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De l'autre côté de l'Atlantique

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Le grand bond en arrière

          Une décision pas seulement erronée...

                   "...La très conservatrice Cour suprême américaine résulta de quatre années de présidence Trump, a annulé cette nuit l'arrêt « Roe vs Wade » rendu par les États-Unis sur la question de la constitutionnalité des lois qui criminalisent ou restreignent l'accès à l'avortement. Une majorité d'Américaines et d'Américains soutiennent le droit à l'avortement, montrent les enquêtes d'opinion, mais l'annulation de l'arrêt est depuis des décennies un objectif affiché des conservateurs chrétiens et militants "pro-vie", qui organisent des marches annuelles à Washington...."     

      C'est plus sûr...

 
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EDF, un déclin bien français?

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Un débat qui ne cesse de rebondir.

                                                       Sur fond de zizanies politiques et de crise énergétique.

                                         Où va notre fleuron national depuis quelques années, la solide création des années d'après-guerre, l'oeuvre de Marcel Boiteux, celle qu'on nous enviait, entrée dans une période de remous sans précédent, accentuée par une gestion libérale de plus en plus contestée et une période de crise énergétique en partie imprévisible? Les soucis s'accumulent autour de certaines structures vieillissantes, de décisions retardées, parfois peu cohérentes, de tensions concernant certains  modes de gestion et des querelles d'hommes au sommet. Des éléments délétères qui retardent des décisions urgentes engageant l'avenir. L'ambiance est électrique au plus haut sommet. Et pourtant, il est plus que temps de mettre un peu plus de cohérence dans le système et d'instaurer une ligne claire. De revoir la ligne européenne sur la question, critiquée aujourd'hui de bien des côtés. La décision est éminemment politique. La fameuse loi NOME, qui instaure d'en haut une libéralisation du marché, est sérieusement contestée. La décision bruxelloise de l'alignement du prix de l'électricité sur le prix du gaz a fait bondir jusqu'au premier ministre, qui a finalement plié. Il ne suffit pas de critiqué le système, comme l'a fait la Cour des Comptes, il faut le réformer en profondeur si l'on veut retrouver les moyen de notre gestion énergétique.   


                                                                                            Ce n'est pas la première fois que la politique d'EDF est sous le feu de critiques plus ou moins sévères, de droite comme de gauche, notamment depuis les années 80-90 et le tournant de la financiarisation, de la privatisation, ou, comme disait L.Jospin, de l'"ouverture du capital". Un ancien patron d'EDF, remercié, Marcel Boiteux, s'inquiétait de ce processus, car l'énergie n'est pas une marchandise comme une autre, disait: -"Il ne s’agit plus d’ouvrir la concurrence pour faire baisser les prix, mais d’élever les prix pour permettre la concurrence.(Marcel Boiteux, ex pdg d'EDF :Revue Futuribles de juin 2007)                                                                                                                                                               ___ Le nucléaire surtout est comme un bateau ivre depuis des années, comme il a été maintes fois souligné, même dans les colonnes du Figaro. Il sera dur de redresser la barre, car, après le démantèlement, les échecs d'Areva, les aventures ruineuses de Flamanville, la perte du métier, cruellement constaté aujourd'hui.  Le conjoncture exige un prolongement du nucléaire, qu'on le veuille ou non, et de nouveaux investissements en ce domaine. Mais avec quels moyens humains? La route sera longue et une nouvelle cohérence s'avère nécessaire, au delà des mots et des promesses.                                                                                                                                                  _____Si l'on se fie aux dires de H.Proglio, l'ancien patron de la maison, qui ne dit pas que des bêtises, pour utiliser un euphémisme, il y a de quoi s'interroger, voire de s'inquiéter. Même si tout n'est pas sans doute aussi simple qu'il l'affirme. Même si l'homme s'est souvent montré ambigü. Mais les propos ont le mérite de la clarté. Il faut renverser la vapeur. La logique libérale de Bruxelles a joué à fond, qui a approfondi la crise que nous vivons, ruinant certaines entreprise. L'usine à gaz n'a pas fini de produire ses effets. ___________

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Education nationale: un naufrage?

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Qui reprendra la barre?

                     Assistons-nous à une faillite du système scolaire? Certains le redoutent, qui sont le plus souvent placés aux avant-postes, avec un peu d'expérience, de recul et d'esprit critique. On en parle. On évoque le manque d'enseignants qui pose problème, pas seulement en mathématiques, leurs constats, leur désarroi, leur difficultés à assurer le minimum de contenu, pas seulement de maintenir un espace civique de travail dans et hors des classes, la dérive des performances, pas seulement dans les matières scientifiques, mais d'abord dans la maîtrise de la langue, qui conditionne toutes les autres. Il n'est pas prioritairement question de salaires insuffisants, même si ce facteur joue un rôle dans la désaffection actuelle, mais de la qualité de l'encadrement et de la gestion, qui s'est encore dégradée sous un ministre qui a du quitter ses fonctions pour ses objectifs technocratiques et autoritaires qui a compromis la "confiance" promise, tout en voulant stimuler la "bienveillance" . Une dérive qui vient de loin, lorsque l'EN ne fut plus déclarée priorité nationale, lorsque la culture générale fut peu à peu appauvrie, les horaires de français drastiquement diminués, quand le système fut aligné sur l'ordre marchand.            __C'est l'unité et la laïcité de l'école qui est aujourd'hui en question, dans les projets qui tentent de se mettre en place. Comme si la privatisation était un remède, dans ce domaine comme dans d'autres, d'intérêt général. "Sauver la langue" est d'abord l'objectif prioritaire. Quand on apprend qu'il faut réintroduire des cours d'expression écrite en première année de fac et même d'orthographe en cours de droit à Paris, que des ingénieurs peinent à rédiger un rapport écrit, on reste songeur. Il faut s'adapter, répète-t-on...Mais le terme est ambigü: jusqu'où, quand l'école n'est plus maître chez elle? Quand le minimum d'autorité ne fait plus le poids, quand la relativisation du savoir gagne toujours du terrain, quand la parole est toujours contestée, quand les réseaux sociaux font la loi, comme lors de la dernière épreuve de français en Première?  Qui remontera le niveau? Peut-on encore descendre plus bas que certaines copies, toujours plus nombreuses, de la dernière épreuve du Bac philo?

 

          Comment ne pas partager ce avis de bon sens d'un acteur sur le terrain?:         

"La disparition progressive des temps (subjonctif, passé simple, imparfait, formes composées du futur, participe passé…) donne lieu à une pensée au présent, limitée à l’instant, incapable de projections dans le temps. La généralisation du tutoiement, la disparition des majuscules et de la ponctuation sont autant de coups mortels portés à la subtilité de l’expression. Supprimer le mot «mademoiselle» est non seulement renoncer à l’esthétique d’un mot, mais également promouvoir l’idée qu’entre une petite fille et une femme il n’y a rien. Moins de mots et moins de verbes conjugués c’est moins de capacités à exprimer les émotions et moins de possibilité d’élaborer une pensée. Des études ont montré qu’une partie de la violence dans la sphère publique et privée provient directement de l’incapacité à mettre des mots sur les émotions. Sans mot pour construire un raisonnement, la pensée complexe chère à Edgar Morin est entravée, rendue impossible. Plus le langage est pauvre, moins la pensée existe. L’histoire est riche d’exemples et les écrits sont nombreux de Georges Orwell dans 1984 à Ray Bradbury dans Fahrenheit 451 qui ont relaté comment les dictatures de toutes obédiences entravaient la pensée en réduisant et tordant le nombre et le sens des mots. Il n’y a pas de pensée critique sans pensée. Et il n’y a pas de pensée sans mots. Comment construire une pensée hypothético-déductive sans maîtrise du conditionnel ? Comment envisager l’avenir sans conjugaison au futur ? Comment appréhender une temporalité, une succession d’éléments dans le temps, qu’ils soient passés ou à venir, ainsi que leur durée relative, sans une langue qui fait la différence entre ce qui aurait pu être, ce qui a été, ce qui est, ce qui pourrait advenir, et ce qui sera après que ce qui pourrait advenir soit advenu ? Si un cri de ralliement devait se faire entendre aujourd’hui, ce serait celui, adressé aux parents et aux enseignants: faites parler, lire et écrire vos enfants, vos élèves, vos étudiants. Enseignez et pratiquez la langue dans ses formes les plus variées, même si elle semble compliquée, surtout si elle est compliquée. Parce que dans cet effort se trouve la liberté. Ceux qui expliquent à longueur de temps qu’il faut simplifier l’orthographe, purger la langue de ses «défauts», abolir les genres, les temps, les nuances, tout ce qui crée de la complexité sont les fossoyeurs de l’esprit humain. Il n’est pas de liberté sans exigences. Il n’est pas de beauté sans la pensée de la beauté".______________

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Changement de paradigme

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Note de lecture

        En matière écologique, le bricolage, même sophistiqué, est voué à l'insuccès.

                  Ce texte a attiré mon attention par sa logique et sa radicalité, loin des demi-mesures souvent prônées, de la bonne conscience encore constatée, du catastrophisme parfois annoncé.  L'auteur n'y va pas par trente-six chemins: « Notre civilisation est une méga-machine qui convertit la nature en déchets », dit-il d'emblée. Il ne peut y avoir qu'une solution, radicale et globale, dans le cadre d'une démocratie réinventée. Vaste défi! A quelles conditions? On peut se poser bien des questions sur les voies proposées par l'auteur. Mais il nous parle forcément, à l'heure des dénis ou des solutions parfois dérisoires proposées....  (A confronter avec ceci)  


                                                                                                         "...  Le changement climatique est un danger mortel ; le fait qu’on en parle beaucoup est normal et nécessaire. Je dénonce en revanche le fait qu’il soit souvent présenté comme LE grand problème de notre époque. Tout d’abord parce qu’il n’est qu’un problème parmi d’autres au moins aussi cruciaux, comme l’effondrement de la biodiversité, mais surtout parce qu’il n’est même pas un « problème », seulement une conséquence. Les sociétés humaines ont certes un souci de climat… mais en amont de cela, c’est le climat qui a un souci de sociétés humaines ! Nous croyons que les sociétés doivent s’attaquer à un défi climatique alors qu’en réalité, ce sont à elles qu’il faut s’attaquer, car elles ont pour corollaires naturels des dépassements de limites qui engendrent des bouleversements, incluant celui du climat.                                                                                     En se focalisant sur le défi climatique, on axe la réflexion sur le solutionnisme, approche qui nous fait miroiter la possibilité de nous en tirer à bon compte sans avoir à nous limiter : quelques ajustements suffiraient pour gérer les externalités négatives de nos modes de vie sans avoir à réformer ces derniers. On en vient à croire qu’une électrification du monde serait une « solution » qui permettrait de rendre soutenables les activités humaines, sans tirer un trait sur ce consumérisme auquel on s’accroche tels des junkies.                                                                                                                                                               Cette idée ne tient pas la route. Une des raisons, c’est que le secteur primaire mondial bute déjà sur des limites qui vont brider sa capacité à fournir aux secteurs secondaire et tertiaire les flux d’énergie et de matières premières requis pour produire tout ce sur quoi repose le monde moderne : un monde tributaire d’infrastructures vieillissantes et de chaînes logistiques transcontinentales, dont chaque territoire s’est ultra-spécialisé et importe presque tout ce que ses habitants consomment, tandis que ce qui y est produit est presque intégralement exporté.               Entre autres écueils, nous allons manquer de minerais pour mener la grande transition énergétique telle que nous la concevons. Vous savez : cette stratégie présentée comme LA solution au problème mortel du chaos climatique, qui consiste à produire et stocker l’énergie autrement, à utiliser des machines électriques en lieu et place des machines thermiques, à électrifier tout ce qui peut l’être et à améliorer perpétuellement l’efficacité énergétique des secteurs productifs. Eh bien, les spécialistes des matières premières nous alertent d’une pénurie imminente de matériaux pour cette transition. Nous ne pourrons pas décarboner les sociétés sans revoir à la baisse les consommations intermédiaires et finales d’énergie et de matières premières, ce qui est incompatible avec la continuation du système économique mondial actuel basé sur la croissance éternelle du Produit Intérieur Brut.                                                           Autre raison : même si ces limites matérielles n’existaient pas, l’approche choisie pour la transition engendre une intensification des flux extractifs en amont de nos activités et des flux de déchets en aval, ainsi qu’une accélération du saccage des écosystèmes, de la déplétion et de la contamination des aquifères, etc. C’est pourquoi, cette transition ne représente en aucun cas une « solution » : tout au plus constitue-t-elle un mauvais compromis, qui mène à l’aggravation d’un grand nombre de problèmes dans l’optique d’en atténuer un seul bien spécifique. Ça ne bouclera pas.

 

« Une des erreurs fondamentales consiste à vouloir relever isolément les différents défis qui s’érigent devant nous. »

                 Je pointe les limites et les angles morts de la méthode qui consiste à diagnostiquer des « problèmes » et à chercher à les régler un à un. Ce réductionnisme fonctionne avec des problèmes techniques complexes, qui peuvent être subdivisés en problèmes techniques plus simples qu’il suffit de résoudre individuellement avant de combiner les solutions spécifiques en une solution globale. Mais face à une problématique systémique, il faut faire intervenir l’analyse systémique : l’étude des interactions entre éléments et entre dynamiques au sein du métasystème composé du « système Terre » et de l’anthroposphère (l'ensemble des activités et productions humaines), la description des boucles de rétroaction (effets de régulation ou d’emballement), la prise en compte de décalages temporels entre causes et effets, d’effets de seuil, d’effets rebond… C’est cet ensemble complexe qu’il convient d’appréhender afin de construire une vision pertinente des enjeux et défis du XXIe siècle.                                  Ça peut paraître compliqué… mais il n’est pas nécessaire de tout savoir pour appréhender les grandes tendances. Un corpus scientifique imposant existe aujourd’hui sur les bouleversements en cours et leurs corrélations, que la systémique permet d’enchâsser au sein du métasystème mentionné ci-dessus. Si, à première vue, ça peut sembler stratosphérique, il faut pourtant en passer par là pour ensuite redescendre de façon cohérente jusqu’aux enjeux territoriaux et prendre les bonnes décisions en évitant l’écueil du déplacement du problème (pour améliorer la situation ici on l’aggrave là). Pour prendre des décisions pertinentes et efficientes dans un contexte d’urgence et de complexité, l’approche conventionnelle multidimensionnelle, pluridisciplinaire, poly-silos s'avère inadaptée.                                                                                                                                   Nous ne sommes pas dans le cas de figure où le système serait confronté à des péripéties exogènes : le changement climatique, l’effondrement du vivant, la dégradation des sols, l’épuisement des ressources, la pollution des milieux naturels, tout ça et bien d’autres détraquements encore sont des incidences logiques, inévitables, du système tel qu’il fonctionne. Ce ne sont pas des dysfonctionnements, le système fait ce qu’il est conçu pour faire. Or, si le problème est inhérent à la nature du système elle-même, il n’existe aucune combinaison de rustines qui suffise à faire disparaître les effets de bord déplaisants, tout en conservant le paradigme existant (principes organisateurs, règles, finalités, indicateurs, valeurs). Une des erreurs fondamentales consiste à vouloir relever isolément les différents défis qui s’érigent devant nous.

« Tant qu’on s’obstinera à chercher des « solutions » aux « problèmes », on cultivera l’idée dangereuse selon laquelle il serait possible de les résoudre tous sans remettre en question le système. »

                Imaginons un individu sujet à des maux de tête récurrents ainsi qu’à des tracas dermatologiques et digestifs. S’il consulte trois spécialistes, ceux-ci prescriront des traitements spécifiques : antalgique pour le crâne, pommade pour la peau, tisane pour le ventre, par exemple. Ces traitements amélioreront le quotidien du patient. Mais imaginons à présent que ces contrariétés ne soient que trois symptômes du fait que l’individu a un cancer généralisé, c’est-à-dire un dérèglement systémique de l’organisme : l’antalgique, la pommade et la tisane peuvent-ils encore être qualifiés de « solutions » ?                                                                  Résoudre un problème systémique exige une approche qui n’a pas le moindre rapport avec une addition des traitements spécifiques aux symptômes. Pour revenir à nos moutons, nous avons aujourd’hui des experts des questions climatique, écologique, énergétique, minières, etc., et chacun émet des préconisations sur ce qu’il faudrait faire pour atténuer tel problème et s’y adapter. Si l’on se contente d’adopter ces bons conseils, on passe toujours à côté de l’enjeu central qui réside dans la manière dont les sociétés fonctionnent. Tant qu’on s’obstinera dans le credo conventionnel qui consiste à chercher des « solutions » aux « problèmes », on cultivera l’idée dangereuse selon laquelle il serait possible de les résoudre tous sans remettre en question le système.                                                      Le problème fondamental est que nous vivons dans des sociétés productivistes organisées au service d’un système économique conçu pour croître indéfiniment sous peine de s’effondrer. Les individus, entreprises et États les plus puissants, sont ceux qui ont pu le mieux tirer parti de ce système et sont les plus engagés dans sa perpétuation. Or, cette croissance économique est fortement corrélée, à l’échelle sociétale, à un crescendo des flux d’énergie et de ressources qui nécessite un extractivisme accentué et induit des destructions et contaminations écologiques aggravées. À tel point que cette avidité de toujours plus, matérialisée par le capitalisme et le consumérisme, entraîne le dépassement des limites planétaires et met en péril les mécanismes de régulation vitaux du système Terre.         Les pressions exercées par les activités humaines sont de trois ordres : d’abord on exploite des ressources, non renouvelables (stocks limités) ou renouvelables (flux limités) ; ensuite on les transforme avec de l’énergie et on les utilise pour faire tourner les sociétés, qui détériorent le monde naturel ; enfin on rejette des déchets et des pollutions. Le souci est donc triple : primo les stocks non renouvelables s’épuisent et les ressources renouvelables sont exploitées à des cadences souvent supérieures au rythme de renouvèlement, secundo la nature est mutilée plus vite qu’elle ne peut se réparer, tertio les pollutions s’accumulent dans l’environnement plus vite qu’elles ne sont dégradées et réintégrées dans des cycles naturels.                                   Notre civilisation est une méga-machine qui convertit la nature en déchets. Et il n’existera pas de « solutions » tant que les pressions humaines ne repasseront pas en deçà des limites du système Terre, ce qui nécessite une réduction drastique des flux d’énergie, de matières premières, de déchets et de pollutions, ainsi qu’un vaste programme de régénération planétaire. À l’heure actuelle, cette nécessité n’est pas comprise par les décideurs.                                                                                 En dépit de quelques rebouclages, le processus est linéaire et en sortie de tuyau, les déchets et pollutions sont de trois natures : des solides, des liquides et des gaz parmi lesquels certains amplifient l’effet de serre : le changement climatique n’est qu’un des symptômes du mal auquel nous sommes confrontés, et jusqu’ici les stratégies que nous élaborons et mettons en œuvre ne font que déplacer la pression sans l’estomper. Dans l’espoir de soulager le symptôme climatique, on aggrave le reste.

« Le dogmatisme hors sol des penseurs mainstream s’apprête à exploser en vol, et les grands capitalistes vont subir une blessure narcissique à laquelle leurs orgueils débridés ne sont pas préparés

                   Pour perdurer, le système économique a besoin de toujours plus d’énergie et de matières premières. Or, nous entrons inexorablement dans une ère inédite de contraction des flux. Cette fois, nous avons atteint les limites de la planète et nul deus ex machina n’est en vue pour permettre de prolonger la fiesta. Si puissant soit-il, le capitalisme – au sens où on l’entend généralement – me semble voué à péricliter.                        Le dogmatisme hors sol des penseurs mainstream, qui soutiennent qu’une croissance infinie est possible dans un monde fini grâce à l’exploitation accrue de ressources et à la substituabilité illimitée des facteurs de production (si les pollinisateurs s’éteignent, on les remplacera par des drones !), s’apprête à exploser en vol, et les grands capitalistes vont subir une blessure narcissique à laquelle je ne pense pas que leurs orgueils débridés soient préparés. Sans doute la mentalité capitaliste se maintiendra-t-elle sous des formes dégradées : elle se cramponnera autant que possible et peut encore faire beaucoup de dégâts avant d’être emportée dans le tumulte de l’Histoire.                                                                                 Ils demandent idéalement une réinvention de nos valeurs et de nos modes de vie, des principes sur lesquels sont basés l’économie et la finance, la politique et la diplomatie, le civisme et la culture. Nous pourrions sans problème vivre bien dans des sociétés non pressurées par l’impératif de croissance du PIB : ce qui nous est aujourd’hui présenté comme l’unique option (les alternatives élaborées étant qualifiées d’inepties) n’existe que depuis Bretton Woods en 1944 ! Des civilisations entières ont vécu avant que ne se répande le concept de croissance, et l’existence n’a pas toujours été mauvaise.                                                                              Hélas, il faut tenir compte des verrouillages du monde réel, qui rendent invraisemblable toute métamorphose d’une telle profondeur dans un avenir compatible avec les urgences ; c’est pourquoi nous n’avons d’autre choix que d’anticiper le fiasco de nos stratégies de durabilité et de nous préparer à des chocs.      La plupart des propositions qui circulent sont des mesures d’atténuation des problèmes ou d’adaptation des sociétés. Je ne critique aucunement les personnes qui proposent de telles idées, j’en ai fait partie moi-même. Toutes les bonnes idées sont les bienvenues si elles peuvent permettre de limiter la casse ou de préserver des choses importantes. Ceci étant dit, j’ai le sentiment que le diptyque « atténuation-adaptation » pèche par excès d’optimisme : on émet des recommandations qui correspondent à ce qu’on pense qu’il faudrait faire pour relever le défi… mais peu consentent à se projeter dans le scénario où l’on échouerait à le relever. Ils y voient un défaitisme, j’y vois de la prévoyance, car c’est le cas de figure qui m’apparaît comme le plus probable.                                                      Que ferons-nous quand nous réaliserons que nous n’avons réussi ni à atténuer suffisamment les problèmes ni à adapter suffisamment les sociétés ? Confrontés aux ruptures de continuité majeures qui s’ensuivront, la plupart des gens seront tentés de se laisser aller à une forme de repli affinitaire –sur soi ou sa communauté, sur son groupe, sa caste, son idéologie, son identité, etc. Et ils le feront… sauf si un plan B à la fois concret, convaincant et inspirant leur est accessible à ce moment-là. C’est l’objet de mon travail, j’y vois notre chance d’éviter le chaos et de nous mettre en capacité de relever les défis complexes qui se profilent.

« Les résistances au changement se durcissant, nous allons manquer de temps et de ressources pour opérer une mutation et vivrons par conséquent des basculements agités. »

              Un essai est en cours d’écriture dans lequel je le détaille. Disons qu’au-delà des efforts orientés atténuation et adaptation – que j’encourage, donc, et que j’intègre dans une approche globale – je sonne l’alarme concernant l’absence d’un vrai plan de secours en cas d’échec des tentatives de « transition », et intègre aussi cette dimension dans ma méthode de transformation. Les résistances au changement se durcissant, nous allons manquer de temps et de ressources pour opérer une mutation et vivrons par conséquent des basculements agités. Face à cette perspective, j’adopte une posture de gestionnaire de risques – rien à voir avec du défaitisme. Et je vais plus loin : je développe une stratégie de préparation collective qu’on pourrait baptiser « opportunisme planifié », qui nous permettra j’espère de saisir efficacement, en chaque crise, l’aubaine qui l’accompagne.                       Chaque crise recèle en effet l’occasion d’impulser un nouveau projet de société. Un projet soutenable et inspirant, une vision politique post-croissance, post-productivisme, post néocapitalisme financiarisé mondialisé, ne requérant ni abondance d’hydrocarbures bon marché, ni approvisionnements depuis les antipodes ; un monde en équilibre avec la nature, garantissant à chacun l’accès à un socle vital, la sécurité et la possibilité de se réaliser tout en fixant des principes d’autolimitation, ainsi qu’une culture de la responsabilité, de la justice et de la fraternité.             J’ai déjà élaboré ou co-élaboré quelques centaines de propositions, réunies en 2017 dans le projet de société dont j’ai supervisé l’élaboration en tant que Directeur programme de Charlotte Marchandise-Franquet, candidate citoyenne à la présidentielle. Mais à présent, j’œuvre avant tout à la structuration d’un référentiel de principes organisateurs qui laisse une vraie liberté d’expérimentation et de personnalisation, afin d’ouvrir plutôt que de fermer.                      Le système actuel ne peut pas évoluer en un système fondamentalement différent, et étant voué à prendre fin en raison de son insoutenabilité, une bascule vers un modèle de société différent semble s’imposer pour esquiver des dystopies – disettes, chaos, État policier, dictature de grands groupes de la Tech, satrapies locales ou un joyeux mélange de tout ça. Seulement voilà : est-ce possible ? On peut imaginer un système B, mais peut-on passer du système A au système B ? Sachant que les populations ne sont guère disposées à tirer un trait sur leurs habitudes tant que l’option du business as usual est disponible, la grande métamorphose me semble chimérique.                 Je mise donc plutôt sur la préparation d’une force collective capable de faire pencher l’Histoire du bon côté quand de grands basculements se produiront : au moment où la branche sur laquelle nous sommes assis cèdera et où les gens réaliseront que rien d’adapté n’a été prévu et qu’ils sont livrés à eux-mêmes, il faudra leur proposer un projet de secours prêt-à-déployer. Cette préparation requiert de mobiliser et coaliser les personnes déjà mûres et prêtes à s’investir pour expérimenter et valider, s’entraîner et s’entraider, structurer… tout en préparant les esprits du reste de la population afin qu’aux moments clés, la trajectoire des sociétés s’infléchisse du côté de la durabilité, de la résilience et de la dignité.   Tout n’est pas foutu, contrairement à ce que certains peuvent ressentir devant l’enchevêtrement des sombres présages. Il reste encore cet interstice qui consiste à prévoir la culbute pour pouvoir la défléchir quand elle adviendra, éviter alors d’épouvantables effondrements et assurer au plus grand nombre des lendemains vivables.

« Nous devons devenir des moteurs du changement dans notre périmètre d’influence, en apprenant des réussites et échecs passés et en se constituant en réseau. »

     N’opposons pas les échelles d’action ou les niveaux d’engagement, entre le citoyen, le collectif et le politique : des leviers sont à actionner partout. Si des décideurs veulent s’impliquer au service de l’intérêt général en intégrant l’hypothèse désormais probable de bascules sociétales, leur aide sera la bienvenue ; s’ils souhaitent faciliter la germination d’initiatives de résilience et de reliance, et pourquoi pas de Résistance, qu’ils n’hésitent surtout pas. Toutefois, les décideurs de ce genre étant rares, il semble urgent, en plus des mobilisations pour obtenir des dirigeants des décisions politiques fortes, d’agir aussi sur son territoire. On ne peut plus attendre mollement que la réponse vienne d’en haut. Nous devons devenir des moteurs du changement dans notre périmètre d’influence, en apprenant des réussites et échecs passés et en se constituant en réseau… et si ce qu’on entreprend fonctionne et est habilement mis en récit, ça fera boule de neige – avec ou sans le soutien actif des dirigeants.                                        Co-construire à l’échelle territoriale est donc cardinal. L’idée, c’est de démontrer que d’autres façons de faire, de vivre, d’être sont possibles, qu’on peut répondre aux besoins des populations sans éroder la capacité des populations futures à répondre aux leurs. Il existe déjà mille-et-une initiatives de citoyens ou de collectivités qui peuvent être adoptées et adaptées ailleurs. Par exemple plusieurs municipalités mettent en place une forme de sécurité sociale alimentaire grâce à laquelle chacun bénéficie d’une dotation alimentaire de base ; certaines ont instauré une tarification progressive de l’eau dans laquelle les premiers mètres cubes sont gratuits pour tous.                  Mais il y a bien d’autres choses à tester, dans l’optique de construire morceau par morceau un paradigme adapté aux enjeux : des éléments d’un autre système économique, social, politique, institutionnel, etc. D’autres façons de produire et de consommer, d’organiser des économies locales avec des monnaies locales et des systèmes d’échange, de décider et de gérer les Communs collégialement, de garantir l’accès à l’essentiel pour tous, d’organiser un civisme actif permettant à chacun de participer et d’y trouver gratification, de structurer la solidarité et une redistribution des ressources permettant à n’importe qui de s’y retrouver et à tous de se serrer les coudes face aux crises qui affleurent…                                                   Ces idées doivent être déclinées et expérimentées dans les territoires pour que les meilleures options ressortent. L’idéal serait que les territoires se synchronisent et s’entraident dans cet effort collaboratif de « sélection darwinienne » des différentes pièces constitutives d’un modèle de société alternatif, qui doit être apte à répondre de façon pérenne aux nécessités fondamentales de tous. Ce sont là des choses qui n’ont pas été éprouvées à l’échelle d’un pays et qui doivent donc passer par une validation à des échelles moindres.   ____    Cela suffirait-il à faire basculer la société ?  Hélas non. Faire basculer une société, ça ne se planifie pas. L’idée de masse critique c’est bien joli, mais ça reste très abstrait. Le système en place possède une capacité d’auto-maintien très forte, et tant qu’il pourra perdurer et saboter les émergences hétérodoxes, il s’y emploiera sans doute.                                                         Mais quoi qu’il arrive, les sociétés vont basculer. Ce ne seront pas des bascules consenties et coordonnées, je le crains, mais des bascules subies précisément parce qu’on aura échoué à changer. En attendant ces moments clés, l’essentiel est de tenter des choses, de documenter les projets en collectant des indicateurs, des témoignages et des images afin de mettre ensuite en histoires et de communiquer : les projets les meilleurs et les plus inspirants se diffuseront alors, et l’on se donne ainsi une chance qu’ils fassent des émules et contribuent à éviter bien des drames.

« L’action citoyenne territoriale est un moyen concret de redécouvrir la démocratie et sera notre meilleur rempart contre l’obscurantisme et la tyrannie. »

         Au niveau national, entretenir une « démocratie représentative » véritablement fidèle aux principes démocratiques est manifestement compliqué. Les « représentants du peuple » n’étant pas follement représentatifs du peuple, qui croit encore qu’ils le servent ? En outre, les lobbys et les puissants ayant sur les politiques et les médias une influence disproportionnée par rapport aux citoyens, il est fatal que s’installe une atmosphère de défiance. Or, il se trouve que c’est au niveau territorial que peut le mieux se vivre une démocratie réellement au service du peuple – qu’elle soit délibérative, participative voire directe, éventuellement représentative, mais assortie alors de règles fixant pour les représentants des limites et obligations garantissant l’implication continue d’un maximum de citoyens et la prise en compte de leur volonté.          Se mobiliser à l’échelon territorial c’est exercer un pouvoir politique au sens premier et noble du terme, et cesser de subir. S’affirmer en tant que citoyen actif de sa collectivité, c’est se donner la force de résister face aux replis et autoritarismes qui se rigidifieront quand une part substantielle de la population ne pourra plus satisfaire ses besoins – ce qui, je le crains, risque de se produire dès la première moitié de ce siècle. L’action citoyenne territoriale est un moyen concret de redécouvrir la démocratie et sera notre meilleur rempart contre l’obscurantisme et la tyrannie.                                                   Attention toutefois : je suis pour la démocratie, mais pas n’importe laquelle. Nous avons un défi majeur à relever, dont l’enjeu est la préservation d’une planète habitable. Un accent particulier doit être mis selon moi sur l’éducation tout au long de la vie, notamment via l’éducation populaire : un maximum de personnes doivent être instruites des données et débats clés de notre temps, incluant l’enjeu capital dont je vous parle dans sa dimension systémique, afin d’être en mesure d’exercer un pouvoir en connaissance de cause.              Regrettablement, les médias grand public diffusent rarement les informations les plus déterminantes pour l’avenir, et l’explosion des contenus et stimuli cognitifs est source de confusion – donc d’atonie et d’acrasie. Je ne suis surtout pas pour une expertocratie, pour autant l’opinion des citoyens doit être informée, nourrie de connaissances et d’analyses avant toute décision. Les expérimentations territoriales peuvent être l’occasion de faire vivre des « tiers lieux culturels » où chacun est encouragé à venir se renseigner, s’inspirer, débattre et tisser des liens.

« Ceux qui réclament un monde sans interdits ne défendent pas la liberté, mais promeuvent la perpétuation d’un système où quelques-uns peuvent satisfaire tous leurs caprices, tandis que la plupart des autres peinent à finir le mois. »

           Nous devons trouver un nouvel équilibre entre droits et devoirs. Pas de société libre sans limites collectivement admises : la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres, c’est un principe élémentaire. Un monde libre ce n’est pas un monde où chacun peut faire n’importe quoi sans limites, y compris détruire ou polluer. Ceux qui réclament un monde sans interdits ne défendent pas la liberté, mais leur capacité personnelle à faire ce qu’ils veulent sans contraintes… parce qu’ils font partie de la minorité qui peut se permettre beaucoup, ou parce qu’ils ambitionnent d’en être. C’est la réussite qui les motive, et quand ils prétendent plaider pour la liberté, en réalité ils promeuvent la perpétuation d’un système où quelques-uns peuvent satisfaire tous leurs caprices et laisser libre cours à leurs pulsions sans s’embarrasser de responsabilité civique, tandis que la plupart des autres peinent à finir le mois.                                                                          Un monde où chacun serait « libre » de faire ce qu’il veut, ça n’existe pas : on ne fait guère ce qu’on veut que dans la limite de ce qu’on peut, or une poignée peut infiniment plus que les autres et certains ne peuvent rien. Par conséquent, ne pas fixer de limites absolues c’est laisser les limites se fixer d’elles-mêmes suivant la répartition des richesses. C’est une idéologie foncièrement inégalitaire de la part de ceux qui, au nom de la « liberté », protègent en fait leurs privilèges.                          Contrairement à ce que nombre d’économistes et idéologues fanatisés serinent, une somme d’individualismes ne peut aboutir qu’à une forme de dystopie. Le monde réel est régi par des lois physiques et a des limites objectivables. Vivre sans les prendre en compte est parfaitement irrationnel, c’est la promesse d’une déconfiture. La liberté comme le reste doit se repenser dans la compréhension et l’acceptation des contraintes qui s’imposent à nous, et comme toujours c’est de la contrainte que jaillira l’inventivité. Nous comprenons intuitivement que l’égalité est une affaire collective : on n’est pas égal tout seul ! Idem pour la fraternité : on n’est pas fraternel dans son coin. Il est temps de saisir qu’il en va de même pour la liberté....".... (Merci à Elucid)  _________ 

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UE: élargissement encore?...

Publié le par Jean-Etienne ZEN

La question ne cesse de rebondir

                Les promesses faites envers l'Ukraine ravive la question de l'élargissement de l'Europe, qui n'a jamais cessé de faire périodiquement problème. A l'époque du "Bénélux", aucun souci: les échanges entre petits pays voisins furent envisagés comme une solution logique, surtout à le suite d'un guerre dont il fallait se relever en commun. PH Spaak en fut un ardent défenseur.     Mais l'idée des pionniers étaient d'aller beaucoup plus loin, sous l'instigation de J. Monnet, avec l'impulsion de Schuman, de de De Gasperi, encouragés par le grand frère d'Outre-Atlantique, dans le contexte de la Guerre froide. Toute une histoire assez tortueuse, une évolution que contestait au début De Gaulle, qui y voyait une possible dilution de souveraineté, l'intégration  trop marquée aux désiderata de Washington, le risque d'un simple marché sans entraves où la finance deviendrait la norme. Il caressait le rêve d'une autre Europe, "de l'Atlantique à l'Oural"  L'histoire a parlé et nous vivons au coeur d'une autre logique, dans une histoire assez chaotique. Une Europe à plusieurs vitesses, qui se redéfinit en se faisant, dans un processus dont on ne voit pas la fin, dans un affaiblissement politique régulièrement contesté. Nous sommes loin d'en avoir fini avec ce stop and go parfois un peu aveugle où la cohérence est défaillante et où les promesses à géométrie variable sont liées à des capitales qui ont en arrière-plan des objectifs différents t où la question de l'Otan vient embrouiller les débats. Ne parlons pas de la bureaucratie envahissante, souvent hors sol.                Les nouveaux arrivants ne sont parfois pas dans les clous, comme la Pologne et la Hongrie, qui jouent leur jeu propre. Qu'en sera-t-il du Kosovo, et, mieux, de la Turquie, toujours théoriquement candidate. On se prend légitimement à douter d'une possible conduite commune dans l'avenir, vu que c'est déjà une cacophonie périodique sur divers sujets et chaque pays tire la couverture à lui en matière de solidarité, de fiscalité, etc...Le cas récent de la gestion de la crise grecque a été un exemple  révélateur des défaut d'une élargissement qui s'est fait sans analyse sérieuse des situations concrètes 

 

 

     D'élargissements en élargissements, on peut se demander combien de décennies un terme (et lequel?) sera atteint et de quelle nature il sera. La question se pose régulièrement, avec ses crises, ses échecs, son Brexit, ses relances et ses incohérences. Il y a dix ans déjà, on se posait des questions qui restent toujours en suspens: Les illusions d'une Europe sans limites géographiques claires sont tenaces.___Est-ce vraiment une bonne nouvelle pour la Croatie?  Certains Croates ne sont pas enthousiastes, c'est un euphémisme. Le pays risque de déchanter, si on la mène à marche forcée selon le catéchisme bruxellois, vers l'ordre néolibéral en vigueur.__ "...La Serbie espère ouvrir des négociations d'adhésion en janvier ou encore le Kosovo obtenir un accord de stabilisation et d'association, première étape vers l'adhésion. La Macédoine, la Bosnie-Herzégovine, le Monténégro sont aussi dans les starting-blocks, comme l'Albanie. Au-delà, l'Islande a entamé des négociations pour son adhésion et la Géorgie, l'Ukraine ou encore l'Arménie rêvent un jour de faire partie de l'Union. Sans parler de la Turquie. Or pour l'Union européenne, ces élargissements risquent de devenir de véritables pièges. A 27, l'Europe est déjà largement ingouvernable. Toute décision, comme en témoignent celle sur le budget de l'Europe ou celle sur le mandat du commissaire européen pour négocier - enfin - un accord de libre échange avec les Etats-Unis, donne lieu à de longues palabres, des querelles sans fin entre Etats membres. L'Union européenne n'a toujours pas non plus été capable d'adopter une position commune face à la guerre civile en Syrie. Comment, à plus de 30, demain, parviendra-t-elle à faire entendre une seule voix face à l'Amérique, à la Chine, à la Russie, voire à l'Inde ? Certes, en termes comptables, l'intégration de tous les pays de l'ex-fédération de Yougoslavie ne coûtera au budget européen qu'à peine 10 milliards d'euros. Mais il reste encore d'immenses écarts de niveau de vie entre ces pays et le reste de l'Union. Pour beaucoup de nouveaux membres et de candidats, l'adhésion à l'Union européenne est perçue avant tout comme une prolongation de leur engagement vers l'Alliance atlantique, et non pas comme la reconnaissance d'une véritable identité européenne. On s'achemine donc de plus en plus vers une Europe à géométrie variable, avec des pays censés être intégrés comme les 17 dans l'euro - cette intégration étant elle-même source de très grandes difficultés -, les 22 de l'espace Schengen - espace au fonctionnement imparfait lui aussi - et les autres. L'Union européenne doit se décider, enfin, à fixer ses frontières et à redéfinir sa raison d'être. Même si aujourd'hui, avec l'arrivée de la Croatie, elle peut se vanter d'atteindre à nouveau l'objectif de ses pères fondateurs : « faire régner la paix en Europe ».Ce processus arrange tout à fait les partisans d'une Europe simple zône de libre échange, telle que le Royaume-Uni qui  a réussi à l'imposer, rendant maintenant impossible la création d'une future entité politique cohérente et indépendante ou  même une éventuelle et problématique structure fédéraliste...    The Economist avance que l'élargissement a été une des réalisations les plus réussies de l'UE et qu'il faut continuer à intégrer de nouveaux pays...la puissance des USA a besoin d'un grand marché européen mais certainement pas d'une puissance européenne concurrente...    _Les négociations pour un grand marché transatlantique  sont la dernière manifestation de cette volonté d'hégémonie économique, dictée par les multinationales. On peut aller jusqu'à dire qul'entrée de la Croatie va permettre de rendre l'Union européenne encore plus ingérable. Et donc à Washington de mieux diriger l'ensemble.    ___   Objectif bientôt atteint?...Entre deux chaises..______Quant au fédéralisme...       __________________

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Une question d'attention

Publié le par Jean-Etienne ZEN

                 Attention! Il est question d'attention...Cette qualité, stimulée depuis notre plus jeune âge, notamment en milieu scolaire, à l'origine de nos différents apprentissages, joue un rôle fondamental dans notre rapport au monde en général. L'attention est cette qualité, qui ne va pas de soi, qui nous rend curieux à ce qui se passe dans notre environnement pour en comprendre le sens, la logique, stimulant le désir de s'impliquer  dans le cours des choses, contre toutes formes d'indifférence, de distance hautaine ou de rejet. L'attention semble aujourd'hui une qualité bien compromise, à l'heure de la vitesse, de la superficialité, de l'indifférence, du repli sur soi dans le consumérisme et la dé-responsabilité, encouragée par un système qui nous pousse à privilégier la sphère privée, le tout à l'ego...                                                                                                                    La multiplication anarchique des écrans et leur utilisation anarchique dès le plus jeune âge ne facilite pas le développement de l'attention, loin de là. Le "temps de cerveau disponible", selon la formule de Patrick Le Lay, est un objectif des principaux medias qui sollicite, de manière souvent intéressée, notre temps et notre attention/fascination. La préservation d' l'attention maîtrisée et dirigée se trouve souvent compromise, dans le monde où la passivité favorise certains pouvoirs, pas seulement mercantiles. Préserver et cultiver notre attention, c'est donner à notre liberté une capacité de pouvoir toujours exister, toujours rebondir. 


                                                                      Notre degré d'attention s'est émoussé d'autant plus que nous sommes sans cesse sollicités, au niveau de la consommation matérielle et informationnelle, par une logique quasi imparable de séduction,de  détournement d'attention, de vitesse obligée, de stress, voire de décervelage. Nous y pensons et nous oublions...Cela se vérifie dans les salles de classe où la captation d'attention devient de jour en jour plus problématique et dans la société en général, où le repli sur soi, sur les seuls problèmes domestiques, tend à devenir la norme, où l'homme finit par devenir un atome centré sur lui-même et ses propres jouissances et souffrances.  __IL existe une économie politique de l'attention qui fait partie d'une citoyenneté exigeante. Un esprit non inséré consciemment dans la sphère publique peut-il avoir de bons instruments d'analyse et des capacités d'action et de réaction à la hauteur des événements qu'il vit?... "En politique, ce qu'il y a de plus difficile à apprécier et à comprendre, c'est ce qui se passe sous nos yeux" [A.de Tocqueville]                                                                                                         ___ « L’économie politique de l’attention » qui est à construire exige une activité critique collective qui doit viser avant tout à empêcher toute forme de captivité irrémédiable. La nécessité de ralentir les processus de décision comme les mécanismes de circulation constitue un objectif général qui entre en résonance avec la critique de la vitesse de Virilio, même si elle part de présupposés différents. Chacun aura remarqué à ce sujet que toute activité qui relève du care au sens traditionnel de soin ou d’assistance est plutôt considérée socialement comme une perte de temps parce qu’elle prend le temps et qu’elle prend le risque de le perdre et ce faisant d’opérer selon un principe de bien-veillance. A l’inverse, le modèle de la performance de l’économie financière a poussé à ses limites celui de la productivité capitaliste puisque cette « nouvelle économie » (et il n’y en a pas d’autre que financière) fonde ses mécanismes de profit sur cette vitesse de circulation, sur l’accélération générale des échanges, favorisés par le numérique en réseau et par la réduction de tous les phénomènes à un statut de données traduites en bits. Le modèle attentionnel de l’alerte qui génère ce stress généralisé (Sloterdijk) est parfaitement réalisé dans les desks des courtiers qui jouissent de cette accélération et de la désorientation que cela crée pour les non experts qui perdent leur mise pour cette seule raison..."[Merci à Dominique Boullier_Mediapart]         __________________

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Certains jettent l'éponge

Publié le par Jean-Etienne ZEN

  Et pourtant ils aiment leur métier.

                                   Ce n'est pas encore une hémorragie, comme à l'hôpital. Mais beaucoup sont épuisés ou sont démoralisés après les réformes qui se succèdent sans fin depuis des années sans grande cohérence.. Les job dating pratiqués à la hâte ne changeront rien à l'affaire....Un faisceau de causes ont produit une situation souvent critique. Mais ce n'est pas d'aujourd'hui...A-t-on voulu, conformément aux recommandations déjà anciennes de l'OCDE, laisser filer le système pour mieux le privatiser? C'est dans l'air....Le projet du FN ne manque pas d'inquiéter et penche nettement vers une conception libérale et régressive du système. 


                                                                                                                                                       S'il n'était question que d'orthographe, même minimale parfois, le problème ne serait pas si alarmant pour un nombre toujours plus grand d'élèves, mais , plus inquiétant, c'est le niveau de raisonnement qui pèche et la culture générale qui fait défaut dans ce qu'elle a de plus basique parfois. Et il ne s'agit pas que des fameuses perles traditionnelles? Les causes sont multiples et déjà anciennes, culturelles comme institutionnelles. Le travail régulier et approfondi, comme le plaisir d'apprendre sont des valeurs en baisse. La langue française est parfois devenue comme une langue étrangère...Le constat, souvent fait, pas toujours pour de bonnes raisons, s'impose maintenant, même pour des professeurs d'université, qui s'arrachent les cheveux. Pour ce qui est de la politique générale de l'institution qui tend vers la privatisation et qui n'est plus une priorité nationale, l'OCDE, fidèle au modèle libéral, continue à inspirer à des degrés divers les orientations scolaires au niveau pas seulement français:                                                                                                                                                                     ...Les conceptions de l’OCDE dans le domaine de l’éducation vont dans le sens d’une forte libéralisation du système éducatif. Dans Repenser l’enseignement. Des scénarios pour agir (dernier volume de la série « l’école de demain »), l’OCDE donne la parole à Jay Ogilvy, « grand pionnier de la réflexion prospective au sein des entreprises ». Celui-ci préconise une « décentralisation » et « une autonomie accrue des établissements scolaires, avec une influence plus forte des parties prenantes »1. Il fait l’éloge du projet anglais FutureSight, qui a consisté à renforcer le pouvoir des chefs d’établissement2. Il « préconise l’application des principes du marché contre l’excès de bureaucratie, qui risque d’étouffer l’innovation dans l’enseignement »    _________Cet expert promeut l’idée d’un enseignement adapté à chaque élève. Il affirme : « À l’avenir nous disposerons d’outils d’apprentissage qui nous permettront de faire chez chaque élève un diagnostic personnalisé qui nous donnera la possibilité de mettre à sa disposition, à chaque heure de la journée, des outils d’enseignement et des préparations de leçons les mieux adaptés à ses besoins et à ses aptitudes »4. Il faut selon lui « traiter chaque école et chaque élève différemment et singulièrement en fonction de leurs besoins propres », et « individualiser [l’] enseignement. » « Pour atteindre l’équité devant l’éducation à l’ère de l’information, nous devons rompre avec le vieux modèle de production de masse d’élèves bien socialisés et identiques de l’ère industrielle. Nous devons recueillir des informations sur chaque circonscription, chaque école, chaque élève, et les utiliser pour moduler les quantités de “nutriments” – qu’il s’agisse de dollars, d’enseignants, de manuels ou d’ordinateurs – en fonction des besoins de chaque école et de chaque élève »5. Ces idées sont entièrement au diapason de celles de notre gouvernement de droite, qui veut en finir avec le collège unique, créer des collèges de haut niveau dans les centres-villes et des collèges où l’enseignement se réduirait au minimum, au « socle commun », dans les banlieues défavorisées. Les 7 piliers du socle commun de connaissances sont d’ailleurs inspirés par l’OCDE. Ce que prône l’OCDE, c’est de renoncer à l’objectif ambitieux d’une école, d’un collège et d’un lycée pour tous, et trier dès le plus jeune âge les élèves en fonction de leurs résultats ; ce qui revient en fait à les trier en fonction de leur niveau social, donc à accentuer les inégalités. Ces préconisations vont à l’encontre du caractère démocratique et universel du système éducatif.                                                    Dans ce long rapport pétri de langue de bois, l’OCDE préconise aussi que l’enseignement public soit désormais « concerné par les mécanismes du marché ». L’organisation déplore que « les conseils d’établissement et l’administration centrale de la circonscription fonctionnent comme des monopoles d’État. Parents et élèves n’ont pas le choix du fournisseur, comme ce serait le cas sur un marché libre ». Elle fait valoir que « dans la plupart des entreprises, un directeur peut opérer des changements pour répondre aux différents besoins d’une clientèle diverse », et conclut : « Nous devons commencer par dégripper ce mécanisme ». Elle propose en outre de « donner aux élèves et aux parents la possibilité de choisir l’école et les enseignants qui correspondent le mieux à leurs besoins. Le financement ira dans le sens du choix des élèves » ; ainsi « les forces du marché récompenseront les résultats »6. L’assouplissement de la carte scolaire, l’autonomie des établissements, l’idée de payer les enseignants « au mérite », le recrutement massif d’enseignants contractuels tandis que les places aux concours sont drastiquement réduites et que des milliers de postes d’enseignants titulaires sont supprimés chaque année, toutes ces initiatives du gouvernement trouvent leur source dans les préconisations de l’OCDE qui est aujourd’hui véritablement le fer de lance de la libéralisation des systèmes éducatifs. Il est temps de démystifier l’OCDE, de se démarquer de cette influence ultra-libérale, et d’entreprendre une politique éducative ambitieuse et démocratique, visant à la réussite de tous les élèves..."

 

____Et voilà pourquoi votre fille est malade...         "Sous Blanquer, l'école privée a prospéré comme jamais...stimulée par les défaillances du public...."..._« La différence fondamentale, c’est que le privé n’a pas d’obligation d’accueil, contrairement au service public », s’insurge Yannick Trigance, ancien directeur d’école en Seine-Saint-Denis, ancien inspecteur, chargé des questions d’éducation au Parti socialiste.     Tirer le bilan de ces ballons d’essai, aller au bout de la réforme de l’éducation prioritaire « par contrat » et non plus « par territoire », reviendra au nouveau ministre de l’éducation nationale, Pap Ndiaye. Lui qui s’est défini comme un « pur produit de la méritocratie » lors de sa prise de fonction, tout en mettant ses enfants à la très select (et privée) École alsacienne, n’a pas encore réussi à convaincre qu’il pourrait changer radicalement de direction.    « Évidemment, les deux parcours n’ont rien à voir, mais Pap Ndiaye apparaît comme un homme de la sélection et du mérite, qui croit dans l’idée qu’il faut amener les meilleurs au plus haut. Et puis quelles marges de manœuvre aurait-il au sein de ce gouvernement dominé par la droite ? », s’interroge Marine Roussillon, maîtresse de conférences en littérature, spécialiste des politiques éducatives pour le Parti communiste (PCF).         Selon le service statistiques du ministère, la baisse démographique qui fait chuter la fréquentation des établissements scolaires publics de premier degré (1,2 % d’élèves en moins) épargne le secteur privé, qui lui voit ses effectifs se stabiliser, notamment grâce à la loi sur l’instruction obligatoire dès 3 ans.     Mais les mécanismes de financement (fixés dans la loi Debré) et les usages ont pour le moment empêché la bascule du système, fixant à environ 20 % le nombre total d’élèves pouvant être scolarisés en dehors de l’éducation nationale pour les collèges et lycées. C’est donc moins un transfert d’un secteur à l’autre que l’on observe, qu’un système de vases non communicants, le privé captant les meilleurs élèves, et le public perdant en mixité sociale.     « Il y a deux types de ségrégation scolaire, rappelle Pierre Merle. À l’intérieur du secteur public, entre ceux de l'éducation prioritaire et les collèges du centre ville, et entre le public et le privé avec des établissements privés qui ont un recrutement sélectionné et une localisation surtout dans les capitales régionales, spécifiquement dans les quartiers privilégiés de ces mêmes capitales régionales. »                    L’état de délabrement assez avancé de l’école publique, mis au jour à la lumière de la crise sanitaire, encore plus criant cette année en raison du grand nombre de professeur·es non remplacé·es, favorise ces deux mécanismes. Pour beaucoup de familles, l’école ou le collège de quartier deviennent repoussoirs. Mais le choix d’un établissement privé, que l’on va chercher parfois à des kilomètres de son domicile, reste le fait des catégories les plus aisées de la population.  « Après le premier confinement notamment, on a vu le privé très à l’offensive, assurant que chez eux, “tous les cours avaient été assurés”, et on a même vu, à l’occasion de Parcoursup, des lycées privés qui pouvaient “certifier” que tous les cours avaient eu lieu en présentiel, se souvient Marine Roussillon (PCF). Dans un univers scolaire de plus en plus concurrentiel, toute dégradation du public pousse vers le privé... »___________________________

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Varia

Publié le par Jean-Etienne ZEN

__ Sncf: déclin?

__ Bio en berne

__ On recrute                                

 

__ Changement d'échelle?

__ Tsunami immobilier?

__ Italie en déclin?

__ Echec et maths

__ Exemple espagnol

__ Etudiants précaires

__ Rentrée problématique

__ Dé-dollarisation en vue?

__ Savoir et exprimer

__ Un marché comme un autre?

__ Mariage des prêtres

__ Marchandisation du temps.     _____________________

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Vers une médecine 3.0 ?

Publié le par Jean-Etienne ZEN

        Une révolution ambiguë                          

                          Pour pallier au déficit de médecins qui pose problème et qui risque de durer encore longtemps, certains envisagent le recours de plus en plus large à la télé-médecine: de la consultation à distance, déjà partiellement existante et surtout au recours plus important à l'intelligence artificielle, notamment en matière d'imagerie médicale. _Une petite révolution médicale se prépare, qui va peut-être faire faire un pas de géant à la médecine préventive et au suivi des patients, en réduisant le coût des lourds examens traditionnels.    C'est notamment un tout petit objet, permettant de surveiller sans déranger, qui pourra avoir d'autres applications qu'on n'imagine pas encore. C'est du sérieux"Une équipe de chercheurs américains a mis au point un minuscule patch épidermique capable de surveiller les signes vitaux d'un patient grâce à des capteurs électroniques._Le nouveau système électronique épidermique (Epidermal Electronics System ou EES) est une véritable révolution. Doté d’une souplesse, élasticité et densité équivalente à celle de la peau, il adhère à l’épiderme comme un tatouage temporaire et assure un suivi rigoureux de la condition physique d’un patient en dehors de l’hôpital. Composé de capteurs, diodes lumineuses et microtransmetteurs, l’ESS est capable de capter les signes vitaux d’un sujet sans lui procurer la moindre gêne. Les mesures du rythme cardiaque ou encore de l'activité cérébrale et musculaire sont transmises à un ordinateur sous la forme d’un algorithme informatique..." 

 

                   Mais les réticences des praticiens sont nombreuses, car l'interprétation humaine des données sera toujours nécessaire et des problèmes éthiques apparaissent vite au sujet du secret médical.    De plus le diagnostic individualisé, physique et interprétatif ne remplacera jamais la technicité froide des données numériques ou de la voix à distance                                                                                                Le risque le plus notable est celui d'une  médecine asservie au Big data.  La recherche de pointe privée aux USA côtoie les fantasmes les plus naïfs et (parfois) les plus inquiétants.  Voilà que les géants du web, après la voiture intelligente et autres Google watch,  s'intéressent au génome hmain. De façon parfaitement désintéressée....   Non pas que ce soit inutile, mais c'est fait hors de tout contrôle public, uniquement régi par les lois du marché, comme si le domaine de la santé était surtout un vaste business destiné à croître indéfiniment... Parfois dans le plus pur esprit de l'idéologie transhumaniste.

 
       Notre futur intéresse les boys de la Silicon Valley.
 Google vise-t-il le bien de l'humanité ou le portefeuille des assureurs?
       Une guerre commerciale est engagée.
               ...La médecine est sur le point de devenir une science de l'information au sein d'un marché évalué à 10 800 milliards de dollars par an en 2017, selon Freedonia Group. Les médecins et les chercheurs sont désormais capables de récolter et d'analyser de gigantesques quantités de données auprès de leurs patients. Et Google est très, très bon avec les grandes bases de données. Le big data pour combattre la maladie donc...
        Vaste marché en perspective concernant la médecine prédictive (sur laquelle on se fait beaucoup d'illusions encore, dans un esprit étroitement scientiste et médicalement obtu: le tout génétique a montré ses limites...)
                   D’après Jay Flatley, patron d’Illumina, leader californien du séquençage et de la fabrication de matériel, ce marché émergent pourrait atteindre 20 milliards de dollars ces prochaines années. Un marché qui intéresse au plus haut point Google, Apple, Facebook ou Amazon (Gafa), qui ont fait de l’exploitation des données le cœur de leur activité. Comme Anne Wojcicki, dont il est partenaire, Jay Flatley milite pour la libéralisation des données génétiques. Il participe au financement de Helix, une sorte d’AppStore du séquençage low-cost, où l’exome (une partie du génome) de chaque client, séquencé par Illumina, sera «monétisé» auprès de ses partenaires : des développeurs d’applications liées au sport et au bien-être, comme les laboratoires américains Lab Corp ou la célèbre clinique Mayo, un réseau hospitalo-universitaire basé à Rochester dans le Minnesota et classé en 2015 meilleur établissement de santé américain par le magazine US News & World Report.
                   Le projet Baseline Study vise "modestement" à euthanasier la mort et d’accéder à l’immortalité ».          Grâce au programme «Baseline Study», le géant d’Internet qui rêve de «tuer la mort» ou du moins de la faire reculer dans des proportions jamais vues dessine le profil génétique de l’humain en bonne santé grâce à des milliers de cobayes bénévoles connectés à un tracker médical, tandis que la société partenaire Ancestry DNA trace de tentaculaires arbres généalogiques à partir des gènes d’un million de clients.... 
      Patrick Gaudray, directeur de recherche au CNRS et membre du Comité consultatif national d’éthique : «Nous commençons à peine à comprendre le rôle des gènes dans les pathologies. La prédiction médicale est à mi-chemin entre le sérieux et la boule de cristal ! Si on nous découvre une prédisposition aux maladies cardio-vasculaires, va-t-on espionner le compartiment beurre de notre frigo connecté pour calculer notre prime d’assurance ?» De fait, les assureurs français Malakoff Médéric et Axa se renseignent déjà en temps réel sur l’état de santé et l’activité physique de leurs assurés volontaires au moyen d’objets connectés de quantified self («mesure de soi»).
      C'est donc vers une chasse aux ADN  à laquelle on risque d'assister.
         Pour notre bien? Les spécialistes en éthique médicale n'en sont pas convaincus:
                 «Pour prévenir les maladies, jusqu’où ira-t-on ? Voudra-t-on fabriquer des génomes exempts de tout problème ? Faudra-t-il répondre à un standard génétique ? Moi, ça me terrorise !»dit Patrick Gaudray. Alors que penser des technologies de réécriture de l’ADN pour gommer les causes d’une maladie génétique, développées par une équipe d’éminents scientifiques américains, à l’origine d’Editas Medicine ? Un programme financé par des fonds privés, dont ceux de l’omniprésent Google, le plus «transhumaniste» des Gafa au cœur d’une Silicon Valley.
       Les investissements qui se font implicitement au nom de la nouvelle doctrine de " l'homme augmenté"   n'ont vraiment rien pour rassurer...
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Narcotrafics: problème politique

Publié le par Jean-Etienne ZEN

                Une industrie comme une autre?...

                                                           La France, comme d'autres pays voisins, est-elle en train de devenir une sorte de narco-état?                  Certes, ce n'est pas le Mexique, mais il y a lieu se s'inquiéter sur la voie qu'elle prend et d'agir politiquement, collectivement au plus vite, en ciblant les sources, car le marché est en pleine expansion. Ce ne pourra être qu'à la suite d'une réflexion et d'une décision européenne, dans un premier temps. On a affaire à une économie à part entière, où les mécanismes et les enjeux sont souvent intriqués. à la dimension mondiale.               Il se trouve que l'économie légale se trouve parfois être co-responsable de l'extension des économies dites parallèles et cette économie florissante a une face cachée, dont il faut analyser l'importance.  L'économie souterraine a de beaux jours devant elle. La corruption est aussi une donnée qu'il faut prendre en compte.


         "...Cette consommation affecte nos économies, nos systèmes de santé et même nos démocraties avec les sommes d’argent dont dispose le commerce illégal à des fins de corruption, comme l’expliquait récemment au Point le directeur du Centre opérationnel d’analyse du renseignement maritime pour les stupéfiants regroupant six pays européens. Trois exemples de détournement d’outils légaux au profit des narcotrafiquants illustrent comment l’économie légale fournit – parfois sciemment – des instruments de développement des activités criminelles, dont le trafic de stupéfiants. Il s’agit des trust and company service providers, des fournisseurs de messagerie cryptée et des infrastructures portuaires....Le terme de « sociétés-écrans » revient régulièrement lorsqu’il s’agit de trafic de stupéfiants, qu’elles servent de façade légale pour l’activité illégale ou d’outil de blanchiment de l’argent sale.  Des prestataires légaux, les trust and company service providers (TCSP) (« prestataires de services aux sociétés et fiducies »), offrent en toute légalité des services d’enregistrement et de domiciliation des sociétés et fiducies permettant de garantir l’opacité sur la propriété réelle des entités. En quelques clics sur Internet, il est possible d’immatriculer une société dans une place offshore pour une somme modique et sans même forcément se déplacer. Ces prestataires agissent en toute liberté malgré des rapports du Groupe d’action financière (Gafi) pointant la responsabilité de ces sociétés dans le blanchiment d’argent. Le Gafi est l’organisme mondial de surveillance du blanchiment de capitaux et du financement du terrorisme.  En particulier, ces TCSP peuvent proposer, moyennant finance, des « directeurs désignés » (nominee directors), c’est-à-dire des personnes dont le nom apparaitra dans les registres en lieu et place du nom du véritable propriétaire (beneficial owner). Ils ne disposent d’aucun pouvoir opérationnel et décisionnel dans la société, n’ont pas non plus de droit d’accès ou de regard sur les comptes bancaires de la société : dit autrement, ce sont des hommes de paille. Cette option est évidemment fort appréciée des narcotrafiquants..." ___

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