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Désindustrialisation: une fatalité?

Publié le par Jean-Etienne ZEN

En France

                      Depuis plus de vingt ans, la France a perdu de nombreux atouts en matière industrielle, par  laxisme ou par conviction néolibérale naïve. Le contexte idéologique de la "mondialisation heureuse", l'impact des croyances à la vertu des marchés et à la valeur des services ont favorisé des abandons de souveraineté que nous payons encore cher aujourd'hui, notamment en matière d'emploi et de formation. Malgré un volontarisme épisodique, comme les appels de Montebourg, la barre n'a pas été redressée, même si l'époque post-covid laisse entrevoir un rebond et des prises de conscience salutaires. Mais nous continuons à payer cher nos erreurs. Nous avons souvent regardé passer les trains et le France fut trop souvent "vendue à la découpe"....avec l'inertie ou la complicité des élites.  Le tournant de 1983 fut un moment clé pour comprendre le virage qui marque encore nos choix.  Cette période et celles qui l'ont précédée et suivie, sont assez complexes à analyser et quelques rappels sont nécessaires:

 

 

Point de vue

                                         "... La France est affectée depuis un quart de siècle par une désindustrialisation massive. Dans La désindustrialisation de la France, 1995-2015 (Odile Jacob, juin 2022), Nicolas Dufourcq, directeur général de la BPI (Banque Publique d’Investissement), s’interroge sur les causes du phénomène et donne la parole à des témoins de premier plan : entrepreneurs, économistes, hauts fonctionnaires.    Ce livre passionnant et dense redonne vie à tout un pan de l’Histoire contemporaine. Il nous invite à bâtir notre opinion à partir des avis souvent opposés des intervenants...     En 2020, la France (68 millions d’habitants) compte 5,3 millions d’ouvriers contre 7 millions il y a 40 ans. Ce sont essentiellement des hommes. 40% seulement d’entre eux, soit environ deux millions, travaillent dans l’industrie. Les autres sont chauffeurs routiers, agents de maintenance, garagistes, etc         Un siècle plus tôt, la France (40 millions d’habitants) comptait six millions d’ouvriers. Ils travaillaient essentiellement dans l’industrie et dans ces années-là, leur nombre dépassait celui des agriculteurs en activité. Il y a un siècle et demi enfin, sous le Second Empire, ils étaient environ deux millions et demi – dont une proportion notable de femmes et d’enfants - pour une population similaire.  .......Ces chiffres illustrent le tête-à-queue de l’industrie française. On voit en effet que son poids relatif dans la population et l’économie est retombé en quarante ans à ce qu’il était à l’aube de la révolution industrielle.                    Les Français prennent conscience de la désindustrialisation à partir de 2008. C’est l’année où la crise des subprimes venue d’Amérique frappe le Vieux Continent. Plusieurs groupes prestigieux ont déjà disparu : « Alstom, mis à terre par l’acquisition ratée des turbines d’ABB en 2003, Pechiney, abîmé par l’acquisition d’American Can, puis racheté par Alcan en 2005, et Arcelor, racheté par Mittal en janvier 2006 ». À ces noms s’en sont ajoutés bien d’autres depuis : Technip, passé aux Américains en 2016, Lafarge repris par le Suisse Holcim en 2015, etc.            Pour le reste, les groupes français font très vite le choix de délocaliser leurs usines sur les marchés émergents (Chine, Brésil) et dans les pays à bas coût (Tunisie, Maroc,…). Ils entraînent avec eux, bon gré mal gré, leurs principaux sous-traitants, ainsi que l’attestent les entrepreneurs interrogés par Nicolas Dufourcq. Ils profitent aussi de la délocalisation pour construire des usines dernier cri qui à Tanger, qui à Wuhan, de sorte que lorsque surviendront des difficultés, ils fermeront en premier lieu les usines françaises, sous-équipées et vétustes !        Les constructeurs allemands délocalisent également mais avec une différence capitale que souligne Nicolas Dufourcq : ils transfèrent en Europe orientale et ailleurs les activités bas de gamme et la sous-traitance ordinaire tout en conservant leurs meilleures machines et leurs activités haut de gamme dans l’usine-mère, où elles sont assurées de disposer d’une main-d’œuvre fidèle et qualifiée.       Du coup, phénomène insuffisamment souligné, « la proportion des capacités industrielles hors du territoire d’origine est aujourd’hui beaucoup plus élevée en France qu’en Allemagne, en Italie ou en Espagne : le poids des ventes des filiales de groupes français à l’étranger représente 2,5 fois la valeur ajoutée industrielle de la France contre 1,3 fois pour l’Allemagne, 1 fois pour l’Italie et 0,5 fois pour l’Espagne. »                       Selon l’auteur Nicolas Dufourcq, libéral bon teint, « tout commence dans les années 1970 » : le premier choc pétrolier est suivi d’une rigidification du droit du travail sous le septennat de Valéry Giscard d’Estaing. L’élection de François Mitterrand en 1981 n’arrange rien : 39 heures, lois Auroux, nationalisations, augmentation des charges patronales, contrôle des prix… « Le modèle social français pèse de tout son poids sur les entreprises ». Les dévaluations permettent de sauver malgré tout leur compétitivité, la dernière intervenant en 1987.       Vient alors le tournant libéral de 1983. Le président Mitterrand choisit de renforcer l’intégration européenne vaille que vaille. « Décidés sans grand débat national, la suppression du contrôle des prix et l’Acte unique de 1986 préparent le marché unique de 1992. (…) C’est aussi l’époque où le concept de politique industrielle prend une coloration péjorative partout en Europe. »                                              Notons qu’en 1994, le Premier ministre Édouard Balladur réunit une commission sous l’égide d’Alain Minc pour réfléchir à la France de l’An 2000. Nicolas Dufourcq en est le rapporteur. Le document final prône l’adaptation du pays à la mondialisation par une politique d’austérité salariale. Jacques Chirac s’engouffre dans la brèche et dénonce la « fracture sociale » qui risque de s’ensuivre. Il sera élu à la présidence de la République.               Jean-Baptiste de Foucauld, commissaire au Plan et véritable âme du rapport Minc, reconnaîtra que le rapport a peut-être péché par trop d'assurance. Il ébauchera une distinction qui n'y était pas : « Dans l'industrie, où les machines coûtent plus cher que les hommes, c'est normal qu'on augmente les salaires ; mais, dans les services, la main-d’œuvre constitue la principale charge. Dans ces secteurs, c'est en allégeant le coût salarial que l'on créera des emplois. » (Libération, 20 avril 1995). C’est peu ou prou la politique que mettra en œuvre en 2003-2005 Peter Hartz… en Allemagne.                                      La fin du siècle est marquée par une forte reprise de la croissance en France. Tous les indicateurs se mettent au vert malgré une hausse des taux d’intérêt due à l’endettement massif de l’Allemagne, qui doit financer la réunification de l’Est et de l’Ouest après la chute du Mur de Berlin. Le gouvernement de Lionel Jospin en profite pour instaurer la semaine de travail de 35 heures (4 heures de moins sans baisse de salaire).        Bien que plébiscitée par les Français, l’initiative arrive au plus mauvais moment. Elle provoque un charivari dans les entreprises et les administrations, cependant que la monnaie unique ouvre la France à la concurrence européenne. Dans le même temps, l’entrée de la Chine dans l’Organisation mondiale du commerce (OMC) la plonge dans le grand bain de la mondialisation.          Pour ne rien arranger, les entreprises de taille intermédiaire (ETI), généralement à caractère familial, se voient gravement pénalisées par l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) et les droits de succession. Pour payer leurs impôts, les actionnaires familiaux se voient obligés soit de pressurer l’entreprise pour dégager davantage de dividendes, soit de vendre leurs parts à des groupes étrangers. Il faudra la loi Dutreil de 2003 pour alléger leur fardeau.    Dans cette conjoncture pour le moins compliquée, la palme de l’inconscience est sans conteste remportée par Serge Tchuruk, Pdg d’Alcatel, l’un des fleurons nationaux (120 sites industriels, 150000 salariés dans le monde, numéro un mondial de la fibre optique). Il annonce en 2001 vouloir faire de l’équipementier télécoms une « entreprise sans usines » (fabless) ! Il ne va que trop bien y arriver. Aujourd’hui, l’entreprise n’existe plus.  L’Allemagne, ragaillardie après l’épreuve de la réunification, profite du marché unique et de l’euro pour exporter à tout va.  « À partir de 2003, les parts de marché allemandes à l’export hors de la zone euro explosent littéralement, à un rythme qu’on n’avait jamais vu. (…) Le déficit commercial avec la France se creuse dans la foulée des pertes de parts de marché à l’export. (…) En vingt ans, notre déficit commercial ne va plus cesser de se creuser. Il tangente aujourd’hui les 100 milliards d’euros annuels. Il est de 17 milliards d’euros par an sur le seul franco-allemand depuis quinze ans, dont une part écrasante en biens manufacturiers. » La perte de savoir-faire industriel va de pair avec ce déficit commercial toujours croissant.             Louis Gallois (77 ans) est le dernier des grands patrons qu’a connus la France. Après un passage à la Direction Générale de l’Industrie et dans les cabinets ministériels, aux côtés de Jean-Pierre Chevènement, il a dirigé la Snecma et Aérospatiale avant d’être appelé en catastrophe à la SNCF en 1996 pour sortir celle-ci d’une crise existentielle. En 2007, il a assumé la co-présidence d’EADS. Porté enfin en 2014 à la présidence du conseil de surveillance de PSA Peugeot Citroën, il contribue à sauver le groupe automobile d’une mort assurée.    Nicolas Dufourcq a eu la bonne idée de lui confier la conclusion de son ouvrage en dépit d’une opposition politique et idéologique assumée.       Louis Gallois admet des erreurs dans la politique industrielle de 1981-1983 (échec des plans sectoriels : machines-outils, électronique). Mais il rappelle aussi que les nationalisations ont sauvé de la faillite plusieurs champions français alors très mal en point. Elles leur ont permis de se refaire une santé, avant que les privatisations hasardeuses de 1986 et 1995 ne les remette à l’épreuve.          Mais le virage essentiel est celui de 1983, dit-il : « Mitterrand estimait que la voie du programme socialiste était une impasse et qu’il fallait un nouveau projet. Ce projet était l’Europe. Pour moi, c’était une rupture du contrat. C’était surtout une fuite en avant vers une Europe libérale à l’allemande. Je savais que si on sortait du SME [système monétaire européen], ce serait rugueux et qu’il faudrait mettre tout de suite en place une politique de rigueur à la Trichet, avant Trichet. Il fallait faire une dévaluation interne en plus de la dévaluation externe. C’était coûteux, mais c’était le prix du respect des engagements pris devant les électeurs. Mitterrand a préféré l’Europe, car il a cru qu’elle lui épargnerait cet effort. Ensuite, la décision d’aller vers le marché unique (Acte unique) est passée en douce. Aucun débat n’a eu lieu, ni au Parlement, ni au gouvernement, sur le démantèlement de l’essentiel de la réglementation économique française. »         De manière logique suite à ce virage, la droite libérale l’emporte aux législatives de 1986 et veut en finir avec la politique industrielle. « Quand Madelin est nommé ministre de l’Industrie, il déclare que les industries manufacturières ne sont pas sa tasse de thé, » se souvient Louis Gallois. Le ministre n’en fera que trop la démonstration. L’industriel déplore également les erreurs de l’attelage Chirac-Jospin (1997-2002) : les 35 heures qui ont désorganisé les entreprises et mobilisé les énergies à un moment où elles auraient été nécessaires ailleurs ; l’entrée dans l’euro à une parité trop élevée.  Il affirme très clairement la responsabilité de l’euro dans la désindustrialisation. « Chez Airbus, on vendait nos avions en dollars avec des coûts en euros. (…) Entre 2005 et 2009, au plus haut cours de l’euro, on ne tenait plus. (…) Pour moi, l’euro fort avantage les forts et affaiblit les faibles. » De fait, avec la monnaie unique, on se prive de la fonction d’équilibre que joue une monnaie nationale en sanctionnant tant les excédents que les déficits commerciaux.                                                            Nicolas Dufourcq, qui a pris la direction de la BPI en 2012, veut croire que la désindustrialisation est désormais derrière nous, du fait de quelques mesures correctives sur la fiscalité, les successions, etc. Du fait aussi de la fin de la « mondialisation heureuse » (Alain Minc) illustrée par la pandémie de Covid-19 (pénuries de composants chinois). Du fait enfin de l’action de sa banque. Les chiffres semblent attester de la recréation d’emplois industriels en France. Mais « une hirondelle ne fait pas le printemps. »      Les pénuries de main-d’œuvre, les carences abyssales du système éducatif, autrefois réputé l’un des meilleurs du monde, la démotivation de la jeunesse après la pandémie, l’argent gratuit et le « quoi qu’il en coûte » nous rendent pour le moins sceptiques sur la solidité de cette « réindustrialisation ».  [ Merci à André Larané_____Souligné par moi__]____________

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Renaissance?

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Une sortie de l'enfer?

        Si la tendance se poursuit, il se pourrait bien que la Grèce nous étonne par sa remontée des enfers en cours; Relativement. Elle qui fut vilipendée, ostracisée, humiliée, sommée de  se soumettre aux diktats d'une UE qui voulait la mettre à genoux pour ses écarts jugés non orthodoxes aux yeux des banquiers du Nord de l'Europe, les pays qui la jugeaient comme un "paradis" de paresseux, tout juste bon à faire se bronzer sur ses côtes les plus favorisés, sans rigueur budgétaire aux yeux des normes de rigueur  imposées par l'Allemagne notamment. Que faisait d'ailleurs ce pays sans le club des pays industrialisés? certains estimaient qu'on l'avait fait entrer par erreur ou par sentimentalisme. On fit tout pour précipiter sa chute, pour privatiser l'essentiel de ses infrastructures, au nom d'un libéralisme "bien compris", on installa la pauvreté jusqu'au coeur des hôpitaux. Merci Mr Shaüble! On voulut faire un exemple à destination des pays du Sud et ou n'y alla pas de main morte, dans le silence parfois embarrassé de la France notamment. Et puis, il fallait sauver quelques grandes banques "imprudentes"...sur les ruines d'un petit pays exsangue.                               ____Mais voici , nous dit-on, les signes d'un certain renouveau, après les effets dévastateurs de la crise de 2008. si l'on en croit le Monde: Une-chance-de-"redemption"...

 

 

     "...Malgré la terrible récession historique qu’elle a connue, la Grèce est aujourd’hui un pays stable, pro-européen. Alors que l’agence de notation américaine S&P a sorti la Grèce de son statut de junk bond (« obligation pourrie »), c’est-à-dire la catégorie la plus risquée, vendredi 20 octobre, symbole d’un vrai début d’amélioration, le constat mérite de s’y arrêter. Le choc économique a été exceptionnel, de quoi faire émerger les pires noirceurs de l’histoire : la chute du produit intérieur brut (PIB) de 28 % entre 2008 et 2016 a été de la même ampleur que la dépression américaine de 1929, mais elle a duré deux fois plus longtemps. Aujourd’hui encore, l’économie demeure 20 % au-dessous de son niveau de 2007. La population reste très largement plus pauvre qu’elle ne l’était il y a quinze ans, les services publics, en particulier les hôpitaux, sont exsangues et un demi-million d’habitants ont émigré.   « Si je vous avais dit en 2008 que l’économie connaîtrait une telle chute, que notre politique s’approcherait du précipice [en flirtant avec la sortie de l’euro], mais que la société finalement tiendrait, ça aurait été dur à croire », témoigne Dimitri Papalexopoulos, le président du SEV, le patronat grec. A l’écouter, l’expérience de la Grèce est celle d’un pays qui a « essayé le populisme » et qui en est revenu. « Nous avons aujourd’hui l’un des premiers gouvernements postpopulistes, continue M. Papalexopoulos. Kyriakos Mitsotakis [l’actuel premier ministre de centre droit] a été élu en 2019 sur la base de sa compétence et réélu sur sa compétence. »                                                                                                       Ce portrait flatteur du leader du gouvernement grec doit être relativisé. M. Mitsotakis a été éclaboussé pour avoir mis sur écoute des journalistes et des opposants. Un drame ferroviaire qui a fait 57 morts a mis en évidence une administration des chemins de fer encore sclérosée. Son administration a mal fait face aux feux et aux inondations, cet été.   Il n’empêche. Dans un pays qui n’a émergé de la dictature qu’en 1974, il n’était pas difficile d’imaginer un scénario alternatif, où la Grèce serait sortie de l’euro en 2015 et se serait retrouvée, quelques années plus tard, plus ou moins alignée avec la Russie ou la Chine. Rien de tout cela ne s’est produit....."                                Mais la grande pauvreté n'a pas disparu. A Bruxelles on applaudit, mais le chantier reste immense, après la potion amère du néolibéralisme financier laisse encore des traces vives ...  __________________

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Excepionnalisme américain

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Une constante et ses variantes

                                    Depuis ses origines pas si lointaines, les petites colonies de l'Est, prémisses de ce qui deviendra plus tard un Etat fédéral, sous l'effet d'une migration de plus en plus  accélérée, connurent un destin particulier, du moins dans son idéologie. Créé de toutes pièces, sur les ruines des peuples autochtones, le noyau des premiers occupants cultiva et transmit une idéologie d'exception, sur la base d'une religiosité dérivée d'un protestantisme européen qui trouva sur ces nouvelles terres le lieu d'un nouveau départ, loin des contraintes et des persécutions de l'ancien continent. Faire du neuf, créer un nouvel espace régénéré, représenter une humanité d'exception en des lieux supposés "vierges", ce fut les modèles qui imprégnèrent l'esprit américain jusqu'à aujourd'hui?                                             Naquit un idéal puritain qui devint peu à peu une idéologie d'Etat et imprégna peu ou prou le "rêve américain". Le poids du religieux connu des hauts et des bas, revenant aujourd'hui en force, à travers les croisades politiques de Bush, le born again, notamment, et les remises en question néoconservatrices d'aujourd'hui en matière de moeurs.   Ce qu'il reste du rêve américain, dans des circonstances variées, malgré ses crises, est toujours bien vivace.   La notion de Destinée manifeste apparut pour la première fois en 1844, dans un article du directeur de la Democratic Review, John O’Sullivan:  « Notre Destinée Manifeste [consiste] à nous étendre sur tout le continent que nous a alloué la Providence pour le libre développement de nos millions d’habitants qui se multiplient chaque année»

 

         Ce mythe et ses variantes furent longtemps un moteur économique et géopolitique, mais fut peu à peu contesté à l'intérieur et à l'extérieur du pays.
   La mobilité, tant vantée,  apparaît comme largement surfaite.
      C'est la fin d'une époque, qui connaît une sorte de déclin, les premiers signes de la fin de l'empire, qui vit à crédit. et qui est de plus en plus porté vers une nouvelle forme d'isolationnisme. Mais pour combien de temps encore? Tant que dureront l'hégémonie. du dollar et de la puissance militaire...
  Comme le fait remarque l'économiste Paul Krugman, la réalité n'a jamais été à la hauteur du rêve américain.   Plus cruellement, Noam Chomsky  souligne la faiblesse d'un rêve de puissance, qui, s'il a réduit sa voilure, n'en finit pas de vouloir s'imposer dans le mondedirectement ou indirectement, physiquement ou symboliquement.     

            Dieu est forcément américain,  et impose une Destinée manifeste ..à ce pays d'exception. (1)

                    « L’Amérique est la seule nation idéale dans le monde […] L’Amérique a eu l’infini privilège de respecter sa destinée et de sauver le monde […] Nous sommes venus pour racheter le monde en lui donnant liberté et justice. » [Woodrow Wilson, cité par Bernard Vincent, La Destinée Manifeste, Messène, Paris, 1999]
         Cela vient de loin, de ses mythes fondateurs.
        Prêt à défendre toutes les causes, surtout pour les évangélistes de combat
    Le Président table rase, libéral désordonné, ne peut se passer de ses services...
Où Dieu va-t-il mener son nouveau serviteur?...
Lui qui a tout prévu, même un survivor...

"Dieu a posé sa main sur Donald Trump ...:


      Trump a prêté serment sur la Bible lors de son inauguration, honorant ainsi la tradition mise en place par George Washington.
       La religion a toujours été importante dans la république américaine. Mais jusqu’aux années 1950, elle était largement séparée de l’Etat, soutient l’historien de Princeton Kevin Kruse dans One Nation Under God. L’adoption de la devise nationale « In God we trust » date ainsi de 1956. Deux ans plus tôt, le Congrès avait fait ajouter au serment d’allégeance l’expression « one Nation under God » (une nation sous l’autorité de Dieu).
         « Ce ne sont pas les Pères fondateurs, mais nos grands-pères qui ont forgé les cérémonies et les formules qui viennent à l’esprit lorsqu’on interroge la nature chrétienne des États-Unis », souligne Kruse. L’idée que les Etats-Unis sont une nation chrétienne a été promue dans les années 1930 et 1940 par des lobbies industriels et commerciaux opposés au New Deal. Ceux-ci considèrent la religion comme une arme puissante dans la guerre contre les promoteurs de l’Etat providence et les communistes. Ils recrutent et financent un clergé conservateur prêchant, non la charité, mais l’enseignement individualiste de Jésus. Ce mélange de chrétienté et de capitalisme s’installe au centre de l’arène politique dans les années 1950 avec l’arrivée d’Eisenhower à la Maison Blanche. Quelques mois avant sa prise de fonction, celui–ci déclare : « Notre façon de gouverner n’a aucun sens si elle n’est pas fondée sur une foi profondément ressentie, peu importe laquelle. » Il acte ainsi la fin de « l’Etat païen » et ouvre la voie à de nouvelles traditions.

         Dans ce contexte de renouveau religieux, la formule « une nation sous l’autorité de Dieu » saisit l’imaginaire national. La formule « In God we trust », empruntée à l’hymne national The Star-Spangled Banner, apparaissait déjà par intermittence, sur les pièces de monnaie depuis le Guerre civile. Elle s’y installe définitivement, ainsi que sur les timbres et les billets de banque, avant de devenir la devise officielle du pays. Quant au célèbre « God Bless America », il est un peu plus récent. Il est popularisé par Ronald Reagan et marque tellement les esprits qu’aujourd’hui aucun homme politique n’envisage plus de terminer un discours sans lui.
[ Books, octobre 2015]        
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Héroïsme contributif?

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 C'est le monde à l'envers...                                                                                                                                                              Ils remettent ça, les plus fortunés. Du moins certains...Ce n'est pas la première fois qu'ils se font remarquer en ce sens;  Sens civique?: on peut en douter... Mauvaise conscience, culpabilité ou intérêt bien compris? Il faut dire que la charge de l'impôt leur pèse moins qu'au commun des mortels, même s'ils se plaignent souvent, en faisant valoir leur fonction économique" incontournable" et la légitimité de leurs rétributions qui laissent souvent rêveur. Buffet avouait que sa femme de ménage donnait plus que lui au fisc. Mais il n'est pas toujours cohérent....Tout est question de proportionnalité. "...Les revenus des 75 foyers français les plus riches sont proportionnellement moins imposés que ceux du reste de la population et ne redonnent à l'administration fiscale que 2% de leur fortune en moyenne, souligne une étude de l'Institut des politiques publiques. Les milliardaires ne sont, en effet, imposés qu'à un barème de 26%, en moyenne, contre 46% pour les millionnaires. Comment cela est-il possible tandis que l'impôt en France est censé être progressif, en fonction des revenus ? ..." Qu' en aurait pensé Roosevelt à son époque? 

   Le boulier fiscal n'est plus d'actualité mais on peut toujours contourner la loi, parfois en toute "légalité". De manière simple ou plus sophistiquée: l'évasion fiscale a encore de beaux jours devant elle. _____Ce mouvement de volontarisme  touche d'autres pays, notamment les USA.                                                 Ce serait presque attendrissant. Voilà que de très grosses fortunes de par le monde demandent humblement à être taxés davantage qu'il ne sont actuellement. Quand on sait que beaucoup le sont proportionnellement moins que leur femme de ménage, on peut comprendre...Déjà lors de la crise de 2008, un groupe de philanthro-capitalistes  demandaient au pouvoir d'être imposés en rapport avec leurs revenus stratosphériques. Mais ce ne fut pas suivi d'effets, ils le savaient, et ils se firent ensuite plus discrets, craignant peut-être une nouvelle époque à la Roosevelt, qui pendant la crise de 29 les mit sérieusement à contribution..               Certains cependant persévérèrent à Davos. Cela sentirait-il le sapin ou la révolte, fourches en avant? Les châteaux seraient-ils menacés? La peur pourrait-elle être le commencement de la sagesse?  Ils passent aux aveux, avec parfois quelques accents se sincérité: "...«La plupart d'entre nous peuvent dire que, alors que le monde a traversé d'immenses souffrances au cours des deux dernières années, nous avons en fait vu notre richesse augmenter pendant la pandémie –mais peu d'entre nous, voire aucun, peuvent honnêtement dire que nous payons notre juste part d'impôts», écrivent les signataires. Le groupe soutient que le système fiscal international a créé un manque de confiance entre les gens ordinaires et les élites, ces dernières étant les «architectes de ce système».

 

                                      Mais pas de suite à ces élans de civisme....comme on s'y attendait. L'héroïsme contributif n'a pas la cote au pays des ultra-riches. Et pourtant le temps est venu de combler l'immense fossé qui se creuse entre les extrêmes, ne serait-ce que pour sauver l'économie réelle, en mettant fin au règne des rentiers improductifs.                     ______ "...La confiance – en politique, dans la société, entre nous – ne se construit pas dans de minuscules pièces annexes accessibles uniquement aux plus riches et aux plus puissants. Elle n’est pas bâtie par des voyageurs spatiaux milliardaires qui font fortune grâce à une pandémie, mais ne paient presque pas d’impôts et offrent des salaires médiocres à leurs employés. La confiance se construit par la responsabilité, par des démocraties bien huilées, justes et ouvertes qui fournissent de bons services et soutiennent tous leurs citoyens.    Et le socle d’une démocratie forte est un système fiscal équitable. Un système fiscal équitable.    En tant que millionnaires, nous savons que le système fiscal actuel n’est pas équitable. La plupart d’entre nous peuvent dire que, si le monde a connu d’immenses souffrances au cours des deux dernières années, nous avons en fait vu notre richesse augmenter pendant la pandémie – mais peu d’entre nous, voire aucun, peuvent honnêtement dire qu’ils paient leur juste part d’impôts.    Cette injustice, inscrite dans les fondements du système fiscal international, a créé un manque de confiance colossal entre les peuples du monde et les élites qui sont les architectes de ce système…      Pour le dire simplement, pour rétablir la confiance, il faut taxer les riches. Le monde – tous les pays qui le composent – doit exiger que les riches paient leur juste part. Taxez-nous, les riches, et taxez-nous maintenant.    Aggravée par la pandémie de coronavirus, la montée en flèche de l’inégalité des revenus et des richesses a été au cœur des récents mouvements de protestation de masse en Amérique du Sud, au Moyen-Orient, en Europe, aux États-Unis et ailleurs – des soulèvements populaires qui se sont souvent heurtés à une répression policière brutale.     « Il est temps de corriger les erreurs d’un monde inégalitaire. »       Mais peu d’actes réels ont été faits ces dernières années pour inverser la tendance de plusieurs décennies d’une accumulation de richesses stupéfiantes au sommet et d’une baisse du niveau de vie pour de larges pans de la population mondiale.    Selon une analyse d’Oxfam publiée en début de semaine, les dix hommes les plus riches du monde ont vu leur fortune cumulée augmenter de plus de 1,2 milliard de dollars par jour depuis que la pandémie de coronavirus a frappé il y a deux ans, alors que des dizaines de millions de personnes dans le monde ont sombré dans la pauvreté.  Les défenseurs et les législateurs progressistes soutiennent depuis longtemps que l’augmentation des impôts sur les riches – bien qu’elle soit loin d’être une panacée pour les maux profonds de la société – contribuerait à réduire les inégalités croissantes et à générer des revenus que les gouvernements pourraient consacrer à la réduction de la pauvreté, à la fourniture de soins de santé universels et à la satisfaction d’autres besoins fondamentaux.     Gemma McGough, une entrepreneuse britannique et membre fondatrice de Patriotic Millionaires UK, a réitéré cet argument dans une déclaration mercredi.   « Une valeur commune à la plupart des gens est que si quelque chose n’est pas juste, alors ce n’est pas bien. Mais les systèmes fiscaux du monde entier intègrent l’injustice, alors pourquoi les gens devraient-ils leur faire confiance ? a déclaré McGough, l’un des signataires de la nouvelle lettre. On leur demande d’assumer notre fardeau économique commun encore et encore, alors que les plus riches voient leur richesse, et leur confort, continuer à augmenter. » « Il est temps que nous redressions les torts d’un monde inégalitaire, ajoute McGough. Il est temps de taxer les plus riches."                        ____Certains hyper-privilégiés sentiraient-ils passer le vent du boulet et finiraient-ils par comprendre qu'il est dans leur intérêt de mettre la main à la poche?... quitte à renoncer à l'achat d'un deuxième yacht ou d'une troisième résidence de luxe.   Chiche!           _____________________

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EDF: retour à la normale?

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 Re-nationalisation 

                                   C'est le terme utilisé par Mme Borne pour désigner l'opération annoncée pour redonner une  orientation et un avenir à un géant sans lequel rien ne serait possible dans le contexte énergétique actuel soumis à des tensions inédites. Mais que cache cette notion de "nationalisation", dont le contenu n'a pas été toujours très clair, dans les (trop) nombreux projets qui se succèdent depuis une vingtaine d'années , surtout depuis l'ouverture à une concurrence au moins partielle et à une financiarisation qui ne disait pas son nom?                                                                                                Ce ne sera certainement pas un retour au projet de 1946, où le service public devint le maître mot d'une opération sans pareille. En tout cas, la nécessité de sortir de la dictature  des marchés, où le géant de l'énergie s'est plus d'une fois enlisé et endetté, semble une nécessité urgente. Cela ne se "joue pas à la corbeille" disait De Gaulle, qui ne fut guère entendu par Jupiter, obligé maintenant à revenir à plus de raison, après ses tentatives successives pour ouvrir aux capitaux le joyau national...Mais rien n'est clair pour l'instant. "...« EDF était dans le pire des deux mondes. Celui de l'État qui fait ce qu'il veut, peut lui imposer de favoriser ses concurrents ou de racheter General Electrics. Et le pire de la Bourse qui lui impose des misères », estime Jacky Chorin, ancien membre du conseil d'administration d'EDF... En acquérant la totalité des parts, l'État met fin à cette situation, sauve EDF et promet de s'endetter à sa place..."   

                                    Cela semble bien la fin de la folie boursière et des aventures financières hors de nos frontières, sans parler des aventures d'Areva. L'urgence va être de retrouver le sens du métier que les ratés et les contradictions d'aujourd'hui soulignent cruellement. Pas seulement à Flamanville...Il faut arrêter les dérives récentes et mettre un terme à la notion de "rente nucléaire"                                                                                         L'audace et la raison naissent de la nécessité et de l'urgence, au coeur d'une crise durable.  Un défi colossal.         Back to the past?...  Après différents "ouvertures du capital" selon le langage jospinien, serait-ce le retour à la case 1946, celle du bon sens, après des aventures financières scabreuses, le scandale d'Areva , le projet  Hercule  , déjà avorté ... Mr Lemaire, après avoir fustigé les initiatives européennes en matière d'alignement des prix de l'électricité sur celui du gaz,  se dit prêt à remettre les compteurs à zéro, en raison d'une conjoncture problématique en matière énergétique: "Toutes les options sont sur la table" dit-il. Alors?... Faudrait savoir.  "...Le ministre de l’économie, des finances et de la relance, Bruno Le Maire, a déclaré, mardi 15 février, qu’« aucune option (…) ne d[eva]it être écartée » dans la stratégie de l’Etat vis-à-vis d’EDF – y compris une éventuelle nationalisation de l’énergéticien français.    « Aucune option, à partir du moment où on ouvre une nouvelle ère, ne doit être écartée. Il faut toutes les regarder sereinement », a déclaré le ministre sur la radio BFM Business, en réponse à une question sur une nationalisation d’EDF. « Toutes n’appartiennent pas forcément au même calendrier. Mais toutes les options sont sur la table », a encore dit M. Le Maire. En début d’année, son ministère avait plutôt écarté un tel scénario...."                                       __On avait attendu des merveilles des différentes percées libérales sur un marché pas tout à fait comme les autres...Mais c'est devenu un échec patent. Des contradictions manifestes, à l'heure où les grandes puissances s'interrogent sur leur avenir énergétique. Un défi gigantesque. Rien n'est joué. Les incertitudes redoublent. Un virage compliqué.

 


                                                          

 

          "...Ce mardile ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, n’a pas exclu de nationaliser EDF si le besoin s’en faisait sentir. De fait, le faramineux chantier des six EPR annoncé par le chef de l’Etat ne laisse guère le choix à la puissance publique: au contribuable de payer l’atome, le marché se régalera du reste. Le macronisme a cela de fascinant qu’il peut convertir les libéraux les plus endurcis au Gosplan quand nécessité politique et économique font loi. Le 10 février, campé devant une imposante turbine Arabelle à Belfort, le chef de l’Etat sonnait la relance du programme nucléaire français en annonçant la construction de six réacteurs EPR à l’horizon 2035, et une option pour huit de plus. Mardi matin sur BFM Business, mal réveillé mais assez pour sursauter, on a entendu Bruno Le Maire assurer le service après-vente du «chantier du siècle» en répondant par l’affirmative à l’hypothèse d’une nationalisation d’EDF : «Aucune option, à partir du moment où on ouvre une nouvelle ère, ne peut être écartée. Il faut toutes les regarder, sereinement, toutes n’appartiennent pas forcément au même calendrier, mais toutes les options sont sur la table», a déclaré le ministre de l’Economie en pesant chaque mot.  Bien sûr, Le Maire n’a pas explicitement prononcé le mot «nationalisation». Un gros mot pour qui a fait l’essentiel de sa carrière politique dans la case droite néolibérale de l’échiquier. Car qui demandait jusque-là à corps et à cris la nationalisation d’EDF au nom du retour à un vrai service public de l’énergie ? La CGT, le PC, …"           Etonnant, non?             ____Wait and see...comme disait ma grand-mère, qui n'était pas bretonne._________

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Parole d'Israëlienne

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 Une voix pathétique, rare et juste

    Loin de appels à la vengeance aveugle, la loi du talion étant porteuse de pires violences encore

"J’ai 19 ans.

Je viens du kibboutz Be’eri.    Le pire – à part entendre les noms des morts, des disparus et des otages – ce n’est pas de se coucher dans un abri sombre. Ce n’est pas d’entendre des coups de feu. Ce n’est pas de recevoir, en temps réel, les notifications de mes camarades du kibboutz, des gens que je connais depuis toujours, demander de l’aide sans que personne ne vienne.             Le pire pour moi – à part les morts, les kidnappés et les otages – a été le moment où je suis sortie, lorsque nous avons été évacués, et qu’il faisait nuit. J’étais pieds nus. J’ai marché sur du verre. Et j’ai vu – sur les visages des gens de mon quartier – partout – la peur. Une peur terrible. Ces visages que je connaissais depuis toujours – je ne les avais jamais vus comme ça. Couverts de larmes. Des gens avec qui j’ai grandi : terrorisés.                                                           La peur circule, là, parmi nous. Je viens d’arriver à la mer Morte. Je vois la peur se promener sur les visages de mes camarades du kibboutz. Ils essaient de continuer à se lever le matin. De tenir le coup. De sourire de temps en temps. Chacun comme il peut.                                       Me relever tous les matins… Il n’y a pas eu beaucoup de matins depuis… Mais me lever… chaque matin… …c’est difficile, très. Ce qui nous est arrivé est, oui, terrifiant. Mais il faut que je dise quelque chose de très important. Ce qui nous est arrivé n’est pas nouveau ; c’est juste pire. On nous a négligé pendant des années, des années. Ne dîtes pas « dôme de fer » – c’est du sparadrap. Ne dites pas « soldats de fer » – c’est du sparadrap. Une personne est en train de mourir et vous lui apportez du sparadrap. Honte à vous. Honte à vous. Ça fait des années, des années que nous en parlons. Vous nous négligez : voilà où nous en sommes. Ce n’est pas nouveau, c’est juste pire. Et ce n’est pas la seule chose dans cette guerre qui n’est pas nouvelle et juste pire.                                                                                                                          J’essaie de trouver les mots, parce que, honnêtement, c’est difficile de les trouver avec toute cette colère et ce chagrin qui me traversent en ce moment. Comment suis-je censée me lever le matin ? Citoyens d’Israël, hommes politiques, personnes à l’étranger – qui que vous soyez je m’en fous – écoutez-moi bien. Comment suis-je censée me lever le matin quand je sais qu’à 4,5 kilomètres de Be’eri, de chez moi, dans la bande de Gaza, il y a des gens pour qui ce n’est pas fini ? Pour moi, c’était fini après 12 heures, parce que j’avais un endroit où me réfugier. Je suis à la Mer Morte dans un hôtel.                                                                                         Ceux qui parlent de vengeance, honte à vous. Oui, c’est vrai, la douleur est immense. Moi, après tout ce que j’ai vécu… à chaque fois que j’entends le mot « vengeance », je m’effondre. Que des gens s’apprêtent à vivre ce que j’ai vécu sans que personne ne vienne les sauver, c’est…

On ne peut pas continuer comme ça, on ne peut pas

Et non : d’autres sparadraps ne résoudront pas le problème. Les gens nous demandent sans cesse : « allez-vous retourner au kibboutz ? », « Croyez-vous pouvoir retourner y vivre sans plus de soldats, plus de protection ? » Ne me parlez pas de soldats. Ne me parlez pas de protection. Parlez-moi de solutions politiques. Depuis des années, nous demandons une solution politique.....". (La suite)...                        

  _____(Rien à ajouter)                                             

  _______________ Le terrorisme vient de loin, avec ses ambiguïtés. On le voit ici. Un souien à un peuple n'est pas une adhésion à une cause. Sinon...                                                    La porte ouverte à toutes les confusions, abondamment instrumentalisées.___________

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EDF: pour un bilan

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 "Faire crever la bête"?...

                               Dans ce dossier complexe et urgent, un autre éclairage n'est pas superflu:                                                  "...C’était un scénario catastrophe, jugé impossible par beaucoup il y a encore quelques années. Il est en passe de devenir réalité : EDF est au bord de l’effondrement financier. La situation est si inquiétante que le conseil social et économique central du groupe a déclenché un droit d’alerte à la mi-juin« EDF ne passera pas l’année », a-t-il prévenu.      De son côté, l’agence de notation S&P s’apprêtait à dégrader à nouveau la notation de l’électricien public dans les semaines à venir. « C’est sans aucun doute un des éléments qui ont poussé le gouvernement à accélérer sur le dossier. Une nouvelle dégradation aurait compliqué le financement du groupe et compromis les projets nucléaires présidentiels », analyse un financier.      « On a volontairement fait crever la bête », s’indigne Héloïse, cadre du groupe, dénonçant pêle-mêle l’absurde déréglementation du marché de l’énergie au seul bénéfice de fournisseurs alternatifs qui n’apportent rien, l’arrogance et l’incompétence de l’État actionnaire, la médiocrité des présidents successifs. Sans aller aussi loin dans l’expression, beaucoup de salariés mais aussi de connaisseurs du monde de l’énergie partagent l’analyse.   « Tout ce qui arrive était prévisible, écrit à l’avance. Depuis plus de dix ans, on assiste à une succession de décisions communautaires, gouvernementales, qui ont mis à sac EDF. Avec la crise de l’énergie, la guerre en Ukraine, on découvre aujourd’hui l’ampleur du dogmatisme de la Commission européenne, de la croyance au marché : nous n’avons ni stratégie ni sécurité énergétique. Et EDF, qui était le champion européen, est à terre. Quel bilan ! », s’indigne un connaisseur du dossier.     

 

 

                               ___Une accumulation de facteurs exceptionnels est venue faire dérailler le groupe. Mais certains auraient pu être évités, si le gouvernement avait fait d’autres choix. Sa responsabilité dans la façon dont il a conçu le bouclier tarifaire est totale.   Cyniquement, le gouvernement a demandé à EDF d’assumer l’essentiel du bouclier tarifaire, limitant la hausse des prix de l’électricité à 4 % à partir de février, en vue de protéger le pouvoir d’achat des ménages. Selon ce dispositif, l’accès à l’électricité nucléaire au coût historique (ARENH), qui est déjà une mesure sans équivalent pour financer les concurrents du groupe public, a encore été élargi.    EDF, qui fournit déjà 100 TWh aux fournisseurs alternatifs, est obligé de leur céder 20 TWh supplémentaires au prix de 42 euros/MWh (prix fixé pour l’électricité nucléaire historique). N’ayant pas de production suffisante à disposition, le groupe se retrouve dans l’obligation d’acquérir cette production au prix fort sur le marché (300 euros le MWh actuellement) pour le revendre à perte à ses concurrents.                  Lors de son annonce, la direction d’EDF avait chiffré le coût de cette mesure à 8 milliards d’euros d’impact négatif sur son Ebidta. Depuis, l’addition a été réévaluée : le coût estimé est de 10,2 milliards d’euros. Elle va encore s’alourdir : le gouvernement a annoncé la prolongation du bouclier tarifaire au moins jusqu’à la fin de l’année, en mettant toujours EDF à contribution.     « Tout cela aurait pu être évité si le gouvernement avait pris d’autres décisions. S’il avait décidé, comme l’a fait l’Espagne, de sortir du marché européen de l’électricité, s’il avait baissé la TVA sur l’énergie pour la ramener à 5,5 %, s’il avait retravaillé les tarifs de l’électricité, cela aurait été beaucoup plus efficace pour le maintien du pouvoir d’achat. Au lieu de cela, il a préféré qu’EDF continue à engraisser ses concurrents », dit Sébastien Menesplier, secrétaire général de la FNME-CGT.                                             ___La critique est d’autant plus justifiée que c’est à partir d’une méthodologie contestée, comme nous l’avons raconté, que tout cela a été élaboré. La commission de régulation de l’énergie (CRE) a établi fin janvier que les prix des tarifs réglementés de l’électricité devaient augmenter de 44 %, provoquant l’affolement du gouvernement puis la mise en place du bouclier tarifaire sur l’électricité. « Si la CRE avait décidé de changer de période de référence, de lisser l’évolution des prix sur une plus longue période, l’augmentation des prix de l’électricité aurait été au maximum de 10 %. Ce qui aurait pu être facilement supportable pour une grande partie des ménages. Mais la CRE a préféré la politique du pire, au détriment d’EDF et des finances publiques, et enrichir les traders », analyse un connaisseur du marché de l’électricité.                ___  Dans son récent rapport sur le marché de l’électricité, la Cour des comptes ne dit pas autre chose, soulignant que la méthode employée par la CRE « aboutit à des niveaux de prix excédant largement les prix » de marché. Le gouvernement ne tient manifestement pas rigueur à la CRE de cette « erreur » : son président, Jean-François Carenco, a été promu ministre délégué aux outre-mer.          Si le coût du bouclier tarifaire est si élevé pour le groupe public, c’est qu’il doit en même temps faire face à un accident industriel sans précédent, dont le gouvernement n’a tenu aucun compte : neuf de ses réacteurs nucléaires sont à l’arrêt, à la suite de la découverte par l’Autorité de sûreté nucléaire de fissures et de corrosion sur les tuyauteries des réacteurs.    À ces arrêts imprévus s’ajoutent les chantiers de révision, de maintenance déjà programmés. Sur les 56 réacteurs installés, EDF ne peut compter que sur la production d’une petite trentaine depuis le début de l’année. Sa production nucléaire devrait tomber de 350-380 TWh à environ 280 à 300 TWh au mieux en 2022, le PDG du groupe, Jean-Bernard Lévy, ayant annoncé de possibles chutes de production encore au second semestre.                               Les conséquences de cet accident industriel sont déjà immenses. À ce stade, le groupe les évalue à 18,5 milliards d’euros de pertes sur son Ebidta. Ce n’est qu’une estimation provisoire : EDF se trouvant désormais dépendant du marché électrique européen pour assurer une partie de ses approvisionnements.     Même si ces arrêts ont un caractère exceptionnel, ils n’en posent pas moins la question de la gestion du parc nucléaire français, des choix passés. La Belgique, qui exploite des réacteurs comparables, ne rencontre pas les mêmes problèmes que la France. Certains, jusqu’au gouvernement, sont tentés de l’expliquer par la grande rigueur de l’Autorité de sureté nucléaire.                                                                                                          Dans son discours de politique générale, la première ministre, Élisabeth Borne, a annoncé mercredi 6 juillet l’étatisation de fait de l’électricien. Dans la foulée, Jean-Bernard Lévy a officialisé le fait qu’il abandonnait par anticipation son poste de PDG, sans avoir à assumer son bilan.    Même si beaucoup prévoyaient de graves difficultés pour EDF, personne sans doute n’imaginait qu’elles atteindraient une telle ampleur. Selon nos informations, le groupe anticipe un Ebidta (excédent brut d’exploitation) négatif à la fin de l’année, compte tenu d’une succession d’éléments exceptionnels.    La perte pourrait être de l’ordre de 10 à 15 milliards d’euros, selon certaines sources. L’endettement du groupe dépasserait 60 milliards d’euros et pourrait même atteindre 70 milliards à la fin de l’année (contre 48 fin 2021). Même si des cessions et des ajustements comptables peuvent venir un peu alléger la note, d’autres charges financières et provisions sont aussi à prendre en compte. À la moitié de l’année, EDF se prépare à afficher des milliards d’euros de pertes fin 2022.    Et ce ne sont que des estimations provisoires. La crise de l’énergie qui sévit en Europe depuis l’été 2021 et qui s’est aggravée depuis la guerre en Ukraine nourrit une flambée des prix de l’électricité, qui pourraient atteindre des niveaux stratosphériques si la menace de pénurie de gaz, qui sert de référence pour l’établissement des prix de l’électricité sur le marché de gros européen, se concrétise. EDF risque alors d’être touché de plein fouet.       Mais au sein du groupe, beaucoup mettent plutôt l’accent sur le changement de culture des directions successives, devenues beaucoup plus préoccupées par le rendement à court terme, les dividendes toujours plus élevés exigés par l’État actionnaire, les opérations financières censées être prestigieuses mais s’avérant ruineuses, plutôt que de produire de l’électricité dans les meilleures conditions. Cela s’est traduit par une chute des investissements à partir des années 2000, la suppression des maintenances préventives, le recours accru à la sous-traitance. Ces économies à court terme se paient au prix fort aujourd’hui.    « Il y a une paupérisation des compétences, une perte de la culture industrielle dans l’entreprise. Les anciens qui ont fait cette maison sont partis. Et la culture est partie avec eux. Ils n’ont pas été remplacés », ajoute un ancien responsable du groupe. « Ce n’est pas vrai qu’EDF a perdu ses savoir-faire industriels. Enfin pas partout. Il y a des directions, des divisions où ces préoccupations dominent. Au comité exécutif, au sommet, c’est autre chose », nuance Nicolas* , salarié du groupe.                              ___ Cette perte de compétences, d’expertise se traduit sur les chantiers de l’EPR. Comme cela était prévisible et annoncé, Hinkley Point (au Royaume-Uni) suit les traces de Flamanville. Avant le lancement du projet, tout le groupe, des ingénieurs aux syndicats, en passant par certains directeurs, s’était mobilisé contre ce programme, jugé dangereux pour l’avenir. Le directeur financier d’EDF, Thomas Piquemal, avait même démissionné avec fracas pour s’y opposer. Jean-Bernard Lévy avait décidé de passer outre et d’imposer ce contrat, voulu par Emmanuel Macron, alors ministre de l’économie.       Toutes les craintes de l’époque étaient fondées : le chantier de Hinkley Point se révèle irréalisable dans les délais et les prix annoncés au moment de la signature du contrat. Alors que le réacteur devait entrer en fonctionnement fin 2022, début 2023, la direction d’EDF a annoncé de nouveaux retards. La mise en service de la première tranche est reportée à fin juin 2027. Au mieux. Ces nouveaux retards se traduisent par un surenchérissement de 3 milliards de livres (3,5 milliards d’euros). Estimé au départ à quelque 19 milliards de livres, le projet est chiffré désormais à 26 milliards de livres.       Des chiffres qui donnent le vertige à beaucoup. Alors qu’Emmanuel Macron annonce la construction de six EPR, et peut-être même de 14, tous redoutent de voir le groupe sombrer corps et biens dans un gouffre industriel et financier.                              Alors que le groupe se débat face à des équations financières insolubles, beaucoup se demandent comment va s’écrire la suite. « Avec le contrôle total du capital par l’État, cela risque d’être encore pire », note Charles*, cadre chez EDF. C’est peu dire que l’annonce d’Élisabeth Borne du rachat des actionnaires minoritaires d’EDF et de la sortie du groupe de la bourse ne suscite guère d’enthousiasme chez les salariés de l’électricien. Beaucoup insistent pour parler d’étatisation et non de nationalisation du groupe.     Un mot que d’ailleurs Élisabeth Borne s’est bien gardée d’employer. « Il n’y a pas de transformation de statut. EDF reste une société anonyme (SA) et ne redevient pas un EPIC (établissement public industriel et commercial). Demain, ils pourront faire ce qu’ils veulent », constate Sébastien Menesplier.    « Je suis pour le maintien des actionnaires minoritaires au capital. C’est une protection pour EDF. Avec 100 % du capital, l’État va avoir les mains libres. Cela signifie moins de transparence, moins d’informations financières, encore moins d’autonomie et de marges de manœuvre pour diriger ce groupe », renchérit Nicolas*. Celui-ci redoute que l’État ne profite de l’affaiblissement d’EDF pour réimposer d’une façon ou d’une autre le projet Hercule, conduisant au démantèlement du groupe.       Beaucoup de salariés entretiennent la même crainte. Emmanuel Macron n’a jamais caché combien il tient à ce projet conçu dès 2016. Et le président n’a pas caché non plus son mécontentement après s’être heurté à une opposition forte à la fois au sein de l’entreprise et à la Commission européenne. Convaincu de la pertinence de « son projet » sans jamais l’avoir expliqué, même lors de la campagne présidentielle, il semble décidé à le reprendre.      À ce stade, le gouvernement, au-delà de l’étatisation d’EDF, n’a rien dit de ce qu’il entendait faire. Et manifestement il compte dévoiler ses cartes au dernier moment afin de prendre de court toutes les oppositions. « Il n’y aura pas de débat parlementaire sur la prise de contrôle de l’intégralité du capital d’EDF », a déjà prévenu le ministre des finances, Bruno Le Maire.                                    Au-delà de l’engagement financier que cela représente – le rachat des minoritaires d’EDF pourrait s'élever à 12,7 milliards d’euros –, comment le gouvernement peut-il envisager une seule seconde de ne pas s’expliquer sur ses intentions devant le Parlement, devant les Français ? L’électricité est un bien de première nécessité, un élément déterminant pour l’économie française. EDF n’est pas une entreprise d’État mais un service public au service de la nation, un bien commun partagé entre tous. Et le gouvernement n’aurait aucune explication à fournir, ni sur les échecs passés qui ont conduit à cet effondrement, ni sur ce qu’il entend faire à l’avenir ? « Il serait temps qu’on donne la parole au public, qu’on le consulte sur ce qui se passe et ce qu’il veut, insiste François Carlier, directeur de l’association CLCV (Consommation, logement et cadre de vie). Depuis le milieu des années 1990, l’ouverture du marché de l’énergie s’est faite sans jamais l’interroger. On devine assez pourquoi : 75 % des gens sont encore inscrits aux tarifs réglementés de l’électricité. Cette consultation ne peut plus être différée. »      Le gouvernement espère encore feinter. Mais il ne pourra pas continuer très longtemps sans que le public ne lui demande des comptes. Certes, il peut encore espérer masquer l’effondrement d’EDF un moment, avec son opération capitalistique. Mais il ne le pourra plus quand viendra le temps des pénuries, des rationnements et des coupures.       Car nous en sommes là ! Dès cet été, il n’est pas assuré que la Corse ne souffre pas de coupures d’électricité. Cet hiver, la menace de coupures arbitraires pourrait toucher tout le territoire. Le gouvernement, d’ailleurs, s’y prépare. Selon nos informations, un décret est en cours de rédaction pour permettre des coupures d’électricité et mesures de délestage chez les particuliers, sans que celles-ci donnent lieu à indemnisation, à la différence de ce qui est fait pour les entreprises...." [ Merci à Martine Orange. ___ Souligné par moi] ______________________
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Petit billet dominical

Publié le par Jean-Etienne ZEN

__ Europe et Palestine

__ Loi méconnue

__ Rage à contenir

__ Ursula contestée (ici)

__ Métier dangereux?

__Inde en marche

 

__ Intimidation policière

 

__ Poison pour bébé

__ Histoire de manants       

__ Défaite annoncée?

__Travailleurs sans abri

__ Tsahal: aide américaine

__ Condamnation ambiguë

_____________________Revue de presse 

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Encore question d'Uber

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Il y a les manoeuvres purement commerciales  de la plate-forme tentaculaire et il y a les complicités et les aides politiques, le lobbying secret. Notre Président donna un appui discret mais finalement reconnu à Uber, malgré les oppositions qu'il suscitait en plus haut lieu. Un dossier sulfureux, que nie bien sûr l'intéressé.               "...Les Uber files  montrent que l'entreprise prenait des libertés avec la loi. Le modèle initial d'Uber –des citoyens conduisant d'autres citoyens dans leurs voitures privées sans permis ni licence d'aucune sorte– se situait juridiquement dans une zone grise. Dans des courriels, des cadres ont même plaisanté sur le fait qu'ils étaient des «pirates» et que le modèle de l'entreprise était «tout simplement illégal», lorsqu'ils se heurtaient à une opposition juridique pour aborder de nouveaux marchés.   Les documents divulgués révèlent également le rôle que le lobbying et les relations amicales avec des politiciens ont joué dans le succès d'Uber. La société a engagé de puissants lobbyistes, dont beaucoup étaient d'anciens membres ou associés de gouvernements nationaux qui avaient notamment promis de mettre fin au «copinage» entre politique et industrie. Parmi les rencontres avec les politiciens figuraient des personnalités telles que Emmanuel Macron (alors ministre français de l'Économie) et le maire de Hambourg de l'époque (aujourd'hui chancelier d'Allemagne) Olaf Scholz...."

                   Ubérisez-vous! disent certains, adeptes d'une nouvelle foi s'appuyant sir les  possibilités offertes par les diverses nouvelles technologies numériques. 

   En dehors du problème des transports par taxis -qui créent des tensions en France comme ailleurs-, l'ubérisation est une tendance lourde, un peu fourre-tout, qui a prétention à vouloir affecter en profondeur un grand nombre de secteurs de l'économie et des services.
      Que ce soit dans le domaine de la consommation ou de l' économie collaboratives, on voit éclore une foule de projets et de débuts de réalisation qui ne manquent pas toujours d'intérêt  à première analyse, mais qui suscitent un grand nombre de réactions hostiles de tous bords, dans de nombreux pays.
    Mais est-ce une bataille déjà perdue? Pas seulement dans les transports ou l'hôtellerie. 
Bien que ce soit encore un  phénomène mal perçu, il fait déjà apparaître un certain nombre de problèmes de fond;
  Pour E.Morozov, l'uberisation est le miroir de l'impuissance publique face aux géants, notamment de de la Silicon Valley et des forces financières qui les appuient. (*)
   Il exprime aussi un rapport particulier à la loi.
____________________ 
___    (*)...(sa) la politique du « low cost » trouve aussi une explication plus triviale : grâce aux énormes capitaux de ses investisseurs, la compagnie peut se permettre de brûler des milliards dans le seul but d’éliminer toute concurrence, celle des taxis de la vieille époque aussi bien que celle des petites start-ups ingénieuses comme Kutsuplus.
  Dans un article récent, The Information, un site Internet spécialisé dans les nouvelles technologies, indiquait que durant les neuf premiers mois de 2015 les pertes d’Uber s’élevaient à 1,7 milliard de dollars, contre seulement 1,2 milliard de recettes. La compagnie est assise sur une montagne d’argent si colossale que, dans certaines villes des États-Unis, elle propose des courses à un prix qui ne couvre même pas le coût du carburant et de l’usure du véhicule.
    Sa stratégie est simple : faire exploser la demande en abaissant les prix à un niveau tellement attractif qu’il finit par vaincre les réticences de ceux qui préfèrent normalement prendre leur voiture personnelle ou les transports publics. Aucune dépense n’est trop fastueuse pour atteindre cet objectif. Au passage, Uber se taille aussi des parts grandissantes sur les marchés adjacents, comme le transport de biens de consommation ou la livraison de colis...
     Une question se pose alors inévitablement, même si elle est rarement posée : de qui Uber consume-t-il ainsi l’argent ? D’investisseurs tels que Google, d’Amazon, de Goldman Sachs. Uber fournit l’exemple parfait d’une compagnie dont l’expansion planétaire fulgurante est redevable en grande partie à l’incapacité des gouvernements de taxer les profits des géants de la finance et des technologies.
     Pour le dire plus crûment : si Uber peut jongler avec tous ces milliards, c’est parce que les Etats ne le peuvent plus. Au lieu d’alimenter les caisses publiques, cet argent s’entasse sur les comptes offshore de la Silicon Valley et de Wall Street. Ses propriétaires ne s’en cachent même pas. Apple a annoncé récemment qu’elle trônait sur un magot de 200 milliards de dollars soustraits à toute ponction fiscale, tandis que Facebook se vante d’un bénéfice record de 3,69 milliards de dollars pour 2015....
     La leçon à retenir, c’est que la politique menée par un pays en matière de nouvelles technologies dépend directement de sa politique économique. La première ne peut fonctionner qu’avec le concours de la seconde. Des décennies de choix fiscaux laxistes, cumulées à une stricte adhésion aux canons de l’austérité, ont réduit à néant les ressources publiques nécessaires à l’expérimentation de nouvelles manière de fournir des services collectifs, notamment dans le domaine des transports.
Il en résulte que les gros industriels nourris à l’évitement fiscal et les fonds de placement spéculatifs — qui envisagent la vie quotidienne comme un terrain de prédation entrepreneuriale — ont le champ libre pour s’accaparer les projets de ce type. Ce n’est pas une surprise si plus d’un a commencé comme Kutsuplus pour finir comme Uber : le fait de s’en remettre à des investisseurs qui attendent des retours exorbitants conduit fatalement à ces métamorphoses....
                    __... Les principaux faits reprochés se sont déroulés en 2014 et 2015 et concernent UberPop. La justice vise la mise en relation, via la plateforme UberPop, de clients avec des particuliers s’improvisant taxis. La pratique commerciale trompeuse cible trois spots diffusés sur Radio Nova à Bordeaux invitant les auditeurs à devenir chauffeurs pour gagner un peu d’argent. La dernière série de délits concerne tous les services Uber, et vise la loi Informatique et liberté. Le parquet reproche à l’entreprise d’avoir conservé des données personnelles de clients au-delà du délai légal, d’avoir numérisé et conservé des permis de conduire et cartes d’identité sans l’avoir suffisamment déclaré à la Cnil, et d’avoir constitué des fichiers comportant des informations sur les chauffeurs, notamment sur leur casier judiciaire.
    Ce sont ces fichiers, contenus dans des disques durs collectés lors d’une perquisition au siège de l’entreprise mi-2015, qui avaient conduit à reporter le procès après sa première audience, le 30 septembre dernier : la défense ne s’était pas vu transmettre le contenu des disques durs, et la présidente du tribunal, Cécile Louis-Loyant, lui avait accordé le droit de les explorer en profondeur avant de reprendre l'audience cette fin de semaine...

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Honneur et tristesse

Publié le par Jean-Etienne ZEN

__ Dominique Bernard méritait sans aucun doute un hommage public. Comme d'autres avant lui.

 

 

           Mais il aurait sans doute désapprouvé, lui l'homme simple et dévoué, de recevoir à titre posthume la légion d'honneur, que l'on sort trop souvent dans de telles circonstances tragiques.                                La médaille napoléonienne s'est banalisée à force d'être distribuée en toutes circonstances.                       Il suffit souvent de demander et d'attendre..    C'est le temps de la grande distribution des friandises et des ...médailles. Qui n'a pas eu sa petite (ou grande) Croix? Il suffit de demander, où plutôt d'avoir servi, ou surtout d'avoir plu au maître. Ne soyez pas jaloux, la Légion d'honneur, quelle qu'elle soit, ce n'est qu' un joujou, comme disait Napoléon lui-même, qui avait besoin de fidèles serviteurs, attachés à sa personne.    "C'est avec des hochets que l'on mène les hommes", disait le fondateur de cette nouvelle distinction, aux usages d'abord militaires jusqu'en 1816. Il s'agissait de récompenser et de s'attacher les valeureux, les "braves".         Aujourd'hui, cette distinction est accordée à tous ceux dont "on" juge en haut lieu qu'ils  se sont particulièrement distingués, quel que soit le domaine: des arts à la recherche en tous genres.         C'est ainsi que l'on voit apparaître le nom de Mme Buzin, comme future récipiendaire, dans le lot de ceux qui seront distingués. Diable! une héroïne? Qui l'eût cru? Quand on connaît son passé récent dans la très discutée gestion de la crise sanitaire à ses débuts. Certains ruent dans le brancards. On les comprend.

                            Il faut dire que l'habitude est prise en haut lieu de distribuer la médaille, grande ou petite, comme des chocolats. Certains ont depuis longtemps refusé cette distinction, qu'il jugeaient illégitime ou banalisée. Parfois empoisonnée, comme lorsqu'elle fut attribuée à des personnes peu recommandables, par diplomatie à courte vue. Un système souvent opaque. Beaucoup l'ont refusé, par principe, comme Brassens, JP Sartre et bien d'autres...Mais beaucoup cèdent au désir d'être distingués. Le ruban rouge est toujours apprécié au revers de la veste. Question de prestige ou de vanité. Le management honorifique continue malgré les critiques, parfois venues d'en haut.                                                                                                                                  Autrement dit, ils sont légions...à avoir reçu  la médaille.  Des militaires, des non militaires, des artistes, des ministres, des petits, des grands, des gros, des maigres, des copains et des ..coquins.   Des méritants, des moins méritants.  Des médiocres,  des lutteurs... (on ne rit pas!)   On la distribue beaucoup  en ce moment, en se bouchant parfois le nez  Affaires obligent......Gênée à l’idée que cela puisse déclencher une polémique, compte tenu de la personnalité pour le moins contestée de son hôte, la présidence française n’a pas révélé que, dans la foulée, François Hollande avait remis la Légion d’honneur à son invité. C'est la Saudi Press Agency, l’agence de presse officielle d’Arabie saoudite, qui l’a révélé peu après : « Après cela, le président français a remis à son altesse la médaille de l’ordre national de la Légion d’honneur qui est la plus haute distinction française pour tous ses efforts dans la région et dans le monde dans la lutte contre le terrorisme et l'extrémisme..."(sic!)  C'est-y pas valeureux, ça!   Une pratique protocolaire courante, dit-on au Palais.   Napoléon n'y aurait pas pensé..

 

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