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Les élites et les règles

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 Vigilance citoyenne en défaut.                                 

                                               Sans tomber dans un poujadisme simpliste, les slogans du genre "tous pourris" basés sur le ressentiment et les slogans de rue, force est de constater que régulièrement, de la part de ceux à qui le pouvoir a été confié, comme un service en notre nom, se manifeste, de manière ostentatoire ou discrète, une prétention à être au-dessus du lot et à sortir des rails qu'ils sont pourtant censés faire respecter, de manière discrète ou ostentatoire. On dira, comme un certain auteur que le pouvoir corrompt (et que le pouvoir absolu corrompt absolument). Les exemples historiques surabondent. Quand il n'y a pas une vigilance citoyenne constante et des institutions permettant efficacement de contrôler le pouvoir, comme le préconisait Montesquieu, les dérives en tous genres risquent de se manifester. Certes une démocratie parfaite n'existe pas   (et n'existera sans doute jamais, aux dires de Rousseau), mais un contrôle institutionnel neutre peut-être inventé ou renforcé pour que le pouvoir soit tenu de respecter une constitution votée démocratiquement et les hommes qui l'assument de s'en tenir à leur devoir, au service exclusif de l'intérêt général, dans la collégialité la plus transparente...                                                                                                                             Voilà pour les principes, qui restent des idéaux à tenir. Dans les faits, maintes affaires récentes montrent que les idéauxs connaissent des entorses fréquentes, comme si un élu avait des droits dépassant ceux du commun des mortels, comme si les intérêts privés devaient parfois être sa préoccupation dominante. Des exemples récents corroborent cette propension tout à fait répressible, comme celle facilitant le pantouflage où domine l'indistinction entre intérêts publics et privés sans parler des facilités et les tergiversations judiciaires dans des affaires d'Etat bien connues. En jouant sur l'ignorance et la fatigue démocratique                       "...Même lorsque la classe politique se renouvelle, ses pratiques les plus contraires à l’éthique et au droit ne cessent pas. La succession des affaires et le durcissement de l’arsenal législatif ne semblent pas encore produire d’effet dissuasif significatif..." 

 

 

               ___      "...Dans son dernier livre, L’Économie morale des élites dirigeantes (Presses de Sciences Po), notre invité Pierre Lascoumes offre une clé d’explication à cette reproduction décourageante de comportements répréhensibles. Pour le directeur de recherche émérite au CNRS, des mécanismes structurels semblables sont repérables dans le champ politique comme dans celui des milieux d’affaires – deux espaces d’ailleurs poreux entre eux.        Dans les deux cas, il observe que les élites concernées développent une conscience d’elles-mêmes, et de leur mission, qui les placerait au-dessus de la règle réservée au commun des mortels. Elles cherchent d’ailleurs à préserver ou augmenter l’étendue des procédures dérogatoires qui leur sont appliquées en cas de poursuites.      À travers plusieurs exemples, comme l’accord conclu par LVMH avec la justice concernant l’espionnage de François Ruffin, notre entretien est consacré à cet état de fait, et aux pistes pour le dépasser. À cet égard, Pierre Lascoumes insiste sur l’intérêt de la rotation des tâches à des postes de haut niveau, comme frein efficace à la routinisation de mauvaises pratiques...."   ____________________

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Immigration (re-suite)

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Feuilleton sans fin et équilibrisme

      Un débat sans vision

                                       Le Sénat durcit le ton. il revient notamment su le problème des quotas et du regroupement familial. Malgré les manoeuvres du Chef de l'Etat. L'aide médicale d'Etat revient aussi sur le tapis. L'équilibrisme continue son cours. "...Annoncé en grande pompe à l’automne 2022 par deux ministres à la fois, Gérald Darmanin (intérieur) et Olivier Dussopt (travail), ce texte, à l’origine conçu comme équilibré, contient un volet « fermeté » (expulsions facilitées) et un volet « humanité » (régularisation des sans-papiers travaillant dans des métiers en tension), le premier étant destiné à rallier les voix de la droite et le second à donner des gages à la gauche. Las. Au lieu de convaincre droite et gauche de voter le texte, cette position d’équilibriste a braqué les deux. D’un côté, le parti Les Républicains (LR) refuse de voter le texte s’il n’est pas expurgé du fameux article 3 (régularisation), au motif qu’accorder des titres de séjour pour les sans-papiers travaillant dans les secteurs en pénurie de main-d’œuvre créerait un appel d’air. De l’autre, les tenants de l’aile gauche de la majorité assurent qu’ils ne pourront voter un texte répressif dépossédé de son volet social...;"   


                                                                                                            Il y aurait les "bons" (les utiles) et ceux qu'il importerait de renvoyer... "..."...Depuis trente ans, c’est "l’ère du soupçon institutionnalisé" à l’égard de l’immigration : suspicion systématique, obsession de la lutte contre la clandestinité, du contrôle, de la fraude, refus de régularisation globale et répression accrue contre les sans-papiers, les demandeurs d’asile et criminalisation des soutiens - individus et associations - "délinquants de la solidarité" coupables d’avoir aidé des étrangers en situation irrégulière.

 

__Les rares occasions où l’immigration est abordée de façon positive, c’est uniquement lorsque celle-ci peut servir les intérêts nationaux (réponse au vieillissement de la population, apport de cerveaux étrangers, main d’œuvre spécialisée pour palier les manques dans certains secteurs...). En dehors de ces quelques exceptions, discours après discours, mesures après mesures, l’immigration est toujours présentée comme un problème et comme une menace. Dans ce cadre, les immigré(e)s sont traités comme des personnes aux droits limités, sur lesquels pèse le soupçon systématique de fraude et qui seraient en train d’envahir l’Europe en général, et plus particulièrement la France.
_Chômage, précarité, insécurité, délinquance... tous les maux ou presque seraient d’une façon ou d’une autre plus ou moins directement imputables aux immigré(e)s. Comme toujours, quand cela va mal, c’est de la faute de « l’autre ». Pour satisfaire ses ambitions électoralistes, le Ministre de l’Intérieur, bien décidé à capter une partie de l’électorat d’extrême-droite, n’hésite pas à rajouter de l’huile sur le feu en faisant siennes des formules xénophobes du Front national lorsqu’il proclame par exemple que « Quand on vit en France [...] on aime la France. Si on n’aime pas la France [...] personne ne vous oblige à rester »... propos qui n’ont rien à envier au slogan lepéniste : « La France, aimez là ou quittez là » ! Une telle approche de l’immigration est irresponsable : elle déstabilise chaque jour davantage l’ensemble des populations entières (en situation régulière ou non) ; elle engendre son lot d’abus et de bavures ; elle favorise la montée de la xénophobie, du racisme, de l’exclusion et, par réaction, les communautarismes...
_Le plus souvent la population issue de l’immigration se retrouve à travailler dans des secteurs exploités par un patronat qui ne s’embarrasse pas avec le social. Le fait que certains de ces salarié(e)s soient de plus en situation de clandestinité, ou le deviennent au gré des évolutions des lois et réglementations, place ceux-ci en totale dépendance vis-à-vis de leurs employeurs et en position extrêmement vulnérable pour faire appliquer le droit du travail. Ils ne peuvent évidemment faire respecter leurs droits en matière de conditions d’embauche, d’heures de travail, de salaire ou de représentativité... Ainsi, dans notre pays, comme partout en Europe, plusieurs centaines de milliers de salariés sont confrontées quotidiennement à la précarité, la surexploitation et le non-droit. Parce que ceux-ci sont contraints d’accepter l’inacceptable et parce qu’ils permettent de tirer vers le bas l’ensemble du salariat, les sans papiers sont indispensables pour le patronat.
_L’immigration assume un rôle de laboratoire de la flexibilité du travail et l’étranger sans titre représente pour l’employeur le travailleur idéal (pas de charges sociales, pas de contraintes réglementaires, une rémunération inférieure au SMIC...). Cette situation économique est assimilable à celle générée par une « délocalisation sur place » et s’inscrit de plein pied dans la logique libérale qui tend à imposer flexibilité et précarité à l’ensemble du salariat. Constat qui ne peut qu’interpeller toute organisation syndicale.
_Face à de telles zones de non-droit, une politique responsable passe par un renforcement des moyens de l’Inspection du travail, une réelle volonté de s’attaquer aux donneurs d’ordres (et non à leurs victimes) et plus fondamentalement par le fait que ces salariés puissent devenir des salariés comme les autres... et donc que leur situation administrative soit régularisée.
.."
Les très bons comptes de l’immigration

      Une question complexe et évolutive, certes, mais à relativiser, à mesurer, et  souvent dénaturée...    ________________________________________
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L'Allemagne: année 0

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Déjà un an...

Que fera Berlin?

                             L'incertitude est grande, après ce brassage de cartes géopolitique inattendu                  "La Russie vient de donner une rude leçon de géopolitique à l’Allemagne en lui rappelant sa vulnérabilité militaire et économique. Pour la diplomatie allemande, qui a misé sur la carte russe pendant vingt ans, l’humiliation est profonde, et le constat brutal. .... Annalena Baerbock, candidate écologiste malheureuse à la chancellerie fédérale en 2021, mais première femme à devenir ministre fédérale des affaires étrangères, n’avait pas prévu la tâche herculéenne qui l’attendrait, moins de trois mois après avoir prêté serment.« Aujourd’hui, nous nous sommes réveillés dans un autre monde », constatait-elle le 24 février, jour de l’attaque russe contre l’Ukraine et, indirectement, contre les pays de l’Otan. En ramenant la guerre au cœur du continent européen, sans craindre d’utiliser la menace nucléaire, Vladimir Poutine a détruit le rêve d’une « paix européenne » intégrant la Russie sous une forme ou une autre, un projet soutenu tout particulièrement par l’Allemagne.  Pour Berlin, la rupture et l’humiliation sont profondes. Malgré les nombreux signes avant-coureurs, l’appareil gouvernemental et diplomatique s’est révélé incapable de prévoir et de réagir à temps. Pendant vingt ans, le pays a suivi la doctrine du « changement par le commerce » (Wandel durch Handel), inspirée de l’Ostpolitik de Willy Brandt...."                                                                                                                                      .             ___Rien de rassurant dans le situation énergétique du pays.      Un tournant pour l'Allemagne: Ce n'est pas nouveau, mais cette fois-ci cela semble plus périlleux. C'est tout le système industriel qui pourrait être mis à mal. Mais les conséquences pour ses partenaires seraient aussi très problématiques. Nous vivons une période atypique, qui oblige à repenser nos choix fondamentaux, sous la double contrainte d'une guerre non anticipée et de nécessaire mise en conformité accélérée aux normes de la COP.  La question de l'énergie a une importance décisive dans ce virage imposé, pour l'instant largement improvisé. La question de la transition elle-même doit être revue à la lumière des nouvelles exigences du futur, proche ou plus lointain. 


                                            A. Merkel s'était brutalement engagée sur une voie qui semblait réaliste, jouant à fond sur les énergies renouvelables. L'accident d'Hiroshima fut le déclencheur de cette nouvelle ligne et des investissements massifs, qui faisaient apparemment de Berlin un modèle vertueux. Mais à cette époque déjà, des critiques, même internes, se levaient à l'égard de ces choix non diversifiés et à courte vue. Les "bonnes" relations de Angela et surtout de Schröder (hélas!) avec le Kremlin et ses ressources gazières permettaient d'envisager l'avenir avec une sérénité relative, pour continuer à accumuler les excédents commerciaux qui font toujours la force de la première puissance industrielle d'Europe, grâce notamment à une monnaie favorable, l'ouverture au marché chinois en plein développement et l'efficacité de son Hinterland. Certains économistes voyaient cependant déjà ce développement spectaculaire comme relativement fragile et la puissance d'Outre-Rhin comme un colosse aux pieds d'argile. Aujourd'hui les cartes sont redistribuées, vu les menaces énergétiques de l'Est. Il y va de la survie, de la pérennité du système. La crainte d'une récession s'exprime dans ce nouveau contexte politiquement improbable il y a peu encore. La situation est très compliquée, en Allemagne en particulier. Elle le sera pour un bon moment. Même si ce n'est pas la joie pour ses partenaires européens, notamment la France, notamment en souffrance avec le nucléaire.      L'Energiewende montre ses limites, vu l'urgence.                                                                                   L'unanimité actuelle risque de ne pas durer, sous la pression durable de Moscou. Les Russes sont de bons joueurs d'échecs.. La situation particulièrement complexe de Berlin n'a pas fini de hanter les nuits de Olaf. Des choix trop rapides, aux conséquences non anticipées à moyen terme peuvent avoir des conséquences redoutables. A  moins que...                ________________________

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L'allié indéfectible

Publié le par Jean-Etienne ZEN

       Les USA et l' Etat d'Israël.                                                                                                                                                         Il  a bien eu parfois quelques éclipses, mais le soutien du "parrain" n'a jamais fait défection, depuis le début à aujourd'hui. Si l'idée d'un accueil de la communauté juive sortant des camps en 1945 sur le sol américain n'a pas été vue d'un bon oeil, comme dans d'autres pays, la participation favorable et active à la création de l'Etat d'Israël s'est très vite manifestée, pour devenir vite de grands alliés, dans une optique stratégique dans un Moyen-Orient "compliqué", qui allait peu à peu devenir source de problèmes pout Washington, surtout en matière politique et énergétique.           J. Biden , marchant sur des oeufs, dans le sac de noeuds actuel, poursuit dans cette ligne, prenant toutefois quelques distances avec un régime israëlien particulier.. Les inquiétudes se font jour, notamment à cause de l'ombre de l' Iran, des souvenirs traumatisants laissés dans des guerres perdues dans quelques pays proches. et de l'évolution d'une partie de son opinion publique. Mais, malgré des réserves formelles, l'inconditionnalité du soutien de principe reste là. Comme pour J.Bush, dont l'action catastrophique dans la région favorisa finalement la montée du Hamas, comme Netanyahou plus tard, selon son aveu. 


                                                                                            ___ Mais la politique très spéciale entre les USA et Tel Aviv ne fut jamais remise en cause, à tel point que certains considérait Israël comme un porte-avion de la première puissance mondiale. "...Dans le choix de Truman venaient se combiner avec force les trois fondements de la relation future : une dimension morale qui va de la Bible aux tragédies modernes et s’incarne jusque dans l’esprit à l’évidence pionnier du mouvement sioniste ; un astucieux calcul politique qui se traduit dans un réseau d’amis juifs comme son vieux partenaire Eddie Jacobson à la mercerie d’Independence. enfin l’idée toute personnelle qu’un apport israélien à la sécurité nationale des États-Unis compenserait avec le temps les coûts en termes de stratégie. L’histoire lui donna raison. Israël que certains, à l’Ouest, décrivaient comme « une passoire pour agents soviétiques » – l’antisémitisme ici travesti en anticommunisme –, allait devenir un allié utile et important durant la guerre froide, soit la Troisième Guerre mondiale. Et il l’est redevenu aujourd’hui à l’occasion de la Quatrième, celle contre l’islam perverti en totalitarisme. Quoi qu’il en soit : la relation entre les États-Unis et Israël a toujours été « spéciale » et continuera justement de l’être parce que nul simplisme ne saurait la réduire au do ut des des intérêts ou d’une quelconque et unique raison.

 

2                                         C’est donc l’interaction entre ces trois facteurs : coopération stratégique, affinités morales et pouvoir des Juifs, qui a conféré son efficacité et sa résistance à la relation inégale entre l’« hyperpuissance » et le petit État installé sur les rivages de la Méditerranée. Chacun de ces paramètres mérite une analyse particulière, mais c’est de leur combinaison qu’est née la nécessaire dynamique du processus..."                                                                                             Même si les USA semble aujourd'hui dans la nasse, cela na remettra pas en cause les liens intéressés qui se sont tissés.  Le soutien ne faiblira pas, on peut le prévoir. Une "cécité volontaire", comme le qualifie un historien. Le soutien économique et militaire n'est pas près de s'effacer...                                                                                                                                                    Pour ce qui est de celui de l'Allemagne, l'appui est plus effacé, on en comprend les raisons historiques, qui n'excluent pas une certain aveuglement. La critique de l'Etat d'Israël en tant qu'Etat, comme de tout autre, est toujours un problème, là comme ailleurs.  ____________________

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La guerre des puces aura bien lieu

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 Nouveau pétrole d'aujourd'hui  [Brèves notes de lecture]

      Investissements gigantesques et objets de conflit industriel majeur, pour ne pas parler de leurs utilisation dans presque tous les secteurs de l'économie. Les semi-conducteurs.                             


                                                                                                                   ___..."Les semi-conducteurs sont essentiels au fonctionnement de l’économie moderne. La plupart d’entre eux sont fabriqués à Taïwan, ce qui renforce l’intérêt stratégique de l’île. Dans le combat que se mènent Chine et États-Unis, les entreprises des semi-conducteurs jouent un rôle de premier plan.   Les semi-conducteurs (chipsets)  sont le pétrole de l’ère moderne. Nous les trouvons partout depuis les smartphones et les ordinateurs aux véhicules électriques et les machines à laver en passant par les équipements des réseaux télécom. Toutes les grandes puissances industrielles font aujourd’hui de la maîtrise des chips une priorité stratégique. Il est question d’indépendance technologique, de sécurité d’approvisionnement, de résilience industrielle, et de souveraineté nationale.   Les Etats-Unis sont le leader incontesté pour la conception et le contrôle des outils de fabrication. En revanche, la fabrication est concentrée sur l’Asie du Sud Est, notamment en Corée du sud, à Taiwan et depuis quelques années en Chine qui inquiète grandement les Américains.   Il n’est nullement exagéré de dire que la compétition en la matière entre les États-Unis et la Chine constitue l’un des points de tension les plus importants.Réellement commencée en 2018 à l’initiative des USA et avec Huawei pris pour cible, la guerre des semi-conducteurs (chipsets) sino-américaine entre dans une nouvelle phase. Les deux côtés ont mis en place des stratégies différentes. Il est encore trop tôt pour dire qui sortira de cette guerre en vainqueur...."                                                                                             Taïwan est au coeur de cette lutte décisive de titan. L'Europe est à la traîne. Les USA se mobilisent à grands frais pour rattraper leur retard, à l'heure où la "mondialisation heureuse" marque le pas où semble compromise pour longtemps.?   Un enjeu majeur dans la guerre technologique mondiale...                               __________________

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Le fléau

Publié le par Jean-Etienne ZEN

                                                     Il renaît de ses cendres, plus  offensif que jamais, sous des formes diverses, pas toujours détectables pour un esprit non averti..  L'antisémitisme vient de loin, lui qu'on voit hélas! refleurir dans la rue, dans la presse, sur les ondes. Comme un virus qui resurgit périodiquement, notamment à l'occasion de crises confessionnelles ou/et politiques. Un phénomène récurrent dont on peut faire la triste histoire depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours et dont on peut analyser les ressorts et les causes, malgré son aspect largement irrationnel. C'est en lisant très jeune Alfred Memmi que j'ai découvert l'ampleur de ce problème, de cette hydre qui revient en ces temps bouleversés, lui qui sévissait sous une forme des plus barbares en 1943: "....« L’antisémitisme bat son plein parmi les Français. Si c’est cet état d’esprit qui s’impose en France après la guerre, nous sommes foutus. À moins qu’une réaction ne vienne de la France même » (Journal, 13 juin) ..."                                         Une forme de racisme, qui revient périodiquement et qui peut servir bien des intérêts, souvent inavoués, Il n'est pas toujours proclamé, érigé même comme doctrine d'Etat. Dans le cadre de la théorie du bouc émissaire, très bien décrit par A. Girard. L'antisémitisme n'est pas constant, mais on en trouve déjà des prémisses dans l'Antiquité. Un phénomène multicausal, qui trouvera son apogée dans le programme génocidaire du Reich. On peut en suivre les aspects et les vicissitudes à travers des documents maintenant abondants.                                                     Aujourd'hui, dans les circonstances tragiques que nous traversons,, les formes d'expression raciste plus ou moins informelles tendent à exploser, parfois dangereusement<;. Sans oublier le racisme anti-arabe dans certaines sphères françaises et dans l'aile d'extrême-droite du Likoud. Elles viennent des deux côtés. Les extrêmes s'attisent. la politique d'extrême-droite actuelle de Netanyahou encourage les extrêmes. et entretient la terrible confusion entre antisémitisme et critique politique (légitime) de son régime. Un véritable piège. Qui marche malheureusement trop souvent.

   Faut-il encore le répétee?  l'antisémitisme est à condamner sans ambiguïté. Sous toutes ses formes, anciennes ou contemporaines. Chez nous et ailleurs.

    C'est récurrent en France. Mais pas seulement. Certains s'obstinent à amalgamer antisémitisme et antisionisme, du moins antisémitisme et une certaine critique d'un sionisme, mis en cause par un certain nombre de Juifs eux-mêmes, qui refusent les formes prises par la politique israëlienne;  alignée plus ou moins explicitement sur les principes déjà anciens du sionisme de Herzl et de Jabotinsky.
     Le gouvernement actuel d'extrême droite de Tel Aviv ne perd pas une occasion de pratiquer l'amalgame; toute critique de la ligne Netanyaou, après Sharon surtout, dans ses rapports avec la colonisation continue de la Cisjordanie, doit selon lui être considérée comme antisémite.  Si Israël doit être reconnu de droit, dans les limites définies pas l'ONU, la volonté d'extension non dite mais effective et continue, à la faveur des conflits armés ou pas, mérite d'être contestée.
   La résolution LERM récente divise jusque dans les rangs de juifs, croyants ou pas

          "...Chez LREM, moins de la moitié du groupe a pris part au vote : 84 députés ont voté pour, 26 contre, 22 se sont abstenus. Les Républicains (LR) ont apporté 46 voix.  C’est peu de dire que la résolution de Sylvain Maillard fracture la majorité. Soutenu à bout de bras par Gilles Le Gendre, président du groupe au Palais-Bourbon, et Stanislas Guerini, délégué général du mouvement, le texte voté par les députés indique que « critiquer l’existence même d’Israël en ce qu’elle constitue une collectivité composée de citoyens juifs revient à exprimer une haine à l’égard de la communauté juive dans son ensemble ». En clair : la définition de l’antisémitisme est élargie à l’antisionisme......Le même jour, c’est une autre tribune, cette fois-ci signée par 127 intellectuels juifs, et toujours publiée dans Le Monde, que plusieurs élus de la majorité s’étaient transmise. « Nous prions l’Assemblée nationale de ne pas soutenir une résolution qui assimile à tort l’antisionisme à l’antisémitisme, affirment les signataires, avec force arguments. Ne soutenez pas une résolution qui approuve la définition politisée de l’antisémitisme par l’IHRA, d’autant plus si elle le fait sans se distancier des exemples problématiques de la définition qui concernent Israël
    Autrement dit il serait interdit de critiquer Israël, sa politique extensive et coloniale du moment, maites fois condamnée.. C'est le suggère Esther Benbassajuive laïque parlementaire. Comment sortir de ce piège?  
   L'exclusion de l'autre, sous toutes ses formes, est une valeur bien partagée. Hélas!  ______      
             Depuis des temps indéterminés.A certaines époques plus qu'à d'autres. De l'ethnocentrisme diffus au racisme institutionnel, il y a bien des degrés dans le rejet psychologique, culturel, parfois physique de l'autre.  L'antisémitisme, en particulier, ne date pas hélas! d'aujourd'hui.
   Le dénoncer sous toutes ses formes est un devoir autant moral que civique  L'affaire est entendue. Comme toutes les autres formes de racisme, qui ne se limite pas à cet aspect.
   Ses formes le plus virulentes se développent le plus souvent sur un terreau favorable, quand la peur sociale domine, souvent amplifiée par des crises diverses, exploitée parfois politiquement pour détourner des colères, des frustrations. La théorie du bouc émissaires est maintenant mieux identifiée. 
  Mais se pose la question du comment. Comment protester au mieux, collectivement, sous forme de pétitions, par exemple. Sans tomber dans les approximations, les confusions, les amalgames, la polémique discutable.
    L'Appel récents des 300, à cet égard, s'est attiré nombre de critiques, certains ayant dû signer sans avoir lu le texte ou l'ayant seulement survolé.
   Il est des démarches qui peuvent être contre-performantes et, en mélangeant le vrai au faux, se retourner contre leurs auteurs en ne jouant pas dans le sens désiré.
      Surtout quand le sujet est sensible et déclenche trop d'erreurs historiques, d'a priori, de parti-pris, de polémiques masquées.
   Des amalgames aussi, basées sur trop d'approximations et de généralisations.
   Malgré les tensions récentes très médiatisées, parfois imprudemment, il semble que, s'il y a autant de préjugés (ce qui est difficilement mesurable), les actes de racisme en France ont plutôt tendance à diminuer et à être catalogués comme tel trop rapidement, comme dans le cas très litigieux de Mme Knoll.
  Il faut rester prudent et méfiant vis à vis des chiffres qu'on fait parler trop vite, sans tenir compte du contexte.
    Sans contester les véritables dérives, qui ne sont pas que salafistes, il faut tenir compte de l'arrière-plan politique auquel certains font référence sans le dire clairement.  Il y a une prise de parti et une confusion manifeste entre une cause noble et la défense d'une politique qui l'est moins. Des officines de Netanyahou au Crif, l'amalgame est largement diffusé; la critique de la politique sioniste actuelle serait une forme moderne de l'antisémitisme. 
    Il faut rappeler que  l’antisionisme n’est pas un antisémitisme réinventé. Beaucoup de Juifs eux-mêmes, religieux ou non, savent faire la distinction, en Israël ou ailleurs, entre l'Etat actuel sans frontières définies  et colonisateur et la politique menée depuis dix ans surtout pas l'équipe actuellement au pouvoirComme disait de manière raccourcie Esther BenbassaLa thèse de l’antisémitisme a été utilisée comme une arme pour rehausser l’image d’Israël et défendre sa politique. 
   L'histoire est souvent oubliée. Un certains nombre de Juifs européens, comme Buber ou Einstein, furent opposés déjà au mouvement sioniste naissant, dans toute sa rigueur initiale.
   Qu'il soit déjà ancien, de 610 à 1492, plus récent, de1300-1800 notamment, ou cruellement moderne, l'antisémitisme est une constante épisodique en l'Europe, sur fond historique de doctrine chrétienne ostracisante. Les problèmes de la Palestine et du “rêve brisé”   comme dit Charles Enderlin sont encore vifs.
     La grande confusion risque encore de durer, alimentée par un conflit qui s'éternise, de même que des amalgames et les non-dits.
        ...Amalgame entre antisionisme et antisémitisme qui assimile la contestation de la politique coloniale et raciale d’Israël à l’égard des Palestiniens (sans oublier les discriminations à l’égard des Falachas juifs d’Ethiopie et de la récente émigration africaine, commises notamment par les courants ultra-orthodoxes) à la dite « volonté de destruction des juifs » par des mouvements extrémistes au Proche-Orient. En oubliant que l’Etat israélien s’autoproclame « Etat juif » et s’arroge le droit de parler au nom des juifs du monde entier. Amalgame dont plusieurs personnalités « hors de tout soupçon »  ont fait les frais (Maspero, Charles Enderlin et tant d’autres) lorsque l’on a cherché à les faire condamner par la justice comme antisémites ou en les empêchant de continuer à exercer leur métier. De même pour tous ceux et celles, juifs et juives, qui ont subi diffamations ou calomnies publiques comme par exemple l’ex-ambassadeur et ancien déporté Stéphane Hessel, auteur du manifeste «  Indignez-vous », Edgar Morin ou l’ancien président du CRIF, Théo Klein dés qu’ils refusèrent de cautionner inconditionnellement la politique l’Etat d’Israël. Et dernièrement, l’actrice Natalie Portman, traînée dans la boue parce qu’elle avait refusé de participer aux cérémonies du prix Genésis ne voulant soutenir ni la politique de Netanyahou ni « la violence, la corruption, les inégalités et l’abus de pouvoir ».
     Il ne faut pas pour autant négliger, dans les prisons comme dans les quartiers que la République française nomme de « non droits », la progression d’idéologies salafiste et wahhabite, qui reprennent la « théorie du complot juif », revisitée par l’extrême-droite et relayée par les réseaux sociaux. Il faut rappeler que cette même république a été sourde aux appels de travailleurs sociaux – laïques et musulmans (mais pourquoi définirait-on certains citoyens par leur appartenance religieuse ?) pour lutter contre les prêches de ces imams. Cette même république a été sourde également aux études des anthropologues et des sociologues sur la montée des mouvements religieux servant de rempart ou de colmatage socio-éducatif au retrait des services publics et des pouvoirs régaliens dans certaines périphéries paupérisées. Les attaques contre la pensée critique, appelée par le manifeste pensée de la « gauche radicale »  réduisent les analyses des phénomènes de paupérisation et de ségrégation sociale – conjugués à la montée du consumérisme et au ressentiment de ne pas être du bon côté de la fracture – à une position idéologique. Les détracteurs de la pensée critique, eux, pensent si bien qu’ils parlent d’épuration ethnique pour désigner la fuite des quartiers paupérisés vers des quartiers plus « sécurisés » et gentrifiés de certaines fractions de la population juive. Quand, dans l’Afrique du Sud post-apartheid, des fractions aisées de la population noire ont quitté les townships pour des quartiers blancs, et que les Blancs ont déserté ces mêmes quartiers a-t-on parlé d’une « épuration ethnique..?____

      Contre l’antisémitisme, avec détermination et sang-froid ______________________
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Dette: y revenir...

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Où l'on parle de la dette publique. Réalité et chantage. Des idées simples aux idées simplistes.

                  Elle revient régulièrement sur le tapis, comme le monstre du Loch Ness... Il faudrait en sortir au plus vite, même contre les dires de certains économistes médiatiques, qui font mine de faire le parallèle entre publique et dette privée, contre tout bon sens. Y aurait-il danger pour les comptes de la nation? Il faudrait demander aux USA ou au Japon, qui sont bien plus endettés que nous, sans que cela les soucie. Les accents de dramatisation souvent entendus, souvent relayés par une presse bêlante demandent à être interrogés, si on fait une petite analyse au dessus des pâquerettes, pas toujours facile, certes, mais nécessaires. Les question monétaires ne sont pas toujours simples à comprendre, c'est parfois contre-intuitif, mais on peut arriver à en percer certaines arcanes. Au lieu de suivre les opinions dites de "bon sens", on peut entre dans les nuances.                                                                                                                                           Il faut cesser d'être obsédé par la dette d'Etat, même su elle peut poser parfois problème         Tout dépend de quoi on parle. Dette publique, dette d'Etat ou dette privée? L'une et l'autre sont souvent confondues, même dans le langage politique, qui vise souvent à contraindre les citoyens à plus de rigueur dans certaines circonstances.  Elle nous est présentée comme un problème, voire comme un fardeau et un risque. comme si la dette publique avait quelque chose à voir avec la dette privée. Les amalgames sont faciles mais trompeurs. Souvent un épouvantail commode. Comme disait Raffarin:  « Moi, j’ai des idées simples (…) c’est de la bonne gestion de père de famille, c’est cela qu’il faut faire. Moi je suis tout à fait favorable à ce que nous puissions, très rapidement, réduire les déficits". Cette référence aux « règles de bon père de famille » a été reprise par Sarkozy lors de la discussion du budget 2005. Pourtant, ce raisonnement apparemment irréfutable est un tissu d’absurdités et de contresens.( M.Husson) La dette n'est pas le problème que l'on croit....

 

 

                   "La dette publique, c'est mal" a tout du conte pour enfant. Elle mobilise des affects de peur et elle les résout dans des questions de morale, ...Les annuler?      Il faut avoir en tête quelques chiffre:  Japon : dette publique de 242,3 % du PIB _   2- Grèce : dette publique de 174 % du P  _ 3- Italie : dette publique de 133,1 % du PIB   _ 4- Portugal : dette publique de 125,3 % du PIB  _ 5- Irlande : dette publique de 121 % du PIB _  6- Etats-Unis : 107,3 % du PIB. _ 7- Espagne : 99,1 % du PIB.  _ 8- Royaume-Uni : 95,3 % du PIB._ 9- France : 94,8 % du PIB.     La France se situe dans la moyenne des pays européens.   Malgré ses excédents commerciaux,    L'Allemagne ne se prive pas, dans la crise actuelle, de se présenter en modèle pour le reste des pays européens dans la gestion de sa dette publique. Et pourtantDans une étude publiée en février et reprise mardi dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung,, deux économistes, Lars Feld et Ekkehard Köhler, montrent que le niveau de la dette allemande n'est historiquement pas soutenable.     En établissant un comparatif depuis 1850, soit 21 ans avant l'unification allemande, l'étude montre que le niveau actuel de la dette publique allemande, 82 % du PIB, est le plus élevé en temps de paix si l'on exclut l'année 1923 marquée par l'hyperinflation. Jusqu'au début des années 2000, le plus haut historique touché par la dette allemande en temps de paix avait été de 60 % du PIB. "Record" atteint à trois reprises : deux fois sous l'empire en 1892 et en 1909, puis, après la réunification à la fin des années 1990.                           _____Il y a dettes et dettes. Il y a des dettes ruineuses et des dettes productives, dans le cadre d'investissements positifs, source d'enrichissements. Il y a la dette privée, qu'il vaut mieux rembourser au cours d'un vie, et la dette publique, celle d'Etats, qui ne peuvent mourir et qui peuvent "rouler" une dette dans un temps très long et qui a été souvent effacée, par décision politique, comme celle de l'Allemagne en 1953, comme celle que décida Nabuchodonosor en son temps.         Il y a la dette "coupable", celle engendrée pas des dirigeants irresponsables, souvent non élus, et il y a la dette des pays écrasés économiquement par des investisseurs ou des puissances qui les saignent, ou le peuple n'est en rien responsable.       Bref, la dette a de multiples sens et la dette d'une personne ruinée par sa faute ou par la maladie n'a rien à voir avec la dette de pays super endettés comme le Japon, qui la supporte facilement, car non dépendant des marchés financiers. Si la dette de notre pays a monté en flèche, alors qu' elle restait dans les "normes", c'est après la crise financière de 2008, où les Etats n'ont pu faire autre chose que de renflouer les banques, après leurs errements, leurs fautes et leur laxisme, elles qui aiment les dettes...mais surtout les intérêts.                                Pour ce qui est de la dette -Covid, qui s'accumule en vertu de choix politiques où le "quoi qu'il en coûte" est devenu une règle, le débat actuel est flou et parfois contradictoire, amenant les économistes à se contredire parfois en se projetant dans un avenir qui ne peut tenir que du pari dans une large mesure. Il y a la position ultra-orthodoxe-libérale de     Mme Lagarde qui défend  ses principes au nom de Article 123, découlant des accords de Maastricht, pourtant rejeté par certains membres de l'UE: c'est interdit, y faut... y a qu'à...Il y a la position un peu moins rigide de Lemaire, qui mise sur une reprise économique vigoureuse pour effacer une dette  dont le remboursement peut-être repoussé sur plusieurs dizaines d'années, les taux négatifs actuels de remboursement étant exceptionnellement avantageux.  Le débat est en fait assez " lunaire", car nous sommes dans un temps suspendu, sans vision de l'avenir et les économistes de premier plan sont souvent en désaccord.     Dans les temps de reconstruction, comme après les guerres, les dettes massives s'imposent et débouchent sur la croissance, permettant un remboursement parfois rapide, si le pays a la  maîtrise de sa monnaie. La question est là.                         ___ Le débat revient sur le tapis (*). Il faut sortir de la culpabilité associée depuis longtemps à la dette, comme l'a bien montré Graeber, qui en retrace la longue histoire.      Il faut une nouvelle gouvernance européenne, comme le préconisent certains, même si la BCE a une politique monétaire plutôt favorable pour l'instant. Un certains nombre de tabous doivent sauter.  Il y a des alternatives. Les "bonnes" et vertueuses intentions peuvent être lourdes de conséquences négatives. Si nous avions encore la maîtrise de notre monnaie, un peu d'inflation, une orientation intelligente de l'épargne, une mise à contribution des grosses fortunes à la Roosevelt pourraient vite produire des effets positifs. .. Nous sommes déjà sortis de plus grands désastres....      

         ________________(*)  Michel Rocard: en son temps avait bien montré que de 1901 à 1973 la Banque de France a financé l’État sans intérêt. Si c’était encore le cas, notre dette serait 17% du PIB        Comme l'énonce Anne-Laure Delatte, "Il faudrait commencer par restructurer les dettes publiques des pays de la zone euro où elles pèsent le plus (au moins celles de la Grèce, de l’Italie et du Portugal). Retarder les échéances de remboursement des dettes donnerait de l’air aux finances publiques. Ensuite, il sera difficile de stabiliser la zone sans mettre en place des mécanismes de transfert automatiques et permanents entre les États. C’est ce qui existe entre les États américains, pourquoi pas dans la zone euro ? L’Union budgétaire a longtemps été un sujet tabou en Europe mais, en janvier dernier, le Trésor français a fait un pas en recommandant un budget commun européen pour financer l’investissement public et rendre ces transferts possibles. Cela impliquerait de lever un impôt européen et d’accroître le pouvoir de contrôle du Parlement européen.            Bref, deux routes bien distinctes se présentent à nous : soit un retour au franc dont on espère un gain de compétitivité, mais avec des effets très déstabilisants sur la dette des entreprises et une autonomie très relative de la politique économique ; soit on conserve l’euro, mais alors il faut achever le projet et donner une dimension politique à la monnaie européenne. Ces deux options ont le mérite d’être claires.

            Le problème est donc plus politique que purement économique et il n'y a pas que la dette grecque, finalement assez mineure par rapport au budget européen.___ Point de vue-débat: La dette en héritage___.

                         ____Le problème de la dette publique , au centre de l'Europe, fait  rarement l'objet d'une analyse sérieuse et historique
_"L'endettement public et la dette publique proprement dite ont un passé très riche, très haut en couleurs, et qui pourrait être plein d’enseignements. Ils sont étudiés, certes, mais pour eux-mêmes, de façon érudite, ce qui est légitime ..., mais sans beaucoup d’efforts comparatifs..".
     _Le débat est dans une large mesure confisqué ou dénaturé, réduisant souvent  l’État social à un fardeau improductif reporté de génération en génération...
    La dette est devenue un épouvantail commode.   
En ces temps actuels de crise, le passé du continent s'estompe, de même que les raisons qui avaient conduit Jean Monnet ou Alcide de Gasperi à créer l'Europe. Les responsables semblent ne réagir qu'en financiers préoccupés de leur pré carré, soucieux de gagner du temps, alors qu'on les attend en politiques, visionnaires et Européens..."....___________
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Petit tour d'horizon

Publié le par Jean-Etienne ZEN

__ Le retour

__ Equilibrisme

__ Inuiétant

__ On brade                 

 

__ Quick Cummerce

__ Plaie mémorielle

__ Allemagne: morosité

__ AME en question

__ Musk ose tout

__ Echec stratégique

__ Banquier hors-norme

__ L'homme qui monte

__ Le jour d'après

__ Crise du logement.

__ Armée contre Bibi

__Vers un euro numérique?

___________________Revue de presse.  ____________

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Ordre néolibéral en recul?

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 En débat  [Notes de lecture et interrogations]

      C'est la question qu'on peut se poser en l'état actuel de son développement. Après une série de crises, la perspective de nouvelles, financières ou productives, les dérives des Etats inféodés dans son sillage, les problèmes climatiques que ses excès amplifient, les inégalités phénoménales au niveau mondial, la sacralisation des marchés aux dépends des ressources vitales et des revenus, la course à la compétition effrénée au profit sans régulation, le déclin de la "mondialisation heureuse"....

      Point de vue et hypothèses: "....Un mouvement apolitique devient un ordre politique lorsque ses prémisses commencent à sembler inéluctables. Dans les années 1950, les Républicains ont plié face à la réalité politique et ont soutenu les programmes de protection sociale du New Deal ; dans les années 1990, les Démocrates ont soutenu le zèle dérégulateur de Ronald Reagan.    Mais comme l’historien Gary Gerstle l’affirme dans son nouveau livre, The Rise and Fall of the Neoliberal Order : America and the World in the Free Market Era (Montée en puissance et déclin de l’ordre néolibéral : l’Amérique et le monde à l’ère du marché libre, livre non traduit en français), aucun ordre politique n’est à l’abri du pouvoir déstabilisant des crises économiques.        Pour Gerstle, la stagflation [Situation d’une économie qui souffre simultanément d’une croissance économique faible ou nulle et d’une forte inflation. Cette situation est souvent accompagnée d’un taux de chômage élevé, contredisant ainsi les conclusions du keynésianisme et de son carré magique de Kaldor, NdT] des années 1970 a sapé l’ordre du New Deal tout comme la Grande Dépression avait contribué à le faire naître. Et aujourd’hui, dans l’ombre de la Grande Récession de 2008-9, avec une inflation qui s’emballe et une pandémie qui continue de se répandre partout dans le monde, l’ordre néolibéral semble vaciller. Que pourrait-il donc arriver ensuite ?  Jen Pan a posé cette question à Gerstle et à beaucoup d’autres dans une émission récente du Jacobin Show, en série sur YouTube et en podcast. Lors de leur conversation, qui a été éditée pour plus de clarté et pour des questions de longueur, Pan et Gerstle se demandent en quoi Donald Trump et Bernie Sanders sont des symptômes, l’un de droite, l’autre de gauche de la débâcle néolibérale, de quelle manière la Nouvelle Gauche a involontairement contribué à la montée du néolibéralisme, et pourquoi selon lui, « le capitalisme n’est pas aux commandes » en cette période tumultueuse.       J. C. Pan : Quand vous parlez d’un ordre politique, vous avez quelque chose de très spécifique en tête . Qu’est-ce qui distingue un ordre politique de, disons, un mouvement politique ou une idéologie politique ? Et quels ont été les principaux ordres politiques aux États-Unis ?

 

 

Gary Gerstle : Un ordre politique est une constellation d’institutions soutenues par un parti politique, impliquant des réseaux de décideurs et de gens cherchant à définir ce qu’est le bien vivre en Amérique. Il s’agit en politique d’une structure qui permet à un mouvement de gagner en autorité et en pouvoir pendant une longue période de temps.      Lorsque Steve Fraser et moi-même avons écrit au sujet de l’ordre du New Deal, qui a vu le jour dans les années 1930 et 1940 et s’est effondré dans les années 1960 et 1970, nous avons fait valoir que pour un ordre politique, un test clé consiste à savoir s’il peut contraindre le parti antagoniste, en l’occurrence ici le parti républicain, à jouer selon les règles du parti démocrate. En d’autres termes, certaines croyances fondamentales deviennent si profondément établies, si hégémoniques, qu’elles définissent le terrain de jeu. Ainsi, lorsqu’un président républicain a été élu pour la première fois en vingt ans en 1952, la grande question était de savoir s’il allait détricoter le New Deal. Il ne l’a pas fait ; il a préservé les principaux piliers du New Deal, notamment les droits des travailleurs, la sécurité sociale et un impôt progressif sur les revenus pouvant aller au-delà de 90 % pour les plus riches.                                        Qu’est-ce qui oblige un parti d’opposition à se plier aux règles du parti dominant ? La réponse est : un ordre politique. Tout le monde en Amérique n’est pas obligé d’user de ce langage — mais si vous voulez être élu, si vous voulez avoir une influence politique au sein de la structure dominante de la politique aux États-Unis, alors il vous faut le parler.              En fait, le signe que l’autorité autrefois exercée par un ordre politique se désintègre se constate lorsque des voix autrefois cantonnées à la périphérie deviennent des voix dominantes.        L’ordre néolibéral est né avec le parti républicain dans les années 1970 et 1980. Selon moi, il est devenu un ordre lorsque Bill Clinton, dans les années 1990, y a entraîné le parti démocrate. Clinton a sans doute fait plus que [Ronald] Reagan lui-même pour promouvoir les principes de l’ordre néolibéral : volonté de déréglementation, glorification de la mondialisation et l’idée qu’il devrait y avoir des marchés libres partout. C’est cela qui indique que la mouvance politique du néolibéralisme est parvenue à s’établir en tant qu’ordre, avec le pouvoir de définir le terrain de la politique américaine.   Actuellement nous sommes en train de vivre ce que je considère être la fin de l’ordre néolibéral. Cela ne veut pas dire que la philosophie du néolibéralisme va disparaître. Après tout, la sécurité sociale existe toujours, mais pas l’ordre du New Deal. Des éléments de la pensée néolibérale continueront cependant pendant encore longtemps à imprégner la vie américaine.   Mais l’ordre néolibéral n’a plus le pouvoir de contraindre au consentement, de contraindre au ralliement, de définir les paramètres de la politique américaine. Jacobin n’aurait pas l’influence qu’il a s’il avait émergé en 1995 ou 1996. Bernie Sanders était un acteur totalement insignifiant de la politique américaine dans les années 1990 et la première décennie du XXIe siècle, et voilà que tout d’un coup ses idées comptent beaucoup. Trump est également la preuve du déclin de l’ordre néolibéral. Dans les années 1990, il était lui aussi un président inimaginable.  En fait, le signe que l’autorité autrefois exercée par un ordre politique se désintègre se constate lorsque des voix autrefois cantonnées à la périphérie deviennent des voix dominantes.

J. C. Pan : Je veux rester sur cette question du passage de la frange vers le centre, car cela aussi fait partie de l’histoire du néolibéralisme. Quelles étaient les conditions politiques et économiques qui ont permis aux idées de gens comme Milton Friedman de passer de la marginalité à la majorité ?___Gary Gerstle : Je suis fasciné par ces moments où des idées que l’on croyait reléguées à la périphérie pour toujours se libèrent et deviennent soudain très importantes dans le discours politique dominant. Dans la politique américaine des XXe et XXIe siècles, ces idées s’échappent généralement de la périphérie et entrent dans le courant dominant à cause d’une crise économique majeure.    Si on remonte aux années 1930, c’est la Grande Dépression qui a permis aux penseurs et aux politiciens du New Deal de s’imposer en tant que discours dominant. La récession des années 1970 n’a pas été aussi extrême que la Grande Dépression, mais la souffrance économique était réelle et intense ; un monde qui avait plutôt bien fonctionné montrait, en termes économiques, des signes d’effondrement.   Je situerais les origines des nouveaux ordres économiques à ces moments de crise économique.  La boîte à outils keynésienne qui avait tant fait pour gérer le capitalisme — pour le garder en vie tout en prenant en compte le bien public — ne fonctionnait plus. Quelque chose qui n’était pas censé se produire s’est produit : la stagflation. (L’inflation n’était pas supposée croître en même temps que le chômage ; les deux étaient censés fonctionner en rapport inverse l’un de l’autre). Une crise pour laquelle n’existait pas de solution facile a submergé le monde industrialisé. Ce moment précis de crise économique a permis à des idées bien articulées mais marginales de se faire entendre.    La crise de l’ordre néolibéral s’est produite dans le sillage de la grande récession de 2008-9, et c’est également cela qui a permis à des idées qui étaient restées marginales de s’imposer dans le courant dominant avec beaucoup de vigueur. Je situerais les origines des nouveaux ordres économiques à ces moments de crise économique.

J. C. Pan : Vous soulignez que le néolibéralisme n’est pas seulement un nouveau type de conservatisme. En fait, vous affirmez que les idées de la Nouvelle Gauche et même des figures anti-establishment comme Ralph Nader ont contribué à légitimer l’ordre néolibéral. Comment des valeurs que nous associons aujourd’hui à des attitudes dites progressistes — cosmopolitisme, multiculturalisme et libération personnelle — sont-elles devenues si centrales dans l’ordre néolibéral ? ___Gary Gerstle : Ce point est sujet à controverse ; on m’a déjà opposé quelques objections, et je m’attends à ce qu’il y en ait d’autres. Je dis cela en tant que membre de la Nouvelle Gauche du début des années 1970.     Je ne considère pas uniquement le néolibéralisme comme un moyen pour les élites d’enchaîner les masses et de saper leurs droits démocratiques. C’est certainement un élément du néolibéralisme — privilégier la propriété, en particulier le capital, plus que toute autre considération. Mais à mon avis, si nous voulons comprendre pourquoi ces idées sont devenues populaires aux États-Unis, nous devons également voir comment les idées néolibérales ont pu se greffer aux idées libérales traditionnelles du XVIIIe et du début du XIXe siècle, aux idées de liberté et d’émancipation.     Ces libéraux classiques croyaient sincèrement en un type de liberté dont ils ne soupçonnaient pas l’existence. Ils voyaient un monde écrasé par les monarchies, les aristocraties et les élites, où les gens ordinaires n’avaient aucune chance. Ils ont porté un message d’émancipation : il s’agissait de renverser les aristocraties et les monarchies, libérer le talent de l’individu de toute contrainte et permettre aux gens de travailler dur et d’être récompensés pour cela.     Ce n’est pas une conception erronée de la liberté ; c’est une notion de liberté profondément attrayante. Et elle est profondément ancrée dans la pensée et la mythologie de la vie américaine, associée à la révolution américaine du XVIIIe siècle, qui faisait partie de ce mouvement visant à renverser l’aristocratie et la monarchie. Ce rêve appartenant au libéralisme classique s’est avéré très efficace pour libérer les forces du capitalisme aux États-Unis et en Europe. À la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, de nouvelles voix ont commencé à surgir, se faisant appeler socialistes et communistes, et disant : « Hé, attendez une minute, la liberté que le libéralisme classique offre est une liberté contrefaite ; elle permet simplement au capitalisme de se libérer et privilégie les élites capitalistes ». ...      ___________________

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Europe (encore) sur la sellette

Publié le par Jean-Etienne ZEN

       Questions et hypothèses. Nouvelle donne.                                                                                                                                                                 On reparle d'un nouvel élargissement. Comme si la gestion actuelle d'une entité aussi hétérogène ne posait déjà pas assez de problèmes, économiques et surtout politiques. Surtout à l'heure des retours de souveraineté. Il y  a comme un retour de balancier, à l'heure où la "mondialisation heureuse" est remise en question, où des conflits imprévus minent les solidarités et introduit des clivages nouveaux. La situation économique de l'Allemagne n'incite pas à l'optimisme. Elle tend à faire  cavalier seul, Ce qui n'est bon pour personne; il n'y a pas lieu de s'en réjouir                                                                                                                                        Certains sont très pessimistes sur l'avenir d'une entité qui bat de l'aile. Les crises de nerfs se multiplient. Une révision s'impose en tout cas. Des promesses n'ont pas été tenues. Certains, qui y croyaient, pestent contre ses infidélités et ses défaillances. Le fédéralisme, en tous cas, est bien mort.                       Cette vieille idée prometteuse a-t-elle encore une chance, après tant de propos sans objet ou de timides tentatives inabouties?

    On peut en douter  à l'heure où l'idéal européen des pionniers a du plomb dans l'aile, où les intérêts se déchirent, ou les alliances se délitent, où beaucoup d'Etat n'ont pas la moindre velléité de rompre avec l'OTAN et les intérêts géostratégiques des USA.
    A l'heure où Macron tente de nouvelles relances, ce projet est-il encore crédible, tant que de profondes transformations ne sont pas visibles au niveau des pays, unis surtout comme un marché aux intérêts peu convergents?
    Un improbable consensus.
         Ou ,dit plus sévèrement et plus explicitement:
                                     ...L’échec de la communauté européenne de défense (CED) : une idée française rejetée par la France...En été 1950, pressé par la menace communiste concrétisée par le déclenchement en juin de la guerre de Corée, Jean Monnet, commissaire général du Plan français et inspirateur du plan Schuman, envisage d’organiser la défense de l’Europe dans un cadre supranational comparable à celui contenu dans la proposition Schuman. Dans le même temps, les États-Unis demandent à leurs alliés de préparer le réarmement de la RFA. Jean Monnet présente son projet à René Pleven, président du Conseil français et ancien ministre de la Défense, qui le soumet à l’Assemblée nationale le 24 octobre 1950. Le projet envisage la mise en place d’une armée européenne permettant d’intégrer les futures unités allemandes dans un ensemble placé sous une autorité européenne unique, militaire et politique. Ce projet suscite de très vifs débats en France. Accepté par la plupart des États occidentaux, le projet de Communauté européenne de défense (CED) est rejeté en août 1954 par l’Assemblée nationale française. Finalement, le refus de l’Assemblée nationale française de ratifier le traité instituant la CED entraîne également automatiquement l’abandon du projet de Communauté politique européenne dont il est le corollaire institutionnel. La consternation est générale en Europe occidentale et aux États-Unis. La France, qui s’était fait le champion de la cause européenne depuis plusieurs années, est sérieusement discréditée par cet abandon. La déception est immense et appelle une réaction rapide3
             Dès l’automne 1954, au lendemain du rejet par les parlementaires français de la Communauté européenne de défense (CED), certains dirigeants des pays du Benelux s’appliquent à relancer un projet communautaire qui propose des solutions aux problèmes spécifiques de l’intégration économique. Traumatisés par l’échec de la CED, ils refusent de laisser l’unification européenne s’enliser. Négociés à Val Duchesse depuis juin 1956 au sein de la conférence intergouvernementale pour le Marché commun et l’Euratom, les traités instituant la Communauté économique européenne (CEE) et la Communauté européenne de l’énergie atomique (CEEA) sont signés le 25 mars 1957 par les représentants des six pays membres de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), respectivement la République fédérale d’Allemagne (RFA), la Belgique, la France, l’Italie, le Luxembourg et les Pays-Bas. Ainsi débute l’aventure de la Communauté économique européenne (CEE) qui se transformera en Union européenne (UE) le 1er novembre 1993 après la ratification du traité de Maastricht (il prévoit l’union économique et monétaire, grâce à une monnaie unique européenne qui sera ultérieurement appelée l’euro). De Six membres, elle passe en 2018 à 28 membres, 27 après le départ du Royaume-Uni.
   Rappelons les institutions mises en place sur les questions de défense au lendemain de la Seconde Guerre mondiale ! Elles expliquent, en grande partie, la problématique actuelle.   Le Traité de collaboration en matière économique, sociale et culturelle et de légitime défense collective, signé à Bruxelles le 17 mars 1948 par la France, le Royaume-Uni, la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg. Il entre en vigueur le 25 août 1948. Bien que ce traité ne prévoie qu’une « coopération » entre les parties contractantes « qui s’exercera notamment par le Conseil Consultatif prévu à l’article 7 » et qu’il ne stipule pas la création d’une organisation internationale, dans les faits, l’organisation issue du traité sera appelée « Organisation du traité de Bruxelles » ou « Union occidentale ». Elle se transformera plus tard en « Union de l’Europe occidentale » (UEO)4 et sera définitivement absorbée par l’Union européenne. De profundis !
    Plus important dans le domaine de la défense européenne est ce qui se passe Outre-Atlantique. Le 4 avril 1949, douze ministres des Affaires étrangères signent à Washington le traité instituant l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN). Aux Cinq du pacte de Bruxelles (pays du Benelux, France et Grande-Bretagne) s’ajoutent les États-Unis, le Canada, le Danemark, l’Islande, l’Italie, la Norvège et le Portugal. En réalité, l’explosion, en septembre 1949, de la première bombe atomique soviétique et le déclenchement, en juin 1950, de la guerre de Corée ont accéléré la mise en place de la structure militaire intégrée de l’OTAN. Après la chute du mur de Berlin, l’OTAN va absorber les anciens État membres du Pacte de Varsovie, à l’exception de l’ex-URSS avec laquelle est mise en place un organe de consultation qui a pour nom Conseil OTAN-Russie (COR). L’Alliance atlantique comporte 28 États membres, le Monténégro l’ayant rejoint en 2017.
     A partir de 1998, avec le sommet franco-britannique de Saint-Malo, pour sa part, l’Union européenne a engagé le processus d’élaboration d’une politique européenne de sécurité et de défense. Moteur de cette évolution avec pour objectif la création d’une véritable Europe de la Défense, la France s’emploie à promouvoir un rôle accru de l’Union européenne dans le domaine de la défense et à appuyer le développement de la politique de sécurité et de défense commune (PSDC, depuis 2007), qui, en pleine cohérence avec les autres instruments européens d’action extérieure, apporte une réelle valeur ajoutée à la gestion des crises5.
    Les objectifs de la PSDC sont définis par l’article 42 du traité sur l’Union européenne (TUE). Celui-ci stipule que l’UE peut avoir recours à des moyens civils et militaires en dehors de l’Union « afin d’assurer le maintien de la paix, la prévention des conflits et le renforcement de la sécurité internationale conformément aux principes de la charte des Nations unies ». Sans remettre en cause le caractère spécifique des politiques de sécurité et de défense de chaque État membre (notamment dans le cadre de l’OTAN dont 22 des 28 pays de l’Union sont membres), la PSDC poursuit également l’objectif, à terme, d’une défense commune (art. 42 TUE). Plusieurs structures permanentes participent à la PSDC : constitué de représentants des États, le Comité politique et de sécurité (COPS) exerce, sous l’autorité du Conseil et du Haut-représentant, le contrôle politique et la direction stratégique des opérations de gestion des crises. Il reçoit des conseils et des recommandations du Comité militaire de l’UE (CMUE). L’État-major militaire de l’UE (EMUE) planifie, exécute et met en œuvre les décisions. La capacité civile de planification et de conduite (CPCC) assure la direction des opérations civiles. Enfin l’Agence européenne de défense (AED) vise à améliorer les capacités militaires des États membres. 
                   Voici pour la théorie. Qu’en est-il de la pratique depuis la fin du siècle dernier à l’année 2018 ? Le moins que l’on puisse dire est que le fossé est abyssal entre la parole et les actes si tant est que les intentions des uns et des autres aient identiques.
    Si la problématique de la mise en place d’une authentique défense européenne relève encore aujourd’hui du vœu pieu, c’est qu’elle est toujours l’otage d’un désaccord intellectuel récurrent et d’une absence de volonté politique d’une immense majorité des 27/28.
    « On connaît dans les grandes cours, un autre moyen de se grandir, c’est de se courber » nous rappelle utilement ce grand maître de la diplomatie française que fut Talleyrand ! Et, c’est justement de cela dont il s’agit lorsque l’on parle de « défense européenne », vocable générique destiné à désigner la volonté (ou l’absence de volonté) des Européens de concevoir leur défense de manière autonome, souveraine, indépendante de celle de l’OTAN, dominée par les États-Unis. D’abord, tous nos partenaires récusent, depuis le départ de la construction européenne, l’idée purement française d’une « Europe puissance ». Le général de Gaulle parlait d’une « Europe européenne », ce qui en creux signifiait une Europe indépendante des États-Unis, y compris dans le domaine de la défense. Faute d’écho de ses partenaires, il en a tiré les conclusions qui s’imposaient pour la France : développement d’une force de dissuasion nucléaire et retrait de la structure militaire intégrée de l’OTAN en 1966. Ensuite, nos partenaires ont toujours considéré le principe même d’une défense européenne comme n’allant pas de soi, pour ne pas dire qu’ils y étaient purement et simplement opposés. La raison est simple : l’OTAN (en d’autres termes les Américains) leur fournit une assurance tout-risque peu onéreuse alors qu’une défense européenne ne serait qu’une simple assurance au tiers peu efficace et très dispendieuse. Sous-jacente est l’idée qu’il ne faudrait surtout pas fâcher l’Oncle Sam, très à cheval sur la question. En un mot comme en cent, la défense de l’Europe est du ressort des Américains et certainement pas des Européens. Ce qui signifie le rejet d’une Europe puissance et indépendante à la française au profit d’une Europe grand marché et soumise aux caprices de Washington6. Tel est le défi insurmontable de la France à Bruxelles lorsqu’elle met et remet sur la table son projet de défense européenne non subordonnée à l’OTAN, faire boire un âne qui n’a pas soif !7 Un remake du mythe de Sisyphe8. Nous en avons des exemples quotidiennement avec les rebuffades qu’essuie Emmanuel Macron avec son projet de refondation de l’Europe (Cf. son discours lyrique de la Sorbonne), en général et avec son projet « d’armée européenne » (Cf. sa déclaration sur Europe 1 du 6 novembre 2018) en particulier. Le problème se corse encore plus lorsque fait défaut au sein de l’équipe Europe le désir de jouer collectif, l’affectio societatis9.
      « Le volontarisme en diplomatie comme en d’autres domaines est efficace étant bien entendu que les objectifs sont clairement définis et que tous les moyens pour y parvenir sont mobilisés »10. Il va sans dire, mais cela va mieux en le disant, que le volontarisme, la pugnacité de tous les présidents de la République française pour faire avancer leur double projet d’une Europe puissance et son corollaire, une défense européenne s’est heurtée et se heurte toujours au mieux à un mur d’incompréhension, au pire à un rejet pur et simple. La seule exception tient aux actions dites de développement des « capacités civiles » (le mou à l’Europe et le dur à l’OTAN) et de quelques « capacités militaires » (amélioration de la projection des forces en opération, renforcement de l’information et du renseignement spatial, de la protection des forces et de leurs moyens et de leur efficacité en opération, de l’interopérabilité)11. Mais, il y a pire avec la pire décision prise par Nicolas Sarkozy en 2007 pour la crédibilité de la France sur la question de la défense européenne.
    En effet, il faudra attendre l’arrivée au pouvoir en 2007 pour que « Sarko l’américain » brise le tabou en reprenant en 2009 le chemin perdu du Saint des Saints en se rangeant sous la coupe du Pentagone. Les Américains décident, les Français exécutent comme des idiots utiles. En échange, nous recevons un commandement à Norfolk en Virginie (SACT ou Commandement Suprême Allié de la Transformation). Tout est bien qui finit bien pour la France ! Le président de la République multiplie les attentions à l’endroit de ses interlocuteurs américains. Mais, contrairement à ce qu’il escomptait (ceci ne relevait-il pas de la vulgaire farce ?), les Américains et autres Britanniques ne font pas le moindre pas en direction de la politique européenne de sécurité et de défense. L’argument est imparable en période de restrictions budgétaires, pourquoi faire mal au Berlaymont ce que l’on fait parfaitement à Evere !
    C’est le règne du circulez, il n’y a rien à voir. Quant à François Hollande qui avait critiqué la décision de Nicolas Sarkozy alors qu’il était le chef de l’opposition, il n’y trouve rien à redire dès qu’il prend ses fonctions à l’Élysée. Il fait même rédiger un rapport par Hubert Védrine qui souligne les inconvénients d’un nouveau départ de la structure intégrée12.      Tout est bien qui finit bien. Jupiter écrase la main de Donald Trump mais essuie ses avanies successives sur les questions de défense européenne, y compris à l’occasion des cérémonies commémoratives du centième anniversaire de la fin de la Première Guerre mondiale.  C’est dans ce contexte qu’il convient de replacer le débat (même si le mot est un peu fort) sur la défense européenne relancé à plusieurs reprises par le président de la République, Emmanuel Macron, y compris à travers son idée récente – peu populaire à Washington – d’une « armée européenne ».
      Au tropisme jupitérien d’une défense européenne indépendante pouvant aller jusqu’à la constitution d’une « armée européenne », s’oppose toujours celui des autres Européens – avec quelques légères nuances pour l’Allemagne – d’une défense européenne reposant sur une armée américaine.
    La formule un peu abrupte d’Emmanuel Macron (« Nous devons nous protéger à l’égard de la Chine, de la Russie et même des États-Unis d’Amérique », précitée du 6 novembre 2018), qui se situe dans le droit fil de ses déclarations antérieures va dans le même sens, à savoir celui de « sa volonté de reprendre le leadership d’une Europe indépendante, y compris dans le domaine de la défense »13. Le 10 novembre 2018, dans un entretien accordé à CNN, il revenait sur sa priorité donnée à l’Europe de la défense : « Je ne veux pas voir les pays européens augmenter le budget de défense pour acheter des armes américaines ou autres… », visant explicitement l’acquisition récente d’avions de combat américains F-35 au détriment d’équipements européens. En visite sur le porte-avions Charles-de-Gaulle, dans la nuit du 13 au 14 novembre 2018, Emmanuel Macron a de nouveau plaidé pour une défense européenne plus « autonome » vis-à-vis de l’allié américain. Reconnaissons à Emmanuel Macron le mérite de la constance en ce domaine ! Il est peut-être le seul à être cohérent sur ce sujet au sein de l’Union à 27/28. Force est de reconnaître que s’est piégé à Bruxelles en refusant de jouer le jeu institutionnel. Les idées françaises ne s’y imposent pas comme par miracle. Elles doivent être soumises à nos partenaires, discutées, convaincre. Le cavalier seul qu’Emmanuel Macron pratique sur le plan national échoue sur la scène européenne. Cette énorme bourde ne s’explique-t-elle pas par la méconnaissance de la chose européenne par ses collaborateurs. Ce qui est d’autant plus incompréhensible que son conseiller diplomatique, Philippe Etienne est un ancien du circuit bruxellois. De deux choses l’une, ou bien c’est un incompétent notoire, ou bien il n’a pas l’oreille de Jupiter. Tout ceci est inquiétant !
      Ceci étant dit, cet activisme sur la question de la défense européenne mérite d’être replacé dans un contexte plus large et plus électoraliste, celui des prochaines élections au Parlement européen du 26 mai 2019. Le moins que l’on puisse dire est que les choses ne se présentent pas sous les meilleurs auspices pour la République en marche à coup de verticalité et d’arrogance dans un contexte de jacquerie fiscale (Cf. le mouvement des « gilets jaunes »). Compte-tenu de ce qui précède, Jupiter tente de donner des gages aux proeuropéens en leur proposant de faire l’Europe, « y compris l’Europe de la défense » et aux souverainistes (qu’il avait vilipendés jusqu’ici) en leur disant « mais une Europe indépendante ». Ce que l’on appelle la diplomatie du en même temps qui connait vite ses limites sur la scène européens ! C’est qu’au fil du temps et de sa compréhension de la France d’en bas, Emmanuel Macron a évolué sur sa conception de l’Europe. Après avoir opposé de manière caricaturale les « progressistes » et les « nationalistes », il essaie désespérément de les concilier en évoquant une « Europe qui protège davantage les travailleurs »14. Il fait appel à l’ancienne garde des Républicains pour tenter de sauver les meubles15. Il est vrai que son approche manichéenne lui revenait en boomerang au lieu de le conforter dans son grand dessein européen. La constance est un gage de succès, la diplomatie du fil de l’eau et de la godille est le gage de l’échec.
     « En diplomatie, les seuls traités durables seraient les traités conclus entre les arrière-pensées » nous rappelle le Comte de Saint-Aulaire en 1953. Et sur la question de la défense européenne, les arrière-pensées ne manquent pas tant du côté de nos partenaires que du côté de Jupiter. 
     Nos partenaires européens évoluent entre diplomatie de l’exclusion et diplomatie du dos rond. Même s’ils commencent à prendre conscience des limites de l’engagement américain en Europe (« l’OTAN est obsolète » de Donald Trump, l’appel à meilleur partage du fardeau du président américain, ses diatribes contre l’Union européenne, l’Allemagne et plus récemment contre la France…) et des risques que fait peser Washington sur le multilatéralisme (retrait de l’accord nucléaire iranien, de l’accord sur le climat conclu lors de la COP21, du traité FNI, de plusieurs accords commerciaux, retrait de l’UNESCO, critique sévère du fonctionnement de l’OMC…). Ils commencent à prendre conscience que l’Union européenne doit en finir avec ses prudences de gazelle et changer de pied pour être un interlocuteur qui compte sur le grand échiquier international. Mais, à ce jour, rien de concret sur le plan des actes tant l’atlantisme est profondément inscrit dans leur A.D.N.. Depuis son élection, Emmanuel Macron tente de relancer une Europe de la défense moribonde. En un mot, le constat est partagé : des risques nouveaux menacent la sécurité du continent. Mais les pays européens sont en désaccord sur à peu près tout. Et une large partie d’entre eux s’en remettent d’abord, voire exclusivement, à l’OTAN16. Quelle ligne rouge faudra-t-il que Donald Trump franchisse pour que l’électrochoc produise tous ses effets ? Nous n’en sommes pas encore à ce stade. Du côté allemand, en dépit des déclarations de la chancelière en faveur d’une coopération avec la France, les milieux allemands de la Défense considèrent la création d’une « armée européenne » comme irréaliste et contre-productive. Ce rapprochement se heurte à des cultures politiques, stratégiques et industrielles différentes des deux côtés du Rhin17. Du côté britannique, le secrétaire d’État à la défense, G. Williamson évoque « une idée complètement folle » qui « menacerait la paix et la sécurité à long terme ». Même si le propos est excessif, il n’en traduit pas moins une pensée répandue chez nos partenaires.
     Les arrière-pensées françaises sont également légions. Sur la question de la contribution de l’OTAN à la défense européenne, nos dirigeants pratiquent le grand écart permanent entre l’indépendance d’une Europe de la défense et la prééminence de l’Alliance atlantique (Cf. les déclarations du président de la République et de sa ministre des Armées, Florence Parly surnommée idéfix18). Rappelons que, dans son discours sur la refondation de la Sorbonne, il se prononce pour une défense européenne en concertation avec l’OTAN, le membre de phrase qui tue. Ce qui signifie en clair que tout change pour que rien ne change ! La servitude volontaire a encore de beaux jours devant elle. En réponse au tweet de Donald Trump sur ses propos « insultants » (Amérique vue comme un ennemi potentiel au même titre que la Chine et la Russie, proposition d’armée européenne…), Emmanuel Macron s’empresse de dire que son projet viendrait renforcer l’Alliance. Que et qui doit-on croire ? La défense européenne relève-t-elle du gadget électoraliste ou bien d’un projet d’envergure de refondation de l’Europe : refonte de l’euro pour en faire une monnaie d’échange international, taxation des GAFAM, réciprocité en matière d’extraterritorialité du droit américain ?
     Nous ne sommes qu’à moitié rassurés en apprenant que l’ex-secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale, Louis Gauthier (magistrat de la Cour des comptes, toujours les mêmes rapports rédigés par les membres de la Caste), doit remettre son rapport sur la défense européenne d’ici à la fin de l’année au président Emmanuel Macron. Il enfonce quelques portes ouvertes : « Les Européens sont sous le coup de plusieurs électrochocs qui ont eu lieu ces dernières années : invasion de la Crimée par la Russie, en 2014, attentats djihadistes, en 2015, cyberattaques WannaCry et NotPetya, en 2017… Ce qui relevait, dans nos rapports, de l’analyse prévisionnelle est devenu un constat : l’Europe est fragile »19. Et d’en remettre une couche quelques jours plus tard : « Louis Gauthier : 2019 sera une année cruciale pour la défense européenne »20. Encore un membre des grands corps qui excelle dans la pratique de l’enfoncement des portes ouvertes. Nous sommes encore moins rassurés en découvrant les propos stupides de notre incompétente ministre en charge des Affaires européennes, Nathalie Loiseau au JDD du 18 novembre 2018 à propos des résultats qui sont remis au président de la République sur le millier de consultations citoyennes européennes tenues en France21. On y découvre que les Français veulent que l’Europe les protège. Quel scoop ! Toujours les mêmes méthodes de gouvernement : commande de rapports insipides à des membres des grands corps (« La Noblesse d’État ») et de sondages aussi inutiles mais toujours aussi coûteux (Cf. ceux qui valent quelques problèmes aux anciens collaborateurs de Nicolas Sarkozy à l’Élysée).

     « L’Europe cherche, avec raison, à se donner une politique et une monnaie communes, mais elle a surtout besoin de se donner une âme », nous rappelle fort justement André Frossard. D’âme, elle n’en a toujours pas en dépit des propos rassurants d’Emmanuel Macron devant le Bundestag (18 novembre 2018). De volonté, elle n’en a toujours pas en dépit des déclarations lénifiantes de nos fédérastes indécrottables, meilleur carburant des « populistes ». De cap, elle n’en a toujours pas en dépit des incantations jupitériennes (passablement affaibli sur la scène intérieure depuis l’affaire Benalla et les manifestations des « gilets jaunes » comme sa collègue Angela qui se rapproche de plus en plus de la sortie). De la confusion ne peut naître un nouvel élan salvateur en Europe. « À ceux qui rappellent qu’il n’est pas de démocratie sans souveraineté des peuples, il (Emmanuel Macron) répond donc par un concept magique : la souveraineté européenne… [Guillaume Berlat] __________________________

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