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Il est temps d'investir

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Pour l'éternité..

                     La valeur durable la plus sûre qui soit.
Enfin un bonne nouvelle! L'obsolescence programmée de la vie est sur le point de régresser.
    Je sais, ça va coûter cher et tout le monde ne fait pas partie des happy fews.

Mais ça vaut le coup d'investir. Quitte à emprunter, à tenter le gros lot au grattage, à gager ses biens, voire à oser un gros coup...sans toutefois vendre son âme, malgré sa valeur en baisse.
     Car qu'est-ce que une petite vie misérable de rien du tout, où l'on passe comme un courant d'air, par rapport à la vie éternelle, souvent promise, qui annonce une perspective où le temps s'abolit, dans la félicité la plus grande. Du loisir pour surfer sans limites, dans l'euphorie. Nul risque de s'ennuyer...sauf peut être à la fin.
   L'au-delà vaut le coup de s'y mettre dès maintenant.
        Certains l'ont bien compris, qui investissent dans la quête d'immortalité, au lieu de dépenser ou de thésauriser en vain. Ils nous tracent la voie, en pionniers éclairés de la Silicon Valley ou d'ailleurs.
   Ce ne sont pas des gourous un peu fêlés, des dérangés du ciboulot,
ils ont toute leur raison et s'organisent méthodiquement , comme de vrais  et jeunes businessmen éclairés, qui voient loin, loin...
    Des start-up de Monterrey, des neurologues enthousiastes, des Peter Thiel ayant pignon sur rue, mais aussi quelques milliardaires russes sont prêts à tout pour vous aider à vous faire oublier la fatale échéance, celle que Freud avait appelée la plus grande blessure de l'humanité...
     Vraiment la mort est devenue hors d'âge et il serait indécent d'y céder encore. Une révolution biocybernétique est en marche, ne riez pas, même un médecin français y croit  Une révolution médicale et philosophique est en marche. Le combat contre la mort va s’intensifier, annonce ainsi le chirurgien-urologue français Laurent Alexandre. La mort deviendra un choix et non plus notre destin. 
      On vous demande d'y croire et c'est la foi (et beaucoup de dollars) qui sauvent, c'est bien connu.
  En 2045, Google vous le dit, on sera prêt. En attendant, patience! cryogénisez-vous. C'est un peu cher, mais empruntez ou volez, ce n'est pas rien.
   On vous réveillera, quand sonneront les trompettes de l'éternité.
 Le transhumanisme est à notre portée, mes frères en intelligence artificielle.
     Mon grand père aurait souri. Mais l'impensable d'hier paraît réalisable dans un futur proche.
  Les anciennes limites se voient repoussées, autour de nous comme en nous: l'homme augmenté est en route. Mais vers des horizons insoupçonnés. Exciting! 
__         Certains sceptiques diront que si certaines anticipations semblent prometteuses, d'autres s'apparentent à de gentilles rêveries ou à des fantasmes pervers, où l'idéal mythique de perfection humaine renoue avec une vieille tradition, recyclée au goût du néo-scientisme et du technicisme naïf triomphants.
   Hommes de peu de foi qui doutent: L'imperfection naturelle et morale de l'homme et finalement sa mortalité ne seraient-elles pas des donnée largement incontournables?
 Le transhumanisme  n'est pas une auberge espagnole aux contours flous, côtoyant le posthumanisme, véhiculant une notion de progrès revue et corrigée à l'époque de l'homme bionique.
_____ Le biologiste, Jacques Testarfait partie des esprits chagrins, ceux qui critiquent les nouveaux pionniers qui nous promettent tant pour sortir enfin de notre finitude, cette erreur de la nature.
 Dans son pessimisme christiano-kantien, il pense que, d'un côté" ....se profilent, d’abord pour de grands handicapés, des dispositifs intégrés au cerveau pour en augmenter l’efficacité ou pour lui permettre d’entrer en relation avec l’extérieur ou avec la machine, sans la médiation usuelle de la parole ou de l’écriture. Le « génie tissulaire » promet aussi de remplacer chaque organe défaillant par du neuf, régénéré in situ comme la queue des lézards ou reconstruit avec des cellules souches greffées.De tels projets vont bien au delà des gadgets, telle la puce électronique introduite sous la peau pour commander l’ouverture d’une porte, qui ne sont que des dispositifs facilitateurs transformant l’homme en robot plutôt qu’en surhomme.
    Mais il énonce aussi: Plus inquiétante, la dernière famille des propositions pour forcer les capacités humaines concerne des propriétés héritables, quand la faculté nouvelle est tellement intégrée à l’organisme qu’elle en devient indissociable et sera transmise à la descendance. Ce caractère d’héritabilité correspond à un changement d’espèce et c’est ce qui fait la gravité de tels projets.
 Les transhumanistes, puissants aux USA parmi les chercheurs les plus brillants (et bien présents mais discrètement en Europe), sont persuadés qu’à l’échéance de quelques décennies, le cerveau sera bien plus performant et aussi que l’immortalité sera possible. Les mêmes sont souvent en faveur de l’élimination de populations entières car il faudra bien faire de la place pour les surhommes inusables .Au-delà de la transgenèse et grâce à la « biologie synthétique » qui emprunte autant à l’informatique qu’à la biologie (avec un zest de physique grâce aux nanotechnologies), des perspectives glorieuses surgissent.En 2010, les médias annoncèrent que le généticien Craig Venter aurait « créé la vie » parce qu’il avait substitué un ADN de synthèse à celui contenu dans une bactérie . Sans négliger cette performance technologique on est bien loin de créer du vivant quand on se sert d’un être déjà vivant (la bactérie privée de son ADN) comme réceptacle d’une molécule inerte (l’ADN) pour reconstituer un nouvel être vivant.. Mais le délire des transhumanistes ne s’arrête pas à cette stratégie du haut vers le bas promue par C Venter, ils promettent plus fort : du bas vers le haut en assemblant des molécules inertes pour construire des organismes vivants complètement inédits, pourquoi pas des humanoïdes puisque toute frontière entre l’homme, l’animal et la machine ne pourrait que relever d’une idéologie passéiste?... 
La place de l’homme devient relative : on nous promet la création de machines intelligentes, combinaisons de l’humain et du machinique, libérées de la violence et du sexe, et capables de s’autoreproduire. La démesure mais aussi la déculturation à l’œuvre dans les projets transhumanistes, est évidente avec le MOP (macro organisme planétaire) dans lequel les individus, dépourvus d’identité, seraient reliés entre eux pour former un monstre unique dont le cerveau serait le réseau internet…"
                    Mais le salut sera californien ou ne sera pas.
                                                             Le futur a de l'avenir.
                                                                                Juste un peu de patience...
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Faire son deuil?

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Un impératif catégorique?

                              Il est des expressions qui méritent d'être revisitées, car elles sont lourdes du poids d'une tradition en voie de changements rapides et dont les sous-entendus ne peuvent plus guère être acceptés. Des expressions formulées souvent mécaniquement, sans conscience des messages implicites qu'elles véhiculent, parfois dans les circonstances les plus diverses. C'est ainsi que l'on dira que l'on a fait son deuil d'un objet cher, d'un projet, d'un idéal,.. ou d'un animal domestique parti pourtant en pleine vieillesse.             ___Concernant le départ d'une personne, surtout d'une relation chère, l'expression, banalisée par ailleurs, est réfutée pas ceux qui ne peuvent oublier si rapidement, même si la mort n'a pas été tragique. On ne peut "tourner la page" comme on le dit parfois si facilement. La mémoire garde trace, sans que ce soit traumatisant, d'un vécu commun, de racines. Certes, notre attitude face à la mort a changé en moins d'un siècle. La dramaturgie codée, encadrée par l' Eglise, est en voie de disparition et l'on accepte plus facilement des attitudes plus libres et moins engoncées lors des célébrations funèbres. C'est ainsi que le pas de dance entamée par le compagnon de la professeure d'espagnol, dramatiquement disparue à St Jean de Luz, a pu en émouvoir beaucoup. 


                                                                                                              La nouvelle "normativité" du deuil est-elle pour autant bien acceptée? L'étude de Vinciane Despret apporte des éléments pour mieux comprendre l'ambiguïté dans laquelle nous sommes tous plus ou moins plongés lors du départ d'un proche, les dénis et les rationalisations que nous opérons, mais aussi les traces qui résultent parfois durablement d'une cicatrice longue à se refermer.  "...Cette partition entre les vivants et les morts, même dans notre société, n’est pas tranchée. Maurice Bloch a bien montré qu’il existe des « brèches dans la frontière entre l’être et le non-être ». C’est criant dans les cultures qui continuent d’entretenir des liens avec les esprits, mais ce n’est pas du tout leur apanage. Ces brèches existent chez nous aussi. On peut même prendre des exemples très profanes : les nouvelles technologies, qui permettent de garder des personnes en état de mort cérébrale dont le cœur continue à battre et qui sont encore capables de susciter des relations autour d’eux. La technologie médicale créé ici une brèche entre l’être et le non-être – cela fait même l’objet de lois, de débats éthiques. Car d’un point de vue médical, quel est le statut de ces personnes ? Il est vrai cependant que lorsqu’il s’agit de la mort telle qu’on l’acte au moment des funérailles, on a tendance, en Occident moderne, à penser que la mort est une affaire de tout ou rien : soit on est vivant, soit on est mort. On ne peut pas être dans l’entre-deux. Mais beaucoup de technologies démentent cette position : le don d’organes pose la question de l’entre-deux, à la fois au moment où l’on doit décider si un individu en mort cérébrale est véritablement décédé ou non, et après, car les personnes ayant reçu ce don peuvent avoir le sentiment de faire vivre le donneur en eux. Une dame dont le fils avait péri dans un accident de la route et dont les organes avaient été donnés, disait un jour : « Il est possible maintenant que je sois grand-mère ». Son fils décédé faisait vivre quelqu’un d’autre. Cela montre que cette rupture entre être soit mort, soit vivant, n’est pas si nette. Mais la conception dominante est nette : la théorie du deuil pose la mort comme une affaire de tout ou rien. Il y a donc à la fois un discours officiel, dominant, normatif, et à la fois, l’on peut partout observer des pratiques qui ne cessent de contredire ce discours normatif....    Accepter la proposition de Joan Didion de « laisser partir » le mort, c’est comme si l’on disait que ne pas le tuer, c’est « tout » (mais ici, le mort est omniprésent, envahissant), et le tuer, c’est « rien » (là, le mort retourne au néant, il n’existe plus du tout). Or l’on peut très bien imaginer des relations avec les morts qui ne soient pas « tout ». En ce sens, la plupart des gens qui refusent le « rien », la disparition totale du décédé, ne veulent pas non plus être dans le « tout », soit sa présence totale. Sinon, l’on entendrait : « Votre mère est morte mais elle est là, partout ? Comment faites-vous pour faire l’amour avec votre conjoint, puisqu’elle regarde sans doute au-dessus du lit ! » Le problème vient du fait que notre tradition officielle cultive tellement peu le lien avec les morts, qu’on se retrouve à devoir choisir entre tout ou rien. Sans doute ce qu’on appelle le « deuil pathologique » relève-t-il de ce choix du tout, de l’omniprésence du mort, ce qui s’aggrave sans doute du fait qu’on ne rencontre que de l’hostilité et de l’opposition par rapport à la relation qu’on essaie de créer avec le mort, et qu’on ne peut s’accommoder de sa disparition totale. La tradition occidentale moderne ne nous permet pas d’entretenir avec nos morts des relations qui seraient de l’ordre de la nuance. Heureusement, la plupart des gens sont suffisamment sages, bien entourés et imaginatifs, pour ne pas tomber dans le tout ou rien, pour construire un lien nuancé avec le mort. Toutes les cultures exigent en ce sens la séparation des vivants et des morts, il ne faut pas croire l’inverse. Aucune culture ne laisse les morts complètement habiter le monde des vivants et interférer à tout bout de champ ! Les morts peuvent être là mais pas pleinement là, pas tout le temps là. Ils ne peuvent pas entraver les décisions des vivants. C’est le rôle du notaire, par exemple : il prolonge à la fois la volonté du mort (répartition de l’héritage), mais la limite aussi dans la mesure où le mort n’a pas à entrer dans la vie des vivants (l’héritage ne peut pas être sous condition, par exemple que les descendants fassent ou non d’autres enfants)...."                 ___________________

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Silence Total

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Et pourtant ils savaient...

                 La "discrétion" sur leurs propres pratiques est le propre des firmes multinationales, surtout quand celles-ci posent des problèmes qui concernent notamment l'environnement et l'avenir de notre planète. Des dirigeants  ont été "écologistes" bien avant l'heure mais se sont bien gardés de faire savoir le contenu de leurs études concernant les risques qu'ils engendraient. Les profits et les actionnaires d'abord. Même si l'écoblanchiment commence à devenir un nouveau souci, engendrant des réorientations opportunistes. Malgré de nouveaux attraits, en Arctique notamment, ce nouvel eldorado gazier.                                                                                                               Elf non plus, ainsi que d'autres compagnies, n'ont pas été en reste pour semer le doute pendant des années. Tout finit par se savoir. Ou presque. malgré le culot de directions avides d'affaires, leur caractère intouchable et leur lobbying massif, le doute instillé. Ou tardivement.            ___"...On savait déjà que ExxonMobil, BP et Shell ont longtemps nié le changement climatique dont ils étaient pourtant certains de la gravité. Qu’à coups de milliards de dollars, les géants pétroliers américain, britannique et anglo-néerlandais ont fait circuler des fausses informations et financé des climatosceptiques. Qu’ils ont entravé de manière méthodique toute politique de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Une étude publiée par deux historiens et un sociologue, dans la revue scientifique Global Environmental Change, mercredi 20 octobre, accable cette fois le fleuron français des énergies fossiles : TotalEnergies.   Elle montre que la major pétrolière était au courant de l’impact « potentiellement catastrophique » de ses produits sur le réchauffement climatique dès 1971, soit bien avant la connaissance du grand public sur le sujet. Après en avoir acquis la certitude, l’entreprise a malgré tout entrepris, durant de longues années, de semer le doute sur la réalité du changement climatique et de freiner l’action afin d’extraire toujours plus de combustibles fossiles...." 

 

                 "....L’Arctique renferme environ 30 % des ressources gazières mondiales inexploitées. Une manne de plus en plus accessible grâce à la fonte accélérée des glaces due au dérèglement climatique et qui attire les convoitises des géants énergétiques depuis une quinzaine d’années.     Les velléités prédatrices de TotalEnergies ont conduit le groupe à une cinquantaine de kilomètres à peine des installations de Yamal LNG, sur les rives de l’estuaire du fleuve Ob. Le futur site industriel Arctic LNG 2 repose sur un champ d’extraction de gaz grand comme le département du Vaucluse. TotalEnergies, qui participe au projet à hauteur de 21,6 %, doit y ériger avec son business partner russe, le gazier Novatek, une immense infrastructure pour un coût total de 21 milliards de dollars.    Elle consiste en un maillage de plus de deux cents forages, d’un terminal portuaire de 500 hectares et d’un complexe industriel composé de trois imposantes usines de liquéfaction du gaz. Le tout agrémenté d’un aéroport, de 150 kilomètres de routes automobiles, de plusieurs héliports et de pipelines.  D’après TotalEnergies, Arctic LNG 2 aura une capacité de production supérieure à Yamal LNG – 20 millions de tonnes par an – et le premier cargo de gaz, à destination du marché asiatique, est attendu pour 2023.       « La demande en gaz est en pleine croissance, notamment en Asie, et plus d’une vingtaine de pays émergents se sont dotés de terminaux portuaires GNL, précise pour Mediapart Marc-Antoine Eyl-Mazzega, directeur du Centre énergie et climat de l’Institut français des relations internationales (IFRI). TotalEnergies est aujourd’hui le numéro deux mondial du GNL, après Shell. Et le projet d’Arctic LNG 2 est stratégique pour la compagnie car il participerait à propulser l’entreprise comme le leader international du GNL. »  Le GNL est bien pire que le charbon pour le climat. Il représente un terrible pas dans la mauvaise direction.   (Robert Howarth, chercheur à l’université Cornell (États-Unis) Ce méga-projet catapulterait de facto TotalEnergies comme le premier développeur européen – et le quatrième mondial – de projets fossiles dans le Nord polaire, une zone du monde en première ligne du réchauffement planétaire.   « L’Arctique se réchauffe trois fois plus vite que le reste de la planète, rappelle Anna-Lena Rebaud, des Amis de la Terre. Et au sein de ce territoire menacé, Arctic LNG a pour objectif de produire et exporter au total l’équivalent de vingt-sept fois la consommation française annuelle de gaz. »....  ______________

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Le nucléaire, le France, l'Allemagne...

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 ...Et l'irrationnel 

        Notre période charnière en matière énergétique, sous le coup du tournant russe, peine à trouver des modes de substitution. On bricole beaucoup des solutions qui se veulent pérennes, mais non sans contradictions et incohérences. On ne pouvait espérer un virage radical étant donné l'histoire énergétique des différents pays. L'Allemagne renforce son camp dans le renouvelable, qui se veut remplacer le nucléaire depuis Merkel, mais reconsidère sa copie en n'excluant plus un certain retour en arrière en matière de nucléaire, non sans tensions internes. La culture du compromis conduit à des atermoiements, alors que des décisions s'imposent rapidement pour faire tourner une économie exportatrice vorace.   


                                                                                                      "...Au cours du congrès des Verts ce week-end, le parti traditionnellement antinucléaire a cédé à la pression et a voté en faveur de la prolongation de la durée de fonctionnement des centrales jusqu’en avril 2023. Les Verts ont toutefois défini certaines « lignes rouges » à ne franchir sous aucun prétexte, notamment l’achat de nouveau combustible nucléaire pour maintenir les centrales en service plus longtemps. Cette décision a été vivement critiquée par le parti libéral FDP.   « Lorsqu’il s’agit d’éviter un préjudice à notre pays, de réduire les prix ruineux de l’énergie, d’empêcher les pannes d’électricité, il n’y a pas de lignes rouges pour moi », a déclaré M. Lindner au quotidien die Welt. Il ne s’agit pas « de politique partisane », a-t-il ajouté.  Le FDP demande que les centrales électriques restent opérationnelles jusqu’en 2024 et que davantage de réacteurs nucléaires restent sur le réseau pour garantir la sécurité énergétique. La ministre allemande de l’Environnement, Steffi Lemke, a répliqué en insinuant que la pression exercée par le FDP était principalement motivée par ses mauvais résultats lors des dernières élections. Il ne s’agit pas « de la douleur des résultats électoraux, mais de prendre les bonnes décisions pour notre pays et de prendre ses responsabilités », a-t-elle déclaré..."                                                                                                                                 Nous nous trouvons, en France dans une situation moins conflictuelle, même si nos besoins sont moindres, mais la question du nucléaire, après des années d'ambiguïtés, de sous-investissements, de politique de gribouille, reste posée. Les points de vue sont parfois tranchés, dans le brouillard qui caractérise notre époque compliquée._________

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Je sonde, tu sondes...ils délirent (2)

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 Un sondage tous les deus jours! Où va-t-on? 

                                Jusqu'à la folie? ... L'emballement est manifeste, alimenté par les passions et les intérêts exacerbés du moment, au coeur d'une société qui a largement perdu ses repères, dans un vide théorique sidéral où des bateleurs ont pignon sur rue. . Dire que les sondages préélectoraux sont discutables est un euphémisme. La prudence s'impose quand on connaît leurs modes de fonctionnement. Certains sont pour leur suppression, ou leur limitation stricte et encadrée, ce qui paraît plus sage, surtout quand les passions se déchaînent, si loin de l'échéance. On peut rêver...Nouvelles pythies non brevetées, au service d'organes de presse soucieux de faire du chiffre, parfois instrumentalisés, voire manipulés, les sondages, peu critiqués dans leur fabrication et leurs visées,  ne sont pas sans perturber l'opinion, sous prétexte de la tester, sans l'orienter  plus ou moins subtilement, en anesthésiant son recul critique et ses possibles choix  rationnels.

     On l'a vu clairement avec l'effet Maqueron, dont la montée rapide dans les intentions de vote apparaissait clairement comme un artifice dont s'empara une certaine presse et des groupes de pressions habilement masqués.    Les sondages politiques sont redevenus le pain quotidien, envahissant, contradictoire, de notre PPF, survalorisant les chevaux de tête désignés ou autodésignés, escamotant les minoritaires, ceux dont la voix est devenue inaudible, conséquence du tam-tam médiatique et de l'effacement de l'esprit critique.  Ils submergent le débat politique de fond, brouillent ou escamotent les enjeux, nous détournent de la réflexion personnelle, informée et renforcent l' aspect de  la politique telle qu'elle est trop souvent devenue: un spectacle. Mais un spectacle non innocent.

    Un sondage chasse l'autre à la vitesse grand V, contribuant au renforcement des relativismes, à la montée de la précarité des points de vue, sans remettre en causse leur logique interne.
     La question mérite encore d'être posée, même si les effets ne sont pas toujours mesurables:  pourquoi des sondages?:
        Comme disait Pierre Bourdieu, "La soit-disant ''opinion publique" n'est qu'un instrument politique, un étandard-caméleon que brandissent les groupes d'intérêts (partis politiques, médias, corporations) en donnant l'impression qu'ils s'y soumettent alors qu'ils participent de façon non négligeable à sa construction dans l'élaboration des questionnaires, le traitement des réponses, et l'exploitation médiatique des "résultats". 
        Voilà bien le fond du problème. C'est clair pour les pseudo-sondages commerciaux, fabriqués de toutes pièces au service de la seule vente.  c'est plus compliqué à analyser au sujet des sondages d'opinions. quand celles-ci sont ondoyantes et parfois contredites par les pronostics jugés pourtant les plus fiables.
    L'opacité des sondages est rarement analysée et on oublie vite ceux qui se sont magistralement égarés.
       Comme le souligne P.Champagne, "Avant de s’interroger sur le fait de savoir si tel(le) candidat(e) a de bonnes chances d’être élu(e), il serait peut-être bon de savoir pour faire quoi. Et on peut même se demander s’il ne faudrait pas oublier totalement les sondages préélectoraux et les petits calculs plus ou moins cyniques et manipulateurs qu’ils encouragent afin d’en revenir plus classiquement à une logique inverse de celle qui tend à s’imposer aujourd’hui, à savoir que chaque parti construise d’abord un vrai projet de société en réunissant, pour l’élaborer, militants, experts, spécialistes et ensuite, mais seulement ensuite, voir qui peut, dans chaque parti, le défendre devant les citoyens avec quelques chances de succès..." (P.Campagne)
      Le bon sens même.
         Les égarements de la coyance politique n'ont plus à être soulignés, qui peuvent dans certains cas être tragiques, dans certaines circonstances.
      Les effets pervers de certains sondages, au faux aspects scientifiques, n'ont pas fini de se manifester. L'exemple américain récent vient de le monter récemment.
    Certes, il y a sondage et sondage, mais les procédures devraient être revues et les sondages de dernière minute interdits.
          Que Marine Le Pen gagne dans l'opinion, il n'est pas besoin d'être un fin analyste politique ou un professionnel des medias pour s'en rendre compte...
 Tout concourt, pour l'instant, à lui donner une certaine crédibilité par défaut, étant donné le vide politique qui s'est installé autour d'elle, les peurs ambiantes, les problèmes économiques réels de "la France d'à côté", les fantasmes entretenus, l'Europe défaillante. Le système sarkoziste aura bien alimenté sa montée, tout en prétendant la phagocyter.
  Son récent lifting récupérateur, son ripolinage de façade, son large ratissage, son habile séduction, lui confèrent une aura provisoire qui pour l'instant contribue à son ascension dans de nouvelles couches de la population, fragilisées à tort ou à raison.
      Ce phénomène sociologique et politique, une certaine presse s'en empare pour en faire ses choux gras, dans des conditions douteuses. La presse, malade, a besoin de se booster. L'l'institut Harris, d'autres demain, utilise des méthodes singulières pour stimuler les sondés et fait silence sur ses méthodes pour prétendre tester l'"opinion" à un moment donné.
_       Une opinio
n "qui n'existe pas" (Bourdieu), au sens où elle n'a nulle stabilité, nulle indépendance, nul caractère sacré . Elle est toujours mouvante, en train de se constituer, pouvant demain se modifier profondément à la faveur d'un événement majeur ou d'une renversement de situations.
__Bien sûr, il y a des tendances , provisoires, repérables (mesurables?), mais un traitement statistiques sera toujours sujet à caution. C'est plutôt rassurant...
   Mais les sondages d'opinion ont un effet pervers: ils donnent à croire à beaucoup que l'anticipation vaut la conclusion, que les intentions seraient les élections, comme si les sondés étaient déjà dans le contexte électoral projeté, comme si le "montage" des sondeurs était innocent et sans défaut...Surtout, ne pas parler de politique...
   Il y a une vérité que les instituts de sondages préfèrent ne pas crier sur les toits.
      On n'évoquera pas la guerre qu'ils se livrent entre eux.

_De plus, le "thermomètre" devient vite thermostat, finissant par réguler l'opinion elle-même, l'enfermant dans des résultats provisoires et discutables: effet feed-back pervers d'une pratique dont une démocratie peut et doit se passer. Les méthodes de marketing ne valent que dans un domaine. 
   Du moins faudrait-il, dans un premier temps réguler (enfin) les sondeurs.
A quand des règles claires ?

« [l’]injection quotidienne de sondages [...] participe à l’enterrement des débats de fond et de l’analyse des programmes. » "
     Illusion, manipulation et affairisme.

Comme le disait naguère Patrick Champagne, Les déconvenues des politiques, les erreurs d’analyse commises par les spécialistes présents dans tous les grands partis comme les « plantages » des instituts de sondage, loin de conduire à une plus grande prudence dans l’appréciation des résultats bruts produits par ces enquêtes semblent être à peine pris en compte par les milieux politique et journalistique puisque à chaque nouvelle élection, tout le monde a apparemment oublié de tirer les leçons de ce qui s’est passé quelques années auparavant...."            ________________________

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Quelles connexions?

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Surdité sociale.

                               Les liens qui unissent, lient les hommes entre eux sont plus profonds et plus importants qu'on ne le croit. Consciemment ou inconsciemment ils nous font être ce que nous sommes (pas d'homme sans culture) et régissent notre être social, autrement dit notre humanité elle-même. Nous n'existons que par les rapports, conscients ou inconscients, même limités, même imparfaits et triviaux, que nous entretenons avec les proches ou les moins proches. En ce sens, la conversation, l'échange quotidien avec nos semblables ont une place plus fondamentale que nous croyons, même en parlant de la pluie et du beau temps, de choses sans importance.  Or, le repli sur soi, l'individualisme propre à notre époque d'hyperconsommation, d'échanges de plus en plus virtuel, du culte du portable, jusqu'à la nomophobie, mettent en péril les modes d'échanges traditionnels, jugés souvent "dépassés". Or même le papotage peut être jugé important, à l'heure où les gens se côtoient de plus sans se parler. "...« Autrefois, il arrivait qu’on s’excuse auprès de son voisin de train quand, après avoir discuté, on sortait un livre. Comme si le mode par défaut était d’échanger. A présent, le mode par défaut, c’est d’être plongé dans son téléphone et de s’excuser si on doit lui adresser la parole »...   


          __ On sous-estime l'importance des conversations quotidiennes, apaisées ou non. « ...La conversation est la base première des relations sociales directes entre les personnes. En tant que processus se déroulant en temps réel, la conversation constitue un échange réciproque et rythmique d'émissions verbales. C'est un processus de partage qui développe une expérience sociale commune.  D'après cette explication, une conversation est la façon dont les gens s'engagent dans une interaction sociale dans leur vie de tous les jours. De ce point de vue, une conversation est un processus purement verbal. Pour nos besoins, nous préférons la définition de Susan Brennan : « La conversation est une activité conjointe dans laquelle deux participants ou plus utilisent des formes linguistiques et des signaux non verbaux pour communiquer de manière interactive. Brennan différencie les conversations, qui peuvent impliquer deux personnes ou plus, des dialogues, qui n'impliquent que deux personnes. Pour nos besoins, cette distinction n'est pas critique. Ce qui est essentiel, c'est que les conversations sont l'une des formes les plus courantes de communication interpersonnelle.  On craint de plus en plus que dans le monde hautement médiatisé d'aujourd'hui, la simple conversation ne devienne une chose du passé. Sherry Turkle est l'une des plus éminentes chercheuses sur la façon dont les humains communiquent à l'aide de la technologie. Elle raconte l'histoire d'un garçon de 18 ans qui utilise les textos pour la plupart de ses interactions fondamentales. Le garçon a dit avec nostalgie à Turkle : "Un jour, un jour, mais certainement pas maintenant, j'aimerais apprendre à avoir une conversation."  Lorsqu'elle demande aux Millennials de tout le pays ce qui ne va pas dans le fait de tenir une simple conversation :  « Je vais vous dire ce qui ne va pas dans le fait d'avoir une conversation. Cela se passe en temps réel et vous ne pouvez pas contrôler ce que vous allez dire. C'est donc la ligne de fond. Envoyer des SMS, envoyer des e-mails, poster, toutes ces choses nous permettent de nous présenter tel que nous voulons être. Nous pouvons éditer, et cela signifie que nous devons supprimer, et cela signifie que nous devons retoucher, le visage, la voix, la chair, le corps - pas trop peu, pas trop, juste ce qu'il faut.  Est-ce le monde dans lequel nous vivons maintenant ? Les gens sont-ils devenus tellement dépendants de leur technologie que tenir une simple conversation est devenu obsolète ?.."                                                                                              Le lien social est permanent, quoi que nous pensions, mais il peut être vulnérable.___________________

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Sondagite aiguë en question (1)

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 Une présidentielle sans sondages? 

                                          Chiche!  [- Sus à la tyrannie!...]                   _____Une ivresse périlleuse. 

                    __________________________

                    Point de vue:               "...   L' espace d’un instant, les soutiens de François Fillon ont retrouvé le sourire. Le 23 mars 2017, à un mois du premier tour de la présidentielle, le candidat des Républicains reprend quelques couleurs dans une campagne ternie par les affaires.   Sur le plateau de « L’Émission politique », le grand rendez-vous de France 2, François Fillon a été cuisiné pendant plus de deux heures sur l’emploi fictif de son épouse à l’Assemblée nationale et les costumes offerts par un intermédiaire de la Françafrique. Mais, selon un sondage commandé par France TV à l’institut Harris Interactive, 28 % des Français ont été « convaincus » par ses arguments pendant l’émission.  Surtout, 66 % des électeurs de droite ont été « convaincus » par leur candidat. C’est « six points de plus » que lors de son précédent passage sur France 2, en octobre 2016, rappelle le journaliste. « Vous convainquez davantage à droite, ce soir, après deux mois d’affaires, qu’en octobre avant la primaire. »   À la question « François Fillon ferait-il un bon président ? », le candidat a, là aussi, « gagné dix points » chez les sympathisants de droite par rapport au mois d’octobre, ajoute le journaliste. « Vous remobilisez votre camp, mais il y a encore une grande fracture avec les Français. »                  ____ À regarder comment les résultats du sondage commandé à Harris ont été obtenus, il paraît un peu osé de parler de « camp » ou de « Français ». De l’avis de plusieurs anciens sondeurs interrogés par Mediapart (voir notre Boîte noire), ce type d’étude, réalisée dans un temps très court, pose d’énormes problèmes de fiabilité et de représentativité, inversement proportionnels à leur impact sur le débat public. François Fillon n’atteindra jamais le second tour de l’élection présidentielle.                 Concrètement, comme tous les autres sondages réalisés lors des passages télévisés des candidats, celui de François Fillon a été préparé quelques heures avant l’émission, en mobilisant un panel de téléspectateurs amenés à répondre à quelques questions en ligne.  Ils sont 1 219 — dont 368 sympathisants de droite — à répondre pendant l’émission. Avec une carotte à la clef : en participant, ils peuvent s’inscrire à un tirage au sort pour gagner 2 000 euros.    Le sondage est lancé trente minutes après le début de l’émission, alors que le candidat commence tout juste à s’exprimer. Il est clôturé une heure et demie plus tard, le temps de « redresser » à la va-vite les résultats (essayer de faire correspondre les sondés à la composition du corps électoral), et de les insérer dans un Power Point.         


                           « L’idée est d’aller très vite, mais c’est en réalité sur une population très particulière [de répondants] », critique un ancien salarié d’institut. Comprendre : le panel, même après « redressement », ne reflète pas le corps électoral.    « La moyenne des Français ne répond pas à ces horaires [tard le soir — ndlr]. Les panélistes [sollicitant les répondants] qui travaillent bien ne travaillent pas avec ce genre de structure », appuie un autre.   Mais l’enjeu est ailleurs : avec ces études flash en pleine émission, France 2 peut brandir un chiffre à moindres frais, créer de « l’opinion » sur laquelle vont venir se greffer les avis d’« experts » en tout genre. Dans une illustration parfaite de cette bulle médiatico-sondagière qui se réenclenche à chaque élection  Passé les moments d’indignation collective, la logique du système politique et la curiosité font que l’on reprend à chaque fois les vieilles habitudes  (Nicolas Kaciaf, maître de conférences à Sciences Po Lille)                                                                                                        ________Cinq ans plus tard, la machine sondagière s’emballe à nouveau, transformant la présidentielle en « course de petits chevaux ». Après des précautions d’usage (« en fait-on trop ? », « est-ce vraiment fiable ? »…) vite balayées dans les rédactions, les enquêtes font la « une » de tous les journaux ou presque, dans le sillage des chaînes d’info en continu — elles sont quatre cette année — qui donnent le la. Avec un candidat de choix pour cette édition : le médiatique Éric Zemmour, dont les idées rances, ici réhabilitant Pétain, là attaquant les femmes, en font une machine à buzz pour faire grimper les audiences.   Le 6 octobre, le « pas-encore-candidat d’extrême droite » affole les réseaux. Harris Interactive, dans un sondage commandé par Challenges, vient de le mettre en deuxième position des intentions de vote de la présidentielle, qui se tient dans six mois. Avec 17 %, il dépasse de deux points Marine Le Pen : une première ! Les télés embrayent : « Un sondage place Éric Zemmour au second tour », s’enflamme BFMTV   L’étude d’Harris repose sur un échantillon de 1 310 personnes – 1 062 inscrites sur les listes électorales dont seulement 764 certaines d’aller voter – qui ont été remerciées de leur participation par l’inscription à un tirage au sort mensuel mettant en jeu des lots d’une valeur de 2 000 euros. La marge d’erreur est de 1,8 % à 2,5 % pour les candidats situés entre 10 % et 20 % — ce qui suffit à largement dégonfler l’interprétation selon laquelle Zemmour doublerait Le Pen.     Surtout, l’étude présente des biais méthodologiques que bien peu de personnes ont relevés. Harris Interactive a mesuré la « certitude d’aller voter » des électeurs en quatre catégories (de « pas du tout certain » à « tout à fait certain »), alors que d’autres instituts ont, eux, une échelle plus fine, de 1 à 10. Conséquence : le taux de répondants « certains d’aller voter » est, dans l’étude Harris, nettement supérieur à d’autres études précédentes.   Ce qui peut avoir des incidences importantes dans la surreprésentation de certaines couches de la population, et donc sur le résultat final, comme l’a noté Bruno Cautrès, chercheur CNRS au Cevipof-Sciences Po.  Mais, d’une manière générale, les secrets de fabrication de la petite cuisine sondagière n’intéressent pas. Les incertitudes et les failles sont pourtant nombreuses, faute d’encadrement législatif suffisant.   En 2011, le Sénat avait voté une proposition de loi visant à durcir le texte fondateur de 1977 et « assainir » un écosystème économique florissant. Le texte prévoyait notamment d’imposer aux entreprises de sondages de publier les « critères précis de redressement », ou encore d’interdire les « gratifications » offertes aux sondés – quasiment systématiques dans les enquêtes en ligne, méthode moins coûteuse et donc aujourd’hui largement dominante.                                  La proposition de loi, « une catastrophe pour les sondeurs », avait fini enterrée « par un veto présidentiel de Nicolas Sarkozy déguisé en rejet par la commission des lois de l’Assemblée nationale », résume le politiste Alain Garrigou, fondateur de l’Observatoire des sondages, qui rappelle que l’ex-chef de l’État était lui-même un boulimique d’enquêtes (son entourage est actuellement jugé dans l’affaire des sondages de l’Élysée, Nicolas Sarkozy étant protégé par l’immunité présidentielle).       Dans ce contexte, « beaucoup de choses sont dénoncées depuis des décennies, mais sans écho. Passé les moments d’indignation collective [notamment après les ratés des sondeurs lors des présidentielles de 1995 et 2002 — ndlr], la logique du système politique et la curiosité font que l’on reprend à chaque fois les vieilles habitudes », relève Nicolas Kaciaf, maître de conférences en sciences politiques et co-directeur de la recherche à Sciences Po Lille.               « L’inefficacité des critiques des sondages vient du fait que ce sont les mêmes politiques qui dénoncent les sondages qui sont les premiers à passer commande », ajoute-t-il. Et, au fil des décennies, un consensus mou atour de la pseudo-fiabilité des études s’est installé.            Depuis 1977, c’est la commission des sondages, une autorité composée de hauts fonctionnaires « n’ayant aucune culture du sujet » selon les chercheurs, qui est chargée d’assurer un semblant de contrôle des sondages publiés, en inflation constante – de 14 lors de la première présidentielle au suffrage direct en 1965, on est passé à 560 en 2017.    Deux spécialistes (une administratrice de l’Insee et un statisticien) doivent vérifier les « notices expertes », placées sous le sceau du secret industriel, transmises par les directions des entreprises. « Les sondeurs donnent ce qu’ils veulent », déplore Alain Garrigou, seul chercheur à y siéger. « Le problème vient de la loi, le niveau d’exigence est très faible », regrette son confrère Daniel Gaxie, professeur émérite à l’Université Paris 1-Sorbonne.      Pis, les rares règles imposées (garder les mêmes échantillons lors des sondages par « vagues », ne pas publier de sondage de second tour qui ne soit pas le fruit des résultats du premier tour, appliquer la même méthode de redressement à l’ensemble des candidats) sont assouplies par des « exceptions » tolérées par la commission. « Sur le redressement, ce n’est pas forcément du doigt mouillé, mais on accepte que chaque institut ait ses méthodes », explique son secrétaire général, Stéphane Hoynck, jugeant bon de rappeler qu’il ne s’agit pas d’une « science exacte ».      Entre 2019 et 2021, où quatre élections et des centaines de sondages se sont succédé (la France en est un consommateur record), la commission a fait publier cinq « mises au point » dans la presse pour des enquêtes « défectueuses ou manipulées ». Aucun signalement à la justice n’a été effectué.   Les candidats sont fabriqués par les sondages (Alain Garrigou, politiste, fondateur de l'Observatoire des sondages).       Or les sondages, et leur médiatisation, sont décisifs sur la suite de la campagne. Elles contribuent à crédibiliser une candidature, à en faire dégringoler une autre.    « Par définition, les sondages d’opinion ne se trompent jamais car on ne peut pas les comparer à un phénomène réel. Or ils ont de bonnes chances de dire n’importe quoi (voir un exemple ici), et les gens les interprètent comme une prédiction », relève Daniel Gaxie.         « Jamais les sondages n’ont pris autant d’importance et jamais ils n’auront autant dessiné le scrutin à venir », s’inquiète aussi Patrick Lehingue, de l’université de Picardie, qui souligne « un hiatus entre l’importance des conséquences et la fragilité des données. »        Un ancien salarié du département politique d’un important institut souligne pour sa part l’effet « mécanique » induit par la dynamique sondagière« Sur les intentions de vote, il y a un effet “vu à la télé”qui contribue à faire monter des candidatures [présentes médiatiquement — ndlr] dans les sondages, qui alimentent eux aussi la couverture médiatique, et ainsi de suite », explique-t-il.       « Les médias oublient leur propre rôle, et leur effet sur les sondages, recadre un autre. En 2011, quand un premier sondage Harris place Marine Le Pen au second tour, cela fait des mois qu’il y a une banalisation du FN dans les médias. Aujourd’hui, ce qui se passe [avec Zemmour – ndlr] c’est un peu ça. »             « Les candidats sont fabriqués par les sondages », estime Alain Garrigou dans un article publié dans Le Monde diplomatique« Ils façonnent les élections en avantageant les candidats dont on parle le plus, […] en amenant à présenter des candidatures ou à y renoncer sur la foi de pseudo-études, en poussant les électeurs à calculer plus ou moins savamment quel vote est le plus judicieux, comment leur vote ne va pas être “perdu” sur un candidat sans chance de gagner, en renonçant à voter pour rien. »                À ses yeux, les sondages sont des constructions dont « la réalité est mal assurée et, à cet égard, se rapprochent des fake news devenues endémiques ».      « Le problème, c’est que le sondage est présenté dans un registre informatif », dans un paysage où « l’un des gros changements est le système médiatique dominé par le couple Twitter – chaînes d’information en continu, qui a besoin d’être nourri en permanence », reprend Nicolas Kaciaf, de Sciences Po Lille.  « Quand on a en une journée une multiplicité de bandeaux sur BFMTV sur les bons résultats de Zemmour dans les sondages, il n’y a pas besoin d’être grand clerc pour savoir que, s’il dépasse Marine Le Pen, il va y avoir des défections dans son camp, et des ralliements », prédit le chercheur. « À gauche, il n’est pas sûr qu’Hidalgo et Montebourg se maintiennent, sur la seule base des sondages, qui est une base très faible », renchérit Patrick Lehingue.                                                                         Les partis politiques eux-mêmes ont intégré la puissance des sondages pour conditionner le débat public, comme l’a montré une opération de la majorité d’Emmanuel Macron pendant le mouvement des gilets jaunes.                Fin 2018, alors que le gouvernement appelle publiquement les représentants du mouvement à cesser de manifester et à se présenter aux élections, La République en marche commande à Ipsos un sondage sur les européennes, qui se tiennent en mai 2019.         LREM veut tester pour la première fois une candidature gilets jaunes, non identifiée par une tête de liste. L’étude ne repose que sur 378 personnes inscrites sur les listes électorales et certaines d’aller voter aux élections européennes. Payée par le parti mais diffusée dans le Journal du dimanche, elle attribue le score spectaculaire de 12 % de voix à une liste du Mouvement des gilets jaunes. L’« information » est reprise partout, et conditionne la suite du mouvement social.      « Tous les sondeurs ont du coup ajouté la liste des gilets jaunes [dans pas moins de 70 études, au total — ndlr], analyse un ancien salarié d’un institut. Cela a eu un impact énorme. La seule question est devenue : “Est-ce que vous allez vous présenter ?” On ne parle plus des revendications mais de qui sera tête de liste, c’est un détournement médiatique. »      Forcément, la façon dont on oriente la question change tout, et le commanditaire de l’étude a le dernier mot....."   __ (Merci à Mediapart _Passages soulignés par moi.)     _______
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Le coût caché de la réforme

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Epine dans le pied

                         Ce n'est pas moi qui le dit, mais toutes les études et les projections un peu sérieuses convergent: étant donnée l'épineuse question du décrochage subi par les seniors dans le monde du travail (ce sur quoi avait alerté le Président à une époque *), la réforme aura un coût et n'atteindra pas les buts proclamés en termes de (modestes) économies et de coût social.               "...Le rapport de deux ans de l'âge de la retraite  devrait se traduire par près de 100 000 chômeurs de 60 ans et plus supplémentaires selon une étude de l’Unédic portant sur la réforme de 2010... décaler l’âge légal à 64 ans est une chose, encore faut-il que les futurs retraités soient toujours en activité. Une étude de l’Unédic — qui vient d’être publié — révèle en effet qu’à 60 et 61 ans plus d’une personne sur quatre est inactive ou au chômage. Les femmes, peu diplômées, ayant des revenus modestes, ou en mauvaise santé sont particulièrement surreprésentéesle retour à l’emploi concerne le plus souvent les seniors les mieux insérés, particulièrement les cadres et professions intermédiaires. L’étude pointe ainsi un retour au travail plus difficile, depuis 2010, pour les seniors avec une durée d’indemnisation moyenne de 520 jours pour les plus de 50 ans, contre 340 chez les 25-49 ans....Quant aux dépenses d’assurance chômage consacrées aux seniors, elles ont flambé depuis 2010 : triplé pour les 60-61 ans avec plus 1,1 milliard d’euros, et presque doublé pour les 62-66 ans (+ 0,6 milliard). Au total, les dépenses d’indemnisation des plus de 55 ans ont augmenté de 38 % depuis 2010, et sont passées de 4,8 milliards d’euros en 2010 à 6,7 milliards d’euros en 2022. Quant au montant des allocations touchées par les seniors, l’indemnisation mensuelle du chômage pour les hommes est de 1 358 euros pour les 55-61 ans et de 1 749 euros pour les plus de 62 ans. Des sommes nettement plus faibles pour les femmes, 900 euros à 55-61 ans et 977 euros à 62 ans et plus...."     


                                                                             Le jeu en valait-il la chandelle? Le signe envoyé aux marchés financiers risque de ne pas correspondre aux objectifs annoncés et proclamés, dans le flou et la contradiction. Le chômage des seniors alourdit les dépenses L’exécutif va tout simplement déshabiller Pierre pour habiller Paul en reportant les dépenses des pensions de retraite pour les plus de 62 ans vers l’assurance-chômage. « Si le gouvernement affirme que la réforme des retraites va permettre de faire des économies importantes, tout comme celles de l’assurance-chômage, il omet de documenter le transfert de charges, avec la part augmentée de seniors au chômage jusqu’à 64 ans et plus », dénonce le communiqué, fustigeant « l’argumentaire pernicieux » de l’exécutif. Le syndicat a par ailleurs fait « des demandes de chiffrage » à l’Unédic. Les réponses, que Mediapart a également pu consulter, jettent une lumière crue sur les inégalités de genre, les motifs de licenciement des seniors ou encore les effets de la réforme de l’assurance-chômage, couplée à celle des retraites.  Mediapart l’a maintes fois documenté : les entreprises se débarrassent de leurs seniors, l’âge est ensuite un frein majeur du retour à l’emploi (à tel point qu’un tiers des chômeurs de longue durée sont aujourd’hui des seniors) mais le gouvernement persiste à vouloir reculer l’âge légal de départ en retraite..."                                                                Le temps d'apprendre à vivre doit-il passer à la trappe?  ______

 

         __ (*)   "Tant qu'on n'a pas réglé le problème du chômage dans notre pays, franchement, ça serait assez hypocrite de décaler l'âge légal." Et le président d'ajouter que "quand aujourd'hui on est peu qualifié, quand on vit dans une région en difficulté industrielle, quand on est soi-même en difficulté, qu'on a une carrière fracturée, bon courage déjà pour arriver à 62 ans". En pratique, "c'est ça la réalité de notre pays", lance-t-il. Et conclut alors son raisonnement : "On va vous dire 'il faut maintenant aller à 64 ans'. Vous ne savez déjà plus comment faire après 55 ans, les gens vous disent 'les emplois, c'est plus bon pour vous'. C'est ça la réalité, c'est le combat qu'on mène. On doit d'abord gagner ce combat avant d'aller expliquer aux gens 'mes bons amis, travaillez plus longtemps !'. C'est le délai légal, ça serait hypocrite. J'invite les gens qui, de manière simpliste, disent 'c'est ça la solution", d'abord à regarder notre société. On doit gagner la bataille du plein emploi."  (E. Macron conf presse 2019)    ______________

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Europe: être ou ne pas être fédéraliste

Publié le par Jean-Etienne ZEN

   Quand l'adorateur sort ses armes critiques

                                           Il faut avoir la foi bien accrochée, chevillée au corps, pour adhérer encore à l'idée d'une possible fédération européenne dans un avenir prévisible, étant donné le caractère bancal de l' Union telle qu'elle fonctionne.   Quatremer est de ceux-là, fidèle parmi les fidèles, mais aussi pourfendeur à ses heures. Qui aime bien châtie bien...Les beaux projets, comme les critères de convergence, en ont pris un coup. Mais n'était-ce pas fatal, étant donné les institutions telles qu'elles sont?...

             _______J.Q. peste, il fulmine       C'est aux Etats que Jean Quatremer s'en prend, à leurs égoïsmes, aux institutions bruxelloises dévoyées, ce puriste de l'Europe à venir, ce prophète des temps nouveaux de l'intégration, ce mystique de la transcendance schumanienne par delà les Etats.   Comme dans son dernier livre, où il pousse un coup de gueule bien senti, mais sur la base d'un paradoxe dont on ne voit comment sortir. L'idée d'Europe ne préexiste pas à ce qu'en font les Etats, dans leur diversité et, si elle est devenue ce qu'elle est, objet de critiques de plus en plus vives, c'est que le projet était mal ficelé, qu'on a mis la charrue avant les boeufs. Il subit admiration ou critique, c'est selon:

[On peut consulter les premières pages]

        ....Pour l'ancien ministre des Affaires étrangères socialiste Hubert Védrine, Jean Quatremer est « un ayatollah du fédéralisme »européen.. L'économiste Frédéric Lordon a consacré à Jean Quatremer un article critique dans lequel il lui reprochait sa tendance à confondre critique de l'Union européenne et conspirationnisme. Selon lui, Quatremer serait le « journaliste le plus attaché à traîner dans la boue – y compris pour conspirationnisme – toute position de gauche critique de l’Europe ». Cette façon de défendre l'Union européenne fait de Jean Quatremer « le meilleur agent de l'europhobie en France » pour le journaliste Daniel Schneidermann....
        Jean Quatremer, figure bien connue dans le monde du journalisme, spécialiste un peu atypique à Libération, suivant les question européennes de très près, laisse éclater une colère à première vue violente, mais légitime et salutaire à l'égard du système européen tel qu'il est devenu, de manière un peu provocatrice, pour susciter un réveil nécessaire des hommes et un changement radical des institutions. Il met les pieds résolument dans le plat. Ce n'est pas nouveau, mais de la part d'un auteur qualifié d'europhile, parfois d' eurocrate, cela amène quelques questions.
       Tout cela sur fond de croyance fédéraliste, lui qui n'a cessé, depuis ses premiers billets, de faire appel à plus d'unité politique et de dénoncer les dérives marchandes, les scandales et les élargissements aveugles. Sa critique est au début de son livre très véhémente, reprenant à son compte les plus sévères émanant de certains courants anti-européens.
     On pourrait le comparer à un nouveau Luther fustigeant avec force et parfois violence les excès et les déviations de l'Eglise de son temps et de sa hiérarchie souvent corrompue, détournées de leur mission essentielle, et centrant son message rénovateur sur le dépouillement, les textes fondamentaux et la foi, en deçà du désolant  virage maastrichtien.
    Quatremer veut encore croire à une reconstruction de l'Europe, à un certain retour des idéaux fondateurs d'après-guerre, à un projet dont nous nous sommes éloignés par aveuglement et par égoïsme national. Retrouver le chemin d'une politique commune, qu nécessiterait d'autres institutions, une vraie révolution. Pour faire face aux défis économiques qui nous attendent.
     Retrouver le chemin de la foi. Mais la question est de savoir si la seule foi peut sauver et permettre d'opérer le virage salutaire qui nous sortirait des lois d'un simple marché libéral, voulu par les anglo-saxons, accepté par les élites pantouflardes de l'UE, de la suprématie de fait de l'Allemagne devenue la référence et la donneuse de leçon. L'auteur est silencieux ou vague sur les conditions qui permettraient à Bruxelles de sortir de la bureaucratie tatillonne et à courte vue qu'elle est devenue, de dépasser l'extrême financiarisation dans laquelle elle s'est elle-même piégée, après avoir joué un certain rôle redistributeur, mais sans solidarité durable.. Il est surtout bien allusif sur les influences néolibérales qui n'ont cessé de marquer de leur empreinte des institutions, que Delors lui-même ne reconnait plus sur ses vieux jours.
 _____________         Dans son livre Les salauds de l'Europe, l'auteur, désabusé, dit:
                  "« Longtemps, j'ai cru en l'Europe. Longtemps, j'ai souhaité l'émergence des États-Unis d'Europe. Longtemps, j'ai pensé qu'elle était notre Terre promise, celle qui nous permettrait de dépasser les États-nations, ces fauteurs de guerre. Aujourd'hui, c'est fini. Je n'y crois plus. Elle n'a pas été inutile, mais son rôle historique est derrière elle... »
     Comme dit Joseph Savès, "c'est par cette confession désabusée et sans équivoque que débute l'essai iconoclaste de Jean Quatremer. Le journaliste rappelle avec brio les origines de l’aventure européenne. Mais c’est pour mieux dénoncer ensuite les dérives qui, du talentueux Jacques Delors au piteux Jean-Claude Juncker, ont mené à l’impasse actuelle.
    Y a-t-il une lumière au bout du tunnel ? Jean Quatremer détaille en quelques pages une possible sortie par le haut. Mais lui-même n’y croit pas vraiment. Son essai s’adresse aux européistes convaincus : quand le clergé lui-même ne croit plus à son dieu, est-il encore raisonnable de le prier ? N’est-il pas temps de repenser l’avenir ? Ce qui reste de l’Union est plus néfaste qu’autre chose. Mais le projet communautaire demeure nécessaire. Il s’agit de le refonder....
     "..La Commission européenne a affirmé son autorité sous la présidence de Jacques Delors (1985-1995), lequel a pu convaincre les États d’adopter aussi bien Schengen que l’Acte Unique et la monnaie unique. Il a seulement échoué sur l’Europe sociale."

Mais ses successeurs, rivalisant d’incompétence, ont rapidement réduit la Commission à n’être plus que le secrétariat du Conseil européen des chefs d’État et de gouvernement. Jean Quatremer a des mots très durs pour Jacques Santer, dont il a provoqué la chute en 1999 pour cause de corruption, comme pour Romano Prodi (1999-2004) et son commissaire à la concurrence Mario Monti, qui ont bradé l’industrie européenne, Manuel Barroso (2004-2014), homme-lige de la banque Goldman Sachs, impliquée dans la crise de 2007, et bien sûr Jean-Claude Juncker, qui a érigé son grand-duché en paradis fiscal.
Le Conseil européen, organe suprême de l’Union, est donc revenu au cœur du jeu. Il se réunit désormais tous les mois ou tous les deux mois. Mais c’est seulement pour constater ses désaccords sur tous les sujets d’importance : Ukraine, Russie, énergie, libre-échange, travailleurs détachés, terrorisme, migrants etc. La faute en est à l’élargissement intempestif de l’Union de quinze membres en 1995 à 27 ou 28 aujourd’hui, avec des niveaux de développement très différents.
     Jean Quatremer exécute en passant le Parlement européen, caution démocratique de l’ensemble : ses députés n’ont d’européens que le nom car ils sont élus sur des logiques partisanes nationales. « Quand sur certains textes, on voit les députés allemands voter comme un seul homme pour ou contre, de l’extrême droite à l’extrême gauche, comment ne pas ressentir un malaise ? » (p. 23). Leur légitimité est contestable quand on songe qu’un député français représente douze fois plus d’électeurs qu’un maltais. Enfin, le Parlement n’a pas l’initiative des lois et dans le domaine législatif, « il a le même poids que le Conseil des ministres qui n’est, au mieux, qu’élu au suffrage indirect » (p. 24).
   Fait aggravant pour Jean Quatremer : la médiocrité des chefs qui y siègent aujourd’hui et notamment du couple franco-allemand. « Aucune personnalité d’envergure ne sort du lot, si ce n’est par défaut, celle d’Angela Merkel, la chancelière allemande » (p. 21). Les conséquences en sont dramatiques : « Il suffit de voir dans quel état de panique cet aréopage distingué a géré en dépit du bon sens la crise de la zone euro entre 2010 et 2012, entraînant les uns après les autres les pays dans le gouffre, dont la Grèce n’est toujours pas sortie sept ans après ! Et cela se paie par des centaines de milliers de vies brisées » (p. 22).
      Jean Quatremer s’alarme des conséquences de l’incurie européenne : « Le ‘doux monstre de Bruxelles’ qui impose le bien européen à coups de normes rigides et souvent idiotes, est devenu le principal destructeur, non seulement de l’idéal européen, mais aussi de la démocratie. Par une sorte de retournement historique, il en vient même, par son existence, à menacer la paix… » (p. 10).
      Le journaliste en voit la raison dans le dogmatisme étroit des agents européens :
« Engluée dans une idéologie libérale et libre-échangiste promue par la Commission, l’Union refuse par principe d’offrir une protection aux citoyens européens alors qu’elle a été fondée sur le principe de la préférence communautaire. L’Union est devenue l’idiot utile de la globalisation et le reste du monde en profite : la Chine par exemple… » (p. 31). « Pour l’Union, tout ce qui est une barrière, même si celle-ci obéit à une bonne raison, doit être abattu, quel qu’en soit le prix à payer. Le dogme avant tout et le dogme, c’est l’absence de frontière » (p. 30).
     Jean Quatremer constate aussi l’échec de la monnaie unique et ses effets délétères sur la solidarité européenne. Il rejoint le point de vue que développe depuis plusieurs années Joseph Savès sur notre site : « Lancée en fanfare en 1999, la monnaie unique, qui devait elle aussi doper la croissance et protéger les Européens contre les chocs extérieurs, n’a pas rempli son rôle, comme l’ont montré la crise financière et économique de 2007-2008, puis la crise de la zone euro de 2010-2012. (…) Depuis le lancement de l’euro, la France est en déficit commercial alors que l’Allemagne accumule les excédents dans des proportions sans précédent. L’euro, qui peut le contester, a appauvri la France et tous les pays du Sud, mais a bénéficié plus que de raison à l’Allemagne » (p.31).
      Et l’auteur d’en tirer la conclusion avec l’amertume que l’on devine chez un jeune sexagénaire qui découvre s’être illusionné toute sa vie : « Un triste bilan. Cet astre mort qu’est devenu l’Union n’a plus de raison d’être, il n’apporte plus aucune chaleur, bien au contraire. Elle est un problème en elle-même. Il est temps de redonner leur liberté aux nations européennes qui ont été la source de la grandeur du Vieux Continent. Il faut libérer les énergies au lieu de les entraver ! » (p. 38).
     Un exemple cité par l'auteur des nombreuses dérives d'une Europe bien lointaine: Le monolinguisme, l’un des traits les plus significatifs de la « Bulle européenne »:Par négligence et lâcheté, les dirigeants de l’Union et les fonctionnaires de Bruxelles ont laissé choir le multilinguisme et n’usent pratiquement plus que d’un seul idiome… L’anglais ? Que nenni. « À Bruxelles, c’est le globish qui règne en maître, une forme appauvrie à l’extrême de la langue de Shakespeare qui permet tout le monde de communiquer sans problème » (p. 155). Cet idiome est semé de néologismes propres à la Commission au point qu’il a fallu publier un dictionnaire des correspondances entre le mot anglais et sa traduction en globish bruxellois (comme for exemple au lieu de for instance).____Il ne s’agit pas d’un trait secondaire ! « La langue n’est pas neutre, rappelle Jean Quatremer. Elle véhicule des valeurs et des concepts et, surtout, seule la langue de naissance permet de communiquer au plus près de sa pensée : ce n’est pas un hasard si un Américain, un Chinois ou un Japonais ne négocie jamais dans une autre langue que la sienne » (p. 155).
_______________Un magazine eurocitoyen renchérit mollement. 
       Mais une grande interrogation surgit au sein de cette critique assez violente et inattendue, quoique justifiée pour beaucoup d'observateurs, même europhiles de la première heure: comment un retournement pourrait-il se faire dans les conditions actuelles, à moins d'une crise majeure? Aucune tendance forte ne se dessine, même au sein des courants progressistes qui siègent au parlement européen sans grand pouvoir. Pas d'homme d'exception à l'horizon susceptible de marquer d'un empreinte réformatrice forte le système berlino-bruxellois. Il semble bien que le ver soit dans le chou.
        Quatremer n'est-il pas condamné encore longtemps à la désillusion? On peut le craindre.
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- L'euro est-il viable à long terme?
- Nouvelle question allemande
- Où est passé le peuple européen?
Europe vassalisée
- Et pourtant elle ne tourne pas...
- L'Europe fait fausse route
- Revoir le chantier.
L’euro n’est pas viable à long terme», selon l'Institut Jacques Delors
Aux origines de la construction européenne
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Paradis fiscaux (suite)

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 Les paradis: tout un monde

                                                     Il n'est pas nécessaire de rêver d'îles dans les Caraïbes. La notion doit être élargie à certains pays européens, si proches de nous. C'est toujours une perte pour les finances publiques: peut être plus de dix milliards pour la seule France. Sans doute autour de 30% du PIB mondial. Les analyses sur le sujet ne manquent pas. Seule une action concertée internationale pourrait amener à un début de solution permettant de sortir de cette forme de haute délinquance, toujours toxique pour les finances de l'Etat.                                                         Les    Les grandes banques ne sont pas hors-circuit et savent "gérer"...  Il n'y a pas que l'argent sale qui va faire un tour au paradis, pas seulement non plus certaines multinationales ou fonds financiers, parfois fort "respectables", il y a aussi des institutions qui ont pignon sur rue un peu partout. Les banques, oui, jouent aussi, au moins partiellement, à déjouer le fisc et les intérêts nationaux. Pourtant, on pouvait penser qu'elle étaient devenues plus vertueuses depuis leurs dérives de 2008, qui a obligé les Etats à les renflouer au frais du contribuable.                                                                                                             "...Une) étude publiée lundi 6 septembre par l’Observatoire européen de la fiscalité – dirigé par l’économiste Gabriel Zucman, professeur associé à l’université de Berkeley (Californie) –, révèle que les principales banques européennes profitent largement des paradis fiscaux pour réduire leurs impôts. Selon le document, 25 % des bénéfices dégagés par ces institutions financières sont comptabilisés dans des pays où le taux effectif d’imposition est inférieur à 15 %. « Les paradis fiscaux, c’est 1 % de la population mondiale, 2 % du PIB mondial et les banques européennes y enregistrent un quart de leurs profits. Il y a un éléphant dans la pièce », affirme l’économiste spécialisé dans les marchés financiers Gunther Capelle-Blancard, professeur à l’université Paris-I-Panthéon-Sorbonne..."

 

 

 


Le Le Luxembourg  serait un bon refuge, ce qui n'étonnera personne. La transparence attendra..."...Les bénéfices comptabilisés  dans les paradis fiscaux sont anormalement élevés : 238 000 euros par employé, contre 65 000 euros dans les autres pays. Cela suggère que les profits enregistrés dans les paradis fiscaux sont essentiellement déplacés depuis d’autres pays où a lieu la production de services»           Il n'y a pas de petits profits...et les petits ruisseaux font les grandes rivières.   Il n'y a pas que HSBC qui est à la manoeuvre, mais aussi notre bon Crédit Agricole, Des capitaux nomades qui trouvent un jour une destination profitable...   Les paradis, les bien nommés pour les heureux bénéficiaires, sont les enfers des contribuables, ce n'est pas seulement pour les très riches particuliers ou certaines grandes entreprises.   Les banques ont aussi le droit d'en profiter.   Il n'y a pas de raison.   On dit les banques bancales, mais pas toutes, loin de là, comme la Deutsche Bank, qu'on veut sauver à tous prix, pour éviter l'effet domino.  Les paradis fiscaux, ce n'est pas terminé,  contrairement aux affirmations péremptoires d'un certain Nicolas Sarkozy à une certaine époque. Les banques ne manquent pas d'appêtit   _________________________
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