisée par le capitalisme, mais dont le savoir ancestral s’avère irremplaçable quand se lève la tempête. Dans un contexte de catastrophes environnementales et d’incitations permanentes à la consommation, ses appels en faveur d’une économie frugale et ses critiques de l’agriculture productiviste font écho au sentiment collectif d’une modernité hors de contrôle. En réaction, l’inspirateur des « colibris » prône une « insurrection des consciences », une régénération spirituelle, l’harmonie avec la nature et le cosmos, un contre-modèle local d’agriculture biologique non mécanisée. Ces idées ruissellent dans les médias, charmés par ce « bon client », mais aussi à travers les activités du mouvement Colibris, fondé en 2006 par Rabhi et dirigé jusqu’en 2013 par le romancier et réalisateur Cyril Dion. Directeur de collection chez Actes Sud, fondateur en 2012 du magazine Kaizen, partenaire des Colibris, Dion a réalisé en 2015 avec l’actrice Mélanie Laurent le film Demain, qui met en scène le credo du mouvement et qui a attiré plus d’un million de spectateurs en salles.                                    Le succès du personnage et de son discours reflète et révèle une tendance de fond des sociétés occidentales : désabusée par un capitalisme destructeur et sans âme, mais tout autant rétive à la modernité politique et au rationalisme qui structura le mouvement ouvrier au siècle passé, une partie de la population place ses espoirs dans une troisième voie faite de tradition, d’authenticité, de quête spirituelle et de rapport vrai à la nature.   « Ma propre insurrection, qui date d’une quarantaine d’années, est politique, mais n’a jamais emprunté les chemins de la politique au sens conventionnel du terme, explique Rabhi sur un tract de sa campagne présidentielle de 2002. Mon premier objectif a été de mettre en conformité ma propre existence (impliquant ma famille) avec les valeurs écologistes et humanistes » — il n’obtint que 184 parrainages d’élu sur les 500 requis. Le visage caressé d’une lumière or, le candidat présenté comme un « expert international pour la sécurité alimentaire et la lutte contre la désertification » se tient parmi les blés. De l’Afrique du Nord aux Cévennes, en passant par le Burkina Faso, la trajectoire de Rabhi illustre les succès autant que les vicissitudes d’une écologie apolitique .   Né le 29 mai 1938 à Kenadsa (région de Saoura), en Algérie, Rabah Rabhi perd sa mère vers l’âge de 4 ans et se retrouve dans une famille d’adoption, un couple de colons formé d’une institutrice et d’un ingénieur qui lui donne une éducation occidentale, bourgeoise, catholique. L’adolescent d’Oran adore « écouter La Flûte enchantée, Othello ou bien un soliste de renom » à l’opéra (4) ; il aime la littérature française et les costumes impeccablement coupés qui lui donnent l’allure d’une « gravure de mode ». Fervent catholique, il adopte à 17 ans son nom de baptême, Pierre. « Je me sentais coupable non pas de renier la foi de mes ancêtres [l’islam], mais de ne point aller propager parmi eux celle du fils de Dieu. » Pendant la guerre d’Algérie, raconte-t-il, « me voici brandissant mon petit drapeau par la fenêtre de la voiture qui processionne dans la ville en donnant de l’avertisseur : “Al-gé-rie-fran-çai-se” ».     Il gagne Paris à la fin des années 1950 et travaille chez un constructeur de machines agricoles à Puteaux (Hauts-de-Seine) en tant que magasinier, précise-t-il lors de l’entretien qu’il nous accorde, et non en tant qu’ouvrier à la chaîne, comme on peut le lire dans Pierre Rabhi, l’enfant du désert (Plume de carotte, 2017), un ouvrage de littérature jeunesse vendu à plus de 21 000 exemplaires. C’est dans cette entreprise que le jeune homme rencontre en 1960 sa future épouse. La même année, il expédie une lettre qui changera sa vie. « Monsieur, écrit-il au docteur Pierre Richard, nous avons eu votre adresse par le père Dalmais, qui nous a appris que vous vous préoccupiez de la protection de la nature, que vous avez activement participé à la création du parc de la Vanoise, et que vous essayez d’obtenir la création de celui des Cévennes. Nous sommes sensibles à toutes ces questions et voudrions prendre une part active en retournant à cette nature que vous défendez. »         Étudiant en médecine avant-guerre, Richard devient, en 1940, instructeur d’un chantier de la jeunesse près des mines de Villemagne (Gard), sur le mont Aigoual (5). Cette expérience hygiéniste, nationaliste et paramilitaire l’influence durablement. En décembre 1945, il soutient une thèse de médecine qui assume un « parti pris évident »  : « La santé de l’homme est atteinte, et celle du paysan en particulier, et, par-delà, celle du pays, de la nation, écrit Richard — santé intégrale du corps, de l’esprit, des biens matériels, de l’âme (6).  » Quatorze ans plus tard, en 1959, le docteur Richard joue son propre rôle de médecin de campagne dans un film de propagande ruraliste intitulé Nuit blanche, où il fustige l’urbanisation, l’État centralisateur, les boîtes de conserve et la politique de recrutement des entreprises publiques qui arrache les paysans à leurs « racines »     .........

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Casse-tête géopolitique

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Surtout mis en évidence par l'actualité

           Un peu d'histoire ne nuit pas.   ___  La Russie et son environnement.

                      " L’année 2022 a remis en question de multiples paradigmes qui semblaient constitutifs du monde tel qu’il s’est construit après la fin de la guerre froide. L’espace post-soviétique, composé des quinze républiques issues de la dislocation de l’URSS en 1991, était depuis cette date largement dominé par la Russie. La donne change rapidement sous l’effet de la guerre en Ukraine.    Fortement déstabilisé par une série de conflits – affrontements sanglants au Kazakhstan en janvier, début de la guerre en Ukraine en février, nouvelles flambées de violence entre le Tadjikistan et le Kirghizistan en septembre et entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan en novembre, l’ancien pré carré de la Russie est aujourd’hui un laboratoire géopolitique captivant.                                                                             De nouveaux rapports de force peuvent y naître… à condition que les puissances extérieures, notamment l’Union européenne, les États-Unis et la Chine, réagissent intelligemment à cette sortie de la « vassalité » établie par Moscou vis-à-vis de son « étranger proche ».  Depuis le début des années 1990, les trajectoires des républiques post-soviétiques oscillent entre des périodes de rapprochement et de mise à distance avec la Russie, visibles notamment dans des « révolutions de velours » survenues, avec des succès divers, en Géorgie en 2003, en Ukraine en 2004 puis en 2013-2014, en Biélorussie en 2005 ou au Kirghizistan également en 2005.         L’annexion de la Crimée par la Russie en 2014 et, surtout, le déclenchement de la guerre en Ukraine en 2022 ont conduit la plupart de ces pays à une nouvelle quête d’émancipation. L’édifice géopolitique construit par Moscou dans son pré carré prend désormais l’apparence d’un château de cartes aux fondements fragiles, bien loin de la forteresse incarnée notamment par la complexe architecture institutionnelle érigée par le Kremlin sous les trois formes de l’Organisation du traité de sécurité collective, de la Communauté de États indépendants et de l’Union économique eurasiatique.                                                             Bien que très hétérogène, l’espace post-soviétique (à l’exception de la Biélorussie) donne de multiples signaux de prises de distance vis-à-vis de Moscou. Leurs modalités varient de signaux très symboliques (manquements aux rencontres officielles) jusqu’aux demandes d’adhésion à l’UE déposées par la Géorgie, la Moldavie et l’Ukraine, les deux dernières étant devenues officiellement pays candidats en juin 2022. L’Ukraine est naturellement aujourd’hui le pays ex-soviétique dont la coupure avec la Russie est la plus nette et, sans doute, définitive. L’ensemble du voisinage de la Russie est concerné. 


                                                                             En Asie centrale, le Kirghizistan a refusé en octobre dernier d’accueillir les manœuvres militaires annuelles de l’Organisation du traité de sécurité collective, sous l’égide de la Russie, et mène des négociations de partenariat avec Washington. Le Kazakhstan a annulé la parade militaire du 9 mai, un acte particulièrement symbolique au regard du poids historique que porte cette date dans l’espace post-soviétique. L’Ouzbékistan et le Kazakhstan ont envoyé une aide humanitaire en Ukraine dès le début de la guerre, et l’ont rendue publique. Au cours du dernier sommet de la Communauté des États indépendants à Astana, le président du Tadjikistan, Emomali Rahmon, a dénoncé l’attitude de la Russie vis-à-vis des pays d’Asie centrale, acte significatif pour un pays resté sous la mainmise russe depuis la dislocation de l’URSS.   La situation est similaire du côté des pays du Caucase du Sud. L’Arménie, qui avait soutenu la Russie au sein des Nations unies et du Conseil de l’Europe après l’annexion de la Crimée, a refusé de signer, en novembre dernier, la déclaration finale du sommet de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) en raison de son « inefficacité dans la gestion du conflit arméno-azerbaïdjanais ».                             L’Azerbaïdjan, premier pays à avoir promis et fourni une aide humanitaire à l’Ukraine, semble également avoir changé de ton vis-à-vis de la Russie en autorisant, par exemple, la télévision d’État à parler d’agression russe en Ukraine. Plus récemment, en décembre, le transfert d’équipements azerbaïdjanais à l’Ukraine dans le cadre de l’aide humanitaire a suscité une réaction immédiate de la part de la Russie.                                                                                                                                                         Les tentatives des républiques post-soviétiques de s’affranchir de l’emprise russe font naturellement l’objet de multiples commentaires dans les médias occidentaux et semblent tout particulièrement attirer l’attention des gouvernements des États de l’UE et des États-Unis. Cependant, bien que le Kremlin ne puisse y être indifférent, il ne semble pas s’en l’inquiéter outre mesure et, en tout cas, s’efforce de maintenir les apparences de relations habituelles avec les pays de son voisin.   La médiatisation du premier Forum économique eurasiatique tenu à Bichkek en mai 2022 (avec promesse d’ouverture de nouveaux dossiers de coopération) et d’une possible « union gazière » avec le Kazakhstan et l’Ouzbékistan annoncée fin novembre, plusieurs rencontres de Poutine avec ses homologues de l’« étranger proche » en cours d’année ainsi que le rôle de médiateur joué par la Russie dans le conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan ne sont que quelques exemples parmi d’autres de la stratégie de continuité adoptée par Moscou.  Le 26 décembre, lors de la réunion de fin d’année des chefs d’État et de gouvernement de la CEI, et de manière outrageusement symbolique, Poutine a redessiné les contours de sa zone d’influence en offrant à ses homologues des bagues sur lesquelles sont sculptés le symbole de l’organisation régionale ainsi que les mots « Bonne année 2023 » et « Russie ».   

                               Le Kremlin semble parier sur les limites, nombreuses, de l’émancipation de son pré carré. En effet, ces républiques subissent les conséquences de leur enclavement, puisqu’elles sont coincées, coté Asie centrale et Caucase du Sud (hors Géorgie) entre Russie, Chine, Iran, Afghanistan et Turquie ou transformées en zone tampon entre Russie et Union européenne pour ce qui est de la Biélorussie, de l’Ukraine et de la Moldavie. Privés pour la plupart de débouchés maritimes, ces États demeurent étroitement liés à la Russie : marchés économiques et notamment énergétiques (l’Arménie, par exemple, dépendant presque exclusivement de la Russie pour ses approvisionnements en céréales, en gaz ou en pétrole), voies de communication, dont réseaux routier et ferroviaire, investissements dans le secteurs bancaire et des assurances, accords relatifs à la présence des bases militaires (d’ailleurs prolongés en 2022 jusqu’en 2042 au Tadjikistan et 2044 en Arménie), sans compter la présence de minorités russophones très nombreuses et en pleine expansion depuis de début de l’offensive contre Ukraine. Le choc de la guerre n’entraîne visiblement pas une rupture de ces dépendances structurelles à court terme.                                                Dans cette situation, d’autres acteurs et tout particulièrement l’UE, les États-Unis et la Chine se retrouvent face à un véritable casse-tête géopolitique. Quelles stratégies établir afin d’aider les républiques post-soviétiques à rompre le cercle vicieux des dépendances héritées et/ou accumulées depuis l’effondrement de l’URSS tout en évitant le déclenchement de nouveaux conflits dans des pays déjà fragilisés par leurs contradictions internes (Kirghizistan, Kazakhstan, Biélorussie, etc.) ?                                       Les décisions prises par les Occidentaux courant 2022 témoignent d’une certaine prise de risque. L’UE a, on l’a dit, octroyé à l’Ukraine et à la Moldavie le statut de candidat à l’adhésion. Elle mène des négociations en ce sens avec la Géorgie, et a conclu un accord énergétique avec l’Azerbaïdjan, incluant notamment le projet d’un nouveau câble sous-marin contournant la Russie. Elle renforce également son rôle de médiateur dans le conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan en envoyant une « mission civile ». Elle a aussi lancé un « partenariat stratégique » avec le Kazakhstan sur l’hydrogène vert et les matières premières.                                                           Côté États-Unis, le constat est similaire : les Américains profitent de l’affaiblissement de la Russie afin d’étendre leur influence dans la région, sans pour autant en faire une priorité. Les responsables américains ont intensifié les contacts avec les élites d’Asie centrale, tant dans les domaines de la coopération militaire quéconomique. L’Initiative américaine de résilience économique lancée cet automne en est l’une des modalités.                                                                                                   Enfin, la Chine, bien que prudente vis-à-vis de la Russie sur le dossier ukrainien, cherche elle aussi à étendre son influence en profitant du nouveau contexte géopolitique. Les entreprises chinoises, déjà largement présentes dans le secteur minier, des transports et des hydrocarbures, intensifient leurs investissements, comme au Kazakhstan, où la Chine soutient une cinquantaine de projets qui doivent s’achever en 2023. Le projet phare de Xi Jinping, la « nouvelle route de la soie », continue son déploiement, notamment avec le démarrage prévu en 2023 de la ligne de train connectant la Chine à l’Ouzbékistan en passant par le Kirghizistan.                         Cependant, malgré ces évolutions qui semblent présager un pas vers une nouvelle « fin de l’histoire » dans les anciennes républiques soviétiques, la situation demeure ambivalente et la prudence s’impose. La politique jusqu’au-boutiste de Poutine, dont il a fait la démonstration en 2022, mais aussi les interdépendances encore très pesantes entre la Russie et ses pays frontaliers, d’une part, ainsi qu’entre la Russie, l’Europe (notamment dans le domaine de l’énergie) et la Chine (notamment dans leur stratégie d’opposition aux puissances occidentales), d’autre part, restent des freins majeurs à un véritable changement de paradigme à court terme.                   Reste aussi, surtout en Asie centrale, à convaincre les populations locales, dont l’attitude vis-à-vis des États-Unis et de la Chine est plutôt méfiante depuis les années 2000, que la présence de ces pays ne se traduirait pas à terme par une nouvelle forme de vassalité. Pour l’heure, les sondages d’opinion montrent que les sociétés deviennent de plus en plus réticentes à « accueillir » ces puissances extérieures. Selon, par exemple, le Baromètre de l’Asie centrale, les projets d’infrastructures sous l’égide de la Chine suscitent de nombreuses inquiétudes au sein de la population kirghize.       L’année 2023, et les suivantes, seront sans doute conditionnées par l’aptitude des Occidentaux et des Chinois (mais aussi des Turcs et des Iraniens, également actifs dans le Caucase et en Asie centrale) à consolider leur présence sans pour autant franchir une ligne rouge à l’égard de la Russie qui reste, pour l’heure, et malgré tout, la puissance dominante dans l’espace post-soviétique."

 

  ___ Géopolitique de la Russie        __________________

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Naître ou ne pas naître

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 That's a big question

                Le grand défi

                          Même si l'hyper-croissance démographique inquiète les démographes, particulièrement dans les pays les plus pauvres, la dénatalité nous guette et touche déjà de nombreux pays, pour ne pas parler de la Chine où elle pose des problèmes spécifiques .Pour F.Bayrou, il faut des bébés pour sauver notre modèle social. Est-ce une bonne idée quand on évoque une décroissance nécessaire et qu'on redoute des catastrophes climatiques futures?          Des injonctions contradictoires nous hantent déjà. A Pékin, c'est une question de puissance qui se pose avec la perspective d'un vieillissement inéluctable de la population. Un problème apparemment insoluble ou en tous cas très compliqué, qui se pose aussi au Japon, en Allemagne....

      ___ Point de vue:   "...La fécondité est déjà en-dessous d’1 enfant par femme dans certains pays comme la Corée. Ce plancher pourrait être bientôt atteint par la Chine ou encore par l’Italie d’après-Covid. Qu’est-ce à dire ? Cette année, 600 000 Italiennes ont donné le jour à autant d’enfants, dont environ 300 000 filles. Ces dernières, dans une trentaine d’années, donneront à leur tour le jour à 150 000 filles, lesquelles engendreront 75 000 filles aux environs de 2080. Autrement dit, si la fécondité italienne se stabilise aux alentours d’un enfant par femme, le peuple qui a donné le jour à Michel-Ange et Raphaël aura disparu à la fin du siècle. Disons pour être plus précis qu’il ne sera quasiment plus représenté que par des vieillards nés au début de ce siècle....     Ne comptons pas sur les robots et l'automatisation pour suppléer au manque de bras et de cerveaux. Les machines augmentent la productivité des travailleurs mais ne peuvent remplacer totalement ceux-ci ni assurer la redistribution des richesses vers les inactifs. Ne comptons pas non plus sur les immigrants. Ils ne peuvent pas combler les déficits des caisses de retraite, comme l'ont démontré par l'absurde les démographes de l'ONU, que cite le rapport Bayrou (Les migrations de remplacement : solution au déclin et au vieillissement des populations ?) : leurs cotisations bénéficient aux retraités d’aujourd’hui mais nullement à ceux de demain et eux-mêmes sont appelés à vieillir et piocher dans les caisses de retraite...;Le Haut-Commissariat au Plan insiste donc sur la nécessité de maintenir la natalité à un niveau satisfaisant pour garantir la perpétuation de notre modèle social. Il s'illusionne toutefois en opposant le modèle français de la redistribution au modèle anglo-saxon de la capitalisation. Dans le premier cas, les besoins liés au chômage, à la santé et à la vieillesse sont financés par les cotisations prélevées sur les revenus des actifs ; dans le second par l'épargne des intéressés. Mais dans les deux cas, on se ramène à un prélèvement sur la richesse nationale future. Peu importent donc le mode de prélèvement et les taux de cotisation. L'important pour le maintien de notre prospérité commune est de s'assurer que notre production de biens sera suffisante pour subvenir aux besoins de tous : actifs et inactifs.    La richesse nationale est la somme des valeurs créées par les producteurs : paysans, ouvriers, ingénieurs, informaticiens, etc. Ces producteurs génèrent une valeur ajoutée dix ou vingt fois supérieure à leur rémunération du fait d'une très haute productivité liée à leur savoir-faire et à leur organisation. La différence est redistribuée sous la forme de services de confort (coiffeurs, livreurs de pizzas, journalistes, etc.), de services sociaux (santé, aides sociales) ou de services régaliens (police, administration). La valeur créée par les travailleurs de ces services-là est rarement supérieure à leur rémunération du fait de leur faible productivité (coiffeurs, livreurs et journalistes ne font pas plus de prestations à l'heure en France qu'en Égypte ou au Mali).     Notre modèle social et notre prospérité commune dépendent en définitive du nombre et surtout de la qualité des futurs producteurs. Ceux-ci se recruteront parmi les enfants nés ou à naître, moins sûrement parmi les pauvres hères qui traversent la Méditerranée au péril de leur vie...

                        _____L'évolution démographique dans le monde pose des problèmes théoriques et pratiques d'un nouveau genre, qu'on peut  considérer comme difficilement solubles dans l'état actuel des choses.  Même si elle est inégale selon les continents et les pays, si elle a régressé ou s'est stabilisée ici ou là, elle continue à faire son chemin, et, sauf événement majeur, devrait continuer à atteindre des sommets, au regard des limites des ressources de la planète, pensables actuellement.

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Varia

Publié le par Jean-Etienne ZEN

__ Ça flotte...

__ Elon et Wiki

__ Jérusalem en danger

__ Ehpads encore     

 

__ Aveuglement

__ Dany et son Amérique

__ Le ministre et le collège

__ Professeurs chanceux?

__ Bien être au travail

__ Avoir les bonnes clés

__ Histoire de la dictée                               _______________________

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Menaces sur Taïwan?

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Tensions en Mer de Chine

          Les pressions se renforcent sur l'ancienne Formose, de la part de son puissant voisin, qui cherche à étendre sa zône d'influence en Mer de Chine. La rivalité entre la Chine et l'héritage de Tchang Kai-Chek prend un tour nouveau. Des bruits de bottes font redouter pour certains un conflit majeur. Mais ne s'agit-il pas d'une intimidation, d'un signal lancé surtout à la flotte US omniprésente et d'une réaction disproportionnée de la part de Taipeh? La Chine compte sur une nouvelle souveraineté sur les eaux qui l'entourent. Mais ce jeu n'est-il pas à terme dangereux?      Il s'agit en fait d'une longue histoire:

 

        "...Chacun a pu entendre parler, dans l’actualité internationale récente, des tensions autour de Taïwan et de leur aggravation. Elles furent au centre des échanges entre Xi Jinping et Joe Biden lors de leur sommet virtuel dans la nuit du 15 au 16 novembre dernier.     Ces tensions mettent directement aux prises plusieurs acteurs clés : la République de Chine – mieux connue sous le diminutif de « Taïwan » –, la République populaire de Chine (RPC), les États-Unis et les États géographiquement proches qui, évidemment, auraient tout à craindre d’un affrontement militaire sur le territoire taïwanais et sur les territoires maritimes adjacents.       Le Japon, les Philippines et, peut-être dans une moindre mesure, la Corée du Sud ou le Vietnam ne peuvent qu’être préoccupés par l’accentuation des discours martiaux et parfois menaçants des deux principales parties : la République populaire de Chine et les États-Unis d’Amérique.      Ces tensions se sont intensifiées dans la période récente sous le double effet, notamment, de la multiplication des incursions et de la pression militaires chinoises, et des expressions voire des actions de soutien de la part des États-Unis au bénéfice de Taïwan.      La Chine a effectué plusieurs opérations aériennes au cours desquelles un nombre considérable (plusieurs dizaines par opération) d’appareils ont traversé la zone d’identification aérienne de Taïwan. Nous ne détaillerons pas l’activité navale chinoise, également très intense, et plus largement la multiplication de manœuvres. Il faut également souligner l’importance géostratégique de Taïwan pour l’affirmation de la puissance chinoise. L’examen rapide d’une carte des territoires maritimes autour de Taïwan et de la RPC (eaux territoriales et zones économiques exclusives notamment) montre un fait simple : nulle part la Chine de Xi Jinping n’a d’accès direct et totalement libre au grand large. Contrôler Taïwan territorialement, c’est améliorer cette donnée géostratégique pour une puissance militaire qui entend bientôt rivaliser avec celle des États-Unis.    Ouvrir un front dans le Pacifique nord-ouest autour de Taïwan et ouvrir un front dans l’est de l’Europe aurait l’énorme avantage pour les deux puissances, si leur action était ainsi coordonnée, d’obliger les Occidentaux, et en particulier les Américains, à se positionner sur deux zones très éloignées simultanément.     Aujourd’hui, la puissance militaire nominale des Américains reste très supérieure à celle des Chinois, surtout si l’on y ajoute l’ensemble des alliés sur lesquels peuvent compter les Américains. Mais si ces derniers doivent positionner des forces sur deux fronts simultanément, la situation est très différente. Un tel scénario n’aurait rien à envier au meilleur des préceptes stratégiques que l’on peut trouver dans L’Art de la guerre de Sun Tzu ou dans un traité désormais célèbre comme celui des « 36 Stratagèmes »…"   _______________

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Monde à l'envers?

Publié le par Jean-Etienne ZEN

      Monde à l'envers?

                  A Davos, ça ne tourne plus rond...Le grand club des privilégiés de la planète ont perdu le Nord et n'ont plus la mondialisation heureuse. Alain Minc a cessé de vivre...Il faut tout repenser dans le chamboulement du monde, la nouvelle géopolitique qui se dessine, la guerre qu'on n'attendait pas en Europe. Le "doux commerce" de Montesquieu ne fonctionne plus ou connaît des ratés majeurs. La planète se déglingue. Bref, ce n'est plus l'euphorie, celle des lendemains qui chantent pour le business. Ce ne sont plus seulement quelques soucis rapidement évoqués, c'est la morosité.                                                                Comme d'habitude, certains viennent mettre les pieds dans le plat et sonner l'alerte, rappeler à ces messieurs que derrière le décor de luxe des salons de Davos et les joyeuses parties de ski, il y a la réalité crue des profondes inégalités qui se creusent pendant que les profits atteignent des sommets. Des empêcheurs de profiter en rond, qui viennent gâcher une fête déjà morose.                       ______Certains des plus fortunés cèdent (symboliquement) à la pression. Par culpabilité? Non, par générosité feinte, par peur aussi peut-être. Ils demandent à payer plus. Comme si il y avait faute et non pas dérives d'un système, celui d'un libéralisme fou à la finance dérégulée        « Vous, nos représentants mondiaux, devez nous taxer, nous les ultra-riches, et vous devez commencer maintenant. » Dans une lettre relayée mercredi 18 janvier par l’ONG Oxfam et adressée aux dirigeants mondiaux, réunis à Davos à l’occasion du Forum économique mondial, plus de 200 millionnaires et milliardaires demandent à être davantage taxés pour le « bien commun ».Ces derniers avancent qu’« au cours des deux premières années de la pandémie les dix hommes les plus riches du monde ont doublé leur richesse, tandis que 99 % des personnes ont vu leurs revenus baisser. Les milliardaires et les millionnaires ont vu leur richesse augmenter de milliards de dollars, tandis que le simple coût de la vie paralyse désormais des familles ordinaires à travers le monde...»   

                                        C'est touchant! Ces cris du coeur reviennent régulièrement. Sans effet. Roosevelt avait osé un temps trancher dans le vif....Cela ressemble assez à l'attitude de ses milliardaires américains touchés pas la grâce de la Charity Business.                                                                              Un petit pas (verbal) dans le bonne direction ou un besoin de gagner en respectabilité?    Et si on changeait les règles?   ___________________

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Sus aux Sarrazins!

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Sans peurs et sans reproches

                            Le leader maximo de l'extrême droite ne manque pas d'appuis et de soutiens. Parmi eux, une frange de plus en plus grande et bruyante de catholiques qui ne sont pas regardant sur les principes chrétiens, qui se sont déjà manifestés à d'autres occasions dans un passé récent, qui renoue avec un passé plus lointain qui critiquaient la "gueuse", au nom de Pétain ou de PieX.   


    

 

   _______"Un grand renversement s'opère dans le catholicisme français. Le renouveau attendu des avant-gardes des années 1960 n'est pas arrivé. Alors que la pratique religieuse s'effondre, l'avenir de l'Église dépend maintenant de ceux qui restent. Refusant l'alternative de l'intégrisme et du progressisme, ces catholiques ont accepté le concile Vatican II mais compensent ses effets déstabilisateurs par un surcroît de fidélité au magistère romain. Ancrés dans la théologie de Jean-Paul II puis de Benoît XVI, ils considèrent que la démocratie ne doit pas s'affranchir de l'ordre naturel. Depuis l'opposition à la loi Veil qui a légalisé l'avortement, leur savoir-faire militant n'a cessé de s'enrichir. L'ampleur des Manifs pour tous a dévoilé leur force.   Mais cette capacité de mobilisation ne peut être comprise en dehors des évolutions de la vie politique. Instrumentalisé comme frontière de l'identité nationale, renfort moral de la République ou levier d'une prise de conscience écologique, le catholicisme est redevenu une ressource politique légitime et la conquête de son électorat un enjeu disputé à droite...."                              ______Mais il y a d'autres forces qui ne sont" pas très catholiques", amalgame de groupes identitaires de toutes sortes, maurassiennes ou nostalgiques de  la guerre d'Algérie. Et de plus nouveaux arrivés, opportunistes ou convaincus de vieille ou fraiche date. Souvent hétéroclites, soudés par un culte identitaire qui fait fi de l'histoire, et fait le jeu des forces les plus conservatrices sous couvert de "modernité" et de réveil national.

 

            Tous partagent à des degrés divers une répulsion pour l'étranger, souvent représenté à leurs yeux par les seuls originaires de pays musulmans (croyants ou non), surtout de la part de ceux qui n'ont jamais accepté l'indépendance algérienne. Qui dénoncent l'"invasion", voire la "submersion" et agitent le spectre du  "grand remplacement", propre à effrayer les foules ignorantes.     


          

 

  _   Zemmour a ses barbares, qu'il faut bouter hors de la terre sainte de France. Fissa! Comme Charles Martel en son temps ( pas celui-là, l'autre...), sans autre forme de procès. C'est la reconquista, mes amis! Dieu reconnaîtra les siens. Enfin peut-être. Les mythes ont la vie dure, efficaces dans le contexte idéologique de propagande, pour qui n'a jamais fait d'histoire. Les croisades ne seraient pas terminées...La pureté reste l'obsession. L'Allemagne eut aussi son affaire Sarrazin. Ça ne s'invente pas... Bouter avec Boutin les Sarrazins? Nous voilà beau! Les effectifs hospitaliers baisseront drastiquement, les BTP ne vont pas s'en remettre et qui va livrer les pizzas pour un salaire dérisoire?...

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Une réforme alibi?

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 D'autres formules étaient possibles (suite)     [ Petite revue de presse]

            Avant la prochaine.... Des arguments discutables. Pour une double peine.

       Une réforme largement idéologique: "... On aurait pu mettre à contribution les entreprises, fiscaliser l’épargne salariale, augmenter légèrement les cotisations, bref il y avait plein de solutions. Le gouvernement a choisi de reporter l’âge de départ, ce qui revient à faire travailler plus longtemps les personnes qui ont commencé à travailler le plus tôt. Qu’est-ce qui explique ce refus absolu de ne serait-ce que considérer une autre source de financement ? Eh bien je vais vous répondre : parce que, derrière, l’enjeu, c’est notre modèle de société..." 


                                                                                     De nombreux points font débat, comme on dit. Bruxelles n'est pas hors champ et des économistes prennent position. Il y a ce qui est dit et ce qui est masqué. Des équilibres menacés. Une réforme "sacrificielle"? Et quelle équité?...Qui sera surtout pénalisé?...                                                                                                                                                        Il y a des progrès à faire..   __________________________ 

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Le luxe et le nécessaire

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 Champagne!  👍😍

                            La bourse ou la vie (décente);____La Bourse se porte bien. Très bien même. C'est Challenge qui le dit. Pour l'instant...Elle n'est qu'un révélateur, mais elle parle d'elle-même, elle est symptomatique d'une euphorie que l'on n' attendait pas vraiment, malgré les fluctuations et les variations d'un pays à l'autre. En France on peut sabrer le champagne. Noël est bien là, mais pas pour tout le monde....

                       "  ...Le choc provoqué au début de 2020 par l'épidémie de Covid-19 et les confinements en série à travers le monde n'ont finalement été que de courte durée. Dès la fin du mois de mars de cette même année, les cours ont commencé à remonter, et, dès le mois d'août, la bourse américaine battait de nouveaux records. En dépit de quelques phases de repli, le mouvement s'est poursuivi en 2021. Le 17 décembre, la Bourse de Paris enregistrait un gain de 24,7% depuis le début de l'année, ce qui la classe en bonne position par rapport aux autres bourses européennes et même par rapport à la bourse américaine, dont les trois principaux indices enregistrent des progressions un peu plus faibles: 23% pour le S&P 500, 15,5% pour le Dow Jones et 17,7% pour le Nasdaq Composite . Si l'on regarde dans le détail, on constate que l'année n'a pas été excellente pour tout le monde dans les pays développés, avec une hausse limitée à 4% pour le Nikkei 225 au Japon, ni dans les pays émergents, notamment en Chine, avec un indice CSI 300 des grandes valeurs cotées à Shanghai et Shenzhen qui recule de près de 5%. Mais, globalement, la liste des pays où la bourse est en hausse, et souvent de façon très nette, dépasse largement celle des pays où elle a baissé. Le nombre de milliardaires, qui avait déjà fortement augmenté en 2020, devrait avoir encore progressé cette année... les actions et l'immobilier. Ce qui a pour conséquence d'«accroître les inégalités patrimoniales et l'enrichissement immérité, de transformer les économies en économies de spéculation», ainsi que le constate l'économiste Patrick Artus..".... il est probable que les valeurs des actions vont rester attrayantes, au moins dans les prochains mois, tant que les entreprises continuent d'annoncer des résultats bénéficiaires conformes aux attentes, voire supérieurs à elles...."                                                   ____Restons prudents quand même. Les arbres ne montent pas jusqu'au ciel....et les bulles sont toujours menaçantes.                                                                                                       __ ___Les performances des produits de luxe sont particulièrement spectaculaires. "Les résultats de ces derniers jours sont tirés par la performance de quelques poids lourds, qui profitent d’un contexte favorable. Les géants du luxe tricolore, par exemple, bénéficient de la ruée des ménages aisés en Chine ou aux États-Unis : une fois le plus gros de la pandémie passé, ces derniers se sont précipités dans les boutiques (ou sur les sites Internet) des grandes marques, pour le plus grand plaisir d’Hermès ou de LVMH. Le groupe de Bernard Arnault a ainsi vu son cours de Bourse grimper de près de 35 % depuis..."

 

          Selon OXFAM La fortune des 10 Français les plus riches est désormais supérieure de presque 100 milliards à celle des 490 autres grandes fortunes françaises ! Un constat similaire à celui que nous dressions un an après la pandémie : entre mars 2020 et mars 2021, les milliardaires français ont gagné 170 milliards d’euros– soit deux fois le budget de l’hôpital public français, la troisième plus forte progression après les Etats-Unis et la Chine Pas de quoi se réjouir quand on sait qu’un Français sur 8 a besoin d’aide alimentaire pour vivre. Nous ne pouvons pas accepter que ces deux mondes coexistent, c’est insoutenable dans tous les sens du terme.   Cet enrichissement exceptionnel n’est pas le résultat de la main invisible du marché, ni le fruit d’un talent rare mais bien le résultat de choix politiques et notamment du renflouement des marchés financiers dès les premiers jours de la pandémie.   Ces inégalités indécentes sont inacceptables et rappellent encore une fois l’urgence d’une fiscalité plus juste. Si le gouvernement s’est jusqu’à maintenant toujours opposé à une contribution exceptionnelle sur le patrimoine des 1% les plus riches, il ne peut pas être insensible aux chiffres révélés par Challenges. Emmanuel Macron peut encore changer de braquet ! Comme en Argentine, en Nouvelle-Zélande, et peut-être bientôt aux Etats-Unis, la France doit être au rendez-vous de l’Histoire. »                                                                            Le patrimoine cumulé des 500 plus grandes fortunes de France a augmenté de 30% en un an, selon le classement à paraître jeudi du magazine Challenges, qui a dénombré 109 milliardaires français cette année, contre 95 l'an dernier. Il y a dix ans, en 2011, le nombre de milliardaires français était de "seulement" 51. Et dans la première édition de ce palmarès en 1996, Challenges n'en dénombrait que 16.   Le classement est dominé pour la cinquième année consécutive par Bernard Arnault, le patron de LVMH, première capitalisation boursière d'Europe. La forte reprise du luxe au second semestre 2020, porté par l'Asie, a fait s'envoler les cours de bourse des géants du secteur dont LVMH (Vuitton, Dior...) et Kering (Gucci, Saint Laurent...), et donc le patrimoine de leurs dirigeants actionnaires.     Selon le magazine, qui a effectué son calcul en fonction des actifs professionnels des personnalités entre juin 2020 et juin 2021, le montant de la fortune des 500 plus riches du pays "tutoie désormais les 1.000 milliards d'euros". "Ce sont les plus fortes progressions annuelles jamais enregistrées par notre palmarès, mis en place en 1996", a indiqué Challenges.    Symbole de cette envolée des patrimoines professionnels, la fortune minimale pour intégrer le classement des 500 plus riches de France ne cesse de progresser. Il faut désormais détenir au minimum 180 millions d'euros de patrimoine professionnel, contre 60 millions d'euros en 2011 et 14 millions en 1996.    La fortune de Bernard Arnault bondit de 57% sur un an    Comme chaque année depuis 2017, quand il a dépassé l'héritière de L'Oréal Liliane Bettencourt, Bernard Arnault et sa famille sont en tête, avec une fortune estimée à plus de 157 milliards d'euros. Une progression de 55 milliards d'euros, soit 57% par rapport à juin 2020. "Cette hausse représente, à elle seule, un quart de la progression des valorisations de l’ensemble de notre palmarès", souligne Challenges.   Le PDG de LVMH a même été quelques heures en mai l'homme le plus riche du monde, devant l'Américain Jeff Bezos (Amazon), au gré de l'évolution des cours qui font varier leur fortune en temps réel. "Les crises nous rendent plus forts", avait déclaré fin avril Bernard Arnault en commentant les bons résultats financiers de LVMH, numéro un mondial du luxe....😎"      ___Merci Bernard

     __Vive la société d'héritiers! Encore un effort!...😟__________

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Le plus grand défit

Publié le par Jean-Etienne ZEN

                 Pour aujourd'hui même.

                                                       Peut-on dire que nous sommes à la croisée des chemins, voire à un tournant historique? Tout porte à croire qu'il en est bien ainsi. Le développement jugé naguère sans limites assignables du progrès matériel de l'humanité depuis surtout le XIX° siècle entre avec évidence en collision avec les limites de nos ressources planétaires forcément limitées et d'un équilibre climatique devenu problématique du fait de ce même développement. Nous nous découvrons simples terriens obligés de composer avec une dimension jusque là escamotée: notre finitude et de composer avec celle-ci pour que la survie de notre espèce soit possible. Si la prise de conscience est de plus en plus présente, si des réunions internationales pointent le problème régulièrement, la lenteur avec laquelle les conséquences sont tirées interroge: la logique productive continue largement sur sa lancée et les comportements individuels ne sont que peu impactés. Il y a urgence à entrer dans une nouvelle logique, non pas tant "pour sauver la planète", que pour permettre à l'humanité de tracer son chemin sur de nouvelles voies. Il ne s'agit pas de repeindre le capitalisme en vert, mais d'en repenser les fondements et de créer les conditions de son dépassement, comme cela peut se faire modestement  déjà à l'échelle locale. Mais ce sont les grandes décisions politiques qui sont concernées, à l'échelle planétaire.                                                                                                                  Comme le suggère l'économiste Eloi Laurent: "Jamais les progrès réalisés par les sociétés humaines ne semblent avoir été aussi éclatants et jamais la menace de destruction de notre environnement n’aura été aussi grande. Partant de ce constat, l’économiste Éloi Laurent propose de réfléchir dans son nouveau livre, « Économie pour le XXᵉ siècle » (éditions de la Découverte), à la manière dont l’humanité pourrait s’assurer un passage vers les prochaines décennies… Il faudra commencer par revoir le logiciel économique qui a présidé aux destinées du siècle passé. Nous vous proposons de découvrir un passage de cet ouvrage, extrait de son introduction, paru début janvier 2023.

......... Sommes-nous fabuleusement prospères ou irrémédiablement ruinés ? Avons-nous tout gagné ou tout est-il perdu ? En ce début de XXIe siècle, deux visions radicalement différentes du sort de l’humanité sur la planète Terre coexistent et paraissent se contredire.   La première vision insiste sur les remarquables prouesses des humains depuis leur avènement il y a quelque 7 millions d’années : jadis frêles créatures dépourvues de presque tout avantage biologique significatif, immergées dans un environnement hostile, nous voilà devenus en quelques milliers d’années – et plus encore au cours des deux derniers siècles – souverains de la nature, maîtres de la biosphère, seigneurs de la Terre. Propulsé par le pouvoir de la coopération sociale aux quatre coins du monde, le voyage de l’humanité vers la prospérité ne laisse pas d’impressionner...L’autre point de vue est bien plus sombre et revient à penser que l’humanité est pour le moins décevante : en l’espace d’un siècle, et plus encore depuis 1950, nous avons réussi à détruire substantiellement notre propre habitat – la seule planète vivante connue dans l’univers –, dégradant les trois quarts des terres et les deux tiers des mers et océans, nuisant à notre propre bien‐être, à celui de nos descendants et descendantes, et aux autres espèces avec qui nous partageons la vie pour des gains de court terme largement illusoires au vu de leur coût écologique....Comment faire sens de la coexistence de ces deux narrations concurrentes ? L’une est‐elle tout simplement fausse tandis que l’autre serait juste ? Pouvons‐nous les comprendre de concert, les réconcilier ?.....                                                                                                                                Une chose en tout cas est avérée : nos systèmes sociaux – à commencer par nos systèmes économiques – sont devenus autodestructeurs, et l’avidité d’une partie des humains est devenue préjudiciable à la poursuite de l’aventure de l’humanité. C’est pourquoi nous devons trouver des moyens pratiques d’inverser la spirale social‐écologique vicieuse dans laquelle nous sommes pris (nous détruisons l’habitat qui nous contient) pour entrer dans un cercle vertueux où interdépendance écologique et coopération sociale se nourrissent mutuellement au lieu de s’entre‐dévorer. Et nous devons trouver ces moyens rapidement et les mettre en œuvre sans tarder. Tel est précisément l’objet de ce livre.                                                                                                                         À son fronton figure un terme qui a désormais mauvaise presse dans une partie de l’opinion : celui de « transition », que j’entends conjuguer ici au pluriel et enrichir de la perspective de la justice. L’étymologie du mot « transition » l’éloigne de son acception courante de plus en plus péjorative, celle d’un processus graduel, timoré, édulcoré. La transition serait le nom hypocrite du renoncement. Mais transitio signifie tout autre chose : ce mot désigne en latin le passage, c’est‐à‐dire la voie étroite que l’humanité doit aménager dans la première moitié du XXIe siècle pour espérer pouvoir prolonger sa prospérité.   

                                        Ce livre soutient que ce passage vers la poursuite du voyage humain dans la seconde moitié de notre siècle existe bel et bien, mais qu’on ne pourra l’emprunter qu’à la condition d’un grand partage : des ressources, du pouvoir et de toute l’intelligence dont nous disposons. Et ce travail de partage doit se déployer sur de nombreux fronts en même temps : l’énergie, l’eau, l’air, le sol, le climat, la biodiversité, la santé, la vie même, et selon des modalités de justice diverses : la répartition, la redistribution, la participation, la reconnaissance.                       l’économie standard s’est enfermée au cours des dernières décennies du siècle précédent dans une approche beaucoup trop étroite de la coopération sociale et du développement humain, fixée sur des obsessions abstraites telles que l’efficacité, la rentabilité ou la croissance, qui la rendent inopérante aujourd’hui. Ce faisant, elle a méprisé sa propre richesse, ignoré son écodiversité et négligé de s’interroger sur les conditions de possibilité de l’activité économique.                                   Cette économie du XXe siècle, qui est encore professée par l’écrasante majorité des économistes professionnels et pratiquée par les gouvernements du monde entier, s’est précisément cristallisée entre 1934 et 1936, sous l’influence croisée de Simon Kuznets et John Maynard Keynes, et sur le socle de l’économie néoclassique. Tandis que Kuznets inventait dans l’après‐coup de la Grande Dépression l’indicateur de référence censé mesurer la richesse collective, le produit intérieur brut (PIB), Keynes concevait l’instrument susceptible de le faire croître : la politique macroéconomique. Peu après la conférence de Bretton Woods, en novembre 1944, paraissait le second rapport Beveridge (« Le plein emploi dans une société libre »), liant croissance économique et plein emploi.    Croissance, politique macroéconomique et plein emploi : trois concepts mis au jour en une décennie de 1934 à 1944, et qui allaient former le triptyque du progrès social pour les quatre‐vingts années à suivre, jusqu’à maintenant.                              Maintenant, où il apparaît de plus en plus clairement que cette économie du XXe siècle doit être dépassée, car elle sape les fondements du bien‐être humain en prétendant le réduire à l’accumulation individuelle de symboles monétaires pour les faire croître sans fin, sans conscience des limites planétaires ni des besoins communs. Faut‐il continuer à se forcer d’apprendre par cœur ce credo daté qui semble justement être la feuille de route de nos crises sociales et écologiques ? Ce serait une régression intellectuelle et, au fond, une perte de temps. Faut‐il alors se résoudre à évoluer dans des univers parallèles, où l’on apprend d’un côté les réalités physiques, biologiques et éthiques du monde tel qu’il est et se défait sous nos yeux et, de l’autre, des « modèles » économiques qui en font abstraction au nom de principes largement arbitraires ? Cette dissonance cognitive nourrit notamment dans la jeunesse un malaise grandissant : elle n’est ni saine, ni utile, ni tenable.           L’économie au XXIe siècle doit donc être une économie encastrée, bornée par la biophysique en amont, avec, comme discipline frontière, l’économie écologique (qui étudie les flux de matières, les déchets, l’énergie, la biodiversité, les écosystèmes, etc.), et bornée en aval par la justice sociale, avec, comme discipline frontière, l’économie politique (qui met en lumière les inégalités sociales et mesure la qualité des institutions politiques). Et c’est une économie du bien‐être essentiel, qui articule les besoins humains universels aux contraintes écologiques planétaires en les projetant dans la durée. Il ne s’agit pas d’une dérobade devant l’économie du XXe siècle qui prévaut encore, mais d’une tentative de reconquête : il n’y a aucune raison de nommer « économie orthodoxe » la pensée dominante de ces quarante dernières années qui apparaît à bien des égards marginale au regard du temps historique. À dire vrai, l’encastrement social‐écologique de l’économie que je recommande ici a tout à voir avec les origines de la pensée économique, vieille de plusieurs milliers d’années.                          D’abord, et aussi surprenant que cela puisse paraître au regard de l’impératif contemporain de croissance à outrance, la pensée économique a depuis toujours partie liée avec la notion de sobriété des désirs et des ressources. On trouve ainsi clairement exprimée chez Aristote – le fondateur, avec Xénophon, du raisonnement économique au IVe siècle avant notre ère – une opposition entre, d’une part, l’économie (le but de l’activité économique) et, d’autre part, la chrématistique (le moyen d’acquérir des ressources pour atteindre des objectifs économiques). Cette opposition se prolonge par une autre distinction éthique, encore plus cruciale, entre la bonne chrématistique et la mauvaise.                La bonne chrématistique est celle qui se trouve subordonnée à l’économie comprise comme l’acquisition des ressources nécessaires à la « bonne vie » du ménage (au « bien‐vivre », dirait‐on dans la culture latino‐américaine), le foyer étant considéré comme le lieu par excellence du raisonnement économique. La mauvaise chrématistique (qualifiée de « non naturelle » par Aristote) échappe quant à elle à la loi du besoin et se transforme en un appétit insatiable pour des ressources illimitées, y compris au moyen d’opérations financières risquées, telles que le crédit et le prêt à intérêt. Autrement dit, dès sa conceptualisation, l’activité économique est conçue par Aristote comme relevant de la sobriété, c’est‐à‐dire de la satisfaction des besoins humains essentiels.                    Cette sobriété des origines fait aujourd’hui retour, dans les territoires français où l’eau se fait rare sous l’effet d’une sécheresse structurelle, en Europe où l’énergie vient à manquer, en Chine où l’air est empoisonné par la pollution. Et l’on comprend qu’économiser, ce n’est pas convertir la biosphère en ressources, c’est bien plutôt partager les ressources de la biosphère......"__________________
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