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Point d'histoire

Publié le par Jean-Etienne ZEN

A l'ombre de Donald et de Margaret__Le tournant "socialiste"

                      Hier, sur une chaine publique fut évoquée la figure de D. Reagan, cet ovni dans la vie politique américaine, qui n'avait aucune expérience de la vie politique, au passé trouble, mais qui s'imposa surtout à la suite d'un attentat manqué et ses talents d'acteur. Il laissa son équipe gouvernementale diriger la pays pour l'essentiel, selon des normes nouvelles, qui amorcèrent une série de réformes néolibérales inspirées de l'Ecole de Chicago sous l'inspiration de Milton Friedman et de son maître Hayek. Sous le signe de la consécration du marché, d'une politique de l'offre anti-keynésienne, d'une baisse des impôts pour les plus favorisés, du développement des inégalités. L'Etat était devenu LE problème. Un tournant majeur, dont s'inspira vite M. Thatcher, puis les leaders de la politique européenne. En France, ce fut le tournant de 1983:

                   _______ Les images de la commémoration des 40 ans d'arrivée au pouvoir de François Mitterand sont revenues en boucles sur nos écrans. Une époque si proche et déjà si lointaine, qui suscite encore, comme ses prolongements, bien des interrogations. Il s'agissait de "changer la vie", ce qui se vérifia assez vite sur le plan des moeurs: abolition de la peine de mort, droits nouveaux des femmes, congés payés, avancées culturelles, etc...   Sur l'aspect économique et social, 1983 fut la date d'un tournant (certains diront d'un lâchage et d'un renoncement); l'adoption de la doctrine libérale, qui faisait florès Outre-Manche et à Washington, où les règles de la finance mondialisée devint la bible. Ce fut le début d'une gestion où les projets initiaux furent vite remisés, où les proclamations sur les limites de l'Etat se multiplièrent en réponse au chômage montant, sur fond de désindustrialisation. "L'Etat" ne peut pas tout", "on a tout essayé",..répondant au 'There no alternative" de la dame de fer. Jusqu'à F. Hollande, qui est contraint à faire dans le sociétal faute d'avoir prise sur le social, les aveux d'impuissance se multiplièrent, sans que le droit d'inventaire soit mené à son terme.

 

              Voici une analyse, incomplète mais éclairante sur ce tournant et son contexte complexe, qui dérangea plus d'un citoyen:                _______ "....Difficile de se souvenir de 1981 sans penser à 1983, année du fameux « tournant de la rigueur »Si les socialistes ont tenu de nombreuses promesses à leur arrivée au pouvoir, le renoncement à leurs ambitions initiales en matière économique et sociale a marqué de manière spectaculaire le premier mandat de François Mitterrand. En lieu et place de « changer la vie », ou en tout cas de lutter avant tout contre l’austérité et le chômage, les objectifs comptables de respect des « grands équilibres » ont pris le dessus.  Pour toutes celles et ceux qui continuent d’espérer dans une autre société, la question de l’inéluctabilité de ce retournement est cruciale. Avec le recul, et grâce aux nombreuses recherches menées par des historiens, des économistes et des sociologues, une réponse nuancée est possible. Avant d’entrer dans les détails, nous pouvons la résumer de la façon suivante.    D’un côté, l’inéluctabilité économique du tournant de la rigueur apparaît largement illusoire. Les données de la période n’induisaient pas forcément de rompre de façon aussi radicale avec les priorités de 1981. La « contrainte extérieure » n’était réelle que dans une certaine mesure et aurait pu être affrontée en faisant des choix différents. L’invocation de cette contrainte s’est inscrite dans un récit catastrophiste de l’expérience socialiste en cours, pour mieux justifier une politique payée par l’envol du chômage de masse, la désindustrialisation durable du pays et une dégradation de la position du salariat vis-à-vis du capital – soit l’inverse des attentes créées par la campagne électorale.            D’un autre côté, la piste d’une inéluctabilité politique apparaît plus prometteuse. Encore faut-il la nuancer. En histoire, les moments de « conjoncture critique », comme l’a été la séquence 1981-83, sont justement ceux où les régularités sont suspendues et les possibles plus ouverts que jamais. En l’occurrence, il y eut une controverse au plus haut sommet de l’État, cristallisée dans la question du maintien (ou non) de la France dans le système monétaire européen (SME), lequel organisait des parités fixes entre des monnaies nationales. Il y a donc bien eu une part de contingence dans la décision d’y rester, prise par la présidence de la République et imposée sans difficulté à la majorité comme au parti.            Le choix inverse, eût-il été fait, n’aurait cependant pas débouché sur une politique keynésienne radicalisée, allant jusqu’à un dépassement des rapports capitalistes. Les conditions de l’arrivée au pouvoir, et les personnes nommées ministres ou conseillers en matière économique, ne laissaient clairement pas espérer une telle issue. Et pour le coup, cela se devinait bien avant 1983.     Si le tournant de la rigueur a revêtu une dimension d’inéluctabilité, c’est enfin dans « l’effet-cliquet » qu’il a représenté : une sorte d’aller sans retour, qui allait façonner l’économie politique française pour plusieurs décennies. Loin d’ouvrir une parenthèse libérale, comme l’a prétendu Lionel Jospin à l’époque, il a fermé une brève parenthèse keynésienne dans le nouveau cours initié sous la direction de Valéry Giscard d’Estaing et Raymond Barre à la fin des années 1970 : celui de l’adaptation de la France aux nouvelles conditions du marché mondial.                                                  Commençons en effet par assumer le fait que le 25 mars 1983 constitue un des principaux actes fondateurs du néolibéralisme à la française. Ce diagnostic peut paraître évident à certains, mais il ne fait pas consensus. De nombreux historiens le contestent, comme dans ce dossier de la revue Vingtième siècle. Ils s’appuient notamment sur le constat que la France est restée étatisée après 1983, et que les mesures prises en 1983 étaient non seulement différentes des choix de Margaret Thatcher et de Ronald Reagan mais se revendiquaient également d’une autre logique.      Une telle interprétation a toutefois le défaut d’identifier le néolibéralisme à un recul massif de l’État. Le néolibéralisme, comme « mode de gestion du capitalisme » soumis aux crises des années 1970, est plus vaste : c’est un mouvement d’ensemble consistant à redonner la priorité au capital sur le travail, y compris par l’usage de l’État. La mécanique néolibérale est une mécanique de contrôle de l’État, lequel peut, selon les pays, prendre des formes diverses. Et cette prise de contrôle s’inscrit nécessairement dans une neutralisation politique de l’État et donc de désarmement économique de la démocratie.        Il est vrai que le tournant de mars 1983 n’est pas le seul moment de la glissade néolibérale de la France (il y en a eu avant, avec le plan Barre de 1976, et il y en aura – beaucoup – après). Il est vrai aussi que ce tournant n’a pas été soudain mais préparé par des ajustements précoces, engagés après seulement quelques mois de « pouvoir socialiste ». Pour autant, ce moment reste celui où la politique a accepté et revendiqué son impuissance face à une réalité économique extérieure.    Dès lors, bien que la rigueur de 1983 n’ait pas été une purge austéritaire dantesque, le train était lancé. L’État devait « s’adapter » et venir soutenir le capital. D’où l’ouverture des marchés financiers en 1984-85 et le rouleau compresseur néolibéral des années 1986-1996. « Mars 83 est l’épisode le plus commenté, confirme le politiste Antony Burlaud à Mediapart, alors même qu’il ne s’agit pas d’une saignée incroyable. Les décisions les plus néolibérales, en matière industrielle et financière, ne sont prises qu’à partir de l’année suivante, avec le gouvernement de Laurent Fabius [successeur de Pierre Mauroy à Matignon – ndlr]. S’il n’y avait pas de projet néolibéral conscient en 1983, on peut cependant dire que les choix faits ont engagé la France dans cette logique. »      De fait, aucune réelle opposition aux politiques néolibérales ne sera désormais possible. Seules le seront des différences de niveaux et d’approfondissement des réformes. Après le 25 mars 1983, la question devient non pas qualitative (« quelle politique économique ? »), mais quantitative (« jusqu’où aller dans les réformes et comment amortir leurs conséquences sociales ? »).        On voit alors se dessiner une voie française dans le néolibéralisme. Cette dernière est plus modérée que d’autres, dans la mesure où les réformes sociales de 1981 sont conservées. Mais elles le sont dans un cadre entièrement changé. Le politiste Jonah Levy explique ainsi dans ses travaux que les socialistes ont été les artisans du passage d’un « État dirigiste » à un « État social anesthésiste », lequel se caractérise par une libéralisation volontariste des marchés, accompagnée de dépenses publiques significatives pour amortir le choc de cette libéralisation.       Pour légitimer ce verrouillage de l’économie politique française, il a cependant fallu « construire » l’impasse de la politique de relance lancée lors de l’arrivée au pouvoir. Le récit dominant a donc été celui de l’inévitabilité du « tournant de la rigueur ». Pour résumer : la politique de soutien à la demande lancée en 1981 était à contretemps, mal calibrée et inutile. Elle était en contradiction avec la « réalité économique » qui a rattrapé les gouvernants. Fin de l’histoire.                                              Les conséquences de cette version sont considérables. Elle signifie qu’il existerait bien une « réalité économique » extérieure aux choix politiques décidés en démocratie. C’est en cela que le tournant de la rigueur est un « vrai » tournant : il est celui qui subordonne le politique à l’économique, lui-même rabattu sur les exigences des détenteurs de capitaux et des milieux d’affaires.     Pour comprendre pourquoi cette subordination a justement été un choix politique, qui n’obéissait à aucun « fait de nature » mais n’était pas non plus imprévisible, il faut revenir sur la politique économique lancée en 1981, et la façon dont les décideurs socialistes ont composé avec les difficultés auxquelles cette politique se heurtait. C’est l’objet des lignes qui suivent.      Contrairement à ce que l’on pense couramment, la relance mitterrandienne n’a guère été massive. L’historien Jean-Charles Asselain a même parlé de « relance naine ». Au total, elle représente 1,7 % du PIB, soit plus de deux fois moins que la relance de Jacques Chirac, alors premier ministre, en 1975 (3,5 % du PIB). Elle s’est principalement traduite par les revalorisations du Smic de 8 % et des minima sociaux de 25 %, ainsi que par l’embauche de 170 000 fonctionnaires.  Certes, le déficit commercial se creuse, mais c’est parce que la France relance un peu alors que ses grands partenaires sont tous plongés dans des récessions fortes. La hausse monumentale des taux d’intérêt par la banque centrale des États-Unis, en mai et octobre 1981, vient casser la croissance mondiale. Et comme les politiques budgétaires sont partout restrictives, la demande en produits français à l’étranger est faible. Hausse modeste de la demande intérieure, faiblesse de la demande extérieure : le déficit commercial français apparaît comme le miroir des excédents des autres. Le déficit public se dégrade logiquement, mais sans atteindre des niveaux intenables, même pour l’époque. À 3,5 % en 1983, et avec une dette publique proche de 20 % du PIB, il n’y a pas de réel risque de défaut de paiement. Au même moment, la dette britannique s’élève par exemple à presque 40 % du PIB. La hausse des taux d’intérêt est certes importante, mais elle est générale et découle des politiques états-unienne et allemande de lutte contre l’inflation. Les taux réels à long terme français sont d’ailleurs restés relativement modérés et inférieurs durant la période aux taux états-uniens et britanniques.        Une telle politique suppose un affaiblissement du franc français, ce qui, naturellement, pose la question du maintien de la monnaie dans le SME. Mais il faut aussi affirmer que le problème est autant celui de la réévaluation du mark que de la faiblesse du franc. C’est d’ailleurs bien ce que Paris fera remarquer à plusieurs reprises vainement à Bonn. Le refus de Bonn de réévaluer pour « ne pas payer les dépenses françaises » a aussi jeté de l’huile sur le feu. Et traduit d’ailleurs les limites de la « coordination » au sein du SME, qui annonce les difficultés futures au sein de l’euro.       Quoi qu’il en soit, en 1982, la France est la locomotive économique de l’Europe. Sa croissance du PIB est de 2,5 %, soit davantage que le Royaume-Uni (2 %) et que l’Allemagne et les États-Unis qui sont en récession (respectivement -0,4 % et -1,8 %). Prétendre que la politique française était à contretemps n’a pas de sens : la France aurait-elle été plus forte si elle avait réduit sa demande et était aussi tombée en récession ? En réalité, la relance française a sans doute joué un rôle dans l’amortissement de la récession ailleurs, en particulier outre-Rhin. D’où le caractère logique d’un réajustement du niveau du mark.    En plus d’avoir creusé les déséquilibres, les socialistes ont été accusés d’avoir alimenté la hausse du chômage avec la relance. Et il est vrai que celui-ci a augmenté en 1981 et 1982, passant en deux ans de 4 % à 6,9 % de la population active. Mais la hausse se produit alors dans tous les grands pays développés. Au reste, le taux français de 1982 (5,8 %) est inférieur à celui de la RFA (6,8 %) et très inférieur à celui des États-Unis (10,8 %) et du Royaume-Uni (10,3 %).      Bref, la France de 1983 n’est pas dans une impasse économique. Dans un article en préparation, le sociologue Fabien Éloire et l’économiste Thomas Dallery, maîtres de conférences à l’université de Lille, citent une note instructive du ministère de l’économie et des finances, rédigée en avril 1982. Elle affirme que la relance a « produit des résultats significatifs » et que la politique menée « a pu inverser les tendances profondes à l’aggravation de la récession observée par ailleurs ». Le chemin n’était donc pas celui du désastre.         Certes, l’inflation est alors forte (13,3 % en 1981 et 12,01 % en 1982 en moyenne annuelle) et supérieure à celles des grands pays occidentaux. Mais cela est logique puisque les autres pays mènent une politique déflationniste. De plus, l’inflation est inférieure à celle de 1980 (13,6 %), et depuis juin 1982 elle ralentit beaucoup. En décembre 1982, l’inflation annuelle redescend même à 9,6 %, du jamais vu depuis décembre 1978. Autrement dit, la relance n’a guère plus alimenté l’inflation que ne l’a fait la politique restrictive de Raymond Barre. Et on aura bien du mal à croire que fin 1982, les anticipations d’inflation obligent à un changement de politique.        Mieux encore : début 1983, alors que la croissance revient dans le reste du monde et que la France a dévalué (timidement) deux fois en octobre 1981 et en juin 1982, la situation du commerce extérieur se redresse et retourne à l’équilibre. Il est vrai qu’en volume, la dégradation avait été très réduite. Une fois les déséquilibres internationaux en partie corrigés, une fois les effets immédiats de la dévaluation effacés, la situation française se révèle tout à fait acceptable. Autrement dit, la vision des partisans de la rigueur est profondément « court-termiste », pour reprendre le diagnostic de Fabien Éloire et Thomas Dallery, et biaisée par la focalisation sur certains indicateurs. On ne laisse pas à la politique choisie en 1981 le temps de se déployer.   Au reste, c’est ce que confirme un rapport demandé par le secrétariat d’État au plan Michel Rocard, après le tournant de mars 1983, à l’économiste états-unien Robert Eisner. L’affaire est racontée en détail par Benoît Collombat et David Servenay dans leur Histoire secrète du patronat de 1945 à nos jours (La Découverte, 2014).       Alors que Rocard s’attend à ce que le futur président de la prestigieuse American Economic Association fustige la politique de relance, ce dernier fait tout le contraire. Il estime que la situation française n’est pas pire que celle des autres grandes économies et que, avec un franc faible, l’investissement et la croissance pouvaient être stimulés. Autrement dit, Eisner propose d’approfondir la politique lancée en 1981 avec davantage de conviction. Et il condamne « l’obsession française pour le déficit commercial et la chute du franc qui a mené la France à prendre des mesures d’austérité inadaptées ».     Rien n’était donc inéluctable d’un point de vue de la « réalité économique ». Au reste, le bilan de la politique de « rigueur » menée à partir de 1983 ne s’est pas révélé plus flatteur pour l’économie française. Le vrai décrochage industriel et sur l’emploi se produit lorsque la rigueur et les réformes sont mises en place, entre 1983 et 1997. Le chômage va continuer à augmenter dans le courant des années 1980 et, alors même que les profits atteignent en 1984-85 des niveaux records grâce à la politique socialiste, la désindustrialisation et la dégradation de la compétitivité ne sont pas stoppées.    C’est donc en raison de dynamiques avant tout politiques que d’autres options économiques ont été délaissées. À cet égard, plusieurs facteurs et temporalités doivent être pris en compte.       Il y a d’abord les équilibres internes à la gauche et au PS, avec lesquels François Mitterrand compose dans sa stratégie de conquête du pouvoir depuis les années 1970. Alors qu’il ne dispose pas lui-même d’une culture économique solide, ni de beaucoup d’appétence pour la matière, ses choix tactiques ont fait naître des espoirs allant bien au-delà de ce qu’il était prêt, ou jugeait raisonnable d’accomplir. En clair, les tonalités anticapitalistes de certains textes et discours n’étaient pas vouées à être suivies d’effets. Ni lui ni les personnes qu’il nomme pour élaborer les décisions économiques n’ont d’intentions révolutionnaires et de stratégie ferme pour les réaliser.       Le dernier congrès avant l’arrivée du pouvoir, celui de Metz en 1979, a pourtant été l’occasion d’une rhétorique radicale, les mitterrandistes ayant d’ailleurs réintégré dans leur majorité la turbulente aile gauche du Ceres de Jean-Pierre Chevènement. Mais le but de ce mouvement consistait à reléguer sur la droite Pierre Mauroy et surtout Michel Rocard et ses ambitions présidentielles. Lorsque les 110 propositions du candidat Mitterrand sont élaborées, rappelle d’ailleurs Mathieu Fulla, chercheur au Centre d’histoire de Sciences Po, « on constate une prise de distance avec le projet socialiste de 1980 rédigé par Chevènement. Les excès sont traqués, de sorte qu’il y a un gros volontarisme – notamment l’idée d’une “reconquête du marché intérieur” – mais pas d’affirmation de sortie du capitalisme ».   En comparant le projet de 1980 et le programme de 1981, Fabien Éloire et Thomas Dallery remarquent notamment l’abandon d’une politique monétaire   offensive. Dans le premier document, il est question d’une dévaluation du franc, précoce et massive pour maximiser ses effets, et impliquant une sortie (au moins temporaire) du SME. Dans le second, « aucune proposition n’envisage de dévaluer ou de sortir du SME ».            Ce manque de clarté, sur une dimension pourtant cruciale de la politique économique, est typique d’ambiguïtés savamment dosées pour poursuivre deux objectifs « en même temps » : d’un côté désamorcer les craintes suscitées par l’Union de la gauche, en donnant des gages de crédibilité économique ; d’un autre côté mobiliser les milieux sociaux frustrés de la politique restrictive de Raymond Barre, ainsi que le « peuple de gauche », en partie communiste, qui attend son heure depuis bien longtemps.Or, la sortie de l’ambiguïté ne se fera qu’en abandonnant les ambitions les plus transformatrices de l’ordre économique et social, et cela bien avant 1983. « Du triptyque “nationalisation-planification-autogestion” au cœur de l’identité économique socialiste des années 1970, il ne reste que la première branche une fois le pouvoir conquis, constate Mathieu Fulla. L’autogestion a disparu dès 1978. La planification disparaît aussi une fois au pouvoir, confiée à Rocard qui est ainsi mis dans un placard doré. »     Cette dilution s’accompagne d’un choix très sélectif, et très parlant, des experts appelés à s’exprimer dans l’arène décisionnelle à partir de 1981. L’auteur des Socialistes français et l’économie (Presses de Sciences Po, 2016) explique ainsi que dans l’opposition, ceux qui tenaient la corde appartenaient à un courant dit « régulationniste », ayant pour originalité d’offrir une synthèse entre approches marxiste et keynésienne de la crise. Leur façon de « tenir tous les bouts » coïncidait avec les efforts de Mitterrand d’être « unitaire pour deux » et de se construire une figure présidentielle rassurante, tout en marginalisant ses concurrents plus modérés au sein du PS. Sauf que ces experts régulationnistes sont largement introuvables parmi les personnels aux manettes après le 10 mai.       Pierre Mauroy obtient Matignon, où il est accompagné des rocardiens Jean Peyrelevade et Henri Guillaume. Le portefeuille de l’Économie est confié à l’ex-syndicaliste chrétien Jacques Delors, qui choisit comme directeur de cabinet l’inspecteur des finances Philippe Lagayette, et nommera bientôt au Trésor Michel Camdessus, futur président du FMI version « consensus de Washington ». Mitterrand a bien auprès de lui Alain Boublil, un conseiller hétérodoxe qui plaide pour un socialisme industriel, mais François-Xavier Stasse et Élisabeth Guigou se révèlent beaucoup plus conformistes.      « Les choses sont un peu verrouillées dès le début, diagnostique le chercheur Antony Burlaud. Aux postes de direction de la politique économique, on ne trouve certes pas de gens qui ont un programme néolibéral constitué, mais des modérés, assez orthodoxes, qui adhèrent spontanément aux catégories ordinaires de l’administration économique. Keynésiens avant d’être aux affaires, ils estiment ensuite que le “pragmatisme” commande de s’accrocher au marché et à l’Europe. Ils ont d’ailleurs un rapport souvent très lointain au militantisme. »         Avant même le moment dramatique de mars 1983, lorsque la question de l’appartenance au SME doit être tranchée, la politique de relance est d’ailleurs tempérée par des contre-tendances. Surtout, elle est déliée de toute stratégie globale et offensive.     Dès octobre 1981, un premier plan d’économie de 15 milliards de francs est en effet annoncé, puis un second en juin 1982 qui s’accompagne d’une mesure radicale : la fin de l’indexation des salaires sur les prix (la fameuse « échelle mobile »). C’est une mesure dirigée contre le pouvoir d’achat et dont la conséquence ne pouvait être que l’augmentation de la demande de produits importés bon marché, donc le choix de l’ouverture de l’économie. Dès cette date, toute alternative à la rigueur est, de facto, abandonnée.   Ces mesures vont à l’encontre d’une reconstruction publique de l’outil industriel et de leur réorganisation autour des besoins sociaux. Si l’on ajoute à cela la faiblesse des dévaluations tardives et l’absence d’une politique d’investissement public massif et cohérent, alors même que les nationalisations sont complètes et achevées, on a un tableau confus et indécis qui ne fait pas vraiment une politique. Dans un texte récentQuand la gauche essayait encore (Lux, 2019), l’économiste François Morin, qui a participé aux nationalisations, décrit comment, au fil de l’année 1982, la finalité de ces opérations a été perdue dans une normalité gestionnaire soumise à la logique de marché.        Dans la même veine, Benjamin Lemoine montre, dans L’Ordre de la dette (La Découverte, 2016), que des mesures de défense contre le risque de crise de financement de l’État n’ont jamais été prises. « Les règles du jeu monétaire et financier ne sont pas fondamentalement transformées par la gauche et son appareil administratif », résume-t-il. La monétisation du déficit ou le retour au circuit du Trésor sont d’emblée rejetés. Dès lors, la dépendance aux financements étrangers reste forte et il est aisé pour les « experts » et la technostructure de jouer le spectre de la crise britannique de 1976. Les travaillistes au pouvoir avaient dû appeler à l’aide le FMI pour faire face à leurs exigences de financement en devise, le tout se concluant par une défaite électorale contre Margaret Thatcher en 1979.     Pour autant, on l’a dit, il y eut bien controverse au sommet de l’État, Mitterrand ayant soupesé les mérites respectifs d’un maintien ou d’une sortie du SME. Si la révolution sociale n’a jamais été à l’ordre du jour, des alternatives à la normalisation de la politique française ont tout de même été défendues. Et là encore, des raisons très politiques ont guidé la décision du chef de l’État, qui a profité de sa position institutionnelle prééminente sous la VRépublique, pour l’imposer sans coup férir à un parti qui n’avait jamais présenté un tel scénario aux militants ni à l’électorat.      Mitterrand faisait face à deux camps bien différents. D’un côté, les partisans de la rigueur dans le cadre du SME se coordonnent de plus en plus au fur et à mesure que le débat se tend. L’homogénéité sociale des conseillers concernés, issus de la haute fonction publique, favorise cette mise en relation et leur travail de conviction. En outre, les membres du camp pro-SME deviennent plus nombreux au fil de temps, grâce à des bascules comme celle de Laurent Fabius, alors ministre délégué au Budget. « On observe la constitution d’un groupe soudé entre Matignon et Rivoli [siège du ministère de l’économie – ndlr], qui a des connexions à l’Élysée, alors qu’en face, c’est la dispersion », résume Mathieu Fulla.                      Il y a d’abord les grands absents, comme le PCF, complètement atone, et qui ne remuera guère sur les questions industrielles, restant au gouvernement sans barguigner après mars 1983. Du côté syndical, la présence de ministres communistes freine la CGT dans ses velléités de contestation. Quant à la CFDT, elle n’est plus le remuant syndicat autogestionnaire des années 1970. Recentrée avant l’arrivée au pouvoir des socialistes, elle met au contraire en garde contre les déséquilibres. Aucun mouvement social n’est à craindre sur des enjeux aussi techniques que la politique monétaire, quelles que soient ses lourdes conséquences.      À côté d’Alain Boublil assez isolé à l’Élysée, l’industriel Jean Riboud fait partie des promoteurs d’une sortie du SME. Soutenu par quelques représentants du patronat attachés au marché intérieur, « il propose de retrouver de l’air monétaire pour fournir un effort d’investissement colbertiste », explique Antony Burlaud, qui y voit « une politique de rigueur dans un cadre différent »« C’est une sorte de politique de l’offre, pro-entreprise », confirme Fabien Éloire, qui estime que Jean-Pierre Chevènement, lui, s’inscrit davantage dans la ligne politique de 1981. Mais ses contre-propositions sont plus floues, et son courant ne pèse pas assez dans le parti pour inquiéter le président, qui aurait eu bien du mal à composer une équipe gouvernementale avec tous ces acteurs.     « La sortie du SME est leur seul point commun, mais ils sont désorganisés et ne veulent pas nécessairement en faire la même chose, résume Fabien Éloire. En comparaison, Mitterrand a davantage intérêt à garder un premier ministre qu’il connaît, sur une orientation claire élaborée par des conseillers unis, et qui adhère à la préservation de l’axe franco-allemand au sein de la communauté européenne. » Car au-delà des considérations économiques, le président de la République, marqué par l’expérience de la guerre, craint un isolement français et doute d’une stratégie de cavalier seul. Très tôt, d’ailleurs, il tente de prouver aux Allemands que sa relance n’est pas déraisonnable. La « raison géopolitique », dans sa représentation du monde, a le primat sur le contenu socialiste de l’expérience politique dont il est à la tête.       C’est un des derniers ingrédients pour comprendre pourquoi les difficultés de 1981-83 n’ont pas débouché ni sur une radicalisation socialiste, ni sur le maintien d’une politique de relance plus autonome. Il n’y a pas d’allié pour cela à l’international. En plus de Margaret Thatcher à Londres, c’est Ronald Reagan qui occupe le Bureau ovale de la Maison-Blanche, les droites britannique et états-unienne s’étant converties à un néolibéralisme dur.       « En 1983, rappelle par ailleurs l’historien Gilles Vergnon, maître de conférences à Sciences-Po Lyon, les sociaux-démocrates britanniques et allemands sont dans l’opposition. Les Suédois viennent de revenir au pouvoir, mais sur une ligne plus modérée qu’auparavant, puisqu’ils ont remisé leur ambitieux plan de socialisation en douceur du capital. Quant aux socialistes d’Europe du Sud, ils ambitionnent surtout de protéger la démocratie naissante de leurs pays en adhérant au club européen et atlantiste. Cela n’empêchera pas, dans leurs ailes gauches voire parmi leurs dirigeants, une forme de déception à l’égard de la normalisation française, qui cinglait comme une fermeture définitive des alternatives. »              Si le tournant de 1983 était inéluctable, c’est que dans un environnement adverse, les acteurs clés de la politique économique, et le décisionnaire suprême en la personne du chef de l’État, n’étaient pas prêts à suivre toutes les conséquences de l’ambition « modernisatrice » affichée par les socialistes dans l’opposition. Les nationalisations, la maîtrise du crédit et les investissements publics auraient pu constituer une réponse adaptée à la nature structurelle de la crise du capitalisme, tout en servant les intérêts de la majorité sociale. Mais cela supposait d’affronter des intérêts puissants avec un dessein clair, et d’être aiguillonnés par des forces politiques et sociales avec un haut degré de conscience des enjeux.       Or ces éléments étaient absents et même pas recherchés, comme l’illustrent la méfiance gouvernementale envers différentes luttes de terrain, et l’absence de véritable initiative pour confier un pouvoir de décision aux travailleurs. La pente choisie, la plus évidente au regard du statut de pays capitaliste avancé de la France, a donc été celle du soutien au taux de profit par des politiques néolibérales, avec toute la force de décision que conférait à l’exécutif la structure institutionnelle de la VRépublique......."_____________

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En deux mots

Publié le par Jean-Etienne ZEN

__ Lunaire

__ Giec en retrait?

__ Dos au mur

__ Mal ficelé

__ Tout faux                     

 

__ Achtung!

__ Fin de carrière

__ Anomalie française

__ Charles attend...

__ Police pas policée

__ Verticale de la peur                         

__ Les "dépossédés"

 

__ Autoroutes en question

__ Quoi qu'il en coûte?

 __ Loi "bonne concience"?

          ____________________ Revue de presse     _________

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Des abeilles et des hommes

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 Jusqu'à quand?

                  Jusqu'à quand seront-elles en activité, nos fidèles amies silencieuses et laborieuses? Elle se font plus rares depuis des années et cela commence à poser de sérieux problèmes. Pas seulement pour le délicieux nectar qu'elles nous offrent, mais surtout à cause du rôle fondamental qu'elles ont dans la pollinisation des  plantes indispensables à notre alimentation; directement ou indirectement, que ce soit en Chine ou en Europe.  La situation est devenue critique, au point de faire l'objet d'études approfondies et de colloques nationaux ou internationaux. Certains polluants chimiques sont régulièrement mis en question pour expliquer le déclin continu de nos amies des ruches, même si d'autres facteurs doivent jouer, d'ordre climatique et parasitaire.                 ___Le nouveau plan est loin de satisfaire tout de monde, loin de là. Il ne va pas au fond des choses et continue à faire la part belle à l'agrochimie à tout va, qui ne nuit pas seulement aux abeilles,  il n’a été modifié qu’à la marge par rapport à la version présentée en juin. Ménager la chèvre et le choux et tenant compte de puissants lobbies ne résoudra pas la question, vitale pour l'homme. La situation est critique, non seulement pour celui qui en vit. Malgré les mobilisations en cours et les recherches qui s'accumulent. C'est toute l'agriculture "moderne" qu'il faut repenser...

 

          Il n'y a pas que les abeilles qui sont concernées. C'est tout un monde d'insectes et de vie souvent microscopique en tous genres  qui est affecté.  Ce n'est pas l'expression d'un vague romantisme rousseauiste, même si l'admiration vis à vis de la richesse des sensations qu'elle nous offre et la profondeur de ses ressources infinies peuvent être aptes à nous émouvoir à certains moments. Nous en sommes une partie et nous sommes capables de vibrer avec ses forces profondes, de la manière la plus charnelle. Elle est une matrice, pas un tableau.                                                                                                 La nature n'est pas un décor, ni un spectacle. L'écologie , ce n'est pas seulement le sort des ours blancs, sur lesquels on attire souvent nos regards compassionnels. Elle conditionne notre vie, dans des détails que nous ne ne soupçonnons guère. C'est toute la biodiversité qui façonne notre vie et celles des générations futures.  .. Nous sommes tous dans le même bateau, que nous le sachions ou pas. .Même la vie microbienne est fondamentale, vitale. Tout forme système. Dans les égards à l'égard de la nature dans toutes ses composantes, c'est notre sort qui est en jeu.                                              _____Il fut un temps où, depuis la fin de la guerre et les campagnes de démoustication de l'armée américaine, les insectes de toutes catégories n'avaient pas bonne presse, jusqu'à une période récente, où les premières alertes furent lancées.   Et si les petites bêtes qui piquent, qui souillent les pare-brises des voitures  n'étaient pas si inutiles que cela, malgré les gênes parfois occasionnées?

    
                  Une abeille peut piquer, mais qu'est-ce au regard de sa fonction fondamentale dans la pollinisation, comme l'avait déjà suggéré Einstein?         Il a fallu du temps pour prendre conscience de l'importance vitale du foisonnement et de la variété des insectes dans le cycle de la vie, de la chaîne alimentaire. On s'en compte bien tard, quand on constate la baisse sensible du nombre  des oiseaux, la régression de leur population. Un cycle se dégrade à grande vitesse, qui ne manque pas d'inquiéter les spécialistes. Les causes sont aujourd'hui bien connues.       Les insectes sont plus que nos alliés, sont plus que de fantastiques objets d'études. Malgré les inconvénients qu'ils apportent parfois. Ils présentent un monde foisonnant et fascinant. Le plus riche en espèces.

   _________Les insectes du monde entier  sont en voie d’extinction, menaçant d’un « effondrement catastrophique des écosystèmes naturels », s’est alarmé, fin janvier, la revue scientifique mondiale Biological Conservation. Plus de 40 % des espèces d’insectes sont en déclin et un tiers sont menacées, selon les chercheurs. Leur taux de mortalité est huit fois plus rapide que celui des mammifères, oiseaux et reptiles. Au cours des trente dernières années, la masse totale des insectes existant dans le monde a diminué de 2,5 % chaque année.   A ce rythme, s’inquiètent les scientifiques, ils pourraient disparaître d’ici à un siècle. « C’est très rapide. Dans dix ans, il y aura un quart d’insectes de moins, dans cinquante ans, plus que la moitié, et dans cent ans, il n’y en aura plus », a déclaré au Guardian dimanche 10 février Francisco Sánchez-Bayo, de l’université de Sydney (Australie), qui a collecté les données avec Kris Wyckhuys de l’Académie des sciences agricoles à Beijing (Chine). La plupart des études analysées ont été réalisées en Europe occidentale et aux Etats-Unis.
                             "...Encore une étude, une de plus, qui documente et alerte sur la dégradation en cours, irréversible, des écosystèmes naturels. Il est cette fois question de coccinelles, de papillons, de bourdons, de pucerons, de mouches, de criquets, ou encore d’abeilles. D’ici un siècle, selon la revue scientifique Biological Conservation, les insectes pourraient avoir totalement disparu. Le constat des chercheurs est vertigineux : le taux de mortalité de ces êtres minuscules est huit fois plus rapide que celui des mammifères ou des oiseaux. Plus de 40 % des espèces sont déjà en déclin et un tiers sont menacées. La faute à l’agriculture intensive, à la surconsommation de pesticides toujours plus performants pour tuer, mais aussi à l’urbanisation et au changement climatique. Cet effondrement a lieu partout autour du globe. A Porto Rico, où 98 % des insectes ont disparu depuis trente-cinq ans, mais aussi en Allemagne, où 75 % d’entre eux ont disparu dans des zones protégées. Bref, il se déroule juste devant nous, jour après jour. Il concerne les êtres auxquels, d’ordinaire, nous accordons le moins d’attention, invisibles à nos yeux et donc à nos consciences. Des êtres minuscules mais essentiels au bon fonctionnement de tous les écosystèmes, des êtres supposés insignifiants tant ils nous sont impénétrables, mais omniprésents et cocréateurs de notre monde. Car oui, humains, coccinelles, papillons, bourdons, pucerons, mouches, criquets ou abeilles, nous sommes tous dans le même bateau." (W.Zarachowicz)

___Un cercle vicieux redoutable.__________________

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Pas bonnes mines

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 Un record

                              La santé écologique de ce immense pays n'est vraiment pas bonne, même si les terres sont sans fin...Le bilan carbone ne faiblit pas, au contraire, et on voit mal comment il pourrait se réduire dans les prochaines années. "...En 2007, le Canada était le 7e plus gros émetteur de CO2 au monde, avec environ 2 % du total des émissions, et l'un des premiers émetteurs de gaz à effet de serre par habitant (en raison notamment de l'exploitation des sables bitumineux). Le Canada est le 5e plus gros producteur mondial de pétrole brut et de gaz naturel, ainsi qu'un des plus gros producteurs d'hydroélectricité au monde. L'empreinte écologique par personne du Canada était en 2012 de 9 hag, ce qui est très supérieur à la moyenne mondiale (2,6 hag), en raison d'un mode de vie très consommateur en énergie fossile . Il  s'agit de l'une des plus fortes empreintes au monde...." (Wiki)   Résultat de l'extraction à grande échelle des gisements miniers, gaziers? et pétroliers. Malgré les promesses de Trudeau, sous la pression des écologistes, un virage reste à inventer. Pour l'instant, c'est une faillite.... L'industrie minière, notamment, est montée du doigt, pas seulement sur le territoire national.  Car elle s'exerce un peu partout dans le monde, notamment au Mexique et en Colombie britannique, où les scrupules sont moindres. Les vestiges de la mine Giant, par exemple, sont toujours là, et pour longtemps. Dans une partie de l'Alberta, c'est la désolation...A l'étranger, certaines méga-firmes se comportent comme des Conquistadors...                                                                                     Le Canada est -il le paradis des exploitations minières?

         Le vaste pays ne manque pas de ressources souterraines, qui constituent une bonne part de sa richesse. En plus d'être aussi un petit paradis fiscal.
     Pays qui s'est fait une spécialité de prospecter et d'exploiter aussi à l'étranger: en Amérique Latine, en Afrique, en Nouvelle Calédonie...en Europe.
     Les ressources naturelles diverses ne font pas défaut, jusqu'ici.
   Le pays est devenu une plaque tournante de l’industrie minière: "Trois sociétés minières sur quatre ont leur siège social au Canada. "
   Mais pour ne parler que d'eux, les Québequois ont quelques soucis avec leurs mines! La complaisance officielle est source de nombreux problèmes, pas seulement écologiques.
    Le « paradis minier canadien » est soumis a bien des critiques et une législation satisfaisante  a bien du mal à se mettre en place; étant donné la puissance de lobbies dans ce domaine, aussi hautement spéculatif.

Diavik Diamond Mine

    A l’étranger, l'impunité semble être totale. Certaines compagnies sont même dans la ligne de mire d’Ottawa.
    Différents projets de loi ne sont pas parvenus à leurs fins.
        La pollution des gaz de schiste suscite un tollé au Canada.

        On connaît trop bien maintenant les effets de l'amiante sur la la santé, dont les effets sont encore à venir...mais pour les pays peu regardants, c’est bon pour les exportations. Va-t-on vraiment vers la fin de ce poison?
          On sait comment se passe l' exploitation des schistes bitumineux du côté de l'Alberta
  Que peut, que veut Justin Trudeau?
         Le Canada: combien de temps encore un paradis naturel?

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Haro sur les baudets!

Publié le par Jean-Etienne ZEN

  Ecole, enjeu politique 

                              Un sport devenu classique à droite: taper sur les enseignants en première ligne.     Un vieux problème, qui renaît régulièrement de ses cendres;    Surtout depuis que les parents ont été mis "au centre" du système éducatif, que la gestion des personnels enseignants s'est dégradée, que l'école s'est "ouverte au monde" de la plus mauvaise des manières, que les valeurs de respect et d'autorité se sont singulièrement dégradées, que les exigences de travail et de culture se sont affaissées, que les matières scolaires sont devenues de plus en plus des enjeux négociables de consommation, que les récentes réformes ne prennent pas le bon chemin, que le manque criant d'enseignants se fait sentir comme jamais, que l'Education Nationale n'est plus un enjeu prioritaire... Le dénigrement systématique a pignon sur rue, même si de moins en moins de candidats postulent au concours de recrutement.    La droite, sans parler de l'extrême droite, revient régulièrement sur un problème qui semble la hanter, elle qui a bien bénéficié du système.

 

                  "En publiant son dossier sur l’enseignement avec une couverture provocatrice, « Le Figaro magazine » a suscité l’indignation de nombre d’enseignants et parents d’élèves. Pour autant, il ne s’agit pas d’une simple lubie réactionnaire. Cette question constitue un axe de fusion des droites telle qu’en rêvent Éric Zemmour et ses affidés.                  La question de l’endoctrinement de la jeunesse par des enseignants politisés est un serpent de mer. Elle a des bases solides pour la droite contre-révolutionnaire. Dès 1882, Jules Ferry avait clairement affirmé la mission politique de l’enseignement, déclarant que si l’État s’occupe de l’éducation, c’est « pour y maintenir une certaine morale d’État, certaines doctrines d’État qui importent à sa conservation ».        La question prend une nouvelle ampleur face à la victoire du bolchevisme en Russie. Le « hussard noir de la République » est d’autant plus soupçonné être devenu un agent de l’influence communiste que les instituteurs sont nombreux à s’être engagés au parti. Et ce même si l’ouvriérisme de l’époque fait qu’ils ne sont pas spécialement bien vus de la direction : Jacques Duclos, l’un de ses cadres principaux, lâche ainsi, dans une réunion en 1936, que « beaucoup d’instituteurs communistes ne valent rien, c’est une racaille, la pègre, cela ne vaut rien, ce sont des ânes ».      Qu’importe, en 1921 le ministre de l’intérieur fait établir par les préfets des listes d’instituteurs communistes qu’il transmet à son collègue de l’éducation, requérant en vain qu’il les sanctionne. Appelé au gouvernement en 1934, au ministère de la guerre, le maréchal Pétain avait aussi affirmé qu’il souhaitait « s’occuper » personnellement « des instituteurs communistes ».      Il est loin d’être le seul officier à raisonner ainsi : à la même époque, le général Weygand met en cause la « propagande pernicieuse » des enseignants communistes et ses conséquences patriotiques. « Quels soldats peuvent émerger de telles écoles ? », demande-t-il. Les mots ont des conséquences : en un semestre, le régime de Vichy démantèle les bases de l’école laïque et, dès le 18 septembre 1940, ferme les écoles de formation des instituteurs, « antiséminaires malfaisants de la démocratie » selon Charles Maurras.       Ce thème demeurera prégnant et fédérateur. Après la victoire de François Mitterrand en 1981, les Comités d’action républicaine de Bruno Mégret, fraîchement démissionnaire du parti chiraquien et non encore membre du Front national, lancent une campagne sur « l’idéologie marxiste » des manuels scolaires, qui est largement reprise dans la presse opposée à la nouvelle majorité politique.     Entre septembre et octobre 1982, les arguments développés sont repris par… Le Figaro Magazine déjàet bien sûr par la presse d’extrême droite (Aspects de la France, Présent…) mais aussi par VSD, La Croix et Le Point. Avantage du thème : il permet une redite dès la rentrée suivante, avec de nouveaux communiqués conspuant « les manuels marxistes présentant la lutte des classes comme le seul ressort de l’histoire ».   Jean-Marie Le Pen sait quant à lui parfaitement ouvrir la focale du mouvement de défense de l’école privée provoqué par le projet de réforme scolaire gouvernemental en 1984. Morigénant « le syndicat dictatorial qui règne à l’éducation nationale », il réclame la désétatisation de l’enseignement. En 2007, lors de sa dernière campagne présidentielle, son programme fustige « l’influence grandissante de groupes de pression islamistes » sur l’école, et annonce la fin des IUFM, « devenus de véritables centres de déstructuration et d’endoctrinement ».      Face au déclin du Parti communiste français, les enseignants ne sont plus pointés du doigt pour leur communisme, mais sont toujours soupçonnés de demeurer les agents d’un endoctrinement anti-français de la jeunesse. Marine Le Pen un temps a espéré les attirer à elle, mais, même s’ils étaient 7 7 % à rejeter la politique éducative menée en 2015, ils n’ont été que 5 % à voter pour elle en 2017 (selon une étude post-électorale de l’Ifop). Les autres candidats de droite ne totalisant que 15,5 % des suffrages, désigner les enseignants à la vindicte populaire est moins un risque qu’un élément discursif fédérateur pour Le Figaro magazine.      Certes, la presse réactionnaire ne reproche plus aux enseignants d’être républicains, mais d’être anti-républicains (avec une République réduite à un unitarisme assiégé par les « minorités agissantes »). Et si le danger bolchevique est passé de mode, si « l’islamo-gauchisme » du corps enseignant, tant pourfendu par Jean-Michel Blanquer, est un thème déjà quelque peu passé, le dossier de l’hebdomadaire a trouvé une contre-idéologie de remplacement, avec toujours la même « volonté d’endoctrinement », dans « l’idéologie woke », dont l’exaltation de la « diversité » permettrait bien sûr à « l’islam politique [d’] avancer ses pions ».     Le journal s’inscrit dans sa propre et longue histoire de dénonciations du corps enseignant. Son propos fait aujourd’hui la jonction entre ceux du Jean-Marie Le Pen de 1984 et celui de 2007. Cette synthèse lepéniste d’un journal très connoté socialement et générationnellement intervient alors que le phénomène Éric Zemmour témoigne de la velléité d’une partie des classes aisées de pouvoir enfin exprimer son racisme tranquillement.        Ce n’est pas un hasard, tant cette thématique paraît bien un élément structurel faisant le lien entre droites radicalisées et extrêmes droites, par-delà les époques et les courants. Sous prétexte d’enquête, c’est le travail de production d’une vision commune de l’ennemi désigné qui est produit, au service d’une entreprise électorale.     La précampagne d’Éric Zemmour faisant la part belle aux hommes et thèmes du mégrétisme, on ne s’étonnera pas que cette façon de l’aider s’appuie précisément sur le thème par lequel il se fit connaître et par lequel, déjà, il tentait de faire sauter les digues entre droites et extrêmes droites. Des dégradations multiples auxquelles les récentes réformes n'ont pas remédié."[Nicolas Lebourg                        _____________________

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Cet âge appelé "Moyen"

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Alors qu'il fut fondamental

                       Non pas une simple transition plus ou moins obscure. Ces mille ans de notre histoire furent longtemps ignorés ou dénaturés, associés à des représentations très négatives jusqu'à la réhabilitation assez mythique des Romantiques. On n'est plus au Moyen-Age, dit-on encore parfois, pour désigner une période jugée obscure et encore barbare.                                           Comme si la période dite "moderne" avait pu exister sans cette époque si longe, si riche et si contrastée, qui conditionne la nôtre sur plus d'un point: développement de la paysannerie, configuration des villages, explosion du commerce, développement de l'art, etc... Il a fallu les études récentes de Duby et Le Goff pour avoir une idée de la diversité et la richesse de cette période, toujours vivante, qu'il reste encore à explorer. Déjà, Pernoud nous avait alerté sur la complexité et la richesse de cette période décisive, qui ne fut pas de pure transition.

    Toujours actuel à bien des égards, n'ayant pas fini de nous étonner, seulement par les oeuvres qui nous restent et la culture qui nous a forgés, car nous ne sommes pas hors-sol mais produits d'un terreau profond et diversifié.                                                                                                           On n'aurait pas assez d'une vie pour faire le tour d'une période si longue, si variée et si riche...et sortir des mythes qui nous habitent encore...

 
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Inde: l'union paye

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Tenacité

              Une des plus grand grève du monde se termine.  Au bout de plus d'un an, un siège de la capitale et des victimes en nombre, les paysans ont tenu bon contre Modi et ses projets de mesures ultralibérales. Il ne serait question que d'un problème de communication selon lui. On connaît la chanson...Ce qui n'était au début qu'une agitation assez informelle est devenu une organisation efficace qui a eu raison de l'inflexible premier ministre, soucieux des élections qui viennent. L'intrusion de la logique capitaliste dans l'agriculture n'aura donc pas lieu dans ce pays où domine la petite agriculture, avec ses traditions et ses avancées.                                                                                                                      La mobilisation paysanne ne faiblissait pas.       Pendant des mois, la mobilisation se poursuivait autour de la capitale indienne, où des masses de paysans en colère squattèrent les accès principaux, mangeant, dormant et parfois mourant sur place, souvent très loin de chez eux et de leur exploitation.                    Une occupation pas toujours tranquille, mais déterminée, comme on l'a rarement vu.  C'est contre une vraie révolution en projet, pour l'instant gelée, que s'oppose la masse des paysans venus des quatre coins du pays.  La "révolution verte" a été une impasse, mais la libéralisation envisagée risque de mettre sur la paille une quantité considérable de petits agriculteurs, qui iraient rejoindre la masse des plus démunis dans de pays, dans un pays de criantes inégalités

 

 

                    ________150 millions de paysans se sentent menacés directement par le risque de l'abrobusiness à grande échelle:  "..La politique agricole du gouvernement actuel, dirigé par le Bharatiya Janata Party (BJP), telle qu’elle est exposée au travers de cette promulgation constitue un tournant décisif qui donne à voir la volonté de ce gouvernement de renforcer la part du capitalisme agro-industriel et de renforcer la centralisation du contrôle sur l’agriculture en Inde.  L’opposition à ces projets de loi est venue de trois groupes : premièrement, des organisations d’agriculteurs qui craignent que la prise de contrôle du secteur agricole par les grands groupes agroalimentaires menace la survie des communautés paysannes ; deuxièmement, des gouvernements des États régionaux qui redoutent une intrusion croissante du pouvoir central dans les droits fédéraux des États sur l’agriculture ; et troisièmement, des partis régionaux qui craignent que ces projets de loi ne viennent renforcer les multiples attaques centralisatrices de ce gouvernement contre les identités et les aspirations régionales...."                                                                                                 _     ___"...Les pauvres risquent la pénurie, et les autres consommateurs une hausse des prix de détail. « Cette loi ne joue pas seulement contre les paysans, mais également contre “l’homme ordinaire” de ce pays. C’est un feu vert à l’inflation », soulignait le ministre en chef de l’État de Delhi et dirigeant du Parti de l’homme ordinaire (AAP), M. Arvind Kejriwal, lors d’un discours le 14 décembre (7). Sa formation soutient la mobilisation paysanne, tout comme le Parti du Congrès et le Parti communiste d’Inde (marxiste) (8).   Ces trois lois comprennent également une série de dispositions réduisant les possibilités de recours des citoyens auprès de l’administration en cas de contentieux avec un quelconque acteur privé. Enfin, elles ne s’attaquent pas aux coûts sociaux et environnementaux du modèle hérité de la « révolution verte » (9). Pas plus qu’elles ne se soucient des travailleurs agricoles sans terre, qui, selon les régions, forment jusqu’à un quart de la population active rurale.  Ouvrant la voie à la baisse des subventions publiques, elles forment un ensemble cohérent, qui livre l’agriculture aux puissants groupes de l’agroalimentaire et de la distribution. D’où la colère des paysans, qui ont riposté dès juin 2020, sous la bannière des syndicats régionaux...."                               ___"...A l’origine du conflit, on trouve trois projets de loi : la loi sur le commerce des produits agricoles, la loi sur l’accord de garantie des prix et des services agricoles, et la loi sur les produits essentiels. Ensemble, ces lois prévoient la suppression des protections gouvernementales en place depuis des décennies à l’endroit des agriculteurs, notamment celles qui garantissent des prix minimums pour les récoltes. Si les agriculteurs protestent contre ces trois projets à la fois, ils sont particulièrement préoccupés par le Farmers’ Produce and Commerce Bill, qui habilite les entreprises à négocier l’achat des récoltes directement avec les petits agriculteurs. Pour ces derniers, ce serait une catastrophe, la plupart d’entre eux n’ayant ni les compétences ni les ressources nécessaires pour faire face aux multinationales. Les paysans de tout le pays craignent donc que leurs moyens de subsistance ne soient décimés et qu’ils s’endettent encore plus.   Etant donné le poids considérable du secteur agricole dans l’économie indienne, les conséquences de ces lois s’annoncent énormes. Les petits agriculteurs et leurs familles représentent près de la moitié des 1,35 milliard d’habitants de l’Inde : selon le recensement national de 2011, près de 60 % de la population active indienne, soit environ 263 millions de personnes, dépendent de l’agriculture comme principale source de revenus. Pour beaucoup d’entre eux, ces nouvelles lois viennent confirmer ce qu’ils craignaient le plus : que les petites exploitations agricoles ne soient plus un moyen de subsistance rentable ou durable en Inde. Au cours des dernières décennies, les paysans ont vu leurs marges bénéficiaires se réduire et leurs dettes augmenter. Une récente étude de l’économiste Sukhpal Singh, de l’université agricole du Pendjab, montre ainsi que les ouvriers agricoles du Pendjab sont endettés à hauteur de quatre fois leur revenu annuel...."                                                                                                                           ____Un système qu'il fallait réformer, sans aucun doute, mais certainement pas de cette manière, sans concertation, à la faveur du choc du covid, dans le sens d'un plus grande concentration, libéralisation  et de perte d'autonomie de producteurs déjà trop portés sur le suicide pas désespoir.   ____________________________

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Varia

Publié le par Jean-Etienne ZEN

1 __ Fausse voie

2 __ Calendrier absurde

3 __ Violences policières

 

4 __ Peur rationnelle

 

5 __ En vacances...

6 __ Offensive américaine

7 __ Main d'oeuvre: pénuries

8 __Souveraineté populaire

9 __ Nouvelle archéologie

10 __ Les dessous de Prigojine 

11 __ Surprofits des autoroutes

12 __ Pour une réforme syndicale

13 __ Conseil Constitutionnel discuté    __________________

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Toujours joignable?

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Droit à la déconnection

                                     La plupart de nos contemporains, que ce soit pas nécessité professionnelle ou par mode, sont tenus par une injonction qui est devenue inconsciente parfois un impératif de tous les instants: il faut être joignable, prêt à répondre au moindre appel.   Pour le médecin ou le sauveteur, on comprend. Là où l'urgence vitale, économique ou sociale ne s'impose pas, c'est plus problématique. C'est même devenu souvent une contrainte intériorisée qui nuit au quotidien, qui pollue le rapport à la vie réelle, qui pèse à tel point que s'impose à un moment le désir de se séparer, au moins pour un temps, de l'enchaînement numérique devenu pressant. Le portable n'est plus seulement un outil, mais colle à  l'existence comme une partie de soi-même au point que son absence, même passagère, devient génératrice de mal-être existentiel. Au point que de plus en plus on revendique le droit à la déconnection.          __Selon une dépêche de l'AFP déjà ancienne (Londres) - "Les utilisateurs de téléphones portables peuvent ressentir du stress et de l’anxiété s’ils se trouvent séparés de leur téléphone portable pour une période prolongée, selon une étude britannique 90% des personnes interrogées dans le cadre de cette enquête ont affirmé ne pas pouvoir s’empêcher de consulter leur téléphone au moins une fois par heure. Quatre personnes sur cinq disent se sentir mal à l’aise si leur téléphone est hors de portée pour une période prolongée et 84% ne laissent jamais leur portable hors de vue. Perdre son portable est pire que perdre son porte-feuille ou ses clés de maison pour 60% des personnes ayant participé au sondage. Pour une personne sur 7, être séparé de son portable se traduit par un sentiment d’anxiété ."Les gens commencent à considérer leur téléphone portable comme un être humain car il symbolise contact, amitié et attention", a commenté le docteur David Nott, spécialiste des addictions au Priory hospital de Southampton (sud de l’Angleterre), consulté dans le cadre de cette enquête".]

                                Pour un oui, pour un non. Du plus futile au plus sérieux. En toutes occasions. On comprend que cela ait un sens pour l'urgentiste et le dirigeant, pour le grand randonneur qui prend des risques comme pour la mère qui doit garder un contact précieux avec un enfant éloigné.. La rapidité de la communication et de la réaction fait partie de l'efficacité.  Mais tout est question de dosage. Pas seulement.  Que de messages envoyés, inutiles ou sans véritable contenu, sans valeur utilitaire réelle!.. Les réseaux bruissent de rumeurs, dont la vacuité ne sautent toujours pas aux yeux, des communiquants faisant chauffer inutilement les immenses centres de data. 

 

                                C'est la fièvre du portable, qui porte un nom: nomophobie. Jusque sous la couette. Dès le réveil. Le temps personnel s'épuise dans des échanges sans fin. "Etre sans" est vécu comme une frustration intolérable. Sans réseau, nous sommes comme Robinson, abandonnés. Vivre loin du e-contact permanent devient une souffrance. Vivre pour soi-même n'affleure plus l'esprit dans certains cas. Se taire et parler de vive voix tendent à devenir rares, même en proximité physique, de plus en plus tôt. Laisser un temps l'objet communicant tend à devenir inenvisageable, comme le doudou des petits. Le temps plein, vivant, intensément vécu, aux contacts réels s'amenuise. Les quartiers se vident de présences puisque on échange sur les réseaux sociaux avec trop d'"amis", de "followers"" en veux-tu en voilà. Pour quels bénéfices? La disponibilité devient peau de chagrin, même à l'intérieur des familles, même au cours d'un repas, même dans un couple. Et la vie dans tout ça?....                               Question de dosage, sans céder à l'addiction. Prendre le temps de vivre réellement...Débrancher, comme certains le font. Ne pas être toujours joignable comme un cadre toujours disponible, dont les heures ne sont plus comptées..

_________ Comment s'en passer...ou moins en dépendre?
                                     Un fil à la patte qu'on ne remarque plus.
Pour le cadre censé être constamment joignable même le dimanche et l'adolescent esseulé jusque dans sa classe.
               Que faire sans mon smartphone?
               C'est le vide, le désert, la désolation....
               Allo, maman, bobo!...♫♪♫ 
   Smart: chic, astucieux, intelligent... et tout ce qu'on voudra. Mon smart, c'est moi...Jamais sans mon smart.
      On ne parle pas des usage utiles de ce morceau de plastique à puces, ce couteau suisse de la communication tous azimuts.
        Très bien pour l'urgentiste, le professionnel pressé, le blessé isolé...
   Tout est question de dosage, comme certains produits toxiques, qui peuvent guérir ou tuer.
  Pour le reste...
                     Coupezconseille un sage un peu technophobe.
Pour échapper à la tyrannie de l'appareil à puce.
..Pour que  le petit colifichet pour adultes inconséquents et immatures retourne à sa place : celle d'un simple outil occasionnel
    Il n'a pas tout à fait tort quand il parle de merveilleux gadget de la vacuité, désignant cet appareil comme le paradigme de notre folie actuelle. Il a bouleversé nos relations, brisé notre faculté d'aller vers l'autre et de l'écouter ; il a transformé notre rapport au temps et à l'espace, faisant de son utilisateur une abeille butineuse, incapable de rester en place, de fixer son attention sur un moment unique....

      Il est vrai qu'il crée une dépendance très problématique, qu'il constitue un  fléau scolaire, allant jusqu'à une certaine  robotisation des esprits, à une dépendance consentie,  à un totalitarisme mou.
   "... Le téléphone portable, Facebook participent de l’érosion de l’institution scolaire, parce qu’ils en sont exactement l’antithèse. Mélanges des domaines public et privé, ils s’opposent à l’exigence que l’élève, en entrant dans l’enceinte scolaire, quitte son monde privé pour l’espace public, abandonne ses goûts personnels et adopte les règles communes, mette de côté ses opinions pour acquérir des savoirs. Le portable qui vibre en cours, l’élève qui y jette un œil ou tape sur son clavier posé sur ses genoux en faisant semblant d’écouter signifient que la coupure institutionnelle n’existe plus, que l’élève est devant son professeur un individu à part entière, dont la vie est plus urgente et importante que tout ce qui pourra lui être enseigné. De même, quand les élèves passent jusqu’à 3 heures par jour sur Facebook et deux heures devant la télévision, mais lisent au mieux 2 heures par semaine et travaillent chaque soir moins d’une heure, c’est que le savoir est démonétisé, que le narcissisme et le divertisse- ment l’ont emporté sur la constitution de soi par la culture..."

    L' usage intensifs des sms n'est pas sans conséquences.
         Twitter devient une activité chronophage et une béquille aux  manques de relations réelles.
   L'exacerbation du narcissisme s'y exerce sans frein.
        Voici qu'arrivent la I-watch et les lunettes Google...
Prêt pour une traçabilité  maximale, pour le plus grand bonheur des sites marchands.
      Il serait temps de se déconnecter pour respirer. 
Pour vivre...

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Faire crédit?...

Publié le par Jean-Etienne ZEN

    Aux banques?...

               Le dernier épisode bancaire de nos voisins helvètes, comme celui concernant la Silicon Valley, vient nous rappeler qu'un système bancaire, même de fondation ancienne, n'est pas à l'abri de remous importants, d'une gestion défaillante, d'imprévisibilité manifeste, de pratiques douteuses. Un petit retour sur la période 2008, qui a vu des Etats voler au secours de grandes banques, nous le rappelle. C'était l'époque où on coula Lehman Brothers pour en sauver d'autres et où l'internalisation du désastre se répandit partout, obligeant les Etats à pratiquer une cure d'austérité qui s'étala sur des années, aux dépends des plus modestes.   


                                                                       Sans la confiance, la monnaie devient source de violence sociale, parfois de régressions immenses, comme aux USA dans années 30 et en Europe par la suite. Mais peut-on faire toujours confiance à une banque d'importance? La question se pose toujours, malgré les réformes entreprises, souvent plus esthétiques que fondamentales, souvent par nécessité (too big to fall) et les déclarations triomphales de Nicolas Sarkozy disant: la crises, c'est fini! De sérieux avertissements reviennent périodiquement, comme les "déboires" de la Deutsche Bank ou d'autres encore moins regardantes sur certaines pratiques peu orthodoxes. Et c'est reparti! avec des conséquences sans doute moins élevées! Le Fed veille au grain. Le risque de contagion est moins grand qu'à une certaine époque. On découvre que le vénérable Crédit Suisse n'est pas tout à fait ce qu'il prétendait être. Il est comme un casino. Il a ses petits secrets. Des sommes folles engagées depuis des années dans des affaires douteuses et frauduleuses. Il paie le prix de ses scandales. Et ce n'est pas une exception, si on va dans certains pays où l'on est encore moins regardant sur le recyclage de l'argent sale par exemple. La Suisse a une tradition de "neutralité", qui ne va pas sans nombre de compromissions.                                         Malgré certaines règles de régulation introduite ici ou là, les risque d'un nouveau krach n'est pas exclu. La confiance peut être vite érodée. Le précédent de la banque Law a laissé des traces. La contagion peut vite arriver, les réformes entamées ont été minuscules et il y a encore des trous dans la raquette...                                                                                                   Si vous voyez un banquier se jeter par la fenêtre, sautez derrière lui : vous pouvez être sûr qu'il y a quelque profit à prendre. (Voltaire)   _____________________

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