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De l'Allemagne

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 
 La part allemande
________________Au sein de l'Eurozone en crise, la question allemande revient de plus en plus souvent.
En Hollande aujourd'hui, le gouvernement libéral commence à prendre ses distances avec les normes économiques imposées par Berlin, nos amis d'outre-Rhin étant eux aussi traversés par une contestationgrandissante à l'approche des élections.
Il n'y a aucune germanophobie à contester un modèle, qui d'ailleurs commence à accuser des faiblesses (*). Et ce ne sont pas les Allemands qui sont en cause, mais la ligne suivie par Merkel et la coalition qu'elle dirige, depuis la virage Schröder, qui déclare que: 
"l’Allemagne est appelée à jouer un rôle de meneur au sein de l’Union européenne, du fait de sa force économique et de son importance politique", en oubliant  le rôle crucial de l’Allemagne dans la crise des dettes souveraines, la politique de l’Agenda 2010 qui a baissé les salaires réels allemands par rapport aux "concurrents" européens, ce qui a entraîné des pressions néfastes sur leur croissance et, par ce biais, sur leurs finances publiques, en oubliant qu’en même temps l’Allemagne leur interdisait d’exporter en retour, puisque sa demande globale stagnait?
 L'économie allemande respire, mais à quel prix et pour combien de temps? Elle a tout à perdre de l'affaiblissement de ses voisins. Le pacte européen de stabilité, critiqué par l'OFCE  et M.Fitousi,conduit à l'austérité  et à la récession.
__ Le rêve allemand serait-il un cauchemar européen?
"Que se passera-t-il lorsque l'outil de la dévaluation ne sera plus disponible en Espagne et en Europe et que l'économie allemande s'imposera partout grâce à ses énormes gains de productivité avec la monnaie unique ?", s'était interrogé, dès 1997 le futur chancelier...
Le discours de F.Hollande, souvent équivoque, fait allusion ce risque:  
"Les pays européens qui sont en excédent courant et budgétaire doivent soutenir la demande», insiste le président la République, qui ne fait que reprendre une requête adressée aux Allemands par Christine Lagarde lorsqu'elle était ministre des Finances de Nicolas Sarkozy… La réaction des Allemands, outragés à l'époque, n'a guère changé avec la crise. L'orthodoxie budgétaire et la désinflation compétitive restent, pour Berlin, la principale issue à la crise européenne", déclare F.Hollande.
_____Il s'agit plus qu'un voeu, mais d'une nécessité économique urgente, dans l'intérêt même de Berlin et d'une reconstruction d'une Europe sur d'autres bases, car:  
(*)"... Pour qu’une union monétaire ait un intérêt il faut donc que les avantages l’emportent sur les coûts
Depuis les années 60, avec les travaux de Mundell, Mc Kinnon et Kenen, on connaît assez bien les conditions de réussite d’une union monétaire. Ces conditions sont les suivantes : 1°) les travailleurs doivent pouvoir être mobiles et s’installer sans contrainte  là où le marché du travail est le plus favorable, 2°) les capitaux doivent pouvoir circuler librement entre pays, 3°) des transferts fiscaux importants (par exemple à travers un budget fédéral) doivent pouvoir avoir lieu, 4°) les cycles économiques entre pays doivent être assez proches. Les Etats-Unis constituent un bon exemple d’union monétaire fonctionnant de manière satisfaisante. Les cinquante Etats américains partagent le dollar comme monnaie commune. Ils présentent pourtant des différences importantes. Les économies du Mississippi, du Nevada ou du Massachusetts sont très différentes. Cependant, la facilité de circulation et d’installation des travailleurs entre ces différentes régions, ainsi que l’existence de transferts fiscaux importants des régions riches aux régions pauvres, permet à l’union américaine de fonctionner sans que des déséquilibres insupportables ne s’installent entre ses membres.
La zone Euro ne remplit pas ces conditions, en particulier les points concernant la mobilité du travail et les transferts entre pays sont loin d’être remplis. Dès lors, dans ces conditions, la seule et unique façon d’éviter une explosion de l’union monétaire est de coordonner les politiques économiques de ses membres pour s’assurer que ne naissent pas des déséquilibres trop importants. En particulier, l’Union Européenne doit s’assurer que ceux dont le poids économique est le plus important (Allemagne, France, Italie, Espagne) ne connaissent pas des évolutions trop divergentes. Or, ce n’est pas du tout le cas depuis la création de l’Euro. Les cycles et les politiques économiques des différents pays de la zone divergent fortement. Les responsabilités sont partagées mais l’Allemagne en porte une part importante. En effet, elle a mis en place au début des années 2000, une politique économique visant spécifiquement à devenir plus compétitive que ses voisins. Qui plus est, elle ne l’a pas fait grâce à des gains de productivité mais simplement en comprimant ses coûts salariaux, en réduisant la consommation à travers des augmentations de TVA et en ayant une inflation inférieure à l’objectif de 2% de la BCE. L’Allemagne a volontairement freiné sa demande interne : consommation des ménages, investissement des entreprises et même les dépenses publiques jusqu’en 2008... Elle a tout fait pour gagner des parts de marché vis-à-vis des autres membres de la zone Euro. Cela a eu pour conséquence de faire exploser son solde des échanges extérieurs qui est maintenant sur des niveaux jamais atteints depuis 1945. Compte tenu de l’absence de mobilité des travailleurs et de l’absence de transferts fiscaux entre Etats, cette stratégie est exactement à l’opposé de ce qui doit être fait pour assurer la viabilité de l’Union Européenne...
 Le succès de la stratégie allemande et ses bonnes performances économiques n’ont été rendus possibles que parce que dans le même temps, ses partenaires étrangers importaient ses produits.  Sa croissance depuis 2000 a reposé essentiellement sur les surplus commerciaux. Sans cela les performances de l’économie allemande auraient été beaucoup moins convaincantes. Ce sont les achats de ses voisins qui ont été la clé de son succès. La politique et les performances économiques de la France ont été plus respectueuses des équilibres intra-européens. La productivité française a progressé dans les mêmes proportions que l’Allemagne mais la France n’a pas cherché à comprimer ses salaires ni à réduire son inflation en-dessous de l’objectif européen des 2%. La politique française n’a pas consisté à fonder sa croissance sur le moteur des exportations. Aujourd’hui, la Commission Européenne, la BCE et les gouvernements européens veulent dupliquer le modèle allemand à l’ensemble de l’Europe, en se lançant dans une course à la compétitivité avec compression des coûts salariaux et mise en place de programme d’austérité généralisé (voir ci-dessous le graphique de l’évolution des soldes budgétaires. Mais c’est un contre-sens économique majeur. Aucun pays ne pourra dégager les mêmes surplus commerciaux que l’Allemagne des années 2000, puisque ces politiques économiques ont pour conséquence de freiner la demande dans toute l’Europe et donc de réduire les importations potentielles de nos principaux partenaires commerciaux.
 Contrairement à ce qu’écrivent certains, il n’est nul besoin d’être extrémiste pour se rendre compte que la stratégie d’austérité imposée à l’ensemble de l’Europe et la course à la compétitivité par la baisse des coûts salariaux mène droit à la faillite de la zone euro. Au contraire, si l’on veut sauver le projet européen, il convient de faire les bons constats. Il faut comprendre les conditions de fonctionnement d’une union monétaire, et  il faut comprendre que des politiques d’austérité en période de récession sont un contre-sens économique majeur. Critiquer la politique économique allemande n’est pas être anti-allemand ou anti-européen. L’ancien Chancelier allemand Helmut Schmidt l’a formidablement bien expliqué dans un discours prononcé en décembre 2011 : "Celui qui croit que l'Europe peut réussir à recouvrer la santé uniquement grâce à des coupes budgétaires devrait étudier plus en détail la politique déflationniste du Chancelier Heinrich Brüning en 1930-1932. Elle avait déclenché une dépression et un chômage d'une telle ampleur qu'elle avait ainsi initié la disparition de la première démocratie allemande..." (Bertrand Groslambert)
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_Ulrich Beck: “Germany has created an accidental empire-
-Habermas: L'Allemagne profite de la crise 
 Altkanzler Schmidt kritisiert Merkels Europa-Kurs -
Europe : est-ce vraiment l'Allemagne qui paie ?
 -Et si l' Allemagne n'était pas si exemplaire...
-L'Allemagne prise au piège
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Poule aux oeufs d'or

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 
Des actionnaires comblés
                                           C'est connu. Produire un nouveau médicament peut coûter très cher..
   Cet argument est le plus souvent avancé par les firmes pharmaceutiques pour justifier les prix.parfois astronomiques de certains nouveaux produits, qui peuvent varier d'un extrême à l'autre selon les pays.
       Des  accidents de parcours et des pratiques souvent obscures.
    La pharma mondiale, hautement rentable, soigne ses actionnaires 
   Le profit à tout prix et le manque de contrôle public ont souvent été dénoncés.
   Un anticancéreux à plusieurs milliers d'euros par mois et par patient vient d'être lancé sur le marché.
  Des prix qui donnent la nausée  selon Que Choisir. D'autant plus que Merck ne livre plus un anticancéreux aux Grecs pour cause d'impayés!
      La France acceptera-t-elle de payer? |"Autorisés depuis juillet par l’Agence européenne du médicament ces deux spécialités ne tarderont guère, dit-on, à être commercialisées sur les marchés des pays de l’Union – quelques mois pour la France. Encore faut-il s’entendre sur les prix. On imagine l’impact que peuvent avoir ces informations sur les personnes directement concernées – celles souffrant d’un mélanome métastasé. On parle ici de plusieurs milliards de dollars de chiffres d’affaires. Des analystes évoquent un nouvel Eldorado des anticorps monoclonaux – des chiffres qui ne tiennent qu’au prix de vente unitaire du traitement : jusqu’à 150 000 dollars par an aux États-Unis.
      « Le succès de deux anticancéreux met à l’épreuve les finances de la Sécu. La France se prépare à l’arrivée d’une nouvelle génération de molécules, aussi onéreuses qu’efficaces pour traiter des cancers » titre Le Monde (Chloé Hecketsweiler). Le prix du Keytruda®, comme l’Opdivo®  pourrait atteindre 100 000 euros par patient et par an. Pour l’heure rien ne permet de dire quel sera le champ d’application de ces nouvelles molécules. Merck explique cibler « trente tumeurs différentes » tandis que Bristol-Myers Squibb va commercialiser sa nouvelle spécialité dans le cancer broncho-pulmonaire."
      La recherche du profit prend trop souvent le pas sur l'intérêt de la santé publique.
               Au travers des médias traditionnels, les compagnies pharmaceutiques dépensent chaque année 18 milliards de dollars en frais de marketing. Pour les médecins, les compagnies dépensent six fois ces sommes en plans d’assurance santé, conférences éducatives, études publiées dans des revues médicales, etc., etc. Tout cela revient à dire que nous avons des vaccins exemptés de toute responsabilité pour le fabricant, très peu de données montrant que ces vaccins sont sûrs et efficaces, avec d’énormes dépenses de marketing. Aux Etats-Unis notre système vaccinal est délabré. Il n’est pas possible de rendre un produit obligatoire quand tant de questions restent sans réponse et quand tant de choses se passent dans les coulisses dont le public n’est pas conscient, comme par exemple les ingrédients des vaccins...
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Graines de vie

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 Biodiversité malmenée
____________________Depuis le début du néolithique et de l'agriculture, les graines, issues d'espèces sauvages, extrêmement variées, représentent le premier maillon de la chaîne alimentaire.
Les agriculteurs ont pratiqué depuis longtemps une sélection empirique des  variétés jugées les plus rentables. « Il a fallu 3,5 milliards d’années d’interactions du vivant pour engendrer la diversité génétique, rappelle l’écologiste Marie-Christine Blandin. Puis les sociétés paysannes ont identifié, sélectionné, transporté, échangé durant quelques dizaines de milliers d’années. Ce bien commun naturel et culturel ne saurait être confisqué : il est patrimoine de l’humanité. Le “découvreur” d’une variété ne saurait se l’accaparer ! »
Depuis la maîtrise génétique de la reproduction, le développement des groupes mutinationaux de l'agroalimentaire et du formidable marché qu'il représente, la privatisation des semences se poursuit, vers  toujours plus d'homogénéité au détriment de la diversité.  Déjà 5 multinationales contrôlent 75 % de la semence potagère sur la planète.
Contrôler les semences, c'est contrôler la production agricole...
_Un pas de plus vers la privatisation du vivant... et une diversité en recul accéléré. "Il s'est produit une "extraordinaire érosion de la diversité des plantes cultivées au point qu’aujourd’hui quelques variétés de blés, très proches génétiquement les unes des autres, couvrent 80% de l’assolement annuel en blé , et que 80% des légumes cultivés il y a cinquante ans ont disparu." (RSP)
 Bientôt les semences paysannes seront-elles illégales ?
 "La loi du 8 décembre 2011 relative au « Certificat d’Obtention Végétale » (COV), proposée par un sénateur UMP, soutenue par le gouvernement de Nicolas Sarkozy et votée par la majorité UMP, a gravé dans le marbre l’interdiction de semer le grain récolté et l’obligation, dans cette hypothèse, de payer des royalties aux semenciers-sélectionneurs dès l’usage en deuxième génération des semences vendues sur le marché."
Heureusement, contre l'offensive des grands semenciers, certains agriculteurs luttent localement pour préserver la diversité, surtout pour les espèces de blé pour la boulangerie, comme l'association  Graines de Noé .
Seules les solutions locales préserveront l'avenir, contre les intérêts des puissants lobbies.
Repenser l'agriculture reste toujours d'actualité. 

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Excédents commerciaux allemands

Publié le par Jean-Etienne ZEN

   Problème de riche
                              On pourrait croire que des excédents commerciaux sont une aubaine pour un pays, pris par la frénésie exportatrice.L'Allemagne exporte plis que la Chine, en pourcentage de son PÏB..
        Quel pays ne rêverait-il pas d'excédents commerciaux?
    Mais les excédents allemands ne seraient pas vraiment un problème pour la zone euro s'ils finançaient de l'investissement dans la périphérie, mais on en est loin...
    L'insolente bonne santé commerciale allemande (malgré sa dette et le coût migratoire) devrait réjouir les coeurs, partout dans la zône euro.
     Or L’Allemagne, de plus en plus critiquée pour cette bonne santé même et cela produit, qu'elle le veuille ou non, des effets pervers pour ses voisins.
      ...L’Allemagne exporte à tout-va et importe beaucoup moins. Et alors ? C’est, après tout, le modèle qui a permis à Berlin de redevenir, dans les années 2000, la principale puissance économique européenne. Mais un trop large excédent commercial “revient à exporter son chômage”, souligne Ben BernankeCette force de frappe exportatrice se fait “au détriment de la production locale des pays importateurs”, souligne Pascal de Lima, économiste en chef du cabinet EconomicCell. L’Allemagne importe peu, ce qui n’arrange pas les affaires des entreprises exportatrices de ses partenaires commerciaux. Cette success-story du “made in Germany” pousse aussi les autres pays à chercher à “améliorer leur compétitivité, notamment en faisant pression sur les salaires, ce qui fait baisser le pouvoir d’achat, la consommation et engendre un risque déflationniste [baisse des prix] qui rend la reprise économique plus difficile en temps de crise”, souligne le Centre britannique pour la réforme de l’Europe.
     Au coeur de la question allemandeles choses ne sont pas si simples que ce proclament les pourfendeurs patentés des,tares de notre pays.
    La gestion économique de ce pays le met dans une situation de plus en plus impossible.
         L'utilisation de l'excédent public allemand décidera de l'avenir de la zone euro,et le problème n'est pas ignoré outre-Rhin:.
    La « grande coalition » entre la SPD sociale-démocrate et la CDU/CSU conservatrice se déchire sur l'utilisation des quelques 6 milliards d'euros que le budget fédéral (qui ne représente que 62 % de l'ensemble du budget public allemand) a dégagé l'an passé.
     Les critiques: ne manquent pas En accumulant des excédents extérieurs records, elle contribuerait à la faiblesse de la croissance de l’union monétaire, estiment certains économistes, comme ceux duFonds monétaire international.
   En 2013, la Commission européenne a ouvert un « examen approfondi » sur le sujet. De son côté, le Trésor américain pointe régulièrement « l’addiction allemande » au commerce extérieur et « l’anémie » de sa demande, jugeant qu’il y a là une source de déséquilibre important pour la zone euro. Des critiques justifiées...
        L'Europe s'en inquiète: "Berlin est régulièrement attaqué pour sa dépendance envers les exportations et la faiblesse de sa demande intérieure. Comme avant eux le FMI et des pays européens, les Etats-Unis ont récemment repris le flambeau en fustigeant la politique économique allemande, sources de "déséquilibre", pour la Zone euro, dont pour l'économie mondiale. Si la procédure aboutissait à des sanctions, ce serait une première.
    Sur son blog, Olli Rehn, commissaire européen des Affaires économiques, a plaidé lundi pour que Berlin "ouvre les goulets d'étranglement à la demande intérieure". Et ce, pour aboutir à "une issue gagnant-gagnant tant pour l'Allemagne que pour la zone euro" à un problème au centre d'un "débat enflammé depuis un certain temps". Il faut dire qu'en pourcentage du PIB, l'Allemagne dégage plus d'excédents que la Chine.."

                    "S’attaquer au veau d’or allemand, c’est contester un système érigé depuis dix ans en modèle intouchable. Et «c’est une excellente nouvelle», s’exclame Thomas Klau, qui dirige l’antenne parisienne du think tank ECFR (European Council on Foreign Relations) : «Il est évident que les excédents persistants et forts sont une source de déséquilibres aussi préoccupants pour la zone euro que des déficits persistants et forts.» En clair, pendant que certains pays serrent les boulons de leurs comptes publics et redressent leur compétitivité, ceux qui sont en bonne santé doivent lâcher du lest en relançant la consommation intérieure et donc les importations.

    Pour Olli Rehn, le commissaire chargé des Affaires économiques et monétaires, il faut que l’Allemagne «ouvre les goulets d’étranglement à la demande intérieure», notamment en augmentant les salaires, en ouvrant les services à la concurrence ou en augmentant les investissements publics : ce sera «gagnant-gagnant, tant pour l’Allemagne que pour la zone euro», selon le commissaire.
    De fait, si l’Allemagne tient à l’euro, elle ne peut laisser ses partenaires périr par asphyxie. Ce n’est pas dans son intérêt, ni économiquement ni politiquement, sa politique égoïste suscitant un rejet de plus en plus grand. Mais s’il est facile de critiquer un mauvais élève - comme la France qui continue à regimber devant les réformes et va donc faire elle aussi l’objet d’une enquête -, il est plus difficile de mettre en cause un pays qui n’a pas attendu la crise pour s’adapter. D’où les atermoiements de la Commission. En février 2012, dans le cadre de ses nouveaux pouvoirs de surveillance de la zone euro, la Commission a rendu public dix indicateurs qui, comme par hasard, ont permis à l’Allemagne de passer à travers les mailles du filet. Le critère était que la balance des comptes courants doit rester entre - 4% et + 6% du PIB sur les trois dernières années. Et, miracle, celle de l’Allemagne était en moyenne de + 5,9% !"
                  _____   "Dans une ambiance européenne de croissance soutenue, l’Allemagne va alors bénéficier de la forte demande de ses partenaires européens. A l’inverse, la demande intérieure allemande pantoufle sagement en raison de la stagnation des salaires. Le déséquilibre recherché commence à produire ses effets. Ainsi, les exportations vont progresser d’autant plus que les salaires seront stables, et ce, en surfant sur la croissance européenne, notamment des pays périphériques. Pour être clair, l’Allemagne va "importer" la demande des autres pays, ce qui revient à dire que le pays exporte son chômage chez ses partenaires. Bien entendu, il ne s’agit pas d’une stratégie coopérative mais bien d’une pure agression économique. Mais à cette époque, au sein de la zone euro, c’est le sacre du "vivre ensemble".
       Car si une telle stratégie peut être tolérée dans une union afin de permettre à un pays de se redresser, certaines limites doivent être respectées. Mais ces limites ont été explosées depuis longtemps par l’Allemagne. Jusqu’à en arriver à cet excédent commercial de 217 milliards d’euros."
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Crise et inégalités

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 
Et pourtant elles montent..  
________________________On le sait, on le dit, on le voit, on finit par le reconnaître, même à l'OCDE, contre le dogmatisme officiel: les inégalités s'amplifient. 
La crise économique plonge ses racines, d'abord aux USA, dans les inégalités, dans une baisse de la demande des moins solvables, qui a débouché sur un endettement démesuré et de folles aventures bancaires déstabilisantes (1)
 Mais la crise creuse aussi les inégalités, frappant surtout les plus pauvres, (même  si les yachts de luxe se revendent moins bien àAntibes.. ) 
Aux USA, les écarts se creusent toujours, mais la France n'est pas épargnée
Même le Figaro s'en fait l'écho. 
___Les inégalités ont un prix 
Selon l'Insee, ": la pauvreté s’installe et les inégalités n’ont cessé de se creuser. Les ménages les plus pauvres paient le plus lourd tribut. « En 2010, le niveau de vie de la majorité de la population stagne ou baisse, après avoir faiblement augmenté l’année précédente. Au sein de l’ensemble de la population, les personnes les plus modestes sont particulièrement touchées depuis la crise. À l’inverse, le niveau de vie au-dessus duquel se situent les 5 % de personnes les mieux loties repart à la hausse, après avoir stagné en 2009 », note d’emblée l’institut (lire l'intégralité de l'étude ici)
Le niveau de vie médian – c’est-à dire le point d’équilibre entre la moitié des ménages qui gagne le moins et la moitié qui gagne le plus – s’est élevé à 19 270 euros par an, soit 1 610 euros par mois. Il est en baisse de 0,5 % en euros constants, par rapport à 2009. La baisse a été particulièrement sensible pour les ménages les plus pauvres. Les trois premiers déciles accusent une chute entre 1,3 % et 1,6 %. Les 10 % de personnes les plus modestes ont un niveau de vie inférieur à 10 430 euros annuels, correspondant au 1er décile.
Dans le même temps, les revenus des ménages les plus aisés, qui avaient enregistré une baisse en 2009, ont recommencé à augmenter. Le niveau de vie des 5 % de personnes les plus aisées a progressé de 1,3 % en 2010. Celui des 1 % les plus riches a enregistré une hausse de 4,7 % en 2010, après avoir baissé de 4,3 % en 2009. « Les 10 % les plus aisées disposent d’au moins 36 270 euros annuel, soit 3,5 fois plus (que les foyers les plus modestes) », note l’étude.... 
C’est la première fois, insiste l’Insee, que la crise accentue autant les inégalités. Cette remarque conduit à un constat inquiétant : le système redistributif français, mis à mal depuis de nombreux années, est en passe de se casser. Il n’a plus les mêmes effets protecteurs qu’auparavant. Les dispositifs de solidarité permettent encore d’atténuer la chute mais plus de l’effacer. « Avant transfert, le premier décile de revenu par unité de consommation diminue de 3,2 % en moyenne par an de 2008 à 2010 et de 1,2 % après transferts ; pour le deuxième décile, les évolutions sont respectivement de 1,8 % et de 1,3 % », signale l’étude. 
De plus en plus de ménages se trouvent ainsi renvoyés aux marges de la pauvreté. « En 2010, le taux de pauvreté monétaire atteint 14,1 %, en hausse de 0,6 point. Les plus fortes contributions à la hausse de la pauvreté en 2010 sont en fait celles des populations inactives : les retraités (11 % de l’accroissement du nombre de personnes pauvres), les adultes inactifs autres que les étudiants et retraités (16 %) et, surtout, les enfants de moins de 18 ans (63 %)», relève l’Insee. Selon l’institut, 2,7 millions d’enfants vivent désormais dans des familles pauvres en 2010. Le risque de pauvreté s’accroît pour ces enfants, quand ils vivent dans des familles monoparentales, ou s’il y a plus de trois enfants dans la famille. Toutes ces données seront-elles prises en compte par les experts qui prônent une réforme des allocations familiales ?
La pauvreté touche aussi les retraités les plus âgés, souvent des femmes seules n’ayant pas ou peu travaillé. Le minimum vieillesse avait permis ces dernières années d’apporter une sécurité à cette population très fragile. Mais là encore la situation se dégrade : « En 2009, le taux de pauvreté monétaire des personnes âgées de 75 ans ou plus s’élève à 13,0 %, contre 7,7 % pour les personnes âgées de 65 à 74 ans et 12,8 % pour les personnes d’âge actif », pointe l’étude.
La troisième catégorie la plus menacée, ce sont les ménages endettés. Par rapport au reste de l’Europe, les ménages français sont peu endettés. Selon l’Insee, 46 % des ménages vivant en France déclarent avoir au moins un emprunt encore en cours. 18 % sont endettés uniquement pour l’achat d’un bien immobilier ou pour financer de gros travaux. Mais il y a ceux qui s’endettent pour boucler les fins de mois, ceux qui cumulent les crédits immobiliers et les crédits à la consommation. Plus de 18 % des ménages endettés doivent rembourser l’équivalent de plus de 30 % de leurs revenus chaque mois. Certains se retrouvent totalement étranglés : ils sont 12 % à avoir un endettement dépassant 80 % de leurs actifs, et même 9 %, qui ont accumulé un endettement dépassant la totalité de la valeur de leur patrimoine.
Que reste-t-il du « modèle français » ? De moins en moins de protection manifestement au fur et à mesure que la crise se prolonge et s’amplifie. Jamais les inégalités n’ont été aussi grandes en France depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Mais rien n’est fait pour corriger la situation. Aucune réforme de la fiscalité n’a été entreprise par le gouvernement. « La réforme fiscale est faite », assurait avec aplomb Jérôme Cahuzac, alors ministre du budget, en janvier. Plutôt que de regarder les chiffres et de s’en inquiéter, beaucoup préfèrent s’en tenir au mythe.(Martine Orange_Mediapart)
___________________La révolution fiscale, promise, attend encore.
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Testament d'Obama

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 
Barack prépare ses cartons
                                             Sa future  baraque vaut le détour.
               Pas facile de retrouver un job à son âge...En tous cas, s'il a des souci d'argent, il pourra toujours bénéficier de l' Obamacare...
       Il restera près de la Maison Blanche, peut-être pour avoir un oeil sur l'imprévisible nouveau locataire, qui passe de l'orgueilleuse tour de la Cinquième Avenue au modeste mais célèbre Bureau Ovale.
         Que retenir de ce passage de Mister Yes we can? __ « Yes we can. And yes we did. »?__
      Qu'a-t-il pu? Vraiment. Encore trop tôt pour faire un bilan, surtout en deux mots.
    Entre le triste Oil-Warrior Busch II et Calamity Trump qui s'annonce, les jugements vont plutôt à son avantage. Tout est affaire de contrastes.
         Il savait sourire, beaucoup. Pleurer, un peu.
   On se souvient des premiers jours euphoriques de l'élection. Beaucoup attendaient un vrai changement..
   Mais les déceptions ont été rapides et ont grandi au fur et à mesure des constats d'impuissance, qui n'était pas seulement institutionnelle, due au frein du Congrès..
     Des déceptions parfois profondes, à la mesure de l'engouement des débuts.
   Il ne fut pas le super-président  attendu, malgré ses références à Jefferson, malgré quelques réformes partielles (sur la santé) ou avortées (sur le port d'armes).
       Le bilan n'est donc pas flamboyant. C'est un euphémisme.
  On lui reprochera une prudence ambiguë en matière de politique étrangèrere, une relation étroite à la haute finance de W.Street, un manque d'ambitions à l'égard des fractures du pays et des inégalités galopantes, une passivité  vis à vis de l'extrême droite isaraëlienne, etc..
  Pour être plus sévère, on pourrait dire qu' Obama est, entré dans l'histoire sans la changer
      Comme le dit le philosophe et militant afro-américain Cornel West, « Obama représente le dernier souffle du néolibéralisme qui a émergé sous Carter en réponse à la crise structurelle à laquelle était confrontée l’économie mondiale au milieu des années 1970 », et qui a tenté de « résoudre tous les problèmes profonds par la financiarisation, la privatisation et la militarisation »
    Fervent partisan du libre-échange, il s’est battu pour faire passer le Partenariat TransPacifique, préfiguration sinistre du TAFTA qui menace l’Europe.
      Mais après lui, cela risque d'être pire...
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Auchan: à fond la caisse!

Publié le par Jean-Etienne ZEN

C'est automatique!
                             Il fallait s'y attentre.
        On n'arrête pas le progrès...
   Auchan ne montre pas la voie, mais tente une percée en force.
      Le client sera encore plus  roi, en jouant à la marchande jusqu'au bout.
    Il se croira totalement maître-es-consommation.
        Dans la famille Mulliez, on n'aime pas trop les caissières, c'est bien connu.
   Les caissières à humeur variable, ce n'est pas très gérable.
    Rien ne vaut de bons robots et de fiables algorithmes..
            Bientôt un robot-client?
    Deux mille emplois en moins, c'est négligeable.
         Et le bon Mr Hamon trouvera bien une solution
              On va faire payer les robots, ces salauds, les mettre au pas! 
   C'est ce qu'on dit depuis longtemps, mais qui s'y attellera?
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Rond point

Publié le par Jean-Etienne ZEN

 
 Du vin, du pain... et du rond-point_____
______________________________________En France, on n'a pas de pétrole, mais on a des ronds-points
____Nous sommes vraiment une exception dans le PRE (Paysage routier européen), et même dans le PRM (au niveau mondial).
Les angliches, qui ont aussi inventé la locomotive, ont ouvert la voie: ils ont mis en place les premiers, roundabout, parfois un peu bizarres. il est vrai. 
Mais qu'est-ce qui n'est pas bizarre au pays de Sa Gracieuse Majesté, à commencer par ses chapeaux?...
__Les places rondes à Paris, dès le 17°siècle, ne méritent pas encore le nom de rond-point. D'ailleurs, à cette époque, ou roule comme on veut, comme on peut...dans un joyeux désordre dont se plaignait Boileau.
Les carrefours giratoires sont récents, même si l'idée est ancienne: on  doit à Eugène Hénard, en 1906 l'idée du « carrefour à giration».
__Il y du mystère dans certains ronds-points...On peut les visiter, il y a des ronds-points qui méritent le détour. Des petites merveilles à la gloire d’une production locale ou d’une célébrité du coin.
On en voit même (pas à Auteuil) avec trois vaches aussi belles que fausses, broutant le gazon. Pas de frais de tondeuse...Certains diront que ce n'est pas de l'art et que ces oeuvres risquent de distraire le conducteur le plus concentré. Certes, on ne trouve pas partout le (vrai-faux) pouce de César, et on ne peut demander à nos édiles d'exposer la Joconde ou une statue de Rodin quelque part entre St Omer et Charleville-Mézières...
______Un "mauvais esprit" comme Nabum estime que, dans les ronds-points, quelque chose ne tourne pas rond...
Et il y va de sa critique habituelle et perfide des investissements coûteux et inutiles, au frais du contribuabledu petit manège enchanté de la corruption quotidienne. bla, bla ...
  Stop au lobby des giratoires ! veut-il nous dire, comme le Hérisson, dont on comprend ce qu'il risque à traverser un rond-point.
_____Bref, on peut tout dire sur les ronds-points, tout et son contraire. 
Par exemple, à leur avantage, ils permettent de faire demi-tour facilement en territoire inconnu, ou de tourner autant de fois qu’on veut (c’est gratuit !) sans aucun stress pour repérer la bonne direction sur le panneau adéquat, d'abord mal repéré ; ça donne le temps de la réflexion au touriste sans GPS. Et on peut toujours trouver une issue, contrairement à ce que dit R. Devos...
On peut en  matérialiser un au milieu de son salon, pour éviter les rencontres malencontreuses et les chocs de personnes pressées et distraites. Les incidents de famille et les coups de gueule en seront certainement nettement diminués..
On peut aussi faire remarquer que les giratoires permettent de fluidifier le trafic et qu'ils ont été inventés lorsque l’on s’est aperçu qu’il était ridicule qu’un feu rouge nous arrête pendant qu’il n’y a strictement personne. Donc on peut dire qu’en quelque sorte cela fait (un peu) baisser la pollution car la voiture ne passe pas son temps à s’arrêter tous les 100m. 
D'autres, qui les prennent sur les chapeaux de roue, critiquent l’usure inégale des pneus qu'ils provoquent à la longue. Mais une réglementation intelligente devrait permettre de prendre les rond-points dans un sens ou dans l’autre (une fois à la française, une fois à l’anglaise) pour équilibrer cette usure, en changeant le sens tous les mois par exemple..Une proposition à soumettre à votre député...
Et on oublie l'aspect girato-philosophico-anthropologique de la question...
___Nous sommes quand même les champions du monde dans ce domaine, ce n'est pas rien!
Il n'y en a que cinq mille en Allemagne, qu'on nous propose comme modèle. Lamentable!
Vive nos ronds-points! Cocorico!
Point!
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OTAN partir...

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Quitter la Sainte Alliance ou la changer?
                       Mais peut-on encore changer une organisation qui a perdu son sens et qui sert souvent des intérêts qui ne sont pas les nôtres?
          A Varsovie, il va en être bientôt question.
    Depuis la réintégration de la France dans l'Otan, des doutess'expriment toujours à haute voix sur ses orientations et ses actions.
    La guerre froide, que certains pays voudraient rejouer, est terminée. Il est temps d'adopter d'autres rapports diplomatiques avec les voisins russes, dans notre intérêt bien compris et dans le leur.     
      L'Armée rouge ne campe plus aux frontières, à l'époque où  L’OTAN couvrait la zone nord atlantique de l’Europe ; elle veut jouer désormais les gendarmes du monde – malgré ses déboires hors zone en Irak,    
                La France a désappris à dire non à des entreprises diplomatiques et guerrières qui ne sont plus que celles d'intérêts étrangers.
            Mais d'autres expriment plus que des doutes, vis à vis du  jeu de l'OTAN. Pas seulement en France.

     La France doit revenir à une indépendance perdue et oeuvrer à la constitution d'une force européenne, qui reste à mettre en place, contre les résistances internes et externes:

           La menace soviétique et le pacte de Varsovie étaient à la base de l'existence de l'OTAN. Avec l'éclatement de l'URSS et la disparition du pacte, le problème de la défense collective de l'espace euro-atlantique, sans que soient écartées toutes menaces, perdit de son acuité. A l'initiative américaine, l'OTAN décida de s'intéresser en outre à des problèmes hors sa zone initiale. Elle devint peu à peu une sorte de Sainte Alliance occidentale face à un monde qui lui apparaît étranger et largement conflictuel.

A partir de 2007 et des présidences Sarkozy et Hollande, la France a mené une politique délibérément atlantiste et décidé de rejoindre l'organisation militaire intégrée de l'OTAN. Les conséquences négatives de cette décision l'emportent nettement sur les avantages escomptés. Mais aujourd'hui, les choses étant ce qu'elles sont, il y aurait beaucoup plus de désavantages que de bénéfices à sortir de cette organisation militaire intégrée. En revanche un changement radical de nos comportements au sein de l'OTAN atténuerait significativement les inconvénients de notre participation. Rester dans l'OTAN et l'organisation militaire intégrée, soit! Mais en y affirmant et défendant résolument nos propres positions, en refusant de nouvelles extensions - que ce soit par élargissement ou, sauf de façon exceptionnelle, par de nouvelles opérations hors zone -, et en s'opposant à toute provocation à l'égard de la Russie.
     Sans doute notre liberté d'action politique et militaire n'est-elle pas affectée. Notre dissuasion nucléaire reste indépendante puisque nous n'avons pas réintégré le Groupe des plans nucléaires . Enfin, avec une confiance accrue de nos alliés, le Traité de Lancaster House a été possible et nous avons le soutien américain à notre opération dans le Sahel.
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Margoulins de l'histoire

Publié le par Jean-Etienne ZEN

Presse et (més)usages de l'histoire
___________________________La presse va mal
Ça se voit...
Les titres accrocheurs à la Bild font de plus en plus florès et se répondent par mimétisme. 
Sous tutelle et mourante , la presse hebdomadaire surtout, dans le cadre d'une crise plus large, fait feu de tout bois, jouant sur le fait divers, le buzz et le sensationnel, les rapprochements historiques douteux..
L'histoire, souvent instrumentalisée, subit un traitement singulier, une certaine presse se croyant apte à se mettre à l'école de l'Histoire, ou à celle qu'elle imagine, jouant sur les analogies de surface, télescopant les événements, tordant le sens des faits.
______Le passé est  revisité par une presse en mal de lecteurs, eux-mêmes souvent accrochés à des images d'Epinal et incapables de recul historique et critique.
Comme dit Antoine Perraud,"... la presse est devenue la Madame Irma du passé : une voyante penchée sur son rétroviseur de cristal. Où ne mènera donc pas le « service » au lecteur, après la météo, la bourse et le trafic automobile en guise d’informations ?! 
L’inanité de cette couverture et du dossier afférent tranche d’avec l’article publié dans le même hebdomadaire, le 23 décembre 1974, par François Furet, sous le titre « Le journaliste accoucheur ». L’historien y proposait cette définition du journalisme : « Fabriquer du sens avec du bruit. » Le Nouvel Observateur, dans sa course de canard acéphale, fabrique aujourd’hui du bruit avec du sens...
Il n’est pas le seul à profiter du désarroi de l’esprit public pour le désorienter davantage encore, telle une boussole qui indiquerait le sud. Le Point, dans cette course prudhommesque aux références historiques aléatoires, sort de son chapeau 1789. L’Express n’a plus qu’à préempter 1848 et Marianne 1871 !
Le Nouvel Observateur a choisi les années 30 au nom du « chaos ». Le chaos n’est pas un critère mais un cliché. Les décennies précédentes furent chaotiques. En 1924, le monarchiste Jacques Bainville conclut ainsi son Histoire de France, alors lue bien au-delà des cercles maurrassiens : « On peut remarquer que presque partout en Europe, les gouvernements ont perdu pied. Le vieux monde est dans un état qui ressemble beaucoup au chaos. »
Les hebdomadaires en quête de chalands, donc de consommateurs dupés plutôt que de citoyens critiques, agressent l’histoire, en la faisant régresser sous l’effet d’une instrumentalisation fâcheuse. Nous ne recommandons certes pas d’enfermer Clio dans un écrin d’érudition. Nous ne souhaitons pas errer dans le présent en marmonnant la formule latine « Ignoramus et ignorabimus » (nous ne savons pas et ne saurons jamais). Nous refusons toutefois de considérer le passé tel un self-service présentant, sur des plateaux, moult exemples prêts à se reproduire à mesure que tourne la roue du temps. Vous reprendrez bien un peu d’années 30 ? Merci, je préfère une pincée de 1789 !...Ces hebdomadaires confondent le travail de mémoire avec un exercice ou un jeu de mémoire. Ils confondent surtout mémoire et histoire, ainsi distinguées par Pierre Nora : « Parce qu'elle est affective et magique, la mémoire ne s'accommode que des détails qui la confortent ; elle se nourrit de souvenirs flous, télescopants, globaux ou flottants, particuliers ou symboliques, sensible à tous les transferts, écrans, censure ou projections. L'histoire, parce que opération intellectuelle et laïcisante, appelle analyse et discours critique. La mémoire installe le souvenir dans le sacré, l'histoire l'en débusque... 
Interroger le passé avec les questionnements du présent est une affaire trop sérieuse pour la confier à des margoulins de rencontre, auto-promus historiens d'un jour ! ..."(Mediapart)
________L'histoire ne se répète pas... elle bégaie.
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