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Ils surveillent...

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 On s'en doutait un peu.

                        Des pois chiches dans le couscous...

                                     Une réforme Dracula...  Plus de mémoire    _________________

 

 

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Le courant ne passe plus

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Turbulences et flambées des prix 

                     Nous voilà entrés dans une période critique post covid, où une flambée des prix se manifeste un peu partout, du fait d'une demande très forte et de problèmes d'alimentation énergétique. C'est surtout vrai pour le gaz, dont le marché fluctue, notamment en raison de circonstances qui relèvent surtout de la géopolitique du moment.    C'est plus incompréhensible pour l'électricité en France, où le problème est moins conjoncturel que structurel, effet d'un marché européen dont certains ont critiqué les règles en ce domaine. Le ministre Lemaire s'en était plaint, mais sans aller jusqu'au bout de sa pensée. La libéralisation tous azimuts, dogmatique, artificielle, constitue une sorte de folie. En attendant Hercule...

 

 

                                 Point de vue:          "....Depuis  la fin de l’été 2021, les prix de l’énergie grimpent dans toutes les régions du monde. Le tarif régulé du gaz en France a augmenté de 57 % pour les ménages depuis le 1er janvier. L’électricité suit le même chemin : passée, en dix ans, de 120 euros par mégawattheure à 190 euros, la facture des particuliers va monter en flèche en 2022.   Cette crise tire l’inflation dans la zone euro à son plus haut niveau depuis 2008 (3,4 % sur un an) et menace particulièrement les personnes précaires et les entreprises. Alors que beaucoup de commentateurs n’y voient que des raisons conjoncturelles, les vraies causes sont à rechercher à Bruxelles.   Le 19 décembre 1996, les pays de l’Union européenne adoptent une directive concernant les « règles communes pour le marché intérieur de l’électricité ». Pour gérer ce monopole naturel, beaucoup d’États membres ont bâti un service public intégré, qui assure la production, le transport et la distribution. Mais Bruxelles veut instaurer « un marché de l’électricité concurrentiel et compétitif ». Moins de deux ans plus tard, une autre directive amorce la privatisation du gaz.   La méthode a été mise au point par des économistes de l’école de Chicago, expérimentée au Chili, puis au Royaume-Uni. Elle met en œuvre deux principes. La « séparation patrimoniale » vise à isoler des activités précédemment intégrées au sein d’une même entreprise publique de façon à les rendre indépendantes les unes des autres. Sujet d’une attention particulière, les activités de gestion des réseaux doivent être séparées, comptablement puis juridiquement, pour offrir un traitement « équitable » à tous les producteurs et fournisseurs qui se feront concurrence sur les marchés dérégulés.         Au cours des années 2000, Réseau de transport d’électricité (RTE) et Électricité réseau distribution France (ERDF, à présent Enedis) sont détachés d’Électricité de France (EDF). Chez Gaz de France (devenu GDF Suez après sa privatisation, puis Engie), le réseau de gazoducs à haute pression et les activités de distribution sont transférés respectivement à GRTgaz et Gaz réseau distribution France (GRDF).   La création de Bourses du gaz et de l’électricité, sur lesquelles se forment des prix de marché, répond au deuxième principe fondateur du modèle néolibéral. Elles ont vocation à remplacer les tarifications encadrées par les pouvoirs publics.    En France, l’entreprise de marché Powernext ouvre sa Bourse de l’électricité en 2001 et sa Bourse du gaz en 2008, avant que les marchés nationaux soient progressivement intégrés à l’échelle européenne. Plusieurs types de contrats sont mis en circulation pour couvrir les besoins des fournisseurs. Les contrats « à terme » permettent une livraison différée à l’année, au trimestre, au mois ou à la semaine suivante pour un prix conclu à l’avance. Les contrats « spot » concernent les livraisons pour le lendemain ou pour les quelques jours qui suivent et les achats en temps réel.    La libéralisation du gaz et celle de l’électricité ne présentaient pas le même enjeu politique ni la même difficulté. La France ne produit pratiquement pas de gaz et doit l’importer. Ses principaux fournisseurs étaient en 2020 la Norvège pour 36 %, la Russie pour 17 %, les Pays-Bas et l’Algérie pour 8 % chacun et le Nigeria pour 7 % .    Une fois la gestion du réseau rendue « indépendante » du monopole historique, ses concurrents peuvent acheter du gaz à des pays producteurs et le vendre aux consommateurs en acquittant un simple péage pour utiliser les infrastructures françaises. Le fournisseur le plus compétitif est celui qui s’approvisionne au meilleur prix… ou qui comprime au mieux ses dépenses de fonctionnement    Par le passé, Gaz de France signait des contrats de fourniture de long terme, généralement d’une durée de dix à quinze ans. Outre la sécurité d’approvisionnement, la durée des contrats offrait l’avantage de financer les infrastructures (gazoducs, méthaniers, terminaux…) sans prise de risque excessive. Aux débuts de la privatisation, la plupart des nouveaux fournisseurs s’approvisionnent eux aussi avec des contrats de long terme. Mais, sous l’effet d’une concurrence qui s’intensifie, les contrats spot s’imposent.     Selon Thomas Reverdy, sociologue spécialiste des prix de l’énergie, cette évolution doit beaucoup à l’opportunisme des industriels. « Quand les prix des contrats spot ont commencé à chuter, nous explique-t-il, les gros consommateurs ont demandé à leurs fournisseurs de les faire bénéficier de cette baisse. Pour répondre à cette demande, les fournisseurs se sont désengagés de contrats de long terme et ont acheté des contrats spot. Ainsi, le marché spot a pris beaucoup plus d’importance dans la fixation des prix . »      Une tendance accentuée par l’essor du gaz liquéfié, dont le transport par bateaux renforce la liquidité du marché, mais aussi sa volatilité. Dès 2015, les contrats de long terme ne pèsent plus qu’un tiers des transactions à l’échelle européenne. Toujours soumis à la conjoncture (situation économique, températures…), les cours du gaz deviennent nettement plus sensibles aux logiques spéculatives, et les variations en Bourse se répercutent directement sur les consommateurs.                            ___________Introduire la concurrence dans le système électrique s’annonçait autrement plus difficile que pour le gaz. Non seulement la France produit bien davantage qu’elle ne consomme, mais EDF détient l’essentiel des moyens de production et notamment les centrales nucléaires, qu’il n’est pas question pour l’État de privatiser, même partiellement. L’Union européenne n’a d’autre choix que d’adapter la théorie économique libérale à cette situation française.    Afin d’ouvrir une brèche dans le quasi-monopole d’EDF, Bruxelles commence par soutenir le développement privé des énergies renouvelables électriques. La Commission européenne encourage un système de subvention d’un genre nouveau : le tarif d’achat à un prix garanti, bien plus élevé que le coût de production moyen de l’électricité. La loi du 10 février 2000 relative à la modernisation et au développement du service public de l’électricité instaure ce principe en France. Financée par tous les consommateurs via une taxe sur les consommations, cette aide proportionnelle à la quantité d’énergie produite vient « sécuriser » les investissements privés. Avec l’émergence de filières de fabrication en Asie, les prix des modules photovoltaïques et des génératrices éoliennes chutent fortement au début des années 2010. Grâce au tarif de rachat, le développement de ces projets renouvelables électriques devient très lucratif et suscite un véritable engouement, non sans effets pervers comme l’implantation désordonnée d’infrastructures. Pour la période 2002-2013, la Commission de régulation de l’énergie (CRE) estime le coût de la subvention à 7,4 milliards d’euros. En 2020, la puissance installée représentait 28 gigawatts de photovoltaïque et d’éolien, essentiellement privé, et 93 gigawatts pour le parc de centrales de l’opérateur historique. Cette percée des énergies renouvelables en puissance installée doit toutefois être nuancée en tenant compte du « facteur de charge », c’est-à-dire le taux d’utilisation annuel des moyens de production. En 2020, il était de 14,4 % pour le photovoltaïque, 23 % pour le thermique, 26,5 % pour l’éolien, 29 % pour l’hydraulique et 61 % pour le nucléaire.              Sachant qu’EDF gardera malgré tout un avantage décisif en matière de production, puisqu’elle continuera à disposer du parc nucléaire, l’Union européenne veut créer une concurrence au niveau de la fourniture. Mais, dans ce cas, la question du prix est cruciale car, pour s’implanter, les fournisseurs privés d’électricité doivent proposer des offres compétitives.    Paris et Bruxelles trouvent un compromis au tournant des années 2010. D’une part, EDF tiendra chaque année un quart de sa production nucléaire à la disposition de ses concurrents sur le marché français, qu’elle leur vendra à un tarif plafonné par les pouvoirs publics. Ce système est baptisé accès régulé à l’électricité nucléaire historique (Arenh). D’autre part, les tarifs régulés par les pouvoirs publics qui reflétaient les coûts de production d’EDF doivent céder la place à des prix de marché. Pour les consommateurs non résidentiels (tous les consommateurs autres que les particuliers), la question est réglée avec la suppression pure et simple des tarifs régulés « jaune » et « vert » intervenue en 2016. Pour les ménages, le calcul du tarif « bleu » d’EDF est modifié pour intégrer une composante qui reflète le prix de l’électricité sur la Bourse européenne ; de cette manière, si les prix de marché augmentent, le tarif régulé aussi (3), et sans justification dans les coûts de production.                                                             ___ Plus récemment, Bruxelles a voulu encourager un nouveau type d’offres commerciales dit « de tarification dynamique ». Dans ce système de facturation, les prix de Bourse sont répercutés en temps réel (heure par heure) sur le consommateur grâce à la technologie des fameux compteurs communicants de type Linky. La directive européenne du 5 juin 2019 ne se contente pas d’autoriser cette tarification dynamique, mais l’impose à « chaque fournisseur qui a plus de 200 000 clients finals ». Ce mode de calcul reporte sur les ménages, les collectivités et les entreprises consommatrices le risque de Bourse.     Le remplacement progressif de tarifs régulés par des prix de marché n’a rien d’un changement anodin. Dans l’« ancien monde » de l’électricité, celui du service public français, les tarifs sont définis de façon à fournir les consommateurs au meilleur prix tout en permettant à EDF de réaliser les investissements nécessaires au bon fonctionnement du réseau. L’opérateur historique utilise ses moyens de production suivant un « ordre de mérite » : les moins chers à faire fonctionner (l’éolien, le solaire, l’hydraulique au fil de l’eau et le nucléaire) sont appelés en premier, les plus chers (les centrales thermiques) en dernier. L’État applique ensuite une régulation tarifaire qui fixe les prix payés par les consommateurs, qui reflètent un « coût complet » et optimisé du mix énergétique.     Avec la Bourse de l’électricité, il en va tout autrement. Le cours du mégawattheure varie en permanence au fil de la journée en fonction de l’offre et de la demande. En période de pointe de consommation, le marché peut offrir des profits faciles aux gestionnaires de centrales thermiques ou hydroélectriques qui assurent l’équilibre du réseau européen. Pour un opérateur avide, il est tentant de réserver la mise en route de ces centrales aux moments où les prix sont les plus hauts… et donc de tirer encore davantage les cours à la hausse.    Les centrales à gaz assurant en moyenne 20 % de la production européenne totale (en 2020) et surtout l’essentiel de la production de pointe, la hausse du prix de ce combustible se répercute sur les cours de l’électricité. S’y ajoutent l’augmentation du prix du carbone et les fluctuations d’autres marchés bâtis sur le même schéma : les certificats d’économies d’énergie, les certificats d’origine des énergies renouvelables, les certificats de capacité qui servent aux fournisseurs à réserver des moyens de production… Le prix de l’électricité est devenu un empilement de mécanismes boursiers.                        ____Face à la flambée de l’automne 2021, les gouvernements cherchent à intervenir, mais sont dépassés par cette mécanique incroyablement complexe, d’autant qu’ils ont sacrifié sur l’autel de la concurrence européenne la plupart de leurs moyens de régulation. Reste la fiscalité sur l’énergie, réduite par l’Italie, l’Espagne ou le Portugal afin de contenir la hausse des factures. En France, le gouvernement met en place un chèque énergie pour près de six millions de ménages à faibles revenus et diffère les augmentations de tarif prévues au-delà d’octobre 2021 pour le gaz et en février 2022 pour l’électricité. Les consommateurs paieront, mais plus tard, le temps peut-être d’une baisse des prix du marché… ou de la fin des élections nationales. Le 20 octobre, le premier ministre Jean Castex annonce également le versement d’une « indemnité inflation » de 100 euros pour les personnes ayant un revenu inférieur à 2 000 euros net par mois.    Ces réponses conjoncturelles ne font pas illusion. Les associations de consommateurs dénoncent de plus en plus ouvertement ce système et sont rejointes par les gros clients industriels confrontés à une situation critique de renchérissement de leurs coûts de fabrication. De leur côté, les organisations syndicales multiplient les initiatives pour réclamer un retour de l’énergie dans le giron public. Dans un dossier d’analyse, Sud Énergie appelle à « sortir l’électricité du marché » pour « revenir au temps long, à la planification des investissements, à des tarifs stables, lisibles et équitables » (4). La Fédération nationale des mines et de l’énergie (FNME) CGT défend un « programme progressiste de l’énergie » pour bâtir un service public rénové .      Si la flambée des prix a conduit à différer le projet Hercule de démantèlement d’EDF. aucune inflexion n’est pourtant prévue du côté de Bruxelles, qui persiste dans sa logique de dérégulation et de privatisation. Sortir l’énergie des logiques de marché pose donc une autre question, aux répercussions bien plus vastes : comment s’affranchir de ce droit européen ultralibéral qui s’impose aux États ? " (Merci au Monde Diplo__Souligné par moi)     _________________________

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D'une guerre à l'autre...

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 Πόλεμος πάντων μὲν πατήρ ἐστι... 

                                        La guerre serait-elle le père de tout, comme l'écrivaitt le vieil Héraclite, en prenant le terme au sens large? Ou l'accoucheuse de nouvelles formes de société, comme le pensent certains du terrible conflit de 14-18, qui a amené un changement d'ère. Mais le philosophe grec pensait aussi aux luttes conflictuelles qui conditionnent la vie dans la nature: la luttes des espèces, comme les confit internes de notre vie organique entre les forces de vie et celles de dissolution, ente les virus et les globules blancs?.. Aucun cynisme ici, c'est un principe de réalité.                                                                                                                                       Mais qu'en est-il du conflit qui se déroule sous nos yeux, dont on voit pas l'issue, ni même la logique? Ou est impliquée la Russie et sa prétendue partie rebelle, l'Ukraine. Les appréciations sont hésitantes, même si les partis pris sont fermes. Les incertitudes sont grandes sur la suite d'événements qui s'incrustent et se durcissent et ses conséquences, pas seulement européennes.           Certains parlent de course au désastre, par analogie avec le conflit e 14-18, qui vit, par le jeu des alliances, un conflit s'éterniser dans des extrêmes non envisagés au départ. Difficile à savoir, à anticiper, dans les crispations actuelles et le feu de l'action. Dans l'aveuglement général, certains tentent des hypothèses, comme Stéphane Audoin-Rouzeau  "... directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), spécialiste de la Première Guerre mondiale et président du Centre international de recherche de l’Historial de la Grande Guerre. Il publie aux Belles Lettres La Part d’ombre. Le risque oublié de la guerre, en forme de dialogue avec Hervé Mazurel, historien des affects et des imaginaires.  À partir de son travail sur la Première Guerre mondiale et sur l’anthropologie des violences de guerre, Stéphane Audoin-Rouzeau remet en cause la perception du conflit ukrainien. Pourquoi croire à une prochaine offensive russe ? Continuer à questionner les origines de la guerre revient-il à négliger de penser l’événement actuel ? Que serait une paix juste et à quel déni correspond le fait d’imaginer qu’un accord négocié en constitue l’inévitable issue ? Enfin : les pacifistes contemporains sont-ils des collabos ? Point de vue et entretien


                                                                  Mediapart : Andriy Yermak, bras droit de Volodymyr Zelensky, a récemment affirmé : « C’est la bataille de Verdun du XXIe siècle qui a lieu en ce moment à Bakhmout et à Soledar. » Au-delà de la communication ukrainienne, habile à renvoyer chaque pays à ses propres références, qu’est-ce que cela inspire à l’historien de la Grande Guerre que vous êtes ?  _________Stéphane Audoin-Rouzeau : Je suis effectivement frappé par les ressemblances entre la Première Guerre mondiale et ce qui se déroule aujourd’hui en Ukraine. Après l’échec de la « guerre de mouvement » russe en février et mars 2022, le conflit s’est transformé en guerre de positions, sur un front très étendu, quoique beaucoup moins « compact » que durant la Grande Guerre.    À l’époque, on trouvait près de trois millions d’hommes de chaque côté d’un front étendu sur 700 kilomètres. Aujourd’hui, il y a quelques centaines de milliers d’hommes de part et d’autre d’un front qui s’étire sur plus de 1 000 kilomètres. Mais, dans les zones très disputées, on voit se reconstituer des lignes de tranchées dont la morphologie est très similaire à celle des tranchées de la Grande Guerre, organisées selon un dispositif de lignes de défense successives.                                                                                                                                          Ce système de siège réciproque, où chacun s’est enterré pour se protéger, est extrêmement difficile à briser, comme l’expérimentent les Russes à Bakhmout, mais aussi les Ukrainiens ailleurs : dans cette configuration, la défensive l’emporte sur l’offensive. C’est un type d’affrontement épuisant pour les combattants, puisque la bataille est continue et qu’il faut tenir les lignes jour et nuit. Un type de combat extraordinairement meurtrier également. Alors qu’on s’attendait à un scénario très différent, on se retrouve donc dans une situation proche de ce que l’on a connu il y a plus d’un siècle. On constate ainsi que l’arme de domination du champ de bataille est, de nouveau, l’artillerie, et non l’aviation, pour appuyer une infanterie dont le rôle reste déterminant. Du même coup, une notion qu’on pensait vieillie, celle de « forces morales », retrouve une nouvelle jeunesse pour rendre compte de la résistance militaire ukrainienne.       ____Sans vouloir rejouer une querelle historiographique ancienne sur la part de consentement et de contrainte qui pèse sur les soldats du premier conflit mondial, diriez-vous que l’on voit aujourd’hui s’affronter en Ukraine une « armée du consentement » et une « armée de la contrainte », à en croire par exemple la vidéo récemment publiée par le « Guardian » montrant des soldats du groupe Wagner en train d’achever un de leurs officiers ?  ____Tant qu’on ne disposera pas d’enquêtes approfondies de sciences sociales permettant de savoir comment la société ukrainienne et la société russe, ainsi que les forces armées des deux camps, ont réagi à la guerre lors des différentes phases de celle-ci, il me semble impossible de répondre de manière fiable à votre question. Sait-on ce qui se passe en profondeur dans la société russe ?             Côté ukrainien, en tout cas, nous pouvons observer une société qui, dans son ensemble, consent à la guerre, en effet : ce qui signifie une acceptation du conflit et des sacrifices qu’il implique, une acceptation pleine de résolution qui vaut pour la partie armée de la population comme pour la population civile, en dépit des premières alertes lancées par Zelensky récemment, au sujet d’une forme de « relâchement » dans certaines villes. Ce consentement paraît reposer sur des bases assez semblables à celui des sociétés d’Europe occidentale en 1914 : un patriotisme défensif très fort et une hostilité marquée, voire une haine à l’égard de l’envahisseur.   Il est rare d’être ainsi confronté à des formes de réitération de situations susceptibles de constituer en quelque sorte un « laboratoire » historique : or, la guerre en Ukraine suscite une sorte de boucle de rétro-interprétation de la Grande Guerre. Beaucoup ont eu du mal à admettre un « consentement » des soldats et des sociétés dans leur ensemble en 1914-1918 : précisément, l’évidence du consentement ukrainien depuis un an ne nous permet-il pas de mieux comprendre le consentement à la guerre des sociétés européennes au début du XXe siècle ?  ____Vous rappelez dans votre dernier livre qu’« il faut un soubassement idéologique au déploiement des atrocités de guerre ». Quel serait-il, dans le cas de l’armée poutinienne qui commet ces atrocités de guerre ? L’argumentaire anti-Otan ou de « dénazification » peut-il vraiment faire office de soubassement idéologique suffisant ?

 

 

 

           Tout d’abord, j’ai été frappé par le fait que, comme à l’été 14, les atrocités de guerre se soient manifestées immédiatement, dès la phase initiale de la guerre, au cours de laquelle la Russie pouvait encore espérer l’emporter rapidement. Elles ne sont donc pas liées à des phénomènes de résistance dans les zones occupées, ou à des formes de radicalisation ou d’épuisement des combattants russes après une longue phase de combats.   C’est d’ailleurs la manière dont les contemporains de 14-18 se représentaient les choses. Très peu étaient capables de penser que la guerre allait durer des années, et moins encore de le dire. On attend donc la prochaine offensive comme les contemporains d’il y a un siècle l’attendaient eux aussi, dans un calendrier surdéterminé par les saisons. Alors, l’attente de l’offensive prochaine est-elle une forme de rumeur de guerre ? Observons que la logique de la guerre de positions pousse à ne pas rester éternellement enterré et à essayer d’ouvrir une brèche pour tenter d’en finir.     ___Pendant la Grande Guerre, imaginait-on aussi des offensives « anniversaires » comme celle qui serait prévue autour du 24 février prochain ?     Cette rumeur-là est étrange, car ce serait stratégiquement assez absurde, mais elle est peut-être intéressante à un deuxième degré. Dans toute guerre, je le disais, le problème du temps se pose à ceux qui la subissent : il faut essayer de le « rationaliser » pour rendre supportable son lent écoulement. On tente donc de baliser, chronologiquement, un calendrier dont les échéances restent, par nature, imprévisibles. ...;."                                                                               

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Très riches hors-sol

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Bienvenue au club!

     L'entre-soi, c'est mieux! Même pas entre riches, mais entre super-riches, entre very happy fews, dans un environnement de choix, un petit paradis privé qui vous met à l'abri du besoin, des soucis matériels bien sûr, mais surtout vous plonge dans un bonheur sans complexe. Heu-reux! En toute bonne conscience. Un monde à part pour les zeureux zélus. Bien loin de la ville où certains aiment se retrouver en ghettos, parfois avec barrières et gardes privés, du côté d'Auteuil-Passy. Quelques braves petites mains locales assurent les services divers. On est bien!  La richesse ça se gagne. On n'est pas hyper-riche par hasard. Le mérite et la volonté, c'est notre secret. Les pauvres sont responsables de leur sort.  On peut les ignorer. Et pourtant...

 

                               Il paraît qu'ils existent...__On les appelle défavorisés, malchanceux, victimesassistés...On finit par ne plus les voir ou on s'habitue...Surtout quand ils font partie du paysage, surtout quand ils travaillent. Ils font parfois  des efforts: ils progressent...
Heureusement, les pauvres savent se faire discrets, surtout loin des beaux quartiers.  Ils ont le bon goût de ne pas trop (se) manifester.   Ce qui fait qu'on a tendance à les ignorer.   C'est tout un art. D'autant plus facile à exercer que la solidarité devient une valeur en baisse.
__Aux USA, toute une tradition fait des pauvres des victimes d'eux-mêmes. Ils sont responsables de leur sort. Il y existe un vrai déni de l’inégalité.
 En France, une partie de la droite décomplexée n'est pas loin de ce point de vue.
"...Les riches seraient plus entreprenants s’ils payaient moins d’impôts ; les pauvres seraient plus travailleurs s’ils recevaient moins de subsides. Des parrains aussi anciens que prestigieux fondent cette doctrine. Emissaire de la révolution américaine à Paris et rédacteur de la Déclaration d’indépendance, Benjamin Franklin estimait dès 1766 que, « plus on organise des secours publics pour prendre soin des pauvres, moins ils prennent soin d’eux-mêmes et, naturellement, plus ils deviennent misérables. Au contraire, moins on fait pour eux, plus ils font pour eux-mêmes, et mieux ils se tirent d’affaire. » En somme, abandonner les indigents à leur sort serait un moyen de leur rendre service. L’avarice devient ainsi une forme intellectuellement avancée de générosité humaine voire, osons le mot, d’aide sociale....(Reagan n'était pas loin de B.Franklin...)
__D'ailleurs les pauvres existent-ils vraiment? On se le demande:
"...« Quand on est RMiste, relevait ingénument Le Point du 28 septembre 2006, on a aussi droit à : l’allocation-logement à temps plein ; la suspension de ses dettes fiscales ; l’exonération de sa taxe d’habitation, de sa redevance, de sa cotisation à la couverture-maladie universelle ; l’accès gratuit à la complémentaire santé de la CMU ; la prime de Noël ; le tarif téléphonique social ; la réduction dans les transports, la gratuité des musées, diverses allocations supplémentaires (en fonction de son lieu d’habitation). » Le 4 juin 2011, Le Figaro Magazine réservait à son tour sa une à une périlleuse « Enquête sur la France des assistés : ces ‘allocs’ qui découragent le travail »
 Pauvres riches qui doivent toujours cracher au bassinet, ou qui plutôt s'arrangent pour en pas avoir à le faire! Il y a tellement de manières d'échapper au fisc...
__Sarkozy a détourné la crise sur les pauvres, " les effets sélectifs de la crise: du fait de la politique économique et sociale, elle a d'abord frappé les foyers les plus faibles et les plus démunis. Face à la crise, le gouvernement a fait le choix de l'ajustement social: alors que les revenus des entreprises (et surtout des plus grandes) se sont très vite redressés sous l'effet notamment de plans de soutien à l'activité, alors que les très hauts revenus n'ont cessé d'être cajolés avec notamment la suppression partielle de l'impôt de solidarité sur la fortune, les plus bas revenus n'ont profité d'aucune de ces attentions. Sous l'effet d'une crise économique historique, ce sont eux d'abord qui ont été atteints."
Avec la crise, les écarts se sont creusés en FranceLes inégalités sont croissantes. Les chiffres de l'Insee sont "bien en dessous" de la réalité
Les patrimoines, eux, se sont envolés (les revenus du patrimoine progressent actuellement à un rythme de 11% l'an)
. Dur, dur, de participer!...
   D'ailleurs, taxer les riches serait 
" idiot et nul ! " .Pauvres exilés fiscaux!
   On peut dire que les pauvres financent les plus riches. Miracle de l'économie néo-libérale!...

___On remarquera que la gauche est particulièrement muette ou timide sur le sujet.  Même un modéré comme Pierre Rosanvallon remarque qu'elle manque d'une «utopie sociale»que l'idée d'égalité est en train de devenir une coquille vide.
"En France, les 1% les plus riches possèdent 24% de la richesse du pays tandis que les 50% les moins bien lotis n’en possèdent que 6%. Mais il ne suffit pas de rappeler ces chiffres pour prendre la mesure de la crise historique de l’égalité dont Pierre Rosanvallon, professeur au Collège de France (voir sa biographie ici), fait la description et la genèse dans son dernier ouvrage, La Société des égaux (Seuil).____ Parce qu'«on n’a jamais autant parlé de ces inégalités et, en même temps, aussi peu agi pour les réduire», constate l’historien. Et car cette crise n’est pas seulement arithmétique et économique, mais aussi sociale et démocratique, puisqu’elle sape les fondements d’une vie commune. En remontant à l’origine révolutionnaire de l’idée d’égalité, Pierre Rosanvallon exige de la gauche une autre révolution pour construire une société des égaux, qui passe par le dépassement des cautères sociaux que sont l’égalité des chances, l’équité, la justice distributive ou la méritocratie..."     Construire une société des égaux, cela veut donc dire reconsidérer très sérieusement les questions d’héritage, les conditions de constitution du patrimoine. Quand Thatcher est arrivée au pouvoir, la taxation des plus-values financières était de 80% ! Ce sont des chiffres dont on n’a plus idée aujourd’hui, ils ne datent pourtant pas d’il y a trois siècles ! Il faut donc bâtir, en France, une politique du patrimoine et non seulement une politique des revenus..."______
        __ *Observatoire des inégalités  
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Varia

Publié le par Jean-Etienne ZEN

1. Enfin!...

2. Insectes: la chute

3. Flottements

4. Les flambeurs

5. Toujours plus...               

6. Crise à Kaboul

7. Béton en progression

8. Pas de dérapage

9. Rappel à l'ordre

10. Opinion et désinformation

11. Etranges expressions

12. Porno: pas suffisant

13. Partage de la valeur

14. François-Henri au paradis

15. Manoeuvres syriennes                   ________________________

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Sauver la langue

Publié le par Jean-Etienne ZEN

C'est sérieux, docteur?

        Est-ce encore soignable?  Des constats parfois affligés montent des quatre coins de l'Hexagone, que certains jugent exagérés ou pessimistes, nostalgiques de l'école de papa où assez peu d'élèves bénéficiaient d'un enseignement long. Mais il faut se rendre à l'évidence: même dans les milieux culturellement favorisés, les performances ne sont plus ce qu'elles étaient, même au niveau élémentaire de l'orthographe, un code dont on perçoit l'effondrement un peu partout, même au niveau des recrutements les plus basiques. Les failles sont de plus en plus béantes, les motivations aléatoires, les efforts en nette baisse. Les fondamentaux sont en question, plus que les connaissances elles-mêmes, pas seulement dans la maîtrise de la langue. Le problème ne se situe pas seulement au niveau du "pilotage" du système éducatif, les réformes se succédant à un rythme déstabilisant. Le manque de moyens est souvent évoqué, mais il ne suffit pas à fournir une explication complète, même s'il a son importance. Certes l'antienne n'est pas nouvelle, mais il y quelques chose de spécifique dans la baisse de niveau contemporain. 

            ___La maîtrise de la langue, de sa langue, a toujours été considérée comme un des éléments essentiels  de la maîtrise de la pensée, de sa formulation, de son expression toujours plus précise et fine, comme de la prise de conscience de ses émotions et de leurs formulations, pour soi-même et pour les autres. Ce n'est pas seulement un problème de vocabulaire plus riche et plus précis, mais aussi une question de syntaxe mieux maîtrisée.
 


      _______C'est une expérience plus profonde que la formule: ce qui se conçoit bien..... Penser de mieux en mieux (tâche infinie) ne peut aller sans une langue plus enrichie, ce qui est un processus sans fin. Les mots sont pas que des outils, mais des conditions nécessaires à l'élaboration d'une pensée toujours plus fine et nuancée.. On ne peut penser sans les mots, avait-on déjà remarqué depuis longtemps.
   Une langue qui s'appauvrit, qui s'étiole, se féodalise ne peut pas ne pas avoir d'incidences sur les contenus de pensée. et leur expression, et agir sur la pensée peut se faire par le biais des mots, instrumentalisés parfois au service du pouvoirs ou des pouvoirs, comme l'analysait Orwell. Le langage commandé ou le langage mécanique est trop souvent celui que nous reprenons sans vraie conscience, ce qui produit une pensée qui ne peut être personnelle, au sens de réflexive et critique.
      Une langue est par nature évolutive. Parfois lentement, parfois plus rapidement selon la nature des échanges interculturels à un moment donné.
   Or aujourd'hui, plus d'un observateur déplore une chute lente vers des formes d'expressions linguistique de moins en moins maîtrisées . De nombreux facteurs sont à l'origine de ce phénomène, notamment une perte de rigueur, de vocabulaire, de maîtrise de la syntaxe, conséquence des abandons successifs d'exigences, parfois minimales, en matière d'enseignement, sous la pression du milieu et de la réduction des heures consacrées à l'apprentissage de la richesse de notre héritage linguistique. Les  exigences de base ont été réduites, les heures de français et de culture générale ont drastiquement diminué, le vocabulaire s'est restreint, la syntaxe a été délaissée ou noyée sous les approches trop techniques et formelles....Le ludique a pris trop souvent la place de la rigueur, du travail nécessaire, laissant place à une spontanéité faussement éducatrice. L'effort s'est discrédité peu à peu.
     On déplore que le français soit en souffrance et on ne se demande pas pourquoi. On constate la pauvreté de l'écrit, même de la part de ceux de qui on attendrait le plus, et on ne s'interroge pas. On se contente de vagues et trop tardives remédiations. La mal est fait, dès l'école primaire, considérée comme la phase essentielle. Il est des retards et des handicaps qui ne se rattrapent pas.
  De plus en plus considéré comme un carcan, sauf dans certains milieux favorisés, la langue a subi les assauts d'une contestation générale des contraintes, alors que sa vocation est d'être libératrice, d'autant plus qu'elle est mieux maîtrisée. Les dominants profitent bien d'une pensée appauvrie par une  langue réduite à des formes sommaires.
    Il n'y a pas que les enseignants qui le reconnaissent, même s'ils sont aux premières loges d'un combat souvent perdu d'avance. La réduction du vocabulaire et son détournement sont des facteurs qui ne sont pas neutres socialement et politiquement. Pas seulement dans les cités...C'est le vivre ensemble qui est en question dans le langage et la culture. La question est éminemment politique au sens large et noble du terme.
    Reconstruire une enseignement digne de ce nom sur cette question deviendra de plus en plus  difficile si on laisse les tropismes sociaux se développer.  Un diagnostic ne suffit pas, si des moyens appropriés ne sont pas donnés rapidement.
       Une langue mise à mal est le signe d'une pensée dépossédée d'elle-même.
                  Comme le remarquait à sa manière Michel Onfray, qui évoquait, non sans ironie mordante,  " un cerveau reptilien qui tient lieu désormais de cortex où les émotions primitives et l'instinct ont remplacé la capacité à réfléchir, à analyser, à argumenter. Le pathos remplace le logos. Mais ne serait-il pas question ici de langage articulé ? De capacité à mette en mots des émotions ? Ne serait-il pas question aussi de vocabulaire et de syntaxe ? De ressources langagières. Il fut des temps barbares et gothiques, pourtant, où l'école apprenait à tous, sans exception, un français riche et même porteur de références culturelles.
Les exclus de la langue, on le sait, sont amenés à se conduire comme les exclus tout court, prêts à s'engager dans le cycle de la révolte active. Le ghetto linguistique emprisonne ses victimes dans le ghetto social : ici naissent et naîtront les extrémismes, les intégrismes, les idéologies simplistes. A cerveau reptilien, réaction binaire, comme dit toujours Onfray. Un mot décrit l'incapacité à mettre des mots sur les émotions : l'alexithymie. Et c'est justement le grec qui aide à comprendre : a (privatif), lexi (λέζις, la parole, le mot) thymos (θυμός, état d’esprit, humeur). Nul doute que cette alexithymie a de beaux jours devant elle car, c'est bien de perte du logos dont il est question. L'incapacité à traduire des émotions fines et complexe, à nuancer, à s'exprimer clairement et distinctement, trouve sa solution dans le slogan mimétique ou pire, l'aboiement et la vie en meutes idéologiques.

Fin des lettres?...

Je me me suis plongé dans les archives de l'INA pendant le confinement et une chose m'a frappé qui devrait faire s'interroger nos amis "progressistes" qui pensent que s'opposer à une régression c'est être conservateur et réactionnaire, et qu'on ne peut jamais dire que quelque chose de bon s'est perdu. Qu'une régression, voire un désastre, a bel et bien eu lieu : en l’occurrence ce qu'on pourrait appeler un effondrement syntaxique.

Les gens interviewés dans les années 60 et suivantes (Archives de l'INA, donc), au hasard, dans la rue, utilisaient un français beaucoup plus riche et soutenu qu'aujourd'hui, un français exempt de vulgarité, simple, mais solidement charpenté par une syntaxe correcte. Sans doute parce que l'école fonctionnait mal et n'avait pas été démocratisée. On y entend des commerçants, des ouvriers, des employés, des agriculteurs (qui ne sont pas des "clients" de journalistes, mais bien des quidams ) et on demeure frappé par la bonne maîtrise de la langue et l'abondance, souvent pittoresque, du vocabulaire. C'était avant que les pédagogues ne considérassent, à juste titre, la langue comme fasciste : un dispositif arbitraire de maintien de l'ordre social, un moyen de se distinguer et d'exclure l'autre. Un carcan à "déconstruire" (ce mot commence à donner la nausée à des gens passéistes qui n'ont rien compris aux avant-gardes) pour libérer la classe ouvrière. Heureusement, la grammaire fut mise en examen et traînée devant des juges progressistes, dès le milieu des années soixante-dix.
    Désormais l’oppression a cessé presque partout et les écrivains académiques de la tradition scolaire ne viennent plus parasiter ou plomber les propos des uns et des autres pour entraver la libre expression, brider la spontanéité et la sincérité, et prescrire un soi-disant bon usage. J'ai entendu une jeune employée de boulangerie interviewée et citant, au détour d'une phrase, un propos de... Victor Hugo.... Une apprentie boulangère, autant dire, le prolétariat. Rétrospectivement, j'ai un peu honte pour elle : quel genre de conditionnement cette pauvre femme a-t-elle pu subir durant une scolarité pourtant courte ?
    Circonstance indéniablement aggravante, cette citation venait de façon très pertinente orner des paroles fort justes, syntaxiquement élaborées, prononcées distinctement, avec aisance et naturel, sans le moindre empêchement ! Brisée par la violence symbolique d'une école primaire réactionnaire, la jeune femme, colonisée et assujettie, singeant la voix de son maître, m'est apparue comme la victime inconsciente de normes évidemment discriminatoires qu'heureusement l'école moderne a su depuis longtemps déconstruire ! Ce monde en noir et blanc de la télévision du passé me fait horreur : il m'a fait voir en vérité dans quel Enfer de réaction nous fussions demeurés si le progrès n'avait pas continué sa marche tranquille vers toujours plus d'égalité en vue de l'extinction progressive des Lumières, matrice du paternalisme de l'homme blanc européen et du colonialisme.         Tout le monde parlerait en bon français, y compris dans nos banlieues, au grand dam de la pluralité linguistique, des cultures et de la diversité ! Si l'école était demeurée comme lieu de l’apprentissage de la maîtrise des passions-pulsions c'est à dire lieu de répression, on n'aurait pas assisté à la libération de tous. Merveilleuse libération dont on voit les effets. Comme dit Dany-Robert Dufour, le credo pédagogique fut : "Libérez-moi de tout ce qui m’aliène (les institutions, la culture, la civilisation, la langue, les signifiants, le nom du père, les savoirs, les pouvoirs, etc.) et vous allez voir ce que vous allez voir !" Et on a vu. Et on voit..."

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Catastrophes et responsabilités

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 L'ampleur du désastre turco-syrien sidère

                                            Ce n'est pas une guerre mais çà y ressemble par ses effets. Comme si Alep avait besoin de ça! Comme toujours, l'heure est à la détermination des responsabilités. La nature n'est pas seule en cause dans les effets terrifiants du séisme. Comme quand le même phénomène avait détruit une partie de l'île de Haïti. La nature a bon dos... La réflexion amère d'une citoyenne turque fait un bilan terrible des défaillances humaines, politiques (*). Sans concession. Elle condamne un système politique qui a failli. Pourtant, dans cette zône à risque, on aurait pu anticiper et prendre les mesures qui s'imposaient, comme dans certains ouvrages d'Istambul, qui connaîtra aussi un jour un grand ébranlement. La corruption a joué un rôle qui n'est pas mineur, alors que la Turquie s'impose comme un puissance du BTP jusqu'en Afrique. Peu importe que Erdogan soit défait aux prochaines élections. Le désastre est là avec ses conséquences pour longtemps. La puissance du séisme ne saurait servir d'excuse.                                                                                                            Il y en aura d'autres, qui risquent de toucher les zônes les plus urbanisées. Istambul est première ligne et sera touchée un jour, comme elle le fut déjà par le passé...Géologiquement, c'est une certitude.  Et comme Ankara est un mauvais élève en matière de constructions parasismiques...     


                                                                                                                                              (*) Après plusieurs séismes, "... de grandes promesses ont été faites à la population. Les autorités ont prononcé des discours enflammés sur le fait que les règles de construction seraient dorénavant plus strictes. Il est vrai que les réglementations ont été renforcées, mais tout cela n’est resté que sur le papier, sans jamais être pleinement appliqué. Ce n’était que des paroles en l’air. Les fissures ont été masquées, les fentes recouvertes de «maquillage» et les bâtiments endommagés remis en fonction. Ceux qui critiquaient étaient traités de «traîtres».   La triste vérité est qu’un nombre alarmant de bâtiments dans mon pays natal ne sont pas conformes aux normes. Des pâtés de maisons entiers ont été détruits dans ce tremblement de terre; pour plus de profit et de gain, de privilèges personnels et de népotisme, des vies ont été sacrifiées. Le gouvernement va probablement rejeter la faute sur les entrepreneurs individuels. Beaucoup sont directement responsables de la calamité, mais les autorités ne peuvent pas se défausser aussi facilement. Des autorisations officielles ont été accordées là où elles n’auraient jamais dû l’être. Ce ne sont pas seulement les immeubles résidentiels qui se sont effondrés dans ce que les experts appellent «l’effondrement en crêpe», mais aussi les bâtiments municipaux, y compris les hôpitaux qui avaient été ouverts en grande pompe.                                                                                                                 La Turquie compte un nombre étonnant de scientifiques et d’ingénieurs. Nombre d’entre eux ont supplié les responsables de prêter attention au danger imminent, mais leurs voix n’ont jamais été entendues par les dirigeants. Bien au contraire, ils ont été accusés de «susciter la peur».    Le parti au pouvoir, le Parti de la justice et du développement (AKP), accordait périodiquement des «permissions de construction» aux bâtiments qui défiaient de manière flagrante les règles parasismiques. Jusqu’à 75 000 bâtiments ont bénéficié de telles permissions dans la seule zone sismique, selon Pelin Pinar Giritlioglu, responsable à Istanbul de l’Union des chambres des ingénieurs et architectes turcs. Le géologue Celâl Sengör affirme à juste titre que l’octroi de telles permissions générales dans un pays qui est déchiré par des lignes de faille n’est rien d’autre qu’un crime. Il est douloureusement ironique que le gouvernement ait été sur le point d’adopter une nouvelle dérogation générale quelques jours seulement avant la catastrophe. Ils n’ont jamais appris des souffrances et des erreurs du passé. Ils ne se sont jamais débarrassés de leur orgueil démesuré. La cupidité et le clientélisme [deux traits exacerbés par la logique imparable de la rente foncière urbaine qui assure une accumulation rapide de capital financier – réd.] ont constitué les orientations directrices de ceux qui dominent..." _____________

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Media concentration

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Une presse bien malade.

                                  La diversité a vécu. Jamais comme auparavant l'essentiel de la presse n'a été aussi concentrée entre quelques mains. Des mains intéressées. Il n'y a pas que le soutien fidèle de Z. qui est en cause. Il y a bien d'autres verrous médiatiques, influenceurs d'opinion. Ce n'est pas d'aujourd'hui et seulement en France, mais ça s'accentue dans notre pays. Malgré la résistance de quelques îlots. Et il n'y a pas que la presse écrite. Un monde d'intérêts sans véritable frein, alors que l'information neutre et objective devrait être la norme. Un petit tour d'horizon:

         L'essentiel de la presse d'opinion est sous contrôle.  On ne peut pas dire que la presse en France soit actuellement diverse et pluraliste, reflétant en toute indépendance les grandes tendances de l'opinion, comme à une certaine période de son histoire. Elle s'est plutôt réduite, concentrée et homogénéisée.

               Ce n'est un secret pour personne: autour de 90% de la presse française est dépendante de grands groupes industriels et financiers qui y voient une possibilité d'influence, au moins indirecte. Peser sur l'opinion, même à perte, est l'un des objectifs des barons d'une presse écrite de moins en moins lue, où les groupes de pression et les puissants intérêts publicitaires pèsent d'un poids que peu remarquent.
      10 milliardaires possèdent quasiment toute la presse: Bouygues, Xavier Niel, Dassault, Bernard Arnault, Bolloré, Pierre Bergé, Patrick Drahi, François Pinault, Matthieu Pigasse et Lagardère.    De même, la majorité des titres de presse régionale et magazine appartient à deux fabricants d’armes : Lagardère (via Hachette) et Dassault (via la Socpresse)
      La presse française, mais pas seulement elle, est sous influence, même si elle sait se faire discrète. Par ce qu'elle ne dit pas, plus que par ce qu'elle dit. Par ses occultations plus que pas ses révélations . Par ses distorsions et ses prises de parti, aux présupposés non avoués.
    C'est reconnu parfois même en haut lieu. Mais sans conséquences.
  L'esprit critique se trouve ainsi menacé. La diversité n'étant souvent qu'un leurre, beaucoup d'organes de presse s'alimentant aux mêmes sources, reprenant peu ou prou les mêmes titres, les mêmes analyses camaleonesques, servies par une forme de journalisme de moins en moins indépendant, suivant peu ou prou, le sachant ou parfaitement formaté, une même ligne imposée. La censure silencieuse et auto-assumée est donc souvent la règle. L'impertinence ou l'exploration des sentiers non battus est de plus en plus rare. La liberté de recherche et de ton se raréfie. Il n'y a plus que des exceptions. La liberté ne peut être qu'un combat.
   Albert Londres reste une référence, qui n'hésitait à porter la plume dans la plaie.
Les conflit d'intérêts ne manquent pas.
        Après les errances de l'entre-deux guerres, le CNR avait envisagé la reconstruction d'un presse différente, attachée à une information de qualité, formatrice, citoyenne.
       Avec des titres plus nombreux, une plus grande diversité des lignes éditoriales, une variété des points de vue et des analyses de qualité, qui ne pouvaient se développer que loin des pressions financières, de l'intérêt marchand. La presse ne devait pas être un produit comme un autre et surtout pas un outil de diffusion des intérêts des puissances dominantes.
   Certains journaux se sont attachés à réaliser cet idéal, que l'Etat devait stimuler, comme Le Monde à ses débuts, avec Beuve-Méry, et plus tard, Libération, par exemple...avant de sombrer dans la logique marchande et idéologique des magnats de la presse.
    Contre l'homogénéisation actuelle de l'information et sa concentration croissante, certains organes, souvent marginaux, réagissent et font de la résistance, au non de la liberté d'écrire, tout simplement.
   Que la presse soit malade n'étonnera personne, sauf des esprits peu critiques ou des journalistes bien formatés. 
       Des medias de connivence, de  révérence, à l’impossible autocritique
  Thomas Jefferson écrivait : "Si l'on me donnait à choisir entre un gouvernement sans journaux ou des journaux sans gouvernement, je n'hésiterais pas un moment à choisir cette dernière formule."
  Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, jamais la liberté et le pluralisme de la presse n'ont à ce point été menacés. Pourtant, ce droit de savoir était au fondement de notre démocratie, garantie par l'article 11 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen.      Certainement serait-il bon de le rappeler, comme le note un journaliste.
    La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme ; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi....était-il stipulé.
   Que des fonds publics soutiennent un secteur toujours fragile et menacé, sans l'influencer, n'est pas illégitime. Le problème est qu'aujourd'hui l’Etat subventionne d’abord les milliardaires - (*)
   Beaucoup de journalistes sont peu conscients du délabrement d'organes souvent interchangeables par leurs contenus, relais d'agences de presses, sans réel souci d'investigation, comme le souhaitait Albert Londres..
   L'information est devenue trop souvent un enjeu de prestige, de défense idéologique, un produit aux enjeux d'abord commerciaux, avec toute la censure qui va avec. Les verrous médiatiques sont puissants.
     Le pluralisme devrait être la valeur dominante dans ce secteur sensible. Il risque de se dégrader encore. Comme le courage de penser et d'écrire.
  La transformation numérique ne règle rien pour les grands groupes, au contraire
       L'information est une chose trop sérieuse, trop décisive démocratiquement, pour être laissée à quelques groupes industriels ou financiers.
   _______                                                                                 [Pour prolonger...]
(*)   Aider les plus riches: Le scandale continue ! Les milliardaires qui ont fait main basse sur la plupart des titres de la presse quotidienne nationale (PQN) ou de la presse quotidienne régionale (PQR) empochent l’essentiel des aides directes que l’État verse, soi-disant pour venir en aide à la presse et défendre le pluralisme. C’est ce qui ressort des tableaux statistiques portant sur l’année 2015 que le ministère de la culture et de la communication a présentés en avant-première, le 3 octobre, aux éditeurs de presse, et que Mediapart est en mesure de révéler.
Rompant avec une très longue tradition d’opacité, le ministère de la culture et de la communication publie depuis quatre ans le détail des aides directes que l’État accorde à la presse – qui viennent s’ajouter aux aides indirectes qui bénéficient à toute la presse. Ces statistiques pour 2015 seront donc bientôt publiées sur les sites internet du gouvernement : culture.gouv.fr et data.gouv.fr. Mais elles ont dès à présent été présentées en avant-première, le 3 octobre, aux éditeurs de presse, à l’occasion de la traditionnelle « conférence des éditeurs »...
 ( voir les statistiques (que l’on peut télécharger ici), qui  faisaient apparaître des aides pouvant dépasser la dizaine de millions d’euros pour certains titres.)...il y a une chose qui ne change pas : aux termes de critères de répartition absolument opaques, ce sont toujours les journaux qui sont la propriété (ou qui le sont devenus) des oligarques qui absorbent la plus grosse part du pactole.
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Réforme ou faillite?

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 Is that the question?

                                      C'est en ces termes simples et intimidants que Gabriel Attal a cru bon de présenter une nouvelle fois l'"impératif" d'une réforme, qui commence à avoir du plomb dans l'aile. Comme signalé déjà par certains, la somme de 18 milliards représente peu par rapport au budget de l'Etat et à toutes les sommes qui lui échappent en matière d'évasion fiscale, de manque à gagner sur les non rentrées de TVA, des nombreuses dépenses sans objet et des aides parfois aveugles à des entreprises dont on ne vérifie pas l'usage? Un épouvantail et une menace. ___Il s'agit d'abord d'un signal, d'un acte symbolique en direction des marchés financiers internationaux. "...Alain Minc a raison. L’homme de la « mondialisation heureuse » toujours placé au centre du « cercle de la raison » voit juste quand, interviewé sur LCI, il donne le principal mobile d’Élisabeth Borne : sa réforme de la retraite vise à satisfaire les marchés. Les calculs d’apothicaires sur les déficits de l’assurance-vieillesse, les milliers d’amendements retoqués, les coups de menton et de com adressés à l’opinion publique remontée comme un coucou contre le report de l’âge légal… Toutes ces considérations de haute ou de basse politique tiennent en fait à un petit chiffre, à un vulgaire pourcentage, à un taux d’intérêt plus exactement. Celui payé par le Trésor Français à ses créanciers, souvent fonds de pension américains et banques d’affaires anglo-saxonnes. Avec une ardoise publique de 3 000 milliards d’euros, l’État doit aujourd’hui rémunérer à 2,80 % l’argent prêté à dix ans par ce beau monde. « On ne paye que 0,5 % de plus que l’Allemagne […] Ce qui est une espèce de bénédiction peut être imméritée », estime Alain Minc. Une faveur faite par la City et Wall Street à la France du passif que le trio Macron-Borne-Le Maire entend sauvegarder à tout prix...."   


              Et puis, le flou est savamment entretenu concernant les 1200 euros de retraite minimale.  "...La faiblesse et la médiocrité des arguments politico-médiatiques visant à défendre cette nouvelle réforme compliquent sérieusement le travail de persuasion de ses partisans : la « pédagogie » sans cesse convoquée pour « éclairer » un peuple considéré comme borné et réfractaire doit, pour se déployer, disposer de points d’appui solides. Tout à leur quête fébrile de ces points d’appui, le pouvoir en place et ses relais médiatiques en sont réduits à les rechercher dans un cadre plus large, à leurs risques et périls..."                                                                        Travailleurs et retraités sont ainsi invités à se réjouir de ce que la réforme ait pour ambition foncière de contribuer à la baisse des dépenses publiques dans notre pays. Le « programme de stabilité » envoyé l’été dernier par la France à Bruxelles l’explique clairement, tout comme le projet de loi de finances 2023. Dans ce dernier document, il est précisé en effet que « les administrations de sécurité sociale participeront à la maîtrise de l’évolution des dépenses, permise notamment par la réforme des retraites ». Il n’est pas certain cependant que cette soumission volontaire à la doxa néolibérale soit de nature à vaincre l’opposition à la réforme, largement majoritaire selon tous les sondages...."                                                                                       Quand un tiers des seniors de moins de 65 ans sont sans emploi, il y a des questions à se poser. Et puis beaucoup s'interrogent, même à droite, peu enclins à suivre l'orthodoxie, à mettre les pieds dans l'imbroglio gouvernemental. Il n'y a pas le feu au lac... ________________

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Miracle à Jérusalem

Publié le par Jean-Etienne ZEN

On pouvait s'y attendre.  

                    La succession de Bibi à Tel Aviv n'a pas produit les effets escomptés par la frange la plus éclairée de l'opinion israëlienne. Bennett ne fera pas de miracles. Il tracera son chemin dans le sens engagé par Sharon, en durcissant les choses.  Selon G.Levy de Haaretz, la vie politique interne s'est un peu plus réduite à des débats d'identité sioniste, voire d'ultra-sionisme, masquant les véritables questions sociales et politiques. Profitant de ce vide, la colonisation des territoires occupés continue à bas bruit, selon un projet mûrement réfléchi, provoquant même de timides critiques américaines, se rappelant parfois de certaines résolutions de l'ONU. L'Europe regarde ailleurs, l'Allemagne est officiellement plutôt bienveillante, comme d'habitude.                         ____ Côté israëlien , les critiques ne manquent pas de la part de  certains journalistes de Haaretz, de l'organisation La paix maintenant, de certains intellectuels comme le professeur D. Shulman de Jérusalem, notamment, un peu las de crier dans le désert: « Un jour, ce conflit trouvera sa résolution, mais aujourd’hui il y a beaucoup à faire. La réalité quotidienne est pratiquement insupportable. Je ne pouvais plus la tolérer en restant assis à mon bureau. Je me sens responsable des atrocités commises, en mon nom, par la moitié israélienne de l’histoire. Laissons les Palestiniens prendre leurs responsabilités face à celles que l’on commet en leur nom. De notre côté, il y a l’entreprise, toujours en cours, des colonies, installées sur une terre annexée dans l’intention manifeste de rendre malaisé tout compromis. Et cette forme de violence, qui a fait des ravages dans tous les Territoires – et nous oblige à faire face à une sorte d’État dément et rapace de colons et de soldats de l’autre côté de la Ligne verte –, s’accompagne d’une violence aussi inacceptable du cœur et de l’esprit : l’égoïsme borne et autosatisfait du nationalisme moderne. »                              ___ La censure se renforce. La moindre critique est mise en cause, certaines ONG sont ostracisées. Les tensions internes sont exploitées sans qu'on s'interroge sur le sort des arabes palestiniens. La peur reste une valeur sûre pour l'équipe au pouvoir, les ultra-orthodoxes donnant le ton, comme les évangélistes de partout.    Mais critiquer Israël sur sa ligne politique reste toujours le grand tabou, tant les amalgames et les confusions sont savamment entretenues.                                                                                                                                        La colonisation suivra son cours...Mais jusqu'où? La constitution de deux Etats prévus a vécu, même si certains font semblant d'y croire encore...

 

                      C'était attendu. Bibi a chuté. La justice va pouvoir s'exercer enfin.  Mais la suite laisse songeur. Que vaudra une coalition où la chèvre côtoie le choux?    Certains diront: on est passé de la peste au choléra. Difficile de faire pire que Bibi, le roi du chaos. C'est tout le système qui est en crise, et depuis longtemps. Rien ne risque de changer sur le fond, juste moins d'autocratisme et de cynisme.  (*)  
                                   Les résultats qui suivront risquent d'être très inattendus, mais pas dans le sens espéré. Le pourrissement de la situation risque de s'aggraver dans le contexte actuel. L'apartheid de fait peut aller vers un renforcement, tant que les USA soutiennent inconditionnellement Jérusalem. L'absence de constitution et un système  électoral de proportionnalité intégrale n'arrangent pas les choses et favorisent les pires alliances. Rabin, au secours!

 

 

     _____(*)  "....Mais le climat dans lequel il quitte ses fonctions, le dépit hargneux qu’il se montre incapable de contenir, comme ses propos provocateurs et irresponsables, sont ceux d’un aventurier de la politique et d’un chef de clan, drogué au pouvoir et avide des honneurs et des privilèges qu’il procure. Un homme dont l’effacement ne peut pas nuire à son pays.    Comment ne pas se réjouir de la chute d’un chef de gouvernement poursuivi pour corruption, fraude, abus de confiance, qui attribue son infortune judiciaire à l’« État profond », aux élites, à la gauche, aux magistrats, à la presse ? Comment ne pas se féliciter, sept mois après la défaite de Donald Trump, d’assister à la sortie de scène de son « ami Bibi », cousin du président américain en mégalomanie et en égocentrisme, comme en déni massif de la réalité ?   Ici s’arrête, hélas, pour les Israéliens et les Palestiniens, la similitude des situations.  Car si, aux États-Unis, Joe Biden est arrivé au pouvoir résolu à rompre avec les grandes lignes de la politique de Trump et à rectifier une partie au moins de ses pires erreurs, Naftali Bennett, le nouveau premier ministre israélien, n’annonce aucune rupture historique et n’incarne rien de réellement nouveau. Ni en matière économique et sociale, ni en politique, ni surtout en ce qui concerne les réponses à la « question palestinienne ».   Seuls devraient changer, au moins à première vue, les personnalités des principaux acteurs de l’exécutif, la vision de certaines questions de société et les aspects les plus choquants de la gouvernance imposée par Netanyahou.   Au « démocrateur » – dictateur démocratiquement élu –, selon les termes de Haaretz, pourrait succéder un chef de gouvernement moins idéologue et plus pragmatique. Plus respectueux des formes de la démocratie parlementaire. Moins influencé par les régimes « illibéraux » d’Europe de l’Est.   Mais rien ne dit qu’à la politique du statu quo et de « gestion du conflit » pratiquée par Netanyahou face aux Palestiniens sera substituée une politique de « résolution du conflit ». Et moins encore un retour au « processus de paix ». Pour une raison simple : le nouveau premier ministre n’y est pas du tout disposé et il n’existe aucun consensus dans ce domaine entre les huit formations qui constituent la nouvelle majorité parlementaire.  Plusieurs d’entre elles, parmi les principales, ont sur ce point des conceptions qui ressemblent fort à du Netanyahou sans Netanyahou : hostiles à la création d’un État palestinien, résolues à poursuivre – voire à développer – la colonisation des territoires occupés, et favorables à l’annexion d’une large partie de la Cisjordanie.   À vrai dire, lorsque leurs dirigeants ont commencé à négocier, elles n’avaient qu’un seul dénominateur commun : « dégager Netanyahou ».  Quels partis trouve-t-on autour de Yesh Atid (« Il y a un avenir »), la formation centriste laïque de l’ancien animateur de télé Yaïr Lapid qui fut l’architecte de la « majorité de changement » désormais au pouvoir ? Leur simple énumération donne une idée de l’hétérogénéité de la nouvelle coalition. Et sans doute de l’un des problèmes majeurs que devra affronter le successeur de Benjamin Netanyahou...."_____________________

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