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Objectif santé (suite)

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 Etat des lieux et promesses électorales

                        Santé: un bien commun. Il n'y a pas que les soignants...

                                      Élection après élection, le système de santé est l'une des premières préoccupations de la population et un angle mort politique. Avec entêtement, candidates et candidats à la présidentielle se saisissent du sujet du bout des doigts, de manière superficielle, avec toujours les mêmes promesses, jamais tenues, parce qu’en réalité vides de toute ambition : l’incontournable « lutte contre les déserts médicaux » et la garantie d’un service d’urgences « à moins de 30 minutes », promettait François Hollande en 2012 ;  ou « la révolution de la prévention et de l’accès aux soins pour tous », palme de l’idée vague pour Emmanuel Macron en 2017.    Les politiques ont pris le pli : maintenir le système de santé sous tension, minorer les alertes des professionnel·les de santé, prétendre prendre au sérieux les difficultés croissantes d’accès aux soins de la population.         Mais, pour Emmanuel Macron, rien ne s’est passé comme prévu, du mouvement de grève des urgences à partir du printemps 2019 , qui a mis en branle tout l’hôpital public, à la pandémie. Pièce maîtresse du système de protection sociale, le système de santé a révélé toutes ses faiblesses : le manque de médecins et d’infirmières, la fermeture de lits d’hôpitaux, d’abord planifiée, aujourd’hui précipitée par la fuite d’un personnel mal payé, usé par les cadences, en perte de sens.         ___En 2022, partout en France, des services des urgences doivent fermer faute de personnel, des territoires sont toujours plus désertés par les médecins, des hospitaliers alertent sur une « situation de crise jamais connue », des minutes de silence sont organisées chaque vendredi au pied des hôpitaux. Qu’importent l’urgence et l’attente, le personnel politique recycle les mêmes vieilles lunes.       


                  ____La population française vieillit, les besoins de santé augmentent, les soins sont de plus en plus coûteux en raison du progrès technique, qu’il soit réel ou marketé par l’industrie pharmaceutique. La « maîtrise » de cette hausse inéluctable des dépenses de santé est la colonne vertébrale de la politique conduite par les gouvernements de droite comme de gauche, depuis une vingtaine d’années.       14,8 milliards d’euros, c’est le montant des surcoûts Covid en 2021. Mais ce « quoi qu’il en coûte » a fait long feu.     Il est à nouveau temps de « contenir les dépenses et l’endettement », a expliqué la Cour des comptes dans son dernier rapport sur la Sécurité sociale. Faute de recettes à la hauteur des dépenses exceptionnelles du Covid, le fameux « trou » s’est creusé très profondément : 39,7 milliards d’euros de déficit en 2020.      C’est évidemment un risque pour la Sécurité sociale qui devrait être sommée, comme après la crise de 2008, de rééquilibrer ses comptes. Le candidat Emmanuel Macron vise, pour commencer, les retraites, comme l’a expliqué le ministre de la santé Olivier Véran, mercredi 16 mars, sur France Info : « Que s’est-il passé depuis deux ans ? Le quoi qu’il en coûte […]. La Sécu s’est endettée, et nous la finançons par le travail. Pour sécuriser la Sécurité sociale, il faut plus travailler. »       La Cour des comptes vise aussi l’autre gros poste des dépenses de Sécurité sociale : la santé.       Cela représentait chaque année plusieurs milliards d’euros d’économies, supportées surtout par l’hôpital public. Car les établissements privés ont beaucoup plus de latitude, en orientant leur activité vers les actes les mieux rémunérés par la T2A, comme la chirurgie ou la radiologie. L’administration n’a pas non plus de prise sur la médecine libérale, dont l’enveloppe budgétaire est, elle, toujours dépassée.      Par le passé, les candidates et candidats à la présidentielle ont souvent promis de réformer la T2A.   François Hollande ne l’a pas fait. L’actuel gouvernement s’était lui aussi engagé, avec le plan « Ma santé 2022 », à baisser la part de la T2A à 50 %, une promesse perdue de vue. Il a plutôt avancé sur son extension aux soins de suite et de réadaptation et à la psychiatrie.     « La santé gratuite sans condition de revenu, de parcours ou de profession, notre État-providence, ne sont pas des coûts ou des charges mais des biens précieux, des atouts indispensables quand le destin frappe », disait le 12 mars 2020 le président Macron, dans sa première « adresse à la nation », tout au début de la pandémie. Le 17 mars 2022, le candidat Macron n’a donné aucune perspective financière au système de santé.        La candidate Les Républicains Valérie Pécresse s’engage à « refonder le système de financement de l’hôpital en prenant mieux en compte, dans la tarification à l’activité, la qualité des soins ainsi que les missions de santé publique réalisées ».         Le candidat insoumis Jean-Luc Mélenchon propose, lui, la suppression de l’Ondam, sans qu’on ne comprenne bien par quoi il entend le remplacer. Il souhaite affecter à l’assurance-maladie « des ressources propres indépendantes du budget de l’État ». Or c’est déjà le cas avec les cotisations sociales, la CSG ou la CRDS.     Côté communiste, Fabien Roussel veut supprimer la T2A : les établissements disposeraient d’un budget suffisant, selon une obligation de moyens.     La socialiste Anne Hidalgo veut « tourner la page de l’hôpital-entreprise et de la maîtrise comptable des dépenses ». Elle aussi veut en finir avec l’Ondam : « Je fonderai les modalités d’évolution et de maîtrise de nos dépenses de santé sur des objectifs nationaux de santé publique. » Elle veut aussi modifier les règles de tarification à l’acte « afin de garantir les ressources de l’hôpital public par une dotation correspondant aux besoins de santé de la population desservie ».     L’écologiste Yannick Jadot a un programme proche : il veut réduire la T2A « aux seuls actes techniques, programmables et standardisés », et calculer le financement de l’hôpital « à partir des besoins de la population ».   Yannick Jadot comme Fabien Roussel proposent aussi de reprendre toute la dette supportée par les hôpitaux, soit 30 milliards d’euros (l’actuel gouvernement a déjà promis d’en annuler un tiers d’ici 2022).    La grande Sécurité sociale                               _____De manière étonnante, c’est le ministre de la santé, Olivier Véran, qui a relancé le débat de l’articulation entre la Sécurité sociale et les complémentaires santé, en commandant un avis sur le sujet au Haut Conseil pour l’avenir de l’assurance-maladie. En 2020, près de 80 % des dépenses de santé sont prises en charge par la Sécurité sociale, 12,3 % par les complémentaires santé, 6,5 % par les ménages. Il n’y a pas de recul de la Sécurité sociale, elle n’a fait que gagner du terrain, notamment avec la création de la complémentaire santé solidaire (ex-CMU-C), très protectrice pour les personnes aux plus bas revenus. Elle progresse aussi avec le vieillissement de la population et le développement des maladies chroniques, prises en charge à 100 %.         ____Mais il y a de nombreux trous dans le filet : les tarifs des complémentaires santé ne cessent d’augmenter, portés par les dépassements d’honoraires des médecins libéraux. Une partie de la population n’est pas ou peu couverte, et peut se retrouver avec de très lourdes factures, y compris à l’hôpital public, où s’appliquent des forfaits journaliers non pris en charge par la Sécurité sociale. Pour la prise en charge des frais optiques, dentaires et d’audioprothèse, les complémentaires santé restent essentielles.     Le gouvernement actuel n’a rien changé à l’équilibre entre l’assurance-maladie et les complémentaires. _______L’offre « 100 % santé » mise sur pied par le gouvernement Macron a certes assuré à 10 millions de personnes une prise en charge intégrale de ces dépenses par les complémentaires, mais elle a, dans le même temps, fait progresser le coût des cotisations (+ 3,4 % en 2022).    Ce système hybride, partagé entre une assurance publique et de très nombreux assureurs privés, coûte très cher, en raison des très importants « frais de gestion » des complémentaires, qui s’élèvent à 7,6 milliards d’euros. Environ 40 % des cotisations des complémentaires santé sont en réalité dédiées à ces frais de gestion.      Valérie Pécresse promet un « comité de la hache » pour tailler dans le code de la santé publique.   Le ballon d’essai sur la grande Sécurité sociale, lancé par Olivier Véran, s’est perdu : le candidat Emmanuel Macron n’avance aucune proposition sur le sujet. Au cours de sa conférence de presse, jeudi 17 mars, il a prévenu : « Sur le sujet de la grande sécurité sociale, je vais être très clair, la réponse est non parce que je pense qu'on a suffisamment de travail sur le reste et il ne faut pas créer d'instabilité ».          C’est Jean-Luc Mélenchon qui a le projet le plus étayé : il propose le passage au « 100 % Sécu » pour tous les soins prescrits, y compris le dentaire et l’optique. Les complémentaires santé perdraient alors une grande partie de leur raison d’être. À leurs effectifs, Jean-Luc Mélenchon promet une intégration à l’assurance-maladie. Les cotisations aux complémentaires seraient transformées en cotisations sociales.        Fabien Roussel veut ouvrir « une nouvelle ère de la Sécurité sociale », dans la continuité des principes du communiste Ambroise Croizat, qui en a posé les fondements en 1945 : cotiser selon ses moyens, recevoir selon ses besoins. Il défend donc l’actuel système d’assurance publique – financé par les cotisations sociales -, avec l’objectif d’une prise en charge des soins à 100 %.          Valérie Pécresse préfère, elle, s’attaquer à la « sphère publique », en supprimant 200 000 postes, notamment dans « les organismes de Sécurité sociale ». Elle promet aussi un « comité de la hache » pour tailler dans le code de la santé publique. Celle qui est passée par le Conseil d’État veut cependant renforcer les corps de la haute fonction publique, dont les inspections générales.        Autre grand classique : l’extrême droite vise l’aide médicale d’État (AME), accordée aux étrangères et aux étrangers en situation irrégulière, soit un peu plus d’un milliard d’euros. Marine Le Pen comme Éric Zemmour veulent lui substituer un dispositif limité aux seuls « soins urgents », lorsque le « pronostic vital » est engagé. Valérie Pécresse fustige de son côté « l’immigration incontrôlée », qui fait « exploser » l’AME, mais ne semble pas vouloir la remettre en cause.     Rappelons que l'actuel gouvernement a durci en 2020 les conditions d'accès à l'AME en créant un délai de neuf mois entre l'admission à cette aide et l’accès à certaines opérations ou soins de ville considérés comme non urgents                        La gouvernance de l’hôpital: La loi Hôpital, patients, santé et territoires de 2009 a considérable renforcé le rôle du directeur à l’hôpital : c’est notamment lui qui désigne les chefs et cheffes de pôle ou de service. Depuis, le monde hospitalier réclame un rééquilibrage des pouvoirs au sein de l’hôpital, au profit du personnel soignant et des usagères et usagers. Yannick Jadot reprend intégralement cette revendication. Jean-Luc Mélenchon propose, lui, un « fonctionnement collégial organisé autour des soins et du projet médical ». Emmanuel Macron veut de son côté une « simplification de l’hôpital et de sa gouvernance en particulier en la remédicalisant ».    Aux antipodes, Marine Le Pen veut soustraire la tutelle des hôpitaux au ministère de la santé pour la confier aux préfets de région, à travers des Directions régionales des affaires sanitaires et sociales, qui remplaceraient les Agences régionales de santé supprimées. À l’intérieur de l’hôpital, elle imagine une « gouvernance bicéphale » entre le directeur d’hôpital et un médecin.        Les lits fermés: l’une des manifestations les plus concrètes de la politique d’austérité est la fermeture de lits d’hôpitaux. Tout est fait pour réduire le nombre des journées d’hospitalisation, qui coûtent très cher : entre 900 et 4 600 euros. Tout d’abord en limitant, autant que possible, la durée moyenne de séjour (DMS), un indicateur suivi de près par les gestionnaires de l’hôpital. Le temps passé à l’hôpital après une opération ou un accouchement s’est donc considérablement réduit. Les établissements de santé ont aussi beaucoup développé la chirurgie ambulatoire : de nombreuses opérations se font désormais sur la journée.      Les restructurations hospitalières ont accompagné ce mouvement, au pas de charge, en fermant de nombreux lits à l’occasion de fusions de services ou de réorganisations. À Nantes, par exemple, la reconstruction du CHU prévoyait la fermeture de 362 lits. Depuis le Covid, les pouvoirs publics semblent désormais faire machine arrière. Le CHU de Nantes devrait ainsi conserver tous ses lits.      Selon une récente étude de la Drees, depuis 2013, ce sont 27 000 lits qui ont disparu (− 6,5 %). Le mouvement s’est accéléré en 2020 : − 1,5 % des lits hospitaliers, soit plus de 5 800. Il n’en restait fin 2020 que 386 000.   L’hôpital se retrouve plein comme un œuf, occupé en moyenne à plus de 80 %, et en grandes difficultés à chaque épidémie.    Les malades qui entrent et sortent « tournent » de plus en plus vite, accélérant les cadences et dégradant les conditions de travail des personnels soignants. Désormais, si les lits ferment, c’est parce que ces derniers fuient l’hôpital. Fin 2021, le Conseil scientifique évaluait à 20 % le nombre de lits fermés, faute de soignant·es, « dans les grandes structures hospitalières ». Olivier Véran lui opposait le chiffre de 5 % de lits de médecine fermés. Pour mettre fin à la polémique, le ministre de la santé avait promis une « étude exhaustive » dont on attend toujours les résultats.            La plupart des candidates et candidats, de Marine Le Pen à Yannick Jadot ou Jean-Luc Mélenchon, proposent de rouvrir des lits d’hôpitaux. Seulement, une décision de réouverture administrative des lits d’hôpitaux ne suffira pas.           La pénurie de personnels soignants:    « Malgré le Ségur de la santé, malgré tout cela, il y a aujourd’hui une crise de sens pour beaucoup de professionnels de santé, qu’on doit toucher pleinement du doigt. Ce n’est pas vrai que cela suffit d’investir. Comment changer de méthodes ? », s’est interrogé, jeudi 17 mars, le candidat Emmanuel Macron. Le Ségur de la santé - qui comprend des revalorisations salariales de 183 euros net pour le personnel non médical, et des grilles plus favorables d’évolution de carrière – n’a manifestement pas suffi à faire de l’hôpital un lieu de travail désirable.        Il n’existe pas de chiffres sur la pénurie d’infirmières et d’infirmiers. Mais à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, qui regroupe 39 grands hôpitaux en Île-de-France, 1 400 postes étaient vacants. Dans les hôpitaux publics, 32 % des postes de médecin sont vacants et les démissions s’accélèrent, selon la Fédération hospitalière de France.      Tous les candidats et candidates s’engagent à recruter : 10 000 infirmières et aides-soignantes pour Marine Le Pen ; 100 000 emplois d’infirmière, d’aide-soignante, d’auxiliaire de vie et d’aide à domicile pour Yannick Jadot et Fabien Roussel ; Anne Hidalgo promet de son côté de former 25 000 infirmières et aides-soignantes chaque années. Valérie Pécresse promet, elle, aussi la création de 25 000 postes à l’hôpital, mais sur le quinquennat. Philippe Poutou s’engage, lui, à créer plus de 100 000 emplois hospitaliers, dont les salaires seraient revalorisés de plus 400 euros par mois. La candidate RN et le candidat écologiste promettent des revalorisations de salaire de 10 %.        La stratégie « Ma santé 2022 » du gouvernement, déployée dans la loi du 24 juillet 2019, devait mieux organiser la médecine de ville et garantir un accès à un médecin traitant. Elle a au moins permis d’accélérer le développement des maisons et centres de santé : il devrait y en avoir 2 000 en 2022, comme promis par le gouvernement.           Mais le regroupement des professionnel·les de santé, leur travail éventuellement plus efficace en groupe ne règlent rien aux déserts médicaux, qui restent le problème très concret de millions de personnes. En 2019, il y en avait 5,4 millions sans médecin traitant, selon le directeur général de l’assurance-maladie.    « On a des vraies zones de déserts médicaux qui créent de l’injustice territoriale […], 5 % de la population des plus de 65 ans avec des affections de longue durée ne trouve plus de médecin traitant. On a donc des Françaises et des Français qui rentrent dans une situation de très grands risques », a reconnu Emmanuel Macron.     Ce gouvernement, comme les autres avant lui, n’a en réalité rien fait pour encadrer l’installation des médecins sur le territoire. C’est la seule profession de santé dont la répartition sur le territoire n’est pas régulée. Il y a toujours deux fois moins de généralistes par habitant dans l’Eure-et-Loir que dans les Pyrénées-Atlantiques, quatre fois moins de spécialistes (du gynécologue au pédiatre, en passant par l’ophtalmologiste) dans la Meuse que dans les Bouches-du-Rhône.     La situation la plus difficile est en zone rurale : 80 % des cantons ruraux ont vu baisser leur densité médicale entre 2010 et 2017, les ruraux consomment 20 % de moins de soins hospitaliers et leur espérance de vie est de deux ans inférieure à celle des urbains, selon une étude de l’Association des maires ruraux de France.         La fin du numerus clausus, qu’a promise Emmanuel Macron, est une chimère : il y a toujours un nombre limité de places en faculté de médecine : 11 000 en 2020-2021, en augmentation cependant de 20 %.  Anne Hidalgo prévoit de mobiliser les étudiants en médecine, en les envoyant travailler comme médecins-assistants dans les déserts médicaux. Jean-Luc Mélenchon veut « enrayer la désertification médicale » en développant les centres de santé, où les professionnel·les de santé seraient salarié·es. Il veut aussi organiser des « assises participatives de la médecine de proximité ».     Anne Hidalgo promet de porter jusqu’à 15 000 le nombre de médecins formés chaque année. Elle prévoit aussi de mobiliser les étudiant·es en médecine, en les envoyant travailler comme médecins-assistant·es dans les déserts médicaux pendant leur 4e année d’internat. 4 000 à 8 000 médecins pourraient ainsi être mobilisé·es.        Valérie Pécresse veut aussi créer 4 000 postes de « docteurs juniors de médecine générale » en mobilisant ces internes de médecine générale en 4e année. Elle caresse en même temps les médecins libéraux dans le sens du poil en promettant aux généralistes une augmentation de leur consultation de 25 à 30 euros, et aux spécialistes une révision du tarif des actes techniques et des consultations.   Assistants médicaux, infirmières salariées : Emmanuel Macron veut mieux entourer les médecins généralistes pour alléger leur charge de travail. Il veut aussi permettre aux infirmières et aux pharmacien·nes de réaliser plus d’actes, notamment des renouvellements d’ordonnances.    Marine Le Pen affirme que les départements les plus désertés par les médecins – l’Ain, l’Indre, la Mayenne, la Meuse - sont aussi ceux où s’installent des médecins étrangers : ils représentent 100 % des médecins nouvellement installés dans la Creuse, affirme-t-elle. À ses yeux, ce sont des sous-médecins : « Qui peut croire que les titulaires d’un diplôme de médecine obtenu dans un pays en développement pourront fournir la même qualité de prestations que des médecins formés en France ? »            Rappelons que les médecins étrangers qui s’installent en libéral en France soit disposent d’une équivalence de diplôme, soit passent par un concours difficile, les épreuves de vérification des connaissances, avant de pouvoir exercer. Yannick Jadot propose l’encadrement de l’installation des médecins libéraux dans les zones surdotées.  Marine Le Pen veut encore supprimer toutes les aides à l’installation et les remplacer par une autre « rémunération de la consultation modulée selon le lieu d’installation ». Elle propose aussi de confier plus de tâches aux pharmaciennes et pharmaciens, sages-femmes, infirmières ou assistantes sociales, afin d’« accroître le temps médical ».           « Jamais je n’accepterai que des habitants de la ruralité n’aient pas le même accès au soin que les habitants des villes », dit encore Éric Zemmour. Il promet de doubler le nombre des médecins et soignants formés, de recruter 40 000 personnels hospitaliers, de revaloriser de 12 % les salaires des infirmières et des aides-soignantes, ou encore de supprimer les Agences régionales de santé, « inefficaces et coûteuses ». Contre les déserts médicaux, il promet « une grande politique ambitieuse », à savoir le recrutement de 1 000 médecins salariés par l’État pour soigner dans les zones désertées. Il veut aussi rétablir les gardes obligatoires la nuit et le week-end pour les libéraux.                Yannick Jadot propose l’encadrement de  l’installation des médecins libéraux dans les zones surdotées : un médecin ne pourra s’y installer, et voir ses consultations remboursées, que si un autre médecin cesse son activité. Il veut aussi contraindre les jeunes médecins à exercer trois ans – la dernière année d’internat et les deux premières années d’exercice – dans des zones où les médecins manquent.              Fabien Roussel veut lui aussi réguler l’installation des médecins dans les zones surdotées, mais également supprimer les dépassements d’honoraires pratiqués par les libéraux. À la médecine libérale, il préfère les centres de santé « massivement développés ».                La psychiatrie: c’est le pan de l’hôpital public qui est aujourd’hui le plus à l’abandon. Depuis les années 1990, les lits d’hospitalisation en psychiatrie ont diminué de moitié. Mais, en parallèle, les structures ambulatoires, comme les centres médicopsychologiques, ne se sont pas développées à la hauteur des besoins. Toutes sont saturées, affichant des listes d’attente de plusieurs mois. Le résultat est affligeant : faute de prise en charge, les hospitalisations en urgence ou sans consentement de patient·es mal suivi·es sont en hausse constante. La Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté dénonce régulièrement, comme récemment à Lens, « des conditions d’hospitalisation médiocres, des placements à l’isolement indignes ».        Yannick Jadot veut renforcer une « véritable psychiatrie de secteur bien traitante », et recréer 10 000 lits sur le quinquennat. Il promet de mieux encadrer les pratiques de contention et d’isolement. Il s’engage aussi sur une meilleure prise en charge des consultations de psychologues par la Sécurité sociale.       Jean-Luc Mélenchon veut, de son côté, « faire de la santé mentale une des priorités du prochain quinquennat ». Il promet « un plan national de la psychiatrie et de la pédopsychiatrie, avec le renforcement de ses moyens financiers et humains ».       Parent pauvre de l’hôpital public, la psychiatrie est aussi oubliée dans la plupart des programmes. Le président-candidat, Emmanuel Macron, n’en dit pas un mot.  [ Merci à Caroline Coq-Chodorge]    ________________

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EDF (suite)

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Comment retrouver une cohérence?

             Les mésaventures ruineuses d'une aventure initialement prometteuse                                                                                            Ce n'est pas la première fois que la politique d'EDF est sous le feu de critiques plus ou moins sévères, de droite comme de gauche, notamment depuis les années 80-90 et le tournant de la financiarisation, de la privatisation, ou, comme disait L.Jospin, de l'"ouverture du capital". Un ancien patron d'EDF, remercié, Marcel Boiteux, s'inquiétait de ce processus, car l'énergie n'est pas une marchandise comme une autre, disait: -"Il ne s’agit plus d’ouvrir la concurrence pour faire baisser les prix, mais d’élever les prix pour permettre la concurrence.(Marcel Boiteux, ex pdg d'EDF :Revue Futuribles de juin 2007)                                                                                                                                                          Le nucléaire surtout est comme un bateau ivre depuis des années, comme il a été maintes fois souligné, même dans les colonnes du Figaro. Il sera dur de redresser la barre, car, après le démantèlement, les échecs d'Areva, les aventures ruineuses de Flamanville, la perte du métier, cruellement constaté aujourd'hui.  Le conjoncture exige un prolongement du nucléaire, qu'on le veuille ou non, et de nouveaux investissements en ce domaine. Mais avec quels moyens humains? La route sera longue et une nouvelle cohérence s'avère nécessaire, au delà des mots et des promesses.                                                                                                                                                  Si l'on se fie aux dires de H.Proglio, l'ancien patron de la maison, qui ne dit pas que des bêtises, pour utiliser un euphémisme, il y a de quoi s'interroger, voire de s'inquiéter. Il faut renverser la vapeur. La logique libérale de Bruxelles a joué à fond, qui a approfondi la crise que nous vivons, ruinant certaines entreprise. L'usine à gaz n'a pas fini de produire ses effets.

 

 

 

           "...La destruction d’EDF, drame absolu, a été structurée, voulue et obtenue. La France a voulu son indépendance énergétique, l’a construite et l’a accompagnée à la fois industriellement et politiquement pendant soixante-dix ans.  En 1946 la France, dans un état difficile, pour ne pas dire plus, était dotée d’un vrai gouvernement – cela arrive de temps en temps par les hasards de l’Histoire – à l’époque gaulliste et communiste. Constat fut fait que ce pays qui avait tellement de défis à remporter se devait de mettre parmi les priorités le sujet de l’énergie. La France n’avait pas beaucoup de ressources propres, pratiquement pas de gaz, pas de pétrole, beaucoup moins de charbon que ses voisins. Elle était donc presque complètement dépendante de ses importations, chose qui n’avait pas échappé à la pertinence des politiques de l’époque. Si nous voulons construire un avenir pour ce pays, lui donner un atout, il faut résoudre ce problème, s’étaient-ils dit.                                                                                                                                                                  Ils s’étaient lancé trois défis : le défi de l’indépendance du pays en matière d’électricité, le défi de la compétitivité du territoire et le défi – communiste – de la construction d’un service public de l’électricité fondé sur des principes simples : l’accès de tous à ce service public, quels que soient la classe sociale et le lieu de résidence, au même prix et avec la même qualité de service. Le réchauffement climatique n’était pas encore une préoccupation à l’époque.  Un peu plus de cinquante ans plus tard, au début du XXIème siècle, la France était exportatrice d’électricité, l’électricité française était deux fois moins chère que l’électricité allemande (et environ deux fois moins chère que la moyenne européenne) et le contrat de service public français faisait figure de réussite exemplaire dans le monde entier. Nous avions remporté un défi auquel nous n’étions pas confrontés au début de la période, celui des émissions de gaz à effet de serre. […]                                                                                                                                                    Mais le monde qui nous entoure bouge. C’est à cette époque que l’on commence à parler de « tournant énergétique », que l’Allemagne se met à zigzaguer et aspire à une Energiewende. Les Allemands avaient en effet de quoi se préoccuper car leur électricité était essentiellement à base de charbon et surtout de lignite, qui est bien pire que le charbon (et auquel ils retournent actuellement d’ailleurs). En matière d’émissions de gaz à effet de serre, il n’y a pas mieux ! L’Allemagne a donc engagé des sommes gigantesques dans le renouvelable. À ce jour l’Allemagne a investi 600 milliards d’euros dans le renouvelable sur les 1 000 milliards d’euros investis par l’ensemble des pays européens. 600 milliards d’euros qui ne servent à rien, qui ont fait exploser les deux grands électriciens : E.ON dans le Nord et RWE dans la région de la Ruhr. Au bord du dépôt de bilan des deux électriciens ont été sauvés par la République fédérale. Prenant conscience de cette grave difficulté et conscients du fait que depuis le début de la République fédérale l’Allemagne avait choisi l’industrie comme vecteur de sa croissance économique, les Allemands ne pouvaient pas supporter l’idée de garder à leur porte un pays, un concurrent, qui disposait d’un atout compétitif tel qu’EDF. Depuis vingt-cinq ou trente ans, l’obsession allemande est de détruire EDF. Ils y ont réussi. Je n’en veux pas aux Allemands, ils ont défendu les intérêts allemands. J’en veux plus aux Français de ne pas avoir défendu la France. […]                                                                                         Quand j’ai pris les rênes d’EDF en 2009 tout le monde considérait, à juste titre, qu’EDF était le chef de file du nucléaire français. […] Tout a à peu près tenu jusqu’à quelques événements qui ont progressivement acté la destruction du système, commencée au moment du gouvernement Jospin avec l’arrêt du Superphénix et l’hystérie de Mme Voynet. En effet les « roses » avaient besoin pour gouverner de l’appui d’un groupuscule qui n’avait comme vecteur de réflexion que l’anti-nucléaire. Et peu à peu on a multiplié les systèmes qui ont progressivement cassé la logique. Je cite simplement la contribution au service public de l’électricité (CSPE), mise en place dès 2003, une taxe énergétique ajoutée directement sur les factures d’électricités des consommateurs d’électricité français. Je me suis battu pour me faire rembourser la CSPE par le gouvernement français. Destinée en principe à la modernisation de l’outil, la CSPE sert en réalité à subventionner les énergies renouvelables : aujourd’hui, 80 % à 90 % de la CSPE part à destination des subventions pour le renouvelable. Le montant, environ 2 milliards par an collectés par EDF sur les factures des abonnés au titre de la CSPE, était ensuite reversé par EDF à l’État qui le distribuait aux heureux bénéficiaires. Et l’État oubliait de rembourser EDF. Je me souviens avoir eu à ce titre plusieurs fonds de roulement augmentés de 2 milliards par an. Quand cela a atteint 6 milliards j’ai décidé d’arrêter de payer l’État. Ce fut un combat acharné qui détournait évidemment des sujets essentiels.                                                                                                                                                      En 2010, sous la pression de Bruxelles, inspirée par qui on sait, la loi NOME (Nouvelle organisation du marché de l’électricité) a été votée alors que la droite était au gouvernement. La doctrine européenne repose sur un dieu, un veau d’or : la concurrence, le bonheur des peuples par la concurrence. « La liberté par le travail », proclamait-on en des temps tragiques, aujourd’hui, c’est le bonheur par la concurrence … tant il est évident que le monopole fait le malheur des populations ! Des rapports ont été rédigés par des gens très intelligents, tel M. Champsaur qui recommandait de traduire en même temps la réglementation européenne et la loi NOME, laquelle consiste à imposer à EDF de vendre 25 % de sa capacité électronucléaire à ses concurrents sans aucune contrepartie, sans aucune obligation de production. Ces « fournisseurs alternatifs » n’existaient pas mais ils se sont créés. Des traders se sont constitués (Direct énergie, etc.), pour l’essentiel rachetés par Total qui s’est ainsi « verdi ».                                                                          J’AI ASSISTÉ À CE SPECTACLE, JE ME SUIS DÉBATTU, J’AI FAIT PART DE MON INDIGNATION AU GOUVERNEMENT. « LA CONCURRENCE ! LA CONCURRENCE ! », FUT LA SEULE RÉPONSE QUE J’OBTINS. DE CONCURRENCE IL N’Y EN A PAS, IL N’Y A QUE NOUS QUI PRODUISONS. LES AUTRES VENDENT NOTRE PRODUCTION À NOS CLIENTS. « LA CONCURRENCE VA FAIRE BAISSER LES PRIX ! » NON, CELA NE VA PAS FAIRE BAISSER LES PRIX.                                                                                                                                                                                             Nous avons donc vendu à nos concurrents. On voulait m’imposer 36 euros le mégawatt/heure. Au bout d’un combat homérique j’ai arraché 42 euros, sous les hurlements des concurrents qui n’existaient pas. Le prix de revient (coût complet, y compris les provisions pour démantèlement, renouvellement, etc.) tourne aujourd’hui avec le parc nucléaire existant autour de 60 ou 65 euros. Pourquoi les 36 euros ? C’était le coût sec, le coût direct de production sans aucune prise en compte des provisions pour démantèlement, renouvellement, etc. En obtenant 42 euros j’ai gagné une médaille en chocolat mais personne n’y croyait. « Tu vas dans le mur » m’avait dit mon prédécesseur. Pour obtenir ce prix j’avais été obligé de lâcher le combat sur la réglementation thermique de 2012 (RT2012), dont personne ne se souvient – sauf quelques initiés – qui a privilégié à 100 % le gaz dans toutes les nouvelles constructions. Le tout électrique était balayé, il fallait absolument passer au gaz. On a vu le formidable résultat. Entre temps, évidemment, on a offert Gaz de France (GDF) aux groupes privés afin de les faire bénéficier des atouts de cette soi-disant concurrence. Ils sont morts. Alléluia ! Quand vous assistez à tout ça il y a des moments où vous vous posez des questions en tant que patriote et en tant que citoyen mais vous vous battez quand même. C’est une drogue. […]              Je ne vous parle pas du renouvelable, une industrie de la subvention purement financière. Il y a eu un gigantesque enrichissement sans cause dans le renouvelable, en Europe surtout mais aussi en France. Songez que Direct énergie a été vendue 2,9 milliards d’euros ! Je connaissais les deux promoteurs, ils ont fait une fortune. « Ce n’est pas sans un petit pincement au cœur que je me retire de Direct énergie », m’écrivit l’un des deux, le jour de la vente. « Il y a des chèques qui compensent », lui avais-je répondu. Mais quand en plus l’acheteur a l’audace de faire des campagnes de « com » en prétendant vendre – à nos clients – de l’énergie verte, alors que c’est la nôtre ! …                                      Ce n’est pas tout.  Quand j’arrive dans cette maison, fin 2009, mes équipes sont déstabilisées par la mise en concurrence des barrages. Une loi traduisant une directive européenne impose la mise en appel d’offres des barrages … qui appartiennent à l’État et sont gérés par EDF !  L’utilité des barrages est un stockage d’électricité efficace et compétitif, le seul qui existe. Or les acquéreurs potentiels souhaitent les acheter pour la production d’électricité, pas pour la valeur d’optimisation du système d’électricité. Ce qui est fou ! Nous avons donc désobéi, préférant payer une amende. Quand on fait un excès de vitesse on paye une amende, on se fait retirer des points mais on ne laisse pas la voiture ! Empêcher que soit détruite cette optimisation relève de la désobéissance patriotique ! J’ai eu bien sûr droit à des remontrances et même plus que ça. Ce n’est toujours pas réglé, on ne sait pas comment se sortir de cette loi toujours en vigueur.  

Mais il fallait un peu plus étrangler la bête.  Il est décidé qu’EDF n’a plus le droit de gérer les réseaux qui lui appartiennent. RTE, le transporteur mais aussi un système d’optimisation, devient indépendant. Or qui dit indépendant dit déboussolé. Ce n’est pas une autorité, c’est une mission qui fait partie intégrante d’un système. RTE étant devenue indépendante EDF doit reconstituer sa capacité d’optimisation du système électrique hors RTE. Comme la gangrène, cela s’est étendu aux réseaux de distribution. EDF n’a plus le droit de gérer les réseaux de distribution donc n’a plus accès aux clients. On a fait d’EDF un fournisseur indépendant d’énergie comme on en trouve dans les pays libéraux.              Ma fascination pour l’application scientifique de cette destruction massive n’a pas cessé. On a fracassé ce qui était le système de référence.       Mais on se réjouit : Nous allons construire des éoliennes en mer, c’est formidable ! De plus en plus loin des côtes pour qu’on ne les voie pas. Aujourd’hui c’est 12 kilomètres, bientôt ce sera 32 et dans quelque temps, quand les pêcheurs auront protesté, ce sera 50 kilomètres. Il faudra donc qu’elles soient flottantes car on ne pourra plus les ancrer. Cela devient totalement ruineux, sans parler des risques de tempêtes. Les éoliennes terrestres coûtent moins cher mais on a compris que les gens n’en veulent plus. Ils les saboteront s’il le faut, comme les portiques sur les autoroutes …Nous sommes dans un système devenu fou.                                                                Il ne faut surtout pas exiger du nucléaire la flexibilité qu’on lui impose aujourd’hui. Demander au nucléaire de s’effacer quand les énergies renouvelables – intermittentes et non-programmables – arrivent représente un surcoût gigantesque. Des équipes entières d’ingénieurs d’EDF se sont consacrées à la flexibilisation de la production nucléaire. Le nucléaire est une énergie de base, donc plus on est linéaire et plus l’efficacité et la compétitivité sont importantes. Plus on fait varier la production, plus c’est difficile et coûteux. Or aujourd’hui priorité d’accès est donnée au renouvelable et le nucléaire doit s’adapter. Encore une idée géniale ! […]                                                                                                        Je pense que si l’on devait se donner une priorité ce serait de définir un optimum de production nucléaire auquel on se tienne et d’obtenir une optimisation du système hydro, le reste étant géré comme un complément.  Sur le nucléaire, j’ai prôné, prêché, essayé de convertir mes interlocuteurs à l’idée que rien ne vaut l’extension de la durée de vie du parc existant si on veut que la France continue à bénéficier de cet investissement fabuleux qui a été fait. On sait que les centrales peuvent vivre soixante ans. Les cycles sont de trente ans parce que les composants internes, générateur de vapeur, moteur nucléaire, doivent faire l’objet d’un « échange standard » (par comparaison avec le moteur d’une voiture) au bout de trente ans. Les infrastructures, c’est-à-dire le béton, le radier et la cuve (au-delà du fait qu’on ne sait plus faire des cuves) peuvent vivre facilement soixante ans, deux fois trente ans étant l’optimum. Tous les experts arrivent aujourd’hui à cette conclusion qu’on peut arriver à soixante ans. Les Américains en sont à quatre-vingts ans. D’autre part si on veut étendre la durée de vie du parc il faut réaliser des travaux de modernisation (baptisés « grand carénage ») qui demandent environ 55 milliards d’investissement. Si on les amortit sur les quelques années qui restent de durée de vie légale (actuellement quarante ans) on fait exploser le coût de revient. C’est absurde. La réglementation doit donc permettre à l’opérateur EDF d’amortir sur vingt ou trente ans les travaux de modernisation, donc les 50 ou 60 milliards qu’il faut investir. Et là on aura à coup sûr, en matière de production, l’énergie la plus compétitive d’Europe.                                                                                                                                MAIS IL FAUT PRÉVOIR L’AVENIR ET LE NOUVEAU NUCLÉAIRE. C’EST UN AUTRE SUJET.  Avons-nous l’argent ? Avons-nous les hommes ? Telles sont aujourd’hui les deux questions qui se posent. L’argent on le trouve. Les hommes c’est beaucoup plus difficile. Nous ne les avons pas. Nous n’avons plus les équipes. Et nous avons perdu le savoir-faire, le tour de main. Non pas l’opérateur, non pas l’architecte ensemblier mais l’ensemble de la filière – tous les génie-civilistes, tous les industriels qui travaillent autour du noyau EDF à la réalisation des centrales – a aujourd’hui beaucoup perdu du fait que nous n’avons plus construit de centrales depuis vingt ans.  Sans doute avons-nous aussi besoin de nouveaux partenaires dans la construction du nouveau nucléaire dans les nouveaux pays d’accès au nucléaire ou de développement du nucléaire : la Turquie, l’Égypte, l’Inde, les pays d’Amérique latine, l’Arabie saoudite ont choisi l’option nucléaire, vont construire des centrales. Certains l’ont déjà fait, tels les Émirats arabes unis (j’entends encore parler de l’échec des émirats, sujet sur lequel je serais intarissable). Mais nous n’avons pas aujourd’hui la capacité de le faire, à moins de nous associer à ceux qui vont construire ces centrales, j’ai nommé les Chinois et les Russes. […] "     _[Merci à Marianne]

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Fatigue démocratique?

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Ou plutôt: déficit démocratique

                                            Quand Laurent Berger parle de "fatigue", il utilise un terme non approprié. Il faudrait plutôt se demander quelles sont les causes d'une désertion des urnes de plus en plus marquée, depuis plusieurs dizaines d'années, du déficit de l'engagement politique en général, de l'affaiblissement des partis.. On a déjà décrit la faillite des institutions centralisées à l'excès, les dérives d'un parlement trop soumis à l'exécutif, élu dans le sillage des présidentielles, de la quasi-monarchisation d'un exécutif trop verticalisé et opaque dans nombre de ses modes de fonctionnement, des dérives d'une constitution qui serait à repenser, de la corruption qui fait des ravages.         La question de la représentation est à revoir dans l'urgence, par exemple la réhabilitation d'une part significative de proportionnalité dans les institutions parlementaires. A quoi sert vraiment un premier ministre actuellement, par exemple? L'opacité des cabinets ministériels inquiète à juste titre. On déplore le problème de l'abstention montante et la percée d'une nouvelle droitisation, aux dépends d'une vision progressiste qui s'affaisse, comme la banalisation de la gestion néolibérale de l'Etat, où celui-ci réduit de plus en plus ses interventions où brade les affaires collectives, les services publics.  Des causes en même temps que des symptômes d'une société qui perd une partie de ses valeurs démocratiques et qui produit le repli des individus sur la sphère privée, le rejet de la politique telle qu'elle se fait ou l'indifférence qui fait le jeu des extrêmes.      La vague néolibérale qui a déferlé depuis 50 ans. aux dépends de la chose publique a contribué puissamment à éloigner beaucoup de citoyens de ce qui les concerne au plus haut point: la chose publique. Depuis Mme Thatcher pour qui la société "n'existe pas", jusqu'à "on a tout essayé" de L. Jospin, l'Etat s'est progressivement désengagé au profit des intérêts privés qui se sont introduits au coeur même du pouvoir. La "colonisation" progressive des institutions continue de faire son chemin, la logique financière prend le pas sur l'exercice de la justice sociale, atomisant de plus en plus les individus, priés de se consacrer à la sphère privée et à la logique consommatrice.  __Consommateur ou citoyen? se demandait B. Barber. 

 

 

        Comme dit quelqu'un,  "...L’issue à la crise ne peut se trouver que dans un réinvestissement de l’idéal démocratique par l’ensemble de la société. Un renouveau de la citoyenneté, comme concept philosophique et opératoire, est nécessaire alors que la logique inégalitaire du capitalisme mondialisé prive la grande majorité des individus de leur parole et de la maîtrise de leur destin. Contrairement à une idée reçue, il existe un foisonnement de pratiques nouvelles, souvent ignorées car très localisées et dispersées. Mêlant expériences concrètes et réflexions théoriques, un ouvrage collectif rend compte de la multiplicité de ces expériences civiques dans le monde (4). Ainsi de la gestion locale, qui se transforme alors qu’on évoque de plus en plus une « démocratie de proximité ». Les différentes contributions permettent d’en éclairer les contours et les enjeux.   Ces ouvrages révèlent ce qui est en jeu dans le renouveau de la démocratie : tout simplement la capacité de l’être humain à résister aux nouvelles formes d’oppression qui aliènent son esprit critique et légitiment les inégalités sociales..."                                _____ La démocratie reste à réinventer, elle qui ne sera jamais accomplie, comme le soulignait déjà Rousseau. On assiste à une sorte d'« entropie de la démocratie », selon l’expression de Jan Werner Müller, un des meilleurs théoriciens actuels du populisme. Cela fait quelques années que certains politologues portent, sur nos démocraties un regard désenchanté. On a beaucoup commenté, le livre de Peter Mair, Ruling the Void : The Hollowing of Western Democracy (Diriger le Vide, l’évidement de la démocratie occidentale »). Mair, qui est décédé juste avant la parution de son livre, en 2013, était un spécialiste irlandais de politique comparée. Dans ce livre, il relevait quelques faits préoccupants.    La fin de l’âge de la démocratie de partis. La majorité des électeurs ne s’identifient plus avec une idéologie, un camp, comme le faisaient leurs parents, généralement fidèles au même parti tout au long de leur existence. Non, l’électeur aujourd’hui se comporte en consommateur de programmes.  Il se décide, souvent au dernier moment, en fonction de ce qu’il perçoit comme son intérêt personnel. Or, pour s’adapter à cette demande d’efficacité, les politiques se sont recentrés sur le pragmatisme gestionnaire - « what matters is what works », disait Tony Blair. Ce qui compte, c’est ce qui marche. D’où une dépolitisation du processus de décision. Et un rapprochement inévitable entre des partis, en concurrence pour le pouvoir, mais d’accord sur presque tout. Le politologue britannique Colin Crouch, créateur du concept de « post-démocratie » définit celle-ci comme un régime dans lequel « on peut changer de dirigeants, mais pas de politique ». Frustration de l’électorat !   Du coup, prétend Jan Werner Müller, les électeurs se sentent condamnés à choisir entre des gouvernements d’experts dépolitisés qui rechignent à rendre des comptes à leurs mandants et des populistes braillards, qui cachent leur incapacité à produire des résultats en proférant des slogans creux… Exemple des premiers, l’Union européenne, et des seconds, Donald Trump..."                                                                                                                                                    La question du sens est à réhabiliter, celle de l'engagement individuel et collectif, ce que Montesquieu appelait "vertu", contre touts les forces qui renforcent individualisme et repli sur la sphère privée. Un sachant qu'une démocratie est toujours à construire, comme le voyait Rousseau. Une tâche infinie, toujours fragile  Une république exemplaire reste un idéal, partiellement accessible.          « La démocratie ne consiste pas à mettre épisodiquement un bulletin dans l’urne et à déléguer les pouvoirs à un élu puis à se taire pendant cinq ou sept ans. Elle est action continuelle du citoyen, non seulement sur les affaires de l’Etat, mais sur celles de la commune, de l’association, de la coopérative (…) Si cette présence vigilante n’est pas assurée, les gouvernements, les corps organisés, les fonctionnaires, en butte aux pressions de toute sorte, sont abandonnés à leur propre faiblesse et cèdent aux tentations de l’arbitraire » (P.Mendès-France) __"La constitution, œuvre timide, s'est bornée à affirmer la démocratie, il faut la fortifier ; il faut que la République soit en sûreté dans la constitution comme dans une citadelle ; il faut donner au suffrage universel des extensions et des applications nouvelles ; il faut proclamer plus complètement et développer plus logiquement que ne le fait la constitution les droits essentiels du peuple, qui sont (j'emprunte ici une expression de Turgot) : le droit à la vie matérielle, c'est-à-dire, dans l'ordre économique, le travail assuré, l'assistance organisée. .." (Victor Hugo)                                                                                                                                                                                             ____Comme disait le vieux Tocqueville, « Il y a un passage très périlleux dans la vie des peuples démocratiques. Lorsque le goût des jouissances matérielles se développe chez un de ces peuples plus rapidement que les lumières et que les habitudes de la liberté, il vient un moment où les hommes sont emportés et comme hors d’eux-mêmes, à la vue de ces biens nouveaux qu’ils sont prêts à saisir. Préoccupés du seul soin de faire fortune, ils n’aperçoivent plus le lien étroit qui unit la fortune particulière de chacun d’eux à la prospérité de tous. Il n’est pas besoin d’arracher à de tels citoyens les droits qu’ils possèdent ; ils les laissent volontiers échapper eux-mêmes(…)     « Si, à ce moment critique, un ambitieux habile vient à s’emparer du pouvoir, il trouve que la voie à toutes les usurpations est ouverte. Qu’il veille quelque temps à ce que tous les intérêts matériels prospèrent, on le tiendra aisément quitte du reste. Qu’il garantisse surtout le bon ordre. Les hommes qui ont la passion des jouissances matérielles découvrent d’ordinaire comment les agitations de la liberté troublent le bien-être, avant que d’apercevoir comment la liberté sert à se le procurer ; et, au moindre bruit des passions politiques qui pénètrent au milieu des petites jouissances de leur vie privée, ils s’éveillent et s’inquiètent ; pendant longtemps la peur de l’anarchie les tient sans cesse en suspens et toujours prêts à se jeter hors de la liberté au premier désordre.      « Je conviendrai sans peine que la paix publique est un grand bien ; mais je ne veux pas oublier cependant que c’est à travers le bon ordre que tous les peuples sont arrivés à la tyrannie. Il ne s’ensuit pas assurément que les peuples doivent mépriser la paix publique ; mais il ne faut pas qu’elle leur suffise. Une nation qui ne demande à son gouvernement que le maintien de l’ordre est déjà esclave au fond du cœur ; elle est esclave de son bien-être, et l’homme qui doit l’enchaîner peut paraître. (…)    « Il n’est pas rare de voir alors sur la vaste scène du monde, ainsi que sur nos théâtres, une multitude représentée par quelques hommes. Ceux-ci parlent seuls au nom d’une foule absente ou inattentive ; seuls ils agissent au milieu de l’immobilité universelle ; ils disposent, suivant leur caprice, de toutes choses, ils changent les lois et tyrannisent à leur gré les mœurs ; et l’on s’étonne en voyant le petit nombre de faibles et d’indignes mains dans lesquelles peut tomber un grand peuple…       « Le naturel du pouvoir absolu, dans les siècles démocratiques, n’est ni cruel ni sauvage, mais il est minutieux et tracassier. » [Alexis de Tocqueville _Extrait de De la Démocratie en Amérique, Livre II, 1840]

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Vieillir...

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 L'entrée dans le dernier âge de la vie...

            ...N'est pas un drame. Juste une phase nécessaire avant l'échéance naturelle. On s'en rend peu compte, d'autant plus que le déni s'exerce à fond et qu'il faut du temps pour s'apercevoir des atteintes subi par le corps et souvent aussi de certaines facultés qui s'émoussent. Le fait de se sentir vieux dépend des personnes, de leur passé mais est aussi, dans une large mesure, un question de chance. Il y a vieillir et (relativement) bien vieillir. Edgar Morin et quelques autres sont tout de même des exceptions et il est indécent de souhaiter à une personne chère de vivre le plus longtemps possible. C'est en partie exorciser ses propres craintes de la mort. Il y a une "tyrannie du bien vieillir".                           ___Bien vieillir ne dépend pas que de nous et le  business de la vieillesse ne favorise pas le phénomène, qui tend à exclure et à ségréguer, et la tyrannie des normes de la beauté, l'obsession contemporaine du corps toujours jeune et avenant jouent en défaveur de ceux qui voient se développer, parfois avec terreur, les outrages classiques du temps.   A l' époque où les anciens prennent une place inédite, reconsidérer le « bien vieillir » est une vraie urgence, humaine et civilisationnelle. Il y a vieillir et vieillir, la solitude étant un accélérateur de vieillissement, qui n'est pas seulement processus physique.  Vieillir: une notion complexe et multiforme

[Vieux Crétois, photographié par mes soins.]_


                                                             On peut laisser B. Pivot en parler à sa manière:  « J’aurais pu dire : Vieillir, c’est désolant, c’est insupportable, C’est douloureux, c’est horrible, C’est déprimant, c’est mortel. Mais j’ai préféré « chiant » Parce que c’est un adjectif vigoureux Qui ne fait pas triste. Vieillir, c’est chiant parce qu’on ne sait pas quand ça a commencé et l’on sait encore moins quand ça finira. Non, ce n’est pas vrai qu’on vieillit dès notre naissance. On a été longtemps si frais, si jeune, si appétissant. On était bien dans sa peau. On se sentait conquérant. Invulnérable. La vie devant soi. Même à cinquante ans, c’était encore très bien…. Même à soixante. Si, si, je vous assure, j’étais encore plein de muscles, de projets, de désirs, de flamme. Je le suis toujours, mais voilà, entre-temps j’ai vu le regard des jeunes….. Des hommes et des femmes dans la force de l’âge qui ne me considéraient plus comme un des leurs, même apparenté, même à la marge. J’ai lu dans leurs yeux qu’ils n’auraient plus jamais d’indulgence à mon égard. Qu’ils seraient polis, déférents, louangeurs, mais impitoyables. Sans m’en rendre compte, j’étais entré dans l’apartheid de l’âge. Le plus terrible est venu des dédicaces des écrivains, surtout des débutants. « Avec respect », « En hommage respectueux », « Avec mes sentiments très respectueux ». Les salauds ! Ils croyaient probablement me faire plaisir en décapuchonnant leur stylo plein de respect ? Les cons ! Et du ‘cher Monsieur Pivot’ long et solennel comme une citation à l’ordre des Arts et Lettres qui vous fiche dix ans de plus ! Un jour, dans le métro, c’était la première fois, une jeune fille s’est levée pour me donner sa place… J’ai failli la gifler. Puis la priant de se rasseoir, je lui ai demandé si je faisais vraiment vieux, si je lui étais apparu fatigué. !!!… ? – « Non, non, pas du tout, a-t-elle répondu, embarrassée. J’ai pensé que ». – Moi aussitôt : « Vous pensiez que ? » – « Je pensais, je ne sais pas, je ne sais plus, que ça vous ferait plaisir de vous asseoir. » – « Parce que j’ai les cheveux blancs ? » – « Non, c’est pas ça, je vous ai vu debout et comme vous êtes plus âgé que moi, ça a été un réflexe, je me suis levée. » – « Je parais beaucoup… beaucoup plus âgé que vous ? » – « Non, oui, enfin un peu, mais ce n’est pas une question d’âge. » – « Une question de quoi, alors ? » – « Je ne sais pas, une question de politesse, enfin je crois. » J’ai arrêté de la taquiner, je l’ai remerciée de son geste généreux et l’ai accompagnée à la station où elle descendait pour lui offrir un verre. Lutter contre le vieillissement c’est, dans la mesure du possible, ne renoncer à rien. Ni au travail, ni aux voyages, ni aux spectacles, ni aux livres, ni à la gourmandise, ni à l’amour, ni au rêve. Rêver, c’est se souvenir, tant qu’à faire, des heures exquises. C’est penser aux jolis rendez-vous qui nous attendent. C’est laisser son esprit vagabonder entre le désir et l’utopie. La musique est un puissant excitant du rêve. La musique est une drogue douce. J’aimerais mourir, rêveur, dans un fauteuil en écoutant soit l’Adagio du Concerto n° 23 en La majeur de Mozart, soit, du même, l’Andante de son Concerto n° 21 en Ut majeur, musiques au bout desquelles se révéleront à mes yeux pas même étonnés les paysages sublimes de l’au-delà. Mais Mozart et moi ne sommes pas pressés. Nous allons prendre notre temps. Avec l’âge le temps passe, soit trop vite, soit trop lentement. Nous ignorons à combien se monte encore notre capital. En années ? En mois ? En jours ? Non, il ne faut pas considérer le temps qui nous reste comme un capital. Mais comme un usufruit dont, tant que nous en sommes capables, il faut jouir sans modération. Après nous, le déluge ?… Non, Mozart. " (Bernard Pivot. Les mots de la vie. ] ________________________________________________

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Allemagne au tournant

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Les soucis d'Olaf

                     Berlin n'inaugure pas seulement une nouvelle période politique. Il entre aussi dans une nouvelle phase de sa vie économique. Avec nombre de questions de fond. Le géant industriel européen se trouve projeté dans une période d'incertitudes, le mercantilisme jusque là triomphant prend conscience de ses fragilités, à l'heure où une nouvelle donne se fait jour à l'Est, de Moscou à Pékin. La grande dépendance au gaz russe fait problème et alerte les industriels, à l'heure d'une transition énergétique audacieuse mais problématique. Le développement accéléré de l'économie chinoise et son autonomie progressive, même dans les domaines de pointe, l'amène et l'amènera à se détacher plus encore du marché chinois et de ses fabuleuses demandes. Un géant au pied d'argile: c'est ainsi que qualifiaient certains économistes le flamboyant état du pays de Merkel, qui semblait avoir un avenir de développement sans fin.                                                                     Il est difficile de prévoir dans quel sens se dirigera la nouvelle politique qui se prépare, surtout dans le contexte des exigences impérieuses de la réduction drastique  des effets- carbone. Un réveil difficile pour le pays, comme le signale La Tribune. Le libre échange à tout va commence à poser de sérieux problèmes dans un proche avenir. La nation exportatrice prend comme jamais conscience de ses dépendances. L'angélisme d'Angela commence à être contesté à Berlin, trop favorable à Poutine et trop confiante face à la fulgurance de la croissance chinoise et à ses ambitions. L'affaiblissement de notre voisine d'Outre-Rhin ne serait pas sans conséquences sur ses partenaires européens, mais l'obligera peut-être à ne plus regarder vers l'Est avec les mêmes ambitions et les mêmes illusions. La voie "Nach Osten" va devoir être revue, avec les conséquences géopolitiques qui s'imposeront. Les impulsions de Schröder, non sans brutalités, sont redéfinies et l'ancien chancelier affairiste russophile est aujourd'hui violemment contesté, même par Olaf Scholz, son ancien collaborateur déjà en difficulté. Le jeu va devenir compliqué à Berlin, où les décisions majeures ne sont pas caractérisées par la rapidité et la cohérence.

 

                                             Olaf en est conscient: " « Nous vivons un changement d’époque. Cela signifie que le monde d’après n’est plus le même que le monde d’avant. Au fond, il s’agit de savoir si la force peut transgresser le droit. » Le discours d’Olaf Scholz, lors de la session historique au Bundestag, le 27 février 2022, marque une révolution dans l’approche qu’a l’Allemagne de sa politique extérieure. Contraint par l’intervention russe en Ukraine, le chancelier social-démocrate a opéré un renversement des principes qui guidaient l’Allemagne depuis la fin de la seconde guerre mondiale : le pays a compris qu’il ne pouvait plus compter sur le droit et l’interdépendance économique entre Etats pour garantir la paix et la stabilité.   C’est aussi une rupture pour le moteur de la quatrième économie du monde. Longtemps, la doctrine du « Wandel durch Handel » (le changement par le commerce) avait tenté de réconcilier ces deux approches : le pays était convaincu qu’en entretenant des relations commerciales étroites avec les pays non démocratiques ces derniers finiraient par prendre le chemin de la libéralisation et de la démocratie. Cette posture était d’autant plus confortable que l’Allemagne a largement profité économiquement du « dividende de la paix », une relative stabilité géopolitique, ces vingt dernières années.  L’offensive de la Russie, principal fournisseur de gaz du pays, au mépris du droit international, a fait sortir la quatrième économie du monde d’une naïveté géopolitique devenue intenable....."

       * ______ Allemagne ambigüe.  ___ Que veut l'Allemagne? ___Berlin: nain politique. ___ Excédents commerciaux allemands. ___ (Nouvelle) question allemande. __ L'Allemagne: un modèle?                          _____________________

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Varia

Publié le par Jean-Etienne ZEN

__ Grippage

__ Storytelling (suite)

__ Potion amère

__ IA générative

__ Exemplarité?

__ Cybercimetières

 

__ Au Québec aussi

 

__ Prison bénéfique                

__ Lettre persanes

__ Ecologie de "bon sens"?

__ Morosité allemande

__ Millionnaires français

__ Marchandisation en question

 __Mobilisation israëlienne               ______________________

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Retraites (nouvelle suite...)

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 Le retour du marronier

                                                   C'est récurrent, quasi prévisible. Même quand le problème est prétendu réglé. il se passe peu de temps entre les projets de réforme des retraites, qui se suivent et se ressemblent beaucoup dans leur logique de fond, malgré les discours parfois contradictoires. Mais le diable se cache dans les détails.  Q' une simplification et une certaine harmonisation soit nécessaire en ce domaine complexe, parfois illisible,  là n'est pas la question. Pour consolider aujourd'hui la cohésion sociale, y compris entre les générations, il n'est tout de même pas anormal qu'un pays riche dont la population vieillit consacre progressivement une part plus forte du PIB aux retraités. Mais il doit aussi améliorer l'équité du système. Car si les inégalités chez les retraités sont aujourd'hui du même ordre que chez les actifs, c'est en partie le résultat d'une illusion statistique : parce que les pauvres vivent nettement moins longtemps, leur poids est plus faible chez les retraités que chez les actifs...Il faut du temps pour réformer le moins mal possible un problème de cette ampleur, qui engage l'avenir.  « Hâte-toi lentement », comme disait Auguste. Ou comme Euripide: «Chez un chef, prudence vaut mieux que témérité. »       Comme l'exprime à sa manière Hervé le Bras aujourd'hui. Quand il a fallu dix ans dans certains pays pour réformer (imparfaitement) le système des retraites....La précipitation et le passage en force sont souvent contre-performants dans le domaine social et politique.   Il y a plus d' un paradoxe à relever. Le brouillard s'épaissit...derrière la simplicité des messages envoyés ( "On vit lus longtemps"), surtout quand il est en partie artificiellement entretenu.      Le pourrissement? Non, vous n'y pensez pas...  Un glissement progressif vers le privé.   Des problèmes en suspens..                                                                                                                                  ____Il faut écouter la parole d'un "sage "... Tant qu'on n'a pas réglé le problème du chômage, dans notre pays, franchement, ce serait assez hypocrite de décaler l'âge légal. Quand, aujourd'hui, on est peu qualifié, quand on vit dans une région qui est en difficulté industrielle, quand on est soi-même en difficulté, qu'on a une carrière fracturée, bon courage déjà pour arriver déjà à 62 ans...Mais on va dire: "Maintenant il faut passer à 64 ans?...Vous ne savez déjà plus comment faire après 55 ans. Les gens vous disent: les emplois ne sont plus bons pour vous. C'est ça la réalité.. ...On doit alors gagner ce combat avant d'aller expliquer aux gens: "Mes bons amis, travaillez plus longtemps." Ce serait hypocrite...." (E.Macron, conf. de presse, 25 avril 2019). ....Contraste...            


 

 

___________Un point de vue qui ne manque pas d'intérêt:   Valérie Rabault: : « Dans cette campagne présidentielle, les retraites constituent une vraie ligne de clivage entre les différents candidates et candidats. Pour l’illustrer, voici 5 vérités que les tenants d’un départ à la retraite à 65 ans peinent à voir. Première vérité : Les réformes des retraites sont révélatrices des boussoles politiques. Ainsi, entre 2007 et 2012, Nicolas Sarkozy a augmenté, à la fois, l’âge légal de départ et la durée de cotisation. Dès mai 2012, François Hollande a permis aux personnes qui ont commencé à travailler tôt de prendre leur retraite à 60 ans : ce sont environ 60 000 Français qui chaque année en bénéficient. Il a également pérennisé le financement des retraites avec une hausse des contributions à laquelle chacun prend sa part : 1/3 employeurs, 1/3 Etat et 1/3 salariés. Quant au Président sortant, il a été mis en échec sur son projet de refonte de tout notre système de retraite, projet pour lequel il n’a jamais établi de maquette budgétaire claire, ce qui lui permettait de raboter des droits en catimini.       Deuxième vérité : c’est le quinquennat Hollande qui a remis à l’équilibre les régimes de retraite. Ainsi, grâce à la réforme de 2013, le régime général devient - dès 2016 - excédentaire de 900 millions d’euros, et les régimes obligatoires de base de la sécurité sociale de 1,6 milliards d’euros. Pour mémoire, ils étaient déficitaires en 2012 de respectivement 4,8 milliards d’euros et de 6,1 milliards d’euros. Dès 2019, ces régimes redeviennent à nouveau déficitaires du fait notamment de la décision du Gouvernement d’exonérer de cotisations sociales les heures supplémentaires, sans en compenser le manque de recettes induit. Ce déficit s’est aggravé avec la crise du Covid qui a eu pour conséquence de réduire les cotisations encaissées et en 2021, il s’élève, pour le régime général, à 3 milliards d’euros.     Troisième vérité : contrairement à ce que prétendent le Président-candidat et les autres candidats de droite, l’âge actuel de 62 ans pour le départ à la retraite ne met pas en péril notre régime de retraite. Ainsi, dans son dernier rapport de juin 2021, le Conseil d’Orientation des Retraites prévoit qu’à long terme, même une fois les retraites des générations du "papy-boom" liquidées, le système de retraites serait à l’équilibre voire excédentaire d’ici 2070, pour 11 des 12 scénarii établis sur la base d’un âge légal de départ à la retraite de 62 ans. Seul l’un des 12 scénarii affiche un déficit autour de 0,7 point de PIB.      Quatrième vérité : celles et ceux qui veulent reporter à 65 ans l’âge de départ à la retraite privent cyniquement de retraite celles et ceux qui décèdent entre 62 et 65 ans : ils sont statistiquement près de 27 000 par an. Ils contribuent aussi à accroître les inégalités face à la mort. En effet, les 5% de Français les plus pauvres risquent - statistiquement -5 fois plus d’être morts à 65 ans que les 5% des Français les plus riches. Quant à la pénibilité, il est curieux qu’elle soit désormais évoquée par le Président-candidat qui l’a tout simplement balayée lors de son quinquennat, en supprimant 4 des 10 situations de pénibilité (port de charges lourdes, postures pénibles, poste de travail soumis à des vibrations mécaniques et à des risques chimiques) qui ouvraient droit à un départ anticipé. La prise en compte de la pénibilité était une avancée sociale créée par la gauche sous la présidence Hollande, et financée via une cotisation patronale dédiée.     Cinquième vérité : l’allongement à 65 ans de l’âge de départ à la retraite n’a qu’un seul objectif : augmenter les recettes publiques pour couvrir une partie des dépenses engagées lors de la crise Covid. En la matière, les chiffrages de celles et ceux qui proposent un âge de départ à la retraite à 65 ans, laissent apparaître 15 milliards d’euros de recettes supplémentaires, sans qu’aucune affectation ne soit indiquée. Dès lors, il est à supposer que par une mécanique de transferts à construire, cet argent soit en réalité utilisé pour éponger une partie de la dette de la crise Covid.     Plutôt que recourir à ce tour de passe-passe, il eût été plus démocratique d’engager un débat national sur le financement de la crise Covid, comme nous l’avions demandé dès avril 2020. En reportant l’âge de la retraite à 65 ans, ce sont mécaniquement les plus pauvres de nos concitoyens qui vont le plus contribuer au paiement de la facture Covid, tout simplement parce que c’est essentiellement à eux qu’on va confisquer des années en retraite. C’est injuste.  Maintenir à 62 ans l’âge légal de départ à la retraite, comme le propose Anne Hidalgo, relève de la justice indispensable pour assurer la cohésion de notre pays. Engager un vrai débat sur le financement de la crise sanitaire relève d’une impérieuse responsabilité démocratique. Manifestement, les candidats de la droite et de la République en marche ne veulent ni de l’un ni de l’autre. »                _________________________________

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Un monde à part

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Celui des riches, des très riches, des ultra-riches

                       Comme l'avait déjà décrit Balzac, dans le contexte de son temps. Un monde minoritaire, mais de plus en plus nombreux, fait souvent d'ostentation provocante, parfois de discrétion raffinée, de bonne conscience, de certitude de sa ,exceptionnelle. Un monde qui côtoie le monde "ordinaire", souvent sans le connaître, parfois marginalement, vivant le plus souvent hors-sol, dont la fortune et ses usages frôlent l'indécence, comme disait Orwell, surtout aux yeux de ceux qui peinent à terminer le mois. Un monde ou règne "luxe, clame et volupté", pour reprendre librement Baudelaire.  Un monde qui cumule bien des  avantages, parfois exorbitants, qui revendique toutes les chances, profitant de bien des privilèges. Ils pensent souvent s'être fait tout seuls. Un "univers impitoyable" souvent, qui a l'oreille des pouvoirs, qui ont souvent besoin de leurs aumônes et de leur influence. Un monde souvent méconnu, cherchant à se faire oublier, sauf sur les pages glacées des magazines people, pour qui l'argent n'est pas un moyen mais une fin. En tout bonne conscience.

           Un monde particulier: "...Mégayachts, îles artificielles, bitcoin, fusées, soirées arrosées… Les mille visages de la richesse s’étalent chaque jour en Une de l’actualité, sur les réseaux sociaux et, surtout, dans notre inconscient collectif. Résultat ? Pour la sociologue et professeure à l’université d’Ottawa, « bernés par les prestidigitations des ultra-riches, nous les regardons, stupéfaits, dilapider les ressources de la planète  » tandis que les inégalités demeurent.

      D’où le titre de son nouvel essai en forme de pamphlet sans concession, à paraître ce 22 août aux éditions Lux : La société de provocation – Essai sur l’obscénité des riches. Une référence explicite au roman Chien blanc de Romain Gary, dans lequel l’ancien résistant fustige « cet ordre social où l’exhibitionnisme de la richesse érige en vertu la démesure et le luxe ostentatoire tout en privant une part de plus en plus large de la population des moyens de satisfaire ses besoins réels ». De passage à Paris, Dahlia Namian a répondu à nos questions.                                                  Elon Musk fait partie d’une mouvance d’ultra-riches qui cherchent à accumuler du capital. Bien sûr, pour les capitalistes, l’objectif a toujours été de conquérir l’espace au sens large, de façon à faire fructifier leur capital. Les processus de colonisation et l’impérialisme l’ont bien montré. L’idée de conquête de l’espace s’inscrit dans cette continuité, avec une dimension carnavalesque renforcée : on peut en rire – d’ailleurs on ne sait même pas si les entrepreneurs qui se lancent là-dedans se prennent eux-mêmes au sérieux – mais ce n’est pas que de la poudre aux yeux. Ce lancement fait partie d’une véritable stratégie, qui participe à faire fructifier et à maintenir ce système qui leur profite. L’expression vient du roman Chien blanc de Romain Gary, écrit à la fin des années 1960, dans un tout autre contexte. Pour résumer, la société de provocation est un ordre social qui érige en vertu la surconsommation, le luxe ostentatoire, et qui permet à une minorité de personnes de s’acheter des îles privées, des superyachts et des SUV, tout en empêchant une partie de plus en plus importante de la société de répondre à ses besoins élémentaires. Nous sommes, me semble-t-il, dans cette situation. Plus besoin de caricature, la minorité d’ultra-riches qui domine l’ordre économique se livre bien, aujourd’hui, à une forme d’exhibitionnisme !      ____Les Américains parlent d’ailleurs de wealthporn à ce propos, terme qu’un journaliste du Devoir a très justement traduit par « pornopulence ». Les riches nous imposent effectivement une société de pornopulence, où le luxe s’étale partout, sans aucune limite, de la pub à la télé en passant par les réseaux sociaux. Dans le même temps, de plus en plus de personnes, notamment parmi les classes moyennes, peinent à payer leurs factures quotidiennes, à se loger et à se nourrir dignement. La société de provocation est notre réalité quotidienne : celle d’un capitalisme débridé, sauvage. La seule différence avec la société que décrivait Romain Gary dans les années 1960, c’est qu’on perçoit désormais très bien les conséquences désastreuses de cette richesse sur le climat…                                                                Au-delà des chiffres, il faut prendre conscience que les inégalités sont multiples. Si on s’en tient uniquement aux salaires, on n’a qu’une vision très partielle du problème. Les premières inégalités sont celles du patrimoine aujourd’hui. De ce point de vue, les indicateurs d’Oxfam me semblent être les plus pertinents. Surtout, plus il y a de concentration de ces richesses dans les mains de quelques-uns, plus il y a concentration du pouvoir politique. Certes, la richesse permet d’acheter toutes sortes de biens nuisibles et engendre des catastrophes climatiques. Mais c’est surtout le fait qu’elle permet d’avoir une influence sur les décisions publiques qui pose problème.... On voit les ultra-riches comme les seuls créateurs de richesse. On leur voue une admiration sans borne. On souscrit à cette idée méritocratique qui voudrait que tous les riches entrepreneurs soient partis de rien, aient travaillé très dur pour gravir les échelons – ce qui est faux. On pense donc que, si on les impose, ils risquent de partir ailleurs, alors qu’ils créent de la richesse, de l’emploi. Et ce serait évidemment un drame…                                                   À l’inverse, on parle toujours des travailleurs comme étant des sources de charges, de coûts, jamais comme les principaux créateurs de richesse, alors même que, sans eux, le système économique tout entier s’effondrerait – là où on se demande bien quel genre de cataclysme pourrait arriver si les grands patrons acceptaient de diviser, ne serait-ce que par deux, leurs salaires. Toutes les logiques d’exploitation et de domination sont donc rendues opaques par ce genre de raisonnement trompeur.... "            ___________________________________

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Présidentialisme toxique

Publié le par Jean-Etienne ZEN

  Dérives

               "...La Ve République, imaginée par de Gaulle pour lui-même, lui a survécu. Plus souple que prévu, elle a aussi résisté à l’alternance et aux cohabitations. Mais son caractère monarchique n’a cessé de se renforcer.   Le 10 avril commence un marathon électoral qui va nous mobiliser non pas deux dimanches mais quatre. Après les deux tours de la présidentielle viendront les deux galops des législatives. Nul besoin de coûteux sondages pour savoir quelle course passionnera le plus l’opinion. Voyons ! Qui, dans ce pays, tient et incarne le pouvoir, décide, gouverne, impulse, réforme, défait, refait ? Le président, bien sûr. Et pourtant, si l’on s’en tenait à la lettre de la Constitution de notre République, telle qu’elle fut pensée en 1958, la plus importante des deux élections devrait être la seconde...."               La présidentialisation et la personnalisation du régime sont le comble de l’anachronisme.   Le régime prévu à sa naissance était parlementaire. D’un parlementarisme « rationalisé », comme on le disait alors, adossé à un exécutif fort, mais néanmoins parlementaire, c’est-à-dire censé faire émaner le pouvoir du Parlement. Etrange paradoxe qui explique en partie le malaise institutionnel actuel. L’histoire de la Ve République, c’est aussi cela : une longue dérive qui nous a fait partir d’un pouvoir marchant sur deux jambes – président et Parlement – pour aboutir à ce système d’« hyperprésidence » où un nouveau monarque écrase tout le reste...."       


                          Un équilibre est rompu. Une dénaturation du régime parlementaire et une impasse Une dyarchie néfaste, comme le signalait déjà Pompidou: G. Pompidou le souligne également dans ses mémoires : « Notre Constitution, modifiée par le référendum qui a institué l’élection du Président de la République au suffrage universel, a clairement posé le principe de la priorité du chef de l’État […]. Mais il se trouve que le jeu même de l’organisme gouvernemental fait que les affaires viennent par priorité à Matignon, que Matignon intervient constamment pour orienter et arbitrer et qu’ainsi apparaît le risque de “dyarchie”, d’un gouvernement à double commande »             On a remis en cause les idéologies... aller vers plus de radicalité, ou bien au contraire, tout désidéologiser au nom du pragmatisme et de l’efficacité. Remise en cause également des partis – coquilles vides, réduites à la simple fonction « d’écurie » présidentielle, bien loin de leurs missions originelles de construction d’aventures et d’expériences communes, de leur devoir de penser un avenir en commun. Remise en question enfin des institutions : puisque l’homme providentiel échoue, ce n’est pas parce qu’il concentrerait à lui seul trop de pouvoir, mais au contraire parce qu’il n’en aurait pas assez ! D’où la réduction des pouvoirs du Parlement.    Petit à petit, tout ce qui est venu tempérer le mouvement de balancier décrit plus haut – élan présidentiel, désillusion, nouvel élan… –, les partis, les identités partisanes, les clivages politiques, les contre-pouvoirs… ont été décrédibilisés aux yeux d’une opinion qui ne souhaitait, ni ne pouvait renoncer à l’idée qu’un homme seul pouvait détenir les clefs de tous ses problèmes.     Par son exercice du pouvoir, Emmanuel Macron a conforté cet élan spontané des Français. En pariant sur la verticalité, quitte à sembler affaiblir les contre-pouvoirs comme le Parlement et les syndicats notamment, qui seraient pourtant bien utiles à l’heure des Gilets Jaunes… En prétendant évacuer l’idéologie au profit du pragmatisme. En cassant les vieux partis, qui auraient pu nourrir des hommes providentiels alternatifs, sans pour autant construire et structurer son propre parti pour amortir une éventuelle future désillusion à son égard. En assumant l’idée qu’il pourrait, à lui seul et à force de conviction, libérer le pays de ses blocages, de sa haine de lui-même, et renouer avec une grandeur révolue. C’est sans doute en partie pour cette raison que le pouvoir actuel semble encore plus déstabilisé que ses prédécesseurs par les déceptions des Français..."                   Il y a des causes lointaines et les effets, tout à fait prévisibles.___Quelle représentativité parlementaire?_Jusqu'où ira le nouveau monarque?_______ Le système se discute -          

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Il était une fois Fukushima

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 On n'a pas fini d'en parler.

              Certes, ce ne fut pas Tchernobyl, mais ce fut une catastrophe d'ampleur, qui ne fit pas seulement trembler Tokyo.  On a oublié combien le Japon a frôlé un désastre sans précédent mais a pu éviter le pire, grâce à la météorologie du moment et certaines décisions prises in extrémis pour limiter des conséquences dramatiques. Les effets se firent sentir dans le monde, jusqu'au niveau des décisions de certains pays d'abandonner définitivement la filière, Allemagne en tête. La gestion nippone de l'affaire a été sévèrement critiquée, même en interne, et a contribué à réorienter la politique énergétique du pays. Un lourd dossier


                                                                                     Le chantier gigantesque continue sur place et dans le secteur. La dénucléarisation se poursuit, mais à quel prix! c'est actuellement le problème de l'eau contaminée qui crée des débats intenses, pas seulement dans l'île. D'énormes quantités doivent être déversées dans le Pacifique. La question de ces rejets enflamme les esprits. "...Selon une enquête réalisée par le journal Asahi Shimbun en 2021, 55 % des Japonais se prononcent contre le rejet de l’eau traitée dans le Pacifique, 86 % pensent que la réputation du poisson sera entachée. C’est d’ailleurs le seul rempart au rejet des eaux : la Fédération nationale des associations de pêcheurs (Zengyoren) reste strictement opposée au projet, malgré les 50 milliards de yens promis par le gouvernement cet été en guise de compensation. En 2015, le gouvernement et Tepco avaient promis qu’aucun rejet ne serait fait sans l’accord des pêcheries localesDes scientifiques du monde marin, dont la National Association of Marine Laboratories [réseau de laboratoires américains – ndlr] qui a publié une déclaration s’opposant au plan de rejet des eaux, s’inquiètent, précise Cécile Asanuma-Brice chercheuse et codirectrice d’un programme international de recherche du CNRS sur les post-Fukushima Studies. Pour eux, la solution aurait pu être de continuer de stocker cette eau jusqu’à ce que la radioactivité du tritium diminue naturellement. » Car il y a encore des terrains vacants autour de la centrale, ce qui aurait permis de continuer de stocker l’eau le temps nécessaire. « Il me semble important de s’interroger sur les raisons de l’accélération de ce projet qui est que le gouvernement japonais veut relancer l’énergie nucléaire sur son territoire et pour cela, son objectif est de faire de la région un modèle de territoire résilient à un accident nucléaire, juge la chercheuse. Cela passe par le démantèlement de la centrale et comme l’a précisé le ministre de l’économie, du commerce et de l’industrie, M. Nishimura : “Le rejet dans l’océan des eaux traitées par le système ALPS de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi est un problème qui ne peut être évité si nous voulons procéder au démantèlement de la centrale.” »                                                                                                     L'inquiétude dépasse largement le pays nippon. Même si l' AIEA ne voit pas de problème majeur. L' OMS minimise, mais le doute s'installe. Le dossier est loin d'être classé. Une grande opacité règne encore et pas seulement au Japon. L'UE réglemente les bananes, mais pas le nucléaire. Chaque pays fait à peu près ce qu'il veut en ce domaine, dans la plus grande l'opacité. On sait que le Japon d'après Fukushima est confronté à des problèmes d'une grande urgence et d'une grande ampleur, en prenant d'énormes risques, notamment avec les terres irradiées et le problème de l'eau contaminée, selon une ancienne pratique banalisée, mais interdite. Tepco bricole dans l'urgence. Certes, nous ne sommes pas (ou pas encore) dans cette situation d'urgence  mais la saturation est là et le problème des piscines de confinement reste entier. Il y a touts sortes de résidus radioactifsLe problème du stockage des matières les plus toxiques ne cesse de se poser.  Le dossier est toujours "radioactif", comme celui de l'état de certains site___________-Déchet nucléaire france _-déchet nucléaire durée de vie_-déchets nucléaires chiffres_-traiter les déchets nucléaires_-élimination des déchets nucléaires-origine déchets radioactifs_-déchets radioactifs_-dechets nucleaires vitrifiés._____________________________________

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