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Economie à courte vue

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Ça arrive plus d'une fois... 

                                 Comme disait M.Allais, « A toutes les époques de l’histoire, le succès des doctrines économiques a été assuré, non par leur valeur intrinsèque, mais par la puissance des intérêts et des sentiments auxquels elles paraissent favorables... La science économique, comme toutes les sciences, n’échappe pas au dogmatisme, mais le dogmatisme est ici considérablement renforcé par la puissance des intérêts et des idéologies ».   Maurice Allais_ 1968

                      La "science économique" peut être myope et même parfois parfaitement aveugle vis à vis de sa propre démarche et de ses fondements, comme dans toutes les sciences humaines.                                Jusqu'à se planter.    Nous nous sommes tous trompés, avouaient certains économistes libéraux au lendemain de la soudaine et violente crise de 2008. D'autres, comme Roubini et quelques autres avaient vu venir l'orage, avec un peut plus de recul théorique. 

 

        L'économie peut avoir sa rigueur, mais elle oublie trop souvent les postulats dont elle part, la part de choix et d'idéologie qui détermine sa démarche et ses résultats, qui fait qu'il peut arriver qu'elle ne fait qu'alimenter ses présupposés.     Au risque se tromper magistralement, comme l'a reconnu au passage Alain Greenspan, après la crise qu'il avait contribué à stimuler.
    Les économistes rigoureux le savent bien : il faut la jouer modeste en travaillant sur une matière aussi molle et aléatoire, historiquement marquée.

 

            C'est le risque permanent, bien souligné par J. Sapir, qui explique les profondes divergences de points de vue.
                         On peut être en désaccord plus d'une fois avec les analyses de J.Sapir, mais sur le sujet des limites de la science économique, qui est une science humaine, il est difficile de ne pas le rejoindre sur l'essentiel. Une étude qui n'est pas facile, mais qui décape et remet les choses à leur place, contre le dogmatisme de certains courants économiques inspirant souvent des choix politiques, qui ne sont pas sans conséquences;  l'école libérale de Hayek et de M. Friedman  ont inspiré la pensée libérale de Thatcher et de Reagan, avec leur croyances naïves en la toute puissance du marché et du caractère obsolète des régulations étatiques, dont s'est inspirée la conduite des affaires européennes.                                         On sait pourtant que l'économie n'est pas une science dure et la crise a bien montré à quel point beaucoup se sont trompés. Elle peut même être une imposture, en fonction de certains choix préalables non interrogés..Son enseignement devrait être revu et il est des présupposés à repenser, un formalisme mathématique qui interdit tout débat de fond...Les maths ne sont qu'un outil, utile mais à manier avec précaution.
     La plupart n'ont rien vu venir, comme certains l'ont reconnu.  Il arrive même qu'on puisse dire tout et le contraire de tout.       Cela relativise un peu...
                 Dans son étude sur "L'imposture économique",  Steve Keen, remet en cause certaines croyances érigées comme des postulats, des théorèmes, dans la théorie économique néoclassique libérale. Selon cette théorie, les marchés auraient des anticipations parfaites sur tout et auto-réguleraient naturellement l'économie dans une concurrence supposée transparente. Pourtant ces hypothèses sont faussées à la base et la vie économique est bouleversée par des événements non anticipés par les marchés, est ponctuée de crises souvent inattendues, celle de 2008, déclenchée par les subprimes en étant un exemple criant. 
          [ -Krugman fustigeait naguère "la cécité de la profession sur la possibilité de défaillances catastrophiques dans une économie de marché"."Durant l’âge d’or, les économistes financiers en vinrent à croire que les marchés étaient fondamentalement stables - que les actions et autres actifs étaient toujours cotés à leur juste prix"---- M. Greenspan avouait qu’il était dans un état d’ « incrédulité choquée » car « l’ensemble de l’édifice intellectuel » s’était « effondré ». Cet effondrement de l’édifice intellectuel étant aussi un effondrement du monde réel de marchés, le résultat s’est traduit par une grave récession"( P.K.)_« Lorsque dans un pays le développement du capital devient un sous-produit de l’activité d’un casino, le travail est susceptible d’être bâclé», disait Keynes.]
      Bref, une "science" en question, souvent aveugle à ses fondements.
               La cohérence n'est pas toujours au rendez-vous.
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Savoir en crise

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Situation critique

          L'école est devenue comme un bateau ivre. Les critiques viennent maintenant de toutes parts, avec des motivations et des points de vue différents. Qui redressera la barre? Le Nième changement ministériel, c'est sûr, n'apportera pas les changements de fond attendus; il sera vraisemblablement purement cosmétique. Un projet de fond est en marche, qui remet en cause des principes fondamentaux. La confiance est en déroute. Le personnel enseignant est souvent désemparé. Mais ce n'est pas seulement le fonctionnement de l'institution qui est en cause. Le problème est aussi culturel. La transmission du savoir est devenu un problème critique.

 

 

  Point de vue:                   ___  "Ceux qui n’y voyaient qu’un élément de conjoncture sont désormais obligés d’en convenir : la crise du recrutement de l’Éducation nationale a une dimension structurelle qui ne laisse pas d’inquiéter. À l’issue des concours, 4.000 postes – soit 20 % du total – n’ont pas été pourvus en 2022, 2.700 en 2023. En cause, un vivier de candidats trop réduit qui ne permet pas de sélectionner le nombre de lauréats dont le ministère a besoin.  Lorsqu’il s’agit d’expliquer cette désaffection, on recourt habituellement à la perte d’attractivité du métier liée à la faiblesse des rémunérations, à sa difficulté d’accès liée à la « masterisation », c’est-à-dire à la nécessité, depuis 2011, d’avoir un master pour préparer les concours d’enseignement. Ces deux points constituent objectivement des éléments explicatifs majeurs : après 15 années de carrière, le salaire moyen d’un enseignant français est inférieur de près de 20 % à la moyenne de l’OCDE. La nécessité d’obtenir un master a détourné nombre de candidats potentiels de leur vocation première : les inscrits au concours en 2011 étaient ainsi près de deux fois moins nombreux qu’en 2010.                                                                                          Depuis cette époque, le ministère tâtonne à la recherche d’une formule adéquate : il n’est pas question de renoncer à la masterisation pour des raisons d’affichage, puisqu’elle est, en théorie du moins, l’expression d’une exigence accrue en termes de niveau des candidats, mais il faut en atténuer dans toute la mesure du possible l’effet décourageant. Pourquoi se lancer en effet dans des études aussi longues aux résultats incertains, la réussite au concours étant tout sauf une certitude ? D’où le choix fait, entre 2013 et 2022, de placer le concours de professeur des écoles à la fin du master 1 ; d’où l’annonce récente du ministre, qui affirme vouloir le placer à la fin de la licence, sans renoncer à la masterisation.    Il faut cependant constater que la désaffection croissante vis-à-vis du métier d’enseignant obéit à des causes plus profondes. Le déclin des inscriptions au CAPES (enseignants du secondaire) a commencé dès la fin des années 1990, avant même que ne soit mise en œuvre la politique de modération salariale des années 2000-2010. Les inscriptions ont chuté, passant de plus de 50.000 à moins de 20.000.   Avec quelques années de retard, le concours de professeur des écoles a suivi une trajectoire comparable. Si, depuis les années 1960, le ministère a parfois été confronté à une pénurie d’enseignants, c’était toujours en relation avec des éléments conjoncturels : relèvement du diplôme exigé ou massification du public scolaire. Depuis 13 ans, le nombre d’inscrits stagne sous les 20.000 pour le CAPES, sous les 30.000 pour le CRPE (professeurs des écoles).                                                                                                 Sans doute faut-il en fait connecter la désaffection croissante pour le métier d’enseignant avec la crise du savoir propre à la civilisation occidentale. Repérée de longue date par Hannah Arendt, étudiée par Marcel Gauchet dans certains de ses travaux les plus stimulants, cette crise est un sous-produit de la crise du Progrès, une conséquence de l’effacement de l’Avenir, de la dissolution du passé, de l’enfermement dans le présent qui caractérise l’individu contemporain.   L’un des nombreux effets politiques et culturels de la crise du Progrès réside précisément dans l’affaissement du savoir et plus exactement de son statut : longtemps perçu comme le vecteur d’une émancipation collective et individuelle, synonyme de dignité et d’honneur, facteur de pouvoir symbolique et pratique pour ceux qui le détenaient, le savoir n’est plus aujourd’hui appréhendé que sous une forme utilitaire et instrumentale. Il n’est plus au cœur de la construction de l’individu ; souvent est-il même accusé de l’entraver – l’incorporation d’un savoir constitué étant perçue comme une atteinte à sa libre détermination, à son authenticité ou à son unicité.   Il n’est en fait plus du tout nécessaire à la dignité de cet individu : l’idée que celle-ci puisse être proportionnelle à la somme des savoirs maîtrisés, corrélée de quelque manière que ce soit au degré de culture et d’instruction d’une personne n’a tout simplement plus de sens aujourd’hui. Tel est le résultats tangible et spectaculaire du déploiement depuis quarante ans d’un libéralisme d’un genre inédit, porteur d’un individualisme radical, aux effets sociaux et politiques puissamment corrosifs.                  Il ne faut pas s’étonner, dans ces conditions, du déclin tendanciel de l’Éducation nationale et notamment de la moindre attractivité du métier d’enseignant. La question de la rémunération ne date pas d’hier, mais sa faiblesse relative a toujours été compensée par le statut social et la considération conférés à l’enseignant jusque dans les années 1990, et par l’idéal politico-civique sous-tendant la profession. Aujourd’hui, le culte de l’argent s’étant substitué à cet idéal, le métier d’enseignant est perçu par beaucoup comme ingrat et peu valorisant.                                                                                          Mais cette crise du savoir n’a pas qu’un impact sur le recrutement, elle affecte tout autant le niveau des candidats et des élèves. De l’intérieur du système, certains acteurs sont, depuis plusieurs décennies, des agents actifs du déclin du savoir : il n’est pas rare de voir par exemple des inspecteurs promouvoir la « mutualisation » des cours entre enseignants, l’idée sous-jacente étant que ces cours sont interchangeables, rien de plus qu’un fichier numérique à télécharger en une fraction de seconde pour s’épargner l’élaboration d’un cours personnel.

L’idée qu’un enseignant ait à cœur d’élaborer, dans le cadre des instructions officielles, un cours qui serait le fruit d’un rapport intime au savoir, façonné au fil des années, constamment vivifié par des lectures académiques et par un amour réel pour la matière enseignée, cette idée-là a manifestement perdu de son évidence il y a longtemps déjà. Dans les cas les plus graves, le savoir n’est plus qu’un ensemble de données formelles, extérieures à l’individu, dont l’incorporation lui ferait violence, nécessaires seulement à la validation des « compétences » et autres « capacités ».                   À cet égard, le déclin du langage, en tant que savoir indispensable à tous, vecteur de communication interindividuelle, est tout à fait symptomatique. Il faut, pour le maîtriser, faire l’effort d’assimiler toutes sortes de règles héritées vis-à-vis desquelles il n’est pas question de choix ou de goût, pas d’affirmation possible de sa personnalité, autrement que par le critère restreint et fortement discriminant du degré de maîtrise. Le langage cumule ainsi toutes les caractéristiques susceptibles d’en faire un élément particulièrement contesté au sein du vaste domaine de la transmission.   Par-delà ceux qui, dans une logique militante, rejettent le caractère insupportablement arbitraire et inutilement complexe de ses règles, la masse des individus est spontanément rétive à la seule idée de leur apprentissage. À quoi bon s’infliger un tel travail dès lors que l’autonomie individuelle chemine par d’autres voies et que la dignité de la personne n’y est plus guère attachée ? Tel est l’air du temps, et il ne faut pas s’étonner qu’il finisse par gagner le cœur du système éducatif. Les jeunes enseignants qui commencent aujourd’hui leur carrière sont les élèves d’hier, héritiers – si l’on peut encore s’exprimer ainsi –, de cette mutation culturelle. Le rapport distendu au savoir et au langage y est une norme, puisqu’ils n’ont rien connu de la période antérieure.   À titre d’exemples ayant valeur générale, il est possible de recourir aux rapports de jury des concours de l’enseignement. Si ces rapports ont toujours donné un aperçu des perles invraisemblables figurant dans les copies, leurs critiques de fond n’ont jamais atteint le degré de généralité observé ces dernières années. Ainsi, le rapport du jury du CRPE de l’Académie de Lille pour la session 2022 a de quoi inquiéter, à l’image de tous les autres. À propos de l’épreuve de Français, il est noté que :

« La quasi-unanimité des correcteurs dénonce un manque de connaissances précises concernant les faits de langue à décrire et à analyser dans les questions : confusions entre adjectifs, pronoms, déterminants ; entre natures et fonctions ; méconnaissance des temps et de leurs valeurs ; incapacité chez certains candidats à identifier le sujet d’un verbe, ce qui les conduit à justifier la terminaison par le COD ; nombreuses erreurs pour délimiter les propositions subordonnées et pour donner la nature des propositions. »

Le jury précise en outre que :

« Très peu de candidats sont en mesure d’expliquer le mot "chancelants" au grand étonnement des correcteurs, puisque le contexte était fortement aidant. Les candidats, dans leur très grande majorité expliquent ce mot en identifiant le radical "chance" ou "chant". Il en découle donc que des enfants "chancelants" sont des enfants qui ont de la chance, qui sont joyeux, innocents, insouciants… »

Enfin, la troisième partie de l’épreuve de français – un développement censé mettre en valeur les qualités de réflexion et d’expression des candidats – a tourné au désastre :

« Cette nouvelle épreuve semble avoir déconcerté un très grand nombre de candidats. Les propos étaient peu structurés, les deux parties attendues étaient trop peu souvent présentes. Des correcteurs dénoncent des propos puérils ou relevant de la conversation entre amis, du récit de vie, marquant une absence de réflexion ou de prise de hauteur allant au-delà de l’évocation de relations familiales personnelles. Très peu de candidats citent des sources qui permettraient de démontrer une culture personnelle. Certains le font en se trompant d’auteur, en citant une émission de téléréalité ou des dessins animés de Disney.

Une petite minorité est en mesure de citer quelques lectures personnelles. Au niveau de la forme, beaucoup de correcteurs s’étonnent encore du manque de maîtrise de la langue française, relèvent énormément d’erreurs orthographiques (accords de base), des fautes de syntaxe et des expressions familières. La ponctuation est absente de certaines copies, les virgules, d’une manière générale, sont peu utilisées. »

     Qui aurait dit, il y a trente ans, que des critiques aussi alarmantes concerneraient un jour les concours de recrutement à l’Éducation nationale ? Si l’on se souvient par ailleurs que tous les candidats évoqués ici ont à leur actif cinq années d’études universitaires, il n’est pas besoin d’être un décliniste patenté pour convenir que l’effondrement éducatif est d’ores et déjà une réalité d’ampleur.  Même s’il semble conscient de la gravité de la situation, le ministre se contente, pour y faire face, de bricolages et d’expédients sans grande portée. Il faut dire, à sa décharge, que les racines de la crise sont profondes et qu’elles relèvent d’un processus global, d’ampleur historique que seul un sursaut collectif sera à même d’enrayer." (EricJUlliot) _____________

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Le crédit, c'est chouette!

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Oui, mais...

                Nous sommes loin du phénomène américain où le crédit est un mode de pratique courante jusqu'à être à découvert parfois en permanence. Un mode de vie encouragé par le système (ne pas acheter, c'est ne pas être bon américain), mais aussi un asservissement et des problèmes bancaires graves dans certains cas, comme à chaque crise systémique. Chez nous le leasing est devenu une aubaine...pour les constructeurs. Et attention aux pièges!                                                      Vivre à crédit est devenu souvent toxique dans notre univers d'hyperconsommation. Cela peut mener à miner des vies. La pratique du crédit n'est pas nouvelle. Elle prospérait déjà dans le domaine marchand à l'époque de l'ancienne Venise et on en trouve déjà des traces dans l'Antiquité, notamment à l'époque de Nabuchodonosor. Le prêt permettait de développer une affaire, un projet avec engagement de restitution des sommes engagées si elle avait prospéré. Une sorte de moteur du développement de la richesse, plus ou moins régulée. Les banques finirent par jouer un rôle central dans cette fonction de prêt, à partir des dépôts engrangés par des particuliers, sur une base de confiance, où l'épargne était drainée vers les investissement divers. Tout cela en théorie...Car le prêt à intérêt non régulé fut aussi parfois un moyen de pression, voire d'exploitation (comme dans certaines campagnes d'Inde)  et le rôle des banques fut parfois perverti, comme par exemple dans les pratiques qui furent à l'origine des surprimes dans le début de la crise financière et économique de 2008.   Une arme à double tranchant donc, si elle n'est pas encadrée par une institution neutre et vigilante.  L'endettement peut devenir un moyen de contrôle dans le cadre d'une consommation sans frein et créer les conditions d'une servitude.

 

 

            Un peu de crédit, ça va. Beaucoup de crédits, bonjour les dégâts !   Au pays où le crédit est roi, érigé en quasi vertu, faire des économies est considéré comme peu civique. Le consumérisme est une deuxième religion.   Avoir une dizaine de cartes de crédit est entré dans la normalité.
 Spend a lot of money is american. Même pour démarrer dans la vie...
La crise des surprimes a montré jusqu'où pouvait aller l'endettement des particuliers, même très modestes, et l'aplomb des banques qui sont sorties des clous, pas seulement en 2008.  Pour faire face à l'urgence, l'américain moyen ne dispose que de peu de réserves...   Il faut parfois s'endetter pour assurer le minimum vital. Et même pour des soins hospitaliers.   Ne parlons pas des études, cette nouvelle bulle...qui menace.    Après la crise des surprimes, machiavéliquement organisée pas les banksters, la fièvre acheteuse a repris de plus belle.   Un Américain dans la norme est un Américain endetté qui rembourse les échéances en temps et en heure...quand il peut. Et pourtant, comme dit Robert Reich, ancien ministre du Travail de Bill Clinton, dans le New York Times « ...aujourd’hui les ouvriers travaillent beaucoup plus pour gagner moins. Le revenu moyen d’un travailleur aujourd’hui, après correction de l’inflation, est moins élevé qu’il y a 30 ans. Et puisque le pouvoir d’achat décline, un ouvrier d’aujourd’hui travaille en moyenne 100 heures de plus chaque année qu’il y a deux décennies pour rester la tête hors de l’eau..."    Une vieille tradition de l'américan way of live, dont Barber a montré la toxicité.
          Aux USA,"Il faut être riche pour mener une vie de pauvre", comme dit le Washington Post.   Car les pauvres paient plus. C'est aisément vérifiable.  Et on ne prête (bien) qu'aux riches.
      D'une certaine manière, les pauvres sont rançonnésabandonnés par les banques traditionnelles.     Le Payday Loan, ( prêt sur salaire), autrefois inexistant, devient courant. C'est un emprunt à ultracourt terme (quinze jours au plus) que l’on rembourse le jour de sa paie avec de gros intérêts. Un client peut ainsi obtenir un prêt de 300 dollars qu’il rembourse 346 dollars le jour où il touche son salaire.    Une étude publiée par Bankrate.com suggère que 37 % des Américains ont une dette de carte de crédit supérieure ou égale à leur épargne d’urgence, ce qui signifie qu'une facture médicale un peu conséquente, un accident de voiture ou une autre dépense imprévue pourrait les pousser vers un désastre financier personnel. 
         Le crédit devient  une servitude dans ces conditions, un instrument de contrôle social.
                                                                      Il est urgent que les pouvoirs publics mettent un minimum de régulation dans un système qui tend toujours à s'emballer, pas seulement aux détriments des particuliers, la monnaie perdant sa fonction essentielle de simple fluidifiant économique.     Le phénomène régulier des bulles qui s'accumulent représente un péril pour le système tout entier, comme on l'a vu trop souvent, les dettes souveraines prenant le relai.    La debtocracy a de beaux jours devant elle.   Comme le signale Thiery Porcher: La dette a été inventée pour promouvoir des coupes dans les dépenses sociales »   Encore fort de sa monnaie de référence, de son armée et de sa planche à billets, l'empire fonctionne à crédit...astronomiquement_____
Pour prolonger:
        Les pièges de l'endettement:... "L'endettement est un élément central du dynamisme économique. C'est un pari sur l'avenir de celui qui emprunte pour financer ses projets. C'est une marque de confiance du prêteur : il est convaincu qu'il retrouvera l'argent offert. Pas d'économie créative sans cette possibilité donnée à chacun de dépasser ses limites de l'instant. Mais chacun sait aussi les pièges du crédit, les fuites en avant qu'il encourage. La crise qui frappe l'économie mondiale est née d'excès dans le recours à l'emprunt et aux dissimulations qui l'ont accompagné. Elle a provoqué la ruine de beaucoup de particuliers, souvent victimes de pratiques usuraires, et l'effondrement de nombreuses institutions prêteuses par absence de discernement dans la distribution des prêts..."
Le Système Dette : répudier cette arme de domination et de spoliation.    "...David Graeber montre que le vocabulaire des écrits juridiques et religieux de l’Antiquité (des mots comme « culpabilité », « pardon » ou « rédemption ») est issu en grande partie des affrontements antiques sur la dette. Or il fonde jusqu’à nos conceptions les plus fondamentales du bien et du mal, jusqu’à l’idée que nous nous faisons de la liberté. Sans en avoir conscience, nous livrons toujours ces combats…   Selon l’auteur, l’endettement est une construction sociale fondatrice du pouvoir. Si autrefois les débiteurs insolvables ont nourri l’esclavage, aujourd’hui les emprunteurs pauvres – qu’il s’agisse de particuliers des pays riches ou d’États du tiers-monde – sont enchaînés aux systèmes de crédit. « L'histoire montre, explique Graeber, que le meilleur moyen de justifier des relations fondées sur la violence, de les faire passer pour morales, est de les recadrer en termes de dettes – cela crée aussitôt l’illusion que c’est la victime qui commet un méfait. » Trop d’économistes actuels perpétuent cette vieille illusion d’optique, selon laquelle l’opprobre est forcément à jeter sur les débiteurs, jamais sur les créanciers. »
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En deux mots

Publié le par Jean-Etienne ZEN

__ "Faire nation", dit-il...

__ Dystopie

__ JDD: enjeux

 

Data center Londres

       

           __ Data center: pas neutre.                 
 

 

 __ Tous codés

__ Etre mère

__ Dérives américaines

__ Uranium nigérien

__ Tragédie libanaise

__ Noir c'est noir

__ Raids meurtriers

     ________Psychiatrie à l'abandon 

                                   Un secteur qui part en vrilles.      _____________

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Et maintenant?

Publié le par Jean-Etienne ZEN

(C'était il y a deux ans...)

      Le (très mal) élu, ses échecs et les institutions

                          Le barrage a tenu. Mais le manager Jupiter  est de toute évidence mal élu. Une nation ne se gère pas comme une start-up, le parlement n'ayant qu'un rôle croupion, consultatif. Le Président en a-t-il vraiment pris conscience au delà de ses déclarations de première heure?  Le système actuel a révélé toutes ses failles, toutes ses insuffisances, tous ses excès, malgré ses intentions, ses déclarations initiales L'étude de François Dosse: Macron ou les illusions perdues a montré dans le détail les faiblesses congénitales d'un système qui a pris bien des libertés avec les règles des institutions républicaines, au nom d'une verticalité assumée, mais d' institutions vite mises à mal. Les causes de cette victoire en trompe l'oeil remontent à une période plus ancienne, notamment  l'effacement des forces d'opposition et notamment le naufrage de la "gauche" et le renforcement d'une forme de néo-présidentialisme ultra-libéral dont De Gaulle, l'initiateur, ne voulait pas.   


                                                                                                                    On attend sans illusions une "révolution" institutionnelle, conformément aux premières déclarations:    «... Je veux complètement refonder, je veux que ce soient cinq années de renouvellement complet..Ce qui se joue le 24 avril, ce qui se jouera derrière ne doit pas être une reconduction, une continuation, mais bien une réinvention, une nouvelle ambition." .                                                                                      On peut douter de tels propos emphatiques, immodestes et imprécis auxquels on a déjà été habitués.               Une des questions clés, toujours repoussée, pour sortir du bourbier politique, ne serait-elle pas de revenir au septennat? comme le suggère Jean-Pierre Bédéï:                                                                             " S’achemine-t-on vers un retour au septennat ? Les deux finalistes de l’élection présidentielle, Emmanuel Macron et Marine Le Pen, y semblent favorables. Le premier y voit une « bonne option, mais il ne vaudra pas de toute façon pour le mandat qui vient. On ne change pas de règles en cours de partie. »  La seconde explique que cela donnerait « au président sa capacité d’une action longue, tout en le débarrassant d’une obligation de campagne électorale permanente. » De quoi apaiser, il est vrai, la vie politique emportée par l’accélération du temps et le rythme médiatique assujetti à l’immédiateté plus propice à l’émotion qu’à la réflexion.                                           Le mandat présidentiel a été fixé à sept ans pour la première fois par la loi du 20 novembre 1873 qui confiait le pouvoir exécutif au maréchal de Mac-Mahon. Cette durée a été confirmée ensuite par les textes constitutionnels de 1875, 1946, et 1958. Jusqu’à l’avènement de la Ve République, les prérogatives du Président étaient limitées puisqu’elles tenaient principalement dans la nomination du chef du gouvernement choisi au sein de la majorité parlementaire. Mais la constitution de la Ve République a accru les pouvoirs du chef de l’État, dont l’aura a été encore renforcée par son élection au suffrage universel à partir de 1965.                                                                                                      Le passage au quinquennat s’est opéré sous la cohabitation Chirac-Jospin. Il a été approuvé par les Français lors du référendum du 24 septembre 2000 par 73,21% des suffrages exprimés sur fond d’abstention massive (70% des inscrits). Un an plus tard, cette réforme a été renforcée par l’inversion du calendrier électoral qui place désormais le scrutin législatif au mois de juin dans la foulée de la présidentielle, avec pour objectif de garantir au chef de l’État une majorité parlementaire durant tout son mandat et d’éviter toute nouvelle cohabitation.                                                              Il en résulte deux conséquences notables. Il n’existe plus de respiration permettant aux Français d’exprimer ou non leur adhésion à la politique menée par le chef de l’État durant son mandat comme à l’époque où les législatives se tenaient avant la fin du septennat. Le Président devient de fait, non plus un arbitre, mais le chef de la majorité, affaiblissant le rôle du Premier ministre et du Parlement.                                                                                                                                            Dès le 31 janvier 1964, le général de Gaulle avait pointé les inconvénients d’une concordance des temps entre les mandats de président et de député : « Il ne faut pas que le Président soit élu simultanément avec les députés, ce qui mêlerait sa désignation à la lutte directe des partis, altérerait le caractère et abrégerait la durée de sa fonction de chef de l’État. »       Si aujourd’hui le débat sur le septennat rebondit, c’est parce que les citoyens ne trouvent plus de cadre institutionnel national pour se faire entendre entre deux scrutins présidentiels. D’autant que les chefs de l’État ne se risquent guère à se lancer dans des référendums toujours périlleux pour eux, ou ne démissionnent pas quand l’issue d’une telle procédure leur est défavorable, comme Jacques Chirac en 2005 lorsqu’il avait convoqué les Français aux urnes pour se prononcer sur la Constitution européenne.                                                                                                                                 Un retour au septennat incluant des législatives avant son terme, revivifierait la démocratie en redonnant la parole au peuple afin qu’il pèse sur la fin du mandat présidentiel. Il éviterait aussi que le pays soit en campagne pour l’Élysée de manière quasiment permanente. Car, dans la pratique, le quinquennat se limite à un quadriennat. Un an avant l’échéance présidentielle, le gouvernement ne produit plus que des réformes secondaires et la vie politique se plonge dans la campagne électorale… au risque de s’essouffler et de lasser l’opinion quand arrive le scrutin. Le septennat permet également au Président d’inscrire son action dans le temps long s’il franchit avec succès l’écueil des législatives, et de voir sa politique porter ses fruits dans une stabilité favorisant la cohérence de sa gouvernance. Une durée fort appréciable dans un pays où la lourde machine administrative a tendance à freiner la mise en œuvre des décisions politiques.                                                                                                                                                                          Enfin, il serait préférable que le septennat ne soit pas renouvelable car il délivrerait ainsi le Président de tout souci de réélection, généralement porteur de démagogie et de petits calculs politiciens visant à le maintenir au pouvoir.                       Dans le cadre d’un septennat, les élections législatives doivent-elles intervenir quatre ou cinq ans après la présidentielle ? Un mandat de quatre ans, comme pour les représentants aux États-Unis, constituerait une innovation mais alors, il faudrait sans doute remédier à la lenteur de la procédure parlementaire. Car il faut compter treize à quatorze mois en moyenne entre la présentation d’un projet de loi en Conseil des ministres et la publication des décrets d’application dudit texte au Journal officiel après son examen par l’Assemblée nationale et le Sénat… D’où un calendrier parlementaire surchargé - car le chef de l’État et le gouvernement tiennent à montrer leur ardeur réformatrice - qui débouche souvent aux yeux de l’opinion publique sur une impression de confusion, voire d’immobilisme politique.                                                                            On le voit, le retour au septennat ne concernerait pas que le locataire de l’Élysée ; il pourrait donner l’occasion de moderniser d’autres institutions de la République tout en donnant l’occasion aux Français de s’exprimer plus fréquemment, surtout s’il est assorti d’un usage plus fréquent du référendum comme le concevait le général de Gaulle. Quoi qu’il en soit, la réforme du mandat présidentiel passe par une nouvelle révision de la Constitution qui doit être soumise soit à référendum soit à un vote du Parlement réuni en Congrès. Celui ou celle qui sera élu (élue) en ce dimanche 24 avril en prendra-t-il l’initiative ? Il s’agirait alors d’un retour aux sources. " ________________________________

 

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Sobriété heureuse

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Un thème dans le vent

                    Il ne date pas d'aujourd'hui, mais l'exigence devient de plus en plus pressante, tant nous sommes saturés de biens constamment renouvelés, sans que nous soyons comblés pour autant, tant beaucoup courent après un mythique bonheur en multipliant en vain les sources de nouveautés, l'argent considéré comme salvateur, en essayant sans effet de rechercher de nouvelles expériences sans fin, qui nous frustrent le plus souvent. Mais il arrive que nous comprenions que nous perdons notre vie à vouloir frénétiquement la gagner. Parfois sur le tard. Lorsque que nous finissons par comprendre qu' une certaine forme de bonheur est d'un accès facile, comme réconciliation de soi à soi, si nous faisons certains choix que nous ne regretteront plus. Peu y arrivent vraiment, sans être des héros, joignant la modestie à la satisfaction. Celle d'être dans le vrai, la sérénité et l'accord avec une nature respectée et sources de plaisirs simples et toujours renouvelés. 


                                                                                                                                                                __ Suzanne a fait son choix, optant pour une simplicité dont on ne trouve que peu d'exemples aujourd'hui.  Au jour le jour, dans la frugalité. Dans l'esprit d'Epicure sans le savoir, sans avoir entendu parler de Rahbi sans doute. Il s'agit pour elle, sans ostentation, de vivre avec moins, mais mieux. Aucune raison pour elle se s'en vanter, elle ne suit aucun gourou. Ce n'est même pas une ascèse. C'est un mode vie parfaitement choisi, intégré jusque dans le détail. Elle ne s'érige pas en exemple, ce qui serait présomptueux et irréaliste. Elle reste dans l'exception. Mais elle indique une voie: celle d'une prise de distance consentie avec les valeurs qui nous animent et nous agitent trop souvent: celles d'une sur-consommation sans fin, sans parvenir à nous apaiser intérieurement, au contraire. D'autant plus que les faits nous l'imposent déjà et nous l'imposeront toujours plus, si l'on veut que la nature reste notre condition de vie fondamentale, en restant des consommateurs modérés et libérés et des citoyens responsables, dans une économie repensée.                                                                         Sans chercher fébrilement le bonheur à tout prix...      __________________

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Services publics et externalisation

Publié le par Jean-Etienne ZEN

                Comment faire accomplir par d'autres ce qu'on pourrait faire par soi-même à moindre coût. Dans l'intérêt de TOUS...

           L'externalistion est devenue en France pratique courante. Avec la montée de l'influence néolibérale et sa critique des institutions étatiques. Magie a ouvert la voie dans sa critique de l'Etat et son apologie des affaires privées, des lois du marché.          La sous-traitance par l'Etat, dans des domaines de plus en plus larges,  est devenue pratique courante, dans le cadre de choix néolibéraux sous prétexte de "modernisation". La  consultocratie, par exemple, est devenue envahissante, au plus haut niveau de l'Etat, comme le montrent des exemples récents, qui ont soulevé des critiques légitimes    Un vrai scandale parfois!

 

 "Le recours à l'externalisation, soit le fait de confier à un acteur privé la réalisation de tout ou partie de l'action publique, est souvent présenté comme une façon d'adapter les services publics aux besoins et contraintes du XXIe siècle. Il ne s'agit pourtant pas d'une tendance nouvelle : le recours à des entreprises privées pour exécuter certaines missions existe dès le XVIIe siècle et a donné naissance à la riche histoire française des concessions et délégations de service public. Mais ce mouvement a connu une accélération récente, que l'on peut dater du milieu des années 1990 ; ses traductions juridiques sont désormais très variées et le recours à l'externalisation peut aujourd'hui être estimé à la somme de 160 Mds€, soit l'équivalent de la moitié du budget de l'Etat. Loin d'être anecdotique, ou cantonnée à des débats entre experts sur les modalités techniques de l'action publique, le recours désormais massif à l'externalisation soulève des questionnements qui mettent en jeu la capacité de la puissance publique à agir au quotidien ou à prendre ses décisions de manière souveraine.                                                            L'intervention du secteur privé dans les missions assumées par la puissance publique a longtemps été cantonnée à la construction des infrastructures qui nécessitait un apport important de capitaux : canaux de navigation au 17e siècle, puis chemins de fer, éclairage public ou encore alimentation en eau potable. Après l'inflexion des années 1930-1950, puis celle du début des années 1980, qui ont conduit à la nationalisation d'entreprises du secteur de l'énergie et des transports, une offensive tendant à « réformer l'Etat » en redéfinissant le périmètre respectif de l'action publique et de l'initiative privée, va conduire à imposer, à partir du milieu des années 1990, un cadre intellectuel nouveau, dans le prolongement des réformes menées au Royaume-Uni par le gouvernement de Margaret Thatcher. A travers la circulaire Juppé du 26 juillet 1995 relative à la réforme de l'Etat et des services publics, les stratégies ministérielles de réforme de 2002-2003, la révision générale des politiques publiques (RGPP) entre 2007 et 2012, la modernisation de l'action publique (MAP) sous François Hollande, ou encore le projet action publique 2022 lancé en 2018, tous les gouvernements ont poursuivi un objectif commun : réduire l'emploi public pour réduire les dépenses publiques et donc les déficits                                                                            Une externalisation en partie subie : emploi public en baisse, contraintes juridiques croissantes et évolution du contexte institutionnel Dans ce contexte d'austérité budgétaire, un certain nombre de contraintes vont imposer une pression croissante sur les opérateurs publics pour déléguer une fraction de leur activité au secteur privé.      La première de ces contraintes résulte de l'instauration du plafond d'emplois lors de l'entrée en vigueur de la loi organique relative aux finances publiques (LOLF) en 2006. Les organismes publics se voient désormais assigner, en plus de l'exigence de tenir leurs contraintes budgétaires, l'obligation de le faire sans dépasser le recrutement d'un certain nombre d'agents. Résultat : entre 2006 et 2018, la fonction publique d'Etat a perdu 180 000 agents, auxquels s'ajoutent 220 000 agents transférés des ministères vers les établissements publics de l'Etat. Ces réductions d'effectifs sans réduction des missions ont mécaniquement obligé les gestionnaires publics à trouver à l'extérieur des services publics les ressources humaines qu'ils avaient l'interdiction de recruter en interne. La même logique est à l’œuvre avec la norme dite de « fongibilité asymétrique des crédits », également entrée en vigueur avec la LOLF, qui permet de redéployer le budget du personnel vers des dépenses autres (marché public, investissement...) mais qui interdit le mouvement inverse. Ces deux mouvements conduisent à un résultat paradoxal : en compensant ces « restitutions d’emplois » par le recours à des prestataires parfois bien plus onéreux, on réduit fréquemment la qualité du service public tout en dégradant les finances publiques, comme le montrent les exemples de la Société du Grand Paris jusqu’en 2018 ou de nombre de partenariats dits « public-privé »                                                  La deuxième contrainte forte imposée aux gestionnaires publics consiste dans le développement du droit de la concurrence, dans un cadre européen. Alors que les réformes du droit de la concurrence des années 1990 avaient principalement pour objet de mettre un terme à la corruption politico-financière associée à l'attribution de marchés publics à des entreprises privées, les évolutions les plus récentes ont eu pour effet de soumettre au droit de la concurrence un nombre croissant d'acteurs, y compris publics ou semi-publics. Ainsi, dans le secteur local, de nombreuses sociétés d'économie mixte se retrouvent écartées des relations avec les autorités publiques locales, au profit d'acteurs privés, quand bien même leur action aurait permis de limiter les coûts de transaction ou d'ancrer l'action locale dans la durée.     Enfin, l'évolution du cadre institutionnel et les nouveaux terrains investis par la gestion publique ont conduit à un renforcement du recours à des prestataires privés. Ainsi, les mouvements de décentralisation de l'action publique de 2003 ou 2015, dans un contexte de démantèlement des capacités de conseil et d'accompagnement de l'Etat déconcentré, a conduit à renvoyer aux collectivités des tâches de conception des politiques publiques sans qu'elles en aient les moyens. On retrouve cet émiettement d'acteurs dans le secteur des universités (2007) et des hôpitaux (2009), cette fois sur le plan de la gestion interne autant que sur la conception des politiques publiques. Certaines politiques, où la puissance publique compense son désengagement par une activité de simple supervision, se traduisent par une sous-traitance de fait de secteurs d'activité entiers. C'est le cas par exemple de la certification : des organismes privés sont accrédités par une instance nationale pour avoir eux-mêmes le droit de délivrer des labels publics (certiphytos, agriculture biologique, qualiopi...). Prestataires publics de fait, sans pour autant disposer du moindre contrat de prestation avec la puissance publique, ces organismes certificateurs disposent d’un poids d’autant plus important que la puissance publique est dépossédée de la connaissance fine du métier.                                                                                        Un affaiblissement pérenne des savoir-faire et capacités d'action publiques. Le discours entourant le recours croissant à l’externalisation dans les services publics se pare - en théorie - de toutes les vertus de la “bonne gestion” : une meilleure qualité, une plus grande flexibilité et un coût moindre.     En pratique, l'externalisation peut fréquemment se révéler une source de surcoûts pour le secteur public : les prestations payées aux entreprises sont redevables de la TVA et du coût de la rémunération des apporteurs de capitaux, auxquels s'ajoutent généralement des coûts dits « de transfert ».  De la même façon, l’argument d’une plus grande “flexibilité” est ambivalent : les coûts de gestion des ressources humaines ne sont que déplacés vers des coûts d’agence - soit à la fois des coûts de transaction et des coûts de qualité, et surtout de réelles contraintes sont intrinsèquement associées à la rigidité des contrats.   Enfin, l’examen des fournisseurs de prestations intellectuelles aux administrations donne un regard plus mitigé sur la question d'une "plus grande diversité de compétences". Non seulement la commande publique en la matière est extrêmement concentrée (entre 2011 et 2013, dix cabinets se partageaient 40 % du volume des contrats de prestations intellectuelles au sein de l’Etat) mais les profils des consultants concernés ne se distinguent que très peu de ceux des décideurs publics : mêmes écoles voire parfois mêmes concours de la fonction publique.  Mais ce qui constitue sans doute la première des difficultés de l’externalisation aujourd’hui massive dans les services publics, c'est que le recours à des prestataires externes entraîne une perte problématique de savoir-faire de la puissance publique, incapable de mettre en œuvre de façon autonome nombre de ses politiques. C’est tout un patrimoine immatériel des services publics, de compétences métier, de savoir-faire organisationnel voire parfois de réflexion stratégique, qui est fragilisé. Le cas du récent marché conclu avec des cabinets de conseil pour mettre en œuvre la stratégie nationale de vaccination contre le Covid-19 l’illustre bien, au moment même où disposer d’une administration de la santé robuste était le plus nécessaire.                                                                                                        Face au discours récurrent du « recentrage sur le cœur de métier » des administrations, il apparaît enfin nécessaire d’interroger le “coût complet” de l’externalisation sur la société : quel bilan social du recours à des prestataires privés lorsque ces prestataires, pour comprimer les coûts au maximum, multiplient les contrats courts ou à temps très partiel ? En matière « d’externalisation par le bas », y compris dans le domaine social, le secteur du nettoyage ou de la restauration génèrent parfois de la maltraitance institutionnelle pour laquelle il n’est jamais demandé de comptes au donneur d’ordres. Or si l’Etat se prévaut de manière croissante d’une vigilance sur les clauses « sociales » ou « environnementales » de ses marchés publics, il convient de rappeler que celles-ci sont fortement contraintes, et ne peuvent être édictées que dans la mesure où elles restent « strictement en lien » avec l’objet du marché. Par ailleurs, il est difficile pour les agents de l’Etat d’effectuer une vérification systématique et rigoureuse du respect de ces clauses auprès de chaque prestataire. Historiquement précurseur dans l’amélioration des conditions de travail ou de protection sociale de ses agents, l’Etat externalisateur semble aujourd’hui avoir renoncé à tenir compte des conséquences sociales de sa sous-traitance...                                Conclusion : redonner à la puissance publique les moyens de ses missions  L'action publique se retrouve aujourd'hui dans une impasse : le recours à l'externalisation est devenu une nécessité plutôt qu'un choix stratégique, et le service public se retrouve contraint à l'émiettement, contrôlé de façon de plus en plus approximative par une puissance publique qui n'en a plus ni les moyens humains, ni le savoir-faire. Notre note propose des éléments de réponse à trois niveaux distincts mais complémentaires. Le premier consiste en un guide pour la réflexion des managers publics, au travers de cinq questions préalables à un choix stratégique d’externalisation. Le deuxième consiste en l’identification des normes dont la modification devrait être entreprise afin de pouvoir procéder à la réinternalisation progressive des fonctions les plus stratégiques parmi celles aujourd’hui sous-traitées. Le troisième questionnement s’adresse à notre société dans son ensemble : souhaitons-nous conserver la capacité à agir du service public ? Si la réponse est positive, alors il est temps de modifier les contraintes budgétaires, juridiques ou institutionnelles qui l’entravent et le poussent à confier une part toujours croissante de ses missions au secteur privé...."    [Souligné par moi.]        ___________________
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Choix de problèmes

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 *   __ British Pragmatism?

              Tant qu'il y aura du pétrole...    

                                    Et la question de la réduction?

*  __ En finir avec la pensée magique

                        Comment en sortir?

*  __ Pour une politique de l'eau                 

 

 

                             Il y a urgence

*  __ Jérusalem: vers un "ordre nouveau"

                        Le conflit s'éternise...

* __  IA en question

                            Pour le meilleur ou pour le pire.

* __ Busines Plan US

                             Des profits substantiels.

* __ Mourir au travail

                                  Au nom du profit

* __ Ukraine: numérisation importée

                            Vers un e-gouvernement?

                                                                           ______________________

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Médica-ments (suite)

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Les rois du marché

                          Pas n'importe lequel. Faire la loi dans le domaine alimentaire, pour des produits de base, en jouant sur les prix au niveau international, dans un contexte de dérégulation et de spéculation, c'est déjà un processus potentiellement discutable.       . Mais faire la pluie et le beau temps dans le domaine du médicament, parfois vitalement nécessaire, cela peut-être mortel pour les malades en attente de soins urgents, dans le domaine de l'oncologie, par exemple.  On le savait déjà, les grandes firmes pharmaceutiques, les plus rentables pour les placements financiers, visent d'abord le profit maximal, joue l'opacité et parfois la rétention de certains produits pour jouer artificiellement sur les prix.                                                                                                                            Le document produit hier soir sur Arte, le montre clairement, avec des exemple précis. On croit rêver...Les Etats n'ont que très peu de moyens d'agir sur l'énorme pouvoir financier de "Big pharma" et, malgré la capacité d'autorisation de mise sur le marché, ils n'ont pas la possibilité, même minime, de contrôler ou du moins de superviser les choix, la production et les prix de produits qui relèvent de l'intérêt général, national et international. Au plus haut point.  Des vies sont en jeu, par exemple dans le domaine de l'oncologie: ruptures d'approvisionnement, prix vertigineux, politique du silence ou chantage: le document fournit des exemples de pratiques parfois obscures ou douteuses de la part de méga-firmes qui ont pignon sur rue et qui se nourrissent le plus souvent de la recherche publique. Les profits issus de ces pénuries artificielles sont problématiques, scandaleux. Il est temps que l'OMS s'empare enfin du problème, que les Etats se mettent conjointement d'accord pour contrôler ces monstres sacrés qui font la joie des investisseurs privés.                   .            Qu'on en juge:                                                                                                                                                    "...Le phénomène est loin d’être récent. Partout dans le monde, des patients ne peuvent pas être soignés correctement parce que le traitement dont ils ont besoin n’est pas disponible, tout simplement. En Europe, ces deux dernières décennies, les pénuries de médicaments ont été multipliées par vingt. Au CHU de Rennes, où nous conduit ce documentaire notamment, on manque d’anti-inflammatoires injectables, d’anticoagulants ou encore de traitements anticancéreux. Tous les laboratoires sont concernés par les ruptures de stockLa rentabilité, évidemment, est au cœur du sujet. Et avec elle la question des brevets. Lorsqu'un brevet prend fin et avec lui le monopole d’un laboratoire, le prix baisse mécaniquement. Comment récompenser l’innovation sans pénaliser les patients ? C’est l’un des enjeux.    Autre exemple saisissant, en Espagne cette fois : les stylos injecteurs d’adrénaline. Certains patients allergiques doivent en avoir sur eux en permanence pour éviter le choc anaphylactique. Ces stylos injecteurs sont fabriqués à Madrid par ALK. Mais en 2017, ce laboratoire a cessé de les vendre en Espagne : il refusait une baisse de prix imposée par les autorités espagnoles. Résultat : à Madrid, ALK a continué de produire pour l’exportation, mais pas pour les patients espagnols. Le gouvernement est contraint d’importer de l’étranger des stylos d’adrénaline produits sur son propre sol. Complètement ubuesque.    Les laboratoires n’hésitent pas à retirer du marché des produits lorsque les Etats baissent leur prix. Cela montre à quel point la relation entre les gouvernements et les laboratoires est fragile. Les pénuries, désormais structurelles, sont parfois sciemment organisées par les laboratoires. Les « big pharma », par ailleurs, sont nombreux à avoir délocalisé leurs productions de médicaments en Inde, où les normes environnementales sont moins contraignantes. En délocalisant, les laboratoires ont fragilisé la chaine d’approvisionnement.  Comment reprendre le contrôle de l'économie du médicament? Le documentaire dessine des pistes, mais la première étape est une prise de conscience collective.."

 

                              Le problème n'est pas nouveau, mais les déplorations, les mises en garde, les signalements n'y font rien. Seule semble compter la "loi du marché", l'intérêt des actionnaires. L'inversion des valeurs règne en maître. Des questions, parfois gravissimes continuent à se poser (Que l'on pense seulement à l'affaire du Médiator). Tant que les labos auront le vent en poupe, seuls maîtres chez eux, faisant la pluie et le beau temps, au gré des valeurs de la bourse, on n'aura pas fini de parler de cette question hautement politique, c'est à dire concernant le bien commun...    ___________________

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Varia

Publié le par Jean-Etienne ZEN

__ Erreur 404

__ Bonne pioche!

__ Triste record

__ Fonds menacés

__ Chine-Afrique

__ Opération spéciale                  

 

__ Feu le JDD?

__ Implacable

__ Eolien en difficulté

__ Niger: point sensible

__ Reporters en colère

__ Bollorisation en marche

__ Vers de nouveaux étés?

__ La dernière cartouche

__ Une longue histoire d'ingérence:

                      ___L'Afrique a une histoire...         _________________________

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